«Comme de bien-aimés enfants»

Ephésiens 5: 1, 2

ME 1897 page 189

 

Quelle immense et précieuse grâce, quel heureux privilège que d'être enfants de Dieu. Dieu, qui est amour, a manifesté son amour envers nous, non seulement en nous sauvant, en envoyant son Fils unique pour être la propitiation pour nos péchés, non seulement «Il a constaté son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous», mais, une fois sauvés, il nous a voulu près de son coeur, «comme de bien-aimés enfants». Il nous donne auprès de lui la position de fils, selon ses desseins éternels: «Nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui-même par Jésus Christ» (Ephésiens 1: 5), «prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il soit premier-né entre plusieurs frères» (Romains 8: 29). Mais il y a plus: il a voulu que nous fussions avec lui dans la relation d'enfants auprès de leur Père. Ce n'est pas seulement une adoption, mais ainsi que la Parole inspirée le déclare: «à tous ceux qui l'ont reçu (reçu Christ, la vie et la lumière), il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu». Ils deviennent tels et prennent leur place d'enfants, comme étant nés de Dieu, participants ainsi de sa nature. Comment, sans une nature nouvelle, une vie nouvelle, la vie de Dieu, pourrions-nous être près de lui et jouir de cette relation si précieuse? Mais, par grâce, ayant cru au nom de son Fils bien-aimé, et nés de Dieu, nous sommes devenus pour lui «de bien-aimés enfants».

A une telle relation sont attachés de grands privilèges. Comme enfants, nous jouissons de l'amour, des soins tendres et constants du Père. «Le Père (qui est aussi notre Père, Jean 20: 17) lui-même vous aime», dit le Seigneur, «parce que vous m'avez aimé, et que vous avez cru que moi je suis sorti d'auprès de Dieu» (Jean 16: 27). «Votre Père céleste», dit-il encore, «sait que vous avez besoin de toutes ces choses» (Matthieu 6: 32). Comme tels, nous sommes aimés comme Jésus a été aimé (Jean 17: 23). Il nous soumet, sans doute, à la discipline, mais c'est dans son amour, et c'est une preuve que nous sommes ses enfants, car quel est le fils que le père ne discipline pas? et c'est pour notre profit, afin que nous participions à sa sainteté (Hébreux 12: 7-10). N'est-ce donc pas un privilège que d'être repris par lui, notre Père, afin que nous ne nous égarions pas, ou que nous soyons ramenés à lui, si nous nous écartions du droit chemin? Ses yeux sont constamment sur nous, mais en amour, même s'il châtie. Ainsi, comme un bon Père, il fait notre éducation. Comme enfants, nous avons constamment accès auprès de lui, accès que Jésus nous a ouvert; il entend et reçoit nos prières. «Nul ne vient au Père que par moi», a dit Jésus, mais ayant cru en lui, «par lui nous avons accès auprès du Père par un seul Esprit» (Jean 14: 6; Ephésiens 2: 18). Et «toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom», dit encore le Seigneur, «il vous les donnera». — «Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie» (Jean 16: 23, 24). Etant ses enfants, nous avons notre place dans sa maison. Jésus l'a préparée et reviendra bientôt pour nous y introduire (Jean 14). Nous jouissons de l'Esprit d'adoption par lequel, nous adressant à Dieu, nous crions: Abba, Père; Abba, terme exprimant l'intimité de notre relation avec lui, et notre confiance en lui. Et l'Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu, c'est-à-dire affirme en nous la réalité de notre relation avec Dieu comme ses enfants (Romains 8: 14-16). Que de grâces précieuses! Enfin, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ dans la gloire (Romains 8: 17. Voyez Ephésiens 1: 10-13).

C'est en contemplant la gloire et le prix de cette relation, ainsi que la source d'où elle émane, que l'apôtre s'écrie: «Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu!» (1 Jean 3: 1). Dieu a montré son amour, son grand amour envers un monde coupable — il a tant aimé ce monde qu'il a donné son Fils unique pour le sauver; mais un autre et glorieux côté de cet amour, c'est qu'il a voulu être le Père de ces pécheurs rachetés par le sang de son Fils, et qui ont cru en lui. C'est ce qui les rend si précieux pour son coeur. Telles sont les immenses richesses de sa grâce. Et c'est dès maintenant qu'ils jouissent de ce titre et de cette relation que rien ne peut briser. Il est vrai que le sentiment en peut être affaibli en nous, et c'est bien notre faute; mais, pour lui, nous sommes toujours de «bien-aimés enfants», appelés ainsi du même nom que Jésus, son Bien-aimé, «en qui nous lui sommes rendus agréables» (Ephésiens 1: 6). «Afin que l'amour dont tu m'as aimé soit en eux, et moi en eux» (Jean 17: 26), dit Jésus, en rapport avec le nom de Père, qu'il nous a fait connaître comme le nom de notre Dieu. Et ce nom si doux et si précieux, il nous le fait connaître de jour en jour d'une manière plus intime par son Esprit qui demeure en nous et par lequel, dans la conscience de notre adoption, nous crions: «Abba, Père!» Oh! voyez, chers amis, de quel amour le Père nous a fait don que nous soyons appelés enfants de Dieu! Contemplons, contemplons toujours de plus près la grandeur, la profondeur, le prix infini de cet amour.

