Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 101 - Matthieu 13 - ME 1897 page 15. 1

Méditation de J.N.D. no 102 - Psaume 23 - ME 1897 page 30. 4

Méditation de J.N.D. no 103 - Philippiens 3 - ME 1897 page 56. 6

Méditation de J.N.D. no 104 - Jean 14: 15-21 - ME 1897 page 77. 7

Méditation de J.N.D. no 105 - Luc 5: 12-15 - ME 1897 page 95. 9

Méditation de J.N.D. no 106 - 1 Jean 5: 1-15 - ME 1897 page 112. 11

Méditation de J.N.D. no 107 - Deutéronome 1 - ME 1897 page 132. 13

Méditation de J.N.D. no 108 - Esaïe 50 - ME 1897 page 154. 15

Méditation de J.N.D. no 109 - Jean 17: 6-19 - ME 1897 page 176. 18

Méditation de J.N.D. no 110 - Romains 8: 12-27 - ME 1897 page 196. 20

Méditation de J.N.D. no 111 - Luc 23: 33-44 - ME 1897 page 234. 22

Méditation de J.N.D. no 112 - Actes des Apôtres 26 - ME 1897 page 253. 25

Méditation de J.N.D. no 113 - Hébreux 10: 1-25 - ME 1897 page 274. 28

Méditation de J.N.D. no 114 - Genèse 4: 3-22 - ME 1897 page 315. 30

Méditation de J.N.D. no 115 - Juges 3: 1-14 - ME 1897 page 332. 32

Méditation de J.N.D. no 116 - Genèse 12 - ME 1897 page 357. 34

 

Méditation de J.N.D. no 101 - Matthieu 13 - ME 1897 page 15

20 mars 1842

On ne sème pas là où l'on va recueillir du fruit, ni là où l'on a déjà planté. Semer suppose que, selon la nature, le terrain qu'on ensemence n'aurait rien produit. Le coeur naturel n'est, par lui-même, capable d'aucun bien (Romains 3: 11, 12). Jésus était venu chercher du fruit sur son figuier, les Juifs. Ceux-ci avaient des privilèges: les alliances, les oracles de Dieu, la loi, les prophètes; et ces choses, les chrétiens de nom les possèdent aussi. Mais Jésus, n'ayant point trouvé de fruit sur son figuier, le maudit (Matthieu 21). Il avait déjà prononcé la condamnation des Juifs en Matthieu 12: 38-45, et encore aux versets 47-50. Il ne s'agit plus maintenant des liens nationaux comme Juifs, ou naturels, comme descendance de David et d'Abraham. Dès lors il ne s'adresse plus à la nation d'une manière simple et claire, mais en paraboles (13: 13); c'est pourquoi il sème à nouveau. Il ne trouve rien de bon, ni chez les Juifs, ni chez les gentils, mais un monde vide et désert où un semeur va semer de bon grain, parce qu'il n'y a rien là que de mauvaises herbes. Rien, dans le coeur de l'homme, ne peut fructifier pour Dieu; il faut semer, pour qu'il y ait du fruit. C'est sur ce terrain-là que le Seigneur, nous place tous, comme hommes naturels. Il a renoncé à chercher du fruit dans le coeur de l'homme; il a porté sur lui un jugement définitif. L'orgueil seul peut s'imaginer le contraire.

La semence produit des effets variés, et le Seigneur présente ces effets sans parler ici de la doctrine. Une seule classe produit du fruit pour Dieu. Le Seigneur dit: «Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende»: il y va du salut de celui qui écoute. Dieu nous présente ici les difficultés, les dangers; il sait très bien que nous sommes en la présence de Satan avec de mauvais coeurs et que le semeur, après tous ses soins, ne recueille du fruit que d'un seul terrain, sur quatre, car, à part le bon terrain, le coeur est, ou bien un chemin dur sur lequel tout le monde passe, ou un coeur léger qui rejette aussi légèrement qu'il a reçu, ou encore un coeur envahi par le monde.

Dans sa bonté, le Seigneur vient pour semer. Il trouve le coeur de l'homme sans une bonne pensée pour lui. Il en a fait la démonstration (Luc 13: 34, 35). Quand la loi eut été violée, les prophètes rejetés et maltraités, son témoignage à lui repoussé, Jésus recommence tout de nouveau et sème, car il lui faut la grâce. Il trouve des coeurs qui pullulent de mauvaises choses. Il y a des hommes aimables et qui ont de belles qualités, mais ils les dépensent pour eux-mêmes et pour le monde; c'est un égoïsme plus subtil, où rien ne s'adresse à Dieu; l'homme ne glorifie pas Dieu, et cela est d'autant plus mauvais. «Les hommes ont vu et haï et moi et mon Père»; telle est l'amabilité de l'homme. Jésus n'a rien trouvé dans le monde qui fût aimable envers lui, et plus l'homme qui rejette Dieu se trouve heureux, plus son apostasie est grande. Voilà pourquoi le Père travaille jusqu'à maintenant et Jésus aussi. Dieu sème; il rend témoignage à sa grâce, à sa bonté, et place nos coeurs sous la responsabilité de recevoir le témoignage de la grâce. Le Seigneur nous présente dans cette parabole ce qui empêche l'homme de le faire.

1° Le coeur est un chemin battu où tout ce qui est du monde passe. La politesse peut s'entretenir de tout, politique, commerce, commérages, mais non du Seigneur Jésus. Si la Parole vient, l'homme n'y comprend rien; il lui suffit d'être juste et honnête; Satan ravit tout le bon grain. Néanmoins le Seigneur a semé; il a fait tout ce qu'il fallait; il s'est approché de ceux qui n'osaient et ne pouvaient s'approcher de lui. Mais l'homme n'a pas besoin d'un Sauveur et de la grâce; tout cela lui est incompréhensible. Il ne garde pas mieux la mémoire de la Parole; il sort, cause avec le voisin et ne pense pas que Satan a arraché de sa mémoire tout ce qu'il a entendu. La chair, même dans l'enfant de Dieu, est exactement la même chose; les coeurs des hommes sont un chemin battu.

2° Nous trouvons un autre cas, la légèreté. La Parole lève très vite, parce qu'elle n'entre pas profondément. On entend dire que Jésus reçoit le plus grand pécheur, et cela touche; on voit Jésus rejeté et l'on en est ému, mais la conscience n'étant pas atteinte, on ne voit pas ce qu'il y a entre Dieu et nous; on reçoit l'Evangile, non par la conscience, mais pour la joie, et quand l'Evangile ne donne pas de la joie, on y renonce. Pour ses enfants, Dieu a voulu qu'il y eût des difficultés tout le long du chemin, mais ces gens-là, si les difficultés surviennent, quittent l'Evangile. Lorsque la semence de l'Evangile entre profondément dans le sol, on connaît son propre coeur; quand elle atteint la conscience, on voit tant de mal qu'on est honteux de soi-même. C'est ce qui arrive quand la Parole pénètre réellement, mais, dans ce cas, ce qu'elle produit n'est pas la joie. Il y a dans l'Evangile, nous l'avons dit, des choses qui attirent les affections naturelles, mais ces impressions ne durent pas. Les filles de Jérusalem pleuraient sur Jésus; il leur dit: «Pleurez sur vous-mêmes». La joie qui résulte de la connaissance de son péché et de la grâce qui s'y applique est tout autre. Ici, c'est une joie qui ne connaît pas notre état de péché et de condamnation; il n'y a point là de racine; c'est pourquoi cela ne peut durer qu'un temps (versets 20, 21).

3° La Parole n'est pas oubliée, mais elle produit des effets contraires à notre attente. La Parole est reçue dans un coeur plein du monde; on l'écoute, en un sens on la reçoit, mais les épines montent. On voit une âme altérée qui recherche les chrétiens, mais il faut renoncer à des plaisirs, à un commerce, à une soirée; ces choses montent, envahissent, et la Parole disparaît; il n'y a point de fruit. Ce que la parole de Dieu appelle des soucis, le monde l'appelle souvent des devoirs; c'est ce que l'on voit au grand souper, en Luc 14. L'homme préfère ses boeufs, ses terres, sa famille, au souper. Il parle de ses devoirs; cela signifie que son coeur est à telle ou telle chose et ne tient pas à être libre avec Jésus. Les prétendus devoirs font oublier le devoir envers Christ. Il y a aussi la tromperie des richesses. On y met de l'importance. Quand on s'enrichit, on a une haute opinion de soi-même; on se croit quelque chose quand on n'est rien, et c'est un sujet de jalousie pour les autres. Le pauvre est incrédule, il ne s'attend pas à la bonté de Dieu; c'est un souci; son travail est peine perdue: «c'est en vain qu'il se lève matin et qu'il se couche tard, qu'il mange le pain de douleurs», tandis que Dieu «donne le sommeil à son bien-aimé» (Psaumes 127). Les soucis n'empêchent pas la Parole de germer, mais ils l'étouffent. Mais n'oublions pas que la chair du chrétien aime les mêmes choses que la chair du mondain, qu'elle a les mêmes devoirs, recherche les mêmes plaisirs, et c'est contre cela que le Seigneur Jésus nous prémunit. Ce ne sont pas les péchés qui empêchent qu'on soit chrétien; c'est d'être occupé des choses de la terre. Satan vous permet d'être aussi honnêtes gens que vous voudrez, pourvu que vous n'ayez pas Christ, ni la vie éternelle. Toutes ces choses étouffent la seule chose nécessaire, la vie éternelle. Vous ne pouvez avoir la vie, si vous ne la recevez pas tout de nouveau de Dieu.

4° Il y a un terrain qui produit du fruit, mais en quantités diverses. On écoute la Parole et on la comprend, ce qui n'a pas lieu dans le terrain pierreux. L'âme comprend que Dieu agit en grâce, que c'est Dieu qui entre en scène et que, sauf la manifestation du péché, tout s'efface en sa présence. Du moment que Dieu a donné son Fils, il avait vu l'état de péché de l'homme et que le plus petit péché n'avait besoin de rien moins que de la mort du Fils de Dieu. C'est en Christ seul qu'est la vie; alors la Parole est comprise. «Si vous demeurez en moi, vous porterez beaucoup de fruit». Mais le coeur de l'homme produit de mauvaises herbes, et il y ajoute encore l'orgueil! Il blâme Dieu! L'orgueil, c'est le péché du diable.

Pourquoi donc Dieu pense-t-il à nous? Par grâce! Et qui peut rendre raison de la grâce? Dieu est amour et agit en amour. Le monde peut mépriser Jésus jusqu'à ce qu'il revienne en gloire; mais il reste sous la responsabilité de recevoir la parole de la grâce que Dieu a semée dans son coeur.

Méditation de J.N.D. no 102 - Psaume 23 - ME 1897 page 30

23 juillet 1843

Le Seigneur prend ici la place du Berger qui mène ses brebis dehors et marche devant elles, mais il a passé pour nous par les expériences de la brebis sous la conduite de l'Eternel, son Berger. Et dans ce caractère, si le Seigneur a pu parler comme il le fait dans ce Psaume, s'il a pu montrer un coeur que rien ne pouvait troubler, ce n'était pas parce que son chemin n'avait ni peine, ni difficulté, ou parce qu'il n'avait point d'ennemis. Bien au contraire, Jésus était à l'étroit jusqu'à ce qu'il fût baptisé du baptême de la mort et de la colère de Dieu, son âme était angoissée, son esprit troublé; tous ses ennemis étaient devant lui; il souffrait de la contradiction des pécheurs contre lui-même; il faisait l'expérience de la tribulation et de la détresse, et disait à ceux qui étaient appelés à le suivre: «Vous aurez de l'angoisse au monde». Oui, il nous faut aussi passer par où il a passé, et il nous en enseigne le chemin, car il y a trouvé les mêmes circonstances, les mêmes soulagements et les mêmes grâces que nous-mêmes.

Jésus n'avait pas comme nous la difficulté du mal en lui, mais, étant sans péché, combien il était plus que nous sensible aux souffrances du mal qui l'entourait. Là où nous sommes souvent endurcis par le mal, lui le ressentait parfaitement. Christ sympathise avec nous; personne ne sympathisait avec lui; personne ne pouvait lui dire: «Aie bon courage, j'ai vaincu le monde». Ayant le péché en nous, nous souffrons donc beaucoup moins que lui, mais, à part cela, il s'est placé dans les mêmes circonstances que nous; il y a employé les mêmes moyens dont nous sommes appelés à user, la dépendance et la prière, avec la même assurance d'être exaucés.

Tout en nous plaçant sous sa propre sauvegarde comme notre Berger, il se place aussi lui-même, comme homme, sous la sauvegarde de Dieu. Il se confie en l'Eternel, s'appuie sur lui. Dieu dit de lui (Esaïe 42: 1): «Voici mon serviteur que je soutiens».

Il est doux pour les brebis de le voir, marchant ainsi devant elles et leur traçant le chemin, dans la faiblesse extérieure, quoiqu'il fût le Dieu suprême, mais avec cette différence que, pour lui, tout était encore à accomplir, tandis que pour nous tout est accompli.

Les Juifs se confiaient en leurs institutions, mais ce n'était pas la foi. Dans ce Psaume, quand toutes les institutions manquent, lorsque l'injustice déborde, le fidèle fait l'heureuse découverte que l'Eternel est son Berger. C'est quand tout est mis en oeuvre par Satan pour affaiblir la foi, que celle-ci trouve un appui inébranlable en Dieu. Jésus enseigne cela à nos coeurs par son exemple et, en contemplant son sentier, nous apprenons quelle est notre confiance; dans une position difficile, nous savons que Jésus s'y est aussi trouvé et que Dieu ne pouvait pas ne pas montrer sa fidélité envers son Fils. En voyant le lien entre Dieu et Jésus, j'apprends à connaître le lien entre Dieu et moi, car Jésus s'est anéanti pour prendre notre position et se mettre à notre place.

 (Verset 1). Peu importent les circonstances, c'est une chose arrêtée, je n'aurai point de disette. Ce n'est pas faute de difficultés, car il dit, dans un autre Psaume, qu'il est dans une terre déserte, altérée, sans eau. Il sait que l'Eternel pourvoit à tout cela et il se sent en sûreté. Les soins du Berger rassurent l'enfant de Dieu et il va librement, dans la liberté de la grâce, partout où le Berger le conduit.

(Verset 2). L'Eternel est mon Berger et je me repose; toute la puissance des démons ne peut m'empêcher d'être dans les parcs herbeux. C'est la foi qui donne cette assurance; on est au milieu des ennemis sans frayeur; le bon Berger veille sur nous et il nous conduit le long des eaux paisibles, où nous trouvons le rafraîchissement pour nos âmes. Il y a liberté; on entre, ou sort, et on trouve de la pâture. Rien ne peut nous séparer de cet amour qui s'occupe de nous. Lui qui a donné sa vie pour ses brebis, déploie pour nous d'autant plus d'amour que les difficultés sont plus nombreuses, et, monté auprès du Père, il prend soin de ses brebis, comme le Père prenait soin de lui lorsqu'il était sur la terre. «Les yeux de l'Eternel parcourent toute la terre, afin qu'il se montre fort en faveur de ceux qui sont d'un coeur parfait envers lui» (2 Chroniques 16: 9). Comme on le voit dans ce passage, c'est dans les difficultés qu'il permet dans ce but et quand il n'y a rien dans les circonstances qui puisse encourager l'âme, que Dieu se montre fort. Ne chercher que Dieu, n'avoir d'autre appui que lui, c'est là que se montre la perfection, l'intégrité du coeur.

