Morts et ressuscités avec Christ

Colossiens 3

Darby J.N.  -  ME 1896 page 421

 

Si vous étudiez avec quelque attention les écrits de l'apôtre Paul, vous trouverez, à la base de son enseignement tout entier, le principe que nous sommes morts et ressuscités avec Christ. Ce n'est pas seulement qu'il est mort et a été ressuscité pour nous, mais nous sommes morts et ressuscités avec lui. A cela il ajoute encore un autre principe: notre union avec Christ dans le ciel. «Car nous sommes membres de son corps, — de sa chair et de ses os». Ces deux principes se retrouvent dans le chapitre qui nous occupe: nous sommes morts et ressuscités avec Christ, et nous sommes unis à lui, maintenant qu'il est dans la gloire. Lorsque Paul parle d'union, remarquez qu'il nous considère à l'origine comme étant morts; toute la puissance de Christ se déployant pour nous ressusciter. Lorsque l'apôtre considère les hommes comme vivant dans le péché, il introduit la doctrine de la mort au péché et, d'autre part, s'il nous considère comme étant morts dans nos péchés, sans aucune vie spirituelle, il montre l'oeuvre de Dieu qui nous a sortis de cet état. Ainsi, dans l'épître aux Ephésiens, Paul développe les privilèges d'un enfant de Dieu depuis la mort jusqu'à l'union avec Christ. Dans celle aux Colossiens, il pose, comme fondement de son enseignement, le fait que nous sommes morts et ressuscités avec Christ. De cette manière, il nous associe avec Christ premièrement dans la mort, ensuite dans la résurrection, et enfin lorsque «Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors nous aussi, nous serons manifestés avec lui en gloire».

Voici la différence entre les deux épîtres: Dans celle aux Colossiens, l'apôtre parle de la vie, de la nouvelle nature que nous avons en Christ; en écrivant aux Ephésiens, il s'occupe davantage du Saint Esprit, par lequel nous sommes unis à Christ, «membres de son corps, — de sa chair et de ses os». Le chapitre que nous étudions traite de la mort et de la résurrection avec Christ, ainsi que de notre association avec lui. C'est là, du reste, une doctrine à laquelle l'apôtre revient sans cesse. «Si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui». «Et vous, lorsque vous étiez morts dans vos fautes et dans l'incirconcision de votre chair, il vous a vivifiés ensemble avec lui, nous ayant pardonné toutes nos fautes». Paul ne se lasse pas de répéter que, comme croyants, nous sommes associés entièrement avec Christ.

Je le dis une fois encore, quelque bénis que soient les grands privilèges dans lesquels nous sommes ainsi introduits, le fait d'être morts et ressuscités avec Christ en demeure toujours la base et la racine. La vraie position de chaque croyant, celle que cette doctrine enseigne dès le début, est une position du jugement sans miséricorde sur le vieil homme. La sentence de mort, une condamnation complète, doivent être prononcées contre lui. La chair ne peut être ni reconnue, ni excusée, ni acceptée. Mais lorsque j'ai découvert que ma vieille nature est foncièrement mauvaise, je trouve aussi qu'il doit être question de la dépouiller et d'en revêtir une autre. Je ne puis corriger ma vieille nature, mais je dois en finir avec elle et trouver quelque chose à mettre à sa place. Je dépouille l'une, pour revêtir l'autre. C'est là une image, il va sans dire, mais qui devient une réalité pour la foi. D'un côté, j'en ai fini avec ma vie comme premier Adam; de l'autre côté, la nature que je reçois par grâce me permet de vivre en Christ. Mais comment peut-on se débarrasser d'une vie? Je puis abandonner une opinion ou une mauvaise habitude, mais une vie? La seule manière de se débarrasser de la vie, c'est de mourir. Mais, dans ce moment, je suis bien vivant. Comment peut-il être dit de moi, réellement, que j'ai dépouillé le vieil homme? La réponse à cette question est la grande vérité que l'apôtre place devant nous. Après avoir reçu Christ pour ma vie (c'est lui qui est appelé le second homme, le dernier Adam, l'Esprit vivifiant), après avoir reçu de lui la vie quand il est lui-même en moi, Dieu m'associe à toute la valeur et à toute la puissance de ce en quoi Christ est et de ce qui se trouve en lui.

