Lettres de Darby J.N.

 

Lettres de Darby J.N. 1

Lettre de J.N.D. no 194 – ME 1899 page 20. 2

Lettre de J.N.D. no 195 – ME 1899 page 38. 3

Lettre de J.N.D. no 196 – ME 1899 page 39. 3

Lettre de J.N.D. no 197 – ME 1899 page 56. 4

Lettre de J.N.D. no 198 – ME 1899 page 57. 4

Lettre de J.N.D. no 199 – ME 1899 page 74. 6

Lettre de J.N.D. no 200 – ME 1899 page 75. 6

Lettre de J.N.D. no 201 – ME 1899 page 77. 7

Lettre de J.N.D. no 202 – ME 1899 page 118. 8

Lettre de J.N.D. no 203 – ME 1899 page 155. 9

Lettre de J.N.D. no 204 – ME 1899 page 178. 11

Lettre de J.N.D. no 205 – ME 1899 page 195. 12

Lettre de J.N.D. no 206 – ME 1899 page 199. 14

Lettre de J.N.D. no 207 – ME 1899 page 219. 15

Lettre de J.N.D. no 208 – ME 1899 page 238. 16

Lettre de J.N.D. no 209 – ME 1899 page 239. 16

Lettre de J.N.D. no 210 – ME 1899 page 253. 17

Lettre de J.N.D. no 211 – ME 1899 page 255. 18

Lettre de J.N.D. no 212 – ME 1899 page 257. 19

Lettre de J.N.D. no 213 – ME 1899 page 259. 20

Lettre de J.N.D. no 214 – ME 1899 page 276. 20

Lettre de J.N.D. no 215 – ME 1899 page 278. 21

Lettre de J.N.D. no 216 – ME 1899 page 280. 23

Lettre de J.N.D. no 217 – ME 1899 page 296. 23

Lettre de J.N.D. no 218 – ME 1899 page 298. 24

Lettre de J.N.D. no 219 – ME 1899 page 316. 25

Lettre de J.N.D. no 220 – ME 1899 page 317. 26

Lettre de J.N.D. no 221 – ME 1899 page 318. 26

Lettre de J.N.D. no 222 – ME 1899 page 338. 28

Lettre de J.N.D. no 223 – ME 1899 page 352. 29

Lettre de J.N.D. no 224 – ME 1899 page 356. 31

Lettre de J.N.D. no 225 – ME 1899 page 397. 33

Lettre de J.N.D. no 226 – ME 1899 page 416. 34

Lettre de J.N.D. no 227 – ME 1899 page 417. 35

Lettre de J.N.D. no 228 – ME 1899 page 418. 36

Lettre de J.N.D. no 229 – ME 1899 page 420. 37

Lettre de J.N.D. no 230 – ME 1899 page 440. 37

Lettre de J.N.D. no 231 – ME 1899 page 456. 38

Lettre de J.N.D. no 232 – ME 1899 page 458. 39

Lettre de J.N.D. no 233 – ME 1899 page 459. 39

Lettre de J.N.D. no 234 – ME 1899 page 460. 40

Lettre de J.N.D. no 235 – ME 1899 page 460. 40

Lettre de J.N.D. no 236 – ME 1899 page 476. 41

 

Lettre de J.N.D. no 194 – ME 1899 page 20

à Mr P.S.

Montpellier, mars? 1854

Bien cher frère,

… Je crois que Dieu m'a conduit en prolongeant mon séjour à Orthez. La végétation n'est pas plus avancée ici. Je pars, Dieu voulant, pour les Cévennes lundi.

Je remercie bien vos chers enfants de leur souvenir; certainement, quoique faible en intercession, je prie pour eux…

… Il y a progrès chez V., mais je ne crois pas qu'il soit venu au point que la charité désire pour lui. Le sentiment général condamne, à ce qu'il paraît, la manière dont E. s'y est pris à son égard; je ne partage pas entièrement ce sentiment, et je crois que mon jugement est juste dans la conscience que je ne suis qu'un pauvre pécheur en moi-même, mais dans le désir de maintenir la sainteté de Dieu à sa vraie hauteur, sinon en actes, comme cela devrait être, au moins en jugeant les actes, s'ils ne répondent pas à cette sainteté…

… Adieu, cher frère; que Dieu bénisse abondamment toute votre maison.

P. a passé ici et à Nîmes, assez triste et abattu.

J'ai vu M. qui était au lit pour un mal qui n'avait aucune importance. Il paraissait heureux.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 195 – ME 1899 page 38

à Mr P.S.

Londres, juin 1854

Bien cher frère,

… Il y a deux mots traduits Très-haut ou Souverain; Helionin et Helia; Daniel 7: 18 et 22, c'est Helionin. Les saints du souverain sont toujours Helionin. «Il blasphémera Helia» (verset 25). Le peuple des saints sont les Juifs, je le crois. «Les saints» les embrasse tous, soit des hauts lieux, soit sur la terre. Les saints des hauts lieux ne sont pas nécessairement l'Eglise, mais l'Eglise en est. Je crois que le mot a probablement donné lieu à l'expression epourania dans l'épître aux Ephésiens. Helionin est au pluriel; on a dit pluriel de majesté; je ne le crois pas, quoique ce soit en rapport avec cette majesté. Quand on nomme Dieu, c'est Helia, de sorte qu'il n'y a guère lieu de dire que Helionin soit un pluriel de majesté.

Votre affectionné frère. A la hâte.

Lettre de J.N.D. no 196 – ME 1899 page 39

à Mr P.S.

Londres, juin? 1854

Bien cher frère,

… J'ai toujours l'intention, Dieu voulant, de me rendre en Hollande, mais je pense que ce sera à la fin de juillet.

Nous avons eu pendant dix jours une chaleur plus accablante que tout ce que j'ai éprouvé dans le midi. Peut-être l'état de mon corps a contribué à ce sentiment de lassitude, mais tout le monde le sentait plus ou moins. Le temps s'est beaucoup rafraîchi. Toutefois j'ai travaillé comme de coutume.

Les frères vont bien; leur nombre a considérablement augmenté; en général, ils sont encouragés et en paix.

Ceux dont nous sommes séparés, hélas! vont toujours plus en avant, quant à la mauvaise doctrine. Il y en a qui ont publié que Christ a dû se mortifier constamment pour pouvoir supporter la croix, sans cela il ne l'aurait pas pu, ajoutant même que la croix extérieure était peu de chose. Béthesda aussi reçoit maintenant ceux de Comptonstreet sans examen. C'est ce que j'ai appris en arrivant, mais nous ne nous en sommes pas occupés davantage. J'espère que la peine que cela cause est selon Dieu, quoique les faits rendent la marche plus claire.

Je viens de publier les Etudes sur 2 Corinthiens dans la traduction anglaise, et je m'occupe des Galates. J'aimerais que vous eussiez ces traductions pour votre texte français, car il y a toujours quelque chose à perfectionner. J'ai découvert par ci, par là, quelques éclaircissements nouveaux sur la force des phrases…

La publication du journal «Bible Treasury» sera continuée. Je m'occupe d'un article sur le résidu juif et sur l'Eglise, d'après les prophètes, les Psaumes et le N.T. Je ne sais où je le publierai. Paix vous soit, cher frère.

Saluez bien Madame et vos enfants de ma part, ainsi que C.

Votre bien affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 197 – ME 1899 page 56

à Mr P.S.

Harlem, 28 août 1854

Cher frère,

… Vous voyez que je suis déjà à l'étranger et chez les bons amis W.

J'ai passé un dimanche à Ostende où nous avons rompu le pain (B. et moi), avec une famille hollandaise bien intéressante. Le père, le moins décidé, est grand ami du roi. Madame et sa soeur sont d'excellentes personnes, et bien au clair; Monsieur a été très fidèle pour confesser le Seigneur devant le roi. C'est B. qui a été l'instrument de leur conversion, à Nice. D'autres âmes ont, je l'espère, reçu du bien.

Je pense partir pour l'Allemagne ces jours-ci. Dites à L. que je bénis Dieu de ce qu'il lui a conservé sa femme, et que j'espère que Dieu lui fera la grâce de consacrer à Dieu son enfant, de coeur et avec un propos arrêté, par la foi.

Paix vous soit, cher frère, et à tous les vôtres.

Je vous remercie beaucoup de l'intérêt que vous mettez à avoir des nouvelles de ma santé. Je suis mieux; je ne suis plus jeune pour retrouver l'élasticité qui accompagne, dans la jeunesse, le rétablissement de la santé, mais j'ai à peu près ma force accoutumée maintenant.

Je salue affectueusement les frères. J'ai quelque espoir de visiter l'Alsace, mais je n'en suis pas encore sûr.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 198 – ME 1899 page 57

à Mr P.S.

Elberfeld, novembre 1854

Bien-aimé frère,

… Ici je suis à écorcher l'allemand avec ces bons frères que Dieu a beaucoup bénis à travers les difficultés accoutumées de l'oeuvre chrétienne. Il y a d'excellents ouvriers, mais nous avons encore nos difficultés. Un frère, que mon frère entretenait, a travaillé parmi eux et a été le moyen d'en réveiller plusieurs, mais il n'inspire pas de confiance aux frères quant à la profondeur de sa piété. Il est actif et a beaucoup de facilité et de confiance en lui-même, les rapports sont difficiles — pas pour moi, sauf en ce qui concerne les efforts pour y porter remède — mais dans leur propre champ ils sont beaucoup bénis. Il y a eu depuis le mois d'octobre de nombreuses conversions; je crains de dire combien, de peur d'exagérer, mais je crois entre cent et deux cents, et il y a de la piété et du dévouement; notre bon Dieu les garde. En général, maintenant on les laisse tranquilles, sauf en Nassau — en Hollande, la police vient de les visiter, je ne sais ce qui en résultera. En général, en Hollande, j'ai trouvé la porte ouverte (je ne pouvais parler que français), mais il me semble que l'Esprit de Dieu y agit. B. a rompu le pain avec plusieurs, dimanche. Il est évident que l'Esprit agit dans ce temps-ci presque partout. Que le nom de Dieu en soit béni. J'ai été très heureux en Hollande, et j'y ai fait la connaissance de plusieurs familles intéressantes principalement dans la classe aisée et instruite, car je ne parlais pas leur langue, mais ce ne sont pas les seuls. J'ai eu une bonne et assez nombreuse réunion à Amsterdam dans une espèce d'hôtel, et une autre moins publique dans une maison où l'on se réunit. J'étais très heureux, et l'on désire que je revienne. B. y a passé quelques jours après moi; il a beaucoup plus d'entrain, cela va sans dire, et il est plus liant, mais Dieu daigne se servir de tous.

Je pense aller lundi faire, pendant quelques jours, connaissance des frères de la campagne, dans un pays un peu dans le genre de l'Ardèche. Mon havresac me fait défaut en pareil cas et, ce qui est plus important, la langue. Mais j'y vais, je l'espère, avec Dieu, et il suppléera à tout. Sa bonté demeure à toujours. Il permet que le monde visible soit là comme une chose qui le cache, afin que ce soit la foi qui perce à travers tout pour le connaître, qui agisse et qui jouisse, c'est-à-dire qui donne la connaissance de lui-même, car cela appartient à la foi, quand il ne se fait pas voir; mais combien peu nous en avons. Moïse tint ferme, comme voyant celui qui est invisible. Nous ne regardons pas aux choses qui se voient, mais aux choses qui ne se voient pas. Cela fait que la mort même perd sa puissance. Elle n'est, pour le chrétien, que ce qui se voit; ce qui est par derrière c'est Dieu lui-même.

Saluez affectueusement les frères, ainsi que toute votre famille.

Votre bien affectionné.


Quant au Deutéronome, on pourrait dire que c'était un second Décalogue, mais il est évident, d'après plus d'un passage, que le peuple est placé en Deutéronome dans une autre position que dans les trois livres précédents, et qu'il y a là une provision pour l'état de choses que l'on trouve en Samuel où, quoiqu'il y eût des sacrificateurs, Dieu était en rapport direct avec le peuple, et où tout marchait selon la fidélité de ce dernier, mais non selon l'ordre régulier établi de la part de Dieu. J'ai remarqué bien des cas dans le Deutéronome où les directions données supposent que les règlements des autres livres sont abrogés en pratique. Alors le peuple est placé, comme cela arrive toujours, plus immédiatement en relation avec Dieu, bienfait que Dieu tire du mal. Il en est de même de l'Eglise.

J'ai lu ici avec les frères à l'oeuvre, 1 Jean, Galates, l'évangile de Jean, et donné d'une manière suivie le contenu de Matthieu et d'une partie de Luc; le tout en superbe allemand, comme vous pouvez le croire.

Lettre de J.N.D. no 199 – ME 1899 page 74

à Mr P.S.

Elberfeld 1855?

… Quant à vos chagrins à Pau, j'y prends part avec l'assemblée, de tout mon coeur. Je ne puis dire que j'en sois surpris, bien que j'en sois peiné. J'espère que Dieu donnera à l'assemblée la sagesse nécessaire pour discerner le vrai caractère de ce mariage, ces cas différant beaucoup entre eux. Il y a des cas où il faut user de compassion; d'autres où il faut exercer la charité, sans doute, mais comme lorsqu'on tire quelque chose du feu, tout en maintenant en tout cas la discipline du Seigneur. Un tel mariage est une preuve, quoiqu'il en soit, d'un manque total de spiritualité, mais il pourrait bien y avoir des cas où je serais plus peiné d'un mariage avec un protestant qu'avec un catholique, bien que le fait soit moralement grave; toutefois il faut traiter ce fait non pas pour cela, mais en soi.

J'aimerais bien savoir comment va mon pauvre P. B. J'étais inquiet de sa position et j'avais un peu l'idée de lui écrire, mais je suis excessivement occupé.

Paix vous soit, bien-aimé frère.

Votre dévoué.

Lettre de J.N.D. no 200 – ME 1899 page 75

à Mr P.S.

Elberfeld, janvier? 1855

Bien-aimé frère,

… Je bénis Dieu des nouvelles que vous me donnez de B. Dieu est toujours bon, et je pensais qu'il ne voulait pas laisser son pauvre serviteur sans le remonter de son abattement, et qu'il voudrait montrer qu'il est sien.

S'il retrouve la paix, il se peut bien qu'il se remette un peu et qu'il rende un bon et heureux témoignage, mais il ne sera jamais un homme de travail comme par le passé. Cependant il peut être heureux et béni, et rendre un témoignage particulier de la bonté et de la grâce de Dieu. Il se peut, Dieu le sait, que ce soit seulement au lit de mort que le soleil se lève définitivement sur son âme. J'espère que nous le verrons heureux avec une douce soirée à la fin de sa vie, après tant de tempêtes. Dieu est parfait en bonté et dirige tout à l'égard des siens, et pour les siens.