Mais cette relation si douce d'enfants auprès de Dieu, notre Père, comporte aussi une responsabilité. La connaissance de nos privilèges nous le fait souvent oublier, et cela nous prive de la jouissance réelle de ces privilèges, car alors la communion avec notre Père est interrompue. Or la première responsabilité de l'enfant envers son père est l'obéissance. «Comme des enfants d'obéissance», est-il dit à ceux qui invoquent Dieu comme leur Père. Non une obéissance servile qui implique une crainte servile aussi, comme craignant toujours un châtiment. Cette crainte est celle d'une âme non affranchie qui regarde Dieu comme un Juge plus que comme un Père; elle cause du tourment et montre que l'on ne connaît pas encore l'amour parfait qui chasse la crainte (1 Jean 4: 18). La crainte avec laquelle nous avons à nous conduire durant le temps de notre séjour ici-bas, est cette crainte filiale qui redoute de ne pas avoir l'approbation et de ne pas jouir de la faveur du Père, en faisant quoi que ce soit qui élève un nuage entre lui et nous. L'obéissance de l'enfant de Dieu est prompte, heureuse et paisible, car les commandements de notre Père dictés par son amour ne sont pas pénibles, vu qu'ils sont accomplis dans l'amour.

Voyez ensuite jusqu'où va cette responsabilité d'enfants. Elle consiste aussi à honorer et à rendre témoignage à leur Père par la pureté de leur vie. L'apôtre, en Philippiens 2, a montré l'exemple de l'obéissance parfaite en Christ qui a été obéissant jusqu'à la mort, la mort même de la croix. Puis, parlant aux croyants, il leur dit: «Faites toutes choses sans murmures ni raisonnements, afin que vous soyez sans reproche et purs, des enfants de Dieu irréprochables, au milieu d'une génération tortue et perverse, parmi laquelle vous reluisez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie» (versets 14-16). Si, d'un côté, nous sommes en Christ, devant Dieu, «saints et irréprochables en amour» (Ephésiens 1: 4); dans ce monde, nous avons à manifester, dans notre conduite, d'une manière irréprochable, cette sainteté et cette pureté, comme témoignage pour Dieu, au milieu d'un monde pervers qui ne le connaît pas. Telle fut la vie de Christ ici-bas, telle doit être la nôtre, car ce n'est plus nous qui vivons, mais lui qui vit en nous. Ainsi qu'il n'y ait rien dans notre marche qui puisse être incriminé par le monde, sauf notre fidélité à Christ et notre séparation d'avec ce monde pervers, contre lequel notre vie doit rendre témoignage. Car nous n'avons pas à avoir de participation avec les fils de la désobéissance; rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres, mais, au contraire, les reprendre (Ephésiens 5: 7, 11), en luisant comme des luminaires, projetant devant nous et autour de nous les rayons de la parole de vie. Et c'est là ce qui convient à des enfants de Dieu, qui doivent être ses imitateurs.

«Imitateurs de Dieu, comme de bien-aimés enfants!» A quelle hauteur cela nous conduit! Ce qui est proposé à notre imitation, c'est Dieu lui-même. Et il n'en peut être autrement, puisque nous sommes ses enfants, et que nous avons sa vie en nous. N'abaissons pas la mesure de notre responsabilité. Un brave enfant, qui a un père honnête, probe, recommandable, estimé, n'a d'autre désir que de l'honorer, en montrant dans sa conduite les mêmes caractères que ceux de son père. Il l'admire et se dit: Ah! si je pouvais ressembler à mon père! Et il s'efforce de l'imiter. Il en est de même du chrétien, imitateur de Dieu. Dieu est amour; c'est dans son amour qu'il nous a sauvés, c'est dans son amour qu'il nous a fait ses enfants, et nous avons à marcher dans l'amour. L'amour divin nous entoure comme une atmosphère bienfaisante, nous le voyons, le contemplons, et nous le respirons avec bonheur; puis cet amour qui nous remplit se déverse sur les autres. Nous aimons Dieu; nous aimons nos frères, car nous sommes nés de Dieu (1 Jean 4). Mais Dieu est lumière aussi, et si nous avons, comme ses imitateurs, à marcher dans l'amour, nous avons à marcher aussi comme des enfants de lumière, car nous sommes lumière dans le Seigneur. Or cette lumière est en opposition avec les ténèbres dans lesquelles le monde s'agite et ne produit que des oeuvres infructueuses, qui n'aboutissent à rien qu'à la mort. La lumière dans laquelle marche le chrétien se manifeste par son fruit «qui consiste en toute bonté, et justice, et vérité». Il cherche en tout ce qui est agréable au Seigneur. Il est de toute évidence que marcher dans la lumière, suppose la marche dans l'amour, car ces deux caractères ne se séparent point en Dieu, et ne peuvent se séparer en nous.