Ici, il s'agit plus particulièrement de la vie. Mais il a été crucifié pour nous, non seulement afin d'effacer nos péchés, «car en ce qu'il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché,… de même, vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus». Telle est la vérité fondamentale sur laquelle l'apôtre base son enseignement tout entier: Christ est venu, il s'est présenté à l'homme dans la chair, et l'homme n'a pas voulu de lui, n'a pas reçu Dieu qui venait à lui comme un homme vivant, dans la chair. Mais Christ meurt pour les pécheurs; et ceux qui le reçoivent dans leur coeur, vivent maintenant par lui. «Nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort». C'est ainsi qu'il répond, en Romains 6, à la question: «Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde?» Il réfute ainsi victorieusement les raisonnements de ceux qui pourraient dire: «Christ, par sa mort et par sa résurrection, m'a rendu juste devant Dieu, aussi je puis maintenant vivre dans le péché». L'obéissance de Christ alla jusqu'à la mort, et si vous êtes morts avec lui, vous ne vivez plus. L'apôtre s'attaque à la racine de cette théorie et dit: Vous êtes entrés en possession de cette justification de vie, par la mort et la résurrection de Christ, et maintenant vous niez la chose même qui vous a justifiés. Vous devez mourir au péché et vivre à Dieu; par conséquent, en prenant la défense du péché, vous anéantissez la grande vérité sur laquelle repose votre salut. Si vous êtes morts avec Christ à tout ce qui est dans le monde, vous ne pouvez vivre comme auparavant. «Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché?» La conclusion est définitive; elle fait taire tout raisonnement humain. Si je prends la mort sur moi, comme je le fais en étant baptisé pour Christ, je dois l'appliquer à tout ce qui m'entoure; je dois m'estimer comme mort au péché, à la chair, au monde, à la loi même. Car la loi a autorité sur l'homme aussi longtemps qu'il vit. Un homme est emprisonné pour vol; s'il meurt, tout est fini pour lui. La loi ne peut plus sévir contre le coupable. Elle n'a pas perdu sa puissance; mais elle ne peut atteindre un homme mort. Et si, comme croyant, je suis mort avec Christ, ma vie dans la chair est terminée. Il en est de même quant au péché. L'obéissance s'exerce envers Dieu. La mort met un terme pour l'homme vivant à tout cet ordre de choses dans lequel le vieil homme trouvait son plaisir. Je suis crucifié avec Christ, je suis mort avec lui, et je suis ressuscité avec lui.

Il y a encore le côté positif de la question: «Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu». J'ai reçu, comme ma vie, celui qui est ressuscité. Rien ne peut être plus important que de comprendre ce fait d'une manière définie et distincte; non seulement Christ est mort pour nous, mais encore nous pouvons dire que nous sommes morts avec lui. C'est bien la fin de tout ce que la chair désire. Qu'est-ce qu'un homme mort peut chercher ou désirer? Nous devons nous tenir pour morts; — non pas conclure que nous devons mourir, ce qui ne nous donne aucune puissance; mais nous devons nous tenir pour morts. Quelqu'un vient-il m'induire en tentation; un homme mort peut-il être tenté? Il me propose de chercher de l'amusement dans le monde. Mais je lui réponds: Je suis mort. Et je puis le dire en vérité, car je possède une vie toute différente de celle que j'avais autrefois. Le vieux tronc peut encore produire des branches vigoureuses; mais j'apprends à traiter, mon ancienne nature comme n'étant pas du tout la souche principale. Si nous la considérons d'une autre manière, elle produira les mêmes mauvais fruits qu'auparavant; mais en tant que Christ est ma vie, je suis un arbre greffé et comme tel je puis regarder le plant sur lequel je suis greffé comme l'arbre véritable, et ainsi j'en ai fini avec tout le reste.

«Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu». Quelles sont les choses qui appartiennent à une vie de résurrection? Les choses d'ici-bas? Non. Qu'est-ce qu'un homme ressuscité peut chercher dans le monde? Il n'a rien à faire avec les choses de ce monde. C'est là la position dans laquelle Dieu nous place. Mais, Dieu soit béni, l'homme ressuscité, si je suis vraiment tel, a des objets devant lui; sa vie appartient à un autre monde, elle appartient au ciel. «Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut». Si je suis ressuscité avec Christ, s'il est devenu ma vie, ou dois-je le chercher maintenant? Là-haut, à la droite de Dieu. Paul ne dit pas: Vous êtes dans le ciel. Mais en parlant de la vie, il écrit: «Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu; pensez aux choses qui sont en haut, non pas à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire».

