Le chemin et le caractère du chrétien

1 Pierre 1: 1-7

ME 1897 page 434

 

Dans les épîtres de Pierre, l'Esprit de Dieu ne considère pas le chrétien comme étant uni avec Christ dans le ciel, mais comme étant en marche vers le but céleste, à travers les épreuves de ce monde. Ces deux caractères du chrétien sont également vrais, et il nous est indispensable de les connaître l'un et l'autre. Nous traversons le désert, en route pour le ciel, et en même temps nous pouvons dire par l'Esprit que nous sommes un avec Christ dans la gloire. C'est le premier de ces deux points de vue qui nous occupe ici. Un héritage est mis en réserve pour le chrétien, et nous voyons ensuite la vérité et la grâce de Dieu appliquées à la condition dans laquelle il se trouve. Il est excessivement précieux de savoir que, quelles que soient les épreuves et les difficultés que nous rencontrons ici-bas et qui, après tout, nous sont utiles, nous n'avons qu'à les traverser, et au delà nous attend «un héritage incorruptible, sans souillure», conservé dans les cieux pour nous; et, ajoute l'apôtre, nous sommes gardés pour cet héritage, par la puissance de Dieu, par la foi. Telle est la position du chrétien. Nous sommes «régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts». Ici, ce n'est pas que nous sommes ressuscités avec lui; mais Pierre considère Christ comme étant ressuscité et monté dans le ciel, et comme nous ayant régénérés pour une espérance vivante, «pour un héritage incorruptible, immarcescible», qui est là-haut, conservé dans le ciel pour nous. C'est aussi ce que dit Paul: «Je sais qui j'ai cru, et je suis persuadé qu'il a la puissance de garder ce que je lui ai confié, jusqu'à ce jour-là». Tout ce qui faisait sa joie était en sûreté dans le ciel, et le Seigneur pouvait le garder pour lui. Ensuite nous trouvons cette vérité bénie que nous sommes «gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour un salut qui est prêt à être révélé».

Le caractère et le chemin du chrétien comprennent ces deux choses: la fidélité bénie du Seigneur qui a mis l'héritage en réserve pour nous et nous garde pour lui; et en même temps la marche du chrétien à travers les épreuves du chemin vers ce but céleste. C'est ce dernier point qui est traité d'abord ici. Vous le trouverez dans le contraste frappant qui existe entre notre position actuelle et celle que la loi faisait à Israël. Du reste, nous pouvons suivre cette même pensée dans le Nouveau Testament tout entier.

L'apôtre dit: «Elus selon la pré-connaissance de Dieu le Père». Il les établit sur cette précieuse vérité, — sur le fait qu'ils sont «élus selon la pré-connaissance de Dieu le Père». Ce n'est pas seulement qu'ils sont un peuple, choisi comme nation, mais c'est la pré-connaissance de Dieu le Père qui leur a donné cette place. Puis l'Esprit de Dieu vient, les sanctifie et les met à part. Nous voyons ensuite ce pour quoi ils sont mis à part, pratiquement, comme une chose présente; c'est «pour l'obéissance et l'aspersion du sang de Jésus Christ». Ce sont là justement les deux points essentiels de la vie et de la marche de Jésus; ils découlent l'un de l'autre; et, si j'ose le dire, ils se complètent l'un l'autre. Pour nous, la grande pensée est l'obéissance de Jésus Christ et l'aspersion du sang de Jésus Christ. «Jésus Christ» s'applique à l'obéissance aussi bien qu'à l'aspersion du sang. Les deux choses sont en contraste avec la loi, soit quant à ce que la loi exigeait, soit quant aux sacrifices prescrits par elle.

