Quelques mots sur Elie

1 Rois 17 – 20

ME 1897 page 389

 

Ces chapitres placent devant nous plusieurs principes importants; nous y voyons aussi tracés plusieurs caractères très différents, et enfin nous y apprenons les voies de Dieu.

Achab et Jézabel paraissent sur la scène , Elie prophétise; on voit Abdias et les sept mille hommes de Dieu mentionnés au chapitre 19, verset 18.

Le caractère d'Achab nous est présenté dans le chapitre 16, versets 29-33. Achab, Jézabel et les quatre cent cinquante prophètes étaient à la tête des apostats d'Israël qui, alors, adoraient Baal. Abdias et les sept mille étaient mêlés avec le peuple (chapitre 18); non qu'ils servissent l'idole, mais ils étaient amis d'Achab. Quant à Elie, il était l'ami de Dieu, et, séparé entièrement de l'apostasie, il était le seul témoin de la vérité au milieu de tout le mal.

Distinguons donc ces trois classes de personnes: d'un côté, Achab et Israël apostats; d'un autre, Elie, le fidèle serviteur de Dieu; puis, quelque peu différents, Abdias et les sept mille toujours en rapport avec le mal. Examinons les caractères de ces personnes.

Dans quelles circonstances était Elie? Cet homme faible et pauvre n'avait ni force, ni puissance, sauf celles qu'il trouvait dans l'Eternel, son unique appui (chapitre 17: 1-9). Il était un homme de foi et de prière, et, se tenant devant l'Eternel, il pouvait hardiment témoigner contre l'apostasie d'Israël et annoncer les jugements de Dieu.

L'Eternel lui dit: «Va-t'en d'ici, et tourne-toi vers l'orient, et cache-toi au torrent du Kerith, qui est vers le Jourdain», puis au verset 5, nous voyons qu'il obéit à ce commandement. Là nous est déjà montré qu'Elie n'avait aucune puissance, mais qu'il avait foi en Dieu et savait que toute bénédiction est dans l'obéissance. Dès le moment que la parole lui a été adressée, il s'y soumet et va vers le torrent du Kerith, où il apprend à dépendre de Dieu.

Achab et tout Israël étaient les ennemis d'Elie (chapitre 18: 10), mais Dieu était son ami; et à chaque pas qu'Elie faisait en étant fidèle à l'Eternel, il apprenait la fidélité de l'Eternel envers lui. Il était ainsi de plus en plus fortifié pour accomplir la mission dont il allait être chargé (chapitre 18: 1). Dieu l'envoie chez une pauvre veuve qui doit le nourrir pendant la famine, après qu'il l'a été par des corbeaux au torrent du Kerith. Durant tout le temps qu'il fut pourvu à ses besoins par les corbeaux du torrent et par la veuve à Sarepta, il apprend à connaître les richesses de l'amour et de la grâce de Dieu. C'est là, précisément, dans toutes les circonstances où nous sommes placés par le Seigneur, que nous apprenons aussi à nous connaître nous-mêmes.

Le chapitre 17 nous montre donc l'obéissance simple et entière d'Elie. Soit que l'Eternel l'envoie près d'un torrent pour être nourri par des corbeaux; soit qu'il doive aller chez une veuve pendant la famine, ou que l'Eternel lui dise de se présenter devant Achab, son vrai ennemi (chapitre 18), il ne fait aucune objection, mais, comptant sur l'Eternel, il fait ce qui lui est commandé. Il était cependant un homme sujet aux mêmes passions et aux même infirmités que nous (Jacques 5: 17, 18); mais il avait beaucoup de cette foi dont la puissance est sans limites. Par elle, il pouvait dire qu'il n'y eût point de pluie, et il n'en tomba point; par elle, il pouvait ressusciter le fils de la veuve, et l'emporter sur le roi Achab et les quatre cent cinquante prophètes de Baal. Ces circonstances nous montrent clairement qu'Elie occupait la place où l'on est béni, c'est-à-dire celle de l'obéissance. Les hommes étaient ses ennemis; Achab avait envoyé partout des gens chargés de le trouver; mais l'Eternel était son refuge, et il avait appris à se confier en lui.

Voyons maintenant ce qui concerne Abdias (chapitre 18: 3, et suivants). Il craignait beaucoup l'Eternel, mais malgré cela, il était au service de la maison d'Achab, et ne rendait pas témoignage contre le mal qui s'y trouvait. Il ne portait pas l'opprobre de Christ. Il n'était pas comme Elie poursuivi et chassé de contrée en contrée. Il ne savait pas ce que c'était que d'être nourri par des corbeaux ou par une veuve, c'est-à-dire qu'il vivait peu par la foi, et connaissait peu de chose des voies de Dieu. Il vivait à son aise dans le monde. Achab était son seigneur. Mais qui était celui d'Elie? C'était Jéhovah (comparez chapitre 18: 10 et 15). Oh! quelle différence! Abdias connaissait les bonnes choses de la terre; Elie, les bonnes choses du ciel.

