«Transformés à son image»

2 Corinthiens 3  -  Darby J.N.

ME 1898 page 35

 

Tout en établissant de la manière la plus solennelle la responsabilité de l'homme, le christianisme place de prime abord le croyant sur un terrain absolument nouveau. Le premier principe, la base de la vérité, c'est qu'il y a un Médiateur, une troisième personne entre l'homme et Dieu. L'homme ne pouvant venir à Dieu, un autre s'est présenté pour prendre sa cause, de manière à l'amener où il n'eût pu parvenir.

Deux choses en résultent ici: «Où est l'Esprit du Seigneur, il y a la liberté», et nous devenons «lettres de Christ» — lettres bien effacées, sans doute, mais nous ne sommes pas nos propres lettres — «écrites non avec de l'encre, mais par l'Esprit du Dieu vivant». Il ne s'agit pas de devoir l'être, nous le sommes. Quoique misérables et imparfaits en nous-mêmes, l'Esprit de Dieu définit chacun de nous, chrétiens, comme lettre de Christ. La tendance naturelle de beaucoup d'âmes les portera à se dire, si tel est le cas, que penser de moi-même? Je ne vois rien de cette lettre en ma personne. Non, et vous n'avez pas à la voir. Moïse ne savait rien de la gloire de sa face. Il avait vu Dieu, vu la gloire de cette face, et d'autres voyaient la sienne. La gloire de Dieu réfléchie par Moïse était une cause d'effroi pour le peuple qui ne pouvait la supporter. Mais nous la contemplons à face découverte en Christ (verset 18), sans crainte aucune, en toute liberté et avec joie. Au lieu de l'effroi, le bonheur. D'où provient cette différence immense? Du «ministère de l'Esprit» (verset 8), du «ministère de la justice» (verset 9). Je vois un Christ vivant dans la gloire; non un Christ sur la terre — quelque précieux que cela fût — mais un Christ à la droite de Dieu. Et bien que cette gloire soit dans les cieux, je puis la contempler à face découverte. Toute cette gloire — de laquelle il est le centre — ne peut m'effrayer, en raison de cette merveilleuse vérité qu'elle luit sur la face de l'Homme qui a porté mes péchés et, dont la séance à la droite de la Majesté en fait preuve (Hébreux 1: 3). Autrement, j'eusse eu peur d'entendre sa voix, j'eusse dit, comme les enfants d'Israël: «Que Dieu ne parle point avec nous» (Exode 20: 19), ou comme Adam, je me fusse caché en raison d'une mauvaise conscience (Genèse 3: 8). Mais tout est changé aujourd'hui. Je ne puis contempler la gloire de Christ sans savoir que je suis sauvé. Sous quel caractère est-il là? Sous celui de l'Homme qui a marché au milieu des publicains et des pêcheurs, leur ami; l'Homme qui a subi la colère de Dieu contre le péché, l'Homme qui a porté mes péchés en son corps sur le bois — je parle le langage de la foi — il est là comme ayant passé ici-bas au milieu des circonstances et sous l'imputation du péché; cependant c'est dans sa face que je vois la gloire de Dieu. Je le vois là comme conséquence de la rédemption. Je ne pourrais pas voir Christ en gloire, si la plus petite tache de péché demeurait non lavée. Plus je contemple la gloire, mieux je comprends la perfection de l'oeuvre de Christ et la justice dans laquelle je suis accepté. Chaque rayon de cette gloire se voit dans la face de Celui qui a pris mes péchés comme siens, les expiant sur la croix, de Celui qui a glorifié Dieu sur la terre, achevant l'oeuvre que le Père lui avait donnée à faire. La gloire que je contemple est la gloire de la rédemption. Ayant glorifié Dieu quant au péché, il dit: «Moi, je t'ai glorifié sur la terre, j'ai achevé l'oeuvre que tu m'as donnée à faire» (Jean 17: 4).

