Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 117  -  ME 1898 page 54. 1

Méditation de J.N.D. no 118  -  ME 1898 page 115. 4

Méditation de J.N.D. no 119  -  ME 1898 page 133. 6

 

Méditation de J.N.D. no 117  -  ME 1898 page 54

Exode 12: 1-16

Les délivrances du peuple de Dieu sont toujours liées au fait que Dieu va châtier le monde; Dieu rend témoignage contre lui, et ce témoignage est universel, n'exceptant personne. La loi distingue entre les justes et les injustes; le Saint Esprit prend le monde tel quel et le convainc de péché, parce qu'il na pas cru en Christ. L'Evangile commence par traiter le monde comme déjà condamné, comme ayant déjà repoussé Jésus et tout ce que Dieu a fait par lui. Dieu a éprouvé de toute manière le coeur humain; l'Evangile commence quand cette épreuve est terminée; il suppose tout le monde perdu et offre le salut à ce qui est perdu.

Souvent les âmes veulent faire l'essai de leur propre force; il se trouve alors qu'elles n'en ont point. Il arrive même à des âmes converties de chercher à être acceptées de Dieu, en faisant ce que le Seigneur Jésus a commandé.

Pharaon n'a pas voulu laisser aller le peuple de Dieu. Dieu réclame le droit qu'il a sur son peuple, pour être servi par lui. Pharaon — le monde — n'y consent pas. Alors Dieu l'avertit par des signes et des plaies. L'Egypte ne veut pas écouter; Pharaon endurcit son coeur et devient un monument du jugement de Dieu, pour l'instruction du monde. Comme signe et manifestation de son jugement, Dieu frappe en Egypte les premiers-nés, la force de chaque maison. Il en est de même aujourd'hui; il en fut de même aux temps de Noé. Dieu somme le monde de se soumettre à Christ, l'avertissant de ses jugements, mais le monde ne consent pas à se soumettre, ni à reconnaître son iniquité.

Le monde est toujours averti des jugements de Dieu. Il est dit d'avance que le Seigneur Jésus sera révélé du ciel en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu et contre ceux qui n'obéissent point à l'Evangile de notre Seigneur Jésus Christ (2 Thessaloniciens 1: 7, 8). Ce n'est pas seulement que Dieu dise au monde, comme la loi: «Voici des hommes qui font du bien et en voici qui font du mal;» il demande une soumission complète à sa volonté révélée; il demande que le monde se soumette à Jésus. Tous ceux qui n'y consentent pas, seront forcés de le faire dans le jugement. Pour sauver le monde, Dieu lui présente son Fils humilié. Sans la soumission à Jésus, tout est inutile, car c'est là ce que Dieu exige. Voici mon Fils; recevez mon Fils; c'est le salut: rejetez mon Fils; c'est le jugement. Dieu exige la soumission à Jésus comme Sauveur, la soumission à la grâce. Cela change le coeur; cela change tout. Il faut le reconnaître et le recevoir ainsi; ou bien le reconnaître plus tard en condamnation et en jugement. Ici, toute autre question, toute question de bonnes oeuvres, est entièrement mise de côté. Il ne s'agissait pas pour Zachée de ce qu'il avait fait ou voulait faire, mais de ce que le salut était entré dans sa maison. Si Jésus est reçu, c'est la grâce et la vie, sinon il exercera la vengeance sur ceux qui ne se soumettent pas. Il est heureux qu'il en soit ainsi, et que vous n'ayez pas à chercher dans vos propres coeurs ce que vous pouvez présenter à Dieu. Lorsque, par la grâce, l'oeil du coeur est ouvert pour voir la grâce, la gloire et la perfection de Jésus, Christ est dans le coeur et l'effet, voulu de Dieu, est produit.

L'Esprit de Dieu commence par présenter la certitude du jugement, car l'Eternel doit avoir ses droits. Satan est en possession du monde; il trompe les inconvertis et les tient sous sa puissance; il fait tout ce qu'il peut pour faire croire au monde qu'il est dans le chemin étroit; il vous dira que vous êtes assez honnêtes, assez justes comme cela. Mais Dieu a des droits, et le monde ne veut pas obéir à l'Evangile et pense échapper à la vengeance, comme Eve pensait, en désobéissant, échapper à la mort.

