Quelques remarques sur l'Apocalypse

(Fragment d'une lettre)

ME 1899 page 121

 

L'étude de l'Apocalypse, quelles que soient, au premier abord, les difficultés qu'elle présente, est d'un grand intérêt et d'une haute importance, comme étant la «Révélation de Jésus Christ, que Dieu lui a donnée», dans le but de nous faire connaître les choses qui doivent arriver bientôt. La valeur que ce livre doit avoir pour nous, nous est montrée par cette déclaration: «Bienheureux celui qui lit, et ceux qui entendent les paroles de la prophétie, et qui gardent les choses qui y sont écrites, car le temps est proche», d'autant plus proche actuellement.

Pour aider à l'intelligence de ce livre, il faut remarquer les trois divisions que le Seigneur, parlant à Jean, indique lui-même (1: 19): «Ecris donc les choses que tu as vues, et les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après celles-ci».

1°  Les choses que tu as vues: c'est le Seigneur dans son caractère de Juge au milieu des sept assemblées (ou églises), se présentant à la fois comme le Fils de l'homme, et comme l'Ancien des jours, c'est-à-dire sous son caractère humain et divin en même temps (comparez les versets 13 et 14 du chapitre 1, avec Daniel 7: 9, 13, 14; et lisez Jean 5: 22, 27).

2°  Les choses qui sont: c'est l'Eglise dans sa responsabilité envers Dieu sur la terre, où elle est la lampe qui doit répandre la lumière divine de la vérité qui lui est confiée. C'est pourquoi le Seigneur Jésus est représenté comme marchant au milieu des sept assemblées (2: 1), tenant dans sa main l'autorité suprême, et ayant les yeux comme une flamme de feu, des yeux qui pénètrent et sondent tout. Il a ainsi tous les caractères nécessaires pour apprécier si l'Eglise a répondu à sa mission et comment elle l'a fait. Cette division comprend les chapitres 2 et 3, après quoi l'Eglise n'est plus vue que dans le ciel. Mais ici, il faut nous rappeler que l'Eglise est présentée dans la Parole sous deux aspects; l'un, telle qu'elle est selon la pensée de Dieu, et l'autre, dans sa manifestation sur la terre. Dans le premier cas, l'Eglise est une. Elle est le corps de Christ, dont lui est la Tête, et dont les croyants sont les membres (1 Corinthiens 12: 12, 13; Ephésiens 1: 23; Colossiens 1: 18); et il n'y a qu'un seul corps (Ephésiens 4: 4). L'Eglise est aussi la maison de Dieu; un édifice que Christ a commencé d'élever le jour de la Pentecôte, quand le Saint Esprit est descendu sur les disciples assemblés. Elle est un temple saint qui s'élève, une habitation de Dieu par l'Esprit (1 Timothée 3: 15; Matthieu 16: 18; Actes des Apôtres 2: 1-4, 41, 47; Ephésiens 2: 20-22). Considérée ainsi, l'Eglise, une, ne se compose que de vrais croyants, baptisés du Saint Esprit, des pierres vivantes (1 Corinthiens 12: 13; 1 Pierre 2: 4, 5).

L'Eglise a aussi sa manifestation, sa réalisation sur la terre. Elle est un édifice qui s'élève par le moyen d'ouvriers que Dieu emploie: elle est le labourage de Dieu, l'édifice de Dieu. Dieu confie l'ouvrage à ces ouvriers: ils en ont la responsabilité, et il y a de bons et de mauvais ouvriers (1 Corinthiens 3: 10-15). L'Eglise a sa manifestation dans diverses assemblées locales; mais toutes ensemble ne font qu'une seule Eglise, et chacune est l'expression locale de l'Eglise universelle. Tel était le cas au commencement, tel il devrait être aujourd'hui; mais l'Eglise a manqué à sa responsabilité: la ruine et la confusion en ont été le résultat. Remarquez que la lampe pourrait être ôtée d'une assemblée locale, sans que l'ensemble en fût affecté.