Il est essentiel pour nous, si nous voulons réaliser le vrai caractère de notre chemin comme chrétiens, de comprendre ce qu'était cette obéissance du Seigneur Jésus Christ. L'obéissance légale en nous est une chose tout autre. Nous avons une volonté propre, ce qui n'a jamais été le fait de Christ. Dans un certain sens, comme homme, il avait une volonté; mais il disait: «Non pas comme moi je veux, mais comme toi tu veux». Mais nous avons une volonté propre; elle peut être entravée ou brisée; mais si la loi s'applique à nous, c'est toujours pour mettre un frein à notre volonté, qui par conséquent existe. Telle est constamment notre idée d'obéissance. Prenez un enfant: il a une volonté à lui; mais lorsque celle des parents intervient, l'enfant cède immédiatement sans raisonner. Il fait ce qu'on lui a dit de faire, ou il cesse de faire ce qu'on lui a défendu. Alors vous dites: Quel enfant obéissant; c'est charmant de voir pareille soumission! — Mais Christ n'obéissait jamais de cette manière. Il ne désirait jamais faire de sa propre volonté des choses dans lesquelles Dieu eût à l'arrêter. Tel n'était pas le caractère de son obéissance. Dieu doit souvent nous retenir; nous le savons tous, si nous nous connaissons un tant soit peu nous-mêmes; mais l'obéissance de Christ était toute différente. Il ne pouvait désirer rencontrer la colère de Dieu en jugement contre le péché, et il pria que cette coupe passât loin de lui. Mais l'obéissance de Christ ne ressemblait en rien à l'obéissance légale. La volonté de son Père était le mobile de toutes ses actions: «Voici, je viens,… pour faire, ô Dieu, ta volonté».

Tel est le vrai caractère de l'obéissance de Jésus Christ et de la nôtre comme chrétiens. Il peut être nécessaire pour nous que notre volonté soit entravée; mais le vrai caractère de notre obéissance, ce qui caractérise la vie tout entière du chrétien, est ceci: la volonté de Dieu, de celui que nous pouvons appeler notre Père, est pour nous, comme elle l'était pour Christ, le motif et la raison qui nous font agir. Lorsque Satan le tenta, disant: «Dis que ces pierres deviennent des pains», Jésus lui répond: «L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu». Sa vie elle-même, dont sa conduite était l'expression, découlait de la parole de Dieu; elle était son unique mobile; en dehors de cette Parole, il n'en avait aucun. Cela change le caractère et la portée de la vie d'un homme. Notre volonté a besoin d'être tenue en bride, c'est vrai, à cause de la vieille nature qui habite en nous; mais le caractère de notre vie n'en est pas moins complètement changé. Quand je n'ai d'autre motif d'action que la volonté de mon Père, combien tout est simplifié! Si vous ne pensiez jamais à faire une chose qui ne fût la volonté positive de Dieu pour vous, les trois quarts de votre vie disparaîtraient. C'est là ce qui, pratiquement, devrait être vrai pour nous; mais nous voyons clairement que telle était l'obéissance de Christ.

Tel est aussi le principe de la vraie piété, et nous réalisons ainsi notre dépendance de Dieu et la nécessité d'avoir constamment à faire avec lui. C'est une immense consolation pour mon âme de savoir qu'il n'est pas une seule circonstance de toute ma vie au sujet de laquelle mon Père céleste n'ait eu sa volonté positive pour me diriger. Depuis ma naissance — bien que, comme inconverti, je n'y comprisse rien — je n'ai pu faire un seul pas sans que la volonté de Dieu eût tracé pour moi le chemin que je devais suivre. Je puis l'oublier et broncher; mais nous avons dans la Parole et dans la volonté de Dieu ce qui garde l'âme, non dans une lutte continuelle contre une chose ou l'autre, mais dans l'assurance paisible que la grâce de Dieu a pourvu à tout, et que je ne puis faire un pas pour lequel son amour n'ait des ressources. Cette certitude maintient l'âme dans le sentiment de la faveur divine et de la dépendance de Dieu. Nous pouvons répéter comme David: «Ta droite me soutient». Moïse ne dit pas: «Montre-moi un chemin à travers le désert», mais: «Fais-moi connaître ton chemin». Les voies de l'homme prouvent ce qu'il est; dans les voies de Dieu, nous voyons ce que Dieu est.

Dans ce chemin, le coeur est de plus en plus séparé intelligemment pour Dieu, et comprend toujours mieux ce que Dieu est. Si je sais que Dieu approuve telle ou telle chose dans ma marche, c'est que je Le connais, et puis le chemin que nous suivons est non seulement le droit chemin dans lequel nous croissons dans une vie de sainteté intelligente, mais aussi nous y apprenons la vraie piété. Celle-ci se trouve dans un coeur plein d'affection pour Dieu qui, sans cesse, a affaire avec lui; et c'est ce que nous avons à rechercher. Nous trouvons cela parfaitement dans notre Seigneur: «Je savais, dit-il, que tu m'entends toujours». On trouve ici la confiance faisant appel à la puissance et s'en rapportant à Dieu avec l'affection de l'intimité. Si je sais que ce sont ses voies de bonté et sa volonté qui sont la source de tout ce qui me concerne, cette assurance nourrit la piété avec Dieu, et la communion sera ininterrompue, parce que l'Esprit n'est pas contristé. Telle est l'obéissance de Jésus Christ pour laquelle nous sommes mis à part.