Remarquez maintenant ce qui caractérise très distinctement cette vie de résurrection. Si Christ est ma vie, alors Christ et les choses divines deviennent les objets de mon existence. Toute créature doit avoir un objet. Dieu seul n'en éprouve pas le besoin, et c'est là sa prérogative suprême. Il peut aimer un objet; mais moi, je ne puis pas davantage vivre sans objet, que sans nourriture. Mais cette nouvelle vie a un objet. La loi n'en donnait pas; sur ce point-là elle était incomplète. Elle disait bien: «Tu aimeras l'Eternel, ton Dieu, de tout ton coeur, et de toute ton âme, et de toute ta force», mais elle en restait là et ne m'en disait pas plus long. C'est une des grandes bénédictions de ma vie comme chrétien, que, tout en ayant Christ pour ma vie, je suis cependant aussi crucifié avec Christ. «Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu». C'est-à-dire, je possède maintenant un objet qui influence cette vie, la nourrit et la fait croître. «Or nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit». Telle est notre vie; elle possède un objet parfait et béni qu'elle contemple et dans lequel elle trouve ses délices; et cet objet c'est le Seigneur Jésus, non plus dans son humiliation, mais dans sa gloire.

Ainsi nous avons à parvenir «à la mesure de la stature de la plénitude du Christ». Nous ne devons aspirer à rien moins qu'à ce que nous voyons en Christ. Lorsqu'il est devenu ma vie et l'objet de cette vie, mon but doit être de me purifier comme lui est pur. En le contemplant ainsi, nous acquérons toujours plus de sa grâce, et ainsi nous ne devons plus avoir à mourir, mais à nous compter comme morts. Vous pouvez demander à la chair de mourir, mais elle ne le fera jamais. Nous disons quelquefois que nous devons mourir à la chair; si nous parlons ainsi, c'est que nous ne nous rendons pas compte de la distinction positive existant entre les deux natures. Le vieil homme se garderait bien de mourir. Mais étant ressuscité avec Christ, j'ai le privilège et le droit de traiter ma vieille nature comme étant morte, parce que Jésus est mort. Il n'est jamais dit que nous devions mourir. Mais, comme chrétiens, nous avons le privilège et le devoir de nous tenir pour morts, parce que nous possédons une vie nouvelle. Celui qui parle de mourir au péché, prouve ainsi qu'il se tient pour vivant au péché. Du moment où je puis dire que j'étais perdu, mais que maintenant j'ai Christ pour ma vie, je puis ajouter aussi que je suis mort au péché. L'Ecriture ne présente pas une seule exception à ce sujet.

Ce point étant donc acquis, et ayant devant nous cet Objet béni, il nous reste à chercher les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu. Je possède une vie formée et façonnée d'après sa propre nature, qui trouve ses délices dans les choses divines et me fait parvenir à sa mesure en toutes choses.

Mais maintenant nous arrivons au développement positif de cette vie. L'apôtre envisage d'abord le côté le plus bas et monte peu à peu jusqu'aux choses les plus élevées; il donne ainsi le principe et le développement tout entier de cette vie. Il dit: «Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu». Il ne reconnaît pas la vieille nature comme étant une vie; mais il ajoute: «Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre». Si je considère ces membres, qu'est-ce que je vois? De grossiers péchés. Ce sont tous des convoitises. «Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre, la fornication, l'impureté, les affections déréglées, la mauvaise convoitise, et la cupidité, qui est de l'idolâtrie; à cause desquelles la colère de Dieu vient sur les fils de la désobéissance; parmi lesquels vous aussi vous avez marché autrefois, quand vous viviez dans ces choses». Mais ce n'est pas tout. Il continue: «Mais maintenant, renoncez, vous aussi, à toutes ces choses: colère, courroux, malice, injures, paroles honteuses venant de votre bouche». Si je me mets en colère, c'est une preuve que la volonté du vieil homme n'est pas brisée. La colère n'est pas une convoitise; mais si vous vivez dans la grâce, vous ne vous laisserez pas entraîner de ce côté-là non plus. Voilà quelle est la puissance d'une vie qui ne fait pas ces choses et qui maîtrise ce qui en est la source. En Satan, qui est un meurtrier, nous trouvons la colère et la violence; chez les hommes aussi se montrent la violence et la corruption. Plus loin, dans notre chapitre, nous arrivons à la partie négative. «Ne mentez point l'un à l'autre». Il parle de ce que la chair produirait, si elle n'était tenue en échec. Je dois dépouiller les mouvements de la vieille nature. «Ne mentez point l'un à l'autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions». Nous avons «dépouillé le vieil homme avec ses actions», mais nous avons aussi «revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l'image de celui qui l'a créé».

