Réflexions pratiques sur le livre des Proverbes

 ME 1897 page 41

 

Réflexions pratiques sur le livre des Proverbes. 1

Introduction. 1

Chapitre 1. 3

Chapitre 2. 8

Chapitre 3. 10

Chapitre 4. 15

Chapitre 5. 20

Chapitre 6. 22

Chapitre 7. 24

Chapitre 8. 25

 

Introduction

Le livre des Proverbes a trait directement au gouvernement de Dieu sur la terre, plus entièrement même que les Psaumes, parce qu'il est moins prophétique. La prophétie, qui se rapporte à Christ et au résidu, considère nécessairement le fait que le Seigneur a été rejeté de la terre, et plusieurs avec lui. C'est pourquoi elle jette, bien qu'obscurément, une certaine lumière sur ce qui est au-delà de ce monde, ne fût-ce qu'en nous parlant de la résurrection et de la résurrection de Christ, et de sa séance à la droite de Dieu. Les Proverbes n'abordent pas ces sujets-là. Ils nous apprennent quel est en pratique le sentier de l'homme ici-bas, lorsqu'il est guidé par l'intelligence morale que lui donnent la crainte de Dieu et la parole divine, et font connaître ce que la vraie sagesse lui enseigne. Mais ce livre nous montre que cette sagesse est de Dieu, et ne peut se trouver réellement en dehors de lui, et ainsi, bien qu'obscurément, il nous conduit à Celui qui est la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu.

Le corps du livre consiste en détails se rapportant à la vie pratique. Les neuf premiers chapitres posent plutôt des principes généraux, et exposent les caractères du mal à éviter. La propre volonté est placée en contraste avec la sagesse. De là vient que le commencement ou le principe de la sagesse en nous est la crainte de Dieu. Dans les Proverbes, nous avons plus spécialement la crainte de l'Eternel, parce que c'est le nom que Dieu prend dans son alliance avec Israël, et que ce nom doit gouverner cette crainte et être en elle un autre élément. Mais la répression de notre volonté suppose nécessairement la volonté d'un autre. Or Dieu est la seule juste et vraie source de toute obligation, car il est souverain, et a le droit de vouloir. Il a établi des relations et créé des devoirs, et l'homme a acquis la connaissance du bien et du mal; mais ces choses ne peuvent être conservées clairement et fermement dans l'âme qu'en les rapportant à Dieu. En effet, le premier des devoirs est envers Dieu; regarder uniquement à lui garde l'oeil simple et dégagé du moi quant aux autres devoirs à accomplir. Car outre la propre volonté et la licence en elle-même, c'est-à-dire l'absence de frein, l'existence de l'esprit d'indépendance et, par là, la séparation d'avec Dieu, a produit en nous des désirs pour les autres choses. Il nous faut un objet; or, nous avons laissé Dieu et nous ne nous suffisons point à nous-mêmes; de là viennent, de la chair et de l'esprit, les convoitises pour les autres choses. Pour être satisfaits, ces convoitises et ces désirs du coeur, joints à la puissance de Satan, ont élevé un système immense et compliqué — le monde — et nous avons besoin, pour le traverser, d'être guidés et enseignés. Il nous est nécessaire, au milieu du monde, de connaître la volonté de Dieu; il nous faut la sagesse dans son application aux détails de notre vie.

Pour le chrétien, suivre Christ, être imitateur de Dieu, est le point capital; cependant il doit aussi marcher «soigneusement, non pas comme étant dépourvu de sagesse, mais comme étant sage, comprenant quelle est la volonté du Seigneur». Le christianisme va plus haut que les Proverbes, car il fait agir selon des motifs divins qu'il donne. Dans les Proverbes, on trouve l'expérience, mais c'est celle de quelqu'un qui juge selon la crainte de Dieu; or cette expérience-là est d'une grande utilité. Comme nous le savons, Salomon a demandé et obtenu cette sagesse, et, dans ce livre, il nous donne l'expérience qui en résulte.

On trouve plusieurs mots employés en rapport avec l'objet du livre. D'abord, «la sagesse» soit en pratique, soit en expérience; c'est aussi le mot pour caractériser l'homme habile. Il désigne les sages de Babylone, et est toujours employé quand il s'agit de la sagesse que Dieu donna à Daniel. Ensuite, nous avons le mot qui signifie «instruction», avertissement, avis, et quelquefois aussi châtiment ou correction. Puis il y a le «discernement». En rapport avec l'homme simple ou dépourvu de sens, susceptible d'être mené par n'importe qui, nous trouvons l'expression «prudence». Pour ceux qui sont jeunes, il y a «la connaissance», puis «la réflexion», ce qui rappelle les choses à l'esprit pour les considérer. Enfin l'on trouve «les paroles», les plans et les conseils «des sages». L'«instruction» a pour objet la sagesse ou une conduite sage, «la justice», le juste jugement et la droiture. Outre cela, nous avons encore «la science». Le sage croîtra en science; mais c'est une chose à atteindre: le sage y atteindra, et l'intelligent acquerra du sens pour comprendre et interpréter les paroles obscures et les proverbes en lesquels la sagesse est renfermée.

Tels sont les objets proposés dans les Proverbes; non point pour y arriver par l'habileté de l'homme, mais en commençant par la crainte de l'Eternel et en croissant ainsi en discernement. Il est toujours nécessaire de ne pas être «comme dépourvus de sagesse, mais comme étant sages». Un vrai chrétien peut, par manque de prudence, faire quelque chose qui le placera toute sa vie dans des difficultés, et dans ce cas, tout en ayant été vraiment sincère, il y aura eu sans doute de sa part manque de soin et insouciance. Mais le christianisme me semble avoir un caractère de sagesse particulier, indiqué par ces paroles: «simples quant au mal, sages quant au bien». Le chrétien suit Christ en lui obéissant, et c'est le sentier de la sagesse où il a la lumière de la vie. Il est tellement gouverné par des motifs, Christ étant tout pour lui, que son chemin est simple: «Tout son corps est plein de lumière, n'ayant aucune partie ténébreuse». Cette sorte de sagesse diffère un peu de celle qui est proposée dans les Proverbes, bien qu'elle aussi nous rende sages dans notre conduite. C'est de la sagesse, mais plus simple, parce que l'on est davantage gouverné par des motifs et que l'on suit Christ.

Chapitre 1

Je vais maintenant m'occuper de la sagesse, telle que nous la trouvons développée dans les premiers chapitres du livre. La première chose est la connaissance de la sagesse et de l'instruction. Tel est partout l'objet général du livre — c'est-à-dire l'expérience d'un homme sage, d'un homme corrigé et discipliné, dans les choses où il en avait besoin, dépouillé de volonté propre sous toutes ses formes; la sagesse concernant plutôt ce qui est extérieur, et l'instruction s'appliquant à ce qui est intérieur. A cela s'ajoute le discernement des choses qui diffèrent; «discerner les paroles d'intelligence», c'est avoir un esprit judicieux relativement aux choses qui passent devant nous; un esprit qui en fait la différence, et particulièrement dans les choses qui sont dites.

Le passage suivant élargit la pensée; il présente l'objet et le caractère de l'enseignement que la sagesse renferme, là où il doit être donné. La sagesse, l'instruction et le discernement étaient, dans les Proverbes de Salomon, le but proposé. Mais quel caractère ces choses revêtaient-elles si quelqu'un les recevait? C'était la bonne conduite ou conduite sage, la justice, le jugement juste et la droiture. Les simples et les jeunes gens sont ensuite placés devant nous. Les Proverbes devaient les rendre intelligents et attentifs à ce qui se passe, afin de savoir où ils en sont, comment agir au milieu des choses qui se présentent, de manière à ne pas se laisser égarer, et ainsi être capables de traverser le monde sans être trompés par lui.

Nous avons donc dans ces versets le résumé de la sagesse et de l'instruction. Ce n'est pas un simple système complet, mais nous y apprenons les choses qui doivent nous caractériser au besoin et faire partie de nous-mêmes.

Un dernier point est mentionné ici — accessoire quant au reste, et qui, bien que d'un caractère moral, est plus pour la jouissance intellectuelle, que les obligations de la sagesse. C'est la capacité de découvrir le sens des énigmes et des paroles obscures qui revêtent la vérité morale d'une forme qui lui donne du piquant et de la puissance, et la cache sous un dehors qui, lorsqu'on l'a pénétré, donne un aspect particulier à la relation dans laquelle elle se trouve avec la sagesse, fait saisir plus profondément et d'une manière plus intime la vérité, et la présente avec une vivacité plus grande. En voici un exemple simple: «L'épine dit au cèdre du Liban: Donne ta fille pour femme à mon fils; mais une bête des champs du Liban a passé et a foulé aux pieds l'épine» (2 Rois 14: 9). Comment rendre d'une manière plus frappante la faiblesse du roi de Juda! Les proverbes et les paroles obscures, les énigmes et les paraboles, rentrent tous dans cette classe. L'intelligence spirituelle est souvent nécessaire pour en saisir l'application.

Là se termine la préface. Salomon maintenant entre dans son sujet. «La crainte de l'Eternel est le commencement de la connaissance», — non de la sagesse, mais de la connaissance: parole d'un grand poids. Toute vraie connaissance, toute connaissance morale commence en donnant à Dieu la place qui lui appartient. Sans cela rien de juste ni de vrai, car laisser Dieu en dehors falsifie la position et la relation de toutes choses. Je puis connaître les faits physiques et ce que l'on nomme les lois de la nature (c'est-à-dire des abstractions tirées des faits qui se reproduisent uniformément dans les mêmes circonstances), mais c'est tout, sans la vraie connaissance. Il est vrai qu'il y a des relations établies, telles que celles entre parents et enfants, entre mari et femme, et d'autres qui ont pris naissance depuis que l'homme est déchu; mais le bien et le mal se rapportent à chacune des relations à sa place. Et non seulement la crainte de Dieu est un motif qui maintient leur autorité dans le coeur, mais si je laisse Dieu en dehors, il manque à ces relations ce qui les a instituées et leur donne leur autorité. Dans un cintre, chaque pierre a sa place assignée, mais aucune ne peut la garder, si la clef de voûte manque.

Outre cela, la crainte de Dieu met de côté la volonté. L'action qu'elle a sur l'autorité naturelle constituée, ou même sur les obligations mutuelles, est évidente. De plus, je ne puis pas même connaître pleinement les choses physiques sans la crainte de Dieu, parce que la notion de cause s'introduit nécessairement dans cet ordre de faits; et combien la crainte de Dieu, du Créateur, touche ce point, est trop évident pour que je m'y arrête. La principale théorie de l'antiquité, presque universellement reçue (et en pratique, on peut dire universellement), était qu'il n'y avait et ne pouvait y avoir de création.

La seule exception à ce système, pour autant que je sache, était celui qui admet la production par une monade inconnue d'une cause bonne et d'une mauvaise. Telle était la croyance des Bactriens et des Perses, la doctrine de Zoroastre. D'autres cherchaient à résoudre la difficulté que présente le problème de l'existence des choses, par le système des émanations. Il était impossible, suivant eux, que le Dieu suprême, la monade, eût affaire avec la matière. Plusieurs, et ils étaient nombreux, avaient donc recours aux éons, êtres émanés ou produits par la monade primitive, et qui en produisaient d'autres à leur tour; d'autres admettaient comme intermédiaires des êtres qu'ils nommaient démons, c'était quelque chose d'analogue aux Férouers (esprits des hommes purs) de Zoroastre. Pour les Platoniciens, l'intermédiaire entre l'Etre suprême et la matière était le Logos (le Verbe). Mais ce n'est pas tout ce qu'il y avait dans ces systèmes d'invention humaine. La monade seule existait réellement. Quand elle sommeillait, rien d'autre n'était; s'éveillait-elle, les créatures apparaissaient, mais tout, en dehors de la monade, était Maïa ou illusion, une vaine apparence; quand elle dormait de nouveau, elles disparaissaient. La vraie philosophie consistait à découvrir cela, à en avoir fini avec la création, et à être absorbé dans l'esprit universel, dans l'esprit divin seul existant. Il pouvait y avoir des modifications de ces théories, car des centaines de millions d'hommes croyaient et croient que la matière est éternelle, et que la vraie philosophie ou la vraie connaissance consiste à être délivré de la matière et d'arriver au Nirvana, c'est-à-dire à être éteint, comme une lampe qui a fini de brûler.

Est-ce là la connaissance? L'esprit est sans doute bien au-dessus de la matière; mais Dieu n'était ni connu, ni craint. Il y avait peut-être des dieux, mais ce n'était pas Dieu, et ces dieux étaient des créatures temporaires, semblables aux hommes, et plus que semblables à eux par leurs passions et leurs vices, mais il n'y avait là aucune vraie connaissance. La délivrance était dans la connaissance que toutes choses n'étaient rien. Quelques-uns auraient voulu faire un Bouddha au-dessus de Dieu, d'autres absorber l'homme en Dieu, tout le reste périssait ou plutôt disparaissait, car, en réalité, pour eux, il n'y avait rien à faire périr. N'y a-t-il maintenant rien de semblable à ces vaines spéculations, là où n'existe point la crainte de Dieu? Que dirons-nous des théories modernes sur le développement des espèces, qui voudraient nous persuader que tous les animaux proviennent d'un mollusque à peine reconnaissable aux traces qu'il a laissées dans quelques couches inférieures des terrains silurien et cambrien, ou, suivant un système plus récent, de quelque autre analogue, comme un polype ou un grapholite, et qui font, d'un pingouin ou d'un singe, l'ancêtre présumé de l'homme? Tel est le système sérieusement proposé par quelques incrédules, tandis que d'autres, également incrédules, le combattent par des spéculations différentes, qui reconnaissent les espèces définies et permanentes.

Est-ce là la connaissance? Non. Raisonner sur des faits sans y introduire Dieu, même dans ce qui est la sphère légitime de la science expérimentale, laisse l'homme livré aux égarements de son esprit, qui ne saura et ne pourra jamais connaître la création sans la connaissance du Créateur, c'est-à-dire sans la foi qui comprend que les mondes ont été formés par la parole de Dieu, et que les choses qui se voient n'ont pas été faites de choses qui paraissent. Si nous considérons les choses morales et cette partie de la philosophie qui s'en occupe, il est évident qu'il ne saurait y avoir de vraie connaissance dans ce domaine sans la crainte de Dieu, car alors on entre dans la sphère des relations et des obligations, et comment verra-t-on juste, si on laisse dehors la première et principale de ces obligations? L'esprit de l'homme ne peut trouver en lui-même ce qui lui suffit. De fait, il a des aspirations, des désirs, et la pensée d'un être au-dessus de nous, d'une puissance en dehors de notre portée; la pensée de la bonté, du bien et du mal, d'une fin de notre être, de ce qui n'est point apparent. Si l'esprit ne peut se suffire à lui-même, se tournera-t-il vers ce qui est au-dessous de lui, vers les choses sensibles, et se contentera-t-il simplement d'exercer ses facultés dans ce domaine? S'il se tourne vers ce qui est au-dessus, les questions surgissent. Qu'est-ce que Dieu? Quelles sont mes relations avec lui? Comment commencent-elles, et où finissent-elles? Auront-elles une fin? Il faut, pour être en repos, que je connaisse Dieu. Dieu doit avoir sa place. Or mettre Dieu à sa vraie place, c'est la crainte de Dieu, qui est le vrai commencement de toute connaissance.