Nous trouvons ensuite une autre vérité bénie. Nous sommes mis à part par l'Esprit pour la valeur et l'aspersion du sang de Jésus Christ. Nous savons que lorsque les sacrificateurs étaient consacrés, on devait mettre du sang sur le lobe de leur oreille droite, sur leur main et sur leur pied, comme preuve que leur esprit, leur travail et leur marche, seraient dignes de la valeur du sang répandu, du sang de Christ qui a été versé. Aux yeux de Dieu, il n'y a pas une seule tache sur nous, mais nous avons à marcher selon la valeur que ce sang a devant Dieu. Pour le lépreux, l'aspersion du sang devait être répétée sept fois. Il était, en type, mis à part pour Dieu, sous l'efficace parfaite et entière de ce que sont devant Dieu l'oeuvre et le sang de Jésus.

Tel fut le double caractère de Jésus, tant dans sa vie que dans sa mort. Même dans sa mort, son obéissance était sa vie. Et c'est ce qui caractérise le chrétien. Cela nous introduit tout de suite dans la réalisation parfaite d'un héritage incorruptible, sans souillure, conservé dans les cieux pour nous. Dieu nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts. Je vois le chemin qu'il a suivi ici-bas, Il est monté au ciel. La mort n'a aucun pouvoir sur lui. Et maintenant, par lui, il n'existe rien entre moi et l'héritage incorruptible. La mort elle-même est entièrement vaincue; au point que, si le Seigneur Jésus revient nous chercher assez tôt, nous ne mourrons pas du tout. Quoiqu'il en soit, nous serons changés et glorifiés; mais je voudrais seulement indiquer comment la puissance de la mort est annulée, et que ce n'est plus nous qui appartenons à la mort, mais que c'est la mort qui nous appartient. L'apôtre peut dire: «Toutes choses sont à vous,… soit vie, soit mort, soit choses présentes, soit choses à venir». Christ est entré dans les profondeurs de la mort pour nous. Il a traversé toutes ces choses et n'en a laissé aucune trace dans la résurrection. Ce n'est pas seulement que le sang ait été répandu, mais il a tout effacé. Ainsi, même si nous devons passer par la mort, elle nous est un gain, car elle nous fait entrer en possession de l'héritage incorruptible.

