Lettres de Darby J.N.

 

Lettres de Darby J.N. 1

Lettre de J.N.D. no 160 – ME 1897 page 35. 1

Lettre de J.N.D. no 161 – ME 1897 page 59. 4

Lettre de J.N.D. no 162 – ME 1897 page 117. 4

Lettre de J.N.D. no 163 – ME 1897 page 137. 6

Lettre de J.N.D. no 164 – ME 1897 page 258. 7

Lettre de J.N.D. no 165 – ME 1897 page 293. 8

Lettre de J.N.D. no 166 – ME 1897 page 336. 12

Lettre de J.N.D. no 167 – ME 1897 page 376. 13

Lettre de J.N.D. no 168 – ME 1897 page 396. 15

Lettre de J.N.D. no 169 – ME 1897 page 417. 17

Lettre de J.N.D. no 170 – ME 1897 page 458. 18

 

Lettre de J.N.D. no 160 – ME 1897 page 35

à Mr B.R.

Pau, 5 avril 1857

Bien-aimé frère,

Votre lettre du 8 mars m'est enfin parvenue. Au sujet de Hébreux 3: 1, je vous comprends parfaitement, du moins je le pense. Il y a du vrai dans ce que vous dites, mais je doute que vous ayez pris en considération tous les points de vue que la Parole nous fournit à ce sujet (*).

(*) L'affirmation était que «Hébreux 3: 1, comme toute l'épître, n'était pas adressé uniquement à ceux des Hébreux qui avaient la foi en Christ, mais à l'ensemble du peuple qui se trouvait alors en Judée».

Premièrement, il me semble qu'il y a des expressions dans le chapitre même qui font voir que l'apôtre pensait à des personnes ayant, au moins quant à leur profession, accepté Jésus comme Seigneur, le reconnaissant comme Messie et mettant leur confiance en lui. Je dis cela parce que l'apôtre parle du «commencement de leur confiance» et de ce qu'ils devaient «garder jusqu'à la fin», et de ce que nous sommes sa maison, si du moins nous retenons fermes jusqu'au bout le commencement de notre confiance et la joie de l'espérance.

Quand il fait la comparaison avec Israël, c'est avec Israël racheté et qui est entré dans le désert. Voyez aussi 6: 9, 10; 4: 14; 6: 18; 10: 22, et suivants; puis verset 34; 13: 8, 9, et beaucoup d'autres passages qui impliquent que la position de ceux auxquels il s'adresse était celle de chrétiens.

Maintenant voici, à ce qu'il me parait, les points importants de l'épître, qui lui sont propres, et dont il faut tenir compte. Christ est mort pour la nation, pour sanctifier le peuple par son propre sang. Ainsi, tous ceux qui reconnaissaient Jésus pour Messie étaient censés être sanctifiés et censés, en même temps, faire encore partie du peuple. D'autre part, écrite peu avant la destruction de Jérusalem et la cessation de tout rapport entre Dieu et le peuple, l'épître invite les Juifs à sortir hors du camp (non pas du monde, mais du camp d'Israël) et à reconnaître le Christ comme rejeté par Israël et monté dans le ciel en dehors du peuple. Mais le fait qu'il les invite ainsi à sortir hors du camp, n'est-il pas une preuve qu'il s'occupe du résidu, distingué d'avec la masse, quoique ce résidu eût été jusqu'alors en relation avec la masse incrédule et en faisant partie?

Il me semble que l'épître aux Hébreux est au fond un développement du caractère céleste du christianisme (pas de l'Eglise, qui ne se trouve proprement qu'au chapitre 12), pour empêcher, d'un côté, les Juifs croyants de glisser de nouveau dans l'ancienne ornière, et d'un autre, pour préparer le chemin à cette exhortation, si terrible pour un Juif et qui ne se trouve que tout à la fin, savoir de quitter le système et le camp judaïques. Cette exhortation est fondée sur le fait que Christ (selon le type du sacrifice parfait pour le péché) avait souffert hors du camp pour ce qui regarde ce monde, et que son sang avait été porté dans le sanctuaire; qu'il fallait être dans le ciel, quant à sa vraie position devant Dieu, et en dehors du système terrestre ici-bas.

Mais le fait que l'Eglise n'entre pas en ligne de compte, sauf là où toute la scène de gloire millénaire est présentée, donne lieu à une autre particularité de cette épître: c'est que, dans les espérances qu'elle nous présente et dans la perspective de repos et de gloire qu'elle nous ouvre, tout en se servant d'expressions applicables au bonheur céleste, elle ne dépasse pas ce qui peut s'appliquer au repos terrestre; elle laisse place à cette application de ses expressions: «Il reste un repos pour le peuple de Dieu». Où? Ceci rentre en partie dans votre manière de voir. Mais alors, en supposant que, dans le temps à venir, un Israélite se serve de cette épître en vue du repos du peuple de Dieu — Israélite encore attaché à sa nation après l'enlèvement de l'Eglise — il faudra qu'il comprenne que ce n'était qu'un résidu; qu'il y avait eu une espérance céleste à laquelle il n'avait pas part; que, pour en jouir définitivement, on avait dû sortir hors du camp d'Israël, ce que lui n'avait pas fait. C'est-à-dire qu'il devra avoir conscience que, bien que Dieu ait réservé, pour le résidu de son peuple (et ainsi pour son peuple, Romains 9: 7, 27; 11: 26), un repos sur la terre, il y avait eu un autre repos dans lequel étaient entrés ceux qui étaient sortis hors du camp, ce que lui n'avait pas fait. Or, tout en laissant entrevoir un repos terrestre pour le peuple, le but de l'épître est d'engager les Juifs croyants, comme participants à l'appel céleste, à ne pas s'attacher à ce repos terrestre, mais à regarder plus haut, c'est-à-dire à Jésus entré comme précurseur au dedans du voile. Le résidu était encore en relation avec le peuple, il en faisait partie, position toujours dangereuse; plus que dangereuse, au moment où l'épître a été écrite.

Elle reconnaît le fait, ce qui appartient au peuple, mais s'adresse à la partie croyante, pour qu'elle ne fît plus partie du peuple, mais s'attachât à sa propre part, l'espérance qui pénètre au dedans du voile où Jésus est entré. La séance de Jésus à la droite de Dieu était la condamnation des Juifs (comparez Actes des Apôtres 7, où il n'est pas encore assis), et le droit d'entrer dans le sanctuaire céleste était assuré au pécheur comme son partage présent et éternel.

Il n'en est pas moins vrai que cette position de Jésus est le fondement de toute espérance pour le Juif au dernier jour, et cette espérance, l'apôtre la laisse subsister; mais c'est l'espérance du résidu, et ce résidu, actuellement dans le giron de la nation, il l'invite à sortir de son sein, en vertu de sa vocation céleste fondée sur le fait que Jésus est assis au dedans du ciel.