Satan se sert, de son côté, pour perdre les âmes de tous les moyens que Dieu emploie pour les réveiller. Le christianisme a modifié le monde, et Satan emploie même le christianisme pour le tromper. Les âmes croient être en règle, parce que, quoique n'étant pas converties, leur conscience naturelle a honte, dans les pays chrétiens, de ce qui caractérise les idolâtres et les barbares. Dans ce sens, l'usage du christianisme est une tromperie de Satan, pour faire croire aux hommes qu'ils peuvent se présenter devant Dieu, parce qu'il n'y a rien chez eux d'aussi grossier que chez les païens.

En Jésus, tout ce qui est parfait en Dieu et en l'homme est présenté à la conscience. La sainteté de Dieu est présentée en Jésus, non selon les droits de cette sainteté, mais en grâce parfaite. Mais Dieu veut une entière soumission à Jésus qui ne repousse personne. Il est Dieu dans toute sa bonté pour attirer les coeurs, mais il faut que l'on se soumette à Jésus. Si Jésus est repoussé, c'est la démonstration que le coeur ne veut pas de Dieu, de quelque manière qu'il se présente à l'homme. C'est là l'épreuve définitive du coeur de l'homme, de son orgueil, de sa dureté, de sa légèreté. Rien de tout cela ne peut subsister en la présence de Jésus; l'orgueil de l'homme a honte en présence de la croix; la vanité ne peut se montrer devant Jésus, rejeté du monde et méprisé. Rien de ce qui est dans le coeur de l'homme n'ose se présenter devant ce que Dieu est. Dieu sonde le coeur, et c'est ce que l'homme n'aime pas, ni ne veut. Alors qu'il doit se reconnaître pécheur et soumettre sa conscience et sa volonté, il ne le veut pas. Venir dans ses haillons, confessant sa misère, la grâce seule peut faire une telle chose. A cause de cela, l'orgueil de l'homme hait la grâce plus encore que la loi. Le coeur naturel ne peut pas supporter que tout soit mis à découvert, mais Dieu veut sonder le coeur de l'homme et sauver l'âme pour toujours. Dieu agit selon ce qu'il est et non selon nos pensées. Si l'on ne reçoit pas Jésus, Dieu manifestera ce qu'il est par le jugement, car il passera à travers ce monde, comme il a passé à travers l'Egypte.

Au verset 13, nous trouvons la sûreté parfaite des âmes qui se soumettent à Jésus. Israël avait connaissance du jugement de l'Egypte. Il en est toujours ainsi pour les âmes sauvées: elles prennent connaissance des voies de Dieu, du jugement du monde, tandis que les autres espèrent obtenir le ciel sans examiner ce que Dieu a dit. Ayant pris garde à la révélation de Dieu, l'âme craint le jugement; mais quand Dieu révèle le jugement, il révèle aussi le moyen d'y échapper, et l'âme qui a la crainte de Dieu s'attache à sa Parole. Le sang placé sur la porte est une folie pour l'homme, mais la simplicité de la foi accepte la parole de Dieu dans toute sa simplicité.

L'ange exterminateur avait reçu des ordres. S'il y avait des Israélites très honnêtes qui n'eussent pas le sang sur leur porte, l'ange devait y entrer. Il faut Christ et le salut, ou bien point de Christ et point de salut. Qui croit au Fils a la vie éternelle; qui n'a pas le Fils, n'a pas la vie.

Il y a une grande certitude pour ceux qui sont dans la maison, abrités par le sang. C'est Dieu qui exécute le jugement; impossible qu'il se trompe, impossible de lui échapper; mais lorsque Dieu dit qu'il passera outre s'il voit le sang, il y a pour Israël entière certitude qu'il passera et qu'il y a un salut au milieu même du jugement. Dieu ne dit pas: «Quand vous verrez le sang», car, pour échapper au jugement, il ne s'agit pas de la vue que vous avez, soit de vos péchés, soit du sang. Dieu a vu le sang; lui-même estime le sang de Christ; lui-même estime le péché. La foi accepte le jugement de Dieu et s'arrête à ce jugement sur le péché par le sang.