Et c'est cette marche dans l'amour que l'apôtre recommande spécialement aux bien-aimés enfants de Dieu, dans les versets que nous avons cités en tête de ces lignes. Mais nous le répétons: on ne saurait marcher dans l'amour, si la lumière ne nous éclaire sur les vrais caractères de l'amour tel que nous le voyons en Dieu, et nous ne saurions marcher dans la lumière sans que l'amour ne soit manifesté à nos âmes. «Imitateurs de Dieu», en bonté, justice, vérité et sainteté, comme il convient à Celui dont nous sommes les enfants, et marchant dans l'amour. Et de cette marche dans l'amour, nous avons la mesure et le modèle en Celui qui, Dieu lui-même, mais devenu un homme, est venu nous révéler Dieu. «Marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur». L'amour de Christ s'est montré par le dévouement le plus grand, par le renoncement le plus entier. Il était parfaitement pur, saint, sans tache, et comme tel il s'est offert à Dieu comme offrande et sacrifice de bonne odeur. Il a été obéissant jusqu'à la mort, un holocauste parfait que Dieu a agréé. Il a été parfaitement agréable à Dieu dans sa mort, comme il l'avait été dans sa vie. «C'est à cause de ceci que le Père m'aime», dit-il, «c'est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne» (Jean 10: 17). Mais quel était le mobile qui, outre son obéissance et sa volonté de glorifier Dieu, a déterminé son sacrifice? Ah! c'est qu'il nous a aimés. Il a manifesté son amour envers nous en se livrant pour nous, et c'est en vertu de son dévouement et de son renoncement jusqu'à la mort, en vertu de ce sacrifice agréé de Dieu, que nous sommes rendus agréables à Dieu. En cela nous voyons son amour, et c'est en cela aussi que l'amour de Dieu a été manifesté, car c'est Dieu qui nous l'a donné. L'amour, c'est le dévouement, c'est le renoncement, c'est se donner tout entier sans recherche de soi-même. C'est se donner, non à ceux et pour ceux qui sont dignes par quelque qualité, mais à ceux et pour ceux qui n'ont rien en eux-mêmes qui attire cet amour, si ce n'est l'excès de leur indignité et de leur misère. Et tels nous étions, quand le Christ s'est livré pour nous, livré par amour. Et c'est ainsi que nous avons à marcher dans l'amour, en suivant ce Modèle parfait. Gardons-nous d'abaisser la mesure. La vie divine qui est en nous n'a point d'autre objet que Christ, et n'admet point d'autre modèle que lui. «Par ceci nous avons connu l'amour», dit Jean, «c'est que lui a laissé sa vie pour nous; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères» (1 Jean 3: 16). C'est donc le dévouement et l'oubli de nous-mêmes, pour le bien de nos frères, qui sont les caractères de l'amour tel qu'il s'est montré en Christ et tel qu'il doit se montrer en nous. Nous ne serons peut-être pas appelés comme Aquilas et Priscille, à l'égard de Paul, à exposer notre vie pour nos frères. Mais il y a une autre manière de laisser sa vie pour les autres, c'est de ne pas vivre pour soi, en égoïste, c'est de renoncer à chercher avant tout son intérêt et ses aises; c'est, au contraire, en tout ce qui est à notre portée, de faire pour les autres, pour leur bien, tout ce que nous pouvons; c'est de nous réjouir avec eux du bien qui leur arrive, mais surtout de pleurer avec eux en tendre sympathie, s'ils sont affligés; c'est de les supporter avec patience dans leurs infirmités et leurs faiblesses; c'est de ne pas s'irriter de leurs défauts de caractère, ni s'offenser de leurs manquements envers nous; c'est de ne pas rechercher le mal en eux pour le relever, mais plutôt le bien; tel est l'amour qui renonce à soi et que nous pouvons contempler dans sa perfection en Christ. Oui, pour être imitateurs de Dieu et marcher comme Christ, il faut obéir comme de bien-aimés enfants à cette loi d'amour si largement exposée en Jean, et qui est ce «à quoi se reconnaissent les enfants de Dieu» et les vrais disciples du Seigneur: «Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez l'un l'autre», dit Jésus à ses disciples, avant de les quitter; «comme je vous ai aimés, que vous aussi vous vous aimiez l'un l'autre. à ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l'amour entre vous» (Jean 13: 34, 35). Voilà donc quel devrait et doit être le témoignage des disciples devant le monde, ce qui les ferait reconnaître comme étant à lui qui était l'amour divin descendu du ciel: c'est leur amour les uns pour les autres. La même vie anime le Maître et ses disciples, le même fruit doit être porté. Mais nous lisons aussi: «Bien-aimés, aimons-nous l'un l'autre, car l'amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas, n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour… Si Dieu nous aima ainsi (jusqu'à donner son Fils unique), nous aussi nous devons nous aimer l'un l'autre. Personne ne vit jamais Dieu; si nous nous aimons l'un l'autre, Dieu demeure en nous, et son amour est consommé en nous» (1 Jean 4: 7, 8, 11, 12). Et c'est à cela que l'on reconnaît les enfants de Dieu (3: 10). Nous voyons donc quelle importance l'apôtre attache à cet amour des uns pour les autres. C'est la marque que nous possédons la vie de Dieu, que nous sommes nés de lui; par l'amour cette vie est rendue manifeste. Nous sommes ainsi les imitateurs de Celui qui est amour et l'a montré en donnant son Fils: «Si Dieu nous aima ainsi», quand nous étions haïssables et ses ennemis, «nous devons nous aimer l'un l'autre», quel que soit mon frère, aimable ou non, moi, je dois l'aimer; c'est ma dette envers lui. Enfin, c'est par là que nous savons et démontrons que Dieu demeure en nous: Dieu est pour ainsi dire vu dans celui qui aime ainsi, de même que, lorsqu'il était sur la terre, Jésus montrait en lui-même ce Dieu que personne ne vit jamais.