Dieu soit béni que les frères prospèrent. En général, j'en ai de bonnes nouvelles. A Lausanne, il y a eu des conversions, ce qui doit être un rafraîchissement pour les frères de là-bas.

Ici, à Elberfeld, de même, j'espère que l'oeuvre s'approfondit; nos réunions de Cène sont pour moi des temps de communion sensible. Les réunions du dehors sont assez vivantes et bien fréquentées, j'entends là où je vais le dimanche de droite et de gauche…

Depuis que je suis ici, la portée de la Genèse s'est développée à mon esprit, en la relisant, et quelques considérations précieuses se sont présentées. Quoiqu'il n'y ait rien de changé pour moi, j'ai été frappé de la différence entre les communications de Dieu à Abraham, chapitre 15, et leur effet, et celles du chapitre 17, et leur effet. Les unes sont ce que Dieu est pour Abraham, et il demande pour lui-même; les autres, la révélation de ce que Dieu est, et elles conduisent à la communion et à l'intercession pour les autres. Cela est très beau.

Je crois avoir trouvé, dans la dernière partie, une portée et un ensemble que je n'avais pas su trouver auparavant.

Adieu, cher frère; il me tarde un peu d'avoir fini mon travail ici, et de me mettre en route; mais Dieu dirige tout.

La traduction française n'est pas aussi nécessaire que l'allemande, mais ce serait beau d'en avoir une pareille en français.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 201 – ME 1899 page 77

à Mr P.S.

Elberfeld, février? 1855

Bien-aimé frère,

… Depuis que je suis ici, j'ai écrit sur la fin d'Ephésiens, Philippiens et Colossiens; ce dernier, et en particulier la comparaison de son contenu avec celui des Ephésiens m'a singulièrement instruit, et même à l'égard des vérités spéciales qui se trouvent dans les deux épîtres. Que les voies de notre Dieu sont merveilleuses en grâce! Je sens que nous tirons vers la fin, aussi est-ce une joie pour mon coeur, quoique pour ce pauvre monde il soit terrible de le voir s'enfoncer dans les ténèbres. Ici, les conversions continuent, de manière à rendre témoignage, même d'une manière frappante, à l'oeuvre de Dieu. Dans ces villes (Elberfeld et Barmen), il n'y a guère de conversions de quelque côté que ce soit; mais je suis heureux dans les réunions; on y sent la présence de Dieu, et le nombre des assistants augmente.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 202 – ME 1899 page 118

à Mr P.S.

Elberfeld, avril 1855

Bien-aimé frère,

… Je réponds brièvement à vos questions:

Quant au royaume de Dieu, j'ai un peu l'idée que la partie terrestre du royaume prise à part a perdu le titre de royaume de Dieu. On l'attendait sur la terre au milieu des Juifs, mais ceux-ci ayant rejeté le roi, le royaume leur a été ôté et donné à une nation qui en rapporte les fruits (Matthieu 21: 43). Il a pris un caractère céleste pour ce qui regarde le siège du gouvernement. Le monde sera bien une partie du royaume, mais comme territoire assujetti, pour ainsi dire. Les cieux règnent maintenant et nous avons les mystères du royaume, plus tard ce sera en puissance, mais nous régnerons epi, sur la terre; le royaume n'y est pas. Les apôtres en parlent aussi de cette manière, et les évangiles aussi, me semble-t-il, sauf quand il s'agit d'une attente précédente.

L'expression «Tout Israël» n'est pas difficile, quand on réfléchit à la position de ce peuple. Maintenant, les individus sont appelés à se fondre dans l'Eglise; ils ne sont plus Juifs, ni Israël. Il y a bien eu un résidu selon l'élection de la grâce, mais il ne gardait plus son caractère d'Israël. Le Seigneur ajoutait à l'Assemblée ceux qui devaient être sauvés. Mais lorsque Dieu rétablira Israël, il fera d'un résidu, est-il dit, une grande nation, et non seulement cela, ce ne seront plus seulement les Juifs, c'est-à-dire deux tribus avec quelques individus des autres tribus; ce sera tout Israël. De plus, les rebelles étant retranchés dans le pays (Psaumes 101: 8), ou étant empêchés d'y entrer, ce qui est épargné devient littéralement «Tout Israël», expression connue de l'Ancien Testament (hébreux Kol Israël), pour la nation collective composée des douze tribus.

Je crois que, quant à la justice, Christ est assis, mais que, quant à nos difficultés, nos faiblesses, ou nos chutes, il intercède pour nous. Quant à la justice, nous sommes dans le ciel devant Dieu; mais nous marchons sur la terre, et à cet égard Christ est entre nous et Dieu. Dans cette relation, une foule d'affections, la confiance qui se réfugie auprès de l'amour, l'attente de le faiblesse, toutes les choses qui se développent chez nous dans la dépendance d'un Etre parfait, mais qui est Dieu en sainteté, s'exercent et se forment dans le coeur, choses auxquelles la justice parfaite ne donne pas lieu. Je sais qu'on a voulu dire que entugcanei n'a pas le sens d'intercession; mais on se trompe; Romains 8: 26, montre le contraire…

J'espère partir la semaine prochaine pour Francfort, et, par l'Alsace, pour la Suisse. Je verrai donc, Dieu voulant, l'état de ces âmes. Il faut être fondé pour résister aux influences pastorales, et les Luthériens (je ne sais s'ils le sont) sont infiniment plus plongés dans la superstition et dans tout ce que Paul a combattu, que les autres.

L'oeuvre s'étend ici; Dieu m'a récemment donné une âme (un fabricant d'ici), qui a encore son parti à prendre, mais qui est affranchi, et qui, j'espère, aura la force de marcher. Ici, comme en toutes choses, c'est le premier pas qui coûte.

Je vous renvoie une partie des notes, en vous remerciant. Les frères d'Angleterre jouissent beaucoup de Matthieu. Vous aurez reçu, je l'espère, les prophètes. J'ai eu l'occasion de parler dans une grande réunion de Baptistes, le lundi de Pâques. L'effet de l'Evangile, de la grâce pleine et libre (ils sont beaucoup sous la loi), était frappant; je ne prétends pas dire quel effet permanent Dieu a pu produire. Dieu m'a donné de la liberté même par rapport à la langue.

J'ai été mécontent de l'habillement de la première partie de notre traduction allemande du Nouveau Testament, et je fais réimprimer ce qui ne me contente pas. J'ai relu et préparé le tout, à part quelques feuilles où il n'y a pas, je le pense, beaucoup de fautes, et je crois, que nous aurons ainsi une bonne traduction. Qui entreprendra l'Ancien Testament? On a bien de Wette, mais sa traduction, toute belle qu'elle soit, laisse à désirer; celle de Luther est affreuse. Notre langage paraît très intelligible aux simples, et je crois qu'en somme nous avons donné le sens de l'Esprit plus fidèlement qu'on ne le trouvera partout ailleurs.

Mais il me faut terminer ma lettre. J'espère toujours vous voir. J'espère, que Dieu mettra sa bonne main à C. Il y avait là des éléments propres à faire éclater des divisions, mais Dieu est fidèle et bon. Puis il y a des relations avec d'autres assemblées, mais cela m'inspire de la confiance, parce que cela fera intervenir Dieu et écartera le mal qui était déjà dans le sein du troupeau et y fermentait. Quelle bonté Dieu montre envers ces pauvres troupeaux et ses enfants!

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 203 – ME 1899 page 155

à Mr P.S.

Elberfeld, 4 avril 1855

Bien cher frère,

Je vous remercie beaucoup de votre lettre qui m'apprend la mort de notre bien-aimé frère et maintenant heureux B. C'est pour moi une profonde consolation d'apprendre que la paix et la lumière se sont manifestées à cette âme et dans cette âme, avant son délogement. Je m'attendais pour cela à la fidélité de Dieu, mais, tout en ayant la ferme confiance qu'il l'accorderait, j'attendais en tremblant; je croyais y voir les voies de Dieu qui sont toujours sérieuses et solennelles, mais sa grâce domine tout. B. m'était très cher; il avait ses fautes, ensevelies maintenant avec lui, et ses fautes étaient tout extérieures, de sorte qu'on voyait le côté désagréable de son caractère. Il se présentait souvent aux autres de manière à les repousser et à exercer leur patience. Mais je n'ai guère vu un homme plus dévoué et qui se dépensât plus entièrement pour le Seigneur, ne pensant en rien à ses intérêts propres, et cela, non dans un moment d'enthousiasme, mais depuis près de trente longues années. Cela a du prix auprès de Dieu, comme venant de sa grâce. Pour moi, sa mémoire, maintenant que ses fautes personnelles sont passées pour toujours, est revêtue de ce caractère-là, et je crois que Dieu ne l'oublie pas. Il est doux de voir la fidélité de Dieu donnant la paix à cette pauvre âme, la paix de Jésus, en sorte qu'il a pu en rendre témoignage à tous avant son départ. S'il ne l'avait pas fait, c'eût été un poids sur le coeur de beaucoup d'enfants de Dieu, alors même qu'ils reconnaissent que Dieu est vrai, et tout homme menteur, et que ses voies sont souvent encore incompréhensibles. Pour ma part, je n'aurais pas douté de son christianisme, mais le choc sur les coeurs aurait été violent. Il était aimé, quoiqu'il eût froissé bien des coeurs; il avait travaillé depuis trente ans (avec bénédiction pour commencer) dans le Béarn, et était identifié avec l'oeuvre de Dieu dans ce pays, mais Dieu est toujours bon et fidèle.

Notre traduction allemande est imprimée, mais je suis mécontent des trois premiers évangiles et de l'épître aux Romains, et je réimprime ces quatre livres. Dans les Romains, on a retenu (ce doit être en corrigeant à la presse) des passages de Luther que je ne puis supporter. Les autres épîtres, quoique celle aux Galates soit très raide, me paraissent bien traduites, mais au commencement, je n'avais pas assez soigné les détails. Cela ne me retardera pas beaucoup, car nous aurons relu et refait les trois évangiles pendant que l'imprimeur imprimera les sept ou huit dernières feuilles. Je ne doute pas que pour le sens on ait une bonne traduction, et quoique je n'aie pas été satisfait, les frères simples ont trouvé tout ce qu'ils en ont lu beaucoup plus intelligible que ce qu'ils avaient auparavant.

Nous n'avons que les errata à mettre en ordre, et l'avant-propos où j'ai expliqué bien des choses simplement pour les simples, le but de notre travail étant de répondre à leurs besoins. Nous n'aurons plus que cela, si du moins Jean et les Actes des Apôtres passent l'examen que nous allons en faire demain. Ayant commencé ce travail, je préférerais l'avoir bien fait en entier que de le laisser sensiblement imparfait. Nos pauvres frères pourront, je le pense, se le procurer pour moins d'un franc. De Wette avec l'Ancien Testament coûte 20 francs et, sauf sa traduction, il n'y a rien de supportable, et encore présente-il des traits de rationalisme. On dit qu'il y a une toute nouvelle traduction de toute la Bible, un Luther corrigé. Je le crois incorrigible; il est bien tombé dans mon estime depuis une année. J'apprécie sa foi, son énergie, la force avec laquelle il se confiait en Dieu pour son oeuvre, je le reconnais de tout mon coeur comme un merveilleux instrument de Dieu sous ce rapport. Mais il était plein de lui-même à un point qui est humiliant pour le coeur, et pénible à lire. Dans sa traduction, il a traité la Parole avec une légèreté qui excite souvent mon indignation. Puis il avait une confiance en lui-même à ne rien voir que ce qu'il voyait. Il manquait de ce genre de coeur qui aime à voir les autres excellents et honorés de Dieu; il n'était pas l'homme qui y prend plaisir, qui savoure ce qui est beau et précieux dans un autre plus qu'en soi, et le voit davantage. Il ne savourait pas même ce qu'il y a de parfait dans la Parole, les traits divins qui s'y trouvent; il était loin d'être au clair quant à la grâce; il croyait que ses pensées, son expérience personnelle, étaient la mesure de la stature possible du christianisme. — Pensez à ce qu'il a perdu de jouissance et de divine excellence comme objet de son coeur et de son âme! J'aime à le répéter: il est admirable dans sa foi et dans son courage, et Dieu l'a employé comme instrument d'une merveilleuse délivrance, mais l'oeuvre répond à l'ouvrier, et c'est une servilité morale, une admiration idolâtre de l'homme, une superstition étroite et ténébreuse qui font peine et pitié, que l'état des luthériens qui échappent au rationalisme qui s'est emparé de ce qui cherchait quelque liberté et voulait sortir des langes dans lesquels Luther avait enveloppé l'église qu'il avait fondée dans ce pays-ci.

Cependant Dieu agit ici comme ailleurs. Il y a eu bon nombre de conversions depuis la dernière fois que je vous ai écrit. En Hesse, les persécutions sont assez fortes, mais la bénédiction aussi. Le secrétaire du tribunal local a été récemment converti, mais il a dû partir au bout de huit jours; je crois qu'il n'était pas Hessois. J'ai continué mes études dans les moments arrachés au travail de traduction. J'en suis à 2 Timothée, livre qui m'a été en bénédiction en rapport avec la décadence de l'Eglise, l'immutabilité de Dieu; la vie et la place qu'ont la Parole et la vérité; mais je ne fais qu'étudier cette épître. Une étude du Nouveau Testament est, comme je l'anticipais, un immense travail, mais un travail qui me fournit, de la part de Dieu, de profondes instructions. J'ai toujours été béni en écrivant ces Etudes de la Parole. C'est ainsi que je reçois, et que son contenu et les pensées de Dieu se développent devant mes yeux, et je l'ai constamment trouvée accompagnée d'une bénédiction sensible de Dieu; que son Nom en soit béni.

Je vous prie de saluer affectueusement tous les frères et de me rappeler au bon souvenir de votre famille, y compris vos chers enfants. Quelle charge dans ces temps-ci! mais Dieu est toujours fidèle. Les temps ne font rien à cela. Que Dieu vous bénisse, cher frère.

Votre bien affectionné en Jésus.

 

On me dit qu'on cherche à faire croire que le Seigneur ne viendra que dans son jour. Que Dieu garde les frères! Je connais la source de tout cela, Encore une fois, que Dieu les garde!

Lettre de J.N.D. no 204 – ME 1899 page 178

à Mr P.S.