Les raisonnements sur les sacrifices confirment, me semble-t-il, ces vues: Christ était mort pour la nation, et ainsi chacun de ceux qui le reconnaissaient était censé avoir part aux privilèges chrétiens sans quitter la nation; mais, dans cette épître, tout en se plaçant sur ce terrain, l'apôtre s'adresse, me semble-t-il, à ceux qui l'avaient reconnu, pour les inviter à se séparer de la nation, en montrant soit pour les sacrifices, soit pour la sacrificature, la supériorité d'un autre système qui devait remplacer l'ancien. Je ne dis pas que le remplacement du système soit la mise de côté de la nation, car Christ est mort pour la nation, mais que, de fait (le grand sujet étant le remplacement du système), le principe du nouveau système était un Christ couronné de gloire et d'honneur dans le ciel et que ceux-là seuls qui s'étaient attachés à lui par la foi, se trouvent compris dans la catégorie à laquelle l'apôtre parle. Comparez particulièrement le chapitre 6 déjà cité. Cela exige une attention patiente au contenu de l'épître, non pour profiter des riches matériaux qu'elle renferme, mais pour faire sa juste part à l'oeuvre pour la nation, la distinguant en même temps de la relation formée par la foi avec Celui qui, ayant accompli cette oeuvre, était remonté dans le ciel. En un mot, il faut distinguer entre ce qui était valable pour la nation et la relation formée par la foi. L'oeuvre et la position sont valables pour le résidu aux derniers jours, pour qu'il jouisse des bénédictions terrestres; mais l'apôtre s'adresse à ceux qui participaient aux dons par la foi. Je ne sais si je me fais comprendre; j'ai écrit ce billet à plusieurs reprises.

Sauf une partie de l'Apocalypse, laissée inachevée l'année passée, notre traduction sera, Dieu aidant, terminée demain, mais nous la relirons.

Lettre de J.N.D. no 161 – ME 1897 page 59

à Mr B.R.

Novembre 1858

Cher frère,

La conversion n'est pas du tout la même chose que la repentance. Sans discuter sur les mots, je ferai remarquer qu'on peut, par la grâce de Dieu et l'oeuvre vivifiante de cette grâce en nous, se tourner vers Dieu et le chercher, attiré vers lui par sa grâce, ne voulant pas périr là où nous sommes, et cependant la repentance peut rester très superficielle, au grand dommage de l'âme. La vraie repentance est le retour que, dans la conscience de la grâce, l'âme fait sur elle-même, nsur ses motifs et sur ses voies, de manière à les juger dans la lumière de Dieu qu'elle connaît en grâce. C'est l'opposé de la volonté, car, dans la repentance, on juge tout en rapport avec la nature et la volonté de Dieu, parce que l'on participe de fait à sa nature et que l'on est soumis à sa volonté. C'est l'opposé des passions qui sont les tendances de la nature, unies à la volonté et, quant à ces tendances aussi, tout est jugé selon nos nouvelles relations avec Dieu. La repentance est par-dessus tout le jugement de soi-même, ce qui rend la chose réelle, vraie, et substitue, par la grâce, Dieu au moi en nous — ce qui fait la différence essentielle dans la vie.

Dans les détails il restera toujours un travail à opérer, mais il y a une différence du tout au tout dans l'état de l'âme qui s'est foncièrement repentie. Je crois que bien des frères, soit au milieu de nous, soit parmi les autres chrétiens, n'ont guère été soumis à cette oeuvre puissante. Il y a toujours de la repentance dans un homme converti; souvent de la repentance légale, comme chez le fils prodigue, repentance qui l'a fait se mettre en route. On ne peut pas être converti, sans se dire: «J'ai péché contre le ciel et devant toi». Mais c'est tout autre chose, de juger les voies et les ressorts de la vie; le ressort, dans le principe égoïste et «selbstsändig» du coeur, de manière à s'appuyer réellement sur le Seigneur, comme dépendant de lui.

Voilà pourquoi, moralement, je tiens au mot repentance. Naturellement, la traduction dépend du sens du mot, mais je réponds maintenant à vos motifs moraux pour changer le mot repentance et le remplacer par le mot conversion — motifs que je crois excellents.

Lettre de J.N.D. no 162 – ME 1897 page 117

à Mr B.R.

Londres, novembre 1858

… Il s'agit un peu de la force du mot conversion. Je sais qu'en Suisse il y a une tout autre force que dans ce pays-ci. C'est là un point inutile à discuter, pourvu qu'on sache ce qu'on veut dire, quoique l'idée donnée par le mot «convertir» ne soit pas celle qu'on lui donne parmi les chrétiens de langue française; il en est de même du mot Bekehrung, en allemand. Mais ce qui est important à remarquer, c'est que cette idée de conversion n'est pas le sens de metanoia, qui signifie un changement de vue, d'opinion, de pensée, — réflexion faite — ou après avoir réfléchi. En allemand: Seinen Sinn ændern, daher bekennen, — c'est pourquoi on peut se repentir apo ex . On peut se repentir d'une faute particulière, on ne peut pas se convertir d'une faute. La conversion a lieu quand la volonté de l'être moral est tournée vers Dieu, c'est le sens du mot. La repentance est le jugement qu'il forme sur toute sa conduite et sur sa vie en même temps. Sa nouvelle nature est tournée vers Dieu; la nouvelle nature juge tout ce qui lui est contraire. L'état de l'homme, envisagé au point de vue du premier fait, c'est sa conversion; au point de vue du second, sa repentance.

La régénération, dans le sens ordinaire du mot, est le commencement ou la communication de cette vie qui est caractérisée, en tant qu'elle existe, par ces deux choses, conversion et repentance.

Je n'accepte pas que la conversion soit «un renversement de la manière de voir, de sentir et de pensée à l'égard de Dieu». C'est plutôt, en tant qu'un état d'homme, un effet de ces choses. Conversion est le changement de la direction volontaire de la vie. L'homme est converti. Il se tourne vers Dieu. Maintenant, le jugement qu'il porte sur sa vie passée, avant de se tourner, est selon les principes de la nouvelle nature (qui, moralement, est celle de Dieu); mais ce jugement marque un élément d'une immense importance. Le fils prodigue, en formant ce jugement, avant que son père se jette à son cou, se repent bien, c'est-à-dire porte un jugement, divin dans sa nature, sur toute sa vie passée. Mais avant de connaître la rédemption et l'amour du Père, le jugement qu'il porte ne peut avoir le caractère qu'il aura après, parce que Dieu n'est pas objectivement connu de la nouvelle nature, n'est du moins pas pleinement connu, de manière que le jugement soit formé d'après cette connaissance. Quand je dis jugement, c'est un jugement vital et vivant et qu'on porte sur soi-même en le portant sur le mal.

Dans l'ordre moral, c'est-à-dire dans la conscience de l'homme, la repentance précède la conversion. Paul (Actes des Apôtres 26: 20) leur a enseigné qu'ils se repentissent et se tournassent vers Dieu. Le fils prodigue revient à lui-même et juge qu'il doit se lever et s'en aller vers son père. Mais on ne doit pas conclure non plus que l'homme qui se repent le fasse, sans que Dieu agisse pour communiquer la vie. Les regrets ne sont pas la repentance, metamelein signifie le regret ou le remords. La metanoia, repentance, dit l'apôtre, dont on n'a jamais de regret. On ne peut pas nier que epistreyw (se convertir) signifie se tourner vers, ce qui n'est pas metauoia ; upostreyw est se retourner (sich umwenden).

Metanoia (la repentance) seul est le changement de pensée, de jugement moral. Je ne crois pas que, de fait, l'un précède l'autre. Quand Dieu communique la vie, tout va réellement ensemble. Si vous parlez de la conscience qu'on a de la chose, je n'ai pas d'objection à ce qu'on dise: la repentance précède; mais que, de fait, la conversion de la volonté vers Dieu, soit de l'essence du premier mouvement du coeur, me paraît être une vérité de toute importance. Ces mots, «la maison de mon Père», exprimaient cela chez l'enfant prodigue. Mais le jugement qui prend connaissance de tout, par l'entrée de la lumière et de la vie de Dieu, est trop important, — la Sinnesänderung sur toutes choses, — pour que j'accepte que le mot metanoia soit détourné de sa propre force, qui ne signifie pas conversion.