(Verset 3). Ce n'est pas qu'il n'y ait pas de craintes; Paul avait des craintes au dedans et des combats au dehors. Jésus a offert des prières et des supplications, avec de grands cris et avec larmes (Hébreux 5: 7). Tout cela peut arriver à un coeur intègre. Le Seigneur vient alors restaurer l'âme et consoler ceux qui sont abattus. Il est dit de Jésus que «les eaux lui sont entrées jusque dans l'âme». «Mon âme, dit-il, est abattue au dedans de moi», et en fin de compte, il a été divinement restauré. La chair évite un chemin où elle trouvera l'abattement, mais elle évite ainsi de se rencontrer avec Dieu et perd l'occasion de le connaître. Tôt ou tard, l'âme restaurée qui a trouvé le Seigneur, jouit de la consolation et de la lumière et reçoit la persuasion que c'est lui-même qui l'a conduite dans le chemin de la bénédiction.

Au verset 5, on trouve la conséquence du fait que l'on s'appuie sur le Berger. Les ennemis sont là, mais Dieu dresse la table et l'on jouit, même en leur présence. Quelle joie éprouvent ceux qui ont la conscience que le Seigneur qui connaît notre chemin, nous bénit et nous conduit. Notre combat est un combat réel; l'éviter, c'est éviter la bénédiction. Du moment que l'on est mis en avant pour le service du Seigneur, on est nécessairement à la vue des ennemis. Si l'on veut montrer ce que c'est que le peuple de Dieu, il faut le montrer en présence de Satan. Satan peut cribler, et c'est ce qu'il désire, mais il nous faut combattre et mortifier la chair, tout en comptant sur la fidélité de Dieu. Ceux qui n'ont pas le coeur intègre et comptent sur autre chose que sur lui, ne trouvent jamais que Dieu se montre fort.

La foi est la règle selon laquelle Dieu nous conduit. Quand il est l'objet de nos coeurs et de notre foi, tout devient simple et facile. Avec l'oeil net, le corps est plein de lumière. C'est un chemin de luttes, d'abattement, de découragement quelquefois, mais un chemin où Dieu se trouve. Ce ne sont pas toujours des eaux paisibles, mais l'âme acquerra la certitude du chemin où Christ la conduit et la certitude que nous passons où Christ a passé.

Si, par la grâce de Dieu, je vous revois, j'ai la pleine conviction que le Seigneur est notre Berger, qu'il conduira chacun de nous et j'espère, s'il plaît à Dieu, que nous nous reverrons plus unis et plus bénis que jamais!

Méditation de J.N.D. no 103 - Philippiens 3 - ME 1897 page 56

L'apôtre aurait pu trouver facile de se réjouir dans le Seigneur, mais il était en prison et délaissé. Ce sont les afflictions qui nous donnent la mesure de nos liens avec notre héritage céleste. Paul repasse dans son esprit tous les avantages qu'il avait selon le monde: avantages de naissance, de race, de religion, tout ce sur quoi un Juif pouvait se fonder. L'apôtre avait abandonné tout cela, et, après tout, il dit: «Réjouissez-vous dans le Seigneur». Il sait fort bien où il en est lui-même; il peut repasser toutes ces choses selon leur valeur, et dire: «Après tout, ce n'est que du fumier». Privé même de tout ce qui peut réjouir intérieurement son coeur, il leur conseille de se réjouir et regarde toutes choses comme une perte, en comparaison de l'amour de Dieu en Jésus. Deux choses se présentent: les avantages mondains et une religion agréable à la chair, choses par lesquelles Satan a réussi à corrompre l'Eglise, tandis que pour nous il s'agit de servir Dieu en Esprit, de nous glorifier en Jésus Christ, et non pas d'être hébreu, pharisien, etc. Tout ce qui attire nos coeurs en dehors de Christ, affaiblit nécessairement notre foi, car même une chose religieuse, si elle n'est pas Christ, est la chair.

Remarquez cette expression: «Afin que je gagne Christ». Cela consiste en deux choses. 1° Paul veut être trouvé en lui, n'ayant pas sa justice qui est de la loi, mais une justice qui est de Dieu, moyennant la foi. La foi s'attache à une justice qui est de Dieu seul et, du moment qu'on en sort, l'Evangile est ébranlé. 2° Il veut connaître Jésus Christ lui-même et la vertu de sa résurrection. Il y a dans sa résurrection une vertu, une puissance. Si l'un d'entre nous était ressuscité, mais encore dans ce monde, aurait-il des liens avec le monde, des désirs qui le portent vers lui? Non, mais il lui tarderait d'être dans la gloire, car rien n'empêcherait chez lui l'essor des affections du nouvel homme. Il serait d'avance dans le ciel par ses désirs et ses pensées. Telle est la vertu de sa résurrection. Quand l'âme a réalisé, par la puissance de la résurrection de Jésus, qu'elle est ressuscitée et que tout lien entre elle et le monde est rompu, elle en est sortie. Christ nous a saisis pour cela. Nous sommes actuellement dans des corps mortels et dans un monde auquel, si nous ne sommes pas très vigilants, nous nous attacherons bientôt. La vertu de sa résurrection aura pour effet de nous faire oublier les choses qui sont derrière et de nous faire tendre avec effort vers celles qui sont devant; elle nous fait comprendre, par le Saint Esprit, le but pour lequel nous avons été saisis.

Tout ce qu'il y a dans le monde, nous empêche de faire des progrès spirituels. Nous avons à considérer qu'il y a une vertu positive dans la résurrection de Jésus. Nous ne sommes pas redevables à la chair quand elle réclame ses droits, mais nous avons le droit d'opposer la mort de Christ aux accusations de Satan, et la résurrection de Christ, à l'attrait de toutes les choses de la terre. La vie de résurrection de Christ est en nous et non pas seulement ses effets. Les choses vers lesquelles cette vie nous porte, constituent notre céleste vocation. Ce qui donne la force à cette vie, c'est que nos affections soient puissamment attirées vers un objet. Telle est la puissance de sa résurrection. Ceux qui retournaient en arrière (verset 18), ne possédaient pas cette puissance.

Marchons-nous dans ce monde comme ressuscités et comme attendant le moment d'entrer dans la gloire? Nous avons été saisis par Christ pour cela, et cela nous fait oublier le monde. Notre privilège est de pouvoir oublier tout ce qui est derrière, même nos progrès dans la vie chrétienne, et de regarder en avant. Si je ne désire que Christ, je suis sûr de le gagner; je n'ai pas besoin de chercher autre chose pour me soutenir. Il peut y avoir des épreuves, des afflictions, mais Dieu s'en sert pour nous faire beaucoup mieux sentir que nous avons tout en lui. Shadrac, Méshac et Abed-Nego étaient «établis sur les services de la province de Babylone», c'est-à-dire avancés dans le monde, et ils n'y ont trouvé que des liens. Ils faisaient partie de la multitude qui devait adorer l'image, mais leurs circonstances extérieures étaient si en vue, que le roi du monde ne pouvait leur pardonner d'avoir trop de conscience pour se prosterner devant sa statue. Le monde les jette dans la fournaise. Ils y ont trouvé le Fils de Dieu et y ont été délivrés des liens dont le monde les avait liés. Ne craignons pas la fournaise; ne craignons pas les épreuves et les choses pénibles; au contraire, réjouissons-nous. Elles nous font trouver le Seigneur Jésus.

Méditation de J.N.D. no 104 - Jean 14: 15-21 - ME 1897 page 77

Il y a de la ressemblance entre ce qui a été dit au peuple juif, ce que le Seigneur nous dit ici, et ce que Paul dit en plusieurs endroits.

«Je prierai le Père, et il vous enverra le Consolateur». Cet envoi du Saint Esprit est un très grand encouragement pour le fidèle et un grand reproche d'amour pour notre coeur qui ne produit pas les fruits que la présence du Saint Esprit doit produire. Au milieu de la plus grande ruine, on ne peut pas nous priver de cette promesse de Dieu: L'Esprit «demeure avec vous», car elle n'est pas incompatible avec la ruine absolue de l'Eglise.

Jésus, au moment de quitter les siens, leur promet un autre Consolateur que lui-même. Jésus ne devait pas demeurer éternellement avec l'Eglise, mais il dit du Saint Esprit: «Le Père vous donnera un autre Consolateur pour être avec vous éternellement». Ce Consolateur ne nous a jamais quittés. Jésus sur la terre a été présenté au monde pour être reçu, mais, quant au Saint Esprit, le monde ne peut pas le recevoir, et tout effort pour le faire recevoir du monde est contraire à la déclaration de Jésus. Toute grâce, tout ce qui selon Dieu est aimable, pur et juste, découle du Saint Esprit, et le monde ne peut le recevoir, tandis que ceux avec lesquels le Saint Esprit demeure le connaissent. Il est avec nous et se fait connaître à nous et non pas au monde. C'est à la suite de cela qu'on garde la parole de Jésus, et que le Père et le Fils viennent faire leur demeure chez nous. C'est l'inverse de ce qui est dit au commencement du chapitre: Il y a des demeures pour nous dans la maison du Père; en attendant le Père demeure en nous.

«Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez». Si Jésus pouvait mourir, nous le pourrions aussi. Jésus reproche à Philippe de ne pas avoir compris et connu qu'il était dans le Père et le Père en lui; mais en ce jour-là, quand le Saint Esprit sera donné, dit-il, vous connaîtrez sans incertitude l'unité du Père et du Fils et de plus, tout aussi bien, l'unité du Fils et de l'Eglise. Le don du Saint Esprit est une base assurée de toute bénédiction. Le monde n'en sait rien et ne peut le savoir; tout ce qui constitue la bénédiction entre Dieu et les fidèles n'existant pas pour le monde.

La jouissance de la présence du Consolateur et sa manifestation dépendent de l'obéissance pratique. C'est pourquoi l'on peut voir la plus grande ruine à côté de l'immuable fidélité de Dieu. Un seul mal non jugé peut mettre en ruines l'assemblée de Dieu. En Deutéronome 29: 18-23, il n'y avait qu'une racine d'amertume en Israël et tout le peuple était faible et souillé. Aussi «tout son sol n'était que soufre et sel, un embrasement, comme la subversion de Sodome et de Gomorrhe». Si le chrétien ou l'assemblée admettent un seul péché, le Saint Esprit est contristé, et l'âme est affaiblie à tous égards. Moïse savait qu'après sa mort Israël ne manquerait point de se corrompre, mais que la fidélité de Dieu ne manquerait jamais (Deutéronome 31: 29).

C'est exactement aussi ce que Paul dit de l'Eglise (Actes des Apôtres 20: 29-31). On voit la même chose au livre d'Aggée 2: 3-5. L'Esprit de Dieu ne peut quitter l'Eglise, mais si le peuple de Dieu rejette l'Esprit, tout est ruiné. C'est une chose très sérieuse pour nous, de voir que la présence de Dieu avec nous est compatible avec l'état de ruine de l'ordre de choses où nous sommes.

Mais nous avons le privilège d'être le témoignage de Dieu dans le monde et d'y remplacer le Seigneur Jésus. Il n'y aurait que le seul Elie de fidèle en Israël, que ce serait un grand privilège d'être ce témoin-là au milieu de l'infidélité générale. La présence de Dieu dans sa maison y apporte des affections douces et aimables, et c'est notre privilège de jouir tellement de cette présence au milieu de nous, que nous soyons un témoignage au monde du bonheur que Dieu peut donner à son peuple.

Méditation de J.N.D. no 105 - Luc 5: 12-15 - ME 1897 page 95

Ce passage nous présente une guérison complète, opérée par le Seigneur Jésus, la guérison d'un mal qui chassait l'homme de la présence de Dieu et de la société de ses enfants. Jésus l'opère par sa seule parole. Le lépreux ne pouvait demeurer dans le camp et encore moins s'approcher du tabernacle.

Le péché nous est dépeint de plusieurs manières: il nous paralyse; c'est une mort; ici, il nous empêche d'entrer dans la présence de Dieu. Si Dieu veut nous bénir, ce ne peut être qu'en sa présence. Adam, quand il a péché, se cache de lui. Dieu a fait sortir Israël d'Egypte pour habiter au milieu de lui. Cette présence de Dieu est la seule source de joie et la seule force de l'âme convertie. L'inconverti sait que, malgré lui, il lui faut avoir affaire à Dieu, que cela doit arriver infailliblement; mais il n'y a point de joie pour lui en la présence de Dieu et il ne peut avoir aucune idée du bonheur du ciel. Ce qui donne de la joie dans le ciel lui est étranger. Quand Adam se voit nu, il sent qu'il ne peut se présenter devant Dieu. L'âme inconvertie peut s'étourdir, mais elle n'est pas heureuse; elle est malade et le montre par son malaise; elle n'a aucun goût pour les choses de Dieu et Sa présence le trouble.

Pierre, au verset 8 de ce même chapitre, sent qu'il ne peut être tel quel en la présence de Dieu. Il dit: «Retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur»; il sent qu'il ne mérite pas de se trouver devant Lui et que Dieu ne peut pas souffrir un pécheur en sa présence. Dieu a des droits à faire valoir et ne peut pas s'accoutumer au péché. Impossible que Lui et l'homme dans ses péchés se trouvent ensemble. S'il y a un Etre saint et pur, il faut que la pureté de cet Etre, repousse l'impureté où elle se trouve. Le coeur de l'homme sent bien qu'il existe un Etre tel, qui a ses droits et qui doit les maintenir. Pierre comprend qu'il ne peut être dans une même nacelle avec Jésus; il faudrait être endurci pour ne pas sentir que le péché a souillé nos consciences. La conscience peut avoir besoin d'une règle pour juger du péché; Satan, le monde, peuvent l'aveugler, et l'on peut croire bien faire en tuant les enfants de Dieu — néanmoins la conscience est là et ne peut ignorer, si la lumière l'éclaire, que le péché la souille et qu'il n'est pas convenable que Dieu l'admette en sa présence. La conscience est toujours égoïste, car elle pense toujours à elle-même. Donc la pureté de Dieu et la conscience empêchent que Dieu et le pécheur se rencontrent.

Du moment qu'un homme était lépreux, il était chassé hors du camp, parce que le péché souille tout ce qu'il touche, (Lévitique 13: 45, 46). Le lépreux se condamne lui-même et crie: «Impur, impur». Il en est de même quand la conscience est atteinte. Se couvrir la barbe est l'expression de la douleur. Quand le Saint Esprit agit dans le coeur, on trouve le sentiment de la misère et l'abattement.