Les sept églises ou assemblées auxquelles s'adresse le Seigneur, dans les chapitres 2 et 3 de l'Apocalypse, étaient des assemblées locales existantes au temps de Jean. Le Seigneur s'adresse à elles comme responsables envers lui de marcher fidèlement en écoutant ses exhortations et ses avertissements; ce dont nous pouvons toujours tirer profit. Mais leur nombre, sept, qui indique un tout complet, le choix des églises selon le caractère respectif que présentait chacune d'elles, et l'ordre dans lequel elles sont placées, nous montrent qu'il faut voir en elles ce que serait, dans ses différents états ou phases successives, l'Eglise comme corps responsable sur la terre, jusqu'au moment où elle ne serait plus reconnue du Seigneur, mais «vomie de sa bouche» (3: 16). Nous avons donc comme l'histoire prophétique de l'Eglise, aux différentes époques de son existence ici-bas.

Les quatre premières assemblées nous montrent d'abord le premier déclin de l'Eglise (Ephèse); elle a abandonné son premier amour puis les persécutions (Smyrne) pour la réveiller elle est exhortée à être fidèle jusqu'à la mort ensuite son association avec le monde sous Constantin (Pergame); elle habite là où est le trône de Satan; et enfin sa chute dans l'idolâtrie des systèmes romain et grec, surtout le premier où la prétendue Eglise, Jésabel, assumant l'autorité, enseigne et égare les serviteurs de Dieu.

Les trois dernières assemblées représentent la phase durant laquelle le protestantisme est introduit. Remarquons que Thyatire et les suivantes vont simultanément jusqu'à la fin, la venue du Seigneur. Nous sommes actuellement dans la période désignée par «les choses qui sont», car l'Eglise, quel que soit son état de ruine et de confusion, est encore reconnue du Seigneur, puisque le Saint Esprit est encore sur la terre dans les croyants, et qu'il agit pour la conversion des pécheurs.

3°  «Les choses qui doivent arriver après celles-ci» (comparez 4: 1), c'est-à-dire après cette période de l'Eglise reconnue comme telle, et où nous sommes encore. Ainsi, depuis le chapitre 4, ce qui se trouve dans l'Apocalypse, sont des événements encore à venir. Ils sont vus dans le ciel (4: 1), dans la pensée de Dieu, et révélés au prophète, mais comme devant avoir lieu sur la terre (*). Ils ne commenceront (bien que les principes dont ils sont la conséquence, opèrent déjà parmi les hommes) que lorsque les saints qui composent l'Eglise seront dans le ciel, où ils auront été ravis par le Seigneur; les uns ressuscités et glorifiés en même temps que les fidèles de l'Ancien Testament; les autres, les saints vivants à la venue du Seigneur, transmués ou changés, c'est-à-dire revêtus de corps incorruptibles et glorieux, propres pour habiter le ciel (lisez et comparez 1 Thessaloniciens 4: 15-17; 1 Corinthiens 15: 48-54; 2 Corinthiens 5: 1-5; Philippiens 3: 20). Pour les saints de l'Ancien Testament, remarquez qu'ils sont compris dans les «morts en Christ», et «ceux qui sont du Christ»; pesez aussi Hébreux 11: 39, 40: ils n'ont pas reçu ce qui était promis, ils atteindront comme nous la perfection en résurrection et en gloire; mais Dieu a eu en vue quelque chose de meilleur, des privilèges spéciaux pour nous, les appelés actuels. Remarquez bien que Jésus appelle auprès de lui les siens, ressuscités ou changés, avant de venir personnellement exercer le jugement sur le monde, ce qui nous dit déjà ce que c'est que la première résurrection.

(*) Sauf ce qui est dit des noces de l'Agneau, du combat de Michel contre Satan, et de la sainte cité.