Lettre de J.N.D. no 163 – ME 1897 page 137

à Mr Barbezat, Lyon

St-Hippolyte (Gard), 7 avril 1847

Bien cher frère,

Votre lettre m'a suivi à Montpellier, où j'étais sur mon départ, ce qui a retardé ma réponse. J'ai été un peu conduit comme vous quant à l'oraison dominicale; qu'elle soit parfaite, cela est bien certain, puisque c'est le Seigneur qui l'a donnée. Mais là où est l'Esprit, là est la liberté, et je ne vois pas la moindre allusion faite à cette prière dans le reste du Nouveau Testament, quoiqu'on y trouve bien des prières et des passages qui indiquent des sujets de prières. Il serait même impossible qu'un homme conduit par le Saint Esprit dans la connaissance de ses besoins et de l'amour de Dieu, se bornât à une forme prescrite. Mais si l'on se sert de cette prière et que l'on en fasse d'autres en même temps, c'est ou dire qu'elle est imparfaite, ou bien qu'elle ne répond pas aux besoins de l'âme.

Le fait est que, donner des directions, quelque parfaites qu'elles soient, à des personnes qui n'avaient pas reçu le Saint Esprit, et l'opération du Saint Esprit dans celui en qui il demeure, sont deux choses nécessairement distinctes, et celui qui n'entend pas cela ne sait pas quelle est l'influence du Saint Esprit. L'Esprit divin agit nécessairement dans l'âme d'une manière qui lui est propre, et, tout en révélant la gloire de Jésus, met l'âme dans une relation toute nouvelle avec le Père et notre Seigneur Jésus Christ. Le Seigneur vivant sur la terre ne pouvait pas mettre l'âme dans cette relation. Or la prière en est l'expression intime, et cette nouvelle relation lui prête un caractère tout nouveau. De là ces «soupirs inexprimables» où Celui qui sonde les coeurs ne trouve pas des formes apprises et enfoncées dans la mémoire, quand même ces formes seraient données par le Seigneur lui-même.

Il trouve la pensée de l'Esprit qui intercède pour nous selon Dieu. Si l'on veut employer l'oraison dominicale comme supplément à l'imperfection de nos propres soupirs (tout en admettant que cela puisse se faire de bonne foi), cela me parait un mauvais emploi de cette précieuse instruction du Seigneur, que de réciter sans coeur ses paroles pour combler des lacunes qui se trouvent dans nos coeurs. C'est aussi méconnaître les soupirs de l'Esprit.

Mais la difficulté gît en ceci, et seulement en ceci, que nous avons à faire avec des âmes qui, n'étant pas affranchies par le Saint Esprit, ne comprennent pas la pensée de Jésus, ni le fait qu'il pouvait, dans sa tendresse, faire provision pour les disciples qui n'avaient pas encore reçu le Saint Esprit. Cette provision ne pouvait pas leur être applicable de la même manière lorsque le Saint Esprit était descendu. Voilà la vraie difficulté. Si ce sont des mondains, on peut très bien leur montrer qu'ils ne peuvent se servir de l'oraison dominicale, qu'ils n'oseraient pas dire, en vérité, qu'ils sont enfants de Dieu, ni désirer et appeler de leurs voeux le règne de Jésus, puisqu'ils ignorent si ce ne serait pas leur ruine éternelle.

On m'a attaqué une fois sur ce sujet; j'ai alors donné des méditations sur l'oraison dominicale, afin d'en expliquer le contenu; dès lors je n'en ai plus entendu parler. Si ce sont des enfants de Dieu, il faut agir tendrement. Peut-être y a-t-il un vrai respect pour les paroles de Jésus, bien qu'il s'y mêle de la superstition? Il faut chercher à les éclairer sur l'affranchissement par le Saint Esprit et sur sa présence en ceux qui se sont soumis à Jésus. Leurs difficultés tomberont sans raisonnement, lorsqu'ils seront affranchis. On aurait beau leur parler du résidu, ils ne savent ce que c'est. Mais ils comprendront bien ce que sont les pensées de Jésus, sa tendresse pour ses disciples encore charnels et ayant besoin d'être menés comme des enfants — Lui-même étant sur la terre pour les conduire sur la terre. Ils comprendront la différence entre cela et l'Esprit qui nous fait savoir que nous sommes en lui, et lui en nous. Sur la terre, je dis: «Qui es aux cieux». Maintenant je l'adore comme étant près de lui, ou bien je m'approche de la croix comme pécheur. Mais je dis plutôt: «Viens, Seigneur Jésus!» que de dire: «Que ton règne vienne», quoique les deux choses soient vraies, «Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel», est bien notre désir, mais cette parole n'exprime pas les besoins d'une âme qui livre le combat avec les malices spirituelles dans les lieux célestes, et qui traverse cette terre dans un temps où elle est aliénée de Dieu. Cette âme prend son parti d'être étrangère à ce monde qui a rejeté Jésus; elle trouve son repos dans les délices célestes elles-mêmes, et sa joie à être conforme à Jésus là-haut. Le Saint Esprit développe beaucoup aussi les désirs et les voeux de l'oraison dominicale dans une foule de choses dont il nous donne la connaissance et qui ne sauraient se borner, pour la confiance filiale, à l'oraison dominicale. Si l'on veut cette dernière on devrait n'employer qu'elle, autrement son emploi n'est que pure superstition. Si c'est notre prière, elle est parfaite, elle est toute notre prière et notre seule prière.

C'est ce qui est évident. Si quelqu'un me dit: Tu diras ainsi, car tu ne seras pas entendu pour avoir beaucoup parlé; et que j'ajoute dix fois plus de paroles après ou avant, cela me parait une obéissance bien peu réelle. Au reste, examiner le contenu de l'oraison dominicale, et y sonder les pensées de Jésus, est une chose très précieuse.

Lettre de J.N.D. no 164 – ME 1897 page 258

à MM. Guers, Lhuilier, Empeytaz1 (*)

(*) Cette lettre, adressée par les frères de «l'Eglise du Bourg de Four» aux pasteurs susnommés, a été retrouvée dans les papiers de J.N.D. et est entièrement de sa main.

Automne 1837

Chers frères et pasteurs bien-aimés,

Nous désirons vous assurer, en répondant à l'exposé de principes que vous avez eu la complaisance de nous donner, que nous recevons avec actions de grâces envers notre Dieu et Père, et comme venant de sa bonté, tous les dons qu'il vous a départis. Nous le prions instamment que, selon sa sagesse et cette bonté envers ses enfants sur laquelle nous nous reposons, il fasse croître ces dons de jour en jour. La seule chose que nous ayons à dire à ce sujet, c'est de vous prier même de vaquer davantage à l'exercice de ces dons, comme il est dit en Actes 6: 4: «Persévérer dans la prière et dans le service de la Parole».