Si l'homme ne peut s'approcher de la source du bonheur et de la vie, et c'est le cas de tous, y a-t-il une ressource? L'homme le prétend, mais s'il n'était pas réduit à un état d'insensibilité par le péché, il saurait qu'il lui est impossible d'obtenir par lui-même la guérison.

«Seigneur, dit le lépreux, si tu veux, tu peux me rendre net». Tout homme reconnaît que Dieu peut guérir, mais cela ne suffit pas et ne soulage pas, car, en général, plus quelqu'un est puissant, moins il se soucie des choses qui sont au-dessous de lui. Il faut que le lépreux reconnaisse en Dieu, non seulement, le pouvoir, mais aussi le vouloir. Lorsque nous reconnaissons à la fois la puissance et la bonté de Dieu dans la personne de Jésus, nous avons tout ce qu'il faut pour nous guérir. S'il s'agit de pureté, notre état est repoussant pour Dieu; s'il s'agit de justice, Dieu nous repousse.

Jésus étend la main et touche le lépreux; tout autre en eût été souillé, mais Jésus peut toucher le mal sans en être atteint. Quand il agit en grâce, le péché ne le repousse pas; au contraire, le péché attire la grâce; la grâce seule peut s'occuper de lui. Jésus vient nous démontrer que le péché ne repousse pas Dieu, parce que Dieu est amour. Il s'approche de nous et nous touche dans notre état de souillure. Sa présence chasse le péché, le bannit de l'âme. Le péché a été plus puissant que l'homme, mais la foi comprend et saisit que Dieu est plus puissant que le péché. Dieu s'en est approché en la personne de Jésus. Il n'y a rien du tout entre nos péchés et Dieu; Jésus a touché le lépreux.

La présence de Dieu dans la personne de Jésus est la démonstration de la grâce et que Dieu veut nous guérir, nous rendre nets. Ayant manifesté l'état de péché dans lequel nous sommes tous, nous qui haïssons la loi et la lumière, Jésus vient comme l'un de nous. Cela démontre que Dieu pense à nous et qu'il nous a vus dans notre état de faiblesse et de ruine. Il a pesé lui-même ce que c'était que le péché dans la balance de sa sainteté; Dieu pense à nous, à nos péchés, et n'en a pas été repoussé. Ces péchés sont-ils plus puissants que Dieu qui est là au milieu de nous? S'il est venu maintenant, ce n'est pas pour juger. Il est venu en humiliation pour se soumettre à nos besoins, pour s'intéresser à nous, comme s'il avait été lui-même sous le poids du péché; il est venu se placer sous l'effet du péché, comme devant en être lui-même responsable!

Le coeur a besoin d'être non seulement attiré, mais aussi encouragé. Lorsque Jésus jette un regard sévère sur quelqu'un, c'est sur ceux qui empêchent un pauvre pécheur de venir à lui. Quand le coeur est brisé par la conscience du péché, Jésus le touche par le sentiment de ses besoins et veut encourager ce coeur à se présenter à Dieu.

Une fois que l'âme en est là, il faut encore que la conscience soit à l'aise. Je sens mes péchés, ma misère, je sais que ces péchés ont attiré ses compassions. Je puis avoir confiance en Dieu, et au lieu de sentir que Dieu doit me repousser, je ne trouve en Jésus que Dieu venu en grâce et j'ai la confiance qu'il s'est occupé du mal pour chasser le péché et le guérir. Mon coeur est réconcilié avec Dieu; il a mis sa confiance en ce Dieu qu'il avait offensé.

Il y a de plus l'exercice de cette puissance de Dieu. Quand même Jésus serait bon comme il l'est, cela ne change pas la justice de Dieu; mais son sang nous purifie de tout péché. Dieu savait ce qui était nécessaire pour nous en purifier, et il l'a fait. Il a pesé tous nos péchés et a fait venir sur Jésus l'iniquité de nous tous. Vous ne savez pas juger vos péchés comme il faut, en la présence de Dieu; Dieu l'a fait, et de plus il a fait ce qui ôte le péché. Il ne s'agit pas de ce que je puis penser de mes péchés. Quand j'en serais accablé, quand ils me plongeraient dans un continuel désespoir, cela ne m'aiderait pas, mais Dieu a vu le péché comme Dieu seul peut le voir et l'a effacé par une oeuvre comme Dieu seul peut l'accomplir.

Il y a enfin la communication de la vie de Dieu à nos âmes. Dieu nous fait participer à la vie de Christ qui, n'ayant point de péché, a touché le péché et a vaincu la mort. Nous avons à faire à Christ ressuscité qui nous communique sa vie. Dieu s'approche des plus grands pécheurs, les choisit et leur communique sa vie. Si Dieu était ici, vous attendriez-vous à ce qu'il choisît les gens de mauvaise vie, pour faire comprendre aux âmes accablées qu'il est plus puissant que le mal? Tel est Jésus! Nous avons besoin d'une puissance en nous, d'une vie qui ne succombe pas au péché comme la vie d'Adam; c'est ce que nous avons en Jésus.

En êtes-vous arrivés à pouvoir dire «Impur, impur!» Tant que vous n'avez pas dit cela, la fraude demeure dans votre coeur. Personne n'ira de lui-même le dire à ses voisins; on ne peut le dire qu'en la présence de Dieu et par la lumière de l'Esprit. Mais quand nous avons honte de nous-mêmes, Dieu n'a pas honte de nous et ne nous méprise pas. Croyez-vous que Dieu, qui seul peut mesurer le péché, en a pris toute la mesure en donnant son Fils? Croyez-vous qu'il l'a expié par la croix de Christ? Ou cela est vrai, ou bien la sagesse de Dieu lui a fait défaut, car Dieu aurait donné, aurait jugé son Fils en vain!

Que Dieu fasse retentir à vos oreilles la réponse de Jésus: «Je veux, sois net!»

Méditation de J.N.D. no 106 - 1 Jean 5: 1-15 - ME 1897 page 112

Cette épître abonde en traits qui caractérisent la famille de Dieu. Il y avait des personnes qui cherchaient à séduire et à troubler les chrétiens. L'apôtre écrit en vue de ces dangers et donne la définition de la famille de Dieu. Dans le commencement de ce chapitre, il leur en présente de nouvelles marques, en établissant que quiconque aime Dieu, aime son frère qui est né de Dieu; la contre-épreuve étant que celui qui aime les enfants de Dieu, aime Dieu. L'une de ces deux choses prouve l'autre. De même aussi, si quelqu'un possède la vérité sans la sainteté, il n'est pas sous la conduite de l'Esprit de Dieu et non plus, s'il a la sainteté sans la vérité. Celui qui dit: J'aime Dieu et qui n'aime pas les enfants de Dieu, est menteur.

L'apôtre dit aussi: «Si quelqu'un aime Dieu, il garde ses commandements». Cela peut vous paraître très pénible, néanmoins l'apôtre dit: «Ses commandements ne sont pas pénibles». Quelle difficulté les enfants de Dieu trouvent parfois à consacrer à Dieu une seule heure par semaine! Ils ne peuvent guère dire: Ses commandements ne sont point pénibles; la grande difficulté vient pour eux de ce qu'ils ne renoncent pas à eux-mêmes. La chair n'aime pas renoncer à un avenir; ou n'aime pas vendre tout ce que l'on a, laisser notre habit à celui qui nous prend notre manteau. Néanmoins l'apôtre dit: «Ses commandements ne sont point pénibles». Il faut seulement pour cela être victorieux du monde, surmonter tout, famille, richesse, etc. Même, les enfants de Dieu désirent souvent prospérer dans ce monde. Le monde est un obstacle pour garder les commandements de Dieu et en jouir. Jésus jouissait de faire la volonté de son Père, et il l'a faite jusqu'à la mort. Il n'avait point d'avenir dans ce monde. L'Esprit de Dieu ne nous présente le monde que comme une chose à surmonter. Nos âmes n'ont-elles pour but que Jésus et sa connaissance et ne considèrent-elles le monde que comme une chose à vaincre? La chair aime et désire le monde, mais ce qui est né de Dieu désire les choses de Dieu.

Ce qui nous fait remporter la victoire sur le monde, c'est notre foi; l'apôtre l'explique au verset 5. Quand il dit que celui qui est victorieux du monde est celui qui croit au Fils de Dieu, il faut se rappeler que Jésus est un homme qui a été exécuté comme malfaiteur par les autorités ecclésiastiques de son pays, lorsqu'il était présenté par l'Esprit, dans ce monde, comme Fils de Dieu. Celui qui était ainsi méprisé était tout ce que Dieu appréciait au monde. Si tout ce que Dieu apprécie est ainsi rejeté par le monde, et tout ce que le monde apprécie, rejeté de Dieu, le monde est placé dans son vrai jour. Dès que je comprends que ce pauvre fils du charpentier est le glorieux Fils de Dieu, j'ai la foi qui surmonte le monde et le manifeste tel qu'il est. Nous avons des désirs opposés à ceux du monde, un autre monde qui nous appartient. Nous sommes dans ce monde pour y vivre et y travailler, mais du reste il n'est pas autre chose pour nous qu'un objet à vaincre.

Versets 6-13, le témoignage de Dieu est important. Quand le côté de Jésus fut percé, il en sortit du sang et de l'eau. Le témoignage est sur la terre, au milieu de nous, en nous, si nous croyons. Le sujet du témoignage est que Dieu nous a donné la vie, et que cette vie est en son Fils. Il rend ce témoignage sur cette terre, dans ce désert où nous en avons besoin. Il faut que j'aie ici-bas, bien sûr et bien certain, ce témoignage sur la vie éternelle. Je ne puis demeurer dans le doute sur ce qui convient à la vie éternelle. Dieu a rendu témoignage au sujet de son Fils, et ce témoignage est pour nous. La foi consiste à croire à ce témoignage. Ce témoignage lui-même ne consiste pas à savoir si Christ est mort pour moi, oui ou non, car Dieu ne rend pas un témoignage à notre sujet, mais au sujet de son Fils. Celui qui croit au Fils et que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, a la vie; la Parole ne va pas plus loin. Il est bien vrai que nous avons ce témoignage en nous si nous croyons, mais c'est la personne et l'oeuvre de Christ qui sont le sujet du témoignage, et rien de plus. Il y a trois témoins, l'eau, le sang et l'Esprit, l'eau sortie de son côté, le sang sorti de son coeur, et le Saint Esprit venu sur la terre. L'eau purifie; Jésus lave l'Eglise par le lavage d'eau, par la Parole. L'eau rend témoignage que tout en nous est la mort. L'eau, dans le baptême, montre que tout en nous est à nettoyer. Elle est la sentence de mort de Jésus, portée sur le coeur, déclarant que tout en nous est mort, mais que nous sommes morts avec Jésus. La sanctification commence toujours par ce principe. Je suis nettoyé par l'eau; mais l'eau ne suffit pas.

Le sang va plus loin; ce n'est pas seulement une purification, mais une expiation. Le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché. C'est le témoignage de Dieu. Si ma conscience est à son aise, au large devant Dieu, cela vient du sang. J'avais une montagne de péchés, mais le sang l'a effacée et en rend témoignage. Je ne puis pas être à l'aise devant Dieu dans le péché, mais si Dieu dit: «Le sang de Jésus Christ purifie de tout péché», j'ai la vie éternelle, et il n'y a plus rien entre Dieu et moi.

La présence du Saint Esprit sur la terre est un témoignage rendu à la gloire de Jésus. Celui qui possède Jésus a la vie.

Ce témoignage a un caractère extérieur; il place tous les hommes sous la responsabilité. Dieu nous a rendu témoignage au sujet de son Fils; si nous ne le recevons pas, nous faisons Dieu menteur. C'est dire: La vie n'est pas en moi et je suis ruiné par le péché. C'est à cela que le monde est réduit. Il ne s'agit ni de conscience, ni de loi, mais d'un témoignage rendu par Dieu à Jésus. Si quelqu'un ne le croit pas, il rejette le conseil de miséricorde, de bonté et de salut qui est en Jésus, et il fait Dieu menteur. Par là même, ce témoignage est rendu à notre état de ruine.

Ce témoignage a, pour notre âme, un caractère intérieur. Christ est ma vie; notre vie est cachée avec Christ en Dieu. Si Satan veut me dérober la vie, il faut qu'il aille la dérober à la droite de Dieu. La vie est en Jésus, Jésus est en moi, le témoignage est en moi, il a toute la certitude de Dieu et toute la puissance de quelque chose qui est au dedans de moi. Le chrétien seul peut le comprendre, il le possède. Sa vie est en nous, son Esprit en nous; c'est là ce qui nous fait comprendre que c'est une vie éternelle. Il ne s'agit pas de nous, mais de la vie qui est dans le Fils. Il n'y a point d'incertitude entre le Père et le Fils. Eh bien, le Fils est en moi!

Pour le chrétien, le témoignage n'est pas extérieur, parce que Christ habite en lui par la foi.

On croit que, parce que la vie est en nous, il faut un certain témoignage à notre sujet. Non, le témoignage est rendu au Fils, et Dieu commande de croire que ce Jésus, rejeté et crucifié, est son Fils.

Que Dieu nous fasse connaître la joie et la puissance de ce fait que Christ vit en nous, et que le témoignage que Dieu a rendu n'est pas à nos misérables personnes, mais à son Fils, dans lequel Dieu nous a donné la vie éternelle. Que Dieu nous donne, ayant Christ en nous, de vaincre le monde!

Méditation de J.N.D. no 107 - Deutéronome 1 - ME 1897 page 132

Nous avons ici un triste résumé de l'histoire d'Israël dans le désert et de la manière dont l'incrédulité se prive, en chemin, de grandes bénédictions. Dieu avait fait passer Israël par le chemin le plus long, afin qu'ils ne rencontrassent pas un peuple aguerri; il les avait fait traverser la mer Rouge pour qu'ils apprissent à connaître la puissance de Dieu, au lieu de celle de l'ennemi.

Maintenant il s'agit pour eux de la possession et de la jouissance des promesses. Canaan leur avait été promis; aucun d'eux, sauf Josué et Caleb, n'y est entré, à cause de leur incrédulité! Il n'y a que onze journées depuis Horeb jusqu'en Canaan (verset 2), et le résultat de leur incrédulité est qu'ils mettent 40 ans à ne faire que ce court trajet. Ce simple fait est un avertissement très solennel. Je me demande si nous avons beaucoup réalisé les promesses de Dieu, la gloire du Seigneur Jésus, l'amour du Père, la communion de ceux qui ont leur bourgeoisie dans les cieux.

Ce chapitre nous explique comment cela a pu arriver. Au livre des Nombres, Dieu compte le peuple et se le consacre à lui-même. Il les a conduits en Horeb dans ce but, il les met en ordre en sa présence; à leur départ d'Horeb, il sépare les Lévites pour le service; Dieu est là au milieu d'eux, Israël n'étant que l'avant et l'arrière-garde de la gloire et de la présence de Dieu. Israël devient l'armée d'Israël; l'arche va devant eux dès leur première étape pour trouver le lieu où ils doivent se reposer. L'arche est leur gloire et leur guide. Et voici qu'il n'y a, tout le long du voyage d'Israël, que murmures et iniquité! (Nombres 10-12). Ils veulent retourner en Egypte, ne pensent qu'au temps où ils étaient dans le monde et à leurs aises passées. Dieu les châtie, et pourtant les conduit, malgré leurs murmures, jusqu'à Kadès-Barnéa. Là ils sont tout près de Canaan et de la possession des promesses. C'est là aussi que le chrétien arrive. Il n'est pas encore dans la gloire, mais à la frontière de la gloire et du monde à venir. Encore une courte traversée et j'y suis!

