La présence de l'Esprit

Jean 14, comparé avec 15 et 16

ME 1896 page 201

 

Il y a trois choses tout à fait distinctes les unes des autres: la conscience, la vie et la puissance.

La conscience peut être convaincue de péché, comme ce fut le cas pour Hérode, lorsqu'il entendit la prédication de Jean Baptiste; mais il ne se convertit pas. Un homme peut avoir conscience qu'il fait le mal, sans acquérir par là la puissance nécessaire pour vaincre le péché.

La vie, une vie nouvelle et spirituelle, est autre chose encore. Elle donne de l'activité à la conscience. Une nouvelle nature est là avec ses sentiments, ses désirs, ses affections; mais elle n'a pas la puissance. L'âme aura peut-être moins de paix qu'elle n'en avait avant de posséder la vie, car alors elle goûtait peut-être une fausse paix. Cet état est préférable, sans doute, à celui de l'homme naturel; car dans une telle condition, l'âme ne montre pas de légèreté.

La troisième chose est la puissance de l'Esprit de Dieu. Nous devons distinguer entre un don pour le service et la puissance qui donne la jouissance, et qui est accompagnée de la paix. Afin que nous ayons cette puissance, Christ a fait la paix par le sang de sa croix. «Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus». Nous avons besoin de cette puissance. Elle ne pouvait être donnée à l'homme dans la chair. Il faut que la justice divine soit là pour que Dieu puisse mettre son sceau sur l'homme. Dieu peut-il mettre son sceau sur une personne remplie du sentiment du péché, et dans le combat à cause de lui; état semblable à celui de Pierre, lorsqu'il s'écrie: «Seigneur, retire-toi de moi; car je suis un homme pécheur». Il peut y avoir chez une telle personne de bons désirs et une conscience délicate mais qui la conduiront dans le légalisme, parce qu'elle ne se repose pas encore dans la faveur de Dieu.

Ces expériences peuvent être très utiles à leur place, mais elles ne sont pas la paix. Nous avons la paix par le sang de la croix, et une justice divine qui nous a été acquise par Christ. Je puis maintenant regarder à Dieu sans cacher mon péché. J'apprends à sentir l'immensité de mon péché, en réalisant l'immensité de la grâce qui m'a pardonné. Il est excessivement important que nous réalisions la présence du Saint Esprit descendu dans ce monde et habitant en nous. Le Saint Esprit nous est donné comme un sceau. Christ dit: «Si je m'en vais, je vous l'enverrai». Le Consolateur m'apporte la plénitude de sa grâce, car il est pour nos coeurs le témoin d'une justice acceptée. Il convainc de justice, il la démontre, et cette justice est à moi. C'est en elle que je me tiens. Il convainc le monde de péché et d'incrédulité; mais à moi il parle de justice, d'une justice qui m'a été acquise, que Dieu a acceptée. Maintenant rien ne l'empêche plus de bénir.

Désormais ma pensée n'est plus: «Je suis un si grand pécheur qu'il ne peut me bénir»; mais: «Dieu a accepté la justice, et c'est en elle que je me tiens». Nous sommes de Dieu, et Christ nous a été fait de sa part justice. Nous sommes nés de Dieu, et comme tels nous sentons le besoin de lui apporter quelque chose. Cela encore nous est fourni en Christ. Je n'ai pas seulement la paix quant au passé, mais j'ai Christ se tenant pour moi en la présence de Dieu. Nous sommes en Christ, dans le second Homme, et nous avons la position du second Homme, en vertu de la rédemption. Aussi sûrement que j'avais la position du premier Adam, rejeté à cause de son péché, j'ai celle du second Adam, selon les conseils de Dieu en Christ.

A la fin de Jean 17, nous avons, au verset 22 la place qui est due à Christ en justice, et au verset 24, ce à quoi il a droit personnellement. Il est tenu de bénir: «Je suis glorifié en eux». Il ne pouvait bénir le péché, mais maintenant la justice étant accomplie, tous les desseins d'amour de son coeur peuvent déborder sur nous, parce que nous sommes justifiés. Quel que soit l'amour de Dieu, quelle que soit sa justice, tout ce par quoi Christ se tient devant Dieu en vertu de son oeuvre et de sa personne, nous les possédons et nous sommes bénis par elles.

L'Esprit est le sceau et les arrhes de notre héritage — l'Esprit de sainteté — l'Esprit d'adoption — l'Esprit de vérité. Nous sommes par lui, rendus possesseurs de tout ce que Dieu peut nous donner, et «nos corps sont le temple du Saint Esprit». Comment est-ce que je sais que Christ est dans le Père et que je suis moi-même en Christ? Le Saint Esprit est descendu, et comme Christ le dit au chapitre 14: «En ce jour-là (il parle du temps actuel), vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous». «Tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu». «Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit». Il fait de nous des serviteurs de Christ et cela sur le fondement de l'oeuvre de Christ, réalisée par la présence de l'Esprit. «Si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous». Il enseigne à ses disciples qu'il est avantageux pour eux de perdre tout ce qu'ils avaient eu jusque-là, parce qu'ils recevraient bien davantage par le don du Saint Esprit. Comprenaient-ils l'humiliation de Christ? «Seigneur, Dieu te préserve!» Un chrétien dirait-il cela maintenant? Ses disciples ne pouvaient comprendre alors qu'il dût mourir et ressusciter.