Remarquez où nous sommes introduits ici. J'ai dépouillé le vieil homme et ses actions; mais, en revanche, qu'ai-je revêtu? Le nouvel homme, qui est Christ. J'ai revêtu une nature entièrement nouvelle. Et quelle en est la mesure? Christ est l'image du Dieu invisible: et je suis renouvelé en connaissance, selon l'image de Celui qui m'a créé. Dieu a créé ce nouvel homme. Quelle mesure lui a-t-il donnée? Christ en est la source et la mesure; Christ, dans toute sa perfection céleste, est l'image de celui qui créa ce nouvel homme. Et maintenant, le chrétien contemple dans le ciel ce qu'il doit être pratiquement ici-bas — c'est-à-dire Christ. «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché». Il «est renouvelé en connaissance, selon l'image de celui qui l'a créé». La mesure de ma nouvelle nature est la révélation que Dieu a faite de lui-même en Christ. Si je balance le bien et le mal d'une manière légale, je suis occupé de quelque chose dans ma conduite comme homme, et ce n'est pas là la mesure divine. «Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants». Mais dois-je me présenter comme sacrifice à Dieu? Certainement. «Je vous exhorte… à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent». C'est là, précisément, le vrai fruit de tout ce que nous sommes. Dès que la puissance de la vie divine descend prendre possession d'un homme, elle manifeste sa présence en ce que cet homme se donne à Dieu. L'amour de Dieu est descendu en Christ; quelle a été sa manifestation pratique? Jésus s'est livré lui-même à la mort. «Vous avez été achetés à prix». Aussi présentez «vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent. Et ne vous conformez pas à ce siècle; mais soyez transformés par le renouvellement de votre entendement, pour que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite». Voilà pourquoi il dit: «Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur». Puis encore ici: «Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l'un l'autre, et vous pardonnant les uns aux autres, si l'un a un sujet de plainte contre un autre; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même».

Je dois donc commencer par regarder le vieil homme comme étant mort. Nous sentirons bientôt notre faiblesse. Mais cela nous place dans la position bénie d'être morts avec Christ, et nous devons, dans cette position même, montrer la puissance de la vie dans laquelle nous sommes appelés à marcher. «Ayant revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l'image de celui qui l'a créé, où il n'y a pas Grec et Juif, circoncision et incirconcision, barbare, Scythe, esclave, homme libre; mais où Christ est tout, et en tous». Si je parle de moi-même comme étant un Anglais ou un Français, j'oublie que je suis mort et ressuscité, et que Christ est tout. Il est le seul objet, la seule chose sur laquelle l'âme ait le droit de s'arrêter, qu'elle ait raison de contempler: «Christ est tout». Il n'existe pour le coeur de celui, quel qu'il soit, qui est mort et ressuscité avec lui, d'autre objet que Christ, que lui seul. De qui ai-je besoin? De Christ. Qui dois-je suivre? Christ. Quel est l'objet qui occupe mon coeur? Christ.

La seconde vérité qui nous est présentée est la suivante: Christ est dans tous les chrétiens; il est leur vie. «Christ est tout et en tous». Il est en nous comme étant notre vie et par conséquent Christ vit en moi, et «ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu». Il est tout pour moi. Tel est le chrétien dépeint en quelques mots. Il a positivement dépouillé le vieil homme et ses actions; il a revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l'image de celui qui l'a créé; maintenant Christ est tout pour lui; Christ habite en lui. Il est sa vie. Quelle simplicité, mais aussi quelle plénitude admirable! L'apôtre ne dit pas ce qu'un chrétien devrait être; il constate simplement ici ce qu'est un chrétien. Christ est sa vie et Christ, est tout pour lui, puisqu'il possède cette vie. Il ne sait rien d'autre. Nous pouvons, d'un autre côté, sentir notre faiblesse; mais voici ce que nous sommes comme chrétiens: — «Christ est tout et en tous».