Dieu qui leur avait donné toutes ses promesses les encourage: «Ne crains point et ne t'effraie point». Israël désire obtenir une connaissance plus exacte du pays, et l'Eternel ne le lui refuse pas. Le Saint Esprit, comme les messagers d'Israël, vient nous dire: Le pays que notre Dieu nous donne est bon. Il prend les choses de Christ, toutes les choses que le Père a données au Fils, les fruits de ce pays béni, et nous les communique. Mais Israël refuse d'y monter, quand l'Eternel lui donne les arrhes de ce que le pays contient. Ce que Satan fait, c'est de nous présenter les difficultés pour nous rendre infidèles. Les dangers, la force de l'ennemi, tout cela est vrai. Il est vrai qu'il faut compter si, avec 10.000 hommes, on peut aller contre celui qui en a 20.000, mais Satan dit ces choses pour nous effrayer. Dieu avait aplani jusque-là toutes les difficultés devant Israël, il s'était associé à eux après les avoir rachetés d'Egypte, il avait combattu pour eux (Exode 17). Il permet qu'ils comprennent les difficultés; mais eux se placent devant les difficultés et le coeur leur manque. Ils ont beau voir les fruits du pays, leur coeur refuse d'y entrer. Dieu leur dit: «L'Eternel, votre Dieu, qui marche devant vous» (verset 30). C'était donc l'Eternel qui rencontrait les difficultés, quelque grandes qu'elles fussent, comme le Berger qui marche devant les brebis. Impossible que l'homme les surmonte. Dieu dit: Il faut compter sur moi. Il ajoute: «Votre Dieu combattra lui-même pour vous». Sans doute, il nous exerce au combat pour la jouissance des promesses; il nous faut renoncer à nous-mêmes, vivre de régime en toutes choses. Israël ne succombera-t-il pas? Non, «votre Dieu combattra lui-même pour vous». Dieu ne nous a-t-il pas déjà délivrés de la puissance de Satan? C'est la folie des enfants de Dieu, de penser que ce même Dieu n'aura pas la puissance de les délivrer des difficultés que Satan élève sur leur chemin, car ils ne sont plus ses esclaves. Dieu n'a-t-il pas rendu impuissant notre ennemi? D'où vient donc ce manque de foi? De ce que, en route, le coeur est retourné en Egypte et s'est écarté de la présence de Dieu et de son témoignage. Hélas! n'avaient-ils pas vu que l'Eternel leur Dieu «les avait portés comme un homme porte son fils»? (verset 31). Il ne leur avait pas demandé de la force. Sa patience les avait conduits jusqu'ici. N'est-il pas honteux de ne pas compter sur sa puissance et sur sa force? Dieu s'était servi des difficultés pour manifester sa fidélité. «Il allait devant eux dans le chemin, la nuit, dans le feu, pour leur faire voir le chemin où ils devaient marcher» (verset 33). La nuit était pour eux le moment le plus sûr et le plus heureux.

L'Eternel avait entendu tous les entretiens de leurs coeurs (versets 34-40), et voici le résultat: Pour tout Israël le fruit de l'incrédulité est un triste trajet de 40 ans dans le désert, au lieu d'entrer directement dans le pays de Canaan. C'est l'histoire continuelle de nos âmes. Tandis que Dieu nous porte comme un homme porte son fils, nous ne voulons pas compter sur sa force pour nous. Ensuite, quand Dieu ne veut pas qu'il monte, la présomption d'Israël le pousse à monter quand même, et il est défait par l'ennemi. Dieu nous présente des occasions de bénédiction; si nous manquons ces occasions, elles ne se retrouvent pas; Dieu nous les retire. Plus tard, Dieu n'y est pas et l'on va au-devant d'une défaite.

Dieu ne demande pas mieux que de nous voir jouir des promesses. Il nous y encourage. Si nous voulons connaître le pays, le Saint Esprit nous en présente les fruits et les difficultés, les raisins d'Eshcol et les villes fortifiées jusqu'au ciel; mais si, au lieu de chercher à mesurer d'avance les difficultés, nous nous en tenons aux promesses de Dieu, nous allons en avant sans peine. Dieu nous avertit aussi; laissons sa Parole agir sur nos consciences et craignons de perdre l'occasion.

Jouissez-vous des choses que Dieu nous a promises en Christ? Voici le pays que Dieu vous a donné. Qu'est-ce qui vous arrête? Y a-t-il des craintes, et ne savez-vous pas compter sur le Seigneur? Si vous allez en avant sans crainte, vous trouverez l'Eternel et rien d'autre. Les difficultés que Satan présente seront des occasions de victoire. Pour nous encourager, le Saint Esprit, dans sa grâce, nous rappelle tout ce que Dieu a fait, l'amour parfait de Celui qui nous a délivrés, la tendresse de Dieu qui nous a conduits jusqu'ici et qui veut nous faire entrer dans la gloire!

Méditation de J.N.D. no 108 - Esaïe 50 - ME 1897 page 154

Dieu nous présente ici le pourquoi du rejet d'Israël. Si cette question a de l'importance quant à ce peuple, elle en a bien plus encore quant à nous-mêmes. Dieu demande: Où sont vos lettres de divorce? Est-ce moi qui vous ai vendus? Vous vous êtes vendus par vos iniquités. En Israël, si une femme ne trouvait pas grâce aux yeux de son mari, il pouvait lui donner une lettre de divorce et la renvoyer (Deutéronome 24: 1). à cette demande, Dieu répond: c'est à cause de vos transgressions. Mais nous, nous avons été plus coupables qu'Israël et responsables de plus de grâces méprisées, et Dieu doit nous dire des choses plus terribles qu'à son peuple.

Le mal capital, la preuve irréfragable de la mauvaise volonté du coeur de l'homme, se trouve au verset 2: «Pourquoi suis-je venu, et il n'y a eu personne?» Dieu passe sous silence l'idolâtrie d'Israël; il n'en dit pas un mot, mais ce dont il s'occupe ici, c'est de la rejection de Jésus. Cela attire son attention et c'est la condamnation de toute âme qui ne le reçoit pas. Un Christ venu dans ce monde et rejeté, telle est la cause du divorce et du renvoi d'Israël.

Dieu présente ici tout ce que Jésus a fait. Avant qu'il vînt, l'homme avait péché contre Dieu, et il avait fallu que la justice de Dieu le mît hors du jardin d'Eden. C'est l'état auquel nous sommes tous réduits. Adam et Eve, sans avoir rien qui les attirât que la parole de Satan, ont voulu désobéir à Dieu, au moment même où ils jouissaient de ses bontés. Eve croit Satan sur parole, quand il lui suggère que Dieu n'était pas aussi bon qu'elle aurait pu le penser, puisqu'il gardait par-devers Lui la seule chose qui pût rendre en quelque sorte l'homme semblable à Lui. Il est vrai que l'homme a acquis la connaissance du bien et du mal, non pas par la bonté de Dieu, mais par la méchanceté du diable.

Vous savez bien, n'est-ce pas, que le péché vous rend malheureux? Et néanmoins, depuis Adam, l'homme suit toujours la même folie et veut être heureux en faisant sa propre volonté, comme Satan le lui suggère. Nous en sommes tous là. Il était juste que Dieu chassât l'homme de sa présence. S'il en avait été autrement, l'homme n'aurait plus eu qu'une mauvaise conscience au milieu des bénédictions de Dieu et, s'il avait encore mangé de l'arbre de vie, il n'aurait fait que perpétuer sa misère.

Dieu balaie ensuite le monde par le déluge, mais l'homme ne tarde pas à s'endurcir de nouveau et devient idolâtre. Alors Dieu se choisit un peuple et lui donne sa loi. Israël la viole de toute manière et s'endurcit encore contre Dieu. Dès lors Il agit autrement: Il envoie des messagers de grâce pour rappeler au coeur de l'homme ses bontés, ses délivrances, comment Dieu avait tiré son peuple d'Egypte et l'avait béni dans le pays où Il l'avait amené. Il lui montre la folie des idoles; telle était la fonction des prophètes. Mais Israël les rejette et les tue. De nouveau, Dieu s'y prend d'une toute autre manière; Il vient Lui-même. C'était là sa dernière épreuve. «J'ai encore mon Fils, mon unique… Ils auront du respect pour mon Fils».

Mais si Dieu vient, peut-Il le faire sans prendre connaissance du péché? La moindre manifestation de Dieu, comme tel, aurait été de chasser l'homme de sa présence, comme Il en avait chassé Adam pour un seul péché commis. Mais Dieu ne l'a pas fait. Pour manifester ce qu'Il est, Il a dû s'anéantir, venir comme homme au milieu des hommes et plaider leur cause dans leur misère. Il ne pouvait faire autre chose sans être inconséquent avec Lui-même, car il fallait qu'Il montrât que Dieu est amour. C'est ce que Jésus a fait. Il ne pouvait venir autrement que comme juge, à moins qu'Il ne devînt Lui-même l'objet de toute l'indignation de Dieu contre le péché. Quand Il vient, Jésus est toujours Dieu (versets 2, 3), et agit dans la création comme Il veut. Mais comment vient-Il? «Le Seigneur m'a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las» (verset 4). Qu'est-Il donc venu apprendre ici-bas? L'humiliation et la misère. Pour être savant et répondre à la misère de l'homme, Il s'est placé au milieu de cette misère. Il a été Lui-même accablé de maux.

Dieu place Jésus dans une position d'obéissance: «Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j'écoute comme ceux qu'on enseigne» (verset 4). Jésus se trouve au milieu de nos misères, dans la faiblesse la plus complète, afin qu'Il comprenne comment les ressources de Dieu s'appliquent à cette misère. Il a dû se placer complètement dans notre position, dans la petitesse et dans le mépris où Dieu était dans le coeur de l'homme, en présence de toute la mauvaise volonté de l'homme contre Dieu, sans pouvoir et sans vouloir se venger.

Cette grâce est pour l'homme l'occasion d'insulter Dieu, de Lui faire toutes sortes d'indignités. Comment Jésus s'est-Il attiré toutes ces insultes? Par sa bonté. Pilate savait très bien qu'on l'avait livré par envie. Etant Dieu en amour, Il ne pouvait pas se venger; et l'homme saisit cette occasion pour entasser outrage sur outrage contre Dieu. Ce n'est pas une supposition; les hommes ont agi ainsi; ils le font encore et outragent ceux qui prennent le nom de Christ. Ils insultent Dieu quand ils peuvent l'insulter comme homme, sans que Dieu les juge. L'homme n'aime pas qu'on lui dise ces choses, parce qu'il sait fort bien que c'est la vérité, et qu'il ne peut la souffrir.

Jésus a dû «dresser sa face comme un caillou» (verset 7), à cause de la lâcheté de l'homme qui osait l'insulter. Il ne pouvait traverser autrement le monde, selon les principes de Dieu.

Est-il étonnant maintenant que la rejection de Jésus soit la grande question entre Dieu et le monde? Dieu voit bien que les hommes sont des pécheurs; Il s'est placé dans notre situation; Il est venu au milieu de nous. Mais tout ce que l'homme a pu faire n'a été que l'occasion de montrer qu'il y avait en Dieu un océan d'amour plus profond que toute la malice du coeur de l'homme. C'est ce que la vie de Jésus et toutes ses voies ont manifesté. Le coeur des hommes est maintenant dévoilé, «ils sont sans excuse pour leur péché»; «ils ont haï, et moi, et mon Père». Dieu redemande à ce monde le sang de son Fils, et le monde dit, dans sa folie, ce que les Juifs ont dit: «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants!»

C'est votre cas, à vous qui êtes ici. Dieu n'a-t-il pas été patient? Cette patience a-t-elle produit quelque chose? Oui, des insultes et des injures! Dieu pourrait bien vous imputer vos péchés, mais, dans la prédication de l'Evangile, il ne les impute pas. Il vous présente son Fils. Comme pour Joseph, ce que vous avez pensé en mal, Dieu l'a pensé en bien. Si, après cela, vous pouvez rejeter Jésus et la bonté de Dieu en Lui, vous démontrez que toute la patience et la bonté de Dieu sont inutiles, et qu'il faut que Dieu exerce son jugement sur vous. Votre sort dépend de cette petite parole qui exprime la pensée de Dieu, quand Il a envoyé son Fils: «Pourquoi suis-je venu, et il n'y a eu personne?» Ne vous excusez pas, en disant que Dieu vous a créés pécheurs; Dieu veut vous prendre où vous êtes et ne pas vous imputer votre péché. Ne dites pas: Nous n'aurions pas tué les prophètes comme nos pères l'ont fait. Vous l'avez fait. Dieu ne vous impute rien et prend sur Lui la responsabilité de tout ce que vous êtes. Voilà l'appel à votre conscience. Il y a aussi un appel à votre coeur. Qu'avez-vous à reprendre à la conduite et aux voies de Jésus? A-t-Il été trop humble, trop bon pour vous, trop homme de douleurs? N'y a-t-il rien dans sa conduite qui attire vos coeurs? Ce sont de tristes coeurs s'il n'y a pas de cordes qui puissent y vibrer, sinon des cordes de rébellion quand Dieu vous présente son Fils.

Le coeur de l'homme a été démontré insensible à tout ce que Dieu a fait. Dieu néanmoins parle encore en grâce; c'est encore aujourd'hui le jour du salut. Si, au «Pourquoi» de Dieu, vous pouvez répondre: Il s'est trouvé quelqu'un, Jésus s'est trouvé; vous n'avez qu'à vous jeter dans ses bras. Alors Dieu vous identifie avec Jésus. (verset 8). «Celui qui me justifie est près». Dieu a justifié son Fils dans la résurrection. à qui l'apôtre Paul applique-t-il ce passage? (Romains 8: 33). à tous ceux qui croient. Celui qui s'identifie avec Jésus par la grâce, peut dire ce que Jésus a dit, car Lui s'est rendu responsable pour nos péchés. La confiance et le bonheur du chrétien, c'est d'être identifié avec Jésus. Alors vous marcherez sur ses traces, vous comprendrez que le monde l'a rejeté et le rejettera toujours.

Le verset 11 vous présente le résultat de votre propre sagesse. Allez, marchez à la lueur de votre feu, de votre lumière, avec ce monde qui a rejeté le Seigneur Jésus. Dieu jugera toutes choses selon leur rapport avec son Fils. Christ ayant été rejeté, Dieu jugera le monde par Lui. Mais où le péché a abondé, la grâce de Dieu a surabondé. Que Dieu vous donne de saisir cette grâce!