Nous croyons que le fardeau de toutes les affaires de l'Eglise qui pèse entièrement sur vous, vous a entravés à cet égard. Et de plus, chers pasteurs, tout en ayant l'assurance entière que vos intentions et désirs ont été bons et que peut-être une coupable négligence de notre part y a contribué, nous croyons que la libre action du Saint Esprit a été gênée dans l'Eglise. Nous ne cherchons point, ce serait empêcher notre propre bonheur, Dieu nous en garde, à mettre des entraves à la libre action du Saint Esprit dans nos pasteurs et par nos pasteurs au milieu de l'Eglise. Mais nous désirons aussi que sa libre action dans l'Eglise ne soit ni empêchée, ni réprimée, ni gênée, mais qu'en tant qu'il s'y manifestera, il règne librement, agissant, soit dans les pasteurs, soit en d'autres frères, selon sa sainte puissance et la sûre parole de notre Dieu.

Que l'Eglise, y compris les pasteurs avec toutes leurs lumières et leurs expériences, agisse dans toutes les affaires qui sont nécessaires à son bien-être, selon leurs dons respectifs. Nous croyons que cela a été empêché, et c'est ce que nous réclamons, et c'est sur ce principe que nous désirons agir dorénavant, et que nous désirons que vous agissiez, afin que l'amour et la confiance, en un mot l'Esprit de notre Dieu, règne et agisse librement au milieu de nous, ses pauvres enfants. Nous ne pensons point nous fier à nous-mêmes ni à l'homme, quel qu'il soit. Nous n'avons de confiance que dans la libre action du Saint Esprit et ayant consulté la sainte Parole, nous croyons que ce que nous disons est selon cette Parole. Donnons donc pleine liberté à l'action du Saint Esprit dans l'Eglise, et tout ira bien, et si la chair agit en qui que ce soit, qu'il soit jugé comme ayant agi dans la chair.

Voilà ce que nous sentons et répondons à votre exposition de principes. Il y a plusieurs questions sur lesquelles nous avons désiré des enseignements scripturaires plus larges et plus suivis, et sur lesquels nous désirons en conséquence approfondir encore plus cette Parole. C'est dans ce but que nous avons continué nos réunions, afin que, si ces questions devaient être discutées dans l'Eglise, nous soyons plus capables de juger et de prononcer sur elles selon la parole de Dieu. Pour le présent, nous désirons seulement vous communiquer nos désirs sur des choses qui nous semblent tenir à la paix et au bonheur de l'Eglise.

Lettre de J.N.D. no 165 – ME 1897 page 293

à M. Foulquier

Edimbourg (Ecosse), 6 octobre 1838

(Commencée en septembre)

Très cher frère,

La lettre que j'ai reçue de vous il y a quelques jours m'a poussé à prendre la plume pour vous écrire. Je pensais toujours à le faire, mais j'attendais de recevoir de vos nouvelles, et ainsi je différais de jour en jour l'accomplissement de mon intention. Je suis bien aise d'avoir reçu votre lettre. Notre frère Wigram avait reçu du frère Barbey, évangéliste à Givry, près de Châlons (Saône et Loire), quelques nouvelles de vous tous. C'était peu de chose, mais cela a ranimé le désir de recevoir plus de détails. Votre lettre me donne quelque idée de vos circonstances. Je suis assuré que, quand on se fie entièrement à l'Eternel, on peut se fier à lui pour les moindres détails, même quant à l'arrivée d'une lettre. Il faut qu'il en soit ainsi, car on ne sait guère ce qui agira sur le coeur d'un homme.

Plus je voyage, cher frère, plus je vois qu'une confiance entière dans le Saint Esprit, une dépendance entière de lui, est l'âme et la force des assemblées des enfants de Dieu. J'ai été invité à me rendre ici par un petit fragment d'un troupeau qui s'écroulait faute de ce principe; un troupeau précisément dans l'état où se trouvait ce cher troupeau du Bourg de Four. Que Dieu vous garde de suivre son exemple. Bien des années se sont écoulées depuis que la première séparation a eu lieu ici, mais en repassant cette histoire, la cause de l'ébranlement et de la chute de l'Eglise est clairement manifestée. Un peu d'humiliation et de sagesse en faisant appel à Dieu par des prières, leur aurait épargné la douleur d'une séparation. Il y a eu depuis une nouvelle séparation, laquelle, je crois, était absolument nécessaire à cause des principes de la plupart des membres qui ne voulaient recevoir que des baptistes et niaient entièrement l'action du Saint Esprit, même dans la conversion du pécheur. Mais notre Dieu, bon et fidèle, qui fait constamment sortir le bien du mal, m'a ouvert une porte par ces tristes circonstances. Déjà il y a eu de la bénédiction et un désir ardent de la part de plusieurs de trouver quelque chose de plus spirituel, de plus dévoué, et un renoncement plus complet au monde, «ce siècle mauvais», idée trop peu connue en Ecosse, quoiqu'il y ait une grande profession de religion.

Plusieurs ont reçu la doctrine de l'avènement prochain du Sauveur, quoiqu'il y eût de grandes préventions contre cette doctrine, à cause des erreurs de M. Irving qui était Ecossais. Cette doctrine qu'on avait presque peur d'avouer, excite plus d'attention et de recherches. La doctrine de la puissance et de la présence du Saint Esprit a aussi pénétré les coeurs de plusieurs, et si on est patient, j'espère que cela produira un germe d'union parmi les chrétiens. Je ne veux pas dire que ces choses pénètrent la masse même des professants, mais il y a un nombre considérable de chrétiens qui y sont intéressés.

On ne doit jamais compter, cher frère, sur les circonstances, mais sur Dieu. Il n'y a pas un endroit où je pusse avoir moins d'espérance qu'ici. Je ne connaissais personne, au milieu d'un peuple qui a une grande confiance en lui-même et pense qu'il possède plus d'esprit que tout le monde. Notre frère E., vous en donnera une idée selon les pensées des Suisses. Néanmoins Dieu m'a ouvert les portes, et il y a eu déjà de la bénédiction. Eh bien! il est le même Dieu pour son Eglise en Suisse et pour vous. Je m'étonne de voir ici le désir d'un peuple froid pour les vérités qui raniment le nouvel homme et suscitent des espérances qui séparent le coeur du monde. Mais le peu de confiance en cet autre Consolateur envoyé au départ du Fils de Dieu pour rendre témoignage à sa gloire, a frappé l'Eglise à mort. On calcule des conséquences au lieu de se lier à Dieu en suivant sa Parole. Il y a des frères ici qui voulaient bien suivre la Parole, mais ne faisaient pas assez de cas du Saint Esprit. C'est le formalisme et une lettre morte pour leurs âmes et pour leur culte.

