Pensées sur 1 Samuel 1 et 2

 ME 1896 page 432

 

Ce qui est dit d'Elkana, qui avait deux femmes, semble être pour nous un type de Christ et des deux dispensations. (Israël et l'Eglise). Anne représenterait les Juifs dont Dieu s'occupe de nouveau en grâce; Peninna, les gentils qui sont mis de côté. C'est ce que nous pouvons distinguer dans le cantique prophétique d'Anne.

Nous y voyons aussi la corruption de la sacrificature, et le jugement de Dieu prononcé contre la maison d'Eli. La sacrificature d'Aaron et de ses fils était un type de l'Eglise.

Les circonstances du peuple juif, au temps du prophète Samuel, de Saül et de David, jusqu'à l'élévation de Salomon au trône, figurent les événements préparatoires qui introduisent le règne du Messie; ils présentent en type les principaux faits qui se passeront depuis le moment où Dieu recommence à s'occuper de son peuple, jusqu'à celui où Jésus viendra s'asseoir sur le trône de David à Jérusalem.

Les paroles que Dieu prononce au sujet d'Eli sont l'acte d'accusation qu'il adresse à la sacrificature, avant d'exécuter son jugement. L'Eglise qui a l'intelligence de ce qui va arriver, devrait aussi rendre témoignage que Dieu est près de juger et de rejeter le corps christianisé des gentils; le jugement de Dieu atteindra bientôt ceux qui ont part à la corruption introduite dans l'Eglise.

Ce fut au temps où Eli et ses fils exerçaient la sacrificature que le jugement commença à être exécuté contre cet ordre de choses. Comme sacrificateur, Eli n'avait plus le discernement requis par sa position; dans un tel état, l'oreille n'est plus attentive aux admonestations. Il est remarquable aussi que le signe donné à Eli est précisément le jugement dont Dieu va le frapper (2: 34).

Le jugement prononcé contre la maison d'Eli ne trouva son plein accomplissement qu'au moment où Salomon fut élevé au trône (1 Rois 2: 27-35). «Un sacrificateur fidèle… qui marchera toujours devant mon oint», telle est la sacrificature établie par Salomon, selon la parole annoncée à Eli par l'homme de Dieu. Ce type, que l'on trouve présenté sous le règne de Salomon, aura son accomplissement lorsque Christ s'assiéra sur le trône de sa gloire à Jérusalem; c'est la sacrificature dont il est question lorsque l'organisation du temple est décrite (Ezéchiel 44: 15).

Aaron et ses fils représentent la sacrificature céleste dans le caractère et la position pris par Jésus lors de sa résurrection; l'Eglise possède la même position que Christ, l'homme glorifié devant Dieu, le Père. Celui qui remplacera l'ordre de choses rejeté, «marchera toujours devant son oint». Cette sacrificature-là occupera une autre position. La première est céleste; elle est figurée par le tabernacle, copie des choses du ciel (Hébreux 9: 24). L'autre est terrestre et s'exercera dans le temple de Jérusalem, lorsque le Messie aura pris sa place sur le trône de David. Cette sacrificature ne faillira pas plus que le peuple juif restauré, parce que Christ aura pris en main le gouvernement. Ce qui a été placé sous la responsabilité de l'homme dans toutes les dispensations, a été gâté; mais Dieu, dans sa grâce, ne renonce pas à son élection. A lui soit la gloire.

Nous trouvons un passage fort instructif pour nous, les nations, au chapitre 2: 27, 28. Avant d'exécuter le jugement sur ce qui est corrompu, Dieu remet en mémoire la nature de son appel selon sa grâce, pour ce qui concerne la bénédiction placée entre les mains de ceux qui ont été les objets de sa bonté. Dieu dit à Eli: «Je me suis clairement révélé à la maison de ton père, quand ils étaient en Egypte, dans la maison du Pharaon». La famille d'Aaron avait été l'objet d'une bénédiction très spéciale au milieu des tribus d'Israël. Mais ils avaient oublié cette grâce; et ainsi ayant perdu la mémoire de la bonté de Dieu à leur égard, ils étaient tombés dans un état de corruption complète; par conséquent, le jugement de Dieu est le dernier remède que Dieu emploie, soit pour corriger, soit pour retrancher définitivement.

Il en est absolument de même pour ce qui regarde l'Eglise. Elle aussi a oublié la bonté de Dieu, selon l'appel de sa grâce; aussi cette dispensation prendra bientôt fin par le jugement définitif de Babylone (Apocalypse 18). Il est donc de la plus haute importance que le chrétien ne soit pas oublieux de la grâce divine en ce qui regarde son premier appel. Souvenons-nous d'où Dieu nous a tirés, afin d'éviter ainsi de nous entendre adresser la menace que Jésus fait à Laodicée: «Je te vomirai de ma bouche» (Apocalypse 3: 16).