Christ et l'amour du Père sont les objets de mon coeur, mais le Saint Esprit est la puissance par laquelle je vois Christ et réalise l'amour du Père. Christ est absent maintenant; il n'y a rien de visible pour moi ici-bas, et ainsi mes affections sont d'autant plus exercées et développées, et c'est là une bénédiction. Il ne dit pas: «Bienheureux ceux qui ont vu et qui ont cru», mais: «Bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru». L'absence de Christ fait croître en nos coeurs une divine affection pour lui; nous désirons ardemment le voir. Tandis que nous traversons ce monde qui nous éloigne si aisément de sa Personne bénie, le Saint Esprit opère en nous, afin que Christ reste l'Objet cher à nos coeurs.

Il est parlé du Saint Esprit de trois manières différentes dans ces chapitres. Au chapitre 15, Christ est Celui qui l'envoie (verset 26); au chapitre 14, c'est le Père; au 16e, le Saint Esprit est une personne descendue sur la terre. Il est important de remarquer la différence entre le 14e et le 16e chapitre. En Actes 2: 33, lorsque le Saint Esprit est envoyé le jour de la Pentecôte, on voit une puissance qui agit sur ceux qui l'ont reçu: «Il a répandu ce que vous voyez et entendez». Ce n'était pas tout, mais c'était déjà une grande bénédiction. Christ, est-il dit, ne baptiserait pas d'eau, mais de l'Esprit Saint. Et ceci fut accompli. La puissance fut donnée, chose bien nécessaire pour traverser un monde méchant et incrédule. Vous avez besoin de puissance, si vous voulez rendre un fidèle témoignage au Seigneur, fut-ce pendant un seul jour; sans elle, vous seriez comme Pierre chez le souverain sacrificateur, faisant des imprécations, et jurant. Mais le Seigneur dit: «Vous ferez de plus grandes oeuvres que celles-ci; parce que moi, je m'en vais au Père» (14: 12). En Actes 2, il distribue ces dons. Lorsqu'il est parlé de Christ comme donnant le Saint Esprit, il le fait toujours pour le service, comme témoignage pour lui; et quand il en est ainsi, on trouve la mention des récompenses en d'autres passages, mention à laquelle se lie l'apparition et la manifestation de Christ.

Dieu dit à Christ: «Assieds-toi à ma droite jusqu'à ce que…» (Actes des Apôtres 2: 35). Le Saint Esprit agit en puissance jusqu'à ce que Christ vienne en puissance. Quand il viendra dans son royaume, tout sera remis en ordre, les couronnes seront données, etc. Mais Christ étant exalté à la droite du Père, a reçu de nouveau, comme Tête du corps, le Saint Esprit, et l'a envoyé ici-bas (Actes des Apôtres 2: 33).

Au chapitre 14, le point de vue est différent. Il est certain que chaque parole resterait lettre morte, que nous n'aurions pas un mot juste à dire, si le Saint Esprit ne nous inspirait pensées et expressions. Tout cela est en rapport avec le service; mais nous trouvons au chapitre 14 notre portion spéciale. L'amour du Père s'y répand sur nous, dans sa plénitude. «Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, pour être avec vous éternellement». Il ne vous quittera pas, comme Moi je dois le faire. Je ne puis rester avec vous. Je dois accomplir la rédemption, remonter auprès du Père, mais lui viendra, non seulement pour faire de vous des apôtres et vous donner la puissance pour le service, mais afin de demeurer avec vous.

C'est lui qui, maintenant, me donne la certitude que Dieu m'aime comme il aime Jésus. Je puis avoir plus ou moins de joie, mais cette conviction ne me quitte jamais. J'ai «l'amour de Dieu, qui est versé dans mon coeur». Comment est-ce que je sais que Dieu est amour? J'ai cet amour dans mon coeur. La preuve de cet amour est qu'il a envoyé son Fils pour être la propitiation pour nos péchés. C'est là ce dont la conscience a besoin; mais quant à en jouir, je ne le puis que parce que Dieu demeure en moi, et moi en lui. «Personne ne vit jamais Dieu». «Si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous». Dieu est amour; cela est prouvé dans la Parole par ce qu'il a fait; et vous en avez le témoignage dans vos coeurs. Christ dit: «J'ai manifesté ton nom aux hommes que tu m'as donnés du monde». «Montre-nous le Père». Cette relation, je la possède; j'ai l'Esprit d'adoption, par lequel je crie: Abba, Père. J'ai conscience d'être dans la même relation que Christ lui-même. «En ce jour-là, vous connaîtrez que moi, je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous». Je possède et je connais l'excellence de sa Personne. Nul n'aurait pu être dans le Père sans être Dieu. Il était Dieu: «Moi en vous». Je connais la réalité de ces choses par le Consolateur qui habite en moi. Ainsi, j'en ai fini avec moi-même. Quand je pense à mes bénédictions, je pense à Christ; — c'est la délivrance du moi. Telle est notre position en Christ; et nous en avons conscience, car le même Esprit qui habite en lui demeure en nous, comme croyants.