Eh bien! mon frère, je vous conjure de vous jeter avec une pleine confiance dans les bras de Dieu; il n'y aura pas là défaut d'amour pour ses enfants, et cela donne une confiance et un calme qui nous rendent capables de supporter les difficultés, d'être patients et d'agir en amour, même envers les défauts de nos frères. J'ai un grand désir de vous voir tous, mais, je l'espère, pour participer à vos joies et à votre bonheur, et non pas pour travailler comme pleurant sur vos détresses. J'espère que notre cher M. Guers sera attiré graduellement à se jeter avec toutes ses forces, en pleine confiance, dans l'oeuvre de Dieu au milieu de vous. Il a bien des dons, il aime beaucoup et il a un coeur très affectueux. Cela est accompagné, comme bien souvent (je ne le dis pas à présent comme reproche, mais pour garder qu'on ne soit gêné), cela est accompagné, dis-je, d'un esprit un peu jaloux et soupçonneux, car nous avons tous nos fautes particulières. Les circonstances qui sont arrivées au sein de l'Eglise ont donné l'occasion à ce trait de ressortir. Mais la charité couvre une multitude de péchés et je vous prie, cher frère, en particulier, comme je l'ai dit dans ma lettre à vous tous, de montrer toute confiance en ceux qui agissent comme pasteurs au milieu de vous. Je ne dis rien en ce moment de l'arrangement, ni de la forme de l'Eglise, ni de la manière dont elle a été construite, mais je sais que si quelqu'un travaille pour le Seigneur dans ce monde et même dans l'Eglise, il y a bien des choses qui le gêneront, qui le contristeront, qui auront la tendance d'irriter la chair qui est en nous tous, et qu'on a besoin d'être soulagé et rafraîchi dans l'Esprit. Et hors de Dieu et des consolations directes de sa grâce, il n'y a point de si douce consolation, de si douce joie, que la confiance et l'amour des fidèles, et cela lie les coeurs ensemble, nourrissant cette charité qui est le lien de la perfection. Combien de fois ai-je trouvé mon coeur ranimé par l'affection de mes frères, et Dieu l'a ordonné ainsi. Quand on est plein de la présence de notre bon Sauveur, plein de grâce, on peut surmonter bien des difficultés, parce qu'on est satisfait de son amour, et le coeur n'exige point tant de choses en dehors de celle-là. Je ne dis pas que cela nous fera tolérer le mal; tout au contraire; mais cela nous fera discerner entre les choses qui sont vraiment contre la conscience, et les choses qui gênent notre esprit ou notre chair. Nous serons rendus plus fermes quant aux premières, et nous supporterons tout, en mortifiant cette chair et en gagnant tout pour nous-mêmes quant à l'éternité.

Vous faites tout cela, cher frère, je puis bien le croire, beaucoup mieux que moi-même qui suis souvent vif et ardent, mais il vaut la peine de nous rappeler à nous tous la vérité de sa Parole et la puissance de sa grâce pour nous restaurer et pour faire luire sa face sur nous. J'ai un tort à vous reprocher, cher frère, c'est de ne m'avoir pas communiqué comment tant de chers frères prospèrent dans leurs âmes, P…, M…, K…, et bien d'autres. Est-ce que le frère D. a pleinement retrouvé la paix? Je désire bien savoir aussi si le jeune homme qui travaille à l'observatoire maintient sa course chrétienne. Son nom m'échappe en ce moment, quoique je me rappelle parfaitement sa figure, sa demeure et tout. Il y en avait aussi un autre qui pensait aller comme missionnaire aux Indes, nommé M., ou quelque chose de semblable. Il était du Jura près d'un petit lac où il y a un troupeau de frères, mais il n'en faisait pas partie. Est-ce qu'il pense encore à travailler dans la vigne du Seigneur?

Priez sans cesse, cher frère; toutes nos forces sont d'en haut. «Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous;» le sarment ne peut point porter de fruit s'il est séparé du cep, mais quelle joie, quelle force pour la conscience, dans le sentiment intime de la présence du Seigneur, dans cette communion dans laquelle il se révèle à nos âmes comme notre bien-aimé qui nous appelle ses frères! Mon frère, même toutes les nuées qui volent autour de nous nous conduisent, après tout, à la certitude qu'il n'y a que force et gloire dans la lumière du soleil de justice. Grâce à Dieu, je reçois de bonnes nouvelles de tous les petits troupeaux. Les frères travaillent davantage pour le Seigneur; leur nombre s'accroît; il y a plus de fidélité. Sans doute, il reste encore bien à désirer parmi nous tous, mais on doit remercier Dieu pour ce qu'il nous accorde dans sa grâce, et nous reconnaissons bien que c'est pure grâce.

Cherchez, cher frère, à garder les liens d'amour; qu'il n'y ait rien qui les rompe. Que l'amour soit conservé à tout prix, sauf à celui de la conscience et de la vérité. Je désire vous rendre visite et je pense toujours à le faire, mais je ne puis absolument en indiquer le moment, parce qu'étant un serviteur de Dieu, j'ai autant que possible à suivre sa volonté de jour en jour. Quand je suis retourné en Angleterre, je ne pensais nullement à visiter l'Ecosse. Maintenant une grande porte m'est ouverte, et déjà une influence s'exerce sur bien des âmes; mais je pense toujours, s'il plaît à Dieu, revoir la Suisse après avoir fait une visite rapide aux assemblées. Londres et l'ouest de l'Angleterre me retiendront probablement un peu de temps, et ce délai me donne encore plus l'espérance de revoir vos faces avec joie. Est-ce que J. demeure toujours à Genève et se porte-t-il bien, ainsi que N.? Saluez-les tous de ma part et M. et le père M. aussi. Saluez Madame Foulquier et votre cher voisin S. et toute sa famille. Que la grâce puissante et douce de notre Dieu soit avec vous tous. Qu'elle soit efficace dans vos murs pour les purifier, pour les réjouir, pour les fortifier contre toutes les tentations de l'Ennemi. Je désire de tout mon coeur que tous les frères sentent pleinement la ruine et les misères de l'Eglise et que ce sentiment se répande partout, mais que vous soyez serrés ensemble par les liens d'une charité forte comme l'Esprit qui la crée.

J'espère visiter bientôt le continent, mais quant au moment je m'attends à Dieu. Vous me pardonnerez une lettre interrompue par des visites et des affaires continuelles. Ayez bon courage, cher frère, et Dieu affermira votre coeur. Saluez bien mes chers frères M. Guers, M. Empeytaz et M. Lhuilier. Je les aime de tout mon coeur, et je leur dois cet amour pour la cordialité et l'amour qu'ils m'ont montré. Oh! que l'Eglise reconnaisse, en étudiant la Parole, et sa propre beauté, telle qu'elle est sortie des mains de Dieu, et sa chute misérable. Qu'au lieu de dire: «Nous sommes livrés à faire toutes ces choses», elle se ranime par la grâce de son Dieu pour retrouver ses premiers pas et les bonnes vieilles routes. Que le vent de notre Dieu souffle, ce vent du nord sur son jardin, et son vent du midi, afin que les parfums des plantes qu'il a plantées soient sentis, et que les drogues aromatiques distillent.

A Dieu, cher frère; je vous recommande, ainsi que tous mes chers frères de Genève, à Dieu et à la parole de sa grâce laquelle peut vous édifier et vous donner un héritage avec tous ceux qui sont sanctifiés.

Votre affectionné frère et serviteur en Jésus Christ notre Seigneur.

Lettre de J.N.D. no 166 – ME 1897 page 336

à Mr F.

Juillet ou août 1839

… Quant à l'état de l'Eglise de notre bien-aimé Seigneur et Sauveur, je vous dirai, cher frère: Ayez bon courage, nous ne devons pas être abattus. Je ne dis certes pas, notre bon Dieu le sait, qu'il n'y ait pas sujet à la douleur et à l'humiliation. Il y en a, et je le crois profondément. Que le Seigneur daigne me faire la grâce de le ressentir encore plus profondément tous les jours. Oui, je désire, Seigneur, faible et pauvre que je suis, partager en quelque sorte, ta douleur et tes souffrances. Assurément, nous sommes bien indignes d'un tel sort, mais la grâce peut tout faire. Elle doit bien prendre les choses faibles, cher frère, et elle se sert de nous pour glorifier le nom du Seigneur et avancer son règne.