Tout cela avait lieu pour faire sortir le peuple d'Egypte et non pour le laisser dans la maison. Dieu nous a lui-même garantis de son jugement, puis il fait sortir son peuple. Après cela viennent la colère de Satan, le voyage, le combat, mais en présence de ces choses, l'âme peut se nourrir des joies de Christ, car elle sait qu'elle est sauvée.

Avec la pâque, Israël a dû manger du pain sans levain (le péché écarté) et des herbes amères. Plus je connais ce que Christ est, plus j'ai de pensées amères sur mes péchés. C'est ainsi que le peuple mangeait l'agneau, mais il le mangeait en sûreté. C'eût été un péché de penser que Dieu pouvait manquer à sa délivrance, et c'est un péché de douter que le sang de Christ purifie de tout péché.

Israël est encore en Egypte, mais il n'y est plus esclave. Il a sa ceinture, ses souliers et son bâton; il est prêt à se mettre en voyage. C'est là notre position; nous sommes dans le monde, mais celui-ci n'est plus pour nous que le tombeau vide de Jésus. Israël peut se mettre en route avec l'assurance que Dieu est pour lui dans le voyage, parce qu'il s'est déclaré pour lui dans la question du jugement. L'âme peut être travaillée avant d'avoir connu cela. Quand la révélation de Dieu est reçue dans le coeur, l'âme ne peut trouver la paix avant que la révélation de la grâce soit aussi claire et aussi certaine que celle du péché. «Quand je verrai le sang, je passerai par-dessus vous». Le chrétien voit son jugement exécuté en Christ; il sait que le sang est sur la porte et se confie entièrement en Dieu. La soumission consiste d'abord à se soumettre à la justice de Dieu qui nous condamne, tronc et branches, mais qui nous montre que cette condamnation est tombée sur le Seigneur Jésus.

Quand nous avons trouvé la paix, ce n'est que le commencement du voyage. Israël se met en route, sachant que Dieu est pour lui.

Etes-vous soumis à Christ? C'est ce que Dieu demande. Il ne veut ni des offrandes, ni des sacrifices; il vous présente Jésus, en vous montrant ce que vous êtes. Le plus triste pécheur au monde peut être reçu en grâce par Jésus, car il est là pour le recevoir. Si vous avez été convaincu de péché et du salut par Christ, que Dieu vous fasse la grâce de vous nourrir de son Agneau pour commencer le voyage. Ne reculez pas devant les herbes amères.

Méditation de J.N.D. no 118  -  ME 1898 page 115

Hébreux 7

Ce qui nous est dit au verset 26 de ce chapitre suppose toute la hauteur de l'appel de Dieu. Dieu nous dit qu'un «tel souverain sacrificateur nous convenait». Sans doute, un tel souverain sacrificateur convenait à Dieu, mais aussi à nous, parce que nous sommes si fort rapprochés de Dieu qui ne peut supporter aucune impureté en sa présence, que nous sommes «élevés plus haut que les cieux». On ne peut rien exprimer de plus élevé, quant à la perfection du christianisme, que ceci: «Un tel souverain sacrificateur nous convenait».

Christ est en la présence de Dieu selon nos besoins et selon ce que la présence de Dieu exige: il faut ces deux choses ensemble, et elles se trouvent en Jésus qui s'est identifié avec nos besoins et peut se présenter devant Dieu selon le coeur et la sainteté de Dieu.

L'Esprit insiste beaucoup, dans l'épître aux Hébreux, sur ce que Christ est sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec et non selon l'ordre d'Aaron, néanmoins il emprunte à la sacrificature de ce dernier toutes les explications qu'il donne à la sacrificature de Christ. Melchisédec était sans généalogie; il était sacrificateur par la volonté de Dieu, sans rien de plus. Sa sacrificature durait autant que sa vie. Il en est de même de Jésus, tandis que les sacrificateurs selon l'ordre d'Aaron commençaient à 30 ans et finissaient à 50.

Melchisédec ne fait point d'intercession; c'est une sacrificature de louanges et de bénédiction. C'est aussi ce que sera Jésus sur son trône. Il est sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec, selon la puissance d'une vie impérissable, mais il ne peut pas encore bénir les Juifs, ni louer Dieu de sa victoire sur ses ennemis. Jésus le fera sur son trône, dans son règne. Il sera le point de rapprochement avec Dieu et le centre de la bénédiction dans les cieux et sur la terre.