Mais ce n'est pas la crainte de Dieu que nous trouvons ici; c'est la crainte de l'Eternel, c'est-à-dire qu'il y avait une relation connue de l'homme avec Dieu, et c'est vivre dans cette relation, en donnant, par exemple, à Dieu sa vraie place dans notre esprit et notre conscience, comme nous trouvant dans cette relation révélée. Des personnes inconsidérées, courant follement selon leur propre volonté, méprisent la sagesse et l'instruction, l'expérience et le jugement d'un esprit mûr et expérimenté, ou ne tiennent pas compte de l'avertissement et de la discipline qui s'appliquent à ce qui n'est pas tel. Mais il y a un principe subordonné à la crainte de l'Eternel; c'est la soumission dans ces relations où il a établi, en premier lieu et d'une manière immédiate, l'autorité au-dessus des mouvements de la nature de l'homme — je veux dire l'autorité du père et de la mère. C'est la première obligation originelle; la volonté est placée dans la sujétion, et l'honneur à rendre, le devoir et le respect sont introduits. Les parents sont à l'entrée du sentier de l'enfant, en contraste avec sa propre volonté. Ce n'est pas une loi qui va à l'encontre de sa volonté pour la briser (à moins qu'il ne soit volontaire), mais ils sont là pour l'instruire, le former, le guider, toutefois avec autorité, et cependant honorés et respectés par l'enfant comme tenant la place de Dieu, et avec des affections qui produisent le bon vouloir au lieu de la propre volonté, mais c'est toujours l'autorité. Par conséquent, nous trouvons ici l'instruction, et pour guider, l'avertissement avec la discipline, et même le châtiment. Le fils ne doit donc pas abandonner les préceptes et les admonitions de sa mère, ces premières influences qui, de bonne heure, inclinent l'esprit vers le bien. C'est un principe d'une profonde importance. Cette relation entre parents et enfants n'est pas, comme le mariage, instituée la première de toutes. L'autorité est à sa base, mais l'autorité dans une relation d'affection; elle est ce qui, dès le commencement, forme et façonne, aussi bien qu'elle contrôle le caractère. Le nom de Père est celui que Dieu prend dans la plus haute expression de sa grâce envers nous. Ce n'est pas un législateur, mais une autorité dont la parole fait loi, lorsqu'il y a une question entre elle et notre propre volonté.

Cela termine le côté positif, le développement du bien, qui forme l'introduction des Proverbes. Ensuite vient le côté du mal: «Mon fils, si les pécheurs cherchent à te séduire, n'y acquiesce pas». Le mal est dans le monde, la séduction qui sollicite au péché en présentant ce qui attire le coeur. Ce que nous voyons ici en premier lieu est le désir de la richesse, et la ruse et la violence mises en oeuvre pour l'obtenir. La corruption et la violence sont les deux caractères du péché et les fruits de la propre volonté dans un monde déchu. Ici, l'homme n'est pas envisagé comme perdu et pécheur dans sa nature; il est sous des influences. Il est de ce monde et dans ce monde. Il est dans le monde, mais là il y a un chemin de la sagesse. Les premières influences sont supposées être celles vraiment saines du père et de la mère, et la crainte de l'Eternel. «Elève le jeune garçon selon la voie où il doit marcher, et lorsqu'il sera vieux, il ne s'en détournera pas»; tel est le langage de la sagesse. Les jeunes gens sont envisagés ici, comme nous les voyons chaque jour, croissant et sortant peu à peu hors des influences et de l'abri de la demeure de leur jeunesse — comme il est dit de la femme corrompue «qui abandonne le guide de sa jeunesse». Nous n'avons pas ici la lumière que jette l'Evangile sur la nature et l'état de l'homme, mais le sentier de l'homme, tel que celui-ci est élevé dans ce monde, et quelle y est la voie de la sagesse. C'est pourquoi la séduction des pécheurs est présentée, après qu'il a été parlé de l'influence du père et de la mère. Il y a les influences du bien et du mal dans le monde où nous sommes; le chemin de la sagesse et celui de la folie. Salomon commence en montrant le fils sous l'influence saine et divinement ordonnée du père; puis il parle de la violence amenée par le désir de la prospérité dans ce monde. Mais en tendant des embûches pour verser le sang, les pécheurs tendent des embûches contre eux-mêmes, contre leurs propres âmes. Avec cet avertissement et la connaissance qui en résulte, le filet est étendu en vain devant les yeux de l'oiseau. Tel est l'effet de la vraie instruction. Et cela conduit à l'avertissement lui-même propre à être entendu de tous — savoir que le filet est étendu.

La sagesse parle à haute voix et avec l'autorité de Dieu: «Elle fait retentir sa voix sur les places», principe important pour ce qui regarde les résultats du péché. Nous avons vu les soins des parents pour les jeunes gens afin de les préserver du mal, mais dans les voies de Dieu, il y a un autre témoignage: c'est l'avertissement et l'appel publics aux pécheurs que la sagesse fait entendre parmi eux: «La sagesse crie au dehors; elle fait retentir sa voix sur les places», là où il y a un concours de gens. Elle s'adresse aux simples et aux moqueurs, à ceux qui sont coupables mais trompés, ainsi qu'aux adversaires déclarés et outrageux; elle les appelle à se ranger à sa répréhension, et, dans ce cas, elle fera couler vers eux la pleine effusion de l'enseignement de l'esprit, et leur fera connaître les paroles de Dieu. Ce n'est pas ici l'effusion du Saint Esprit en eux — chose entièrement différente; mais l'esprit de sagesse était là pour eux, ainsi que les paroles de la sagesse pour les enseigner et les édifier.

L'expression est remarquable. On a là l'Esprit et la parole, bien que le premier soit pris dans le sens de l'expression de la vérité pour la bénédiction; il coule pour eux. En Luc 7, le Seigneur fait entendre ses plaintes, là où cependant la sagesse, dans toutes ses voies, était justifiée par tous ses enfants. Mais c'était en vain, de même qu'ici. C'est pourquoi, au jour du jugement et de la désolation, ceux qui n'ont pas voulu écouter, crieront, mais il n'y aura pas de réponse. Ils pourront craindre le jugement, mais il n'y avait en eux ni amour de la vérité, ni soumission à la vérité, aussi ils mangeront le fruit de leur propre voie. L'aise, et la prospérité, et l'insouciance dans lesquelles ils ont vécu, seront leur ruine. Le passage ne va pas au-delà du jugement, mais du jugement final de Dieu, dans ce monde. La paix, au contraire, sera la portion de ceux qui prêtent l'oreille à la sagesse. Remarquons de plus qu'il n'y a aucune allusion à la grâce, ni à sa puissance pour renouveler ou vivifier. C'est l'homme dans ce monde, sous sa responsabilité, et traité comme tel.

Chapitre 2

Ce chapitre nous conduit plus loin. Il nous place plus spécialement sur le terrain du fils, de l'âme soumise et obéissante qui reçoit les paroles de conseil, et qui cache et garde en elle-même les commandements qui lui sont donnés, de sorte qu'elle incline une oreille attentive à la sagesse, et que le coeur s'applique à l'intelligence. S'il y a davantage, si l'on cherche l'intelligence comme étant d'une valeur inestimable, comme des trésors cachés, si on la cherche d'une manière avouée et publique, le résultat sera que l'on comprendra la crainte de l'Eternel et que l'on arrivera à la connaissance de Dieu.

Nous n'avons donc pas ici, comme au chapitre premier, un appel adressé aux hommes par la sagesse; mais c'est le coeur lui-même qui cherche la vraie sagesse comme son trésor et sa portion, et qui ainsi obtient l'intelligence de sa relation avec l'Eternel, et la connaissance de Dieu. «Car l'Eternel donne la sagesse». On ne l'acquiert pas par la simple intelligence humaine; ce n'est point par elle que je deviendrai plus sage; l'Eternel est Celui qui me donne la vraie sagesse. C'est ce qu'il a dit, c'est sa Parole qui donne la vraie connaissance et l'intelligence; celui qui les cherche ne manquera pas de les trouver.

Il y a plus. L'Eternel a mis en réserve pour l'homme droit des trésors de sagesse — ses propres conseils. C'est dans sa Parole que se trouvent ces trésors de sagesse et de connaissance pour ceux qui marchent droitement. De plus, il est leur bouclier et les abrite dans leur marche. Il veille ainsi sur sa propre voie qui est la leur. C'est un chemin sur lequel s'étend la protection divine. Il garde et protège les sentiers de juste jugement, quand les hommes y marchent dans sa crainte, et il préserve la voie de ses saints, car elle est la sienne, ainsi que Moïse le disait: «Montre-moi ton chemin», et alors l'Eternel devait aller avec lui. Quelle immense bénédiction! Nous pouvons être dans un désert où il n'y a point de chemin apparent pour l'homme, mais nous y avons le chemin de Dieu, tracé par sa propre présence. «Quand il a mis dehors ses propres brebis, il va devant elles». Sa parole est: «Suis-moi». Et encore: «Si quelqu'un me sert, qu'il me suive». Et alors, de même qu'ainsi Moïse vit pratiquement qu'il avait trouvé grâce aux yeux de Dieu, de même il est dit ici: «Alors tu discerneras la justice et le juste jugement et la droiture, toute bonne voie». Marcher droitement, c'est marcher d'une manière conséquente et dans la foi à ce que nous connaissons de Dieu. C'est ainsi qu'il est dit à Abraham et à Israël: «Sois parfait» (Genèse 17: 1; Deutéronome 18: 13). Ici, c'est à proprement parler de droiture qu'il s'agit. En marchant dans le sentier de Dieu devant lui, on a le discernement spirituel et toujours croissant de ce qui est bon et droit. C'est le côté positif, mais il y a en outre la manière dont on y est gardé du mal.

Lorsque la sagesse entre dans le coeur, lorsqu'elle forme ainsi l'esprit et les pensées, et que les désirs sont façonnés selon elle, et que cette connaissance est agréable à l'âme, alors vient la réflexion qui préserve du mal dont nous sommes entourés et des pièges placés devant nous. Elle sera là comme une sentinelle vigilante, et l'intelligence veillera aussi sur toi et te gardera, surveillant et gardant le sentier, comme nous l'avons vu précédemment.

Il y a ici deux choses dont on est gardé: la méchanceté et la corruption. Il n'est pas question d'être entraînés à se joindre aux hommes violents pour acquérir des richesses; ce dont nous avons à être gardés n'est pas non plus le mal qui nous serait fait par des hommes méchants; ici, la sagesse et le sentiment de ce qui est droit — ce à quoi nous conduit la crainte de Dieu — nous gardent de nous engager dans le mauvais chemin, celui de l'homme pervers. La méchanceté est trompeuse et cherche à séduire! Nous sommes enclins à nous endurcir par la séduction du péché (Hébreux 3: 13). Nous avons besoin de marcher avec circonspection, non pas comme dépourvus de sagesse, mais comme étant sages — sages à l'égard de ce qui est bon (Romains 16: 19).

Un coeur qui marche dans la crainte de Dieu et que cette crainte retient, un coeur revêtu d'humilité (l'opposé de l'orgueil) est guidé de manière à porter un jugement juste sur les hommes et les circonstances, et à voir le chemin de Dieu au milieu du concours de choses propres en apparence à égarer. L'âme connaît ainsi son propre chemin et n'a qu'à le suivre, toutefois dans la dépendance de Dieu. C'est donc de la voie de l'homme pervers qu'ici l'âme est gardée. Les serviteurs de l'Eternel sont supposés avoir, jusqu'à un certain degré, un sentier de droiture; la conscience naturelle aussi en a un: l'homme pervers l'a abandonné.

L'autre caractère du mal dont nous préserve la réflexion produite par la sagesse, est «la femme étrangère», les pièges et les attractions de la corruption. Telles sont les deux formes du mal: la méchanceté et même la violence et l'injustice, c'est-à-dire l'abandon de la loi et la recherche de la satisfaction des convoitises par la violence et la corruption. Il en fut ainsi avant le déluge; il en sera de même aux derniers jours où la bête et le faux prophète représentent ces deux principes.

«La femme étrangère» s'est écartée des deux principes salutaires que nous avons considérés, savoir la crainte de Dieu selon la révélation qu'il a donnée de lui-même, et l'administration des soins qui donnent autorité sur les premières pensées de l'homme, et, par conséquent, une place à de saintes affections et à la soumission.

 «Elle abandonne le guide de sa jeunesse, et a oublié l'alliance de son Dieu». Ici, tous sont supposés avoir eu affaire avec Dieu dans une relation connue, avoir été élevés dans ses voies, et être dans l'alliance du peuple de Dieu. Ainsi que je l'ai dit, ce n'est ni la nature, ni la grâce qui sont envisagées dans ce livre, mais les voies d'un peuple placé sous une alliance et sous la loi.

Les chemins de «la femme étrangère» conduisent à la mort. Le langage ici est plus fort que lorsqu'il s'agissait des ravisseurs du bien d'autrui, ou des hommes pervers, dans le passage qui précède. Leur méchanceté était grande, mais le chemin de «la femme étrangère» est celui de la mort. C'est la corruption et la destruction du coeur et de la conscience. Sous son influence, les vraies affections disparaissent et se changent en convoitises, la propre volonté cherche uniquement et pleinement à se satisfaire, là où il n'y a point d'affection, au lieu d'avoir en dehors de nous, dans quelque relation que ce soit, un objet que nous aimions et estimions. C'est le «moi» sous sa forme la plus vile et la plus absolue. Toujours, à travers tout, jusqu'à Babylone, sa dernière forme, «la femme étrangère», a contre elle le jugement de Dieu, et la ruine de l'homme est écrite sur son front pour ceux qui savent le lire.

Les deux premiers chapitres des Proverbes complètent, comme une sorte de préface, l'exposition du sujet — la vraie sagesse qui garde l'homme des différentes formes du mal dans ce monde, de ce que le péché y a introduit. Les derniers versets du second chapitre font voir que tout se rapporte au gouvernement de Dieu dans le monde, et suppose une relation avec Dieu connu comme l'Eternel en Israël — il n'y est point question de la nouvelle nature.

Chapitre 3

Les chapitres trois et quatre, bien que renfermant aussi des avertissements, nous apprennent, plus que les deux précédents, ce qu'est la sagesse, et quel jugement elle porte sur tout ce qui nous entoure. Remarquons, en premier lieu, que la soumission et l'obéissance sont d'abord ce qui caractérise le sentier de la sagesse; et ensuite, que l'on est guidé par elle comme étant dans une relation connue. «Mon fils», est-il dit, «n'oublie pas mon enseignement, et que ton coeur garde mes commandements».

Mais ensuite, nous voyons le jeune homme, auparavant conduit comme un enfant, placé maintenant de manière à ce que ses propres principes soient mis à l'épreuve, et que ce qui le gouverne intérieurement vienne en lumière. Il est encore docile à ce qu'il a appris et jusque-là dans la soumission; mais il s'agit actuellement de son propre caractère moral. Il a à se confier en Dieu intérieurement; il n'est plus sous l'abri du toit et de l'autorité paternels. Hélas! combien souvent l'on voit à ce moment le jeune homme s'écarter du chemin de la sagesse, et les belles espérances, les fleurs charmantes qui promettaient tant, se changer en fruits amers! C'est chose bien triste de contempler tant de jeunes gens, en qui le Seigneur aurait pris plaisir, suivre le chemin de leur propre volonté et les voies d'un monde corrompu, déchu et dégradé. C'est de ces dangers que les exhortations qui suivent cherchent à garantir l'esprit qui commence à être livré à sa propre responsabilité. La juste déférence due aux premières influences divinement établies, doit être maintenue dans l'âme. Et je ferai remarquer à ce propos que quelque fâcheux exemple et quelque mauvaise direction qui aient été donnés à la vie, les pires parents désirent cependant que leur fils soit vertueux; et, d'un autre côté, que la déférence envers père et mère restera comme un point lumineux chez le plus déréglé des fils, et sera dans sa vie une influence donnant plein espoir.

Avant d'entrer dans les détails, remarquons encore un point d'un haut intérêt: c'est la parfaite analogie que nous trouvons ici, dans le langage des Proverbes, avec ce qui nous est rapporté historiquement du Seigneur. «Que la bonté et la vérité ne t'abandonnent point», est-il dit au jeune homme. Or «la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ». C'est ce qu'il était; il en était la perfection, et c'est ce que le jeune homme devait chercher à garder. «Tu trouveras la faveur et la bonne sagesse aux yeux de Dieu et des hommes», est-il ajouté. Ainsi Christ «croissait en sagesse et en stature, et en faveur auprès de Dieu et des hommes», et il était soumis à Joseph et à Marie sa mère. Il est d'un très grand intérêt de trouver ainsi en Christ ce qu'ici la sagesse retrace comme étant le sentier divin de l'homme sur la terre. Nous voyons ainsi que, quels que soient les éléments de bien dispersés dans le monde, ils sont tous concentrés en Christ comme homme ici-bas. Ce n'est pas une simple doctrine théorique; l'oeil spirituel peut suivre ce que nous venons de dire dans les développements positifs du bien et de la vie dans la Parole, et cela est profondément intéressant. Ainsi, dans le Psaume 89: 1, nous lisons: «Je chanterai les bontés («Khasdim») de l'Eternel», et ensuite, au verset 19: «Tu as parlé en vision de ton saint» («Khesed») (*). Christ, dans sa Personne, a résumé cette bonté, ou cette miséricorde dont parle notre chapitre. Remarquons en passant que Luc, dans son évangile, présente plutôt le Seigneur comme l'homme agréable à Dieu, et Jean, comme Celui qui est venu de Dieu parmi les hommes. Il en est ainsi partout dans ces évangiles, mais les deux choses sont unies dans sa Personne.