Elberfeld, avril 1855

Bien-aimé frère,

Votre langue, quoiqu'elle me soit chère par rapport à tant de bons et excellents amis que j'ai en France, n'est, à coup sûr, pas poétique, et ne se prête pas, comme vous le dites, à bien des abstractions, tandis que ma manière de penser est excessivement abstraite, et mon coeur parfois poétique, car je ne parle pas de mon imagination. Aussi je m'étonne quelquefois d'avoir tant à faire avec la langue, comme telle. Je crains que l'allemand me fasse un peu oublier ce que je sais du français, non que je sache mieux le premier, il s'en faut bien, mais quelques formes allemandes prennent possession de mon esprit. C'est une langue difficile, riche en nuances pour les idées de relation, mais qui manque de bien des mots importants. Le grec se fait valoir d'une manière remarquable en présence de toutes les langues, au moins de celles que je connais. L'anglais, quoiqu'il tourne un peu au vague, n'a pas perdu sa valeur pour moi, en apprenant d'autres langues. Il a emprunté, par exemple, au latin-français ce qui manquait à l'allemand, et il est beaucoup plus flexible que le français et même que l'allemand. Celui-ci, avec toutes ses richesses, est aussi un peu «informe», inculte et vague par rapport aux choses morales. Mais les langues ne se forment pas pour les choses de Dieu. Elles sont en rapport avec le développement du caractère d'un peuple. Je parle du vague moral, rare en français, mais qu'on trouve, par exemple, dans le mot: il s'est converti.

Je vous remercie, bien cher frère, de la peine que vous vous donnez pour ces publications. J'espère que les frères en profiteront; du moins, comme je l'ai dit dans la préface, j'en ai beaucoup profité moi-même. Je m'étonne toujours, plus je vais en avant, de la merveilleuse grâce du Seigneur, des richesses et de la profondeur de son amour. Le commencement du chapitre 17 de Jean m'a particulièrement frappé ces temps-ci, non pas quant à la doctrine, mais j'ai remarqué ces mots: «Les paroles que tu m'as données, je les leur ai données». Ce n'étaient pas des paroles qui lui eussent été données comme à un prophète pour les communiquer aux disciples, mais c'étaient les communications faites par le Père au Fils de son amour, pour sa propre joie. — C'est pourquoi il dit: «Afin qu'ils aient ma joie accomplie en eux-mêmes» — mais dans quelle position cela nous place! Le coeur de Jésus est tellement uni au nôtre, qu'il faut qu'il communique à ses disciples les sources de sa propre joie. C'est une merveilleuse grâce qui montre un tel amour en Jésus, que le coeur acquiert une confiance nouvelle en lui et un lien plus intime de grâce avec lui.

J'espère pouvoir visiter l'Alsace en passant, je n'irai pas à Montbéliard. R. l'a visité et là j'aurais dû m'arrêter un peu; il y a de nombreux frères, mais en allant de Kehl à Strasbourg, je me rends à Bâle avec le retard du peu de temps que je passerai à Guebwiller.

J'ai de bonnes et encourageantes nouvelles du Gard; à St-Jean du Gard, on est maintenant tranquille, par la bonté de Dieu.

Lettre de J.N.D. no 205 – ME 1899 page 195

à Mr P.S.

Bâle, 5 mai 1855

Bien-aimé frère,

Je vous dirai en premier lieu que je viens de faire une bonne visite à G. Non seulement votre soeur, ce dont je ne doutais pas, m'a reçu avec plaisir, mais son mari a été tout à fait aimable et prévenant. Lui, ses frères, et d'autres de ces messieurs, ont assisté à la réunion que j'ai tenue dans le grand corridor. Quoique ce ne fût que le jour même qu'on pût en donner avis à tout le monde, il y avait là une cinquantaine de personnes de toutes les classes. Je n'ai fait qu'annoncer la grâce et l'oeuvre qui abolit le péché, en contraste avec l'état de l'homme, et j'espère que Dieu aura béni cette prédication de deux manières, pour les uns en leur montrant que c'est la vérité que reçoit tout homme évangélique, seulement un peu plus claire; pour d'autres, ce qui est plus essentiel encore, l'application de cette vérité à la conscience et la révélation de la grâce et d'un Dieu d'amour, dont les voies s'élèvent au-dessus du péché. Naturellement je ne sais rien de l'effet en détail, mais j'espère que cette réunion aura fait du bien, et que des âmes en auront profité. Plusieurs membres de la famille, avec les M., Mme C., et d'autres sont restés jusqu'à 11 heures, et nous avons parlé assez à fond de l'autorité de la Parole, de l'état de l'homme vis-à-vis de Dieu, et du salut par la grâce. Un monsieur qui a établi des fabriques ailleurs a assisté à tout. Le lendemain j'ai eu une petite réunion allemande chez un frère D., dans laquelle j'espère que le témoignage de la grâce et de l'oeuvre du Sauveur a été aussi celui de Dieu.

J'ai visité autant que je l'ai pu dans la journée. Il y a 12 ou 15 personnes qui prennent la cène, dont deux hommes, bons frères, quoique jeunes dans cette position, et un autre jeune même dans la foi, et converti par le moyen d'une personne très hostile, H. Ce H. l'a visité pendant que j'étais à G., et lui a dit qu'il m'attaquerait même dans la rue. J'ai vu ce H. chez Mr S. et il n'a rien osé dire (il a attaqué Mme S., quand je l'eus quittée), de sorte que tout a tourné en bien. Il y a deux dissidents qui ne rompent pas le pain, mais l'un est venu écouter chez D.; il parait que ce n'est pas positivement un mal qu'ils ne viennent pas.

Je commence déjà à perdre mon allemand, mais j'ai tenu ici une réunion en allemand, hier soir…

L'épître aux Hébreux s'occupe des croyants sur la terre, comme vous le dites, et elle déclare que Jésus est sacrificateur selon l'ordre de Melchisédec. Mais dans l'explication des détails, elle ne parle que de la figure d'Aaron. Quant à l'installation de Jésus dans la sacrificature, c'est avec serment et selon la puissance d'une vie impérissable, en sorte que sa sacrificature est intransmissible, mais l'exercice en est maintenant entièrement selon l'analogie de celle d'Aaron. Jésus n'est pas entré dans un sanctuaire fait de main d'homme, mais dans le ciel même pour paraître en la présence de Dieu pour nous. Melchisédec n'intercède pas; il bénit Abraham de la part de Dieu et Dieu de la part d'Abraham; aussi me semble-t-il qu'il exerce sa sacrificature sur la terre étant roi et sacrificateur en même temps. Mais, quoi qu'il en soit de ce dernier point, il est certain que l'épître aux Hébreux, en parlant de l'exercice de la sacrificature par Jésus, ne parle que de ce qu'Aaron et ses successeurs ont fait: porter le sang dans le sanctuaire, etc. Cela se comprend, car c'est provisoire, pour ainsi dire, le royaume ainsi que Dieu veut l'établir étant suspendu. Le roi n'est pas sacrificateur sur son trône.

Entre la sacrificature judaïque et l'établissement de la sacrificature royale de Melchisédec qui, pour les Juifs, sera établie dans sa personne (personne qui existe déjà et ainsi la sacrificature et la royauté pour ce qui regarde le droit), il est entré dans le ciel, comme Aaron dans le lieu très saint, pour exercer une sacrificature dont celle d'Aaron était l'ombre, quoiqu'elle n'en fût pas la parfaite image, le voile n'étant pas déchiré.

Je crois que la destruction de la terre par le feu a lieu tout à la fin pour faire place aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre, où il n'y aura plus de mer, mais Esaïe 24: 19 — à moins que ce ne soit par des expressions très générales, ce qui a lieu quelquefois pour laisser la porte ouverte — s'applique, me semble-t-il, assez clairement à ce qui précède le millénium, ainsi que les versets 21-23. La difficulté de ce qui précède dans ce chapitre 24, est de distinguer entre la terre de Canaan et la terre. La terre de Canaan étant de fait le centre du jugement, c'est elle qui est le premier objet du jugement, mais ce jugement s'étend à toute la terre. Cela vous donne un peu un exemple de ce que j'ai dit. Vous en trouverez un autre en rapport avec ce sujet, au chapitre 65: 17, 18. Chapitre 25: 8 (et l'apôtre le confirme en 1 Corinthiens 15) s'applique, je crois, au commencement du millénium. Chapitre 26: 19, quoique, tirant sa figure de la résurrection, donne une preuve qu'il y en a une (l'Esprit préparant ainsi les coeurs à une plus pure lumière), s'applique à la résurrection du peuple. Le verset 14 en fait foi; ce sont les nations, comme nations, qui ne se relèveront plus (comme individus ils ressusciteront). Ainsi il est dit: «Les morts ne vivront pas… Tes morts vivront». C'est une bonne preuve qu'il s'agit d'une résurrection de la nation dans le résidu. Demeurer dans la poussière est l'expression d'une humiliation complète, aussi voit-on, au verset 21, que c'est le jugement de la terre des vivants.

Adieu, cher frère; mes cordiales salutations à tous. J'écris en passage ici et sans beaucoup de temps.

Lettre de J.N.D. no 206 – ME 1899 page 199

à Mr P.S.

Vaud, 1855

Cher frère,

En général il y a du progrès, ici, et les âmes sont heureuses. Une ou deux réunions souffrent, Vevey et Oron par exemple. C'est où le témoignage est simple que cela va bien; puis Dieu gouverne. Il est des hommes dont la fonction est d'éprouver l'Eglise (il faut qu'il y ait des hérésies parmi vous); tel est ce pauvre P. On n'a qu'à remettre assidûment l'oeuvre et les âmes à Dieu où il se trouve. C'est Dieu seul qui peut l'empêcher de tout gâter et de mettre tout en désordre et en malaise. Où qu'il soit, sans fond, il se donne beaucoup d'importance; meilleure chose à faire, c'est de ne lui en donner aucune et d'être ferme comme un roc contre lui. Je ne crois pas qu'il résiste avec ses machinations à la simple fermeté. Si l'on transige avec ces trames de l'ennemi, on est sans force — seulement il faut toujours agir selon la Parole.

On me dit que Mlle L. a été à Genève, mais ailleurs, on ne sait rien d'elle. Il est possible que ces frères, faute d'en savoir davantage, aient coupé court la question. Toutefois, les réunions qui ont tranché de bonne foi, lors même qu'on ne s'y serait pas bien pris quant aux formes, s'en sont le mieux trouvées. L'oeuvre de Satan a été rejetée, et Christ a été honoré, lors même qu'il ne l'a pas été tout à fait selon les règles. Je parle des cas où la nécessité d'agir s'est présentée. Il y a des cas où, si l'on n'est pas dégoûté et indigné, on est coupable; il se peut qu'il y ait de l'ignorance qui en souffre. Mais Dieu bénira la décision pour le fond.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 207 – ME 1899 page 219

à Mr P.S.

Bath, commencement de 1856

Bien cher frère,

Je vous renvoie les morceaux d'épreuves. J'ai été absent pour trois jours pour le Nouvel an dans le Yorkshire, où les frères s'étaient réunis au nombre d'environ 250 des principaux rassemblements de ce comté. Nous avons senti le Seigneur avec nous. En général, Dieu bénit l'oeuvre dans ce moment à Stafford et à Birmingham, ainsi qu'à Londres où l'on jouit de conversions. Ici aussi cela a continué. J'espère toujours être bientôt en France et je ne sais trop comment quitter Bath. Dieu me montrera, je l'espère, mon chemin. Il nous a suscité quelques ouvriers de plus, ce qui est une chose précieuse. Ceux qui ont suivi Béthesda sont en bien des endroits troublés, car les consciences commencent à sentir que le manque de fidélité quant à la doctrine n'était plus supportable. Que Dieu nous maintienne dans le chemin de la paix et de la grâce et de toute ombre ou apparence de l'esprit de triomphe, ce qui ne serait que de l'iniquité, iniquité qu'il jugerait sûrement.

… Les frères d'Allemagne vont bien. Il y a eu quelques difficultés avec un frère qui, avec quelques soeurs, avait de l'exaltation spirituelle, mais on ne s'est pas séparé et cela se calme. Autrement il y a eu des conversions dans un endroit où j'avais commencé, et où je sentais toujours la présence du Seigneur. Il y a maintenant vingt personnes qui rompent le pain, et dans un tout nouvel endroit encore une vingtaine. B. m'écrit qu'il y a plus de sérieux et de profondeur en général chez les frères. Un négociant, converti pendant que j'y étais, homme intelligent, compte aussi prendre sa place maintenant à Elberfeld. A Rudingen et Kreuznach, il y a progrès sensible.

J'ai reçu le Nouveau Testament allemand. Je n'ai lu aujourd'hui que la préface et trois ou quatre chapitres de l'épître aux Romains, mais il me semble que la traduction est bonne à en juger par ce fragment. Je n'aime pas à repasser mes propres travaux, mais celui-ci me rappelle un travail d'amour pour les autres, où à travers des peines et une certain résistance que l'égoïsme aurait pu faire, j'ai senti l'approbation et le secours de Dieu. Je m'arrête.

Votre bien affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 208 – ME 1899 page 238

à Mr P.S.

Angleterre, 1856

Bien cher frère,

J'espère vous voir cet hiver. Nous sommes en paix en Angleterre; les frères vont bien et je crois que Dieu agit parmi eux. Dans leur vie spirituelle ils prospèrent, et en plus d'un endroit il y a des conversions, rien de brillant, mais le fond me semble solide et heureux. Il y a beaucoup d'union par la grâce entre les quelques-uns qui sont à l'oeuvre. J'ai passé trois semaines en Irlande; à Dublin, on assistait largement aux réunions; plusieurs ont dû souvent s'en aller faute de place. Il y a un sentiment général qu'on trouve Christ au milieu des frères, et lors même qu'on n'ose pas se joindre à eux, on aime assez à profiter de leurs enseignements.

Au revoir, peut-être passerai-je par le Lot et Garonne, mais c'est un peu trop tôt pour décider de mes plans.

Saluez affectueusement les frères, ainsi que toute votre famille, et C. Le chemin de ce pauvre F. a été des plus tristes spirituellement, ainsi que celui de ses compagnons. Je n'hésite pas à dire que l'un d'entre eux est mort sous la main de Dieu, à la suite du mépris des frères de l'assemblée; un autre qui était avec lui a été aux portes de la mort, mais notre Dieu est fidèle, je me suis fié, dans ma faiblesse, à Lui, pour ses pauvres enfants, et il est plein de compassion.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 209 – ME 1899 page 239

à Mr P.S.

Bath, avril 1856

Bien cher frère,

Paix vous soit, bien-aimé frère, avec la grâce abondante et précieuse de notre Dieu, où les richesses amassées en Jésus coulent comme un fleuve par la puissance de l'Esprit de Dieu.