Les saints sont donc au ciel, et le monde laissé tel quel. Le nom d'église chrétienne continuera sans doute à exister avec la masse des professants inconvertis ; il pourra y avoir des services religieux; mais ce sera une forme sans réalité devant Dieu, non reconnue du Seigneur et où l'erreur et le mensonge iront en s'accentuant toujours plus (lisez Matthieu 25: 11, 12; 2 Thessaloniciens 2: 9-12). D'un autre côté, l'incrédulité ouverte, reniant tout principe religieux, deviendra aussi toujours plus audacieuse. Les saints n'étant plus sur la terre, l'Esprit de Dieu n'y sera plus, n'y aura plus son habitation, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y agira pas (Apocalypse 1: 4; 4: 5; 5: 6). Autrefois, la gloire de l'Eternel quitta le temple de Jérusalem à cause des péchés des Juifs (Ezéchiel 11), ainsi la présence de Dieu (d'une manière spéciale) par l'Esprit (Ephésiens 2: 22), ne sera plus sur la terre, puisque l'habitation de Dieu, l'Eglise, n'y sera plus. (Par l'Eglise, j'entends ici non le corps professant, mais les saints, les vrais fidèles).

Au chapitre 4, on voit, dans le ciel, les saints glorifiés, sous le symbole des vingt-quatre anciens assis sur des trônes (verset 4), mais du chapitre 4 au 19, il n'est fait aucune mention de l'Eglise dans les événements qui se passent sur la terre. C'est important à retenir. Les hommes sauvés du chapitre 7 ne sont pas l'Eglise, car dans l'Eglise, corps de Christ, il n'y a ni Juifs, ni Grecs (1 Corinthiens 12: 13; Ephésiens 3: 6), mais tous sont un en lui. An contraire, dans ce chapitre, les Israélites scellés d'entre les douze tribus, sont soigneusement distingués de la foule innombrable des gentils qui sont devant le trône. Les 144.000 du chapitre 14 ne sont pas non plus l'Eglise.

Au chapitre 19, on voit les noces de l'Agneau avec l'Eglise célébrées dans le ciel. C'est la déclaration publique, dans le ciel, au milieu des saints transports d'allégresse de ses habitants, de la relation étroite d'affection de Christ pour l'Eglise et de son union avec elle (Ephésiens 5: 23-32). Plus tard a lieu la manifestation devant le monde de la gloire céleste de l'Eglise (chapitre 21, depuis le verset 9). Mais, je le répète, sur la terre, du chapitre 4 au 19, il n'est point fait mention de l'Eglise. S'il y en a une, c'est Babylone, la fausse église, et elle n'est mentionnée que pour montrer son iniquité horrible, et le jugement terrible dont elle est frappée (17; 14: 8; 18). Il y a, sans doute, des saints sur la terre durant cette période, et même des saints qui souffrent de grandes persécutions, mais ce ne sont pas des saints chrétiens, si je puis dire ainsi (chapitres 6: 9-11; 7: 14; 12: 17; 13: 7, etc.). L'invocation des âmes que le prophète voit sous l'autel, indique qu'elles ne crient pas à Dieu selon le caractère chrétien. Le chrétien persécuté dit comme Etienne: «Seigneur, ne leur impute pas ce péché» (Actes des Apôtres 7). Ici les âmes disent: «Jusques à quand ne vengeras-tu pas?» C'est le langage que nous trouvons dans les Psaumes, et qui convient au résidu juif.

Une autre chose importante à retenir, c'est que si, depuis le chapitre 4, tout est encore à venir, il y a eu dans certains événements passés comme un accomplissement partiel, comme des ombres des événements futurs prédits dans l'Apocalypse, et qui peuvent parfois aider à comprendre ceux-ci.