Nous trouvons ensuite les conséquences bénies en puissance et en action que l'apôtre tire de ces faits. Il regarde maintenant le côté positif — l'esprit et le chemin dans lesquels je dois marcher. «Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l'un l'autre, et vous pardonnant les uns aux autres, si l'un a un sujet de plainte contre un autre; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même». C'est-à-dire: marchez comme Christ a marché. Ayant maintenant Christ pour ma vie et Christ pour mon objet, je reçois la puissance nécessaire pour surmonter les motifs qui me gouvernaient autrefois; les choses qui m'entourent ont perdu leur force. Je parle de ce qu'est la vie dans son caractère et ses principes. Christ est l'unique objet de cette vie nouvelle; c'est Christ seul qui la forme et la gouverne; et l'âme du croyant étant remplie de Christ, les circonstances extérieures perdent leur force; son coeur est rempli d'autre chose. La vie qui est en lui est occupée de Christ. Il en résulte naturellement que les choses visibles n'exercent plus d'influence sur lui. «Si donc ton oeil est simple, ton corps tout entier sera plein de lumière». Ainsi ce qui excite le vieil homme n'est pas en activité; et ce qui est manifesté, c'est l'influence de Christ comme révélé au nouvel homme — le nouvel homme qui vit de lui. L'apôtre l'exprime comme suit: «Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés», etc. Il ne dit pas: «Vous prétendez être des élus de Dieu, saints et bien-aimés». Il affirme que c'est là notre place; il désire que nous vivions dans la conscience de notre position et que, comme tels, nous fassions ces choses. Voilà quel est le côté vrai de toutes les saintes affections. Si, comme enfant, je doute que mon père soit bien véritablement mon père, comment pourrais-je connaître l'amour filial? Je dirai alors: Combien je voudrais être assuré de cet amour, — mais je ne connaîtrai pas l'affection pleine et entière que la certitude seule peut donner. Voilà pourquoi l'apôtre écrit: «Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés», etc. Est-ce que je marche maintenant dans la réalisation que Dieu trouve ses délices en moi? Mon âme est-elle remplie d'amour, de joie, de paix? C'est dans cette assurance que le coeur doit demeurer, ensuite j'ai à me revêtir de toutes ces choses. Mais je ne puis le faire qu'en marchant dans la conscience bénie de la réalité de ma position en Christ. Si un homme est régénéré, les désirs de la nouvelle nature s'éveilleront en lui, quoiqu'il ne soit peut-être pas encore capable d'en jouir. Des affections et des devoirs découlent de la place dans laquelle je me trouve. «Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés», etc. Oh! si mon coeur peut vivre dans cette position, dans ce que je suis — un élu de Dieu, saint et bien-aimé — je pourrai me revêtir de toutes ces choses. Elles découleront naturellement de la position bénie que j'occupe. Si je vis dans la conscience de mes relations avec Dieu, dans la réalisation de ce qu'il est pour moi, il y aura du fruit. Les fruits de l'Esprit sont d'abord: l'amour, la joie, la paix; ensuite viennent: la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Mais je dois posséder premièrement, l'amour, la joie, la paix. Si je suis parfaitement heureux en Dieu, les insultes des hommes ne me troubleront pas; je les supporterai avec patience. Je possède une joie sans mélange, et mon âme peut se reposer dans le lieu de ces saintes affections. Voilà pourquoi les choses extérieures seront impuissantes à m'en détourner. Aussi l'apôtre écrit: «Revêtez-vous, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés», etc.

Il en était ainsi de Christ. Il est au-dessus de tout, l'Objet béni, élu, précieux — le Saint, le Bien-Aimé. Il est notre vie. Si je puis agir d'une manière digne de la place qui m'appartient, c'est que mon coeur est fidèle dans ses affections. Nous avons été introduits dans une relation bénie avec Dieu; nous devons chercher à acquérir la réalisation constante de ce que nous sommes devant lui, afin de pouvoir, dans cette jouissance, produire les fruits qui conviennent à une telle position. Revêtons-nous des choses qui caractérisèrent la vie de Christ dans ce monde: «d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de longanimité; vous supportant l'un l'autre, et vous pardonnant les uns aux autres,… comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même. Et par-dessus toutes ces choses, revêtez-vous de l'amour, qui est le lien de la perfection. Et que la paix du Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos coeurs; et soyez reconnaissants».