(*) Khesed, d'où le mot Khasid, saint; c'est la bonté en Dieu; la piété dans l'homme envers Dieu, envers ses parents; la miséricorde. Christ lui-même, comme Celui en qui ces qualités se trouvent, est appelé Khasid. (Note sur 2 Chroniques 6: 41, 42)

 

Les quatre premiers versets de notre chapitre renferment donc le caractère dans lequel les divines influences de l'enseignement par les soins des parents, doivent former le commencement du sentier de l'homme responsable. Il ne s'agit pas d'une foi qui s'impose, mais du caractère d'une chose, et cela est à remarquer.

L'auteur inspiré entre maintenant dans les détails (verset 5 et suivants). Deux sentiers sont placés devant l'homme: l'un, celui de la confiance en Dieu pour être heureux; l'autre, celui de la confiance en soi-même et en sa propre sagesse. C'est là précisément où Eve a manqué. Elle n'a pas eu confiance en Dieu et en ce qu'il avait dit pour son bonheur; mais elle s'est appuyée sur sa propre intelligence. Elle pensait assurer mieux son bonheur en faisant ce qu'elle estimait lui être avantageux. Et c'est ce que fait tout pécheur; il croit être plus heureux en faisant sa volonté qu'en écoutant Dieu. La confiance en Dieu est le premier principe positif et actif de la vie et de la sagesse; le second est de reconnaître Dieu dans nos voies, en prenant, comme ce qui doit les former, sa volonté, son autorité, et non notre volonté et notre sagesse. Et nous avons à le faire ouvertement (verset 6). Alors il dirigera certainement nos pas; nulle sagesse humaine ne peut guider ainsi. Celle-ci peut être habile; elle peut connaître la nature de l'homme, mais Dieu a un chemin qu'il a établi moralement pour nous — sentier d'obéissance et de justice, sentier de Dieu; et lui qui l'a fait ainsi, est l'ordonnateur de toutes choses. à la fin son jugement prévaudra. Il est possible que nous ne le voyions pas ici-bas, et ainsi la foi peut être exercée. Là où s'exerce son gouvernement direct, il prévaut; mais dans tous les cas, comme résultat final, il prévaudra toujours. La «fin du Seigneur» est sûre; la tristesse peut accabler une nuit, pendant toute une saison, si cela est nécessaire, mais, pour l'âme fidèle, la joie vient au matin, un matin près d'éclore.

Mais la confiance en soi-même est la ruine: «Ne sois pas sage à tes propres yeux» (verset 7). Ils ne voient pas loin, s'ils ne voient que le «moi», et c'est, hélas! ce «moi» qui est toujours devant nos propres yeux. Comme nous l'avons vu, la crainte de Dieu, le sentier moral de sa crainte, est celui sur lequel il a les yeux en bonté, quelles que puissent paraître les circonstances; il s'agit d'y marcher et de s'éloigner de tout mal. Il y a quelque chose de plus que de marcher dans la crainte de Dieu; c'est d'abhorrer le mal, soit en lui-même, soit parce qu'il est contraire à sa volonté. Je pourrais marcher dans la crainte de Dieu et ne pas faire moi-même le mal, sans être pour cela effectivement caractérisé par la séparation d'avec le mal. Nul doute que marcher droitement, est ne pas faire le mal; mais le mal est dans le monde; et il y a, pour ainsi dire, un caractère positif de relation avec lui; on a donc à se séparer de lui, à l'avoir en horreur. Adam, dans l'innocence, aurait marché droitement, n'aurait rien fait de mauvais, mais n'aurait pas eu à se séparer du mal: il n'avait rien à faire avec lui. Pour nous, il en est autrement; j'ai ou je puis avoir à me séparer du mal, à le laisser, à rompre avec lui. Cela est en rapport avec la sainteté.

Nous avons vu l'Eternel reconnu par la confiance de son serviteur et dans les voies de celui-ci. Il est nécessaire que nous ayons confiance en lui, pour que sa volonté nous guide dans nos voies. Nous arrivons maintenant à une autre manière de montrer le dévouement du coeur; c'est en reconnaissant que tout bien positif et toute bénédiction viennent de lui, et en le manifestant par l'offrande prompte, mais due, provenant d'un coeur de bonne volonté. On trouve ainsi la bénédiction — une bénédiction temporelle (versets 9, 10), car il faut bien nous rappeler que, dans ce livre, nous sommes toujours sur le terrain du gouvernement actuel de Dieu sur la terre. Des objets plus élevés peuvent causer de la douleur pour ce qui regarde ce monde, comme il a toujours été. Maintenant nous pouvons seulement appliquer le principe du gouvernement de Dieu; les épîtres de Pierre nous font connaître jusqu'où ce gouvernement s'applique à la position chrétienne.

Nous sommes amenés ainsi à considérer une autre face du gouvernement: l'Eternel châtie ceux qu'il aime (verset 11). Il n'y a pas seulement un gouvernement de ce monde pour une bénédiction extérieure, mais aussi un gouvernement direct et personnel qui s'occupe de chacun individuellement, vérité précieuse et pleine de grâce. «Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste» (Job 36: 7). Dieu agit envers nous personnellement pour notre bien. Il nous discipline «pour notre profit, afin que nous soyons participants à sa sainteté» (Hébreux 12: 6-10). C'est une grâce merveilleuse que Lui, le Très-haut et le Saint, veuille bien s'occuper continuellement de nous, afin que nous jouissions de Lui-même, car Il agit selon sa propre nature et en rapport avec tout ce qui en nous n'y répond point. La Parole tire deux conclusions de cette vérité que c'est l'amour de Dieu qui se manifeste ainsi. Dieu n'agit point sans qu'il y ait en moi une raison pour son action, et ce ne sera jamais sans amour de sa part. C'est pourquoi je ne dois pas mépriser la correction qui vient de Dieu, car il y a alors en moi une cause qui fait agir le Dieu saint, le Dieu qui est amour. Il ne le faut donc pas perdre courage, car c'est dans son amour qu'Il me discipline. Il corrige comme Père un fils en qui Il prend plaisir. Tout ce qui nous conduit à la possession de la sagesse est en réalité une bénédiction; et nous pouvons dire maintenant tout ce qui nous conduit à ce qu'est Christ, car Il est la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu. Sa parole doit habiter richement en nous en toute sagesse (1 Corinthiens 1: 24; Colossiens 3: 16). C'est là réellement la sagesse.

(Versets 13-18). L'écrivain inspiré en parle ici comme elle était comme en détail par les saints de l'Ancien Testament. Il est évident qu'il ne pouvait pas dire qu'ils avaient la pensée de Christ, mais, outre la loi, des rayons, venant de cette pensée, se répandaient d'en haut par inspiration. C'est ce qui liait sûrement le coeur. La sagesse est la pensée du Seigneur. Bienheureux l'homme qui la trouve, et dont les pensées sont réglées selon l'intelligence, c'est-à-dire selon la communication de la pensée de Dieu, et non selon la volonté de l'homme. Dans les versets 14 et 15, la sagesse est comparée à des trésors terrestres; la bénédiction l'accompagne, même dans ce monde, mais c'est plus qu'une bénédiction extérieure: c'est un sentier de paix et de tranquillité d'esprit, de joie du coeur, parce qu'il n'y a rien qui pèse sur la conscience et qu'ainsi le coeur est capable de jouir. Il n'y a pas des désirs non satisfaits, mais des affections libres; point de volonté inquiète, mais le sentiment de la faveur divine. En vertu de cette communion avec Dieu, la sagesse est un arbre de vie pour ceux qui la saisissent. Le verset 18 va plus loin que le verset 13. Dans celui-ci, la sagesse est présentée comme une chose que l'on cherche; dans celui-là, elle est une chose que l'on tient ferme, que l'âme garde, apprécie et en quoi elle est gardée. C'est la pensée permanente et le propos déterminé de l'âme, comme lorsque Barnabas exhortait les nouveaux convertis d'Antioche à demeurer attachés au Seigneur de tout leur coeur (Actes des Apôtres 11). Ce n'est pas seulement: «J'ai fait la perte de toutes choses», mais «je les regarde comme une perte» (Philippiens 3). La connaissance de cette sagesse (et pour Paul, c'était plus pleinement la sagesse, car c'était Christ, et Christ dans la gloire) possédait tellement l'apôtre que le reste pour lui n'était rien. Il la tenait ferme et la gardait.

(Versets 19, 20). Remarquez que cela a un caractère permanent, aussi bien pour garder la sagesse que pour le faire de manière à ne pas la perdre finalement. Mais ce qui est connu d'une manière subordonnée dans la créature est déployé en puissance dans les voies de Dieu. Par la sagesse il a fondé la terre; c'était le plan conçu dans la pensée d'une sagesse ordonnatrice; en sa place, c'était l'expression de son dessein et de sa volonté, de ses pensées, et non le fruit, comme pourraient l'être nos efforts, d'une volonté qui agit au hasard, ou, en tout cas, qui ne connaît pas la fin dès le commencement. C'était l'agencement parfait de Celui qui a fait la terre et l'a disposée pour le dessein que sa sagesse se proposait. Et c'est ici que Christ est pleinement introduit. Car même le monde visible fut créé pour lui, afin qu'il en fût héritier, et, de plus, héritier dans la nature d'une de ses créatures; non la première et la plus élevée comme créature, mais celle pour qui la terre fut créée, afin qu'elle en fût le chef, et fût placée comme l'image de Dieu dans la création, mais prouvant par sa chute même qu'elle n'était qu'une créature; de plus encore, pour qu'il en fût héritier par la rédemption, dans laquelle devait être manifesté tout ce que Dieu est, bien que, dans sa soumission parfaite, Christ fût descendu dans les parties les plus basses de la terre. Toutes choses furent créées par lui et pour lui. La sagesse de Dieu et la puissance de Dieu sont manifestées en Christ. Il est le premier-né de toute la création, car par lui ont été créées toutes choses. Tout se concentre en lui, de même que par lui toutes choses ont pris naissance.

 (Verset 21). Or quand nous sommes obéissants et que nous marchons selon la pensée et la parole de Dieu, nous sommes placés dans le sentier préparé par cette sagesse infinie qui embrasse tout. Nulle créature n'en sort, si ce n'est parce qu'elle le veut; la volonté seule fait que l'on s'en écarte. Dieu ne donne pas une révélation qui se limiterait à l'étendue de nos esprits, parce que nous ne serions pas à notre place en elle. C'est la simple réception de sa Parole qui nous donne notre place et nous trace notre devoir selon la sagesse parfaite qui a tout ordonné et qui comprend tout. Cependant, par l'Esprit Saint, il y a dans l'Evangile une communication de la pensée et du dessein de Dieu. Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté; c'est pourquoi il est dit: «Qui a été son conseiller? ou qui a connu la pensée du Seigneur, pour qu'il l'instruise? Mais nous, nous avons la pensée de Christ». «Il nous a été fait sagesse de la part de Dieu», sagesse quant à la place où nous sommes, sagesse pour nous faire connaître Dieu, sagesse en nous le faisant craindre, et en nous montrant en Christ le sentier parfait de la sagesse dans la soumission, le dessein de la sagesse dans sa gloire, réunissant toutes choses en un, en lui, l'image du Dieu invisible. Et plus que tout cela, c'est une chose merveilleuse de dire: «Nous avons la pensée de Christ», quand Christ est la sagesse de Dieu.

Cette sagesse s'est montrée dans la structure de la création naturelle; toutefois il est impossible de séparer une partie d'avec son dessein entier. La partie la plus élevée était en dessein en lui avant que le monde fût; elle est maintenant hors du monde, et sera plus complètement accomplie lorsque ce monde aura passé; seulement c'est ici la scène où elle a été déployée — c'est ce en quoi les anges désirent regarder de près. L'Eglise est la grande sphère de sa manifestation, la sphère centrale où Dieu habite. Mais, dans la création, les choses les plus puissantes ainsi que les moindres sont également le fruit de la sagesse. La terre elle-même, les profonds abîmes, les fontaines jaillissantes, la rosée qui rafraîchit le tendre gazon, tout vient de sa main, tout est le fruit de sa sagesse.

Nous voyons ici en l'Eternel la sagesse, l'intelligence et la connaissance (versets 19, 20). Ensuite le jeune homme, le fils de la sagesse, est exhorté à observer le sain conseil (c'est un mot nouveau) et la réflexion. Nous avons vu ce dernier mot à la fin du verset 4 du chapitre 1. S'il le fait, ce sera pour lui la beauté et la grâce qui le rendront agréable aux yeux des autres, et, en même temps, ce sera intérieurement la vie, c'est-à-dire la puissance et la jouissance de la vie dans l'âme. C'est ce qui nous fera marcher en sûreté, de sorte que nous ne broncherons point. C'est la lumière du jour, de laquelle le Seigneur parle, le sentier divin où Dieu se trouve (comparez Jean 11: 9, 10; Philippiens 4: 8, 9); et quand nous nous coucherons, ce sera avec un sentiment de sécurité et de paix. Cela conduit à un autre point, c'est-à-dire la manière dans laquelle, en marchant ainsi, la confiance en l'Eternel est maintenue dans le coeur. «Si notre coeur ne nous condamne pas, nous avons de l'assurance envers Dieu». Il y a dans ce monde une chose étrangère à Dieu: c'est le pouvoir du mal ici-bas; et la crainte accompagne, pour l'esprit de l'homme, sa course inconnue et la puissance qui le guide. En marchant devant Dieu dans une sainte soumission, ce qui est notre sagesse, nous pouvons nous confier en lui qui est au-dessus de tout, lui sans qui pas un passereau ne tombe en terre. Nous ignorons ce qui arrivera, mais nous savons que le Seigneur est là, gouvernant et réglant toutes choses. Rien pour nous n'arrive au hasard; la main de Dieu est en tout, et nous nous confions en lui.

En vérité, toutes choses travaillent ensemble pour notre bien. En tout cas, et quoi qu'il en soit, nous nous confions en lui. Mais la sagesse est aussi généreuse et pleine de bonté et de prévenance envers les autres (car l'égoïsme est détruit), et elle agit avec simplicité et sans affectation, ce qui est toujours l'effet de la présence de Dieu sur l'âme. Elle est prête à donner, et ne feint pas avoir de la bonne volonté; quand pouvant donner elle ne le fait pas. La simplicité est le grand trait qui caractérise une marche en la présence de Dieu. De plus, le fils de la sagesse ne cherche pas à exercer un pouvoir qui donne ou fait paraître de la supériorité sur les autres; il n'a pas un esprit qui cherche à faire tort ou à nuire aux autres, ni qui soit jaloux d'eux; le calme et la paix résident dans le coeur de celui qui marche avec Dieu. Il est heureux en lui-même, et ne lutte pas sans trêve ni repos pour trouver le bonheur dans ce monde. Une mauvaise voie peut amener un homme à être exalté dans ce monde où règne le mal; mais ce n'est pas le chemin de la paix. Il ne peut être approuvé du Seigneur. Je puis ne pas en voir l'issue (Dieu nous l'a révélée en Christ; le jour de l'Eternel des armées est contre tout ce qui s'exalte et s'élève: Esaïe 2: 12), mais je sais que ce n'est pas le sentier d'une âme soumise à Dieu, et où se trouve la paix, et les désirs que pourrait réveiller un tel chemin sont réprimés par la présence du Seigneur et par la vraie sagesse du coeur qui regarde à lui. L'Eternel se rira de ceux qui se moquent de lui; ils seront honteux de leurs prétentions, de leur folie qui ne tient pas compte de Dieu. Mais la grâce, la faveur actuelle de Dieu, est la portion des débonnaires; et quand Dieu exercera sa puissance, les sages hériteront la gloire.

