Notes d'une méditation de J.N.D. - Philippiens 4

Darby J.N.

ME 1899 page 94

 

15 octobre 1868

C'est une grande chose de se réjouir toujours. Il est important de considérer l'histoire de l'apôtre en relation avec ces épîtres. Lorsqu'il écrivait ces paroles: «Réjouissez-vous toujours», il était en prison à Rome. Il avait été arrêté dans son ministère, et en regardant autour de lui, il devait dire: «Tous ceux d'Asie m'ont abandonné», et «tous cherchent leurs propres intérêts, non pas ceux de Jésus Christ». Mais il avait quelque chose qui élevait son coeur au-dessus de tout cela, non qu'il y fût insensible, mais il connaissait une puissance supérieure. C'était en regardant à Christ, et non à ses circonstances, qu'il pouvait se réjouir. Dans un chapitre des Galates, il dit: «Je suis en perplexité à votre sujet», et dans le suivant: «J'ai confiance à votre égard, par le Seigneur».

Le sentier du Seigneur fut le même; de tous côtés rencontrant les désappointements et les peines, et cependant il prie pour ses disciples, afin qu'ils aient sa joie accomplie en eux-mêmes. C'est vivre dans une puissance supérieure au mal, et si je ne vis pas dans cette puissance, au lieu de me réjouir toujours, je serai accablé et abattu par le torrent du mal qui est en moi et autour de moi. Pour se réjouir ainsi, il faut que le coeur soit avec Celui qui a déjà vaincu et qui s'est assis.

La première marque de puissance est la patience. Rien ne troublait la paix de l'âme de Paul, de sorte qu'il était libre de penser aux individus, comme Evodie, Syntiche, etc., ou d'écrire une lettre à propos d'un esclave fugitif. Il passait à travers la vallée de Baca, et il en faisait une fontaine. C'est une chose plus précieuse de faire un sujet d'actions de grâces de nos épreuves, plutôt que de nos bénédictions. «Je bénirai l'Eternel en tout temps; sa louange sera continuellement dans ma bouche». Dans toutes les diverses circonstances qui l'éprouvaient, Paul trouvait que le Seigneur suffisait. Il possédait ce bonheur intérieur qui le rendait capable, lorsqu'il était devant Festus, de dire: «Plût à Dieu que vous devinssiez de toutes manières tels que je suis». Etes-vous si heureux dans votre âme, que vous puissiez dire cela?

Le jeune chrétien se réjouit davantage dans ce qu'il a reçu, le salut, la joie, la paix, etc. Le vieux chrétien se réjouit davantage en Christ. Le jeune chrétien dit: «J'ai reçu ceci, j'ai reçu cela»;* le vieux chrétien dit: «CHRIST est ceci, et Christ est cela». Ce n'est pas que le jeune chrétien ait tort en ce sens, un jeune chrétien ne peut être un vieux chrétien; mais s'il marche avec Dieu, il mûrira bientôt. En 1 Jean 2: 13, 14, il est dit: «Je vous écris, pères, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement»; tandis que l'apôtre entre en beaucoup de détails relativement aux jeunes gens, il répète aux pères ce qu'il a déjà dit. Il y a toujours le combat continuel avec Amalek, mais on le combat avec la confiance qu'il a déjà été vaincu. En Jean 16: 33, le Seigneur dit: «Vous avez de la tribulation dans le monde; mais ayez bon courage, moi j'ai vaincu le monde».

Courez la course, «fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi». — Restez tranquilles. Ne laissez aucune puissance du mal ou des circonstances vous empêcher de vous réjouir toujours dans le Seigneur, mais pour cela il vous faut être avec lui.

«Que votre douceur soit connue de tous les hommes». Naturellement, j'aime à affirmer mes droits dans le monde, et si une injustice est commise, je la ressens. La douceur met un frein à notre propre volonté, satisfaite, pour le présent, d'être soumise. «Le Seigneur est proche». Lorsque le Seigneur dresse sa face résolument pour aller à Jérusalem, les Samaritains ne veulent pas le recevoir, et les disciples demandent que le feu du ciel descende sur eux. Si vous dressez votre face résolument pour aller à Jérusalem, vous ne serez pas reçu par ceux qui ont un coeur tiède. «Le Seigneur est proche»; croyez-vous cela? Le caractère de ma vie tout entière sera gouverné par cela, si je le crois.

Vous direz peut-être: «J'ai des ennuis dans ma famille; les saints sont dans un mauvais état». Eh bien, «ne vous inquiétez de rien, mais en toutes choses exposez vos requêtes à Dieu, etc.». Allez et dites-lui tout à cet égard. Au lieu de tourmenter votre esprit à propos de cela, apportez-le à Dieu. Il n'est pas dit qu'il vous donnera juste ce que vous demandez, parce que cela pourrait n'être pas pour votre bien, mais il vous donnera sa propre paix. Vous placez vos soucis sur son coeur, et lui met sa paix dans le vôtre. Toutes les choses qui vous troublent, troublent-elles la paix de Dieu? Faites-lui connaître vos requêtes avec des actions de grâces. Lorsque j'ai remis mes affaires entre les mains de quelqu'un et que je lui ai demandé de s'en occuper pour moi, et qu'il l'accepte, je lui dis «merci», bien que jusqu'alors, il n'y ait rien de fait.

Dans cet état d'âme, le coeur est libre pour jouir de ce que je vois de grâce chez les autres. Il y a en nous une tendance à vivre dans les choses du monde où nous ne pouvons pas avoir Christ avec nous. Marchez, dit Paul (verset 9), dans le sentier que vous avez appris de moi, et le Dieu de paix lui-même sera avec vous. La joie est une chose qui va et vient, tantôt haute, tantôt basse, mais la paix est quelque chose de constant et sans trouble. Dieu n'est jamais appelé un Dieu de joie — mais souvent le Dieu de paix. Tandis que Christ était avec ses disciples avant sa mort, il ne leur dit jamais: «Paix vous soit»; il dit: «Ne craignez pas»; mais lorsqu'il est ressuscité d'entre les morts, il leur dit: «Paix vous soit». Christ a fait la paix par le sang de sa croix de telle manière que, si Dieu se montre dans chacun des attributs qu'il possède, il ne voit rien qui puisse troubler sa paix. Je suis dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, et si j'ai la paix avec Dieu, je suis gardé dans le calme, bien que j'aie à combattre le monde, la chair et Satan. Votre paix coulera comme un fleuve.

La pierre de touche de la vraie condition d'âme d'une personne se voit dans ses habitudes de vie journalière. «J'ai appris», dit l'apôtre, «à être content en moi-même dans les circonstances où je me trouve». Il l'avait appris. Ce n'est pas simplement le dire, c'est une grande chose de l'apprendre. Etre dans l'abondance est une portion beaucoup plus grande que d'être abaissé, mais Christ suffisait. Je n'ai pas seulement la paix dans les circonstances, mais j'ai aussi un pouvoir moral sur elles.

«Mon Dieu suppléera», mon Dieu, c'est autant que dire: Je le connais bien, et je suis garant qu'il «suppléera à tous vos besoins selon ses richesses en gloire par le Christ Jésus». Quelle réalité il y a dans la vie de la foi! Il peut nous faire passer par des épreuves, parce que cela est bon pour nous, mais à travers tout, il sera avec nous.