Mais les circonstances de sa sacrificature sont selon le type d'Aaron, parce que nous sommes ici-bas dans la faiblesse. Le chrétien possède actuellement une assurance parfaite de l'oeuvre que Dieu a accomplie en Jésus, ainsi que l'exercice pratique de la puissance du Saint Esprit ici-bas. Actuellement aussi, Christ est assis à la droite de la Majesté dans les cieux, parce que tout est accompli; mais, quant à nous ici-bas, tout n'est pas accompli; nous avons des besoins, nous avons à traverser le désert, nous avons à combattre.

Tout croyant est sous le gouvernement de Dieu. Le Saint Esprit est ici-bas et agit en nous; il agit en rapport avec le gouvernement de Dieu comme Père. Parce que nous sommes ses enfants, il prend connaissance de tout ce que nous faisons; si nous nous éloignons de Dieu, il nous laisse souvent aller notre chemin pour nous corriger. Il arrive fréquemment qu'en perdant la lumière, nous pouvons être à notre aise et tranquilles, nous contentant d'un état plus bas quant à notre âme, mais, si nous marchons toujours selon la lumière que nous avons reçue, nous sommes réellement heureux. C'est là notre joie, d'avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.

C'est ici que l'intercession de Jésus comme sacrificateur, selon le type et non selon l'ordre d'Aaron, est importante. Seulement, en rapport avec cette sacrificature, toutes nos relations avec Dieu sont changées. Elles ne sont pas du tout ce qu'étaient les relations d'Israël. Nous sommes acceptés dans le Bien-aimé, et le Bien-aimé est toujours agréable à Dieu. Il est maintenant assis, parce que, quant à notre acceptation, il n'a plus rien à faire; nous avons la paix éternelle de l'âme quant à la justification. Mais, comme nous l'avons dit, cela place l'âme sous le gouvernement du Père, et c'est là que commence la sacrificature de Jésus. Son intercession commence quand nous sommes sauvés, car il intercède pour son peuple; elle s'applique à nos besoins et s'occupe de nous en amour, malgré nos fautes.

Israël était retranché à la suite du veau d'or, mais Moïse intercède, et tout ce qui suit, dans les rapports de Dieu avec Israël, découle de cette intercession. Envers nous, Dieu n'agit plus en justice judiciaire, mais en justice de gouvernement, et l'amour de Dieu peut toujours se déployer à notre égard. Jésus porte, selon le type d'Aaron, nos noms sur le pectoral devant Dieu. Même quand nous péchons, nous avons un Avocat auprès du Père.

Tout cela s'applique au trajet du désert. Ceux qui font l'expérience de leur infirmité et de leurs manquements dans cette traversée, ont, en vertu de l'intercession de Christ, les regards de Dieu en bénédiction sur eux. C'est pourquoi il peut sauver jusqu'au bout ceux qui s'approchent de Dieu par lui. Etant déjà acceptés selon la justice de Dieu, nous sommes gardés dans le désert à travers des difficultés sans nombre. Lui obtient pour nous tous les remèdes dont nous avons besoin.

Le Saint Esprit est scrutateur; il sonde et examine nos coeurs, il nous avertit, il prend connaissance de nos faiblesses et de nos fautes pour les présenter comme des besoins, et lui-même en devient l'expression. Ces besoins sont ainsi l'occasion de nouvelles grâces et de nouvelles forces. Voilà pourquoi il peut nous sauver jusqu'au bout. Impossible de présenter à Jésus quelque difficulté ou quelque obstacle insurmontables, ou qui puissent diminuer sa justice en notre faveur. Dans la traversée du désert, combien il serait horrible de faire la connaissance de nous-mêmes, s'il n'y avait pas quelqu'un dont la justice subvient à tout! Ayant fait lui-même l'expérience de tous nos ennemis, il intercède pour nous, étant compatissant et ayant une pleine connaissance de notre situation et de nos besoins. Il est parvenu à la fin de la carrière et a connu tous nos ennemis; nous sommes maintenant unis à Celui qui est au-dessus des cieux. C'est une grande puissance, mais cela nous introduit dans de grandes difficultés. La gloire de Christ est la suite de la justice que nous possédons. Pour arriver à cette gloire, il faut que le coeur soit exercé et éprouvé. Nous sommes appelés «par gloire et par vertu», et il faut que la vertu de Jésus se déploie en nous, dans le désert, pendant que nous cheminons vers la gloire. La conséquence en est la manifestation de tout ce que nous sommes, afin que tous nos besoins et toutes nos misères deviennent l'occasion de connaître les richesses de Dieu. Notre âme est exercée de toute manière ici-bas, pour qu'elle soit dépouillée de toute ressource personnelle et que Dieu soit toute notre richesse. Rien ne nous instruit comme nos besoins; c'est là que nous faisons l'expérience des ressources de Celui qui subvient à tout et que nous apprenons à jouir de toute la fidélité et de toute la bonté de Dieu.