Chapitre 4

Ce chapitre place devant nous d'une manière spéciale la source de l'instruction; il nous dit de qui elle provient, et on la garde, sachant de qui on l'a apprise. Mais, en même temps, l'auditeur est placé sur le terrain de la responsabilité et du jugement de Dieu qui en résulte. Notons qu'ici l'instruction découle des soins fournis par une relation naturelle, mais selon l'ordre divin. Nous le voyons en Abraham à qui l'Eternel dit: «Je sais qu'il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Eternel, pour pratiquer ce qui est juste et droit, afin que l'Eternel fasse venir sur Abraham ce qu'il a dit a son égard» (Genèse 18: 19). Les affections des parents qui enseignent sont pleinement reconnues, et l'obéissance de l'enfant doit y répondre. Ce n'est pas la loi qui est mise en avant, mais c'est la sagesse et les commandements de la sagesse, la bonne doctrine et l'intelligence. Il y a ici la responsabilité, le commandement et le conseil; quant à notre sentier, il y a la sagesse divine que l'on a à suivre dans l'obéissance, mais il n'y a pas la loi. On a la connaissance divine au milieu du mal; la loi n'est pas cela, seulement elle défend tout mal. Ce que nous trouvons ici est dans l'ordre abrahamique, et non dans celui de Moïse, bien qu'un fils d'Abraham, placé sous la loi fût dans l'obligation de la garder. Cela est important à remarquer. En passant, je dirai que la loi est de toutes manières une règle parfaite pour l'homme dans la chair; mais Dieu a fondé la terre par la sagesse et non par la loi. La sagesse a une portée beaucoup plus étendue; c'est toute la pensée de Dieu. Pour nous, nous l'apprenons dans la soumission dans les relations subjectives naturelles que Dieu emploie comme moyens. La sagesse était enseignée de cette manière pour être retenue dans le coeur. Il fallait la découvrir, l'acquérir, ce qui ne pouvait se dire de la loi, car là il n'y avait rien à découvrir. On ne devait donc ni oublier la sagesse, ni se détourner d'elle (verset 5).

Il y a quelque chose de plus que l'attachement du coeur à ce qui est venu de Dieu, et par le moyen de cet enseignement dicté par l'affection. Il faut aussi garder les paroles de cet enseignement, retenir les commandements de la sagesse des parents, et la conséquence en est la vie. Nous trouvons dans ce qui est dit ici une ressemblance frappante avec les paroles de Christ dans le Nouveau Testament. Le sermon sur la montagne renferme précisément ces préceptes de la sagesse qui doivent être gardés. Le Seigneur dit aussi: «Si quelqu'un garde ma parole, il ne verra point la mort, à jamais». Il dit encore: «Si mes paroles demeurent en vous», et «Celui qui ne m'aime pas, ne garde pas mes paroles»; «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole». Il y a, en Christ, plus que cela, mais, en tout ce qu'il dit, il prend la place de la sagesse. Il était une Personne et une source de grâce, Celui en qui, dans une soumission parfaite, ces paroles s'accomplissaient, Celui dont les paroles étaient l'expression absolue de ce qu'il était. Toutefois, l'analogie entre le langage des Proverbes et les paroles de Christ est très remarquable. Il marchait dans la lumière de la volonté de Dieu, et il ne bronchait pas, et de même ici, dans notre chapitre, celui qui suit la voie de la sagesse, ne bronchera pas (versets 11, 12). C'est pourquoi «la sagesse est la principale chose»; elle est réellement «la vie», le sentier de la vie. La puissance qui introduira le droit et la justice dans le monde, n'est pas encore manifestée; elle le sera un jour. Actuellement notre sentier est la sagesse, la pensée de Dieu, le bien au milieu du mal et non pas ce qui ôte le mal. Cela, quant à l'état des choses, Christ l'accomplira lorsqu'il apparaîtra. Le chemin que nous avons à suivre, c'est la volonté de Dieu, le bien au milieu d'un monde qui s'est éloigné de lui; c'est la soumission avec le sentiment conscient que le moment n'est pas venu de la manifestation de la puissance, mais que nous avons à marcher dans les sentiers de Dieu en dépit du mal.

Ensuite, comme je l'ai fait remarquer, nous n'avons pas ici l'autorité qui garde l'enfant dans les sentiers du bien, mais l'insistance de l'amour, afin que, dans son coeur et comme une personne responsable, le jeune homme s'attache au bien qu'il a appris à connaître, qu'il prenne la sagesse pour l'objet et les délices de son âme, qu'il l'exalte et ne la lâche point. En elle est le chemin de la vie, de la grâce et de la gloire. Deux choses découlent de là: rien ne gène dans la course, et les pieds ne bronchent pas. Plusieurs semblent pressés d'aller nécessairement en avant, parce que la sagesse est une lumière et un guide; nous ne devons pas être embarrassés et en perplexité dans notre sentier, ne sachant pas quel chemin tenir, car la sagesse, qui discerne la volonté et la pensée de Dieu, le montre. Il y a une voix derrière nous, disant: «C'est ici le chemin, marchez-y» (Esaïe 30: 21); et nos pas seront maintenus dans les voies de Dieu, car, dans le chemin de ta sagesse divine, il n'y a rien qui fasse trébucher.

C'est une grande grâce. Le coeur est au large dans la marche, et les pieds sont saufs dans le chemin. Nous devons toutefois nous rappeler que Christ ayant été rejeté, les choses, dans un sens extérieur, ont été modifiées, bien que déjà auparavant le feu fût en réalité allumé. Par rapport à la chair, pour le coeur naturel de l'homme, la porte est étroite, et le chemin est étroit. L'esprit est véritablement et entièrement au large et libre dans ce chemin, mais si la volonté et les passions humaines sont à l'oeuvre, il est étroit et difficile, et c'est à cause de cela qu'il est représenté sous cet aspect pour le coeur de l'homme. Si le mal n'était pas ici-bas, nous n'y aurions pas besoin d'un chemin. Avant sa chute, il n'était pas nécessaire à Adam d'en avoir un, et il n'y en aura pas besoin au ciel; mais il nous en faut un, et nous en avons un à travers le monde et le désert. Et il n'y en a qu'un seul, celui de la sagesse, qui est Christ, le coeur étant gardé par Dieu lui-même dans la voie qui vient de lui et qui convient à sa nature dans un monde méchant. De ce chemin de la sagesse, Christ est l'expression parfaite dans sa Personne. Avec cela, il y a le gouvernement de Dieu, mais non pas encore manifesté extérieurement, de sorte que le chemin conduit seulement à la croix; mais la bénédiction de Dieu s'y trouve, Dieu faisant travailler toutes choses ensemble au bien de ceux qui l'aiment, et si le chemin conduit à la croix, il a, comme fin bénie, une couronne céleste. Naturellement tout cela est plus clair pour nous maintenant; cependant, en substance, le chemin de la sagesse a toujours été le même; il a toujours été le sentier de la vie, tracé divinement depuis que le mal est entré dans le monde.

Depuis le verset 14, nous avons le contraste avec ce qui précède. Il y a un sentier positif de méchanceté, de propre volonté, que ce monde recherche. Celui qui craint Dieu ne doit absolument pas y entrer. C'est aussi un chemin tracé, un chemin dépeint dans tous ses résultats; mais c'est le chemin de la volonté de l'homme, le chemin de la haine. Ceux qui y marchent, aiment à faire tomber les autres; chose terrible! Mais c'est ainsi qu'ils montrent leur force, et la malice qui est dans le coeur; tandis que le mal qu'ils infligent aux autres est un signe de l'impuissance comparative de ceux-ci. Mais le sentier du juste aboutit à un résultat béni; il y récolte un fruit précieux; son chemin conduit à quelque chose qui est au-delà de ce monde; au contraire, il n'y a pas de fruits à attendre dans les voies des méchants; ils trouvent leur satisfaction actuelle dans la méchanceté. Ils se sont éloignés de Dieu, du lieu où se trouvent la bénédiction et la paix; et alors la propre volonté cherche en elle-même sa propre satisfaction. Le chemin des méchants aboutit à la mort; mais ce qui est jugé ici, c'est le chemin et non sa fin.

Mais il y a un chemin qui vient de Dieu, un esprit et une pensée qui sont de lui. Le juste, au milieu du mal, marche dans ce chemin qui est vu ici dans ses résultats pratiques, et comme de dehors. Quoique nous l'ayons ici-bas pour nous guider au milieu des ténèbres — et il consiste dans l'obéissance simple du coeur aux directions de Dieu et dans le renoncement à notre volonté — cependant il est de Dieu, et il conduit à lui, au jour dans sa perfection. C'est son sentier, mais tracé pour l'homme (c'est pourquoi en Christ nous le voyons suivi constamment d'une manière parfaite), et bien qu'il soit, quant aux circonstances, revêtu de la forme d'un sentier dans ce monde, cependant c'est le chemin de Dieu dans le monde, et il a pour fin ce qu'il est en lui-même et dans sa source, c'est-à-dire la lumière du jour dans sa perfection. C'est une image pleine de beauté. En effet, l'aube du jour découle de la lumière parfaite et est en elle-même lumière parfaite, mais elle fait, pour ainsi dire, son chemin à travers les ténèbres, et enfin aboutit au plein jour. Ainsi ce sentier, venant de Dieu, et dans lequel l'homme reconnaît sa relation avec Dieu et avec tous ceux avec qui Dieu l'a mis en relation, selon sa volonté et dans la dépendance, aboutit dans la pleine lumière de la relation elle-même. En Christ, nous avons de cela l'expression parfaite. Venu de Dieu, il a marché comme homme d'une manière parfaite selon Dieu au milieu du mal. Comme homme, il a achevé sa course dans la gloire, après avoir été lui-même lumière tout le long du chemin, et traçant dans le monde le sentier de la sagesse.

Aussi, celui qui Le suit ne marche point dans les ténèbres, mais il a la lumière de la vie. Christ met lui-même en contraste le chemin du méchant avec celui de la sagesse, dans un langage presque semblable à celui des Proverbes: «Encore pour un peu de temps», dit-il, «la lumière est au milieu de vous; marchez pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne s'emparent pas de vous; et celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va» (Jean 12: 35). Par rapport aux autres, marcher dans la lumière, c'était croire en lui; par rapport à son propre sentier, c'était faire la volonté de son Père (voyez Jean 11: 9, 10). Et remarquez que, dans ce dernier passage, il parle de la lumière en lui; elle n'est pas dans le méchant, et le monde est toujours dans les ténèbres. Il n'en est pas ainsi de celui qui a Christ — Dieu en l'homme — comme lumière, comme sagesse de l'homme dans ce monde, comme la lumière de la vie.

Le reste du chapitre (versets 20-27) renferme de pressantes exhortations. L'oreille doit être attentive aux paroles de Dieu; l'oeil doit être arrêté sur elles; il faut les garder au fond du coeur, centre et ressort de la marche; il faut les garder constamment. C'est en réalité ce qui est nécessaire, et sur quoi il est insisté: «Garde ton coeur plus que tout ce que l'on garde, car de lui sont les issues de la vie». Tout va bien, si cette source des pensées et des affections est remplie de la parole de Dieu. Les paroles de Christ doivent demeurer en nous; les affections du cœur être formées en elles et par elles, et nous verrons, dans le bien comme dans le mal, la vérité du passage: «Mon oeil afflige mon coeur». Dans la parole et la sagesse révélée de Dieu (sans parler de ce qu'elle est l'instrument par lequel nous sommes engendrés de Dieu), il y a pour l'homme renouvelé une puissance qui saisit le coeur et la conscience, et qui fixe la pensée de l'homme intérieur de manière à le former. Elle produit le bien au dedans de nous; nous vivons par elle; nous sommes transformés en l'image de ce que nous contemplons. «Sanctifie-les par la vérité», dit le Seigneur; «ta parole est la vérité». Et encore: «Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité». C'est le chemin de la vie, c'est la santé et la liberté du coeur pour l'homme tout entier.

Mais nous avons affaire avec le mal en nous-mêmes. Ici ce sont les voies du mal, car l'Ancien Testament ne s'occupe pas du vieil homme et du nouvel homme, ce qui suppose la connaissance de Christ. Nous devons éloigner de nous la fausseté de la bouche et la perversité des lèvres. Celui qui tient sa langue en bride est un homme parfait, capable aussi de tenir en bride tout son corps. C'est le premier indice de la volonté et de la passion chez un homme insoumis de ne pas savoir retenir sa langue, comme aussi chez celui qui la retient, c'est l'indice d'un parfait empire sur lui-même. Non seulement il ne faut pas suivre le mal, mais aussi rejeter loin la fausseté de la bouche et la perversité des lèvres (comparez Colossiens 3: 5-9).

Ensuite, il nous faut avoir un oeil simple quant à l'objet que nous poursuivons. Si le sentier est étroit, il est droit aussi, et en regardant en avant, on a de l'énergie pour le suivre. «Je fais une chose», disait Paul. Par conséquent, il y avait pureté d'affection. Nous sommes moralement ce que nous aimons et à quoi nous pensons comme objet. C'est notre yrçnjma, notre pensée, ce à quoi notre esprit s'attache. Il n'y a point de distraction; l'esprit ne s'arrête point sur la vanité. S'il en est autrement, la porte se ferme à ce qui est saint et bon, et ce qui n'est pas de Christ entre dans le coeur; Dieu est obscurci dans l'âme, sa lumière et son amour lui sont cachés, sinon mis en doute; la communion n'existe plus, ni la paix et la liberté d'un coeur où réside la sainteté. On sent la puissance du mal; elle s'attache au coeur, et il n'est pas aisé de s'en débarrasser, bien que la grâce le fasse. Ce n'est pas la foi qui alors est en activité — le nouvel homme dans les choses qui lui sont propres — mais c'est la conscience qui nous fait sentir que nous avons mal agi à l'égard de l'amour et de la faveur dont nous sommes les objets.

De plus, nous avons à peser ou à considérer le chemin de nos pieds. Une marche insouciante et sans prudence n'est pas selon la crainte de Dieu. C'est de l'indifférence à l'égard de Dieu qui a tracé pour nous un sentier de sagesse où nos pieds peuvent marcher. «Et que toutes tes voies soient bien réglées». C'est une exhortation destinée (je pense) à assurer le fruit de la première partie du verset. Nous ne sommes pas conduits par des influences, ni agités par des choses qui nous troublent. Il y a de la fermeté dans notre sentier, parce qu'il nous est connu. On n'est pas emporté çà et là par tout vent de doctrine, ni mû par des conseils qui ne sont pas ceux de la sagesse, et que l'on suit parce qu'on ne sait que faire. C'est là l'influence du monde. Il y a dans le coeur un propos arrêté. La pensée de Dieu et sa volonté dominent le jugement, le coeur et les voies. On ne prend pas conseil de la chair et du sang, mais on a une ferme intention de faire la volonté de Dieu à la fois comme obligation et en y prenant plaisir. On considère donc et l'on cherche dans les cas particuliers devant Dieu quelle est sa volonté, afin que les pieds soient guidés; mais c'est une chose décidée dans le coeur de marcher dans le chemin de Dieu. Le coeur peut avoir à peser et à chercher auprès de lui quel est ce chemin, mais comme il ne cherche que cela, il attend jusqu'à ce qu'il l'ait découvert, et alors tout est clair. Il n'y a ni incertitude de dessein, ni trouble dans la volonté ou le motif, quand on a découvert la volonté de Dieu. Il y a un seul droit chemin; par conséquent, il n'y a pas lieu de se tourner à droite ou à gauche. Il suffit d'avoir trouvé la volonté de Dieu.

Chapitre 5

Dans les chapitres précédents, il a été question de la violence chez l'homme qui ne craint pas Dieu. Celui-ci traite de la pureté dans nos voies. Il y a des relations et des affections divinement établies, au lieu des convoitises et de la gratification de soi-même dans le péché. Combien grande est la différence! Rien ne dégrade autant le coeur et l'intelligence que les désirs corrompus. La violence, sans doute, est un grand mal, mais elle ne dégrade pas l'homme intérieurement; elle ne souille et ne détruit pas la source des affections, comme le font les désirs corrompus. L'affection qui se serait portée sur un objet, fait place à l'insensibilité du coeur.