Saluez affectueusement les frères. Je chéris toujours l'espérance de les voir.

J'écris à la hâte, je suis toujours levé à quatre heures et demie pour pouvoir faire face à mes occupations, et Dieu me fait marcher toujours.

Je prépare une édition des Etudes anglaises comme publication à part.

Votre bien affectionné frère.

 

J'ai beaucoup joui de la Parole tous ces temps. Je ne sais si j'ai assez prié pour l'Eglise, ou plutôt je sais que je ne l'ai pas fait.

A Londres, les conversions continuent, nous en avons ici et à Bristol.

Lettre de J.N.D. no 210 – ME 1899 page 253

à Mr P.S.

Bath, avril 1856

Bien-aimé frère,

 

Je serais peut-être déjà à Londres, sur le point de partir ou en route, si une circonstance imprévue ne m'avait pas arrêté. Le frère qui se serait chargé des réunions de prédication a un érysipèle au pied, le retenant sur son canapé, et je ne sais trop que faire. J'ai neuf réunions par semaine et des âmes désireuses d'entendre. Il y a encore cinq nouvelles âmes qui me semblent sous l'influence de l'Esprit de Dieu, une autre vient de se manifester. Cependant si notre frère n'est pas guéri sous peu, je verrai à en trouver un autre, car je sens que je devrais faire au moins un petit voyage en France. J'avais eu la pensée de visiter en route le Lot et Garonne. Aussitôt que je verrai clairement mon chemin, je vous en informerai. Sauf une visite à Paris en passant, j'irai tout droit a Clairac et à Pau, à Pau d'abord, s'il le faut, puis à Clairac.

J'espère que vous serez content de notre traduction; je crois que je ne serai pas satisfait que je n'en aie une en anglais.

Je n'ai pas l'intention de m'arrêter ici, seulement il faut, si Dieu le permet, que je laisse quelqu'un pour les prédications; cela pourrait me retarder un peu, mais si cela tarde trop longtemps je ferai, Dieu voulant, ma course à Pau et reviendrai ici.

Il est bien doux de voir l'Esprit de Dieu opérer dans les âmes, donnant de l'efficace à sa Parole en les amenant à Jésus et leur communiquant la vie éternelle. C'est une oeuvre qui, dans ce moment, se fait ici d'une manière sensible. Mais s'il se trouvait quelqu'un pour une partie au moins de l'oeuvre, je ne crois pas que mon absence aurait un grand inconvénient. J'ai, je l'espère, beaucoup profité ces temps-ci, de l'étude de 1 Jean. La communion en vie avec Dieu par l'Esprit, Jésus étant cette vie, y est développée d'une manière qui nourrit merveilleusement l'âme.

J'ai visité dernièrement les frères dans un coin de Somersetshire; ils vont bien. Nous y avons eu une délicieuse réunion. Je crois vous avoir dit que j'ai assisté à une autre réunion dans le Yorkshire, où les principaux s'étaient rassemblés de plusieurs villes et villages, nous avons été bien bénis et très heureux. En général, on sent que Dieu ranime la vie et que l'Esprit de Dieu agit au milieu des frères, quoique nous soyons encore bien pauvres, mais je suis frappé des voies de Dieu et de l'action évidente de son Esprit.

Saluez affectueusement les frères. Avez-vous rencontré un M. Cleaver, dont j'étais autrefois une espèce de suffragant?

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 211 – ME 1899 page 255

à Mr P.S.

Montpellier, 31 mai 1856

Bien cher frère,

 

J'ai trouvé les morceaux ci-inclus à mon arrivée ici et je vous les renvoie. Je reviens d'une tournée dans les montagnes, faite après la conférence, avec des marches de quatre ou six heures; hier, c'était par une pluie battante et en partie dans l'eau, par des chemins de montagne changés en ruisseaux pleins de cailloux, mais j'ai été heureux, sauf à St-André de Valborgne où j'ai eu cependant pas loin d'une centaine d'auditeurs mondains; c'était chez moi une sécheresse insurmontable, quoique heureux dans mon âme; cependant mon âme a été affranchie le second jour, mais c'était bien pénible; je crois que cela tenait à l'état spirituel des baptistes. Cependant, grâce à Dieu, l'agitation se calme; ils ont voulu entamer une discussion après la réunion; le porte-parole, un bon frère, du reste, mais qui n'a pas osé nommer le baptême, et je me suis aussi bien gardé de le nommer, car je déteste ces discussions et tout ce qui éloigne de Christ lui-même; mais ce frère a pris le terrain de la loi et des commandements. Alors, en montrant qu'on était aussi coupable si l'on violait le sabbat que si l'on tuait, cela a donné lieu à un exposé scripturaire de notre position vis-à-vis de la loi, exposé qui a été, je le crois, utile à plusieurs. Dieu m'a donné de garder une entière douceur, ce qui du reste, quant à l'esprit de l'homme, n'était pas difficile, mais exigeait un peu de patience du côté de ses raisonnements. Quelques-uns des plus exaltés disent maintenant: Il faut laisser chacun libre et agir individuellement. A vrai dire, ils avaient un peu honte de la manière dont leur doctrine se présentait entre les mains de ce frère, car il était assez simple pour la présenter dans son vrai jour. Autrement il y a bien du progrès à Valleraugues, dans les villages autour de St-André, St-Laurent, Vialas, Portes, ainsi que beaucoup d'endroits et de villages écartés dans les montagnes. J'en ai visité plusieurs où je n'avais jamais été.

B. me donne des nouvelles encourageantes des environs de Dijon où de nouvelles assemblées se forment et où des âmes disséminées se convertissent. A Paris, d'où le frère B. est venu à Dijon, les frères, quoique l'apparition de l'été en chasse quelques-uns à la campagne, sont heureux, et des âmes sont ajoutées. Il est bon de se confier en Dieu. Au reste, c'est certainement un moment où Dieu agit; j'espère bien qu'il appelle les âmes en vue de la prochaine arrivée de notre Jésus. Que ce soit en vue de cela est certain, mais la conséquence est que son arrivée est proche. Que Dieu le veuille. Quelquefois cette pensée me détourne un peu du goût du travail de cabinet; toutefois on travaille en attendant et en vue de la préparation des siens. Ainsi, j'ai notre traduction à coeur, tout en ne voulant, je l'espère, que la volonté de Dieu, il me semble que c'est une chose qui me presse de la part de Dieu, mais seulement après l'oeuvre directe pour les âmes.

Je vais à Nîmes pour demain. Paix vous soit, bien-aimé frère.

Saluez tous les frères.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 212 – ME 1899 page 257

à Mr P.S.

Montpellier, juin 1856

Bien cher frère,

Notre conférence aura, je l'espère, été bénie. Les frères se sont empressés de s'y rendre; notre réunion a eu lieu avec plus de détail que de coutume. Les réunions publiques qui l'ont accompagnée ont été très suivies et la présence de Dieu s'est fait certainement sentir.

X a assisté à la conférence et je lui ai parlé, mais brièvement. Il est parti subitement hier sur la nouvelle que, dans l'endroit dont il venait, la fille d'une soeur était à la mort. C'est une fille unique, en sorte que la mère, qui a eu beaucoup d'épreuves, en est bien affligée. V. a beaucoup gagné; il ne s'excuse pas du mal. Je lui ai dit, aussi exactement que je le pouvais, l'état des sentiments des frères. Je crois que mes lettres lui ont fait du bien, qu'il aimerait maintenant s'être rendu à N. au commencement, et qu'il voit que ses lettres étaient déplacées. Son esprit était certainement adouci. Je ne l'ai pas pressé de faire quoi que ce soit, car il me semble que toute la question est l'état de son âme et qu'il faut laisser l'oeuvre de Dieu s'accomplir en lui. Je ne crois pas que cette oeuvre soit entièrement faite, mais il y a progrès sensible. Il faut quelquefois, si j'ose parler ainsi, avoir patience avec Dieu, c'est-à-dire être exercé par Lui dans la patience. Si l'on avait plus de foi, peut-être cela irait-il plus vite.

En Angleterre, on jouit beaucoup de Jean (Etudes) qui vient d'être publié. Que faut-il faire à l'égard des Actes?…

Paix vous soit, bien-aimé frère. Je crois que Dieu, dans sa grande bonté, fait du bien à l'égard du baptisme. Dieu m'a accordé de ne désirer autre chose qu'une conscience parfaitement libre chez tous, quoique je sois profondément convaincu que c'est une illusion et qu'ils se trompent. Dieu le permet, quoique ce soit purement, j'en suis certain, de l'ignorance à l'égard de la position de l'Eglise; j'accepte de coeur le droit de la conscience de chacun, bien que ce soit un assujettissement légal aux ordonnances. Ici, son introduction a été si évidemment, pour tout chrétien sobre, une oeuvre de la chair et de l'ennemi qu'il n'y avait guère besoin de toucher à la question même.

Je m'arrête. — Saluez affectueusement vos enfants et toute votre famille.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 213 – ME 1899 page 259

à Mr P.S.

Montpellier, juin 1856

Bien-aimé frère,

J'ai visité deux endroits depuis ma visite a Pau. Nous avons eu beaucoup de monde, malgré les vers à soie. A l'un de ces endroits, un réveil assez frappant et réjouissant, mais qui est loin d'être exclusivement entre les mains des frères, quoique en partie fondé sur les vérités qu'ils ont enseignées, de sorte que le pasteur rationaliste les prêche en partie pour ne pas perdre son auditoire. Là le monde dit qui doit se convertir demain, et loin d'être persécuté on est plutôt bien reçu. Dans l'autre endroit il n'y a guère que les frères, maintenant au nombre de cent trente peut-être, et les gens du bourg viennent en assez grand nombre. La manière dont Dieu a agi à l'égard du système baptiste est assez remarquable, mais je sens que notre part est la paix et la tranquillité et qu'il nous faut laisser toute l'affaire entre ses mains.

On vient de me dire que de la réunion baptiste qui s'était formée, trois sont rentrés au milieu des frères, et les autres ont cessé de prendre la cène jusqu'à ce qu'ils voient plus clairement leur chemin. Il faut que je parte.

Une chose m'a intéressé: deux ou trois nouveaux ouvriers, plus ou moins voués à l'oeuvre, ont assisté à la conférence. Il s'en développe d'autres, soit pour les besoins locaux (et ceux-ci deviennent toujours plus précieux), soit pour circuler. Paix vous soit, cher frère.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 214 – ME 1899 page 276

à Mr P.S.

Montpellier, vendredi, 1856

Bien-aimé frère,

Je vous renvoie les morceaux contenus dans vos deux dernières lettres que j'ai trouvées à mon passage pour Montpellier. J'ai été à Nîmes, à St-Hippolyte et à Ganges.

Toujours bon nombre d'auditeurs, et grand désir d'entendre. Ganges a bien besoin d'une oeuvre de Dieu; l'oeuvre des frères languit et tout le reste avec elle. J'ai vu le jeune B., il va bien, et il y a chez lui de bonnes et sérieuses pensées. M. O. aimerait l'envoyer en Allemagne, ou mieux encore en Angleterre. Dieu prendra soin de lui, je n'en doute pas, comme il l'a fait jusqu'à présent. Il travaille bien; il doit passer, Dieu voulant, ses examens pour le baccalauréat cette année.

Je suis bien aise que l'Etude sur Jean soit achevée, on la demande. On aime celles sur Matthieu et Marc, et l'on dit qu'elles sont plus complètes et plus claires que les études sur l'Ancien Testament… J'ai trouvé quelques fautes dans l'Etude sur les Actes, mais le développement du progrès de l'évangile eu égard au judaïsme m'a fort intéressé; je doute qu'il intéresse autant le lecteur ordinaire. Je viens de corriger la traduction anglaise qui va se publier.

J'ai parcouru presque toutes les Cévennes; on a grand besoin de demander à Dieu de susciter des ouvriers. Il paraît que les portes sont très ouvertes dans la Côte-d'Or. On dit que la liberté religieuse va être accordée à tout le monde et qu'on a ouvert les temples fermés dans la Haute-Vienne. Les temps sont remarquables. Quoiqu'il en soit, Dieu gouverne et dispose de tout dans sa sagesse…

En définitive tout ce qui n'est pas de l'Esprit, est de la chair, et si Dieu ne nous gardait pas, nous tomberions entre les mains de l'ennemi. Il y a la négligence qui nous refroidit, mais il y a aussi l'indulgence pour soi-même, par laquelle l'ennemi nous trompe pour nous faire du mal, et alors la conscience a besoin d'être foncièrement guérie, en dehors de la question du salut.

… Paix vous soit, bien-aimé frère.

Saluez affectueusement toute votre maison.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 215 – ME 1899 page 278

à Mr P.S.

Lausanne, 9 octobre 1856

Bien cher frère,

J'ai différé ma réponse à votre lettre, espérant toujours voir votre chère soeur avant d'écrire. Ensuite, une fois engagé dans la conférence, il était assez difficile de saisir un moment. J'ai passé tout près de G., mais j'espère m'y rendre bientôt. Mon ophtalmie m'a retenu à Londres dix ou quinze jours, et quelques frères étaient déjà arrivés en Suisse avant moi. Votre lettre m'annonçait l'arrivée des V. à Rotterdam. Je me suis alors décidé à y passer, au lieu de ne faire que traverser la France pour me rendre tout droit en Suisse. J'ai trouvé Mme V. à Rotterdan et fait la connaissance de son beau-frère et de la famille de celui-ci qui m'ont bien intéressé. Mme V. prenait part à notre conversation sur l'affranchissement par grâce avec le plus vif intérêt. Le beau-frère est un bon vieux chrétien, très aimable. Ensuite j'ai vu Mme**; le frère de M.**, chrétien aussi, et une autre soeur mariée à Scheveningen, tous intéressants. Nous avons parlé non seulement du Seigneur, mais aussi du nationalisme, etc.; Mr V. était franc et droit, de même que sa soeur. Mlle V. était à La Haye chez Mme S.; je suis allé lui rendre visite, mais elle était sortie, et je n'ai pu la voir.

J'étais si près de Leyde que j'ai poussé jusque là le même soir — tenu une réunion assez nombreuse à Poel Geest — mon français était interprété — visité le lendemain dans le voisinage, rentré à Rotterdam à huit heures, puis parti pour remonter le Rhin, mais en voyageant sans arrêt, je n'ai pu arriver que le samedi soir à Lausanne.

J'ai reçu depuis une lettre de Mme H., au sujet de ces malheureux baptistes qui avaient cherché à troubler les chrétiens de ces côtés-là. J'espère la voir lorsque je quitterai la Suisse après la conférence, s'il plaît à Dieu. Serait-il possible qu'un frère qui se met à l'oeuvre pût profiter des instructions de T. pour se développer un peu s'il venait dans le Béarn; il espère profiter en même temps des méditations.