Mais c'est un devoir, et je le reconnais tel, de s'humilier et d'être plein de douleur en pensant à l'état actuel de l'Eglise. Mais, cher frère, tout en soupirant sur son état, et on peut bien le faire, souvenez-vous que les soupirs de l'Esprit dans nos murs se souviennent toujours que le Chef fidèle de l'Eglise ne quitte pas le timon, quand même l'adversaire soulève les flots pendant que Jésus paraît assoupi. Le Seigneur ne rend jamais la bride aux méchants.

Je trouve, cher frère, que, de ce côté-là, il est très nécessaire de veiller sur la chair, de peur qu'elle n'intervienne dans nos inquiétudes mêmes pour l'Eglise. Le Seigneur est, par sa grâce, dans le même vaisseau que nous; eh bien! le vaisseau n'enfoncera pas. Quel soulagement, quelle consolation!

Devons-nous donc être contents, satisfaits de faire le mal? Nullement, mais nous devons nous reposer avec confiance dans les bras de Son amour. Vous dites, cher frère, que je ne savais pas tout ce qu'il y avait de contraire à la liberté du Saint Esprit au Bourg-de-Four. Sans doute, il y avait des choses qui gênaient ce saint et puissant conducteur de l'Eglise, mais je croyais que les principes de l'Eglise de Dieu s'y trouvaient et étaient reconnus, autrement je n'aurais pas pu y prendre la cène. J'espère qu'il en est ainsi dans ce moment, et dans ce cas je ferai tout ce que je pourrai pour affermir les frères dans l'amour et pour donner plus de développement aux principes reconnus, ou plutôt pour éviter tout ce qui empêcherait l'action du Conducteur suprême.

Je ne crois pas que les frères du Bourg-de-Four soient parfaits quant aux circonstances, mais je crois qu'ils sont réunis sur les principes parfaits de la Parole, et nous attendons de la bonne main de notre Père les forces pour suivre ces principes selon sa volonté. Je ne crois pas que les églises nationales soient fondées sur les principes de la Parole, ni même chez nous les dissidents.

Je veux donc bien m'entretenir avec eux en particulier comme avec des frères, mais non pas en tant que troupeaux. Je dis tout cela, cher frère, afin que vous ne soyez pas découragé par des difficultés et par des misères et, pendant que je vous le dis, j'ai besoin du même conseil et d'épancher mon âme devant Dieu, afin qu'il la rafraîchisse de la pluie de sa grâce et raffermisse mon coeur chancelant. Je prêche presque tous les soirs ici à une foule de paysans avides de la Parole, ordinairement en plein air. Il y a huit jours aujourd'hui que la pluie est tombée sans relâche pendant que je prêchais. Pas une seule personne n'a bougé. La plupart avait des parapluies, le reste supportait l'averse le mieux possible. La moisson m'arrêtera bientôt. J'ai agi; c'est un peu de travail; mais je ne vois pas qu'un réveil ait lieu dans ces quartiers, par sa grâce. Oh! qu'il y ait des ouvriers pour la moisson de Dieu! Voilà ce qui opprime mon coeur et pèse sur mon esprit. Je sais bien que c'est manque de foi, mais hélas! qu'il y a peu de chrétiens qui veuillent se dévouer pleinement au service de Dieu, notre Sauveur! Si je regardais à moi-même et à ce que je vois autour de moi, je serais abattu. Qui es-tu, pour tenir tête à l'ennemi qui vient avec vingt mille?

Ah! cher frère, ce n'est pas de nous-mêmes, par nos forces, par nos conseils, que nous pouvons nous soutenir dans cette guerre, car c'est bien toujours la guerre, je ne le sais que trop. Néanmoins, en haut, quelle tranquillité, quelle paix! De sa part, quels regards constants sur la plus petite de ses brebis! Quelle joie de s'entretenir avec Celui qui, autour de lui, remplit tout d'une tranquillité immuable par sa présence! Me voilà, cher frère, soulagé en vous soulageant. Une partie de mon souci est que je pense toujours vous voir bientôt et, quand j'y pense, tous les besoins de l'Eglise se présentent devant moi et le fardeau commence à se faire sentir. J'ai hésité quelquefois, me demandant si ce voyage n'est pas de ma propre volonté, car je désire ardemment vous voir tous. Maintenant j'ai la conviction que ce sera la volonté de Dieu. S'il le veut, je pourrai donc vous voir bientôt; mais il faut faire tout ce qu'on peut pour pourvoir aux besoins de l'Eglise, en étant un de ses ouvriers, soit petit soit grand. Mais Dieu sait pourvoir à tout, il sait se passer de qui que ce soit, de nous vermisseaux; il sait même se prévaloir de sa grâce en ôtant les instruments. Oh! que nous soyons asservis à sa volonté et conduits de son oeil!

A Dieu, cher frère. Saluez cordialement tous les frères de ma part. Au milieu de bien des travaux, je me souviens d'eux avec un amour sincère et cordial qui renchérit l'espérance de les revoir. Je sais toujours que je leur dois beaucoup d'amour et de reconnaissance pour la manière dont ils m'ont accueilli il y a à peu près deux ans. Combien le temps va vite…

Lettre de J.N.D. no 167 – ME 1897 page 376

à Mr F.

Lausanne? août 1840

Bien-aimé frère,

… Quant à l'épître aux Corinthiens, j'ai été très intéressé de ce que vous dites, et je crois que vous avez saisi ce que le Saint Esprit nous y présente. Pour ce qui concerne les détails, il n'y avait pas seulement chez eux la sagesse humaine, premier point de mépris du Saint Esprit et, par conséquent, du remplacement de Dieu par l'homme, mais il y avait aussi la corruption pratique, car, en effet, la sagesse de l'homme qui l'exalte, n'empêche nullement sa corruption; l'homme y donne plutôt occasion, car la chair n'est nullement changée. C'étaient là, en effet, les deux grandes plaies du peuple de Corinthe, aussi devons-nous nous tenir sur nos gardes contre nos habitudes de penser et d'agir qui sont tellement une partie de nous-mêmes que nous ne les jugeons pas. Au contraire, sitôt reconnues, nous nous jugeons par elles.

Mais quelle grâce de Dieu, de veiller, malgré toutes ces choses, sur sa pauvre Eglise, si infidèle et bien plus aujourd'hui qu'alors. Ce n'est pas parce qu'il y a du mal; il y en avait alors, mais, bien-aimé frère, nous voyons très clairement en ceci la chute de l'Eglise, que le remède n'y est pas porté, parce que l'Eglise ne subsistant plus comme corps dans l'unité de l'Esprit, l'Esprit n'agit pas selon la constitution du corps pour ranimer les membres et leur rendre la santé.

Toutefois souvenons-nous que Dieu n'est pas changé. Il n'en est pas moins fidèle, pas moins près de ceux qui le craignent, et il suffit à toutes les circonstances, à toutes les phases de son Eglise. Ce n'est pas qu'il restaurera l'Eglise dans ces circonstances, mais qu'il suffit pour les circonstances où elle se trouve. Il faut de la foi, la foi qui se rapporte à Dieu, qui reconnaît (car la foi est la lumière, l'action de la vie de Christ en nous) le véritable état du chrétien, mais qui se rapporte à Dieu pour cet état.