Deux choses sont requises du jeune homme: l'attention et la soumission. Celui qui enseigne, le père, possède la sagesse et le discernement. Il a de plus, sur son enfant, une autorité et un droit divinement conférés, mais revêtus d'affection. Ce n'est pas l'autorité qui donne un commandement, comme s'il s'agissait d'un jeune enfant, mais, ainsi que nous l'avons vu au commencement, c'est l'influence des parents sur les affections morales du fils, influence établie selon Dieu, mais acquise par les parents. C'est bien l'autorité, mais l'autorité qui conseille: «Sois attentif à ma sagesse» et soumis «à mon intelligence», c'est-à-dire touchant ce qui est droit. Le résultat en vue est de conserver la pénétration morale, une prompte compréhension des choses dans la crainte du Seigneur. Il s'agit de garder cette promptitude de perception morale. Les lèvres expriment ce que renferme le coeur; elles sont l'indice de ce qu'il est. Il devrait être dans un ordre tel, et la volonté soumise de telle sorte, que ce qui sort de la bouche, soit l'expression de la connaissance. C'est beaucoup dire.

Le caractère dépeint ici (verset 3) est celui de la «femme étrangère». Ce mot «étranger» est souvent employé et est d'une grande importance. Tous les dieux, à part Jéhovah, sont des dieux étrangers; tout feu qui n'est pas celui de l'autel, est un feu étranger. «Etranger» est ce qui ne nous est point propre, ce qui n'est pas dans la relation formée par Dieu et où nous sommes, ou bien dans laquelle se trouve la chose dont il est parlé. Tout autre que Jéhovah était un dieu étranger; tout autre que le feu consacré était étranger; tout autre que le berger est un étranger (Jean 10: 5). Au commencement, Dieu fit un homme et une femme prise de l'homme, et, en voyant Eve, Adam dit: «Celle-ci est os de mes os, et chair de ma chair»; ces paroles indiquent la plus extrême intimité de relation qui lui fût propre, et sont l'expression de ce qui était vrai. Ici, l'on n'a que la convoitise corrompue; la femme, une étrangère à cette relation divinement formée. Elle consume la nature et le coeur et aboutit à la mort. Les pensées et les sentiments du coeur, attiré et séduit par le mal, sont détournés vers un autre canal que celui de la pureté; au lieu de considérer le «sentier de la vie», on suit celui de la convoitise qui conduit à la mort. Ce qui est juste et droit n'a plus son poids dans l'âme. L'avertissement spécial donné dans ce cas (verset 8), c'est de s'éloigner, de ne pas s'approcher de la porte de la femme étrangère, de vivre loin d'elle dans une autre scène de pensée et d'être, où la volonté ne va pas dans le sentier de la convoitise, où celle-ci n'a pas l'occasion de se saisir de la volonté. Le désastre et la ruine suivent celui qui marche dans ce sentier. Sur cela je n'ai pas besoin d'insister. Mais ce que l'on voit, c'est que le laisser-aller et le manque de contrôle sur soi-même ont conduit à s'abandonner à un péché sans bénéfice. C'est pourquoi, ce que rappelle avec regret celui que cette ruine a atteint, n'est pas qu'il n'a pas suivi le droit chemin, mais que la volonté a été en activité chez lui, et qu'il a méprisé l'avertissement donné. Il avait haï la répréhension, l'exercice de la discipline morale et de la juste correction, ce qui arrête la volonté moralement et même extérieurement. Il y avait eu la volonté qui n'aime pas à être tenue en échec, et l'orgueil du coeur qui méprise les avertissements destinés à corriger. L'obéissance avait été absente («comment n'ai-je pas écouté»); il n'avait pas prêté l'oreille aux enseignements donnés par cette influence qui est moralement au-dessus de nous, et dont il a été question. Remarquons comment cette absence de frein mis à la volonté et le refus d'écouter, conduisent ou laissent le champ libre à toute iniquité et à tout mal. Le mal aussi, quand il s'étale audacieusement, est chose honteuse. Or il s'en était fallu de peu qu'il ne fût tombé dans toute sorte de mal au milieu de la congrégation et de l'assemblée (verset 14). C'était presque aussi mauvais que le cas de Zimri, fils de Salu (Nombres 25: 6). Mais ce qui rend le coeur insensible, rend aussi l'homme inaccessible à la honte, et fait que la volonté se porte effrontément dans le mal.

Les versets qui suivent (verset 15, etc.) considèrent la corruption sous un autre caractère, c'est-à-dire la rupture de la relation divinement formée. Ce qui précède a jugé la volonté qui lâche la bride à la corruption, et a montré son influence avilissante, qui bannit tout bien du coeur et fait de l'égoïsme la règle de la vie. Ici nous avons un autre aspect du bien et du mal. Le père insiste sur le maintien strict de la relation elle-même, en contraste avec la rupture de cette relation. Dieu l'a formée pour être un lien et un centre des affections. Même dans les affections humaines, c'est une grande chose d'avoir un centre auquel le coeur est uni. Ici, il s'agit d'affection légitime et selon la pensée de Dieu, de sorte que la conscience n'est pas en lutte avec le coeur, et ne rend pas cette affection une chose mauvaise et en laquelle la volonté se montre. L'autorité et la volonté créatrice de Dieu l'ont sanctionnée, de sorte que l'on peut y jouir de sa bénédiction. Toute voie juste et toute affection légitime sont ainsi dans le coeur. Nous pouvons témoigner une bonté expansive à ceux qui en sont les objets — cela est bien, mais ici les affections se concentrent sur un objet; il y a un lien, et le devoir y met son sceau. Mais si le coeur a ainsi son centre dans une aide faite pour lui et qui lui correspond, parce qu'il n'était pas bon que l'homme fût seul, l'homme a aussi été formé pour être un centre, et il l'est par ses enfants. Il se multiplie lui-même. Il est évident que cela ne peut avoir lieu avec un amour illégitime, mais vivant dans sa famille (premier cercle d'ordre divin, formé par Dieu lui-même dans le paradis), buvant l'eau de sa citerne — c'est-à-dire la concentration d'affection qui fait qu'elle est à lui en propre — ses fontaines se répandent au dehors, et des ruisseaux d'eau dans les places. Cela veut dire qu'il est pleinement représenté par ses enfants, et que par eux il a partout son importance. En eux il se répand au dehors. Mais ainsi il y a unité dans tout l'ensemble de la famille. La fontaine est à lui en propre, c'est-à-dire tout le cercle de famille dans sa source. L'expression fontaine est employée de cette façon dans les écritures hébraïques, par exemple la fontaine de Jacob.

Mais nous avons, dans notre chapitre, autre chose encore que la convoitise, que les affections légitimes, et que la salubrité morale de l'ordre divin dans l'homme, comme formé par Dieu. L'homme marche sous les yeux de Dieu qui est le vengeur de toutes les infractions à cet ordre. Il faut remarquer qu'il s'agit ici du gouvernement de Dieu. Dieu considère les voies de l'homme, et celui-ci récolte les conséquences de sa marche. C'est quelque chose de semblable à ce qu'Elihu développe dans le livre de Job. Les péchés de l'homme amènent sur lui la douleur et la misère; il mange le fruit de ses voies. On ne se moque pas de Dieu; ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera; ce principe demeure. Il n'est sans doute pas appliqué directement maintenant, comme il l'était dans le gouvernement de Dieu en Israël; cependant Dieu dirige toutes choses et, bien que ce qui se passe dans le monde ne présente pas, comme Job le dit avec justesse, un témoignage suffisant du jugement de Dieu touchant le bien et le mal, toutefois il a ordonné les choses de telle manière que le péché porte ses fruits. L'homme sème pour la chair, et de la chair il moissonne la corruption. De plus, il est privé de toute intelligence des voies de Dieu, et, en suivant ce chemin, il mourra dans les ténèbres. Sa vie est une vie d'erreur. Il va d'une folie à une autre (*), répétant et multipliant ses égarements en dehors de l'unique voie de la sagesse divine. Il y a une chose, à mon avis, bien frappante, et c'est celle-ci: quand la sagesse s'occupe du gouvernement de ce monde, ou de la direction des voies d'un homme dans le monde, combien plus elle a à insister sur le mal que sur le bien! C'est triste à penser, mais il en est ainsi.

(*) Proverbes 26: 11, explique clairement ce passage. Le sot répète sa folie — il va continuellement d'une folie à l'autre.

Chapitre 6

Deux grands principes de conduite dans la vie sont posés au commencement de ce chapitre. En premier lieu, il ne faut pas s'engager pour l'avenir, et, secondement, ne pas être indolent et paresseux dans le présent. Etre humblement diligents est la position dans laquelle Dieu nous a placés; c'est notre devoir maintenant et c'est son ordre depuis la chute. Il a dit: «A la sueur de ton visage, tu mangeras ton pain», et encore: «Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus». D'un autre côté, s'engager pour l'avenir, c'est compter sur un résultat que nul homme ne peut prévoir.

Le contraire du travail paisible pour subvenir à ses besoins, est la violence et la rapine dont on a déjà parlé, et qui sont condamnées comme constituant un des deux grands caractères du péché. L'autre caractère, outre le tort fait à un frère en le frustrant sur un point des plus sensibles, est de pécher contre soi-même par corruption et convoitise, pécher «contre son propre corps», dit Paul; en même temps, c'est assurément un mal aux yeux de Dieu.

Si quelqu'un s'est engagé en se portant caution, il ne doit naturellement pas traiter à la légère l'engagement qu'il a pris, mais le prendre comme une obligation positive; mais, s'il veut être libre, qu'il aille trouver celui pour qui il s'est porté caution afin de se dégager immédiatement (*). Autrement il est entre les mains d'autrui sans contrôle possible, de manière à n'être pas libre de servir à la volonté de Dieu, et à se trouver peut-être en face d'un résultat inconnu et cependant sous l'obligation de l'accepter. Cette règle est, pour le chrétien, d'une immense importance pour la paix et la tranquillité de sa vie; l'enfreindre est une source de trouble et de douleur pour le coeur. L'indolence et la paresse portent avec elles leur jugement, comme chacun le sait et l'a pu voir: la pauvreté en est la suite; elle vient comme un voyageur.

(*) Telle est, je suppose, la vraie portée du passage. Il est tombé dans la main de son prochain, et il doit aller s'humilier en le pressant de régler l'affaire. Or cela est humiliant, après avoir prétendu la garantir entièrement.

Il est remarquable de voir l'Esprit de Dieu descendre avec tant de grâce jusqu'à ces détails, dans le chemin de la sagesse pratique et dans les résultats qui découlent de notre conduite dans ce monde, mais desquels dépendent à un si haut degré le calme de l'esprit, tandis que nous parcourons notre sentier. Ce sont des avertissements qui regardent chacun en particulier.

Ce qui suit décrit la perversité de l'homme méchant, de l'homme de Bélial, de l'homme qui n'a pas Dieu dans sa pensée, et qui, par conséquent, poursuit la vanité. A chaque instant, il est à l'oeuvre pour faire du mal; ses yeux, ses pieds, ses doigts, tout semble occupé à exécuter ce qui est mauvais. La perversité est dans son coeur, et agit par le moyen de tout ce dont l'homme peut se servir. Il machine continuellement le mal, et s'en va semant les discordes. Quel triste tableau! Mais nous ne pouvons nous empêcher de sentir combien nous sommes occupés du mal ici-bas, car nous sommes dans un monde mauvais, à travers lequel passe notre sentier. Seulement j'ai à l'apprendre dans la Parole par la foi, et non en le pratiquant, ni en me familiarisant avec la pratique du mal dans le monde. Mais le jugement atteint le méchant. Il est détruit soudainement et sans remède. Il a eu le mal pour occupation; il ne reste pour lui que le jugement. Le «jugement» ici est ce qu'enseignent les Proverbes; mais assurément, bien qu'il n'y ait pas un gouvernement direct par le jugement, maintenant même il en est continuellement ainsi dans le monde. Le caractère de l'homme de Bélial et la vanité sont ensuite décrits sous des traits que l'Eternel hait.

Chapitre 7

Nous avons, dans ce chapitre, un autre aspect des voies de la sagesse. Elle ne dirige pas ici ses répréhensions contre la méchanceté ouverte dans laquelle la volonté est active, mais elle parle des pièges placés devant ceux qui n'ont pas l'intention de faire le mal, mais que les passions et les convoitises laissent exposés à ces pièges. C'est pourquoi l'âme est exhortée à se remplir diligemment d'avance des préceptes et des conseils de la sagesse, afin de n'être en aucune manière prise dans les pièges.

C'est un point très important. Il ne suffit pas (et combien souvent le chrétien ne l'a-t-il pas expérimenté!) de n'avoir pas l'intention de faire le mal, ni même d'avoir l'intention de bien faire. Nous vivons dans un monde plein de pièges et de tentations. Nous avons à veiller et à prier, de peur d'entrer en tentation; il nous faut avoir l'âme remplie des choses divines de la sagesse; nous avons besoin que les pensées de la sagesse guident notre esprit et éclairent notre sentier, de sorte que les attraits du mal et les ruses de Satan n'aient pas le dessus sur nous. L'esprit vit alors dans une autre sphère. C'est en réalité une autre nature à laquelle le mal est antipathique, et qui le découvre dans la séduction même et l'attrait qu'il exerce, et qui le traite comme mal, au lieu d'être attirée par elle. Les préceptes et la lumière de la sagesse divine remplissent et guident les pensées, et le mal est le mal — contraire à l'état de l'âme qui marche dans l'humilité et l'obéissance, non comme dépourvue de sagesse, mais comme étant sage, simple quant au mal, sage quant à ce qui est bien. Les paroles de conseil, impliquant, comme nous l'avons vu, l'obéissance et la soumission du coeur, doivent être gardées, et les commandements du père tenus en réserve comme un trésor. Il faut les garder, les amasser, les conserver précieusement, s'y attacher et y prendre ses délices; ils doivent être devant l'esprit comme écrits sur les doigts et la tablette du coeur, confessés et reconnus comme faisant partie de nous-mêmes, et cela afin que nous soyons préservés des attraits et des séductions du péché.

Le jeune homme dépourvu de sens passait et prend le chemin de la maison de la femme étrangère. Ce n'était pas de propos délibéré, comme le montre le verset 21; mais le sentier de la sagesse et ses préceptes ne l'auraient jamais conduit là. Ils l'auraient conduit et gardé ailleurs. Il se laissait aller tout au moins où le conduisait un coeur oisif. C'est un sérieux avertissement. Il n'y a pas de lumière dans un tel chemin. Le jeune homme ne marchait pas dans cette lumière dans laquelle on ne bronche pas, et, dans cet état, la conscience n'est jamais réellement bonne. Ce n'est pas effectivement une mauvaise conscience, mais une bonne conscience est toujours en la présence de Dieu. «Celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses oeuvres soient manifestées qu'elles sont faites en Dieu», dit le Seigneur. Chez ce jeune homme il y avait des passions prêtes à le faire tomber dans le piège, sans rien qui pût le sauvegarder, et une conscience à laquelle les ténèbres convenaient mieux que la lumière, la conscience de quelqu'un qui ne marchait pas dans la lumière. Il y avait chez lui la paresse de la volonté qui, en quelque mesure, avait honte de ses propres voies. Ce n'était pas un sentier éclairé de la pleine lumière de Dieu. Oh! quelle chose grande et précieuse que de marcher dans cette lumière! Contemplez le sentier de Jésus: où marchait-il? Nous avons grandement besoin de le rechercher.