Ce frère P. est un très bon frère, assez intelligent, ne saisissant pas les choses rapidement. Il ne sait guère que son patois de la Lozère, car il n'a passé qu'une année à l'école. Il y a du fond chez lui, de la conscience, de la piété et du dévouement aussi. Le projet dont je vous parle vient de lui; je me chargerais de la dépense.

J'espère, cher frère, vous voir cet hiver. Je tiens un peu à achever notre traduction, et je compte que vous serez à même de m'aider. On la désire beaucoup, mais plus j'avance, plus je sens la difficulté de l'entreprise et combien d'attention est nécessaire, même pour l'impression. J'ai publié l'épître aux Romains en anglais, et j'ai trouvé des fautes jusqu'à la dernière révision.

Ma traduction allemande a souffert de la précipitation avec laquelle elle a été imprimée. Les baptistes ont proposé d'acheter l'édition tout entière. Je ne sais ce que B. leur a répondu.

Je n'ai pas beaucoup vu les frères d'ici, ayant été toujours en conférence, mais en général ils vont bien; en plusieurs endroits, il y a une grande augmentation en nombre, et, je l'espère, du progrès et un bon esprit. J'aurais assez aimé les voir davantage, mais le temps est court et le champ vaste. Il faut que je vous quitte.

Saluez affectueusement votre maison et les frères.

Votre tout affectionné.

Lettre de J.N.D. no 216 – ME 1899 page 280

à Mr P.S.

Lausanne, 21 octobre 1856

Bien-aimé frère,

Je vous remercie de vos renseignements sur T. Je les communiquerai au frère P., si je le revois. C'est un excellent frère qui s'est mis à l'oeuvre… Je me suis écorché la jambe et suis étendu sur un canapé. Cela pourrait retarder mon arrivée à Pau. Notre Dieu dispose de tout dans sa parfaite sagesse. — Depuis cet accident je me suis occupé, sur la demande d'un frère K., d'Angleterre, à comparer l'ordre du récit dans Matthieu et en Marc. Mais Jean fait toujours mes délices.

Saluez votre maison, ainsi que Les frères. Je serai heureux de vous revoir tous.

Votre frère affectionné.

Lettre de J.N.D. no 217 – ME 1899 page 296

à Mr P.S.

Montpellier, 18 décembre 1856

Bien cher frère,

 

Je n'ai pas répondu à votre lettre que du reste j'ai laissée à Londres, parce que mes mouvements étaient incertains.

J'ai été retenu en Suisse par un accident qui n'a pas eu d'autres suites que le retard de mon voyage. De là j'ai été appelé en Angleterre où j'ai été retenu plus longtemps que je ne pensais, mais on ne peut pas toujours faire cheminer les autres au pas où l'on voudrait aller soi-même. Lorsque j'avais presque fini ce qui m'avait amené en Angleterre, Mr H. P. m'annonce qu'il doit se marier le 16, et me prie de venir. J'arrive et la belle-mère de sa future est dangereusement malade, en sorte que pour le moment le mariage est renvoyé; si elle va mieux, il se célébrera, Dieu voulant, lundi prochain. Peut-être me faudra-t-il retourner en Angleterre pour mettre la dernière main à ce qui m'occupait là-bas. Si je le peux, je traverserai la Hollande, Elberfeld, Guebwiller, Besançon et quelques autres endroits, en revenant dans le midi. S'il est trop tard, je viendrai, Dieu voulant, directement à Pau, mon désir étant d'achever si possible la traduction du N.T. J'attends la manifestation de la volonté de Dieu pour mes mouvements qui ont été récemment si souvent dérangés.

En général, il y a du bien en France, en Angleterre et en Suisse. Les ouvriers manquent, peut-être l'énergie de la foi, et certainement chez moi. Je sens quels besoins existent, combien un témoignage puissant est réclamé pour haut élever le Seigneur dans ces temps où tous les esprits sont en branle, mais je me trouve faible. J'aimerais savoir toutes les langues pour agir sur toutes les âmes; peut-être est-il beaucoup mieux d'être gardé dans la petitesse, au moins c'est une sphère qui est plus dans la mesure de mes ressources morales.

Il y a à C.-T. un mouvement de l'Esprit de Dieu que la Société évangélique cherche à exploiter, par la promesse d'envoyer un instituteur. On cherche par ce moyen de détourner les âmes des réunions des frères.

J'ai pensé qu'il serait possible que T. pût l'entreprendre. Je ne sais s'il est habitué à tenir des réunions; ce serait à désirer. Il n'y a rien là de brillant. On offre maison et jardin et les parents fourniraient beaucoup de choses pour la maison, si l'on ne pouvait aider pour le salaire.

C'est le bien à faire et non une position temporelle brillante qui pourrait être le motif pour engager quelqu'un à s'y consacrer. Si ce n'était que pour un temps, est-ce que T. serait disposé à entreprendre la chose?

Pendant mon séjour à Londres, j'ai achevé les Etudes sur les deux épîtres aux Corinthiens; la première est imprimée (en anglais). Elles sont, particulièrement la seconde, très difficiles.

Paix vous soit, bien-aimé frère.

Voire affectionné frère en Christ.

Lettre de J.N.D. no 218 – ME 1899 page 298

à Mr P.S.

Midi de la France, janvier? 1857

J'ai vu Mlle X. à P., et il ne m'a pas paru qu'il y eût cause pour la refuser, parce qu'il n'y avait chez elle aucune solidarité morale avec le mal; elle l'ignorait. Dès lors je n'avais rien à dire; l'eût-elle accepté, j'aurais été aussi décidé que possible. C'est à G. qu'elle a été repoussée. Sa demande à Pau me semble le plus mauvais signe que j'aie vu chez elle. Je ne sais ce qu'elle aura dit aux frères de G., de sorte que je ne saurais les juger, ni les excuser. Quand on n'est pas au fait des circonstances et qu'on sait qu'il y a une infidélité flagrante dans une réunion, il y a danger de couper court en demandant simplement si l'on y va, sans examiner l'état individuel. Si l'on est solidaire en principe avec ce mal-là, j'aimerais mieux être seul jusqu'à la fin, que de marcher avec le mal, parce qu'après tout Christ est plus que les frères, et ces doctrines sont le mépris le plus abominable de Christ que je connaisse. Dieu l'a permis, car c'est une chose absolument certaine que l'on a profité de cette occasion à Béthesda pour rompre avec les frères, et Dieu a permis qu'ils le fissent de manière à déshonorer Christ. Je ne me contente nullement de ne pas aller à Béthesda moi-même. L'assemblée de Béthesda a publiquement, comme assemblée, adopté une base, des principes qui, tout en déclarant qu'elle avait connaissance des blasphèmes en question, professent hautement qu'elle voulait rester indifférente à ces blasphèmes, et recevoir les personnes qui étaient identifiées avec eux, sans même demander si elles les retiennent ou non. De fait, les agents ardents de ces blasphèmes, étaient à Béthesda au moment où la déclaration de l'assemblée eut lieu. Les deux pasteurs déclarèrent que, si ces principes n'étaient pas adoptés, ils cesseraient d'exercer leur ministère. Ils ont préféré voir les frères irréprochables les quitter, que de demander si les personnes dont ils prenaient la cause étaient des blasphémateurs de Christ (le fait était que l'on favorisait une partie de la doctrine, et qu'ils l'enseignent encore). L'assemblée, comme telle, a adopté en principe l'indifférence à ces blasphèmes contre Christ, en en citant plusieurs, de sorte qu'elle savait ce qu'elle faisait, Or les personnes qui vont sciemment à Béthesda, ou les réunions qui sont en communion avec cette assemblée, sont solidaires avec elle, acceptent, dans leur conduite, non les détails de son activité peut-être, mais son principe d'association. Si ces personnes ignorent ce qui s'est passé, je n'ai rien à dire pour les refuser, mais si une personne, quant à sa communion chrétienne à l'égard du corps auquel elle appartient, se rend solidaire des blasphèmes contre Christ comme terme de communion, je n'ai pas de communion avec elle; elle est en hostilité contre Christ et l'Eglise. Je crois à la solidarité de l'Eglise, et je ne peux pas accepter comme élément de cette solidarité l'indifférence aux blasphèmes contre le Seigneur. Que cette personne me dise qu'elle n'est pas indifférente, ou qu'elle me demande d'être reçue comme simple chrétien, cela ne me touche en rien, parce que sa conduite dément sa profession, et la seconde de ces expressions cache toujours quelque chose; on ne parle pas ainsi sans raison. C'est un effort de Satan pour faire de la réception de tous les saints un principe latitudinaire quant à la personne de Christ lui-même. Si l'on devait faire une différence pareille, j'aimerais mieux voir un pécheur avéré reçu, que ce principe-là. S'il est plus subtil et ne choque pas la conscience naturelle, raison de plus pour être sur ses gardes. Je dois veiller à ce qu'aucune racine d'amertume ne surgisse. Je résiste autant que je le puis à l'oeuvre de Satan.

Quant à P., je ne suis pas du tout sûr que la même discipline ne lui soit pas applicable. Si je demeurais dans le même endroit que lui, je serais sur mes gardes envers lui.

Lettre de J.N.D. no 219 – ME 1899 page 316

à Mr P.S.

Bordeaux, fin avril 1857

Bien cher frère,

Je vous renvoie vos notes ci-incluses. Il parait que c'est la fin. Que Dieu dans sa grâce fasse reposer sa bénédiction sur ce travail.

J'ai eu de bonnes réunions à Orthez, Bellocq et Puyoo, et j'espère que les frères en ont été rafraîchis et aidés. A Bordeaux, quoique j'eusse défendu à A. d'ébruiter la chose, j'ai eu le soir un local au grand complet, et beaucoup d'attention, le jour une très bonne conférence avec les frères; plusieurs étaient venus de la Charente, etc., en sorte que j'espère que ma visite n'aura pas été vaine. En tout cas, j'ai été très heureux de voir les frères. Je dois, Dieu voulant, voir M. aujourd'hui. Je n'ai pas grand espoir de tout ce mouvement, mais Dieu peut s'en servir pour tirer quelques âmes des ténèbres. La vérité et la grâce qui sont venues par Jésus Christ sont toujours précieuses; puis la réalité viendra bientôt. Quelle sera alors la perfection de la gloire et du bonheur!

J'ai été accablé par la fatigue, mais en me mettant au lit un peu après dix heures, j'ai pu tenir tête à l'épuisement de mes forces, et continuer. Je pars, Dieu voulant, demain samedi, pour Paris; je n'ai pas aujourd'hui de réunion le soir.

317

Je pense souvent à vos enfants. Que Dieu se révèle à eux.

Saluez affectueusement tous les frères.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 220 – ME 1899 page 317

à Mr P.S.

Paris, lundi fin avril 1857

Bien cher frère,

Je pense partir d'aujourd'hui en huit pour Londres.

Nous avons eu de bonnes réunions à Bordeaux. Les frères des deux Charentes et de Ste-Foy, etc., sont venus à une conférence qui a été, je l'espère, utile.

Je suis très heureux d'avoir vu les frères du sud-ouest, et j'espère que cela les ranimera un peu, mais il faudrait un travail un peu suivi, spécialement à Orthez. Au commencement, peu de chose ranime, mais quand on se trouve dans la patience journalière de la vie chrétienne, il faut continuellement se nourrir de Christ pour ne pas se trouver dans une ornière et surchargé de circonstances qui ne sont rien en elles-mêmes, mais qui suffisent pour nous cacher Christ et le déplacer.

Saluez tous les frères. J'ai été très heureux de les voir.

Votre affectionné.

Lettre de J.N.D. no 221 – ME 1899 page 318

à Mr P.S.

Oud Poel Geest près Leyden, Hollande, août-septembre 1857

Bien cher frère,

Votre lettre m'a suivi ici, ce qui a retardé ma réponse.

… J'ai été étonné de trouver que ce cher Mr de S. ait vécu si longtemps. Je serai très heureux de voir les amis à G., si je descends de ces côtés. Il est possible que j'aille en Suisse, mais je n'ai pas de plan.

Quand j'étais à Pau, je sentais, en priant beaucoup, que je pouvais remettre les choses au Seigneur, et qu'il garderait l'oeuvre et ses enfants en Suisse; je n'ai pas perdu cette confiance. Je ne me sentais pas appelé à m'y rendre dans ce moment-là, mais je suis toujours prêt à le faire, si Dieu m'y appelle. L'effort de l'Ennemi a été partout des plus violents ces temps-ci, mais Dieu est au-dessus de lui. Je trouve que c'est un honneur, en pareil cas, d'être en butte à leurs attaques, tout en reconnaissant mon indignité. En ne m'en mêlant pas, le caractère de ces attaques est d'autant plus évident, quoique j'eusse pris mon parti devant Dieu avant même que E. fût en Suisse. A l'égard de la lutte elle-même, je suis sûr que les frères ne trouveront ni délicatesse, ni conscience, chez ceux qui cherchent à les égarer, mais il faut penser à tous et chacun n'est pas sensible au caractère de ces procédés. Ma confiance est en Dieu. D'après ce que j'ai entendu, si l'on avait laissé agir A., E. n'y serait pas. Mais Dieu est au-dessus de tout, et il se peut que le vrai caractère de ces procédés soit davantage mis en évidence par ce moyen.

Jusqu'à présent je n'ai vu ici que quelques personnes; nous attendons une réponse pour tenir quelques petites réunions (françaises) à Amsterdam. Ma paresse est une épreuve pour moi. En Angleterre, j'ai passablement travaillé, et j'ai extrêmement senti la puissance de Dieu avec sa Parole, davantage hors de Londres que dans cette ville, quoique j'y fusse très heureux avec les frères, et à la fin aussi en prêchant. Grâce à Dieu, j'ai été tout à fait réjoui par le progrès, l'union et le bien-être des frères en général. J'ai fait une tournée et j'ai été frappé de l'esprit heureux dans lequel je les ai trouvés; leur nombre a aussi passablement augmenté en beaucoup d'endroits, et de nouvelles réunions se sont formées. Je ressens le désir d'être un peu avec eux.

Mes traductions anglaises se vendent, la vente augmentant à mesure qu'elles sont connues; il y en a au moins deux autres, comprenant tout ou partie du Nouveau Testament; ce que j'en ai vu me rend satisfait de la mienne, bien que, lorsque je la lis toute seule, j'en sois toujours mécontent. Il faut que je lime le style de l'épître aux Romains, si je publie le Nouveau Testament complet.