Méditation de J.N.D. no 109 - Jean 17: 6-19 - ME 1897 page 176

Jésus dit ces paroles au moment où il quittait le monde pour aller vers son Père. Il avait, par toute sa conduite individuelle, glorifié le Père sur la terre et il demande que le Père le glorifie. Il veut aussi glorifier le Père par le moyen de ses disciples qu'il place dans le même chemin d'obéissance que lui. Ce que Jésus a fait en glorifiant le Père, il nous appelle à le faire. C'est un: principe de toute importance. Si je puis glorifier Dieu sur la terre, c'est parce que la grâce m'a placé dans la même position que Jésus, c'est parce que je suis fils de Dieu et que, ce que Jésus est, je le suis devant Dieu. Dieu a trouvé et trouve son repos dans l'oeuvre et la personne de son Fils. C'est pourquoi Dieu a voulu glorifier Jésus comme récompense de sa fidélité sur la terre. On voit, en Philippiens 2: 1-16, comment Jésus, après son départ, recommence à glorifier le Père par notre moyen. L'ayant déjà glorifié, il nous place, vis-à-vis du Père, dans la même position que lui-même. Comme cela relève notre règle de conduite!

Nous appartenons au Père, par un effet de son amour. Nous étions au Père avant de le savoir; il s'est intéressé à nous et nous a donnés au Fils qui a accompli pour nous l'oeuvre du salut et qui a révélé le nom du Père à nos âmes. Ce nom, il ne peut pas nous le faire connaître autrement qu'il ne l'a connu lui-même, étant encore au monde. Jésus ayant été ici-bas dans la faiblesse et la difficulté, il l'a connu comme homme et nous le fait connaître comme il l'a connu, nous plaçant dans la même relation que lui vis-à-vis du Père (verset 6).

Au verset 7, la grâce du Seigneur est très touchante. Il attribue aux disciples toutes les grâces dont le germe est dans leur coeur, et parle d'eux comme si ces grâces étaient déjà accomplies. C'est ainsi que, dans un autre passage, lorsque ses disciples ont chassé quelques démons, il voit Satan lui-même tombant du ciel comme un éclair.

Au verset 9, en envoyant les siens dans le monde, Jésus, avant de les quitter, commence à prier pour ses disciples. Les deux motifs qu'il présente au Père pour qu'il les garde, sont: 1° qu'ils sont au Père; 2° que le Fils est glorifié en eux. Si le Père ne nous gardait pas, il ne serait pas fidèle à son caractère de Père et à conserver ce qui lui appartient. Si le Père aime son Fils, il faut qu'il les garde, puisque Jésus est glorifié en eux. En pensant à sa fidélité, il faut que le Père garde ses enfants; en pensant à la gloire de Jésus, il faut encore qu'il les garde. Combien il est précieux qu'il nous soit ainsi donné de connaître ce qui se passe entre le Père et le Fils à notre égard! Jésus, en quittant les siens, les place sous les soins du Père et se place avec eux, pour ainsi dire, comme leur frère aîné.

Je vois trois caractères de la gloire de Jésus (verset 13): la joie de communion, la joie d'obéissance, la joie d'aimer: c'est là sa joie accomplie. Il a la joie de communion: «Père, je te rends grâces… je sais que tu m'entends toujours» (Jean 11: 41, 42); la joie d'obéissance: «Ma viande est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé» (4: 34); la joie d'amour: «Levez vos yeux et regardez les campagnes; car elles sont déjà blanches pour la moisson» (4: 35). Il se réjouit de voir la moisson des âmes prête à être recueillie dans le grenier.

Il y a, au verset 14, une chose pratique. Jésus nous a donné la parole du Père; le Père lui parlait, lui avait confié ses pensées. C'est autre chose ici que seulement la vérité. Lorsque Dieu parle, il dit la vérité, mais le Père a communiqué, sa parole au Fils. Cette communication implique une parfaite confiance. Elle est une parole de grâce, comme une parole de vérité. Lorsque je prie Dieu et que, me plaçant devant mon Père, je reçois la parole, la pensée de mon Père que le Fils me communique, c'est tout autre chose que simplement la vérité.

Vous trouverez toujours, dans la Parole, le Père en contraste avec le monde, l'Esprit avec la chair, le Fils avec Satan. La parole du Père nous détache du monde. Du moment que nous avons la parole du Père et qu'elle devient notre règle et ce qui conduit nos affections à lui, impossible de cheminer avec le monde. Le monde nous hait; il ne peut en être autrement. Je suis faible, mais je me réjouis de la haine du monde. Je bénis Dieu qu'il soit assez manifesté dans les siens pour que le monde, lui, manifeste qu'il n'a rien de commun avec Dieu. Vous êtes attaché au Père, vos affections sont auprès de lui; le monde ne peut le supporter, puisqu'il a rejeté le Fils du Père. Le Seigneur Jésus veut que nous demeurions exposés à la haine du monde, parce que nous possédons la Parole. Cette haine du monde est un trésor. Quand le conseil des Juifs outrageait les apôtres, c'était pour eux une joie de souffrir pour le Seigneur Jésus.

Ce n'est pas tout que d'être haïs du monde, si, par la grâce de Dieu, nous en sommes là; il faut, n'étant pas du monde comme lui n'est pas du monde, que nous soyons sanctifiés. La Parole que nous avons reçue ne nous manifeste pas seulement au monde comme n'en étant pas, mais elle nous conduit directement à Dieu. Elle forme nos coeurs d'après les choses qui sont dans un autre monde, en déployant devant nous la vérité, les richesses et la gloire de Christ. La Parole prend toutes les choses de Christ et nous sanctifie par la vérité qu'elle contient. Jésus s'est mis à part comme Fils de l'homme, afin que la vérité, la révélation de ce qu'il est, nous sanctifiât, le Saint Esprit appliquant à nos coeurs la vérité de l'homme selon Dieu, de Jésus. Voilà notre position. Ce n'était pas seulement que Jésus n'était pas du monde; tout ce qu'il faisait était sanctifié pour Dieu. Jésus veut que, n'étant pas du monde, nous soyons sanctifiés par la vérité, afin que nous soyons des témoins fidèles de la vérité. Tout ce que Jésus faisait, son silence, ses discours, tout en lui rendait témoignage à Dieu. Ce n'est pas notre cas, mais la vie de Jésus en nous sera toujours nécessairement un témoignage rendu à Dieu.

Le Père étant glorifié dans le Fils, nous sommes donc dans la même position: haïs du monde, sanctifiés pour le Père et, enfin, comme troisième chose, au verset 18, envoyés dans le monde, comme lui a été envoyé dans le monde, après en avoir été retirés et avoir été sanctifiés pour Dieu — envoyés dans le monde pour y manifester la grâce et la vie de Jésus. C'est là que la grâce nous place; c'est là notre vocation. Que le Saint Esprit nous donne de la réaliser!

Méditation de J.N.D. no 110 - Romains 8: 12-27 - ME 1897 page 196

Les versets que nous avons lus nous montrent les effets de la présence ou du sceau du Saint Esprit; ceux qui suivent présentent ce que Dieu fait pour nous, en dehors de nous et de toute opération de son Esprit dans le coeur; c'est pourquoi la sanctification est omise aux versets 29, 30. C'est un sujet nouveau: la prédestination, la justification et la glorification en dehors de nous.

Au commencement du chapitre, nous avons les grands principes moraux qui caractérisent le Saint Esprit, son action sur les affections, jusqu'à la fin du verset 11. C'est la réponse à la question: «Qui me délivrera du corps de cette mort?» L'apôtre présente les opérations de l'Esprit, la puissance de la résurrection appliquée aux affections premièrement, puis au corps. Quoiqu'il en soit de la nature des opérations de l'Esprit en nous, c'est une chose d'avoir des désirs, une autre chose d'avoir le Saint Esprit en nous comme sceau.

(Verset 12). Du moment que nous avons une autre vie que celle de la chair, nous pouvons dire que nous ne devons plus rien à la chair. Dieu a condamné le péché dans la chair. Mais comment l'a-t-il condamné? En ce que Christ s'est présenté en ressemblance de chair de péché et pour le péché! Lorsque j'apprends à me connaître, je comprends combien ma nature est haïssable et le péché en la chair digne de condamnation; mais lorsque je vois Christ fait péché, je vois bien plus que le mal en moi, je le vois condamné devant Dieu. Lorsque nous saisissons cela, nos pensées sont changées à l'égard du péché. Je vois la perfection de la sainteté en Jésus, mais avec la connaissance de la grâce qui ne m'impute pas le péché. Je puis me trouver en présence de la vérité sans périr, parce que je vois en Jésus la grâce et la vérité tout ensemble. Je ne suis plus débiteur à la chair, je n'ai besoin d'elle en aucune manière, ni pour me rendre heureux, ni pour me rendre misérable. La chair n'est plus moi, le péché dans la chair ayant été condamné en Christ. C'est désormais Christ qui est moi, qui est ma vie. La chair ne m'a fait que du mal, elle n'a plus de droits sur moi; c'est, au contraire, moi qui ai le droit de lui dire: Je n'ai pas besoin de toi. Au verset 13, le corps et la chair sont identifiés, le corps étant considéré comme la demeure de ce principe du péché.

 (Versets 14-18). Il n'y a aucun doute sur notre position devant Dieu; nous sommes enfants et héritiers. Cela est fondé d'une part sur ce qu'il n'y a pas de condamnation, et d'autre part, sur ce que Christ nous a communiqué sa vie.

Le 1er verset du chapitre 8 résume le chapitre 5 de l'épître; le 2e verset résume le chapitre 6; et le 3e, le chapitre 7. Comme toutes les conséquences du péché d'Adam pesaient sur nous, nous avons maintenant toutes les conséquences de la justice et de la vie du second Adam. Le Saint Esprit vient habiter en nous, pour que nous puissions comprendre et jouir de ce qui appartient à Christ comme second Adam, choses que même l'âme renouvelée ne comprendrait pas sans lui. De bons désirs ne donnent ni la certitude du salut, ni la paix, ni la connaissance de la gloire des enfants de Dieu. Nous avons besoin de la présence du Saint Esprit qui met en nous le sceau de Dieu sur ces choses. Il m'annonce que celui qui a ces bons désirs est vivifié et possède ce que Christ possède; il me fait aussi comprendre le résultat de la justice de Christ, c'est-à-dire la gloire qui appartient au second Adam. Plus je saisis le bonheur, la gloire avec Christ, plus aussi je soude la misère que le péché a introduite, ainsi que la grâce de Dieu et la plénitude de l'oeuvre de Christ.

En comprenant ces choses, je sens le fardeau de cette création, à laquelle j'appartiens encore comme créature en attendant la rédemption du corps. Sous la loi, nous avions un esprit de servitude et de crainte. Maintenant nous en sommes délivrés. La parenthèse du verset 17: «Si du moins nous souffrons avec lui», jette comme une ombre sur ce beau tableau, mais il est impossible d'être avec Christ sans souffrir; impossible que l'Esprit de Christ, impossible que celui qui connaît l'amour et la sainteté de Dieu, puissent être dans ce monde de souillure sans y souffrir.

La vive attente de la création attend que la gloire des fils de Dieu soit révélée. Nous sommes encore de la création quant au corps, quoique en Christ nous soyons de nouvelles créatures. La création ne peut maintenant comprendre la grâce; quand la gloire viendra, elle sera délivrée.

(Verset 23). Nous savons que toute la création soupire. Quel caractère cela donne aux plaisirs du monde qui ne sont autre chose qu'un effort pour s'étourdir et ne pas remarquer la souffrance et la corruption introduites par le péché. Nous touchons par un bout à la gloire de Christ, et par l'autre à la servitude de la corruption; il n'est pas étonnant que notre vie soit une énigme. Plus nous comprenons la gloire et la bénédiction, plus aussi nous comprenons la misère qui nous entoure. Le Saint Esprit fait de nous les canaux des soupirs que la création envoie vers Dieu. Je sens la misère de la création, je ne sais peut-être que demander comme soulagement et délivrance. Le Saint Esprit qui est en moi me pousse vers Dieu; je puis au moins soupirer, parce que je sens ces choses. Celui qui sonde les coeurs sait quelle est la pensée du Saint Esprit qui s'identifie avec nos misères et intercède pour nous selon Dieu. Il y a d'un côté toute la tendresse de Dieu qui comprend le besoin et la misère, de l'autre la réponse de Dieu à ce besoin que lui seul connaît.

Il n'est pas question de ces soupirs sous la loi. Le Saint Esprit devient en nous un Esprit d'intercession et de prières, et Dieu répond selon la sympathie du Saint Esprit à ces besoins qu'il exprime. Nous sommes dans le corps, et ces soupirs de la création sont les nôtres, et ce sont eux qui amènent la pleine délivrance. Dieu met nos larmes dans ses vaisseaux. Telle est l'expression de l'Esprit de Christ dans le coeur du chrétien au milieu d'une création en chute et misérable.

Il est important de distinguer ces soupirs de ce qui est présenté, à la fin du chapitre 7, où il y a des gémissements produits par la connaissance de la loi. Il ne s'agit plus pour nous des questions que la loi suscite, car en la mort de Jésus nous sommes morts à la loi. Quoique nous ne sachions pas ce qu'il faut demander comme il convient, nous savons que Dieu fera contribuer toutes choses ensemble à notre bien. Tout cela est la conséquence de la présence du Saint Esprit en nous. Il y produit des soupirs, mais non ceux d'une âme sous la loi.

Méditation de J.N.D. no 111 - Luc 23: 33-44 - ME 1897 page 234

Il est bon d'avoir de la bouche du Seigneur lui-même le témoignage que le brigand reçut sur la croix: «Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis». L'espérance du malfaiteur n'allait pas jusque-là; la grâce de Dieu va toujours au delà de nos pensées. Nous avons tellement l'habitude de juger cette grâce selon nos propres coeurs, que nous n'avons qu'une très faible idée de son étendue. Tout se concentre dans cette scène, la certitude du salut, l'iniquité du coeur de l'homme, l'oeuvre de Christ dans le coeur.

Le monde prenait plaisir à mettre Jésus aussi bas que possible. Sa bonté et ses miséricordes ayant attiré l'attention des Juifs, étaient devenues l'occasion de le rendre à leurs yeux aussi méprisable que possible; jusqu'à le mettre au rang des malfaiteurs. Sa prétention d'être le Fils de Dieu lui attire aussi leurs insultes. Ils ne pouvaient nier que ce Jésus eût sauvé les autres, mais le coeur naturel hait l'Evangile, et quand ils voient Jésus sur la croix, tout en reconnaissant qu'il avait sauvé d'autres personnes, ils se moquent de lui, parce qu'il ne se sauvait pas lui-même. Le monde cherche toujours ici-bas l'apparence de succès. Si l'on veut être chrétien, il faut prendre son parti d'être méprisé par lui. Jésus a été le saint et fidèle témoin; voilà pourquoi il a été placé plus bas qu'aucun autre, lui, l'élu de Dieu. «Saints et fidèles», ce sont aussi les deux noms donnés à chaque chrétien; en les portant, nous partagerons la place de Christ. Même l'un des malfaiteurs saisit cette occasion pour se moquer de lui. Les plus méprisables d'entre les hommes et que les gens du monde fouleraient aux pieds, placent encore Jésus assez bas pour faire de lui l'objet de leur mépris. Même un mourant pouvait mépriser le Seigneur Jésus. Voilà le coeur naturel de l'homme quand il est mis à nu par la croix de Christ.