Il est parfaitement vrai que, si nous péchons, nous avons un Avocat auprès du Père, mais il n'est pas nécessaire de broncher pour jouir de l'intercession de Jésus, et c'est ce que nous montre l'épître aux Hébreux. Il y a assez d'ennemis sur le chemin pour que cette intercession nous soit nécessaire. Si j'ai rencontré la victoire sur un point et que j'aille en avant, je découvrirai toujours quelque chose de nouveau dans mon coeur quand je me trouverai en face de Satan. Plus le chrétien avance, plus il a besoin de l'intercession de Jésus. Marchons dans la lumière, à la hauteur de la connaissance qui nous est donnée, et nous serons toujours joyeux.

Méditation de J.N.D. no 119  -  ME 1898 page 133

Luc 7: 31-50

Il est écrit que les pensées de Dieu et ses voies ne sont pas semblables aux nôtres, et c'est ce que nous voyons ici. Quel que soit son instrument, Dieu agit en grâce, et quand la grâce a touché le coeur, non seulement elle l'attire, mais encore elle prononce positivement sur le sort de ceux qu'elle a attirés. Elle appelle, soit par bonté, soit par menace, et, de plus, elle pardonne et remet les péchés.

On voit ces deux appels aux versets 31-35. Dieu s'y prend de toute manière: il menace, il avertit, disant que la cognée est déjà mise à la racine des arbres; il vient aussi en grâce vers des péagers et des gens de mauvaise vie. L'homme repousse tout. S'il y a sévérité, il dit: «Il a un démon». S'il y a grâce et débonnaireté, il dit: «C'est un mangeur et un buveur». Mais Dieu ne peut pas classer les hommes en justes et en injustes, comme l'homme le fait dans son aveuglement ou dans son hypocrisie. Il faut qu'il s'y prenne ainsi: ou il doit se séparer de tout, comme Jean Baptiste, et agir en justice, selon la perfection de cette justice; ou bien aller en grâce vers des gens de mauvaise vie, selon la perfection de sa grâce. Dieu se sépare de nous tous, s'il veut garder la place qui convient à sa justice, ou bien il vient en Jésus vers les plus mauvais, pour démontrer la richesse de sa grâce. Il faut que l'homme ait affaire à Dieu, soit en justice, soit en grâce, à Dieu tel qu'il est. Selon la grâce, vous pouvez tout recevoir de Dieu. Vous ne pouvez être entre la grâce et la justice et présenter votre justice a Dieu. La justice de Dieu a déjà dit: «Il n'y a pas de juste, non, pas même un seul». «Aucun homme vivant ne sera justifié devant toi» (Psaumes 143: 2). Votre sentence est aussi absolument prononcée que si vous étiez déjà devant le grand trône blanc.

S'agit-il de la justice de Dieu, nous sommes déjà jugés. Dieu a déjà prononcé le jugement de toutes nos âmes, et c'est une pensée sérieuse. Ou il nous faut rejeter le témoignage de Dieu (mais le jugement ne peut être rejeté), ou il nous faut admettre qu'il n'y a pas un juste au milieu de nous. Si Dieu juge, c'est en justice. Y a-t-il une plus grande folie et une plus grande témérité, que d'avoir la moindre espérance d'entrer dans le ciel, quand le jugement de Dieu a déjà prononcé qu'il n'y a pas un juste?