Après avoir développé le caractère pratique de cette vie, l'apôtre va plus loin. Il s'attend à ce que la parole du Christ habite en nous richement, — en toute sagesse; et il désire que nos coeurs soient élargis et que nous vivions dans l'intelligence qui convient à ceux qui ont leur place en Christ. Il dit: Je souhaite que votre coeur et votre esprit soient mis au large pour vivre dans ces choses; je désire que la parole du Christ, la pleine révélation que Dieu nous a donnée de ses pensées et de ses desseins, révélés dans le Seigneur Jésus, habite en vous richement.

Arrêtons-nous maintenant et demandons-nous: De quoi mon esprit a-t-il été occupé aujourd'hui? quel but ai-je poursuivi? Pouvez-vous dire que la parole de Christ a habité en vous richement? Peut-être la politique vous a-t-elle absorbés, peut-être étaient-ce des bavardages, ou bien encore des intérêts personnels? La plus grande partie de votre journée a-t-elle été remplie par les préoccupations de votre propre esprit ou par les propos de votre coeur? Cela n'est pas Christ. «Que la parole du Christ habite en vous richement, — en toute sagesse». Toute connaissance et toute sagesse pratique se trouvent en lui. Ce sont deux choses bien distinctes; mais si elles sont réelles, elles se complètent merveilleusement. Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. Ainsi donc, l'apôtre attend qu'il y ait en nous l'épanouissement et le développement de la connaissance bénie de Christ. L'Esprit de Dieu prend des choses de Christ et nous les communique. Nous vivons dans cette sphère où Dieu révèle ses pensées.

Remarquez de plus qu'il ne parle pas simplement de sagesse et de connaissance, mais qu'il ajoute: «Vous enseignant et vous exhortant l'un l'autre, par des psaumes, des hymnes, des cantiques spirituels, chantant de vos coeurs à Dieu dans un esprit de grâce». Cela se rapporte aux affections, car tel est le caractère des hymnes et des cantiques spirituels. Ce n'est pas tant de la connaissance écrite et rédigée comme un sermon; mais c'est par là que les affections du coeur répondent à la révélation de Christ; peut-être sera-ce un mot entendu dans une réunion où Christ a été présenté? le Saint Esprit qui élève les affections en réponse à la révélation de Christ. Ensuite vient l'expression du coeur, qui a reçu cette révélation par les affections du nouvel homme et qui y répond par la louange et l'adoration. Ce ne seront pas nécessairement les mêmes idées qui seront reproduites, mais l'adoration du coeur se porte vers la personne qui a été révélée.

«Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père». Voici le résumé de ma vie de chaque jour. En traversant ce monde, je rencontre constamment des difficultés. Je me demande: Devrais-je faire telle ou telle chose, ou m'en abstenir? J'hésite, ne sachant quel est le droit chemin; ou bien je rencontre mille empêchements, lorsque je veux faire ce qui me parait juste. Si je découvre un doute en moi-même quant à la route à suivre, c'est que mon oeil n'est pas simple; tout mon corps n'étant pas plein de lumière, mon oeil n'est pas simple. Dieu m'amène dans les difficultés pour que je découvre cet état de choses. Ce peut être une chose, dont je n'ai jamais soupçonné l'existence dans mon coeur, qui obscurcit ma vue spirituelle; c'est une chose qui se trouve entre moi et Christ et, tant qu'elle n'est pas enlevée, je ne sentirai aucune assurance quant à mon chemin. C'est pourquoi l'apôtre dit: «Quelque chose que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus». Ce précepte servira de solution à toutes les difficultés, 999 fois sur 1000. Si vous vous demandez: «Dois-je faire telle ou telle chose?» posez-vous cette question: «Puis-je la faire au nom du Seigneur Jésus?» et il n'y aura plus d'hésitation.