Combien cela est grand, et beau, et sérieux! Mais comment de telles choses peuvent-elles s'accomplir par nous, pauvres êtres que nous sommes? Etre imitateurs de Dieu! marcher dans l'amour comme Christ! Cela est-il bien possible? Oui, assurément, car ce que Dieu demande, il donne aussi de quoi le réaliser. Livrés à notre propre nature et à nos propres forces, c'est impossible. Mais rappelons-nous (et combien on l'oublie, se contentant d'être sauvés!) que quiconque croit en Jésus, le Christ, n'est pas seulement sauvé, mais qu'il est né de Dieu. Il a une nouvelle nature, une nature qui aime, conformément à la nature de Celui qui est amour et à laquelle il participe. Celui qui croit est passé de la mort à la vie. Il a la vie de Dieu, cette vie qui se trouve dans son Fils, la vie éternelle. Et le propre de cette vie est d'aimer, d'aimer Dieu et celui qui est engendré de lui (1 Jean 5: 1, 2, 11, 12; Jean 5: 24). La vie est quelque chose d'actif; elle a un objet ou des objets, vers lesquels elle se porte, envers lesquels son activité s'exerce; et les objets de la vie divine sont Dieu, Christ et les enfants de Dieu, les bien-aimés de Christ. Mais cela ne suffit pas: il faut une force, une puissance pour agir dans cette vie, ou pour la faire agir selon la nature nouvelle qui possède la vie. Et cette puissance nous a été donnée. C'est l'Esprit Saint. C'est lui qui a produit en nous la nouvelle nature, car nous sommes nés de nouveau, nés d'eau et de l'Esprit; c'est lui qui produit la vie nouvelle de laquelle le croyant vit, la vie de Christ; «il en est la source», mais il en est aussi «la force». Les chrétiens, de nos jours, sont enclins à oublier cette grande vérité, que le Saint Esprit demeure dans le croyant. Il n'en était pas ainsi au commencement. Paul en appelle en maints endroits à ce fait dont les fidèles avaient conscience: «Vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse», dit-il (Ephésiens 1: 13; 4: 30; voyez Galates 3: 2). Dans ce dernier passage, il affirme qu'ils avaient reçu l'Esprit. Or la promesse était faite à tous ceux que le Seigneur appellerait; elle est donc aussi pour nous (Actes des Apôtres 2: 39). Ayant cru, nous sommes scellés du Saint Esprit; nous le sommes comme enfants de Dieu (Galates 4: 6). Nous ne serions pas de Christ, si l'Esprit, dans la puissance duquel Christ agissait, n'était pas en nous (Romains 8: 9). C'est donc cet Esprit dont l'énergie agit dans la vie nouvelle que nous possédons et qui nous communique la force pour être imitateurs de Dieu et marcher comme Christ a marché. «La force tout entière est dans l'Esprit; il est la force pour vivre». Nous voyons cela clairement dans les épîtres aux Romains et aux Galates. C'est sa présence en nous qui produit la vie, la paix, les saintes affections; par lui nous mortifions les actions du corps; en marchant par l'Esprit, on n'accomplit pas la convoitise de la chair (Galates 5; Romains 8). Par lui, l'amour de Dieu est versé dans nos coeurs (Romains 5); par lui, nous sommes en communion avec le Père et le Fils (Jean 14). Une nouvelle nature, une vie nouvelle agissant dans cette nature, le Saint Esprit, force et énergie de la vie que nous avons reçue, rien ne nous manque pour marcher dans l'amour et la lumière, à la gloire de notre Père et du Seigneur Jésus.