Si le Fils de Dieu est méprisé du monde, c'est sur le chemin du paradis, mais il n'y veut pas entrer seul. Il a fait de la croix la porte du paradis, parce qu'il voulait y faire entrer d'autres hommes avec lui. Descendu du paradis, sa volonté l'a placé sur cette croix où les hommes l'ont cloué, mais où il a donné sa vie par amour, afin que les pécheurs y trouvassent le salut et pussent rentrer dans le paradis avec lui.

Les gens du monde pensent que ce sont les justes qui y entrent, mais si les justes y étaient entrés, cela aurait-il donné aucune joie au coeur de Jésus? Ce qui a rafraîchi son coeur, c'est d'avoir pu dire au brigand: «Tu y entreras avec moi». S'il a consolé le coeur du brigand, il s'est consolé lui-même en disant: «Avec moi», car il n'était pas venu sauver des justes, mais des pécheurs. Le brigand n'aurait pu y entrer, ni y être chez lui à son aise, si Jésus n'y avait pas été avec lui. C'est un pauvre malfaiteur qui est la consolation et le salaire de l'âme de Jésus sur la croix.

On entend dire que sur la croix il y avait un brigand sauvé, afin que nul ne désespère, et qu'il n'y en avait qu'un, afin que nul n'ait de présomption. Mais personne ne peut être sauvé autrement que le brigand, et aucun de ceux qui m'écoutent ce soir, n'a manifesté autant de foi et de piété que ce malfaiteur. Il ne cherche aucun autre soulagement que d'être avec Jésus dans son royaume. Il est préoccupé de ses péchés, de la grâce de Jésus, du bonheur d'être avec lui, et nullement de ses souffrances. Le brigand incrédule dit — «Sauve-toi toi-même, et nous aussi». Il ne pense qu'aux circonstances actuelles de sa misère sur la croix et ne voudrait qu'en être ôté. Son compagnon le censure fortement. Il faut que la conscience soit réveillée pour censurer le péché, pour parler avec hardiesse à un pécheur du péché que nous avons commis nous-mêmes. Bien plus, il faut pour cela une conscience nettoyée. Pierre a renié le Sauveur; plus tard, il accuse les Juifs de ce péché qu'il avait commis lui-même et dans des circonstances plus honteuses (Actes des Apôtres 3). Il dit à voix haute devant tout le peuple: «Vous avez renié le Saint et le Juste». Pour censurer ainsi le péché quand on est pécheur soi-même, il faut une conscience purifiée. Quand on se croit juste, il n'est pas difficile de censurer le péché, mais le brigand converti se reconnaît aussi coupable que l'autre; il a déjà le commencement de la sagesse, savoir la crainte de Dieu. Avec cette crainte, l'opinion des hommes devient peu de chose; la crainte de Dieu remplace la crainte de l'homme et nous affranchit de l'estime du monde et de la bonne réputation, car il n'y a pas d'esclavage plus triste que celui de sa propre réputation.

«Nous y sommes justement». Lorsque quelque châtiment tombe sur nous, nous nous excusons, nous accusons les circonstances; le brigand reconnaît que la honte et le châtiment terrible qui est tombé sur lui, lui sont arrivés justement. Y a-t-il dans nos coeurs autant de grâce, de vérité, de crainte de Dieu, de jugement de nous-mêmes? Le brigand a la vérité dans la conscience et de plus la soumission du coeur. Etre manifesté devant tout le monde comme un malfaiteur, n'est pas facile à supporter. Un coeur réellement brisé peut seul montrer en cela une grande soumission. «Celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire». Dans la cour du souverain sacrificateur, Pierre n'avait pas osé le dire. Les disciples qui se sont tous enfuis n'avaient pas osé le dire, comment le brigand le savait-il? Avait-il été son compagnon? Non, mais il y a une connaissance qui vient du Saint Esprit et qui, par un trait de lumière dans l'âme, nous fait connaître le caractère et la vie de Jésus. Il voyait qu'étant né de Dieu, Jésus était sans péché; il était bon juge de cela, parce qu'il y a dans le coeur une certitude, une clarté de vue, une clarté morale, du moment que Dieu nous enseigne. Quand le Saint Esprit nous enseigne et que la conscience est éveillée, Jésus se fait connaître et se justifie à nos âmes. Si le brigand avait comparé Jésus avec d'autres, avec le souverain sacrificateur, par exemple, il n'aurait pas pu le juger. Nous ne pouvons pas juger la Parole; c'est la Parole qui nous juge; nous sommes jugés par la perfection, par la lumière, par Christ, en un mot, et l'on n'a pas besoin de nous dire que la lumière est la lumière, quand nous la possédons. Du moment que nous avons la Parole, nous sommes aveugles si nous ne pouvons pas dire: «Celui-ci n'a fait aucun mal». On ne peut nous persuader que nous ne voyons pas, quand nous voyons. Quand Dieu nous a donné des yeux et la lumière, il y a pour nous une parfaite certitude.

«Seigneur…» Comment savait-il que Jésus est le Seigneur? Le souverain sacrificateur ne le savait pas, mais le brigand le reconnaît comme tel. Le Seigneur sur la croix, cela jette du jour sur tout ce que vous êtes; cela ne s'explique que par l'amour parfait de Dieu envers l'homme pécheur. Pourquoi le Seigneur sur la croix, si le monde marche comme il doit marcher? Il y a donc là quelque grand désordre. Le Seigneur sur la croix taxe de mensonge tout ce qu'invente la sagesse du monde — mais aussi il annonce la vérité que Dieu est amour, même pour les pécheurs. C'est un grand fait dans lequel je trouve l'amour immense de Dieu qui s'occupe du péché.

«Souviens-toi de moi». Les affections du brigand sont entièrement changées; il oublie sa misère et ne désire qu'une chose, que Jésus se souvienne de lui dans la gloire. Il reconnaît en Jésus, le Seigneur qui doit revenir en gloire. Désirer que Jésus se souvienne de moi, implique la confiance en lui. La conscience avait parlé auparavant, mais, quand elle se trouve en présence de l'amour infini de Dieu, elle n'est pas troublée par le péché; l'âme prend confiance et prie Jésus de se souvenir d'elle. Jésus avait pris possession du coeur du brigand, car il pouvait dire: Le Seigneur est à côté de moi; le péché m'a mis sur la croix; l'amour y a placé Jésus. Le brigand a confiance qu'il sera l'objet de l'amour de Jésus quand il reviendra. Si le coeur n'est pas brisé et si l'on n'a pas de conscience de péché, on cherche des agréments, une meilleure situation dans le monde, mais quand on est jugé devant Dieu, toutes ces choses s'effacent. Il y a une manifestation d'amour assez grande pour que le coeur, saisi par l'amour de Dieu, sorte de ses préoccupations. C'est quand vous vous verrez décidément coupables devant Dieu, que vous souhaiterez d'être les objets de l'amour de Jésus.

La réponse de Jésus met le sceau à tout ce travail de l'Esprit de Dieu; elle montre que l'oeuvre de Christ est tellement parfaite que le brigand peut, par la foi au Seigneur Jésus, entrer aujourd'hui même dans le paradis. Le brigand n'attendait rien avant la venue du Seigneur dans son royaume, mais il apprend qu'il est accepté selon l'acceptation complète de Christ, qui, après s'être mis sur le même rang qu'un brigand, est entré dans le paradis selon l'acceptation du Père.

Jésus dit: «Avec moi». C'est bien plus, quant à la jouissance, que d'être simplement dans le paradis. Jésus a acquis des droits pour lui-même. Il nous a obtenu d'être avec lui, d'avoir la même vie, la même gloire, tout ce qu'il a acquis comme homme. Telle est l'efficace de la croix de Christ!

Quand nous avons saisi la vérité que Christ est mort pour des pêcheurs, notre âme est en état d'entrer dans le paradis. Il est possible qu'on ne déloge pas de suite, qu'on ait un chemin difficile à traverser, mais, par l'efficace du sang de Christ, le pécheur a le même droit que Jésus et le brigand, d'entrer dans le paradis. Nous sommes tout autant purifiés du péché que cet homme, en la présence de Dieu. Il n'y a pas deux Christ, ni deux efficaces de son sang.

Nous avons vu, dans ce passage, le coeur de l'homme qui méprise tout, même s'il est un brigand crucifié — l'oeuvre qui s'accomplit dans le coeur — la certitude parfaite que donne l'oeuvre de Jésus: «Aujourd'hui tu seras avec moi!»

Bien-aimés, que la crainte de Dieu remplace dans vos coeurs la crainte de l'homme, et que Jésus soit votre lumière, votre salut et votre joie!

Méditation de J.N.D. no 112 - Actes des Apôtres 26 - ME 1897 page 253

Les hommes doivent être dans une situation bien embarrassante quand il s'agit pour eux de décider si quelqu'un est digne de mort ou de prison, parce qu'il a parlé pour Dieu et a proclamé sa bonté dans ce monde. Qu'une telle question puisse être entamée et discutée, cela montre l'état de rébellion dans lequel le monde se trouve. Paul pouvait, au contraire, souhaiter avec hardiesse que «tous devinssent de toutes manières tel qu'il était»; et c'est en la présence de Dieu qui juge les coeurs et discerne toutes choses qu'il fait ce voeu.

Ce qui caractérisait l'apôtre, c'est que: 1° Il avait la certitude de son salut et de sa position devant Dieu. 2° Il appréciait beaucoup cette position. 3° Il avait l'amour qui lui faisait désirer que les autres fussent tel qu'il était.

C'est là l'efficace du christianisme de pouvoir souhaiter aux autres d'être tels que nous sommes. Paul désirait que le juge qui le citait à son tribunal fût comme lui; il devait pour cela avoir la joie du coeur et la certitude qu'il possédait le bonheur que les autres n'avaient pas. Il ne désirait pas que tous fussent apôtres, mais que tous fussent chrétiens. Il ne parle pas ici d'un état de sanctification qu'il aurait atteint, car, plus tard, il dit aux Philippiens: «Non que je sois déjà parvenu à la perfection». Ce n'était donc pas le progrès qu'il avait réalisé, mais c'était ce qu'il avait en Christ, qui lui faisait désirer que tous fussent tels que lui. Si vous avez compris que Christ est à vous et que vous êtes à Christ, si vous avez la communion du Père et du Fils et le sceau de l'Esprit, vous pouvez désirer que les autres soient comme vous.

Paul traversait toutes sortes d'angoisses; pauvre prisonnier loin de ses amis, tout son partage en ce monde c'étaient des chaînes. Mais, que l'on se trouve dans les circonstances les plus difficiles, on peut néanmoins désirer, si l'on possède Christ, que tout le monde soit comme nous, hormis les liens et les circonstances pénibles. Si quelqu'un perdait sa réputation, ses biens, sa liberté, au lieu de désirer que tous fussent comme lui, il désirerait que personne ne lui fût semblable. C'est que, si quelqu'un n'a pas Christ, il n'a rien que ce que le monde a, rien que la mort ne puisse prendre. Paul était à la fois l'homme le plus juste et le plus grand pécheur. Si un homme n'a pas violé la loi, il peut avoir de la hardiesse, mais non l'assurance du salut. Paul a l'assurance, même en se disant le premier des pécheurs. Il est le seul exemple de ce genre dans la parole de Dieu: il agissait selon sa conscience, même en persécutant; il croyait devoir faire, et il faisait, de grands efforts pour sa religion; lui-même avait beaucoup de religion; il y était très exact, avec une bonne conscience et irréprochable quant à la loi. En même temps, il était le premier des pécheurs, car il était animé de la plus grande haine possible contre Dieu. En tant que la religion nourrit la propre justice et l'orgueil, il était très religieux. Du moment que nous nous vantons de notre religion, elle n'est pas autre chose que de l'orgueil en la présence de Dieu. La religion vraie est ce que Dieu est pour nous, non pas ce que nous sommes pour Dieu. Paul était bien instruit de sa religion; les traditions des pharisiens l'avaient poussé à la haine des nouveautés. Du moment que nous nous bornons dans notre religion à ce que l'homme peut comprendre et trouver raisonnable, Christ devient une nouveauté pour nous. Il ne pouvait venir à la pensée de l'homme de demander à Dieu qu'il donnât son Fils pour lui; c'était une chose entièrement nouvelle, inattendue. On se vantera de la religion de ses ancêtres, mais, dès qu'il s'agit de se déclarer pécheur, privé de toute force, cela blesse l'orgueil du coeur de l'homme, et il s'y oppose, ayant à faire à sa réputation et n'étant pas atteint dans sa conscience. Paul savait bien que le nom de Christ contredisait toutes ses traditions et il aurait voulu, si possible, effacer ce nom de la terre. Le coeur s'élève contre l'idée qu'il n'y ait que la grâce pour un monde perdu. Y a-t-il un plus grand acte de péché que de vouloir effacer du monde le nom de Christ? Et cependant Saul était sans reproche quant à la loi, très exact dans sa religion, et avait une bonne conscience. S'il y a ici quelqu'un qui soit dans ce cas et qui n'ait pas la conviction d'être un pécheur dans sa révolte contre Dieu, qu'il se souvienne que dans cet état il est perdu. C'est ce que Saul de Tarse a compris en se trouvant en présence de Christ et, s'il a été convaincu d'être le premier des pécheurs, comment peut-il souhaiter ici que tous les hommes deviennent de toutes manières tels que lui? On ne peut désirer, ni que les autres soient des pécheurs, ni qu'ils soient perdus. Paul a donc dû trouver qu'il était sauvé, que, de la part de Dieu, quelque chose répondait à cet état de péché. Ce ne pouvait être une justice d'homme qui avait rassuré Paul, car devant Dieu toute justice d'homme a été pesée et il a prononcé cette sentence: «Il n'y a pas de juste, non, pas même un seul».

Saul était occupé à détruire le nom de Christ, quand le Seigneur Jésus le rencontre. C'est la condition la plus effrayante possible que d'être surpris en flagrant délit de guerre ouverte contre Dieu! Aussi Saul est-il écrasé. Que devient sa bonne conscience quand il se trouve être un ennemi de Dieu? Que valent désormais sa religion, et son exactitude, et son instruction? Que valent ses docteurs? Tout cela l'avait trompé, l'avait même poussé à faire la guerre à Dieu. Tous les appuis de son âme lui manquent à la fois; il se trouve en face de Christ comme un ennemi et un révolté. Cela arrive quelquefois. A quoi sert d'avoir été instruit dans la religion si, après tout, on fait la guerre à Dieu. Paul découvre tout à coup que l'objet des pensées de Dieu est ce Jésus qu'il persécute, que ce Jésus est le Seigneur, et il se trouve en présence de sa gloire.