Le journal anglican évangélique d'Irlande recommande de la manière la plus chaude «The Girdle of Truth», et mes articles en particulier; c'est assez nouveau pour moi.

J'ai été beaucoup occupé soit aux diverses impressions, soit en composant des articles à Londres, entre autres sur le résidu juif et l'enlèvement de l'Eglise, et sur la tribulation. Je crois que la vérité fait un progrès sensible, mais, comme de coutume, à travers l'opposition.

Béthesda fait du progrès, au moins dans la publicité du mal qui s'y trouve. On y reçoit des personnes de Compton Str., la réunion de Mr Newton à Plymouth, sans examen, et d'une manière déclarée. Je connais là un homme influent qui cherche ouvertement à justifier les écrits de Mr Newton lui-même, et des traités, contenant des doctrines affreuses, sont répandus par des personnes qui enseignent, parmi ceux d'Orchard Street.

J'ai la confiance que Dieu montrera qu'il juge le mal en Suisse. S'il veut que j'entre dans le combat (quoique j'en aie eu bien assez, et que dans un certain sens je sois fatigué de l'iniquité que j'ai rencontrée, sans me faire illusion sur mon propre coeur et sur moi-même, je l'espère), je suis prêt à le faire. Si j'entre, ce ne sera pas pour reculer, mais il est beaucoup mieux, si Dieu le permet, que cela se fasse sans moi. Dieu lui-même montrera davantage la chose et les frères seront sur un terrain plus sûr. Si Dieu est glorifié, il est toujours bon qu'il en remporte la gloire et que les hommes ne puissent pas dire que ce soit une affaire personnelle.

Paix vous soit, bien-aimé frère, que Dieu vous bénisse avec votre famille.

Votre dévoué frère.

Lettre de J.N.D. no 222 – ME 1899 page 338

à Mr P.S.

Rotterdam, Hôtel Weimer, 1ers jours de septembre 1857

Bien cher frère,

Je suis pour le moment dans un petit hôtel à Rotterdam où sont logés les V., assez agréablement et tranquillement, quoique, en fait d'hôtel, il n'y ait rien de bon à Rotterdam.

Nous étions quatre pour rompre le pain dimanche chez Mlle V. J'ai pu voir assez de personnes, des parents, des amis, des amis de parents des V., et nous avons eu une très bonne soirée dans leur salon avec environ trente personnes. Ensuite d'autres chez les parents de Mme, ou dans les visites. Je commence à comprendre le hollandais pour les choses religieuses, mais il nous faut prendre tour à tour le français, l'allemand et le hollandais; l'anglais est, pour le moment, en disponibilité.

Je n'ai pas encore vu les V.; Mme était à La Haye, mais ils ont cherché à me voir avec beaucoup de cordialité. J'ai passé une soirée avec Mme C. d'E., et la vieille dame M., à La Haye. J'y verrai peut-être quelques personnes, mais je ne m'attends pas à grand-chose de ce côté.

A Amsterdam, j'ai eu trois réunions françaises et une franco-hollandaise. Le nombre de dames et de curieux diminuait (la société n'est pas à Amsterdam dans ce moment), mais le nombre des hommes vraiment intéressés allait en augmentant, et l'on m'a dit que si j'avais continué il y en aurait eu toujours davantage. Quelques-uns, je l'espère, ont été profondément pénétrés et réveillés par la vérité. Je crois que si Dieu me donne de les voir, il y en aurait qui se trouveraient dans des relations plus larges et plus intimes avec le Seigneur. Il y a certainement une action de l'Esprit de notre Dieu à Rotterdam; je ne doute pas que l'opposition ne se réveille, mais je suis très heureux d'être venu.

Notre cher frère V. va passablement, mais il est exercé, car il s'agit de savoir quelle décision il devra prendre avec ses associés, décision quelle qu'elle soit, évidemment importante pour son avenir. Mais Dieu sait tout cela d'avance, qu'il daigne le diriger.

Je ne dis rien de ce que je pense à l'égard de l'effet moral de ce principe de Béthesda, parce que on croit, ou l'on dit toujours que c'est un sentiment de parti, etc. J'ai prié, beaucoup prié, quant à moi du moins, pour cette affaire, c'était ce qui valait le mieux, mais personne ne sait l'horreur que j'ai de son effet moral. Au reste, je crois que Béthesda ne pouvait manquer de produire un certain effet sur une personne spirituelle, quoiqu'il puisse y avoir là d'excellentes personnes; mais je ne crois pas qu'une personne spirituelle puisse se tromper sur le vrai caractère de cette assemblée. Cependant, pour garder les âmes, il faut la puissance de Dieu, car la puissance de l'ennemi est grande, et la chair toujours prête à se laisser aller à ses séductions. J'espère que Dieu mettra au clair les frères en Suisse. Qu'il ramène aussi ceux qui sont égarés. C'est à Pau que j'ai été exercé à l'égard de ma présence en Suisse, et cela m'avait bien éprouvé. Je n'ai jamais douté que j'aie été dirigé du Seigneur. Ce que E. et vous, me dites de l'état de choses est une trop grande preuve que Dieu m'a exaucé, pour que j'hésite à voir sa direction et sa main. J'espère et je lui demande que tout cela soit un moyen pour ramener ces deux frères de ce qui a produit cet égarement; à vue humaine, il y aurait davantage à espérer de B. que de E., mais notre Dieu est puissant pour les ramener et les restaurer tous les deux.

Adieu, cher frère; il y a une paix qu'aucune de ces choses ne touche.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 223 – ME 1899 page 352

à Mr P.S.

Appeldoorn, août ou septembre 1857

Bien cher frère,

Je vous remercie beaucoup des nouvelles que vous me donnez…

La traduction des Psaumes réussit, je l'espère; nous avons achevé le 109e (*). L'hébreu présente, à côté d'une grande et belle simplicité, des difficultés qui parfois ne se laissent pas surmonter facilement. Voici, par exemple, un mot que les uns traduisent par «ornement», d'autres par «âgé», d'autres encore par «bouché». Et le moyen de s'en sortir! Dieu peut donner de l'intelligence, sinon on est bien embarrassé.

(*) La traduction des Psaumes en allemand.

Quant au mot «Evangile», permettez-moi de vous faire remarquer que je n'accepte pas l'idée de «ne pas faire de changements lorsque ce n'est pas nécessaire», parce que j'aime aller à la source, sans mépriser toutefois le secours que les traductions précédentes peuvent fournir. J'aime aussi la simplicité même dans les expressions; au surplus vous serez toujours embarrassé avec le verbe, parce qu'on ne peut faire suivre le mot «évangéliser» d'un objet comme, par

exemple, «leur évangéliser Christ», ou «le royaume». Au reste, je laisserai faire pour le mot «évangile», seulement on devra absolument introduire dans la préface, ce que du reste Luther a fait, une explication du terme et de son emploi. Depuis que j'ai commencé, j'ai examiné tous les passages avec la Concordance Wigram. Il en est «d'évangile» comme du mot Christ, c'est-à-dire que, dans les épîtres, le mot a pris beaucoup plus la force d'un terme de convention. Luc et Jean ne s'en servent pas; il ne se trouve pas en Jude, Jacques et les épîtres de Jean; une fois seulement dans les épîtres de Pierre, souvent dans celles de Paul, quatre fois en Matthieu, uni à «du royaume». Marc s'en sert quelquefois techniquement. Dans les Actes, nous le trouvons au chapitre 15: 7, mais en faisant voir que le mot avait pris la forme dont j'ai parlé.

Après quelque hésitation, nous avons conservé le mot évangile, au lieu de dire bonne nouvelle ou heureux message, expressions qui, quoique justes pour le sens, nous déplaisaient par leur familiarité, mais nous attirons ici l'attention du lecteur sur le danger qu'il y a dans l'usage de ce mot et sur quelques faits se rapportant à l'emploi qu'en fait la Parole. En général, quand on parle de l'évangile, on pense à un système de doctrine, on dit: «Il prêche l'évangile», cela n'est pas l'évangile. Le sens propre du mot est ce que nous avons indiqué: «de bonnes nouvelles», ou «un heureux message» qu'on apporte. Ainsi 1 Thessaloniciens 3: 6, Timothée a apporté à Paul de bonnes nouvelles de la foi et de l'amour des Thessaloniciens. Il a «évangélisé» Paul, est-il dit. Peu à peu cependant, de même que le mot Christ au commencement était un titre: «l'oint», le mot «évangile» est devenu un nom. C'est ainsi que la bonne nouvelle de la foi et de l'amour de Dieu et de son intervention en Christ pour sauver les hommes, est appelée la bonne nouvelle, l'évangile. Seulement il faut prendre garde de ne pas perdre de vue l'idée d'une bonne et heureuse nouvelle de la part de Dieu. Aussi le mot est employé pour plus d'une bonne nouvelle; ainsi nous avons: «l'évangile du royaume», c'est-à-dire la bonne nouvelle que Dieu allait établir son royaume sur la terre, ce qui est autre chose que la bonne nouvelle de l'intervention de Dieu en grâce pour le salut. Nous trouvons «l'évangile de Dieu», ce qui désigne la source de la bonne nouvelle, «l'évangile de Christ», ce qui indique son sujet. Le lecteur attentif remarquera d'autres cas. Comme je l'ai dit, l'emploi de ce mot n'est pas universel: Paul seul, ce grand héraut de la bonne nouvelle, l'emploie très souvent, mais pas toujours dans le même sens. Marc est le seul des évangélistes qui s'en serve plusieurs fois comme on s'en sert aujourd'hui. Le service de Christ, comme annonçant la parole, est particulièrement le sujet de Marc; on n'y trouve par conséquent aucun récit des circonstances qui ont accompagné la naissance du Sauveur; il commence par l'évangile même. Aussi à la fin, la mission qu'il confie à ses disciples n'a pas un caractère particulier, comme dans les autres évangiles. Il est simplement dit: «Prêchez l'évangile à toute créature». On comprend que, dans le cours de son évangile, il se serve de ce mot pour désigner en général la prédication de la bonne nouvelle. Toutefois il faut remarquer que même en Marc cette expression n'est pas employée en dehors de l'idée de la venue du royaume (ce qui n'est pas la mort et la résurrection de Jésus Christ, quoique ces événements soient arrivés avant l'établissement du royaume, et même, de fait, fussent nécessaires à cet établissement), car il dit: «Le temps est accompli, et le royaume de Dieu s'est approché; repentez-vous et croyez à l'évangile». Il est évident qu'avant la mort et la résurrection du Seigneur Jésus, ces faits précieux et fondamentaux ne pouvaient pas être annoncés comme bonne nouvelle. On aurait dû croire à un Christ vivant.

Il reste encore une remarque à faire. Le mot «évangile» est employé pour la prédication de la vérité, aussi bien que pour la vérité prêchée, le mot ayant la signification d'une bonne nouvelle apportée. Par exemple, 1 Corinthiens 9: 14, le Seigneur a ordonné que ceux qui prêchent l'évangile, vivent de l'évangile; ils prêchent une doctrine, mais ils ne vivent pas de la doctrine mais de leur service en le prêchant. Au verset 18, «mon pouvoir dans l'évangile», c'est son service comme prédicateur; ainsi Philippiens 4: 15, «au commencement de l'évangile», c'est-à-dire de la prédication de cette bonne nouvelle, Ces exemples suffiront. En définitive, il y a quelques passages en Marc et dans les épîtres de Paul où le mot est employé pour un système de doctrine, pour le contenu du message de la bonne nouvelle, et non pour l'acte de l'annoncer. Avec ces remarques faites dans le but de garder le lecteur de l'abus du mot, nous laissons «évangile» dans le texte sans l'interpréter.

Je doute un peu que l'idée de communication soit perdue dans le mot «bonne nouvelle», une nouvelle donnant toujours l'idée de quelqu'un qui la répand ou l'apporte.

J'écris d'Appeldoorn, mais mon adresse reste toujours à Elberfeld.

Je vous prie de saluer toute votre maison, ainsi que les frères.

Votre affectionné frère.

 

Il me semble que Dieu agit à Elberfeld, et que sa présence s'y manifeste.

Lettre de J.N.D. no 224 – ME 1899 page 356

à Mr P.S.

Elberfeld, octobre? 1857

Bien cher frère,

Cette question du mot «évangile» ne manque pas d'importance. Pour moi, je ne crois pas que je sois en danger de prendre du goût pour le style de la version de Lausanne; cependant c'est en général un mal, lorsqu'un mot désigne quelque chose d'officiel, mais en rapport avec ce qui indique son vrai caractère, que le caractère soit perdu et que l'office seul soit retenu. On perd ainsi une sauvegarde contre de graves abus. Le mot «évangile» n'est presque pas employé pour son contenu, même lorsqu'il est employé seul. Cela a lieu quelquefois mais très rarement. Il est joint à un mot qui le caractérise, ou bien il signifie la prédication de la bonne nouvelle et pas son contenu. Avec le verbe, vous ne pouvez pas toujours employer le mot évangile ou même évangéliser, à cause du régime. J'ai parcouru plus ou moins tous les passages avec la Concordance. La participation à l'évangile est la participation à l'activité de Paul dans ses travaux évangéliques.

Qu'est-ce que l'évangile? Voilà ma difficulté. Quelle idée est communiquée par ce mot? Je comprends la bonne nouvelle du royaume, la bonne nouvelle de Dieu, la bonne nouvelle du Christ aussi. Quand on est à l'oeuvre à une époque donnée, en sorte qu'une bonne nouvelle connue soit en question, je comprends la bonne nouvelle. Mais si je dis: l'évangile du Christ ou de Christ, on a l'idée d'une chose complète en soi qui appartient à Christ, qui vient de lui, et non pas celle d'une bonne nouvelle qui a le Christ pour sujet, la bonne nouvelle qu'il y a un Christ. Ainsi, en disant: «la bonne nouvelle de Dieu», on pense toujours à signifier une certaine thèse par cette épithète et non pas à nous faire comprendre que c'est une bonne nouvelle que Dieu lui-même a daigné nous envoyer. Même lorsque Paul dit qu'il ne peut y avoir un autre évangile que celui qu'il a prêché, ce n'est pas pour dire qu'il y a un seul évangile, mais que nul autre ne pouvait de fait ajouter quelque chose, annoncer quelque chose para ce qu'il avait, lui, annoncé. Il avait, lui, complété la révélation de Dieu. L'expression la plus générale que je sache est en Marc 16 (passage contesté): «Prêchez l'évangile à toute la création»; il y en a peut-être un exemple en Actes 15, et un ou deux en Romains et 1 Corinthiens. On trouve l'évangile dans les Philippiens, chapitre 1, comme une espèce de personnage avec lequel on coopérait dans ses combats.