Maintenant se présente à nous (versets 10-23) l'insolence audacieuse d'une conscience endurcie — chose terrible! Christ peut rencontrer une vile pécheresse dont le coeur est brisé, mais une pécheresse effrontée est chose choquante. Il n'y a pas de foyer pour un tel coeur (versets 11, 12). Mais le sommeil de la passion n'est pas une sauvegarde contre les voies de la femme étrangère. Elle peut flatter, réveiller les mauvais désirs, être prête à les satisfaire pour arriver à ses fins. Elle compte qu'il y aura de la crainte dans celui qui n'est pas endurci, bien qu'il n'y en ait point. Mais elle a ses moyens, bien qu'ils soient faux, pour faire taire la crainte; même pour un coeur endurci, l'un d'eux est une chose basse. Il n'y avait pas du tout de «mari» (versets 19, 20). C'était le vice dans toute sa nudité; mais les eaux dérobées sont douces, quand bien même le péché remplisse de crainte. L'âme insouciante est ainsi prise dans des pièges que sa volonté ne cherchait pas, et ce n'était pas moins le sentier de la mort. Et ce n'est pas le seul piège que l'âme insouciante de ses voies puisse rencontrer. L'âme qui ne veille et ne prie pas (qui n'est pas remplie des voies et des pensées de la sagesse, qui n'est pas gardée par la présence de Dieu), rencontrera quelque part des tentations. Cependant, dans notre chapitre, c'est le piège de la femme étrangère. Sa maison est le chemin du shéol. Elle a fait tomber beaucoup de blessés, et tous ceux qu'elle a tués étaient des hommes forts. Ce n'est pas la force humaine qui peut résister à la tentation et à la passion. Des tentations de ce genre ont été la ruine de plusieurs qui étaient puissants dans ce monde, et même puissants moralement. Ils sont tombés dans le piège et y ont trouvé la ruine. Ceux qui autrement se vantaient de leur force, ont montré en cela leur faiblesse, et furent conduits à la perdition. L'homme sage insiste sur cela auprès de celui qui a des oreilles pour entendre (*).

 (*) Les mots traduits par «sont très nombreux», peuvent l'être par «tous ceux qu'elle a tués sont forts». Cette manière de rendre l'expression de l'original montrerait que la force ne prévaut pas contre le piège, pour en montrer le danger, et quelle en est la puissance. On voit ainsi mieux la portée morale du passage.

Chapitre 8

Dans ce monde, la sagesse n'est point la simplicité, mais elle nous y conduit. Quand Dieu est tout pour la nouvelle nature, la simplicité en est, de la manière la plus élevée, le précieux résultat. Dieu est sage dans ses voies en ordonnant toutes choses; mais nous sommes maintenant dans une scène de mal, où se trouvent entremêlés le bien qui a été accepté et le mal effectif dans la volonté et en fait, et cela nécessite, pour celui qui veut marcher droitement, un sentier que l'oeil du vautour n'a point aperçu (Job 28: 7). De fait, il n'en existe pas dans ce monde en lui-même. Là où tout, moralement, est mal et éloigné de Dieu, il ne peut y avoir un droit chemin. Adam n'en avait pas besoin; il n'avait qu'à rester où il était. Et maintenant que nous sommes tombés dans le mal, que Dieu nous a chassés, et qu'ainsi nous avons besoin d'un sentier, il ne s'en trouve aucun. Non; il n'y en a point. Mais Dieu agit à l'égard de cette scène, maintenant envers l'homme qui y est placé, plus tard ce sera envers la scène elle-même. Il a un sentier et un résultat qui étaient devant lui avant que les mondes fussent, sentier que la sagesse nous montre, et où elle invite les hommes à entrer. Où trouvera-t-on la sagesse et où est le lieu de l'intelligence? Elle ne se trouve pas sur la terre des vivants. La destruction et la mort disent: De nos oreilles, nous en avons entendu la rumeur (Job 28). Et, en effet, il en est ainsi. Elles nous disent la vanité de la scène tout entière où nous sommes, et , par-dessus tout, le néant de l'homme qui est à sa tête, place la plus douloureuse de toutes. Mais cela est seulement négatif. C'est une vérité d'une immense importance qu'il n'y a point de chemin pour l'homme vivant déchu et séparé de Dieu. C'est ce que décrit le livre de l'Ecclésiaste. La volonté de l'homme placé sous le soleil, travaille; mais que peut-elle faire au milieu des conflits multiples qu'elle rencontre? Mais Dieu sait où est le chemin de la sagesse, et il connaît son lieu. Il a agencé la création, mais à l'homme il a dit: «La crainte du Seigneur, c'est là la sagesse, et se retirer du mal, c'est l'intelligence». Et comme l'Ecclésiaste le dit: «c'est là le tout de l'homme» (Ecclésiaste 12: 13). Ce dernier livre ne va pas plus loin, mais c'est déjà un grand et profond enseignement que celui qui fait connaître d'une manière certaine la position et la condition de l'homme, qui le place devant Dieu et devant sa propre responsabilité, sans atteindre Dieu, mais en considérant l'homme tel qu'il est ici-bas et sans révélation, toutefois connaissant le bien et le mal, avec la déclaration du jugement.

Le livre des Proverbes embrasse une sphère plus vaste, parce que la sagesse en est le sujet, et non pas simplement l'homme comme il est. C'est pour cette raison que nous trouvons toujours le nom «Dieu» dans l'Ecclésiaste, et «l'Eternel» dans les Proverbes. La sphère où nous vivons est celle de la volonté perverse dans l'homme, qui ne veut pas avoir Dieu, mais qui a en lui-même la connaissance du bien et du mal et de la différence qui existe entre les deux. Il se trouve sur une scène où la nature conserve des marques nombreuses d'un Créateur sage et bon, et de sa toute-puissance; nature cependant qui, dans ses parties inférieures, est dans un état de ruine et de corruption, loin de Dieu, et où l'homme se sait être aussi lui-même corruption à l'égard de Dieu. Dans cet état, l'homme, quand il n'a point de révélation, c'est-à-dire quand il n'a pas la parole de Dieu, est forcé, dans un assujettissement désespéré à ce qui est faux, d'élever son autel à un Dieu inconnu. Il sent ainsi instinctivement qu'il ne sait rien de Dieu — triste condition pour une âme responsable!

La sagesse, la parole de Dieu, entre sur cette scène, fait connaître ce qu'elle est, y révèle Dieu, fait voir le chemin de la vérité, et se montre comme existant en Dieu avant que le monde fût. Elle ramène en arrière à la sagesse créatrice, mais pour annoncer un dessein formé dès lors et qui doit s'accomplir. Toutefois elle a affaire avec ce qu'elle rencontre, et elle montre dans une lumière divine quelle est la scène et quel est l'état de choses dont j'ai parlé. Ses paroles sont la vérité, et révèlent en même temps les conseils de Dieu. Christ était, et naturellement il est cette sagesse, mais il est plus, car il révèle Dieu lui-même, et alors est nécessairement introduite une autre chose, savoir la grâce et la vérité qui sont venues par Jésus Christ. Nous n'avons point ici cette dernière chose. La grâce avait été prédite, la prophétie l'avait annoncée, mais elle ne pouvait pas être manifestée avant que le Seigneur lui-même fût venu, et, pour nous, elle ne pouvait l'être efficacement que lorsque la rédemption aurait été accomplie et que Christ eût glorifié Dieu (comparez Tite 1: 1-3; 2 Timothée 1: 9, 10). Mais nous avons ici la vérité générale de l'activité du témoignage de Dieu qui, après tout, est grâce; nous avons la manière dont il agit sur la conscience des hommes, et nous voyons la sagesse dans la création, et, d'une manière générale, nous apprenons que ses pensées et ses desseins de délices divines avaient pour objet les fils des hommes, pensées et desseins accomplis si parfaitement dans l'incarnation de Christ, proclamés si magnifiquement par le chant des anges: «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts; et sur la terre paix, et bon plaisir dans les hommes!» Mais, ici aussi, nous les trouvons exposés d'une manière merveilleuse, nous montrant comment la sagesse agit en vérité envers les hommes, et nous présentant l'ineffable témoignage qui nous dit où étaient ses délices avant que le monde fût. La sagesse avait ses délices là où étaient celles de Dieu dans l'éternité. Ses délices étaient dans les fils des hommes. Maintenant nous disons: «Christ est la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu».

Mais la sagesse est révélée et agit au milieu d'un monde méchant. Ce que la sagesse a à dire n'aurait pas lieu d'être dit, si le monde n'était point tel; cependant, c'est une chose étrange de dire la vérité de Dieu dans un tel monde, et ce doit être sagesse de le faire. Et il en est ainsi. Nous lisons en Ephésiens 5: «Prenez garde de marcher soigneusement (avec circonspection), non comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages: saisissant l'occasion, parce que les jours sont mauvais. C'est pourquoi ne soyez pas sans intelligence, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur». «Saisir l'occasion», comme en Daniel 2: 8, c'est profiter des opportunités, et je fais cette remarque, parce que cela montre que le monde est méchant, et que, bien qu'étant sous la main de Dieu, le mal y est puissant; c'est pourquoi la sagesse doit faire entendre sa voix. Elle révèle aussi assurément tous les conseils de Dieu en Christ, bénédiction qui s'élève au-dessus du mal. «Nous parlons sagesse parmi les parfaits… sagesse pré-ordonnée avant les siècles pour notre gloire», dit l'apôtre, mais même cela, quant à la sagesse du chemin, est amené par la venue du mal et de la rédemption. C'est la sagesse divine tirant le bien du mal en accomplissant ses conseils envers nous. Péché, faiblesse, culpabilité, tel était notre état, mais, par la rédemption l'issue est la gloire, selon la manifestation, dans cette rédemption, de ce que Dieu est.

L'amour de Dieu, sa miséricorde, sa justice, sa suprématie sur le mal, ont été glorifiés dans l'oeuvre de Christ par laquelle nous sommes amenés en justice dans sa gloire. Afin que le péché parût péché, il a causé la mort par ce qui était bon, par la loi parfaite de justice pour l'homme; ainsi Dieu paraît Dieu dans la manifestation de tout ce qu'il est, en nous amenant dans la gloire par l'oeuvre du Seigneur Jésus Christ. Dans ce chapitre, nous avons la chose dans ses éléments. Nous avons vu jusqu'ici la sagesse comme règle de l'autorité subordonnée et des soins des parents, le maintien de l'ordre paternel. Ici, nous avons quelque chose de plus. Le monde est méchant, et la sagesse fait retentir sa voix en témoignage au milieu du monde tel qu'il est, tout en révélant en même temps la grâce qui l'accompagne.

«La sagesse crie, et l'intelligence fait retentir sa voix» (verset 1). Je regarde la sagesse comme l'ensemble de tout ce que l'expérience a pu recueillir, de manière à juger par elle de toutes choses; seulement, en Dieu, la sagesse est la connaissance intrinsèque de toutes choses, de toutes leurs relations les unes avec les autres et de leur état. C'est ce qu'il nous fournit dans sa Parole pour autant que, comme créatures, nous sommes capables de le saisir. Chaque parole de la sagesse est parfaite, quant à ce à quoi elle s'applique. Elle vient d'une parfaite et divine connaissance de toutes choses, et du chemin que nous avons à suivre au milieu d'elles, tel que Dieu le voit. Elle s'applique au milieu dans lequel nous sommes; mais elle vient de Dieu qui connaît sa propre pensée, ce milieu où nous nous trouvons et ce qui s'y rapporte; Dieu nous donne cette sagesse, seulement nous ne connaissons qu'en partie. L'ayant reçue maintenant, nous l'avons toute à nous. «Vous avez l'onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses». Nous ne pouvons instruire le Seigneur, est-il dit, mais «nous avons la pensée de Christ». Adressée à nous, la sagesse est la parfaite lumière de Dieu sur ce dont elle nous parle. Le monde est dans la confusion et le mal; la grâce fait que Dieu s'adresse à nous dans le jour actuel. La sagesse était présente en Christ (comparez Esaïe 50).

L'intelligence fait retentir sa voix comme la sagesse embrasse tout et fait luire sur tout la lumière divine, l'intelligence découvre tout. Les versets 2 et 3 montrent d'une manière remarquable le caractère de ce témoignage. Elle va trouver l'homme là où il est; elle élève sa voix au-dessus du bruit et de la confusion des activités sans trêve de l'homme dans ce monde; elle va le chercher dans la foule, et se met en avant dans les grands lieux de passage, pour y apporter la lumière de Dieu, et affirmer son droit sur l'homme pour le bien de celui-ci. Elle invite l'homme à prêter l'oreille, à écouter, et à penser à quelque chose en dehors de ce vers quoi le pousse sa propre volonté et le flot troublé de ses passions et de ses espérances terrestres: «à vous, hommes, je crie, et ma voix s'adresse aux fils des hommes!» Ainsi Christ, la vie, était la lumière de l'homme. Christ, bien qu'il n'élevât point sa voix dans les rues — mais d'autant mieux entendu de ceux qui avaient des oreilles pour entendre — envoyait cependant ses apôtres publier sur les toits des maisons ce qu'il avait dit. Lui-même était le sujet parfait de la sagesse et la sagesse même, plutôt qu'il ne la proclamait, bien qu'il semât la parole. Christ, dis-je, était cette sagesse manifestée dans une perfection subjective dans le monde. Chacune de ses paroles en était une partie, et précisément celle qui convenait lorsqu'il l'émettait. Comment il découvrait tout, je n'ai pas besoin de le dire. Il n'apprenait point la sagesse partiellement par l'expérience, comme une chose qu'il n'aurait pas eue (bien que, comme vrai homme, il crût en sagesse), mais il était ce que l'expérience a à apprendre. Pour nous, il a appris ce que sont les douleurs, les difficultés, l'opposition, mais au milieu de toutes ces choses, il était la sagesse. Cependant Dieu, dans l'activité de sa grâce, amène cela pour peser sur les coeurs et les consciences des hommes, et dit: «Que celui qui a des oreilles pour entendre, écoute». La parole était proclamée sur les lieux élevés, à la vue des hommes, aux endroits où les foules se pressent, et où tout homme qui a une habitation ou un foyer, doit passer. Et elle s'adressait aux hommes. La parole et la sagesse de Dieu sont formés et exprimés pour eux. Lorsqu'elle était là, en vie, «la vie était la lumière des hommes»; elle l'était en conseils divins et adaptée à leur condition.

La sagesse venait apporter la vérité, et non la trouver. Elle venait pour les simples et les insensés. Elle apportait aux simples la lumière et l'intelligence — l'oreille qui, par grâce, écoute. Elle apportait aux plus simples et aux plus insensés la sagesse divine pour eux-mêmes — une lumière et un guide dans toutes les circonstances où ils se trouvaient. C'étaient des choses excellentes, car elles venaient de Dieu et le révélaient; et elles étaient claires, droites et justes, mettant chaque chose à sa vraie place morale auprès de Dieu, et avec l'autorité, de Dieu. Car la bouche de la sagesse parle selon la nature vraie et l'état réel des choses, et cela quant à leur relation avec Dieu. Elle dit la vérité de chaque chose, et répugne également à tout mal. C'est là la grande controverse avec les prétentions de l'homme. Il a sa propre pensée, centre de toute la confusion, laissant Dieu dehors, et prétendant juger par elle la scène de confusion où il se trouve; oui, prétendant juger Dieu lui-même et ce qu'il doit être. La sagesse, dans tous les détails auxquels elle s'applique, apporte la lumière de Dieu et son autorité dans la scène de confusion qui est telle, parce que l'homme s'est éloigné de lui. La volonté de l'homme ne veut pas de la sagesse; ses passions et ses convoitises lui sont plus chères.

Il y a un autre caractère de la sagesse divine: elle est droite et simple, parce qu'elle est profonde et parfaite. Elle est elle-même et toujours elle-même au milieu de la confusion et de la complication des choses. La sagesse humaine, avec sa subtilité, doit suivre le sentier tortueux qui cherche à éviter le mal auquel elle appartient et au milieu duquel elle vit, dont elle forme une partie, bien que peut-être une partie plus habile; mais elle doit agir par les motifs et les passions qui gouvernent l'homme, parce qu'elle n'a rien d'autre sur quoi, ni par quoi elle puisse agir. Elle ne peut pas être au-dessus de la sphère à laquelle elle appartient, quoique, dans cette sphère, elle puisse voir un peu plus loin que les simples et les sots; mais elle ne peut pas voir au delà des motifs présents — ce sont ses motifs. La vérité et la sagesse divine introduisent avec autorité Dieu et ce qui est droit, soit en témoignage, soit en fait, si nous les voyons comme incorporées en Christ. C'est pourquoi la sagesse divine est toujours elle-même, car elle est ce qui vient sur la scène et non ce qui lui appartient, bien qu'elle soit la lumière sur la scène, qu'elle lui soit adaptée et agissant sur la conscience, c'est-à-dire qu'elle est lumière pour le sentiment du bien et du mal en introduisant Dieu et la crainte de l'Eternel; c'est pourquoi elle trace un chemin parfait. Ses paroles sont selon la justice en vue et au milieu de la scène de propre volonté et de confusion que le péché a produite.