«Pourquoi me persécutes-tu?» Saul est informé de l'unité parfaite entre Jésus et les croyants et en reçoit la révélation. C'est l'Evangile prêché à Saul de la bouche du Seigneur Jésus. Il commence par là, par ce qui paraîtrait aujourd'hui un état chrétien fort avancé. Saul persécutait cette voie (22: 4), le nom de reproche adressé alors aux chrétiens. Jésus lui dit: Tous ceux de cette voie sont un avec moi. Si le Seigneur lui-même reconnaît que je suis un avec lui, est-il dès lors étonnant que je souhaite à tout le monde d'être comme moi?

Jésus était dans la gloire après avoir souffert, et subi la peine de nos péchés pour nous unir avec lui. C'est donc une chose terminée; c'est même avant que nous fussions nés que Jésus a porté nos péchés. Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il s'est assis à la droite de Dieu. Il faut que je voie cela pour me présenter devant Dieu. Si nous avions le droit de demander à Dieu la plus grande marque de son amour, Dieu ne pourrait plus nous la donner, car il a déjà donné son Fils; il nous a déjà aimés selon la perfection de son amour, et Jésus nous a unis à lui-même en nous communiquant sa vie et en nous donnant son Esprit. Si j'aime quelqu'un, puis-je désirer pour lui une chose meilleure que la vie de Christ, que l'héritage de Christ, que le sceau du Saint Esprit habitant en lui pour l'assurer de cet héritage? Connaissant son péché, sa ruine, sa corruption, mais sachant que Dieu en avait pris connaissance et que, malgré cela, il avait donné son Fils pour lui, assuré que Dieu l'aimait comme un Père, scellé du Saint Esprit, Paul peut désirer que les autres soient comme lui. Et c'est ce que nous pouvons faire aussi, nous qui possédons les mêmes privilèges.

Afin de pouvoir dire avec une telle hardiesse: «Plût à Dieu que vous fussiez tels que je suis», il faut vivre près de Dieu, dans la puissance du Saint Esprit, autrement l'Esprit étant contristé, nous ne pouvons parler d'une manière vraie et vivante de Jésus et de la position du chrétien. Pour rendre témoignage, il faut avoir bien connu la grâce de Dieu, la plénitude, la certitude de la grâce; il faut, en outre, vivre dans la communion du Seigneur et ne pas contrister le Saint Esprit.

Méditation de J.N.D. no 113 - Hébreux 10: 1-25 - ME 1897 page 274

Il y a une différence entre la manière dont Dieu présente la justification dans l'épître aux Romains et dans celle aux Hébreux. Dans l'épître aux Romains, il s'agit de la justification comme devant un tribunal; l'homme est coupable et le sang de Christ nous justifie; de plus, Christ est ressuscité et le fidèle a part à cette résurrection. Dans l'épître aux Hébreux, la justification est présentée comme nous donnant le droit de nous présenter devant Dieu. Les deux caractères de cette justification sont différents, car entrer en la présence de Dieu comme adorateur est autre chose que d'y entrer comme devant un juge.

Il y avait des sacrifices par lesquels le peuple s'approchait de Dieu. S'il y a un jugement, il faut être nettoyé pour paraître devant Lui; il faut être net aussi pour se présenter devant Lui comme adorateur. Le premier objet qu'on rencontrait dans le tabernacle, c'était l'autel d'airain, l'autel des holocaustes, où l'on offrait des victimes, types de Christ. Caïn apporte en offrande à Dieu le fruit de son travail; il veut s'approcher de Dieu tel qu'il est et se croit fort honnête. Dieu doit, dans sa pensée, lui en savoir gré. Mais Abel a reconnu que le sang était nécessaire; il a présenté une victime de propitiation; la foi lui a fait reconnaître qu'étant, comme pécheur, chassé de la présence de Dieu, il ne pouvait se présenter comme tel devant lui sans du sang, sans une victime morte en expiation et en propitiation; que sans effusion de sang, il n'y a point de rémission, il faut que Dieu soit vrai et que nous paraissions devant lui sans péché; et il faut que nous soyons vrais et que nous paraissions devant lui comme pécheurs; et c'est ce qui est résolu en Jésus.

L'efficace du sang de Christ nous est présentée ici dans ce but, afin que nous puissions nous présenter devant Dieu pour l'adorer. Il ne nous suffit pas d'être justifiés comme coupables, il nous faut aussi adorer Dieu. Le but de cette épître est de nous montrer que nous pouvons paraître devant Dieu sans conscience de péché. Pour être mis à part pour Dieu, sanctifiés, il faut que les péchés soient effacés.

Il y a trois choses ici: la volonté de Dieu, l'oeuvre de Christ, le témoignage du Saint Esprit. La volonté de Dieu qui nous sanctifie et nous purifie pour que nous approchions de lui, doit avoir son effet, sinon l'homme serait plus puissant que Dieu. Il faut l'accomplissement de cette volonté, et c'est l'oeuvre de Christ qui en est l'accomplissement; il faut le témoignage du Saint Esprit, car il est nécessaire que nous le sachions. Il faut que je sache que ma dette est payée; si je n'en ai pas la connaissance, je ne puis que fuir la présence de mon créancier.

Christ vient pour faire la volonté de Dieu. Cette volonté était que le Fils vînt pour accomplir l'oeuvre. Ce n'était pas la volonté de Dieu que l'homme se présentât devant lui comme Caïn, sans du sang, mais que le Fils accomplit cette volonté. «J'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire» (Jean 17: 4). «Par la désobéissance d'un seul homme plusieurs ont été constitués pécheurs… par l'obéissance d'un seul, plusieurs seront constitués justes» (Romains 5: 19). Le Saint Esprit rend témoignage à nos âmes que Christ a parfaitement accompli l'oeuvre que le Père lui a donnée à faire; nous avons la certitude que la dette est payée.

Dieu a eu la volonté de nous sauver, la volonté que son Fils nous sauvât. J'ai la certitude que le Fils a accompli cette volonté, que le Fils a effacé tous mes péchés. Je suis sans conscience de péché: quoique je sache que je suis pécheur, j'ai la conscience de n'avoir plus de péché devant Dieu. C'est la seule chose dont j'aie la conscience par le Saint Esprit en m'approchant de Dieu. Je reconnais la dette, mais je sais qu'elle est payée. N'avoir plus aucune conscience de péché, c'est là l'état normal du chrétien. Dieu a voulu nous sauver, voilà la première chose. Ensuite, Dieu nous révèle ce qu'il a fait; il n'en reste pas à une simple volonté; il a accompli cette volonté et il a donné son Fils. Il a envoyé le Saint Esprit pour m'apporter l'assurance que Dieu a eu cette volonté et qu'il l'a accomplie. Ma certitude repose sur ce témoignage du Saint Esprit rendu à l'oeuvre de Christ.

Quel est ce témoignage? Ici, c'est que Christ est assis à la droite de Dieu. Les sacrificateurs offraient tous les jours de nouveaux sacrifices, parce qu'il n'y avait pas de rémission et que la conscience de péché demeurait. Chaque fois qu'un Juif péchait, un agneau devait être immolé. Christ a offert un seul sacrifice pour le péché et est assis à la droite de Dieu. Ayant tout fait, tout accompli pour toujours, il s'assied, tandis que le sacrificateur juif se tient debout tous les jours et ne se repose pas. Le chrétien qui pense avoir de nouveau besoin tous les jours de l'expiation et qui garde ainsi la conscience de péché, est en cela un Juif et non un chrétien. Voilà comment les chrétiens se trouvent en la présence de Dieu pour l'adorer.

Quand un Juif s'approchait du trône de Dieu, il y avait un sacrifice à offrir. Mais le chrétien est déjà introduit dans la maison par le sacrifice; le sacrifice est derrière lui. J'ai passé l'autel des holocaustes et je suis entré dans le lieu saint. Je n'ai plus l'autel de l'holocauste entre Dieu et moi. A la mort de Christ, le voile du temple a été déchiré. Le coup qui a déchiré le voile et ouvert l'accès en la présence de Dieu, a ôté mon péché. Sans cela le sanctuaire ouvert me ferait m'enfuir de frayeur. Mais j'ai pleine liberté pour entrer dans le lieu très-saint. C'est le Saint Esprit qui nous en rend témoignage et nous en donne la certitude. Le sang de Christ nous introduit dans la maison de Dieu. C'est là que nous trouvons la sainteté; c'est là que nous comprenons le péché et en avons horreur; c'est là qu'ayant le sentiment de la pureté dans la présence de Dieu, nous haïssons la souillure.

Approchons-nous de lui avec une pleine assurance de foi, ayant la certitude de cette oeuvre parfaite de Christ. Le Saint Esprit nous avertira, nous châtiera peut-être, mais comme des enfants qui ont accès au trône du Père.Est-ce vraiment notre désir de nous approcher de Dieu? Cela est impossible, si nous gardons quelque interdit. On n'aime pas, avec de l'interdit, entrer dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, pour que Dieu nous sonde à fond. A la bonne heure, si Dieu voulait se contenter de ce dont nous nous contentons nous-mêmes! Mais avec de l'interdit, le coeur n'est pas droit; il s'arrête en chemin avant d'arriver au trône. Personne ne peut se présenter devant Dieu avec son péché; il faut y venir par le sang de Christ, sans conscience de péché, à travers le voile déchiré, la mort de Christ. Avec une bonne conscience, plus on est dans la présence de Dieu, plus on est heureux. Alors nous ne pouvons douter de l'excellence du sang de Christ; nous sommes à l'aise dans la maison de Dieu, et nous avons à la fois la conscience de ce que nous sommes et la conscience qu'il a effacé tous nos péchés.

Méditation de J.N.D. no 114 - Genèse 4: 3-22 - ME 1897 page 315

C'est ainsi que, dès le commencement, la famille de Dieu a été manifestée et que la famille du diable a pris son caractère et son développement (1 Jean 3: 12). Lors de la manifestation du Fils de Dieu, ces deux familles étaient déjà dans le monde, mais, depuis la croix, leur caractère est bien plus tranché. Il faut être de l'une ou de l'autre. Parce qu'on est religieux, on croit qu'on ne peut être de la famille du diable, mais Caïn était religieux et Abel était religieux aussi; la différence entre eux gisait précisément dans leur religion. L'homme a, par nature, le besoin d'adorer quelque chose, le besoin, non encore raisonné, d'avoir une religion. Il sent qu'il y a une puissance supérieure à lui et que les besoins de son coeur ne peuvent être satisfaits par lui-même. Satan s'est emparé de ces sentiments pour devenir le dieu des hommes, en sorte que ce que les nations sacrifient, elles le sacrifient aux démons.

Aux jours de Caïn, il n'y avait pas encore de faux dieux, ni de démons qu'on adorât directement, aussi le cas de Caïn se rapproche-t-il bien davantage de celui des chrétiens de nom de nos jours. Caïn reconnaissait Dieu et voulait lui présenter un culte. Il en est ainsi maintenant de la plupart des hommes. Mais la pensée seule d'offrir à l'Eternel un culte dans l'état où nous sommes est une abomination, car nous sommes des pécheurs, tandis que Dieu est saint.

Caïn était très honnête; il s'approche de Dieu pour lui présenter les fruits de la terre, quelque chose qui lui avait coûté beaucoup de travail et de peine. Abel présente une offrande qui ne lui a rien coûté. Quels étaient ces fruits de la terre? Les résultats de la malédiction de Dieu, les produits du travail auquel l'homme est condamné, parce que le jugement l'a chassé d'Eden et de la présence de Dieu. Caïn croit pouvoir offrir à Dieu, pour lui être agréable, ce que produit la terre maudite; il ne sent ni la malédiction, ni son état de péché. Tel est encore aujourd'hui l'état du monde. Qu'il ne s'imagine pas avoir part à la vie éternelle en offrant son culte à Dieu! Le culte du coeur naturel est la plus grande insulte faite à Dieu; l'homme, chassé de Sa présence, vient, dans son orgueil qui ne tient aucun compte de la sainteté de Dieu, se présenter à lui dans ses péchés, comme si rien n'était arrivé.

Quelle était l'offrande d'Abel? Des bêtes mises à mort et leur graisse. Abel est le premier que l'apôtre Paul signale comme un croyant. Il est dit, en Hébreux 11, que, par la foi, il offrit un meilleur sacrifice que Caïn. La mort est la conséquence du péché et la preuve de la condamnation. Abel reconnaît cette condamnation et présente une victime à sa place, un substitut. Il offre comme son seul refuge une expiation; en figure la mort et le sang de Jésus. Il s'approche avec le sang, car sa foi est en exercice. Voilà en quoi diffèrent ces deux sacrifices. Caïn offre les fruits d'une terre maudite et se présente devant Dieu, comme si le péché n'existait pas; il en est de même de tous ceux qui pensent s'approcher de Dieu sans l'efficace du sang de Christ. Caïn cherche un Dieu selon ses pensées, qui ne soit pas saint, qui le reçoive tel qu'il est, et il ne tient aucun compte du jugement que Dieu a prononcé. Mais si Dieu recevait Caïn avec les fruits de la malédiction, pourquoi aurait-il chassé Adam de sa présence?

Du moment que Dieu n'a pas égard au sacrifice de Caïn, ce dernier est irrité; il ne veut pas d'un tel Dieu; il ne voit pas que, loin de nous proclamer meilleurs et plus honnêtes que les autres, la foi vient à Dieu reconnaissant l'état de ruine de l'homme, la justice de Dieu quand il condamne, et la grâce qui nous substitue Christ comme victime. L'orgueil de l'homme pécheur s'irrite que Dieu ne lui permette pas d'entrer en sa présence, aussi ce qui se manifeste aussitôt, c'est la haine de Caïn contre son frère. Le monde ne peut supporter que Dieu fasse grâce à quelqu'un. L'orgueil de l'homme aurait dû se soumettre à la grâce de Dieu; il ne l'a pas voulu. Le monde a mis à mort Jésus, le Juste, dont la mort d'Abel était le type. En Eden, l'homme a péché contre Dieu; hors d'Eden, l'homme a haï son prochain. Cette haine arrive à son apogée dans la mort de Christ qui met le comble au péché du monde. L'homme a péché contre Dieu; il a manifesté sa haine inexorable contre tout ce qui représentait Dieu sur la terre et il a mis Jésus à mort. Dieu réclame le sang de Christ à ce monde qui l'a versé. Pour ceux qui croient, ce sang est une expiation; pour ceux qui, comme les Juifs, ont rejeté Christ, ce sang demeure sur eux et sur leurs enfants. Le monde a crucifié le Seigneur et, si vous restez dans le monde, vous prenez position avec lui.

Mais Dieu ne peut s'en tenir là. Il redemande le sang de son Fils au monde, et par son jugement il manifeste le cas qu'il en fait. Pour les croyants, ce que l'homme a pensé en mal, Dieu l'a pensé en bien, et le sang qui a été versé a coulé pour le péché. Ce n'est pas un culte à Dieu que de mépriser le péché du monde et ce que Dieu a dit de ce péché!