… Pensez un peu que j'en suis à la traduction des Psaumes en allemand, sur la demande des frères. Nous avons lu les psaumes ensemble. La traduction de Luther est vraiment insupportable pour l'étude. Je profite cependant de tous les «Hülfsmittel», ne me fiant pas à moi-même pour l'hébreu. Nous avons achevé un tiers de la traduction; mon allemand m'est vite revenu avec la pratique et je n'ai pas grande difficulté dans les assemblées, si le Seigneur est avec moi.

Je n'ai pas de nouvelles récentes des V. Je pense leur écrire. J'ai passé trois semaines en Hollande dans le même hôtel qu'eux, et j'ai vu beaucoup de leurs parents et de leurs amis. L'état de Rotterdam est très intéressant, mais pour le moment ils passeront à travers le feu. Il y a beaucoup de besoins et peu de monde qui sache ce que c'est que d'être sauvé. Je commençais à comprendre le hollandais quand on me parlait; j'ai eu des entretiens où l'on me parlait hollandais, tandis que je répondais en français, mais cela est fatiguant. Si je pouvais parler le hollandais, il y aurait bien des portes qui s'ouvriraient, mais aussi de «l'Aufruhr». Dieu sait mieux ce qu'il faut que nous, même en fait de langue. Les V. vous auront, je le pense, écrit. En somme, la Hollande m'a beaucoup intéressé, mais je sens que je devrais travailler un peu en Angleterre.

Quant à A**, quoique j'aie appris en général ce qui y est arrivé, je ne connais aucun détail et rien de récent; ils étaient dix-sept se réunissant chez P., quand N. m'écrivait. C'est chez vous que j'ai eu ma part pour le fond dans cette difficulté, en la remettant à Dieu, quoiqu'elle n'ait pas manqué d'être un exercice de foi depuis lors, mais tout ce qui exerce notre foi est bon, et l'on connaît Dieu davantage chaque fois que cela arrive.

Je suis très content que vous ayez pu voir nos amis à Nîmes et à Montpellier, ce sont les petites et faibles réunions de ces contrées, mais qui sont plus ou moins au centre à cause des villes. Pour moi, l'affaire de la Suisse a été décidément profitable; Dieu fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l'aiment; il se peut bien que j'y aille.

J'ai été bien réjoui pendant mon séjour en Angleterre, particulièrement dans une tournée que j'ai faite dans l'ouest-centre. J'ai un grand désir de voir un peu plus ces frères. J'espère voir votre soeur à G., mais mes mouvements ne sont nullement fixés même dans mes pensées.

La lecture que j'ai faite des Psaumes à Pau m'est restée comme une source divine de jouissance et, je l'espère, de profit. Mr J. ne savait pas ce qu'il faisait. Que de fois cela arrive, nous ne croyons pas assez qu'il y a un Dieu vivant qui agit et qui ordonne et qui intervient. Il y a des choses ordonnées, pensons-nous, mais nous ne pensons guère à un Dieu qui agit. Qu'il est doux d'être près de lui, de tenir tout de lui-même, et de marcher en toutes choses avec lui.

Je suis ici avec un bien cher frère pour lequel j'avais été en bénédiction lors de mon dernier séjour ici.

Je viens de recevoir une lettre des V.; quoique isolés, ils sont très heureux et encouragés en ce que leur monde ne dit rien et prend son parti de leur position comme un fait accompli. Le fait est qu'il y a trop de consciences mal à leur aise pour qu'on désire se remuer beaucoup. Ils ont été chez les W. un dimanche et très heureux; ils ont pu avoir, je le pense, leurs réunions en hollandais, chose importante comme rendant la chose pour ainsi dire indigène…

Lettre de J.N.D. no 225 – ME 1899 page 397

à Mr P.S.

Elberfeld, octobre 1857

Bien cher frère,

J'ai revu dernièrement la traduction des Etudes sur les quatre évangiles, et j'y ai trouvé un certain nombre de fautes d'impression ou autres. Je finis tout pour traverser le Siegerland, et après cela diriger mes pas vers G… Votre soeur m'avait dit qu'elle avait reçu le manuscrit de 2 Corinthiens, je m'en occuperai, Dieu voulant, chez elle. Je vous envoie le brouillon de mes corrections. De l'autre côté de la page se trouvent des textes que j'ai cherchés en vue d'une réunion que Dieu m'a donné de tenir dans une salle d'auberge. Ici à Elberfeld, j'en ai tenu trois sur la venue du Seigneur et nos relations avec lui; j'espère qu'elles auront été utiles. Nous avons eu des ministres, et je crois que des préventions ont été écartées, et que la conscience est produite qu'il y a des vérités précieuses qui font besoin. Dieu s'est manifesté en grande bonté dans toute cette affaire, et a répondu promptement à la prière. Je crois que s'il y avait un ouvrier, il y a à faire ici pour lui, mais il faudrait de la patience. Vous aurez eu des nouvelles des V., ils vont bien et une réunion a l'air de vouloir décidément commencer à Rotterdam. Un frère de ces contrées-ci qui parle leur langue a eu deux cents personnes à la réunion; il a un don assez remarquable, mais il est jeune, et je suis assez désireux d'aider V., qui sent le poids sur ses épaules. Ce ne sera bientôt plus rien de nouveau, sinon tout bonnement de nager contre le courant par la puissance de Dieu; mais la manière dont Dieu m'a ouvert la porte de tous les côtés dans ce pays-là est un encouragement. Si je possédais seulement la langue! Je lis sans grande difficulté. Pour cela mon allemand m'est utile, mais parler est autre chose et j'ai beaucoup de travail sur les bras, même ce qui m'attend en Angleterre. J'espère un peu, étant si près de G., pousser, Dieu voulant, jusqu'en Suisse. Tous ces temps j'ai beaucoup joui de sa grâce et de ses voies et de la réalité de son action dans les choses et dans les coeurs, comment il agit et dirige tout, et selon nos coeurs, si nos regards sont tournés vers lui.

Les frères d'ici sont en général bien, et j'ai de très bonnes nouvelles de Londres. Je me hâte de quitter Elberfeld, non qu'il n'y ait pas à faire, mais pour être ailleurs. Puis je tiens mes traductions pour une obligation et un peu pour un temps de pénitence, comme m'empêchant d'être à l'oeuvre. J'ai enfin trouvé quelque chose sur les Moraves avant leur expulsion de Bohème: «Die Brüder unität» par un papiste, mais on y trouve les faits. Les témoins de Dieu dans les temps de ténèbres, m'ont intéressé depuis longtemps. Ce n'est que dans mes voyages que je puis en lire quelque chose.

Je n'ai guère de nouvelles de Suisse. C'est à Dieu que je me suis fié, et non aux circonstances, quant à la Suisse, et je crois qu'il y a montré une grande bonté. Oh! que nous sachions toujours nous fier à lui! Il permet que nous soyons éprouvés, mais il est si doux de sentir que lui agit, il est aussi toujours fidèle,

Je vous ai dit, je crois, que c'était principalement quand j'étais chez vous à Pau, que les affaires de Suisse, ont exercé mon âme et que j'ai en somme passé dans cette épreuve avec Dieu. Dès lors, quoique, naturellement, j'aie dû toujours demander qu'il agisse, j'ai été en paix; mais je crois que Dieu agit dans ce moment en délivrance. Au Canada, où bien des frères qui avaient des convictions, s'étaient assoupis et laissaient tout aller sans s'en inquiéter, les meilleures âmes se sont réveillées et ont rompu avec le mal. Dieu bénit ce mouvement. Un frère y est allé pour l'oeuvre du Seigneur, sans aucune pensée de s'occuper de leurs circonstances. Il ignorait, je le crois, l'état de choses.

Que Dieu nous donne d'être fidèles jusqu'à ce que le Seigneur vienne. Dans cette heure-là, il n'y aura qu'une chose qui nous donnera de la joie.

Je demande de tout mon coeur, cher frère, que Dieu verse ses bénédictions sur votre famille.

Je suis encore pour quelques jours à Elberfeld jusqu'à ce que j'aie «alles fertig». J'ai de bonnes nouvelles d'Angleterre.

Lettre de J.N.D. no 226 – ME 1899 page 416

à Mr P.S.

Elberfeld, 26 octobre 1857

Bien cher frère,

… Toutes mes lettres me sont venues de Londres en même temps.

N. me dit que Mr E. est parti pour Cannes, mais je ne sais rien de l'état de choses à A**, etc., et ayant pris déjà à Pau mon parti de remettre la chose à notre Dieu en priant, je ne m'enquiers de rien.

Il y a certainement ici de la bénédiction dans les réunions. On y sent la présence de Dieu. A Elberfeld, elles sont extérieurement assez chétives. Au commencement, les frères remplis de zèle et nouvellement affranchis, ignoraient beaucoup les ruses de l'ennemi, et ils ont passé par un moment d'épreuve lorsque le premier entrain s'affaiblissant, la chair commença de nouveau à lever la tête, mais ils ont traversé cette période et sont plus sérieux. Je crois que Dieu m'a amené dans un bon moment. Lorsque la chair a agi après la prédication de la grâce, on est souvent disposé, au lieu d'appliquer Christ à ce mal aussi, de penser qu'on a trop insisté sur la grâce, et de revenir à la loi. C'est ce que j'ai souvent vu dans les réveils: le salut, les exhortations, c'est très bien; mais il faut Christ pour nourrir et faire marcher.

Toutes mes lettres étant arrivées ensemble, je n'ai que très peu de temps. Nous traduisons les Psaumes en allemand; nous sommes au 136e; maintenant on voudrait avoir davantage; voilà l'homme. Pour le moment, je pense que nous n'irons guère plus loin, il faut que je revoie la traduction allemande des Etudes sur le Nouveau Testament.

J'ai fait encore un très heureux «Ausflug nach Holland», mais cette fois j'étais chez Mr de B. J'ai trouvé quelques nouveaux chrétiens, et j'ai eu de très heureuses réunions, aussi loin que le français pouvait me conduire.

Je salue cordialement tout votre monde.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 227 – ME 1899 page 417

à Mr P.S.

Guebwiller, fin octobre 1857

Bien-aimé frère,

J'ai eu un très heureux voyage par Siegerland et le Nassau, d'Elberfeld ici. J'ai vu beaucoup de frères, et à Grossenbach (Prusse), et Dillenburg, j'ai passé une journée à lire la Parole avec les frères; ils sont venus de cinq heures de distance, soit pour les réunions, soit pour les conférences. J'y ai trouvé beaucoup de désir de s'occuper de la Parole, avec de la vie et de la simplicité. A Witgenstein, ils ont besoin d'être ranimés, mais Dieu est bon et fidèle. C'était du relâchement après le premier élan du réveil. L'Esprit de Dieu agit en général, voilà qui est, grâce à Dieu, évident, et je crois que le témoignage rendu parles frères est plus nécessaire et plus dans les desseins de Dieu que jamais.

Saluez affectueusement les frères. J'ai passé mon dimanche ici heureusement. J'ai assisté à une fête de famille chez le grand-père où j'ai dit quelques mots à quelques-uns, mais pas grand-chose.

Votre dévoué frère.

 

Je pense que vous avez, ou que vous aurez bientôt les E.; saluez, et assurez aussi les D. de ma plus sincère sympathie. Ce doit être douloureux pour une mère, mais que Dieu lui donne de se tourner vers Celui qui peut soulager et qui aime à le faire, vers le Seigneur Jésus.

Lettre de J.N.D. no 228 – ME 1899 page 418

à Mr P.S.

Angleterre, fin 1857

… En traduisant le Nouveau Testament en français, je ne puis naturellement prétendre à la correction du style, la langue n'étant pas ma langue maternelle, mais il y a d'autres cas où l'on veut changer ce qui est dit pour l'adapter au français. — Là je suis inexorable. — Je fais ce travail seulement, cela est évident, pour que les frères possèdent (et d'autres, s'ils le veulent) ce qui est dit, ce qu'ils n'ont pas dans les autres traductions. — Si la version de Lausanne avait donné la vraie force du Nouveau Testament, il est de toute évidence que ce n'aurait pas été mon affaire de corriger le style, même si je le trouvais très laid. Je pense à certaines phrases: Je connais un homme en Christ, et je sais qu'un tel homme, etc. Ici, toute la force de la phrase s'évapore — la conscience qu'il a au moment d'être le même homme — qu'il n'y à temps ni rien pour la vie en Christ, pour l'homme en Christ, se réduit dans la version de Lausanne à ce simple fait qu'il sait qu'une telle chose est arrivée. Il connaissait l'homme; il connaissait l'homme ravi — il le connaissait, ce même homme, maintenant — il avait une vie qui se dispensait des sens, etc. — J'espère que nous nous sommes tirés d'affaire; mais je préférerais renoncer tout à fait à ce travail que de changer ce qui est dit. Je crois que, malgré quelques taches, notre traduction sera un immense progrès. Je plains un peu R. avec toute ces corrections, mais il en vaut la peine, et il s'y met de coeur

J'ai revu mes Psaumes allemands, ainsi que le Nouveau Testament, où j'ai corrigé quelques petits détails; il n'y avait rien d'important. A mon retour à Londres, qui ne tardera pas, Dieu voulant, j'aurai du temps pour aller plus vite, quoique l'oeuvre en prenne beaucoup ici. Les conversions continuent, grâce à Dieu.

Votre bien affectionné frère.

 

J'ai eu une forte attaque de grippe; ma poitrine est encore bien prise.

Lettre de J.N.D. no 229 – ME 1899 page 420

à Mr P.S.

Londres, janvier 1858?

… Voilà, cher frère, les corrections d'une feuille (*), plus les remarques de N. J'ai travaillé depuis quatre heures et quart ce matin, et ainsi j'ai pu vous l'envoyer aujourd'hui. J'ai B. avec moi, et à quelques Psaumes près, je viens de corriger mes Psaumes allemands pour la presse (en revoyant la révision qu'en a fait un juif prussien converti).

(*)Traduction du Nouveau Testament: 1 Corinthiens.

J'ai eu une bonne réunion à douze milles de Londres, hier soir, dans un endroit où un charmant frère, avocat, a travaillé depuis deux ans et où il y a maintenant une intéressante assemblée. Il était auparavant d'Orchard Street, mais ayant entendu (ou plutôt sa soeur et sa belle-soeur) parler de Christ d'une manière qui les a épouvantés, les trois ont quitté Orchard Street. Le progrès qu'il a fait depuis est frappant. Je crains toujours un peu le grand nombre de jeunes personnes constamment admises ici à Londres, c'est-à-dire, je crains un manque de profondeur; chaque semaine il y a de nouvelles âmes affranchies, mais je ne vois pas assez de travail d'âme qui précède. Dieu les connaît, c'est une consolation…

Il faut que je parte pour des visites et une réunion loin d'ici.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 230 – ME 1899 page 440

à Mr P.S.