La ruine d'Israël n'a pas empêché la fidélité d'Elie, mais en a été l'occasion, et si Moïse a été fidèle dans la maison au temps de sa gloire, Elie reconnaissait qu'elle était en poussière; triste service, il est vrai, mais reconnu de Dieu. Et l'un et l'autre de ces serviteurs se trouvent ensemble dans la gloire avec Celui qui les avait encouragés et fortifiés, s'entretenant avec lui, le Fidèle des fidèles, de ses souffrances, souffrances qui étaient l'expression de la perfection de la fidélité au milieu de la perfection de la ruine et de la consommation de l'apostasie d'un peuple.

Ayons la foi et nous verrons Dieu, là où nous sommes par sa volonté (je parle de l'état de l'Eglise universelle) et selon sa volonté, et non pas dans un état imaginé par l'homme et qui ne répond nullement au coeur et aux pensées de Dieu.

Certainement, l'Eglise doit être le reflet de la gloire d'un Christ caché, comme la lune qui brille pendant l'absence de l'astre du jour et qui lui doit tout. Hélas! cher frère, par nos péchés, sa lumière est cachée! Ah! cherchons du moins à marcher fidèlement, dans la fidélité individuelle, afin que le Saint Esprit ne soit pas contristé et que nous n'apportions pas notre part de mépris et de déshonneur à ce bon et fidèle Consolateur. Quelle joie n'y a-t-il pas dans l'amour de Dieu lorsque l'Esprit n'est pas contristé! Quelle satisfaction de faire sa volonté, quand nous marchons dans la lumière des chrétiens!…

Celui qui était l'homme de douleurs, sachant ce que c'est que la langueur, pouvait dire, malgré cela, comme son meilleur souhait pour son peuple: «Que ma joie soit accomplie en eux», parce que l'amour et la douce communion du Père étaient toujours siens et parce que sa nourriture était de faire la volonté du Père. Cette joie nous appartient en quelque sorte, si nous sommes fidèles, et ce n'est pas seulement la joie d'être sauvé, mais c'est la joie des sauvés par la grâce de Celui qui les a introduits dans la même demeure et leur a donné les mêmes privilèges et la même nature que celles du Fils de Dieu lui-même. Lui-même n'a-t-il pas senti les misères de son peuple? Certes, il les a senties parfaitement, mais cela ne l'a pas éloigné de Dieu.

Ce que vous me dites de l'accomplissement partiel de certaines prophéties, remarque qui s'applique à presque toutes, me semble très vrai. Il y a à cela une cause bien forte pour moi: l'Esprit de vérité les donnait de la sorte. Elles devaient agir sur la conscience et sur les affections de ceux à qui elles peuvent s'adresser, et en même temps instruire les fidèles et l'Eglise des choses qui se rapportent plus directement à l'avènement de Christ, encore futur. Afin d'atteindre ce double but, elles ont dû prendre la forme que vous m'avez signalée. S'il n'y avait point eu d'accomplissement ou du moins d'application partielle et temporaire, il n'y aurait rien eu pour la conscience de ceux auxquels elles étaient adressées. Et sans cette plénitude concernant les choses encore à venir, elles auraient été d'une interprétation particulière et inutile à l'Eglise. Mais maintenant ces accomplissements partiels se perdent pour la plupart dans les grands événements que produira le dénouement de la scène de ce monde.

Lettre de J.N.D. no 168 – ME 1897 page 396

Ici doit s'intercaler la lettre 151 (page 357, année 1896, datée de Plymouth 1846), insérée par inadvertance dans notre numéro 18 de l'année dernière.

à Mr F.

Montpellier, 11 février 1848

Je n'ai pas besoin de vous dire combien nous sympathisons avec vous et avec notre chère soeur dans votre épreuve. Mais les voies de Dieu sont parfaites et toujours dirigées par son amour. Il est nécessaire que sa sainteté soit maintenue, car il est immuable; mais, envers nous, tout est amour, en sorte que ses voies de sainteté ne sont que l'expression de son amour et des moyens de son accomplissement.

Nous ne pouvons toujours discerner la sagesse de toutes ses voies, mais Dieu les applique toujours directement à nous-mêmes, au brisement de notre volonté, ce qui est en bénédiction évidente, bien que Dieu ait des desseins de grâce et de jugement, et des buts que nous ne connaissons pas. Tout aboutit à la bénédiction, lors même que, chemin faisant, on trouve l'humiliation et l'angoisse.

La défaite devant les murs de Haï et la déception de Gabaon se perdent dans le résultat, quoique ces choses aient lieu comme châtiments. Cependant la confiance dans la force de l'homme a eu des conséquences de moins de durée que la confiance en sa propre sagesse. Israël fut battu devant Haï pour s'être confié en sa force et n'avoir pas pris les précautions nécessaires, tandis que l'admission des Gabaonites sans avoir consulté l'Eternel eut pour conséquence la barbarie de Saül et la mise à mort de sept membres de sa famille.

Dieu peut se tourner pour nous châtier, mais malgré tout cela, il continue toujours sa course de bénédictions. Certes, on est plus heureux de jouir de ses bienfaits, sans se détourner en quoi que ce soit de ses voies.

J'ai pensé aujourd'hui à l'étendue des possessions d'Israël, considérées comme demeure et comme héritage. Comme demeure, ils n'avaient que Canaan; comme héritage, ils avaient jusqu'au fleuve. Le ciel, la Canaan céleste, est déjà notre demeure par l'Esprit, mais, par la puissance du Saint Esprit, Israël aurait dû poser partout son pied jusqu'au fleuve. Ainsi ce monde même sera le domaine des saints (Satan étant lié), lorsqu'ils prendront possession de l'héritage, et les miracles étaient appelés les puissances du monde à venir, parce que, effectivement, on était délivré de la puissance de l'ennemi par ce moyen.

Or Israël n'a possédé que peu de temps (sous David, type de Jésus) toute l'étendue du pays qui lui était offert, pour autant qu'il y portât la plante de son pied. L'Eglise aussi n'a possédé que dans ses beaux jours la puissance qui soumettait à sa domination tout ce qui lui était promis. C'est pourquoi il est plus réjouissant d'avoir son nom écrit dans le ciel que de chasser des démons.

Je reçois à l'instant la nouvelle de la réussite de l'opération. Nous en bénissons Dieu, cher frère; c'est un soulagement de sa bonté. J'espère que ce sera comme un renouvellement de communion et de rapports avec lui. Il a voulu que vous vous soumissiez à cette épreuve; mais la soumission lui est agréable. J'ai le sentiment que ce sera le commencement d'un plus grand, et, dans un certain sens, d'un nouveau bonheur spirituel. Au commencement, vous sentirez le bonheur de votre position, et c'est un bonheur réel. Après, il faut marcher de manière à réaliser la présence de Dieu dans les combats qui appartiennent à cette position; sans cela, il y a tristesse et peine.

Canaan n'était jamais l'Egypte; c'était un progrès évident; mais Haï et Gabaon ont témoigné du manque d'humilité et de dépendance du peuple dans cette position. Les chrétiens oublient cela quelquefois et s'en prennent à la position, lorsqu'ils devraient s'en prendre à eux-mêmes.