(Verset 7). «Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé?» S'il y a un homme juste, sans péché, à la bonne heure, tu peux être reçu. «Si tu ne fais pas bien, le péché est couché à la porte». Dieu a mis le sacrifice pour le péché à notre porte. Il aurait pu nous punir pour un péché quelconque, pour les violations de la loi; il ne le fait pas; il n'impute pas le péché. Dieu dit: Vous avez rejeté le Saint et le Juste, mais ce que vous avez pensé en mal, je l'ai pensé en bien. Cette victime, du sang de laquelle vous êtes coupables, je l'ai mise à votre porte.

Quoi de plus terrible, que d'avoir tué le Fils de Dieu, d'avoir rejeté Dieu qui se présentait en bonté! Dans le sacrifice pour le péché, Dieu montre au monde son péché, mais il lui montre aussi que l'homme peut désormais s'approcher de Dieu, la victime pour le péché lui ayant été offerte. C'est là ce qui rend l'homme sans excuse. Aussi longtemps que Jésus peut être présenté, l'homme a un remède. L'horreur du péché, c'est que l'homme rejette Jésus et réponde à cette question: «Où est Abel, ton frère?» «Je ne sais. Suis-je, moi, le gardien de mon frère?» L'indifférence pour Christ est la preuve de l'indifférence la plus profonde pour le péché et pour ce que Dieu a fait.

Caïn en prend son parti et sort de la présence de l'Eternel. On est insouciant quant à Jésus, mais on voudrait éviter les conséquences immédiates du péché. C'est ce que les hommes désirent; c'est ce qui leur fait quitter la présence de l'Eternel pour aller dans le monde. Caïn y établit sa famille; il veut la placer loin de Dieu; il cultive pour cela les agréments de la vie. L'effort de l'homme éloigné de Dieu, est de rendre le monde agréable sans lui; il cherche à se passer de Dieu le plus gaiement possible. Sorti de la présence de Celui dont il a rejeté le Fils, il donne son nom aux villes qu'il bâtit et s'établit dans l'aisance. Il ne lui manque qu'une chose, la présence de Dieu et de Christ, mais cette présence gâterait toute sa joie.

Du moment que le nom de Jésus est invoqué, il faut qu'on reconnaisse que le monde est éloigné de Dieu; il faut qu'on prenne le parti d'Abel rejeté et qu'on souffre avec Christ. Il n'y a point d'hésitation possible, si l'on a la conscience que Dieu a accepté son Fils et nous a acceptés avec lui. Le coeur est désormais au large avec Dieu et a compris ses pensées. Par ce lien avec Jésus, il se trouve placé dans la faveur de Dieu et en jouit. Mais il faut souffrir dans un monde où Caïn hait toujours Abel jusqu'à la mort. Ce sera le jugement qui manifestera à la fin ce qu'est la famille de Caïn.

Ou bien, il nous faut avoir part avec le crucifié, le rejeté, sans rien dans le monde, reconnaissant notre condamnation dans la mort du Fils de Dieu qui nous sauve, possédant tout l'héritage de Jésus, la souffrance ici-bas et la gloire à venir; — ou bien, il nous faut être du monde, plongés dans l'aveuglement avec lui, étrangers à toute vérité et courant au-devant du jugement.

Où en êtes-vous? Pouvez-vous dire que Jésus est votre vie, votre tout? Que Dieu vous fasse la grâce de comprendre son amour qui, dans le don de Jésus, parle si clairement à vos âmes!

Méditation de J.N.D. no 115 - Juges 3: 1-14 - ME 1897 page 332

Nous voyons, dans ce livre, comment l'infidélité de l'homme le prive de la bénédiction dans laquelle Dieu l'avait placé et comment Dieu, malgré tout, tire le bien du mal. L'Eternel avait accompli par Josué tout ce qu'il avait promis à Israël (Josué 24), mais bientôt le peuple, pour ne pas avoir détruit complètement le mal, tomba dans la corruption des faux-dieux. Dieu laissa au milieu d'eux quelques puissances ennemies, quelques restes des Cananéens, pour les éprouver plus tard. Si, lors de notre conversion, nous gardons quelque interdit, quelque habitude qui donne à Satan prise sur nous, nous serons, plus tard, exercés par ces choses. Dieu avait d'abord conduit Israël dans le désert pour l'éprouver, pour l'humilier, et pour savoir s'il garderait ses commandements ou non (Deutéronome 8). Ici, Dieu emploie un autre moyen pour éprouver Israël; il se sert dans ce but de ce qui était de la part du peuple une infidélité positive (3: 1).

Ce qui donne prise à Satan sur nos coeurs doit être rejeté; c'est une infidélité de ne pas rompre tel lien avec le monde. Nous avons, pour discerner ces choses, la Parole et la conscience éclairée par le Saint Esprit. Le coeur fidèle sait faire la différence entre ce qui est de Canaan, le pays maudit, et de Dieu; il est simple quant au mal et prudent quant au bien. Il n'y a qu'un seul chemin droit et, si mon coeur en est occupé, je n'ai pas besoin de connaître les autres chemins. La fidélité discerne facilement tout ce qu'il faut quitter. Si l'oeil est simple, le corps est rempli de lumière. Il y a infidélité à s'allier avec ce qui est du monde, et si, dans ces choses, nous nous épargnons nous-mêmes, Dieu emploie pour notre châtiment ce que nous avions recherché pour nous satisfaire.

Nous sommes souvent assez insensés et assez imprudents pour ne pas rompre résolument avec tout ce qui n'est pas de Dieu et de Christ. Partout où Israël fait alliance avec les Cananéens asservis, il en reçoit du mal. Josué n'était plus; Israël reste seul et faible; il a la paix, mais il est beaucoup moins aguerri dans les choses de Dieu. Au bout de peu de temps, les choses mauvaises qui font la guerre à l'âme, reprennent force; Israël les avait préférées à l'Eternel. Préférer le moindre objet, un fruit défendu, à ce qui est agréable à Dieu, c'est un très grand mal. Dieu nous livrera à la puissance de cet objet et nous fera sentir l'angoisse d'avoir un autre Maître que lui (2: 14, 15). Nous pouvons rompre très facilement les mauvais liens, si nous sommes droits de coeur devant l'Eternel, tandis que, si nous voulons nous épargner, Dieu nous livre à la domination de l'interdit, et nous ne pouvons subsister devant l'ennemi.

Dieu suscitait des juges en Israël; mais parmi le peuple tous n'étaient pas fidèles, car ils ne voulaient pas écouter le juge. L'oreille de Dieu reste toujours ouverte et la foi ne peut s'adresser à lui sans qu'il nous réponde: «Il te sera fait selon ta foi».

L'infidélité d'Israël fait que Dieu ne dépossède plus ses ennemis, et l'Eternel s'en sert pour éprouver son peuple. Dieu veut aussi que l'Eglise soit exercée de la même manière. Cela ne s'appelle pas souffrir avec Christ ou être persécuté, ce qui serait une gloire. Si l'Eglise devient mondaine, refusant d'être un peuple céleste, Dieu la laisse où elle s'est placée. Ce n'est pas à dire que nous devions en rester là, car Dieu se sert de ces choses pour nous éprouver. Il veut nous aguerrir, nous exercer, nous faire comprendre la puissance de Dieu, soit en faisant la guerre, soit en rencontrant des obstacles, et en apprenant ainsi ce que c'est que d'être fidèles au milieu des difficultés, en comptant sur Dieu. Dieu tire ainsi le bien du mal. C'est l'infidélité de l'Eglise, que sa mondanité; ce n'est pas Dieu qui a fait cela. Dieu la laisse subsister pour que l'Eglise en soit exercée; voyant ce qui était dans le coeur, il n'a pas aboli ces choses qui devaient être plus tard des épines à nos yeux (Nombres 33: 55). Il ne les a pas laissées pour qu'on les acceptât, mais pour qu'elles servissent à manifester la fidélité qui n'accepte aucune de ces choses. Si la providence divine avait laissé en Israël des vestiges de faux-dieux, ce n'était pas pour qu'on les suivît, mais pour exercer la fidélité du peuple à les détruire. Si les faux dieux sont puissants, est-ce une raison pour nous entraîner après eux? Non, la foi compte, à leur égard, sur la puissance de Dieu.

Nous n'avons pas affaire seulement aux attraits du mal, mais à la puissance de l'ennemi. Dieu veut que nous «connaissions ce que c'est que la guerre» (verset 2). Faites votre compte que, dans le chemin de la fidélité, Satan vous présentera des montagnes infranchissables. La foi reconnaît que Dieu est plus puissant que tout cela et compte sur lui pour vaincre; car faire la paix avec Satan est une chose honteuse et détestable. Il n'est pas question ici de notre joie, mais de notre combat. Dieu a voulu que nous connussions ce que c'est que la guerre. Quelquefois cela nous étonne et nous nous persuadons facilement qu'il y aurait plus de bénédiction si la montagne était supprimée. Mais du moment que nous résistons à Satan, étant fidèles à faire la guerre en nous fiant à la puissance de Dieu, l'ennemi s'enfuit loin de nous. Il n'est pas seulement battu, mais il s'enfuit; vous en ferez l'expérience. Dieu veut que nous connaissions ce que c'est que la guerre, pour que nous apprenions que lui est avec nous et pour que chaque âme s'appuie sur lui.

Au commencement de notre carrière chrétienne, Dieu nous ayant donné premièrement la joie pour fortifier nos âmes, nous devons ensuite nous attendre à la guerre. Si nous avons gardé quelque habitude, quelque lien qui ne soit pas de Dieu, Dieu nous y livrera et nous en fera sentir la puissance; nous moissonnerons ce que nous avons semé et nous serons battus et maltraités par les choses que nous aurons épargnées. Mais quand nous découvrirons que la chose épargnée est un ennemi, prenons courage et faisons-lui la guerre. Dieu sera avec nous, et la fin sera la victoire. L'ennemi disparaîtra pour nous laisser dans la joie et dans la paix que la présence de Dieu nous donne, nos propres infidélités deviennent ainsi l'occasion de la fidélité de Dieu, quand il nous ramène et nous réveille.

Méditation de J.N.D. no 116 - Genèse 12 - ME 1897 page 357

Nous trouvons trois choses dans ce chapitre, l'appel, la position, et l'infidélité du croyant. C'est ici, pour la première fois, que l'appel de Dieu nous est présenté dans la Parole. Le monde étant corrompu et idolâtre, Dieu appelle Abram. Il est l'objet de l'élection, de l'appel et des promesses de Dieu, les trois racines, pour ainsi dire, de l'arbre de la grâce.

Le monde étant corrompu, l'appel de Dieu nous fait tout quitter et rompre tout lien pour en sortir. Il place pour cela devant nous des promesses qui nous font laisser derrière nous les choses terrestres. Le père d'Abram sort avec lui, mais n'arrive pas en Canaan; il demeure en Charan, à moitié chemin, et ne jouit jamais des promesses. Abram devait sortir de sa parenté aussi bien que de son pays, mais il avait pris son père avec lui, et son père reste en chemin. La grâce de Dieu passe par-dessus la faiblesse d'Abram, seulement après la sortie d'Ur, il lui faut sortir de nouveau de Charan; c'était double peine.

Après nous avoir appelés, nous avoir donné les promesses, Dieu nous conduit pour nous introduire dans leur jouissance en Canaan. Il rompt tôt ou tard les liens qui nous en séparent et, si nous ne voulons pas marcher tout droit, nous sommes privés pour le moment de leur jouissance.

Au verset 6, nous trouvons de nouvelles circonstances. Les malices spirituelles sont en possession du pays de la promesse. Abram ne peut les chasser. Nous sommes étrangers dans ce monde, nous avons dû tout quitter pour atteindre les promesses et, cependant, nous n'en sommes pas encore entrés en possession. Nous sommes étrangers sur la terre et nous marchons par la foi, non par la vue des choses du ciel. Les Cananéens, les malices spirituelles, demeurent là où sont les promesses. Abram, lui, demeure avec Dieu, étranger au milieu de Canaan, mais Dieu s'y manifeste à lui; il a, comme part, la présence de Dieu dans le pays de la promesse où il est étranger.

Dieu se révèle à lui et il lui dresse un autel. Pour nous aussi, la révélation de Dieu, comme Père, à nos âmes, est la source de tout vrai culte. Nous pouvons alors rendre culte à Dieu, tout en n'ayant pas plus qu'Abram de quoi poser notre pied en Canaan. Abram lui-même ne dut-il pas y acheter un sépulcre?

Abram est aussi pèlerin dans le pays de la promesse; il le voit, mais ne le possède pas et n'a que les arrhes de l'héritage.

Aux versets 9-13, on voit l'infidélité pratique d'Abram, image de celle de l'Eglise. Poussé par les difficultés, par la famine, il descend de son chef en Egypte, sans consulter Dieu qui veut, par le désert, nous garder sous sa dépendance, nous nourrir de sa grâce, et non de ce que la sagesse de l'homme nous fait trouver. Quand l'esprit de l'homme est à l'oeuvre, il le fait toujours descendre en Egypte, et nous tombons sous la dépendance du monde quand nous quittons celle de Dieu. C'était pour l'exercice de la foi d'Abram que Dieu lui faisait rencontrer la famine dans le pays où il l'avait introduit. Il en fut de même pour Israël (Deutéronome 8: 3); il en est encore de même pour nous. Dieu nous humilie et nous fait avoir faim, alors l'homme demande des cailles et, si Dieu les accorde, c'est en châtiment.

Il nous faut marcher sous la dépendance constante de Dieu. Il nous éprouve de toute manière, comme il le fait envers tous ses enfants, pour savoir si nous tiendrons ferme dans le chemin et si nous retiendrons les choses de Dieu. La sagesse naturelle de l'homme le conduit en Egypte où il préfère être rassasié que d'avoir faim dans le pays de la promesse. Il en est de la chair comme de Saül qui ne sut pas attendre la fin du septième jour pour offrir le sacrifice et perdit ainsi le royaume.

Abram agit de son chef; il n'est plus avec Dieu, il n'est plus dans la terre de promesse; il se trouve, avec sa faiblesse, en présence d'une puissance plus grande que la sienne. Alors il renie sa femme. Du moment que nous nions que l'Eglise soit uniquement à Christ, nous tombons sous la puissance du monde. Abram infidèle est bien traité par le Pharaon, mais aucun des présents du roi ne pouvait entrer chez lui sans lui percer le coeur comme une épée et sans lui reprocher le séjour de Saraï dans le palais du Pharaon. En toute chose, le premier pas est important et montre la tendance de notre coeur. Abram est repris dans son coeur, et tout ce qu'il reçoit est une preuve de sa servitude et de son déshonneur. Mais Dieu n'abandonne ni ses droits, ni sa fidélité. Quoique Pharaon ne fût pas coupable envers Abram, il l'était envers Dieu, et Dieu le frappe. C'est toujours la fin du monde. Dieu revendique ses droits et Christ revendique les siens sur l'Eglise qu'il a choisie et rachetée pour qu'elle fût à lui seul!