Nous arrivons au troisième point du chapitre; ce qui nous garde le long du chemin. Nous rencontrerons des difficultés, des épreuves, des tentations; il nous est bon de les regarder en face. Tout le monde ne coule pas une existence paisible et sans orage, quoique les uns puissent paraître mieux partagés que les autres. Les difficultés et les épreuves ne manquent pas et nous avons à faire des sentiers droits à nos pieds. Pourtant nous sommes «gardés par la puissance de Dieu», mais notez bien que c'est «par la foi». Nous avons à nous en souvenir, car c'est pour cette raison que les épreuves sont envoyées. Nous pouvons compter sur toute la puissance de Dieu, mais elle est mise en exercice pour soutenir notre foi en Dieu; comme le Seigneur disait à Pierre: «J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas». Il ne nous retire pas de l'épreuve; au contraire, il est écrit: «Etant affligés pour un peu de temps par diverses tentations». L'épreuve peut produire l'affliction; non que nous doutions de la bonté de Dieu, mais notre âme peut être attristée, soit par le poids du chagrin, soit par ce qui tend à faire glisser nos pieds. Mais après tout, ce n'est que «pour un peu de temps», et «si cela est nécessaire». Ne soyez pas inquiets; Celui qui dirige «ce qui est nécessaire» c'est Dieu lui-même. Il n'afflige pas volontiers. Si cela est nécessaire nous traverserons l'épreuve, mais seulement pour un peu de temps. C'est le travail de Dieu en nous; pourriez-vous penser que cela ne vous est pas utile? Le grand secret est d'avoir une confiance entière en l'amour de Dieu, sachant que c'est lui qui fait tout. Ne regardons pas les circonstances ou les causes secondaires, mais cherchons à voir la main du Seigneur, sachant que c'est l'épreuve de notre foi pendant la courte traversée du désert. Lorsque le jour viendra où Dieu montrera pleinement sa volonté (il fait son oeuvre maintenant, cela va sans dire), alors ces mêmes épreuves seront trouvées tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ. Il travaille en vue de ce but maintenant; peut-être nous placera-t-il dans la fournaise pour faire ressortir la valeur de notre foi? Il n'est plus question de purification; mais Dieu nous fait traverser ce qu'il voit nous être nécessaire comme discipline. Il se sert des choses qui sont dans le monde: le mal, le péché, l'hostilité chez les autres. Enfin, il se sert de tout ce qui nous entoure comme d'instrument pour briser et exercer nos coeurs, afin que notre obéissance soit simple et que notre foi soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ. Nous voyons ainsi combien l'attente de Christ est propre à nous fortifier. Elle ne nous est pas présentée ici sous son aspect le plus élevé, mais le principe général est le même. J'attends. Je ne me tourmenterai pas beaucoup au sujet d'une mauvaise auberge, si je sais que je n'y suis qu'en passage pour deux ou trois jours. Je pourrai désirer être mieux logé, mais n'importe, elle n'est pas ma demeure permanente. Je ne vis pas dans le monde; j'y meurs; s'il reste en moi quelque chose de la vieille nature, je dois le faire mourir. Ma vie est cachée avec le Christ en Dieu. J'attends l'apparition du Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu qui va venir du ciel pour nous chercher et nous faire entrer en possession d'un héritage incorruptible, sans souillure, immarcescible. Tout ce que nous traversons ici-bas est l'exercice de coeur que Dieu sait nous être nécessaire, pour nous amener là où le Seigneur veut nous avoir — auprès de lui pour l'éternité. Il n'est rien qui ait plus d'importance pratique pour notre travail et notre service journalier, que cette attente du Fils de Dieu venant du ciel. Si vous voulez savoir ce qu'est ce monde, et si vous désirez réconforter votre âme, vous attendrez le Fils de Dieu qui va venir du ciel. Je ne puis avoir de consolation, si j'appartiens à ce monde. L'apôtre dit: «Si, pour cette vie seulement, nous avons espérance en Christ, nous sommes les plus misérables des hommes». Et si nous commençons à nous sentir à notre aise ici-bas, nous connaîtrons la discipline de Dieu. Mais du moment que j'attends la venue du Fils de Dieu, ma vie n'est plus que la manifestation des voies de Dieu à mon égard; elles tendent vers un seul but, et c'est que je sois trouvé tourner à louange, et à honneur, et à gloire, en la révélation de Jésus Christ. Permettez-moi de vous demander à tous: Quel serait l'effet produit sur vos âmes par la venue de Christ? Dites-vous: Je suis maintenant affligé par beaucoup de tentations, mais il va venir et me retirer de cette scène, afin que je sois pour toujours auprès de lui. Ou bien, serez-vous surpris par sa venue? Vous trouvera-t-il occupé de mille choses que vous devrez laisser en arrière? Où en est votre coeur quant à la venue du Seigneur Jésus Christ? Jeunes ou vieux (les jeunes gens ont peut-être davantage à apprendre), la venue du Seigneur Jésus vous trouvera-t-elle embarrassés de beaucoup de choses que vous devrez jeter par dessus bord? Ou bien, serez-vous pleins de la pensée: Voici la fin de tous mes exercices de coeur; Celui que j'ai attendu vient pour me prendre auprès de lui? C'est là la différence entre les chrétiens. Si toute ma vie est fondée sur le fait que j'ai la volonté de Dieu pour mobile et pour motif d'action, je rencontrerai les exercices et les épreuves qui me sont nécessaires; mais la venue du Seigneur réveillera en mon âme cette pensée: Il vient me chercher, afin que je sois pour toujours avec lui.

Le Seigneur nous donne d'avoir des coeurs vrais et de nous souvenir que, si nous sommes des chrétiens, Christ est notre vie, et qu'il n'avait aucune part ici-bas. Dans ce chemin-là, nous trouverons la joie, la paix, le repos d'esprit, le vrai bonheur; mais nous devons avoir la foi. Abraham trouva sur la montagne un lieu où il pouvait intercéder auprès de l'Eternel. Mais Lot disait: «Je ne puis me sauver vers la montagne, de peur que le mal ne m'atteigne, et que je ne meure». Pour l'incrédulité, le lieu de la foi est toujours environné des ténèbres les plus épaisses. Le Seigneur nous accorde de savoir ce que c'est que de vivre «par la foi au Fils de Dieu!»