Quand je le contemple dans la gloire, lui qui s'est chargé de mes péchés, je sais qu'ils ne sont plus. J'ai vu mes péchés mis sur le Médiateur, j'ai vu mes péchés confessés sur la tête du bouc azazel et portés dans une terre inhabitée (Lévitique 16). Dieu a été si complètement glorifié au sujet de mes péchés — par l'oeuvre de Christ qui les expie — que c'est là un titre de sa séance à la droite de Dieu. Je n'ai pas peur de regarder à Christ en gloire. Où sont mes péchés maintenant? Où faut-il les chercher? Au ciel, ou sur la terre? Je vois Christ en gloire, Christ, le Sauveur béni sur la tête duquel ils furent une fois trouvés. Maintenant ils ne sont plus, ne reparaîtront jamais. S'il s'agissait d'un Christ mort, je pourrais encore avoir quelque crainte, pour ainsi dire, mais avec un Christ vivant dans la gloire, les doutes ne sont plus possibles. Celui qui s'était chargé de mes iniquités a été reçu sur le trône de Dieu où jamais péché ne pénétra. Comme conséquence pratique, je suis transformé à son image. «Nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, en Esprit». Le Saint Esprit prenant des choses de Christ et les révélant à nos âmes, est la puissance qui nous conforme pratiquement à lui. Je trouve mes délices en Christ, je me nourris de lui, je l'aime. Cette révélation de Christ est le moule dans lequel le Saint Esprit forme mon âme. Non seulement j'aime la gloire, mais j'aime Christ, j'admire Christ. Il attire mon coeur. Je mange sa chair, je bois son sang, et naturellement je suis transformé à son image. Ainsi le chrétien devient lettre de Christ, parlant pour Christ, agissant pour lui. Il ne désire pas les biens terrestres; les richesses insondables de Christ lui appartiennent. Il ne recherche pas les plaisirs du monde; il y a des plaisirs à la droite de Dieu pour toujours!

Quelque coeur dira-t-il encore: Oh! mais je ne vois pas, je ne puis voir cette lettre en moi? Non, mais vous voyez Christ, et cela ne vaut-il pas beaucoup mieux? Ce n'est point en regardant à moi-même, mais en regardant à Christ qu'est la bénédiction par laquelle Dieu me fait croître à son image. Voulant copier l'oeuvre de quelque grand artiste, sera-ce en considérant avec amertume ma pauvre imitation que je réussirai? Non, mais en contemplant mon modèle, fixant mes yeux sur lui, me pénétrant de l'esprit de la chose.

Remarquez quel encouragement en découle. Le Saint Esprit m'ayant révélé Christ en gloire comme gage de mon acceptation, je puis avoir les yeux fixés sur cette gloire, me réjouissant de son éclat. Etienne (Actes des Apôtres 7), rempli de l'Esprit Saint, ayant les yeux attachés sur le ciel — sans doute avec une puissance exceptionnelle — voit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu, son visage devenant par là comme celui d'un ange. Et quelle mort! Semblable à son Maître, il prie pour ses bourreaux: «Seigneur, ne leur impute point ce péché». «Père, pardonne-leur», demandait le Christ. Etienne exprime le même amour pour ses ennemis, transformé, lui aussi, à la même image par l'Esprit.

L'âme en parfaite liberté devant Dieu contemple en paix et avec bonheur la gloire dans la face de Jésus Christ, et voyant cette gloire, peut marcher devant Dieu avec une sainte confiance. Au lieu de se sentir en liberté dans le domaine de Satan, le chrétien, se connaissant lui-même, craint Satan. A son aise en la présence de Dieu, il s'abreuve à la source d'où procède la «lettre de Christ» qui renseigne le monde sur le caractère céleste. Quelle différence! Puissions-nous de plus en plus nous glorifier en Celui dont la face manifeste tant de gloire — l'Agneau mis à mort pour nous et ayant fait la purification de nos péchés par son précieux sang.