Je crois que ce temps est pour les frères, dans leur petite mesure, un moment de bénédiction et de rafraîchissement. Oh! qu'ils sachent en profiter et se réjouir en tremblant; profiter vraiment de la présence de Dieu qui donne la joie et non pas seulement de la joie que sa présence donne. C'est bien autre chose, car, en se réjouissant seulement, on perd sa force, au lieu de le glorifier. Et cependant nous devrions être joyeux; cela est dû à sa gloire, lorsqu'il nous bénit.

Madame X. aura été assurée de notre satisfaction à apprendre que Dieu l'a fait heureusement passer par cette pénible épreuve. Nous en bénissons Dieu sincèrement. Saluez toute votre maison. Je jouis du sentiment de la présence de Dieu, et cela encourage dans l'oeuvre.

Votre très affectionné.

Lettre de J.N.D. no 169 – ME 1897 page 417

à Mr F.

Montpellier, 1848

Bien cher frère,

… Il n'y a pas, il me semble, 'assez de prières chez les frères; ils ne cherchent pas assez des choses positives de la part de Dieu. Ils se fient à la vérité; dans un sens ils ont raison, mais ils ne se fient pas assez à Dieu, ils n'ont guère l'idée que des choses dont ils ont besoin puissent leur être accordées. Je crains cette tendance. Nous avons eu un jour de jeûne et de prières ici, et bien que nous fussions peu nombreux, cette journée a été vraiment bénie. Il est doux de se placer devant le Seigneur; cela amène tant de bénédictions! C'est ce qui manque aussi dans les petites réunions où il n'y a pas beaucoup de secours; elles ne se placent pas assez, avec une foi commune, devant Celui qui aime à les nourrir et qui fait trouver de la pâture aux brebis qu'il mène dehors. Prions qu'il communique beaucoup de cet esprit aux siens. La piété personnelle est aussi une grande chose pour les frères; on est heureux là où il y en a, on est calme, satisfait et jouissant d'un bonheur connu. Il n'y a pas cet appétit morbide qui a besoin de quelque chose qui excite.

Que Dieu donne à ses chers enfants d'être beaucoup dans sa communion…

Je suis bien paisible et tranquille quant aux saints; peut-être seront-ils criblés moralement et dans la proportion dans laquelle ils se caractérisent comme habitants de la terre; mais si l'on garde la parole de la patience de Christ, on sera gardé, la porte restera ouverte, et personne ne la fermera. Dieu ne change pas avec les événements; les événements sont pour le monde, la Parole qui demeure éternellement est pour les saints. Si nous l'avons comprise par la foi, nous n'avons pas à regarder ailleurs; les événements ne la changeront pas. Jusqu'à présent Dieu nous a gardés à travers tout, et n'a pas même permis que notre marche ait été entravée: que son nom en soit béni! et je me fie à lui pour qu'il nous garde jusqu'à la fin, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus besoin de ce témoignage, et alors, nous aurons quelque chose de bien meilleur, le repos avec lui, le repos que mon âme souhaite ardemment, quoique je sois heureux, très heureux qu'il me soit permis de travailler pour le Seigneur Jésus Christ.

Saluez beaucoup tous les frères et votre famille. Paix vous soit, cher frère, avec la présence de Jésus.

Votre tout affectionné.

Lettre de J.N.D. no 170 – ME 1897 page 458

à Mr F.

Harlem (Hollande), 31 août 1854

Bien cher frère,

… Dieu m'a ouvert quelques portes ici, en Hollande, où il paraît qu'il veut agir quelque peu parmi les messieurs et les ouvriers. C'est plutôt dans la première classe que j'ai pu m'occuper de son oeuvre; au reste, je ne sais pas le hollandais, de sorte que je ne puis me faire comprendre que de ceux qui parlent français. Nous avons rompu le pain, M. B. et moi, avec une intéressante famille à laquelle M. B. a été en bénédiction et dont le chef est grand ami du roi.

Il a aussi pris la cène, mais sa femme et sa belle-soeur sont passablement au clair. J'ai vu hier M. v. W., à qui notre frère K. a été utile, par la grâce de Dieu. Il est, ainsi que sa femme, plein de joie, et désireux de glorifier le Seigneur. Nous avons eu une réunion nombreuse pour l'endroit. Je vais ce soir à Amsterdam tenir, Dieu voulant, une réunion plus mélangée dans son caractère, car il y aura des personnes qui ne parlent que hollandais. Que Dieu veuille nous aider.

Nos frères d'Elberfeld, dont la frontière touche à la Hollande, sont déjà bénis pour ses habitants.


1er septembre

J'ai eu une bonne réunion hier soir à Amsterdam. J'étais heureux et les auditeurs très attentifs; on m'a prié d'en tenir encore une, ce que j'espère faire lundi.

Quant à Apocalypse 13: 5, je ne pense pas que ce soit «faire la guerre». C'est une question de ce qu'on doit lire dans le grec, et non pas une question de traduction. Il n'y a guère d'autorités pour «faire la guerre». Aucune édition de quelque autorité ne lit ainsi. Du reste, je ne crois pas que l'empire romain fédéral soit déjà formé, et que la seconde Bête paraisse déjà en Judée, ainsi que je le pense; mais je crois que ce qui a lieu prépare les choses, et que Gog et l'empire d'Occident se détachent du fond de la scène et se groupent.

Je ne doute pas que, en Apocalypse 4, le Seigneur n'ait abandonné le sanctuaire, c'est-à-dire celui d'ici-bas. On y voit Dieu en haut, et agissant pour l'introduction du premier-né dans le monde. Mais la patience de Dieu est longue, fruit glorieux de son amour, et le Saint Esprit n'abandonne pas l'Eglise, aussi longtemps qu'il y a une âme à bénir ou un pécheur à appeler à sa connaissance, pour faire partie du corps. Il faut se souvenir que l'Eglise proprement dite monte elle-même, quand le Saint Esprit (en tant que demeurant en elle) quitte cette scène, ce qui fait une différence remarquable d'avec l'abandon du sanctuaire d'ici-bas de la part de Dieu.

Jusqu'alors, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'Eglise elle-même monte en haut, le Saint Esprit ne monte pas non plus. Il peut se retirer toujours davantage dans les limites du vrai corps de Christ sur la terre, en retirant, d'une manière actuelle, ses membres du milieu de l'église professante, mais il reste ici-bas, jusqu'à ce que l'Eglise elle-même s'en aille. C'est dans cette oeuvre de séparation qu'il se montre si peu de puissance, seulement, encore ici, Dieu manifeste sa grâce en agissant malgré notre faiblesse et là où notre peu de force nous empêche d'arriver.

Prions-le, afin que nous sachions mieux répondre à tant de bonté et entretenir les consciences et les coeurs de tant de personnes qui, quoique converties, marchent dans l'ignorance de ce que c'est que l'Eglise. Je sens cela comme vous, et cela profondément, je le crois, malgré les bénédictions réelles pour lesquelles nous devons lui rendre de constantes actions de grâces.

Je crois que Dieu agit dans ce pays, que son nom en soit béni! Saluez affectueusement les frères. J'espère, si Dieu me l'accorde, les voir avant longtemps. Saluez Madame F., et Suzanne, et Madame S. Votre bonne soeur jouit, Dieu en soit béni, du repos que nous attendons, soit ainsi, soit par la venue de notre précieux Jésus. Elle n'est plus là pour nous saluer… tout cela aide à porter nos pensées en avant et plus haut. Grâce vous soit, cher frère, la paix de Jésus et de notre Dieu.

Votre tout affectionné.