Le grand objet présenté dans la troisième section de l'Apocalypse (chapitre 4-19) est la préparation, par des jugements qui fondent sur les hommes impies, à l'établissement du règne de Christ sur la terre. Ce règne n'est pas purement spirituel, comme quelques-uns l'enseignent. Christ lui-même reviendra, après avoir reçu «la domination, l'honneur, et la royauté, et tous les peuples, les peuplades et les langues, le serviront» (Daniel 7: 13, 14). C'est le cinquième et dernier empire (Daniel 2: 44, 45), qui ne sera pas détruit; il subsistera à toujours: c'est le royaume du monde de notre Seigneur et de son Christ (Apocalypse 11: 15). On voit, au chapitre 19, Christ sortant du ciel comme Celui qui juge et combat en justice. Il apparaît pour exécuter un jugement en détruisant par l'épée de sa bouche ceux qui, conduits par la bête et le faux prophète, se sont audacieusement ligués contre lui. Je dis un jugement, car l'Ecriture nous montre qu'il y aura plusieurs actes de jugement des vivants (par exemple, celui de Gog (Ezéchiel 39); puis celui décrit en Matthieu 25: 31-46, qu'il ne faut pas confondre avec le jugement des morts d'Apocalypse 20; l'un est avant, et l'autre après le règne de mille ans). Partout dans l'Ecriture, il est question de l'apparition personnelle de Christ pour établir son royaume par le jugement des méchants, et il ne sera établi que de cette manière, et non, comme plusieurs le supposent, par la prédication de l'Evangile. Actuellement, selon les desseins de Dieu cachés en lui dans les âges précédents (Ephésiens 3: 5-9), Dieu tire des nations «un peuple pour son nom» (Actes des Apôtres 15: 14). C'est l'Eglise, peuple céleste, composé des croyants unis à Christ par le Saint Esprit. Quand «la plénitude des nations» sera entrée (Romains 11: 25), que l'Eglise (la vraie, le corps de Christ) ne sera plus sur la terre, mais dans le ciel avec Jésus, Dieu reprendra ses voies envers son peuple terrestre, Israël, et envers les nations, et, après une série d'événements et de jugements, Christ, par son apparition, délivrera le résidu fidèle et persécuté et rétablira le royaume pour Israël (Actes des Apôtres 1: 6). «Ainsi», dit Paul, «tout Israël sera sauvé, selon qu'il est écrit: Le libérateur viendra de Sion» (Romains 11: 26; comparez Ezéchiel 37). De là, l'empire du Seigneur s'étendra sur toutes les nations; elles reconnaîtront son autorité (Zacharie 14: 9; Psaumes 72: 11). Nombre de passages des Psaumes et des prophètes confirment ce que nous venons de dire; mais, pour les comprendre, il faut lire simplement et prendre les choses comme elles nous sont dites. Israël est Israël et non l'Eglise; Sion est Sion et non l'Eglise. Celle-ci n'apparaît pas dans les écrits des prophètes. Elle était, il est bon de le répéter, un mystère caché en Dieu jusqu'à ce que Dieu en donnât la révélation par le moyen de Paul (Ephésiens 3; Romains 16: 25, 26; Colossiens 1: 26). Les prophètes ont en vue Israël; il est au premier plan. S'ils parlent des nations, c'est pour les montrer, mais au second plan, bénies par le moyen d'Israël. Ainsi Esaïe, dans ses derniers chapitres, parle de la gloire future d'Israël, montre la splendeur à venir de Jérusalem (non de l'Eglise), et fait voir la bénédiction des nations en rapport avec l'état glorieux du peuple terrestre. Il faut cependant remarquer que Jean, ou plutôt l'Esprit Saint, emprunte aux prophètes des images pour représenter la gloire de la cité céleste qui est l'Eglise, de même qu'il se sert de l'arrangement et des objets du tabernacle et du temple, comme figures de ce qu'il voit dans le ciel.

Le chapitre 4 de l'Apocalypse nous montre donc le trône de Dieu dressé dans le ciel. C'est un trône de gouvernement et de jugement, comme le font voir les tonnerres, les voix et les éclairs qui en sortent. Mais Dieu se souvient de son alliance avec la terre (Genèse 9: 13); l'arc-en-ciel entoure le trône. Les jugements frapperont les hommes; mais ce n'est pas encore le jugement final, quand les cieux passeront et que la terre et les oeuvres qui sont en elle, seront brûlées entièrement (2 Pierre 3: 10; comparez Apocalypse 20: 11). Il ne faut donc pas confondre ce trône avec celui du Fils de l'homme, quand il viendra dans sa gloire et tous les, anges avec lui (Matthieu 25: 31) pour juger les nations des vivants; ni avec le grand trône blanc devant lequel comparaissent les morts (Apocalypse 20: 12). Le trône d'Apocalypse 4, est le trône sur lequel est assis Celui qui a créé le monde et les choses qui y sont (voir versets 10, 11), à qui elles appartiennent, qui a sur elles l'autorité suprême, qui va frapper les hommes de jugements qui doivent les avertir avant que le jugement final arrive; c'est le trône de Celui devant qui les anciens et les agents de sa puissance se prosternent et adorent. Les anciens, les saints glorifiés, comprenant ceux de l'Ancien Testament et ceux du Nouveau Testament, ressuscités ou transmués à la venue de Christ, sont autour du trône, associés à ce que Dieu va faire. On voit, au chapitre 19, les saints qui composent l'Epouse dont les noces ont été célébrées, sortir du ciel avec Christ qui va exécuter le jugement; ils sont là comme «les armées qui sont dans le ciel», suivant leur Chef, associés à lui (pour voir que ces armées sont bien les saints glorifiés, comparez les versets 8 et 14; voyez aussi 1 Corinthiens 7: 2, 3).