L'homme a démontré son propre péché et son injustice en rejetant tout ce que Dieu a fait pour lui, et en montrant qu'il ne voulait pas de Dieu, quand Dieu venait à lui en bonté dans la personne de Jésus. Il n'y a personne parmi nous qui n'ait pas rejeté des avertissements et des appels personnels de Dieu, et repoussé ainsi les moyens que Dieu emploie pour nous amener à sa connaissance. Si le Saint Esprit agit dans le coeur, cela même peut devenir une occasion de conviction de péché, en manifestant que notre coeur ne désire point se soumettre à Dieu.

Si, en me comparant à un autre homme, je me trouve juste et lui pécheur, je ne pense pas à Dieu. Oui, l'homme a oublié Dieu, s'il peut se croire juste; et il ne peut se trouver juste, lorsqu'il se place en la présence de Dieu. On pourrait penser que plus tard, moitié par miséricorde, moitié par l'éloignement du jugement, on échappera quand le jour viendra. Cela aussi est l'oubli de Dieu. La conscience n'aime pas la lumière et le coeur n'aime ni la grâce, ni la beauté de Jésus; c'est ce que manifeste la présence en grâce du Seigneur. Mais la sagesse de Dieu, dans le témoignage de Jean Baptiste et dans le témoignage de Jésus, a été justifiée par ses enfants.

Les pharisiens se croyaient plus justes que les autres. Jésus ne se détourne de personne, pas plus d'un pharisien que d'un péager; la lumière est la même devant tous; elle a le même caractère et met tout en évidence selon ce caractère. Rien de plus dégradé, de plus misérable, quoique Dieu puisse en avoir compassion, qu'une femme de mauvaise vie. Le pharisien met en doute ce qu'est Jésus pour en juger, mais il se place devant la lumière et il est jugé lui-même. Il faut être dans de bien profondes ténèbres pour prétendre juger Jésus. Simon ne comprenait pas qu'il y eût en Dieu de l'amour et de la grâce; il ne voit pas que Jésus est prophète; il ignore que Dieu est là; c'est le terme de toute la sagacité de l'homme. Mais Jésus, étant prophète, discerne les pensées de Simon, avant de lui parler de cette femme. C'est ce que Dieu fait. On peut juger la parole de Dieu, mais celui que vous voulez juger, Dieu, dans sa Parole, discerne vos pensées, les secrets de votre coeur, et sait si vous recevez la Parole ou si vous la jugez. La lumière met en évidence tout ce qu'elle atteint. Le pharisien se montre entièrement ignorant de Dieu; il ne voit pas que la justice de Dieu l'atteint lui-même et il ne voit pas que la grâce de Dieu peut atteindre même une femme de mauvaise vie.

Il faut que nos coeurs aiment Dieu; c'est ce que la loi commande et ce que la grâce produit. Si une créature aime Dieu parfaitement, elle est pure. C'est ce que Jésus propose à Simon: Celui à qui il aura été plus pardonné, aime plus. Le Seigneur applique cela directement à Simon lui-même. La parole de Dieu va droit à la conscience et dit: Tu es cet homme. Dieu dit de vous, de chacun de vous: Il n'y a pas un juste. Il a patience et ne frappe pas encore, mais le mépris de ses appels trouvera sa rétribution au jour du jugement. Jésus juge Simon par son propre jugement. L'homme peut juger droitement, quand il s'agit de quelque chose qui ne le touche pas, mais non pas quand il s'agit de se condamner lui-même. Simon se trouve ainsi plus éloigné de Dieu qu'une femme de mauvaise vie. L'homme pense plus à sa propre réputation qu'au jugement de Dieu; c'est une hypocrisie de coeur qui fait qu'on veut paraître bon devant les hommes, quand on est plein de souillures devant Dieu. Simon avait invité Jésus pour le juger, et il se trouve jugé par lui.

Nous avons, de la bouche même de Celui qui jugera les vivants et les morts, ce qu'il pense de Simon et de la pécheresse. Pour Simon, Jésus était un charpentier qui s'était fait prédicateur, et il voulait en juger; il n'avait ni discerné, ni estimé, ni aimé le Fils de Dieu. Les affections n'étaient pas atteintes par la présence de Celui en qui Dieu a mis tout son bon plaisir. Tout ce qui était en dehors de ce monde maudit, était au delà de son intelligence. Le monde ne peut supporter la présence du Seigneur Jésus, et Simon n'avait pas même observé les convenances de la vie envers lui.