Lisons maintenant les versets 7 à 11. Toutes les pensées d'Abdias se rapportaient à son seigneur, qu'il craignait; mais toutes celles d'Elie se concentraient sur l'Eternel, son unique Maître. On voit la supériorité de sa position sur celle d'Abdias, dans le fait que celui-ci tombe sur sa face devant le prophète quand il le rencontre (verset 7). Et lorsque Elie lui dit d'aller annoncer sa venue à Achab, Abdias est tout effrayé. Cependant Abdias était un enfant de Dieu; il avait même caché les prophètes de l'Eternel. Mais il n'avait absolument aucune force pour rendre témoignage à l'Eternel, parce qu'il était associé avec le mal. Pour Elie, il pouvait dire sans aucune crainte à Achab et au peuple: «Si l'Eternel est Dieu, suivez-le» (verset 1). D'où venaient donc cette hardiesse et cette puissance que nous voyons en Elie, un homme pauvre et faible, réduit à cette extrémité de dépendre pour sa nourriture de corbeaux et d'une veuve? Elles venaient du fait qu'il se tenait à l'écart de l'apostasie, qu'il vivait par la foi et avait un oeil simple fixé uniquement sur son Dieu. Oh! combien sa position était supérieure à celle d'Abdias!

Il y a dans ces choses des leçons pour nous. Apprenons par elles que puisque le Seigneur est Dieu, c'est lui que nous devons servir, et qu'afin de lui être fidèles, nous avons à nous séparer de tous les principes d'apostasie dont nous sommes entourés.

Nous savons comment Elie triompha de tous ses ennemis; il n'est donc pas nécessaire de répéter l'issue de la scène sur le Carmel. Remarquons seulement que, lorsque Elie priait l'Eternel de lui donner la victoire, c'était afin que l'on sût que l'Eternel était Dieu (verset 37). Tout le désir de son coeur consistait en ces deux choses: que l'Eternel fût glorifié, et que son peuple Le connût. Il n'y avait, en lui, pas le moindre désir de s'élever, de s'exalter lui-même; il ne lui importait pas de n'être rien, pourvu que Dieu fût glorifié, et son peuple amené à Le connaître. Oh! que le même désir fût en nous, et que toute pensée de vaine gloire fût loin, bien loin de notre coeur!

Lisons maintenant le chapitre 19. Pauvre Elie! Il avait à apprendre une leçon que nous-mêmes, pauvres et faibles comme nous sommes, nous avons aussi besoin d'apprendre. Lorsqu'Elie se tenait devant l'Eternel, il pouvait, par la puissance de l'Eternel, arrêter la pluie ou la faire tomber sur la terre; il pouvait ressusciter le fils de la veuve, etc. Mais quand il se tient, non devant l'Eternel, mais devant Jézabel, il est sans force, et cette femme impie est capable de lui inspirer de la crainte. Abattu, Elie s'en va dans le désert, s'assied sous un genêt, et demande à l'Eternel de prendre sa vie (verset 4). Combien il est différent de ce que nous l'avons vu dans le chapitre précédent! Combien peu il se souvenait de ce que l'Eternel avait fait pour lui! Combien peu il entrait dans la pensée de Dieu et attendait ce chariot de feu qui allait bientôt l'enlever au ciel! (2 Rois 2: 11).

Il en est ainsi de nous. Nous sommes abattus, découragés et faibles en nous-mêmes, dès que nous cessons de vivre dans la foi et la prière, et alors nous ne pouvons pas dire comme Elie, au chapitre 18: «L'Eternel devant qui je me tiens».

Au chapitre 17, Elie, par la foi, peut faire que l'huile et la farine de la veuve ne manquent pas; mais ici il est faible, et a besoin qu'un ange vienne le fortifier et lui donner quelque nourriture (lisez chapitre 19: 5-8). Il mange, boit, et, comme un homme sans force, se recouche. Mais l'Eternel envoie de nouveau l'ange, car il est abondant en bonté et en miséricorde. Il veille sur toutes nos voies, et nourrit nos âmes selon tous nos besoins et toutes nos circonstances. L'Eternel supporte donc Elie et le secourt, et c'est ainsi qu'il agit envers nous. Comme dans toutes les détresses de son peuple, il a été en détresse (Esaïe 63: 9), de même il est avec nous dans nos afflictions.

Au chapitre 17, Dieu conduisait Elie et lui disait où il devait aller, et Elie obéissait, mais, au chapitre 19, Elie, craignant Jézabel, s'enfuit et n'attend pas l'ordre de l'Eternel, pour aller dans le désert. Voyez alors quel triste message lui est adressé (verset 10): «Que fais-tu ici, Elie?» Aux versets 11 et 12, nous lisons qu'un vent, puis un tremblement de terre, puis du feu, se produisent; mais Elie ne trouve pas l'Eternel dans ces choses, et elles ne pouvaient apporter à son âme ni consolation, ni force. Dieu apparaissait dans sa grandeur et sa puissance, mais ce dont Elie avait besoin, c'était de la voix douce, subtile; ce qu'il lui fallait, c'était la grâce et la communion avec son Dieu. Quand donc Elie eut entendu cette voix, il enveloppa sa face de son manteau et se tint prêt à obéir à l'Eternel. Par la puissance et la force qu'il avait trouvées dans cette voix, il fut de nouveau rendu capable d'obéir au commandement de l'Eternel.

Ce que nous avons dit sur ces chapitres, est très incomplet; mais nous croyons que la principale chose est d'en tirer et d'en faire ressortir les principes propres à donner l'intelligence de ce que ces chapitres renferment. Ayons donc soin d'éviter la position d'Abdias et des sept mille, qui prenaient leurs aises au milieu de l'apostasie, mais qui étaient sans force pour rendre témoignage contre le mal. Rappelons-nous aussi que, bien qu'Elie fût méprisé et rejeté par les hommes, il était néanmoins dans le lieu de la bénédiction. Et si, comme lui, nous sommes amenés à réaliser notre faiblesse, souvenons-nous que la communion avec le Seigneur peut seule nous donner de nouveau le zèle, le dévouement et la joie.