Prenons l'exemple le plus vulgaire. Il est dit: «Tu ne déroberas point». Dans le paradis, il n'y avait pas lieu à dérober. Dans le ciel, on ne dérobera pas. Dans un état parfait, la pensée de dérober ne pourrait pas exister. Cependant la propriété et les droits de propriété ont introduit la confusion, le mauvais vouloir et l'oppression d'un côté, et d'un autre le tort fait à autrui. Dans tous les âges, il y a eu là un problème que nul homme n'a pu résoudre, et dans lequel on ne saurait trouver aucun droit. Une des formes est l'oppression, et l'autre la ruine et le désordre. La sagesse est satisfaite de ce qu'elle a et ne convoite le bien de personne; elle a la clef d'un chemin parfait qui lui est propre, parce qu'elle introduit Dieu et sa crainte. Elle tire le coeur de l'homme hors de tous les motifs qui produisent la confusion existante, et au milieu de cette confusion lui trace son propre sentier. J'ai pris à dessein ce cas très simple.

C'est pourquoi le Seigneur (qui n'était pas venu alors pour être juge) refuse de décider dans un cas où quelqu'un alléguait un tort qui lui était fait, puis il ajoute: «Voyez, et gardez-vous de toute avarice; car encore que quelqu'un soit riche, sa vie n'est pas dans ses biens»; la vie d'un homme ne consiste pas dans l'abondance des biens qu'il possède. Ensuite, le Seigneur élève les pensées de l'homme au-dessus de ces objets périssables, et introduit Dieu dans sa bonté connue de tous ceux qui ont foi en lui, et cela va jusqu'à la plus haute manifestation de la vie de Christ en nous. Il appartenait à la loi d'indiquer de fait ce sentier pour l'homme; non pas de révéler les conseils de Dieu, ni la rédemption, ni la manifestation de Dieu dans l'homme, mais de montrer quel est le sentier de l'homme devant Dieu. Jusque-là c'était la sagesse, mais la loi ne pouvait pas manifester Dieu dans ses conseils ou dans l'amour qui s'y rattache, car alors ce n'eût pas été une loi pour l'homme. Actuellement (dans l'Evangile), ce n'est pas l'homme devant Dieu que nous apprenons, mais, en Christ, Dieu devant l'homme, Christ, notre règle de vie, bien que celle-ci assurément ne viole pas l'autre, car il est dit en parlant du fruit de l'Esprit en ceux qui croient: «Contre de telles choses, il n'y a point de loi» (oÇc žsti nçmov). Ainsi dans le chemin que trace la sagesse, il n'y a rien de tortueux, de subtil et de pervers, rien qui serpente à travers les mauvaises voies et les motifs corrompus des hommes, pour trouver à travers ces choses un sentier avantageux.

C'est pourquoi celui qui marche selon la sagesse divine est regardé comme étant fou; il sera, dit-on, une proie pour le monde, car le monde, après tout, compte sur le mal et regarde à sa propre subtilité comme sa ressource pour connaître mieux le mal, et fait des plans pour le circonvenir. Mais obéir à la Parole est la sagesse divine, car elle, qui connaît toutes choses, a tracé le sentier. Nous avons à marcher selon cet aimable précepte divin que la grâce seule pouvait nous donner: «Sages quant au bien, et simples quant au mal». C'est pourquoi, pour celui qui a de l'intelligence — qui a une oreille pour entendre et la capacité pour recevoir ce qui est divin — toutes les paroles de la sagesse sont claires. Elles sont le sentier de Dieu, proclamées par lui, et conduisent dans un chemin droit qui est son chemin, celui dans lequel Christ a marché. Celui qui a trouvé la connaissance, discerne qu'elles sont droites, droites en elles-mêmes — elles sont la pensée divine en nous, pouvons-nous dire.

Or le nouvel homme discerne que ce sentier est un sentier de droiture. Ainsi que le Seigneur l'a dit: «La sagesse a été justifiée par tous ses enfants», bien que le monde ne la voie pas ou la haïsse. Ce qui est droit devant nous est clair. «Que tes yeux regardent droit en avant», est-il dit au chapitre 4: 25, où le mot «en avant» est le même que «claires», dans notre chapitre (verset 9), et «droit», le même que «droites». Tout est simple pour celui qui prend la lumière divine pour le guider, dans une soumission reconnaissante envers Celui qui l'a donnée. Le sentier de Christ en est l'expression parfaite: Il est la sagesse de Dieu. En valeur, rien certainement ne peut être comparé au fait d'avoir le chemin de Dieu, un chemin droit, à travers un monde où le mal abonde. Mais, dans un tel monde, il est nécessaire d'être sages et non pas insensés, et la lumière divine voit toute chose dans la lumière divine et en découvre immédiatement le caractère. Elle est, dans ce chemin, de la plus profonde subtilité; elle a le discernement de Dieu. Une scène de déception satanique peut rendre l'esprit perplexe. Mais qu'est-elle? Le début en est contraire à la crainte de l'Eternel, ainsi la chose entière est jugée, quoique je ne puisse pas en estimer la centième partie. L'âme qui n'est pas guidée par la crainte de l'Eternel, est plongée dans une scène qui est au-dessus de ses forces, et est le jouet de Satan. La crainte du Seigneur et l'Esprit de vérité préservent de tout cela l'esprit le plus simple, et font qu'il le juge. Mais, en réalité, c'est le jugement le plus subtil, celui qui pénètre tout, et où ceux qui sont humainement sages, se trouvent pris. La sagesse demeure avec la prudence, le jugement réfléchi, que la crainte de Dieu demande et produit, parce qu'elle cherche toujours sa volonté, et donne ainsi le discernement qui juge du vrai caractère de chaque chose. La sagesse est subtile, demeure avec la prudence, et se trouve où est celle-ci. Il est étrange de trouver réunies les paroles droites et la prudence ou subtilité. Mais c'est justement ce que fait la sagesse; elle réunit les deux choses. Ce sont les pensées réfléchies du coeur qui découvrent les habiles inventions de l'esprit de l'homme. Lorsque cela est pleinement développé en nous, nous avons ce qui est écrit: «L'homme spirituel discerne toutes choses, mais lui n'est discerné par personne». Il juge toutes les choses qui sont autour de lui, et sait la marche qu'il a à y suivre; mais ses motifs, ses principes, les buts qu'il se propose, l'homme naturel ne les discerne pas; son sentier déjoue l'habileté de celui qui n'a pas l'Esprit. Voyez l'entrevue du Rab-Shaké avec les gens d'Ezéchias (Esaïe 36; 37). Celui-ci est sûr de son chemin, de ses motifs et de ses principes. Inconnu à l'homme non spirituel, son chemin est pour ce dernier une énigme. Le résultat prouve au monde la sagesse de sa voie, mais sa prudence est au-dessus de la portée de l'homme naturel. Cela conduit au grand principe et à la source de la sagesse — le commencement de la sagesse, «ta crainte de l'Eternel» — l'introduction de Dieu, de sorte que ce soient ses pensées, et non notre volonté, qui aient autorité sur nous. Où cela existe, on hait le mal, l'exercice de la volonté, et l'égoïsme, contraires aux relations dans lesquelles nous nous trouvons.

La sagesse liait toute volonté propre, toute hauteur d'esprit qui exalte le moi; elle hait la voie d'iniquité et la bouche perverse. Mais si l'ardeur et les prétentions de la volonté sont haïes par la sagesse, avec elle est le conseil — la sagesse d'un esprit sobre et réfléchi, soumis et regardant au Seigneur, et les ressources d'un sain jugement dans les difficultés, c'est-à-dire le discernement et la force. Comparez avec Ecclésiaste 9: 13-18, où la force physique est mise en contraste avec la sagesse, et où il est dit comment la sagesse procure la sécurité.

Nous arrivons maintenant (versets 14-16) à l'aspect directement terrestre de la sagesse en rapport avec le gouvernement de Dieu sur la terre. Le gouvernement, le jugement rendu selon la justice, la règle qui doit régir les grands, dépendent d'elle. C'est ce que nous lisons touchant la sagesse de Salomon. Les rois et les grands ont à représenter quant au discernement du bien et du mal, et quant au maintien du droit par l'autorité sur la terre; ils ne le peuvent que par la sagesse divine.

Mais alors il y a une autre chose qui s'applique à tous les coeurs, c'est d'aimer la sagesse pour elle-même, et d'avoir la diligence du coeur à la chercher. C'est de trouver un réel délice dans la sagesse de Dieu en elle-même, et d'avoir le sentiment de l'obligation où l'on est de la réaliser. «J'aime ceux qui m'aiment, et ceux qui me recherchent me trouveront». La sagesse est aimée pour elle-même, et la diligence du coeur la cherche comme un devoir qui nous incombe.

Dans le gouvernement terrestre de Dieu, elle apporte avec elle sa récompense. C'était tout à fait le terrain de la loi. L'homme obéissant et craignant Dieu devait être béni dans sa corbeille et dans sa huche. Mais ici, il y a davantage — des richesses qui ne périssent point, et une justice dans laquelle le coeur se réjouit comme dans ses trésors. La sagesse marche dans le chemin de la justice, et discerne par l'action de la conscience et de la Parole comment les hommes doivent marcher et plaire à Dieu. Elle discerne ce qui est droit au milieu de toute la scène compliquée de ce monde, et y fait connaître pour la traverser un sûr sentier selon Dieu. Cherchant uniquement à lui plaire, elle fournit des motifs au-dessus des circonstances, et offre ainsi un sentier pour passer à travers elles, et y accomplir ce qui est juste. Nous marchons avec fermeté dans un sentier clairement tracé, là où les circonstances n'en présentent aucun. C'est là un grand soulagement et un encouragement puissant, et ainsi nous n'avons pas à nous troubler. La sagesse divine consiste dans la crainte de l'Eternel et dans la droiture. Il y a de la lumière, une lumière divine dans le sentier, quand tout est sombre alentour, car la sagesse divine connaît son sentier ici-bas; son chemin est celui de la justice; c'est une lumière dans le sentier. Nous ne pouvons faire autrement que le suivre, bien que ce puisse sembler folie, et que l'épreuve puisse s'y trouver. C'est le chemin de Dieu, et y marcher tourne à bien, même dans ce monde, quoique sur le moment cela paraisse le sacrifice de tout et nous amène le trouble. Il en fut ainsi de Joseph; mais sous la main puissante de Dieu qui gouverne tout, l'épreuve le conduisit ici-bas à une position qu'humainement parlant, il n'eût jamais atteinte sans cela. Y arriver n'était pas son motif: il fit ce qui était juste et ne voulut pas faire ce qui était mal, et d'esclave captif il devint seigneur de l'Egypte.

Je sais que les chrétiens ont des motifs plus élevés et sont mus par eux; mais ici, nous sommes sur le terrain du gouvernement de Dieu sur la terre, et ce gouvernement continue à s'exercer, bien que ce ne soit pas d'une manière directe, comme autrefois en Israël qui était le peuple particulier de l'Eternel. La sagesse non plus ne sort jamais de ces sentiers-là; elle ne se trouve que dans les sentiers de juste jugement (versets 20, 21). Dans tous les cas qui se présentent, dans toutes les circonstances où un homme a à marcher, le seul chemin où la sagesse puisse le conduire est celui qui est tracé dans la justice (*). Elle se trouve toujours au milieu «des sentiers de juste jugement» (c'est-à-dire qu'elle ne peut être en dehors des sentiers qui portent ce caractère). Ce sont ceux de Dieu, ils sont la sagesse. Et là où s'exerce le gouvernement de Dieu dans ce monde et pour ce monde, comme étant le lieu de la sagesse, un tel sentier aboutit à la bénédiction et à la prospérité. Souffrir dans un monde hostile peut être actuellement notre part d'une manière spéciale; depuis Abel, il en fut ainsi. Cependant il y a un gouvernement dont Dieu n'a pas lâché les rênes. «Celui qui veut aimer la vie et voir d'heureux jours, qu'il garde sa langue de mal, et ses lèvres de proférer la fraude; qu'il se détourne du mal, et qu'il fasse le bien; qu'il recherche la paix et qu'il la poursuive; car les yeux du Seigneur sont sur les justes» (1 Pierre 3: 10-12). Ce n'est pas seulement au temps de Job que cette parole était vraie quil ne retire pas ses yeux de dessus le juste» (Job 36: 7). C'est là le gouvernement de Dieu et le sentier de la sagesse, sujet bien intéressant. Mais maintenant l'Esprit de Dieu, dans notre chapitre, en vient aux conseils et aux desseins de Dieu (verset 22, etc.).

(*) Dans les anciennes versions, il y a au verset 20, «je fais marcher», mais le sens exact est: «je marche». La sagesse ne se trouve jamais hors de ce sentier.

La sagesse a apporté la lumière dans ce monde de confusion, la lumière divine; mais, avant que le monde fût, elle existait dans les pensées et les conseils de Dieu, Christ étant le centre de tous ces conseils et l'objet des délices divines. Il est la sagesse de Dieu, de même que la puissance de Dieu quand il agit. Ses oeuvres étaient la scène où la sagesse se déployait, mais la sagesse était éternelle — elle était là avant les oeuvres et avant que la puissance se manifestât dans les oeuvres; mais selon un conseil plus complet encore. Il y a un sentier que Dieu foule, pour ainsi dire — un sentier où se déploie ce qui est le fruit de ses pensées; mais ce sentier n'est pas simplement la puissance agissant sans un plan et un dessein; Dieu n'agit pas non plus selon la sagesse avec ce qu'il trouve déjà existant, comme c'est le cas pour nous. En cela, la sagesse est précieuse pour nous, mais alors nous agissons d'une manière dépendante et selon une justice qui est vraie sagesse, mais obligatoire pour nous. Nous avons à trouver le chemin de la sagesse là où nous sommes placés, en faisant bien, car nous devons à Dieu d'agir ainsi. Mais Dieu a possédé la sagesse «au commencement de sa voie, avant ses oeuvres d'ancienneté». Ce dont il s'agit ici n'est pas qu'il y avait une sagesse déployée dans la création; sans doute, cela était: mais le point est qu'avant l'existence du monde, la sagesse avait sa place auprès de Dieu. Nous, nous avons à trouver le sentier de la sagesse dans la création, maintenant ruinée; mais l'esprit et la pensée de Dieu étaient avant la création. C'est ce qui est développé dans les versets 22 à 29. Sans doute que la sagesse fut manifestée, quand Dieu «disposait les cieux et quand il ordonnait le cercle qui circonscrit la face de l'abîme», mais la sagesse était là, existant avant toutes choses. Elle était présente lorsqu'il fit toutes choses — elle était dès l'éternité. La terre fut l'occasion de la manifester — c'était une oeuvre adaptée par la sagesse au déploiement de la gloire divine et à la manifestation des fins que la sagesse se proposait; mais, avant qu'il y eût une sphère pour sa manifestation, elle était la sagesse, elle était elle-même. La création a été son fruit et non son objet. Elle était elle-même; elle avait sa place auprès de Dieu, et elle avait son objet sur lequel son dessein reposait. La première déclaration quant à ce que nous venons de dire, est que l'Eternel possédait déjà cette sagesse «au commencement de sa voie»; lorsqu'il commença à agir pour produire quelque chose en dehors de lui-même, lorsqu'il commença à se révéler. «Au commencement de sa voie», avant qu'il fit aucune de ses oeuvres, la sagesse fut établie (*); établie comme l'autorité et l'ordre, suivant lequel, étant dans la pensée de Dieu, tout devait être ordonné et établi; mais, en second lieu, elle était là dans le secret de l'éternité. C'est ce qu'en fait nous trouvons résumé en Jean 1, touchant la Parole.

(*) Ou «ointe»; c'est le même mot que dans le Psaume 2, verset 6: «Et moi, j'ai oint mon roi sur Sion».

Cette sagesse, Jéhovah la possédait à l'origine de toutes choses, avant qu'existât la terre où ses voies devaient se déployer. Elle procédait de lui; elle était produite comme étant en elle-même le fruit de son Etre, avant qu'existât la création, — c'est-à-dire ce qui est en dehors de lui. Et la sagesse était là, non seulement quand «il décrétait les fondements de la terre», mais quand il disposait les cieux. Tout caractérise ainsi cette sagesse comme étant en elle-même et en lui-même le produit et la pensée de Jéhovah, avant que la simple création (qui prit naissance à son «fiat» et à sa parole) eût commencé à exister. Elle est divine et dans la Déité, de même que la création existe par sa parole et en dehors de lui-même. Sans doute que c'est en mystère qu'il en est parlé ici; mais Christ est cette sagesse: Il en est la plénitude révélée et la manifestation. Celui qui est la sagesse était dans le Père avant que le monde fût, avant que rien n'existât, sauf ce qui est dans la Déité, elle-même. Il était Dieu; mais envisagé ainsi, comme subsistant, il était auprès de Dieu, et toutes choses furent faites par lui, comme la scène entière de la sagesse de la pensée divine.