De cette manière, le Saint Esprit, tout en étant l'Esprit de puissance, est aussi celui qui me donne conscience de ma bénédiction. Non seulement, nous sommes unis à Christ, mais Christ est en nous: «Moi en vous». Tout ce qu'il y a de bénédictions en lui, est en nous. Qu'est-ce qui est en moi? Christ est en moi. «Parce que Moi je vis, vous aussi vous vivrez». Tout ce qui est à lui, est à moi. Ce fait a une triple importance pour nos coeurs. Premièrement, je demeure dans la conviction de l'amour de Dieu versé dans mon coeur. Ensuite, je puis regarder en arrière et me nourrir d'un Christ humilié. Quel amour dans son coeur! Quelle perfection divine! Quelle nourriture pour moi! Il y a, chez les saints, des fleuves d'eau vive, mais en lui est la source même. L'amour divin se mouvait à travers ce monde. «Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel». «Faites ceci en mémoire de moi». Je me souviens de ces choses comme étant passées de fait, sans doute, mais toujours présentes pour mes affections. «Celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi». Il y a en Christ tout ce qui peut s'assimiler dans un coeur d'homme. Enfin, nous en venons à la troisième vérité. Je serai dans la même gloire que lui. Que pourrais-je lui demander de plus? Il est Dieu, et il veut nous rendre aussi heureux que lui-même. Il dit: «Je vous donne ma paix». Non pas quelque chose d'approchant, mais la chose elle-même — «ma paix». Ainsi, en attendant cette gloire, il remplit nos coeurs de la joie qui sera notre partage dans l'éternité. Au chapitre 14, il n'est pas parlé de nous comme étant héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ; — nous y trouvons une place dans la gloire, mais c'est comme enfants, que nous la partagerons tous avec lui. «Si je m'en vais, je reviendrai; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi». Ce n'est pas ici la récompense de notre service, qu'il nous donnera à sa venue, mais il veut nous recevoir auprès de lui. Si nous avons trouvé nos délices en lui ici-bas, nous serons bientôt avec lui pour toujours. «S'il en était autrement, je vous l'eusse dit». Quoiqu'il ait manifesté sa grâce dans ce monde, ce monde n'est pas assez bon pour les siens. Il leur donne l'assurance de son retour, afin d'associer leurs coeurs avec l'amour du Père.

Si son amour ne remplit pas mon coeur, je chercherai à me satisfaire par quelque vaine futilité; ou bien, mon coeur s'attachera à mes affaires. Si, au contraire, mon esprit est entièrement occupé de l'amour de Christ, des fleuves d'eau vive découleront de mon ventre. Lorsque mon âme demeure dans cet amour, il ne me faut aucun effort pour le montrer à d'autres. Si je suis faible et que j'essaie de soulever un grand poids, il m'en coûtera un violent effort; si je suis robuste, la chose me sera facile. Ainsi, quand la puissance habite en nous par l'amour, nous n'avons pas d'effort à faire. Lorsque je ne suis pas en communion, il faut que le Saint Esprit parle à ma conscience, au lieu de m'employer au service. Si je n'acquiers de la connaissance que pour la communiquer à d'autres, je deviendrai aussi sec qu'un caillou. Quand nous jouissons de ce qu'il est, lui, cette jouissance déborde sur ceux qui nous entourent. Il en est de même pour l'attente de sa venue.

L'Esprit Saint est venu et nous rend victorieux en associant nos coeurs à Christ. Comme lui a vaincu le monde, nous l'avons aussi vaincu. La victoire est remportée, et nous en jouissons lorsque le Saint Esprit prend les choses de Christ et associe nos coeurs à sa personne dans la gloire. Oui, il associe nos coeurs au Christ avec lequel nous sommes unis. C'est ce qui rend le coeur vraiment libre.

Quelle bénédiction pour les chrétiens que cette puissance vivante de l'Esprit Saint, par lequel nous pouvons répandre dans ce pauvre monde altéré et oppressé le fleuve de l'amour divin! Nous ne le pouvons qu'en tant que le Saint Esprit rend témoignage en nous et nous associe à l'amour parfait de Dieu.