Le chapitre 4 nous a montré le Dieu créateur; le chapitre 5 présente le Dieu rédempteur; l'Agneau qui a été immolé; Celui qui a été rejeté et mis à mort par les hommes, et dont les droits vont être revendiqués. Les anciens, les anges et toutes les créatures lui rendent hommage.

Dans les chapitres suivants, nous voyons d'une part, la série des jugements qui frappent les hommes, de l'autre, les principaux agents qui s'opposent à Christ et entraînent les hommes contre lui. Remarquez que le septième sceau renferme les sept trompettes, et que la septième trompette, signal de l'intervention de Dieu (chapitre 10: 7), renferme les sept coupes qui sont les dernières manifestations de la colère de Dieu contre les méchants (comparez chapitres 8: 1, 6; 11: 15; 15: 1). Remarquez aussi que les plaies qui frappent les hommes augmentent toujours d'intensité, et que si, au sixième sceau, les hommes manifestent de la frayeur devant les signes de la colère divine (6: 15-17), ils s'endurcissent ensuite et ne se repentent pas, puis en viennent à marcher audacieusement et ouvertement contre Dieu (9: 20, 21; 16: 9, 11, 14; 17: 14; 19: 19). Enfin, remarquez que les jugements des sceaux frappent le quart de la terre; ceux des trompettes, le tiers; mais que ceux des coupes sont universels.

La scène des événements est tantôt en Orient (chapitre 9, puis 11; 12; 16: 13-16); tantôt en Occident (chapitre 8, entre autres). Les Juifs, comme nation, ont réapparu sur la scène, sans être cependant formellement nommés, sauf les scellés du chapitre 7. Mais on voit le temple à Jérusalem (chapitre 11) où les deux témoins fidèles prophétisent et sont mis à mort, ce qui montre que les Juifs sont là, mais dans l'incrédulité. Mais il y a un résidu fidèle — les deux témoins. Au chapitre 12, la femme n'est pas l'Eglise, mais Israël. En effet, l'enfant mâle est Christ (comparez Apocalypse 12: 5, avec 2: 27 et Psaumes 2: 8, 9), et Christ n'est pas issu de l'Eglise, mais d'Israël. Bien plus, c'est comme Christ et l'Eglise que l'enfant mâle est enlevé au ciel. La femme représente donc Israël selon la pensée de Dieu, et non l'Israël incrédule, qui a rejeté Christ et qui va recevoir l'imposteur, l'Antichrist. La femme est revêtue du soleil, symbole de gloire et d'autorité souveraine, car Israël restauré sera à la tête des nations (lisez Esaïe 60; 61; 62); la lune aux phases changeantes est sous ses pieds, car Israël ne connaîtra plus les vicissitudes par lesquelles il a passé, et elle porte la couronne des douze chefs des tribus d'Israël. Tout cela nous fait bien voir qu'il ne s'agit pas de l'Eglise. C'est le résidu fidèle qui est, aux yeux de Dieu, le vrai Israël, comme on le voit plus loin dans ce chapitre.