Mais il y a plus. La sagesse était objectivement les délices de l'intelligence divine. Les pensées qu'elle produisait étaient nécessairement parfaites comme elle-même, et étaient les délices de l'intelligence qui les produisait. Elles lui correspondaient. Il en est ainsi dans nos intelligences bornées, et cependant nos pensées ne répondent souvent qu'imparfaitement à ces faibles intelligences, et tout n'est qu'en partie. La sagesse divine était selon la plénitude et la perfection divines, et l'exprimait dans son ensemble, et elle était les délices divines. Christ était tout cela dans sa Personne, mais ici la chose est prise d'une manière abstraite. La sagesse était toujours avec l'Eternel, auprès de lui, en intimité immédiate de nature et de communion; quelqu'un nourri en amour (*) à côté de lui; «ses délices tous les jours». Description merveilleuse!.

(*) Le mot hébreu rendu par «nourrisson» (verset 30) présente une difficulté. Mais il semble formé d'un mot lui donnant la signification de «nourrisson de son amour», le caractère et l'intimité des délices divines étant exprimés ainsi figurément. Le mot ne se trouve qu'ici. Quelques-uns, comme les Septante et Luther, l'ont rapporté à une autre racine, lui donnant le sens de «l'artisan» ou l'ordonnateur de Jéhovah.

Non seulement les délices divines étaient en cette sagesse envisagée ici pleinement comme une Personne, mais elle aussi (et peut-être maintenant devrions-nous dire lui) était toujours en joie devant Dieu. Ainsi cet objet des délices de Dieu se réjouissait lui-même devant lui. C'est ainsi que, d'une manière subordonnée et par grâce, nous sommes saints et irréprochables devant lui en amour. Mais ici, c'était un objet éternel et divin — ce qui était dans la Déité même, et cependant auprès de Dieu objectivement. Jéhovah possédait la sagesse comme ses délices, avant que rien ne fût formé en dehors de lui-même, et cette sagesse était une Personne toujours en joie devant lui.

Mais il y avait un dessein qui occupait la sagesse avant qu'existassent la sphère et la scène où l'objet de ce dessein serait développé. La sagesse se réjouissait «en la partie habitable de sa terre» — la terre de Dieu — et ses «délices étaient dans les fils des hommes». De quelle manière merveilleuse cela est introduit! Bien que ce soit assurément un Dieu sage qui a disposé la création, cependant d'autres choses occupaient la sagesse — l'homme était l'objet qu'elle avait en vue. Cette sagesse, toujours en joie devant Dieu et qui était les délices et la joie de Dieu, ne prenait pas ses délices dans la terre, mais dans la partie habitable de la terre. Il y avait là un dessein. Une pauvre, faible partie de la création, si même elle est seulement de la création, l'homme, si chétif quand nous considérons la vastité de la scène où il se meut, mais le centre de tous les desseins de Dieu — l'objet de ses pensées avant la création — parfait en dessein, l'homme était celui en qui, selon le dessein de cette sagesse, elle devait avoir sa pleine manifestation. La sagesse se réjouissait dans la partie habitable de la terre que Dieu avait formée, et ses délices étaient avec les fils des hommes.

L'homme fut d'abord créé un être responsable, mais, comme être, les délices de Dieu, le centre de ses voies ici-bas, fait à son image, selon sa ressemblance, et, en même temps, la figure de Celui qui devait venir. Mais quoique Dieu eût soufflé dans ses narines la respiration de vie, de sorte qu'il était de la race de Dieu, cependant, comme créature, l'homme était responsable, et, comme telle, il tomba. Mais, après plusieurs exercices et voies préparatoires de la sagesse, Celui qui était la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu, et par qui toutes choses furent créées, devint lui-même un homme. La vie était en lui, et la vie était la lumière des hommes — dans sa nature, elle était telle. Les anges purent alors, sans jalousie et dans leurs saints accords, déclarer que le bon plaisir de Dieu était dans l'homme (*). Quelle pensée merveilleuse! Celui qui avait cette place auprès du Père devint chair — les délices de Dieu ici-bas, Dieu manifesté en chair, la grâce envers l'homme, la grâce dans l'homme, l'homme en union avec Dieu dans une personne — le gage de la paix sur la terre: «Gloire à Dieu dans les lieux très hauts!» Mais jusqu'ici, quant à son effet sur d'autres, la chose se rattachait à la responsabilité de ceux qui entouraient Christ: «Il fut méprisé et délaissé des hommes». Cette faveur et cette bénédiction ineffables (car la pensée de la créature était encore en question) furent méprisées et rejetées. Mais maintenant le dessein de la sagesse pouvait être manifesté, et fondé sur l'oeuvre parfaite que Christ a accomplie, par la méchanceté même de l'homme, pour la rendre plus parfaite et plus éclatante en ce qui a glorifié Dieu lui-même. Le dessein formé avant que le monde fût, est révélé dans l'homme glorifié, cependant avec justice dans l'homme obéissant et dans Celui qui a glorifié Dieu en tout ce qu'il était. Il l'a glorifié en ce qu'il a été fait péché. En portant les péchés de ceux qui viennent à Dieu par lui, il a fait face à tout ce que Dieu exigeait, à toutes les responsabilités qu'ils avaient encourues. Il a manifesté le juste fondement de la grâce adressée à tous, et a glorifié Dieu de manière à amener plusieurs fils — des hommes — dans la gloire, oui, dans la gloire de Dieu.

(*) Les mots traduits par «bon plaisir dans les hommes» (Luc 2: 14), sont n ‡nqrðpoiv eÇdocia; c'est le même mot, un substantif au lieu d'un verbe, que «en qui j'ai trouvé, mon plaisir», n ¨ eÇdçcjsa.

Maintenant la sagesse si diverse de Dieu a été manifestée aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes, par l'Assemblée, dans le fait de l'union de l'homme avec le centre même de la gloire, héritier en cela de tout ce qui doit être placé sous les mains de Christ comme homme. Le dessein même était que nous eussions notre place en lui, unis à lui et avec lui, mais cela renfermait la domination qui lui appartient comme Homme (voyez Tite 1: 1, 2; 2 Timothée 1: 9; Ephésiens 1: 3-5, et suivants; 1 Corinthiens 2: 6-8). Il a pris sur lui, pour ceux qui croient, toute la responsabilité du premier homme. Il y a satisfait, pour ce qui concerne la gloire de Dieu, d'une manière absolue et parfaite. Le fondement a été ainsi posé pour l'accomplissement du dessein de Dieu en justice, selon la pleine gloire de ce dessein: la grâce règne par la justice en vie éternelle par Jésus Christ, notre Seigneur. L'homme responsable est venu entre le dessein et son accomplissement; comme tel, l'homme a manqué. Alors dans l'homme parfait, le Fils de Dieu, la grâce trouve sa libre manifestation en justice et dans le dessein accompli en gloire. Lorsque nous connaissons Christ, nous savons la signification de ces paroles: «Mes délices étaient dans les fils des hommes». Merveilleuse pensée! Mais combien vraie, combien simple pour nous, lorsque nous voyons Celui qui est la Parole éternelle et la sagesse éternelle, devenu un homme! Combien cela est doux, car nous sommes des hommes! Qu'il est merveilleux de voir la gloire en justice auprès de lui, après que la grâce a régné par la justice, après que Dieu a été glorifié et a glorifié notre Chef auprès de lui, et bientôt nous aurons le repos auprès de lui selon cette même justice! «Car et celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un».

C'est parce que les délices de Dieu sont dans les fils des hommes que la sagesse les appelle maintenant à écouter (verset 32); et bien que ses voies semblent étranges pour l'orgueil et les prétentions de l'homme, qui se vante d'être juste parce qu'il est ignorant de Dieu, cependant la sagesse est justifiée par tous ses enfants, quand retentit l'appel solennel à la repentance sur le pied de la responsabilité, et la proclamation bénie de la grâce en bonté. Tous deux sont des preuves de la miséricorde de Dieu et de l'intérêt qu'il prend à l'homme; et, en réalité, toute la nature de Dieu et ses voies, son Etre tout entier, sont manifestés dans la rédemption et la grâce. L'amour, la miséricorde, la sainteté, le jugement, la justice, la patience, la haine du mal, la majesté et la tendre condescendance en grâce; le mal introduit et son étendue, et par la grâce le surmontant, et cependant par la justice, d'une manière telle que rien d'autre n'eût pu le faire — tout est mis en évidence dans l'oeuvre de Christ et par ses effets dans le coeur de l'homme, de sorte qu'en lui tout est manifesté, cependant tout est souveraine grâce pour lui. Le Fils de Dieu étant un homme dans la gloire, après avoir passé par la mort, nous dit ce que rien d'autre ne pouvait nous apprendre. Il nous dit la gloire divine où il est, après avoir subi la mort comme ayant été fait péché; mais la mort vaincue par la résurrection, la mort pour nous délivrer, la mort endurée par Celui en qui tout était perfection pour Dieu et dans l'homme, mort par laquelle Dieu a pu manifester tout ce qu'il était. C'est pour cela que Christ s'est livré lui-même, et il est dans la gloire.

C'est pourquoi la sagesse nous appelle à l'écouter, car elle est grâce, et c'est parce que Dieu prend son plaisir en nous. Bienheureux sont ceux qui gardent les voies de la sagesse. C'est l'activité de la bonté de Dieu qui invite à entrer dans cet unique sentier qui conduit au repos et à la jouissance paisible de la faveur de Dieu. Je rappelle ici le principe caractéristique de ce chapitre. Nous n'y avons pas les avertissements de l'autorité naturelle, le canal préparé pour la sagesse dans une relation établie de Dieu. C'est l'appel direct de la sagesse, l'appel en grâce de la parole divine elle-même adressé à l'homme comme tel, parce que ses délices sont en lui. C'est comme dans le ministère de Jean le baptiseur et de Christ, au-dessus des relations naturelles, et venant directement de Dieu à la conscience et au coeur des hommes, accomplissant ainsi son dessein, mais par les invitations de Dieu, justes et pleines de grâce. Il est merveilleux, cet appel direct en grâce. Il peut intervenir brusquement dans les relations naturelles et faire que cinq étant dans une maison, trois seront contre deux, et deux contre trois, parce qu'il est direct et individuel, venant de Dieu lui-même, et amenant son dessein en résultat effectif. C'est pourquoi, bien que la paix, même sur la terre, dût être le résultat dans le dessein de Dieu, Christ cependant, quant à l'effet actuel, pouvait dire: «Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre?» Et c'est pour cette raison qu'il était à l'étroit jusqu'à ce que fût accompli le baptême dans lequel il a glorifié Dieu, parce que l'incrédulité de l'homme refoulait dans le fond de son coeur l'amour qui, une fois que l'oeuvre serait accomplie par laquelle Dieu devait être glorifié en justice, coulerait à nouveau avec fraîcheur. Alors le fondement pour l'accomplissement du dessein qui a pour but la gloire fut pleinement assis, et Christ est entré ressuscité dans le résultat de la justice dans la gloire, et lorsque tout sera accompli, il nous ressuscitera au dernier jour, Christ ayant pleinement satisfait pour ce qui concerne la responsabilité, et Dieu ayant été glorifié en ce que Christ a fait pour cela.

Lorsque la sagesse vient, s'adressant à la responsabilité, elle ne trouve qu'un sujet de plainte: «Pourquoi suis-je venu, et il n'y a eu personne? Pourquoi ai-je appelé, et il n'y a eu personne qui répondît?» (Esaïe 50: 2). Mais la vérité est que le Fils était trop parfait, trop glorieux, pour que l'homme le discernât. Dieu a «caché ces choses aux sages et aux intelligents, et les a révélées aux petits enfants». «Maintenant donc, fils, écoutez-moi»; cette gracieuse invitation s'adresse aux fils et montre Dieu en grâce, là où la nature était établie en autorité de sa part. Ce n'est pas «mon fils», mais «fils», Dieu prenant intérêt à eux sous ce caractère. «Bienheureux ceux qui gardent les voies de la sagesse, qui écoutent l'instruction et ne la rejettent pas». La première chose — garder les voies de la sagesse — nous l'avons dans le sermon sur la montagne (Matthieu 7: 24, etc.); la seconde, nous la voyons en Marie assise aux pieds de Jésus, écoutant sa parole (Luc 10), et, en principe, en ceux qui savent que les paroles de la vie éternelle ne se trouvent qu'en lui; «car celui qui m'a trouvée, a trouvé la vie, et acquiert faveur de la part de l'Eternel».

Mais il y a plus que de presser les hommes à écouter et à garder l'instruction de la sagesse (comparez Luc 11: 28; Matthieu 13: 23); il doit y avoir, de notre part, le sérieux et le zèle du coeur; il faut s'attendre à elle, veiller à ses portes tous les jours, garder les poteaux de ses entrées. Ce n'est pas un effort mental, une production de l'esprit humain, mais c'est s'attendre à l'enseignement divin, comme le faisait Marie, «comme des enfants nouvellement nés, désirant ardemment le pur lait de la parole» (1 Pierre 2: 2). Nous n'avons pas ici la proclamation et l'appel de la sagesse, mais les désirs du coeur vers elle sont manifestés ainsi. Là se trouve la vie, car c'est la parole de vie, et celui qui a trouvé la vie, trouve en même temps la faveur de Jéhovah: le double aspect de la bénédiction en nous, la vie, la vie divine, et la faveur divine reposant sur nous. Celui qui pèche contre la sagesse, fait tort à son âme. Il y a un sentier dans lequel la volonté propre marche à la ruine; ce n'est pas le sentier de Dieu. Notre propre volonté hait le sentier de la volonté de Dieu qui est pour nous un sentier de soumission, mais suivre le sentier de la propre volonté aboutit à la mort. Il n'est point parlé ici de la grâce qui délivre, mais du résultat qu'en fait l'on trouve. Comme l'apôtre l'enseigne dans l'épître aux Romains: à celui qui, en persévérant dans les bonnes oeuvres, cherche la gloire, l'honneur et l'incorruptibilité, appartiendra la vie éternelle. «Si quelqu'un m'aime», dit le Seigneur, «il gardera ma parole, et mon Père l'aimera». Et encore: «Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour». Assurément, ce n'était pas une question de savoir si Christ avait la vie; il était la vie. Mais c'était le sentier dans lequel il marchait sous la faveur divine. Ce n'est point ici la grâce sauvant les pécheurs et leur donnant la gloire, mais le sentier (y compris l'état du coeur) dans ce monde, et dans lequel se trouvent la vie et la faveur de Dieu, Dieu rendant, en grâce, témoignage de ce en quoi il se plaît, et la sagesse nous montrant comment nous avons à marcher et à plaire à Dieu. Pour nous, c'est ce que nous avons entendu de la parole de la vie. Nous vivons de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.

Nous avons vu la merveilleuse révélation du dessein de Dieu en l'homme, mais il faut nous souvenir qu'ici il s'agit de la terre, lorsque nous en venons aux détails. Le principe est toujours vrai dans tout témoignage du Seigneur, maintenant comme alors. Dans ce chapitre, le rapport immédiat est avec la terre, parce que c'est là que vint ce témoignage; là il trouva l'homme responsable. Son application la plus directe et la plus évidente est à la Personne du Seigneur Jésus sur la terre. Seulement, de même que la parabole du semeur, ou même Jean le baptiseur, cela est toujours vrai lorsque le cri de la sagesse ou la sagesse elle-même s'est fait entendre. Jean était la transition, et dirigeait les regards vers un autre; cet autre était la sagesse elle-même, et Jean (Matthieu 11) avait à venir à son cri. Cependant les enfants de la sagesse justifiaient la sagesse de Dieu en lui. La loi et les prophètes furent jusqu'à Jean. Il conduisait aux sentiers de la sagesse, en marchant devant la face du Seigneur.