Et c'est parce que l'Esprit Saint, source et force de la vie divine, est en nous pour nous guider et nous fortifier dans cette marche sainte, que nous devons prêter une sérieuse attention aux deux exhortations que l'apôtre présente aux Ephésiens. La première est: «N'attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption». Nous l'attristons quand, résistant à son action et à ses mouvements en nous, pour porter nos coeurs, nos pensées et nos désirs, en haut vers Christ et les choses célestes, nous laissons nos imaginations courir après les choses de la terre, après les vaines convoitises de la chair. Nous oublions alors le caractère de sainteté de Celui dont nous avons à être les imitateurs, et l'Esprit attristé cesse de nous faire jouir de la communion de Dieu. Et si l'on n'y veille, si on se laisse aller, on tombe dans l'indifférence et une sorte de sommeil quant aux choses de Dieu, quant à ce qui est agréable à Dieu, notre Père, et à Christ. Combien n'y a-t-il pas de chrétiens qui sont dans ce cas! Ils ont leurs pensées aux choses de la terre, eux habitants du ciel! Tout leur être semble absorbé par les choses présentes; ils semblent n'avoir plus souci de glorifier Dieu, en étant ses imitateurs. Ils ont attristé et attristent l'Esprit.

C'est pourquoi il nous faut écouter et avoir à coeur de réaliser la seconde exhortation de l'apôtre: «Soyez remplis de l'Esprit» (Ephésiens 5: 18). Il a appelé à se réveiller ceux qui dorment. Non pas les inconvertis: ceux-là sont morts; mais ces chrétiens qui ont laissé le sommeil de l'indifférence quant à Dieu, à Christ, à sa gloire et à son service, s'emparer d'eux. Ils ont la vie, mais ils dorment, semblables aux morts, aux mondains qui les entourent. Sans activité spirituelle, sans souci d'être imitateurs de Dieu, mêlés au monde dont ils devraient être séparés, à quoi servent-ils comme enfants de Dieu? Ils sont appelés à se réveiller «pour vivre justement, et ne point pécher» (1 Corinthiens 15: 33, 34), en demeurant dans ce triste état. Que réveillés, ils s'appliquent à marcher soigneusement, et soient sages, de la sagesse de Dieu, en ces jours mauvais. Qu'au lieu de tant s'appliquer aux choses du monde, ils s'appliquent à connaître et bien comprendre quelle est la volonté du Seigneur qui est «notre sainteté» (1 Thessaloniciens 4: 3), notre séparation pour lui. Qu'ils évitent tout ce qui peut exciter la chair et l'imagination, les plaisirs, les distractions, les conversations et les lectures frivoles et mondaines. Au lieu de tout cela, qu'ils laissent l'Esprit Saint remplit leurs pensées et leurs affections, que pas un coin de leur être intime, pas un repli de leur âme, ne soit soustrait à son influence et à son action saintes, pour y garder quelque chose de la chair et du moi. Que le vase soit vide de tout, pour que l'Esprit le remplisse, l'éclairant tout entier de la lumière divine, le comblant de l'amour divin et étant le seul mobile de leur vie. Alors, bien-aimés, nous serons capables d'être imitateurs de Dieu en justice et sainteté, et de marcher comme Christ dans l'amour. Oh! que nous ayons à coeur, en ces derniers jours, d'être un réel témoignage à la grâce de notre Dieu et Père, et pour la gloire du Seigneur Jésus!