Londres, février 1858

Bien cher frère,

Je vous remercie, ainsi que le frère E., de votre sympathie.

R. m'a envoyé le jour de mon départ, quelques remarques au sujet de notre traduction (*). Je ne sais ce qu'il fera du mot Eglise. Je lui ai abandonné la correction du français dans la préface; car je ne tiens pas aux phrases comme quand il s'agit de la Parole. Je crois que la traduction sera bonne et intelligible — si la fabrique de papier tient parole, elle sera publiée sous peu. J'ai beaucoup souffert pendant quinze nuits sans pouvoir m'étendre dans mon lit; je suis mieux et mon voyage, grâces à Dieu, a très bien réussi. Je crois que la vue de l'oeil droit a souffert pour toujours, au moins pour le toujours de mon corps corruptible, ce qui ne sera pas long; mais Dieu reste bon et sage en tout. Mon activité est pour le moment un peu arrêtée, mais je puis travailler dans mon cabinet. En veillant à ne pas abuser de mon oeil, je puis lire comme par le passé.

(*) Première traduction française du Nouveau Testament.

Les frères en Suisse ont joui du dernier volume des Etudes…

Van B. m'écrit qu'il y a maintenant vingt-six frères à Rotterdam, et en tout onze endroits où l'on se réunit en Hollande. Ce dernier chiffre m'étonne un peu.

Votre frère affectionné.

Lettre de J.N.D. no 231 – ME 1899 page 456

à Mr P.S.

Londres, février 1858

Bien cher frère,

Je pensais vous écrire et je reçois au moment même quelques petits fragments venant, je le pense, de Vevey. Je suis heureux de renouveler mes communications avec vous et je voulais aussi vous dire que R. m'a envoyé la première feuille (*) où j'ai dû faire des corrections, soit pour la ponctuation, soit pour quelques mots. En général, grâce à vos soins, il me semble que le style est coulant et agréable. Je suggère un ou deux changements de détail, mais E. me fait remarquer des fautes plus graves: «Transportation» (Matthieu 1) n'est pas un mot français; de fait il a raison, mais il n'y a ni en anglais, ni en français de terme propre, parce qu'on ne transporte pas des peuples de cette manière. Faute de mieux, je suggère exil, ce qui n'est pas satisfaisant; je ne sais si un mot dans la préface serait nécessaire… Autrement E. est satisfait, mais je l'ai engagé à continuer ses remarques.

(*) Première traduction française du Nouveau Testament.

J'ai trouvé les frères d'ici heureux, et augmentés en nombre, et, je l'espère, un précieux ouvrier suscité.

En général nous avons de bonnes nouvelles de tous côtés: un frère du Canada a été très béni dans l'oeuvre.

J'ai été frappé du témoignage rendu à la sacrificature universelle des chrétiens à Berlin, par Nitsch; naturellement il cherche à concilier cela avec les systèmes, mais il n'en est pas moins vrai que la vérité s'est logée dans le corps de la place.

Mr V. vous aura dit que déjà un instituteur à Rotterdam, a perdu sa place pour être allé au milieu des frères. Je pense retourner en Hollande, mais ici beaucoup de choses m'attendaient. J'ai été frappé de la bonté de Dieu à l'égard de la Suisse, et comment il a répondu à mes prières, de sorte que j'avais à m'humilier de ne pas avoir su demander mieux et plus, mais j'ai pu prendre courage pour le faire. Jamais son intervention ne m'a été plus sensible, mais il faut encore avoir recours à Lui.

J'espère que vous vous êtes remis de mes attaques contre votre langue. Faites attention seulement, je vous prie, aux cas où je traduis, comme principe général, ce qui est dit aux Galates, afin de ne pas le leur rapporter uniquement, car cela détruirait la généralisation du principe. — Autrement ce serait plus clair, mais le but serait manqué; je parle de phrases telles que: Ou dit — ou fait, signifiant que c'est la tendance des hommes à faire, que c'est ce qu'ils font habituellement selon leur nature. Au reste, je crois que les Etudes sur les Galates sont peut-être les moins intéressantes. Par contre, les Actes intéressent beaucoup, et en Angleterre, les Ephésiens. Mais je m'arrête; mes cordiales affections à tous les frères.

Votre bien affectionné frère… très pressé.

 

Je ne sais si je vous ai dit que j'ai eu de très nombreuses assemblées en Suisse où assistaient les étudiants de l'église libre, etc.

Lettre de J.N.D. no 232 – ME 1899 page 458

à Mr P.S.

Londres, février 1858

Bien-aimé frère,

J'ai été un peu étonné que l'on ait proposé aux frères d'appeler M. — M. est un frère qui a été dévoué et a beaucoup agi sur le monde par le dévouement de sa vie. Son activité au milieu des saints a eu malheureusement un autre caractère. Il avait eu, disait-il, une espèce de révélation sur le baptême quand il était en prison pour son témoignage. Il a agi sur ce point avec un esprit de parti dont ses élèves étaient les chefs. Dieu, dans sa bonté, a gardé les frères, leur donnant d'avoir patience et il a manifesté lui-même quel était l'esprit du parti. M. a bien cherché à la fin d'arrêter ce qu'il avait commencé, mais je ne sais s'il a réellement jugé l'état de son âme. Ma confiance et ma consolation sont que le Seigneur, notre précieux Sauveur, prend soin de son Eglise, et qu'il gardera les siens. Si ce frère arrive, j'espère qu'il recevra du bien au lieu de faire du mal; au reste, sa vie a été de longue date une vie laborieuse de dévouement et d'abnégation. Il n'a pas été le moyen de beaucoup de conversions, mais il a ouvert beaucoup de portes à d'autres qui ont été bénis. Il prêchait la loi, entrait dans toutes sortes de détails à l'égard de la vie ordinaire; ce n'était pas l'Evangile; il peut être utile pour exhorter, mais pas pour enseigner. Au reste, j'ai toute confiance dans le Seigneur et dans les soins qu'il prend de son peuple.

Les frères vont bien. J'ai eu une très nombreuse réunion hier soir.

Votre affectionné… à la hâte.

Lettre de J.N.D. no 233 – ME 1899 page 459

à Mr P.S.

Londres, 18 février 1858

Bien cher frère,

… Mon oeil, grâce à Dieu, va bien; c'était, avec un peu de rhumatisme, un excès de travail de tête, qui a été l'occasion de mon mal. J'ai été à Bristol et à Bath, où j'ai eu de bonnes réunions; et des ministres nationaux (un dans chaque endroit) y ont assisté. En général, à ce qu'il paraît, Dieu daigne nous bénir; il y a au nord-ouest du pays un excellent frère, ancien ministre national, qui vient de quitter sa position pour s'unir aux frères; il est zélé dans son travail.

J'ai aussi reçu aujourd'hui de bonnes nouvelles de Manchester. Ici aussi cela va bien. J'espère visiter la Hollande au commencement d'avril… Saluez tous les frères.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 234 – ME 1899 page 460

à Mr P.S.

Londres, 1858

Bien cher frère,

Je vous renvoie vos notes. L'oeuvre continue ici; on fréquente les assemblées qui sont pour la lecture de la Parole, sauf le dimanche soir. Nous n'avons guère de réunion sans qu'une âme soit amenée ou ramenée, atteinte en un mot par l'Esprit de notre Dieu.

De plus d'un côté, il y a progrès, les âmes pieuses sont mécontentes de l'état des églises où l'on suit le monde — mais même déroute qu'ailleurs à l'égard du ritualisme. Une difficulté que nous avons, c'est qu'ils introduisent largement ce que les frères enseignent, afin qu'on ne les quitte pas; et ainsi la conscience s'endort. Il y a passablement d'effort de ce côté.

J'ai eu une réunion française l'après-midi du dimanche.

Votre affectionné.

Lettre de J.N.D. no 235 – ME 1899 page 460

à Mr P.S.

Londres, 1858

Bien cher frère,

… J'ai, grâce à Dieu, de très bonnes réunions à Londres, et j'en suis heureux pour moi-même et pour les méditations. La Parole s'ouvre en la méditant. Toutes les questions sur la personne de Christ m'ont ouvert les Psaumes et d'autres parties des Ecritures d'une manière précieuse pour mon âme. Je suis occupé sans relâche.

Saluez les frères, et toute votre maison.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 236 – ME 1899 page 476

à Mr P.S.

Nîmes, mai 1858

Bien cher frère,

Les doctrines de Mr Craik ont été constatées par trois correspondances distinctes, dont l'une a été imprimée, mais je ne sais comment vous les procurer. Au reste, il n'a pas caché son opinion, il l'a justifiée devant l'assemblée. — Cette doctrine a été introduite dans la Lozère et dans le Gard par le moyen d'un jeune homme qui avait très mal marché auparavant et s'est mis à propager ces vues, enseigné, je le crois, par E., en sorte qu'il n'y a aucun doute quelconque sur la portée de la doctrine. Je ne m'en suis pas occupé, parce que j'avais agi lors de la lettre des dix avant que les opinions de Mr Craik m'eussent été communiquées. Je ne me suis jamais mêlé du détail des démêlés avec Béthesda. Il y a eu des blasphèmes à l'égard de la personne de Christ; à Béthesda ils en avaient pleine connaissance; ils ont reçu les personnes qui en étaient entachées et s'identifiaient avec ces enseignements. Ils ont constaté quelques-uns de ces blasphèmes dans un acte accepté publiquement par tout le troupeau. Mr Craik et Mr Muller ont déclaré renoncer au ministère dans l'assemblée si cet acte, rédigé par dix frères à l'oeuvre, n'était pas ratifié, ce qui a été fait par assis et levé, et la réception de ces personnes a été ainsi justifiée comme principe reçu par le corps. L'acte déclare que, soulever la question de la réception de telles personnes serait un nouveau principe de communion. Les chefs ayant, malgré tout ce qu'on a pu faire, maintenu cette déclaration et la maintenant encore aujourd'hui, j'ai rompu toute communion avec eux et j'en suis resté là. En attendant, cette doctrine de Mr Craik avait été mise en avant dans les discussions et les trois lettres dans lesquelles il l'a justifiée, ont été échangées avec le capitaine H. Celui-ci suppliait Mr Craik de présenter la chose à l'assemblée; il a refusé, disant que Mr Muller acceptait cette doctrine et l'assemblée, aussi fermement que lui, et qu'il ne voulait pas troubler leur paix sur ce point. Ensuite, il a prêché ces choses publiquement, et ils s'en glorifient. Il disait que si Christ avait pris du poison ou était tombé dans un fossé, il serait mort comme un autre, et que s'il avait vécu il aurait été un vieillard ridé, puis serait mort. J'ai trouvé tout cela si destructif de la piété, introduisant des âmes simples dans des questions d'où elles ne sortaient pas sans être embrouillées sur des choses qui devraient être plutôt des sujets d'adoration, que je n'ai jamais encouragé parmi les frères des recherches sur ces points. Il suffisait que ces blasphèmes eussent été traités avec une entière indifférence par l'assemblée pour qu'on ne pût la reconnaître. Mr Craik a même exprimé son regret du manque de révérence de ses expressions, après les avoir niées, mais il a maintenu sa doctrine. Les mêmes expressions ont été employées dans la Lozère et dans le Gard. D'autres doctrines à l'égard de Christ tout aussi ou plus fâcheuses, ont été publiées et mises en circulation depuis par des membres des assemblées en communion avec Béthesda — cela a délivré bon nombre de personnes et les fruits ont confirmé la légitimité de la rupture qui eut lieu. Mais l'église libre d'Ecosse appuie beaucoup une bonne partie de cette doctrine, et d'entre eux il y en a qui vont plus loin. — On a publié dernièrement comme traité d'édification une lettre qui dit que la communion la plus réelle avec les souffrances de Christ, ce sont nos doutes et nos angoisses, dans l'incertitude, quant au salut; et qu'il doutait, Lui, de l'issue de ses conflits — et que, lorsque nous nous trouvions dans le bourbier où l'on glisse si facilement, nous nous rappelions qu'il y a glissé (allusion au Psaume 59), et que nous y puisions une profonde consolation. Si jamais quelque chose m'a dégoûté, c'est ce traité — extrait de lettres jointes à la biographie d'une demoiselle et publié à part comme moyen d'édification.

J'ai reçu votre lettre ici, et j'ai envoyé à R. ce que j'ai pu noter sans mes livres. Je garde les autres notes pour mon retour. La conférence a été heureuse, par la bonté de Dieu; cependant il y a des points sombres dans la condition des frères. Mais le Seigneur est au-dessus de tout, et il aime son Eglise; c'est là ma confiance et j'ai confiance par la grâce de Dieu; on est heureux de pouvoir lui remettre tous ses soucis. On ne saurait douter que Béthesda cherchera diligemment à établir un parti, mais l'activité de Satan, toute pénible qu'elle soit, m'encourage toujours, parce que c'est une preuve que le Seigneur sera actif, et si Lui agit dans sa grâce, on ne saurait douter du résultat. La seule chose que je craindrais serait que les frères ne fussent pas humbles et fidèles d'une manière pratique. Il y a eu des cas pénibles dans le Midi, mais, je l'espère, des preuves que c'est la main de Dieu qui juge, afin de pouvoir bénir. Mais ce sont des sujets d'humiliation devant lui, des motifs pour se prosterner dans la poussière, afin que Son nom ne soit pas déshonoré. On voit l'effort de l'Ennemi; la foi cherche, et certes verra, la main de Dieu. Il est assez remarquable que, dans chaque cas, les instruments de Béthesda et de son oeuvre soient des personnes évidemment éloignées de Dieu dans leur marche et connues pour telles. On voit des gens qui ont manqué, et c'est un sujet d'humiliation; mais tous les instruments, toutes les personnes actives dans ce parti sont des personnes qui ont précédemment troublé par leur marche le coeur des frères fidèles. Ensuite la droiture manque toujours, mais la force du Seigneur est nécessaire pour écarter le mal, ou en garantir les frères. Pour cette force, il faut la communion, pour cette dernière la sainteté. C'est là ce qui devrait nous préoccuper. Si le Saint Esprit a à nous occuper de nous-mêmes en jugement (spirituellement), comment nous justifier par ces voies dans les circonstances vis-à-vis des autres? Mais nous avons affaire avec un Dieu de bonté et qui aime son peuple — c'est ce qui m'inspire de la confiance.

Votre affectionné frère.