Par conséquent, si quelqu'un dit: Quel mal y a-t-il à faire ceci ou cela? je demanderai à mon tour: Le ferez-vous au nom du Seigneur Jésus? Peut-être répondrez-vous tout de suite: Il va sans dire que non. Alors la question est tranchée. C'est là ce qui manifeste l'état du coeur. Si mon oeil est simple, si les intentions de mon coeur sont droites, je trouve dans ce passage de quoi résoudre toutes les difficultés; il éprouve mon coeur. Je désire connaître le droit chemin; eh bien! il est aussi simple que l'A. B. C. Si mon coeur n'est pas attaché à Christ, je chercherai à faire ma propre volonté, et ce n'est pas celle de Dieu. La règle constante et uniforme qui juge clairement de chaque chemin et de chaque circonstance, est celle-ci: Est-ce que j'agis simplement au nom du Seigneur Jésus?

Mais qu'est-ce qui accompagne cela: «Rendant grâces par lui à Dieu le Père». Un autre passage dit: «En toutes choses rendez grâces». Là où je puis porter Christ avec moi, mon esprit est occupé de Dieu, et je puis dire qu'il est avec moi, même si je dois passer par l'épreuve. Je suis dans le chemin de Dieu; Christ est là avec moi; et je préfère ce sentier aux lieux les plus attrayants et les plus beaux que le monde puisse offrir. Comme il est dit au Psaume 84: «Ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés».

Ainsi se termine cette révélation de la vie de Christ. Elle débute par la grande vérité que nous sommes morts et ressuscités avec Christ — que le vieil homme est absolument et complètement jugé, et que pratiquement nous devons le tenir pour mort. On parle parfois de mourir à la chair, et l'on dit que c'est une mort lente, etc. Ce sont là des absurdités. Cette mort est un simple fait qui est vrai déjà maintenant. Si je suis mort avec lui, je vivrai aussi avec lui. Cette puissance agit dans mon âme. La racine de toute la doctrine de Paul est que nous avons été crucifiés avec Christ, et que nous sommes morts avec lui; et maintenant ce n'est plus nous qui vivons, mais Christ qui vit en nous. Alors Christ devient l'objet de cette vie nouvelle. Ayant posé comme fondement, que nous avons dépouillé le vieil homme, pour revêtir l'homme nouveau, qui est Christ, l'apôtre développe la conséquence de la bénédiction dans laquelle nous sommes et les fruits qui en découlent. Puis vient cette règle simple et bénie pour celui qui désire sérieusement suivre le Seigneur: je ne me permets que ce que je puis faire au nom du Seigneur Jésus.

Une grande chose est mise pratiquement devant nous ici: Christ est tout. Il est en tous, mais nous devons nous poser cette grande question: Est-il, pratiquement, tout? Pouvez-vous dire sincèrement: Quoique je sois une pauvre et faible créature, je n'ai dans ce monde d'autre objet que Christ? Vous rencontrez mille difficultés, — vous n'êtes pas assez vigilant, — votre foi est faible, — vous reconnaissez toutes ces choses; mais pouvez-vous, malgré tout cela, dire avec sincérité: Je n'ai dans ce monde d'autre objet que Christ?

Nous devons d'abord posséder Christ comme vie. Nous passons ensuite à la conduite et à la marche extérieures. Et permettez-moi de dire ici, qu'un homme peut se conduire extérieurement d'une manière droite et irréprochable, tout en étant un chrétien très faible et dépourvu de spiritualité. Vous trouverez plus d'un vrai chrétien, qui possède Christ pour sa vie, qui n'a rien à se reprocher quant à sa marche, et qui cependant manque absolument de spiritualité. Si vous parlez de Christ à un tel homme, vous ne trouverez aucun écho. Entre la vie qui est au fond de son coeur et la surface irréprochable, entre lui et Christ, se trouvent une foule d'affections et d'objets qui ne sont pas Christ du tout. Quelle place Christ occupe-t-il dans votre journée ou dans les préoccupations de votre âme? Jusqu'à quel point est-il l'objet de votre coeur? Quand vous êtes en prière, n'arrivez-vous jamais à un sujet, sur lequel, pour ainsi dire, vous fermez la porte devant Dieu? Ne faites-vous pas quelque réserve, n'y a-t-il pas, dans votre coeur, une chose que vous lui cachez? Si nous demandons la bénédiction jusqu'à un certain point seulement, c'est que nous faisons une réserve; et pratiquement Christ n'est pas tout pour nous.