En effet, Satan est chassé du ciel, et précipité sur la terre, où il va exercer sa fureur avec d'autant plus de rage qu'il sait qu'il n'a plus que peu de temps (versets 7-12). C'est durant la courte période de la dernière demi-semaine d'années annoncée par Daniel (Daniel 9: 26, 27), et qui est exprimée de diverses manières, telles que «un temps, des temps, et la moitié d'un temps» (c'est-à-dire trois ans et demi; Apocalypse 12: 14; Daniel 7: 25, comparez avec 4: 32); quarante-deux mois, ou mille deux cent soixante jours (Apocalypse 11: 2, 3; 12: 6). Pendant ce temps limité, Satan persécute la femme qui est mise à l'abri par les soins de Dieu, et il fait la guerre «contre le résidu de la semence de la femme, ceux qui gardent les commandements de Dieu et qui ont le témoignage de Jésus». Tout cela est à venir et concerne ceux d'Israël qui seront fidèles.

Le chapitre 13 nous fait connaître les agents que Satan emploiera pour séduire et entraîner les hommes, et pour persécuter les saints. Il y en a deux: en Occident, surgit la puissance représentée par la première bête qui s'élève de la mer, symbole des peuples livrés à l'anarchie (13: 1-10). Elle monte de l'abîme (11: 7) et tire sa force, son pouvoir et son autorité de Satan. C'est l'empire romain rétabli (voir chapitre 17 et Daniel 7: 7), et vu dans la personne de son chef. De même, dans Daniel 7 et 8, les empires sont représentés par des bêtes, mais personnifiés dans leurs chefs. Il faut remarquer que, dans Daniel, la quatrième bête n'a pas des caractères distincts comme les trois premières, mais est présentée sous l'aspect d'une puissance extraordinaire et terrible. Les dix cornes qu'elle porte, de même que les dix orteils de la statue dans la vision de Nebucadnetsar, l'assimilent à la bête du chapitre 13 de l'Apocalypse, et nous montrent que celle-ci est bien le quatrième empire, l'empire romain. Remarquons encore que cette bête porte les traits qui caractérisent les trois premières bêtes de Daniel 7, le léopard, l'ours et le lion; elle en est un composé, joint à ce qui la distingue comme plus terrible que toutes par sa méchanceté et sa haine contre Dieu et les saints.

En Orient, en Judée, se montre la seconde bête (13: 11-18). Elle s'élève de la terre, d'un état de choses stable. C'est l'Antichrist, celui qui vient en son propre nom. (Jean 5: 43). Il se dit être le Christ, le Messie et le Roi, et les Juifs incrédules le reçoivent comme tel. Il parle comme un dragon, avec des paroles de mensonge. C'est le faux prophète, l'homme de péché. Ici, il paraît comme une puissance politique, subordonnée à la première bête, et l'aidant par les séductions par lesquelles il captive les hommes. Aux chapitres 16 et 19, on ne le voit que dans son rôle de faux prophète; en 2 Thessaloniciens 2, sont dépeints ses prétentions et ses caractères religieux, et 1 Jean 2 nous dit que l'antichrist nie le Père et le Fils — c'est l'apostasie.

Ces deux bêtes sont animées et conduites par Satan, et avec lui forment une redoutable trinité du mal qui mène les hommes à la perdition en les faisant marcher contre Dieu, contre Christ et son peuple (chapitre 16: 13, 14). Babylone, la fausse église, qui veut dominer sur les rois mêmes, est aussi sur la scène en Occident (chapitre 17: 3-6; 14: 8; 18).

Après les diverses plaies versées sur les hommes par les anges qui tiennent les sept coupes du courroux de Dieu (chapitres 15 et 16), vient le jugement final, annoncé par ces mots: «C'est fait». Babylone, la grande prostituée, tombe la première sous la main de Dieu, qui se sert pour la détruire de la bête et des dix rois associés à celle-ci (chapitres 17 et 18). La bête, chef de l'empire romain (*), forme avec ces dix rois une confédération dont elle est le chef. On peut voir dans l'histoire passée, et même actuelle, des systèmes analogues de chef suprême avec des rois subordonnés.

(*) Le chapitre 17 explique clairement que la bête est en effet l'empire romain, le quatrième empire reconstitué.