La pécheresse avait discerné ce que Jésus était; elle ne craint pas d'entrer dans la maison du pharisien; elle est si préoccupée de Jésus qu'elle oublie les convenances de la vie; elle a besoin de lui, elle est attirée vers lui et ne pense qu'à lui; rien ne l'arrête pour le chercher au moment où on peut le trouver; elle sait que c'en est fait d'elle, si elle ne le trouve pas; alors tout disparaît; il faut le posséder, et elle oublie tout dans le besoin qu'elle a de lui.

Le Seigneur avait l'air de ne pas faire attention à cette femme: il la laisse faire; il veut mettre en évidence le jugement de Dieu. Elle ne se borne pas à estimer Jésus; elle ne lui apporte pas de l'eau, ce que Simon avait négligé de faire; elle arrose ses pieds de larmes et les couvre de baisers. Elle était accablée du poids de ses péchés et attirée vers lui; elle discernait en lui la grâce, et que Dieu était amour, et qu'il pouvait avoir compassion d'une pécheresse, dont le monde même ne pouvait avoir compassion. En même temps, elle dépense inutilement pour lui tout ce qu'elle a, car l'amour ne calcule pas. Simon, avec toute sa sagesse et sa sagacité, ne discerne pas la manifestation de Dieu en Christ; il ne cherche pas Dieu; il n'a point d'amour; pas même assez pour offrir de l'eau afin de laver les pieds du Seigneur. Son coeur n'est pas touché, quand il voit la bonté du Sauveur pour cette pauvre femme; il n'a pour lui ni eau, ni baisers. La femme, dans sa conviction de péché, n'ose pas lui adresser la parole; elle oublie tout, et, dans son besoin, fait pour lui ce qu'elle peut, lui donne ce qu'elle a.

Lequel des deux est le plus près de Dieu? Auquel des deux ressemblez-vous? Auquel aimeriez-vous ressembler? A Simon, ou à cette pauvre femme, perdue de réputation, mais préoccupée de Celui qui attire son coeur, par la conviction terrible de ses péchés? Alors, tout est changé; Jésus prononce l'appréciation de Dieu sur ce coeur attiré. Quand on voit qu'il ne nous repousse pas, cela soulage, mais ce n'est pas la paix, car la paix se lie au pardon. Le Seigneur prend décidément et publiquement le parti de cette femme et s'identifie avec elle et non avec Simon. Elle était convaincue de péché, mais, pour elle, Jésus était tout. Ayant trouvé Dieu, elle trouve la grâce, la justice et un Dieu qui prend décidément son parti. Elle avait tout perdu, sauf Jésus, et Simon est laissé de côté. Ce dernier peut porter sur Christ le jugement qu'il veut; le coeur de la femme est touché et brisé et le Seigneur lui répond. L'homme blâme l'Evangile, le critique, le juge… et l'homme sera jugé, tandis que les élus seront sauvés par le même Evangile que l'homme a critiqué. L'homme perdu et pécheur a besoin d'être sauvé. Si vous n'avez pas ce besoin, Jésus vous laissera là, pour aller vers le plus misérable d'entre les hommes.

Toute l'érudition, toute la sagesse, tous les jugements du monde sont mis en balance avec un coeur brisé. Dieu est avec celui-ci et rejette les autres. Si je trouve dans ce chapitre ma sentence de la bouche de Dieu, je trouve aussi la pensée de Dieu sur l'âme attirée: «Tes nombreux péchés sont pardonnés; ta foi t'a sauvée». Jésus nous donne la connaissance et l'assurance de notre salut. Si vous croyez au Fils de Dieu, comme un pauvre pécheur perdu, Dieu vous dit aussi: «Ta foi t'a sauvé; va-t'en en paix». C'est une appréciation prononcée pour l'éternité, et Satan, ni quoi que ce soit, ne peut empêcher ce pardon et cette paix.

Que Dieu vous donne d'avoir le coeur brisé de cette pauvre femme et de trouver ainsi votre place avec elle!