Après le jugement de Babylone, la fausse église, et l'anéantissement de son idolâtrie et de sa gloire mondaine, les noces de l'Agneau avec la vraie Eglise, son Epouse, c'est-à-dire la reconnaissance publique de son union avec elle, sont célébrées dans le ciel, au milieu des transports de joie de ses habitants (chapitre 19: 1-10). Ensuite vient le jugement de la bête, du faux prophète et de ceux qu'ils ont entraînés avec eux contre Christ. Séduits par les paroles mensongères des émissaires de Satan et de ses deux acolytes — la bête et le faux prophète — les rois de la terre, et avec eux les dix rois qui ont donné leur pouvoir à la bête, s'assemblent avec leurs armées pour combattre contre l'Agneau et les saints (chapitre 16: 13-16; 17: 12-14; 19: 19). Alors Christ lui-même, comme juste Juge, comme «la Parole de Dieu», comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs, sort du ciel avec les saints (comparez chapitre 19: 14 et verset 8). Il vient, accompagné des anges de sa puissance (2 Thessaloniciens 1: 7, 8). Ce n'est pas sa venue pour prendre les siens auprès de lui; cela a déjà eu lieu (Jean 14: 1-4; 1 Thessaloniciens 4: 13-18). C'est son apparition au monde comme Juge et vainqueur, venant exécuter le jugement. «Il vient avec les nuées, et tout oeil le verra», dit le prophète au commencement (1: 7). Ses ennemis sont frappés par l'épée de sa bouche; la bête et le faux prophète sont pris et jetés vifs dans l'étang de feu (chapitre 19: 19-21; comparez 2 Thessaloniciens 2: 8); Satan est lié pour mille ans, et le royaume millénaire, sous l'autorité du Fils de l'homme, est établi — règne de paix et de justice, bienheureuse période pour la terre, et dont il faut lire les traits dans les prophètes. Christ avec les siens, règne sur la terre (chapitre 20: 1-6). Remarquons qu'il y a trois classes de personnes qui ont part à la première résurrection, qui vivent et règnent avec Christ durant les mille ans. D'abord, ceux que nous voyons déjà assis sur des trônes, au chapitre 4, et à qui le jugement est donné; ensuite, ceux qui ont été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu (comparez 6: 9); et enfin, ceux qui n'avaient pas rendu hommage à la bête, ni à son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main (comparez 13: 4, 15-17).

Après ce bienheureux règne du Seigneur durant les mille ans, vient la dernière révolte, à l'instigation de Satan qui a été délié pour un temps (chapitre 20: 7-10). Car le coeur de l'homme reste le même; en quelque temps que ce soit, même sous les bénédictions du millénium, il faut naître de nouveau. Le coeur des irrégénérés prête l'oreille aux insinuations du diable, et une dernière fois il les assemble pour combattre les saints de Dieu. Mais Dieu prend leur défense, les méchants sont détruits par le feu du ciel; Satan est définitivement jeté dans l'étang de feu, c'est la fin de sa puissance, et c'est aussi la fin de l'histoire de l'homme sur cette terre.

En effet, le ciel et la terre actuels disparaissent, le grand trône blanc est dressé, c'est pour le jugement final, et les morts, ramenés à la vie (comparez 20: 5), y entendent leur sentence d'éternelle condamnation. Mais, je le répète, il ne faut pas confondre ce trône de jugement avec celui de Matthieu 25. Là, le Fils de l'homme vient et s'assied sur le trône de sa gloire. La scène se passe sur la terre. Ceux qui sont jugés sont des vivants; il y a des bénis et des maudits. Le grand trône blanc n'est pas sur la terre — car terre et ciel ont disparu — le Fils de l'homme ne vient pas, il est assis sur le trône, et enfin ceux qui se trouvent là sont les morts, ceux qui n'ont jamais eu la vie de Dieu, mais sont restés morts dans leurs fautes et dans leurs péchés (Ephésiens 2: 1). Ils revivent dans cet état, mais c'est la résurrection de jugement (Jean 5: 24-29), et tous sont condamnés: leur nom n'est pas dans le livre de vie.

La dernière scène (21: 1-8) nous montre l'état éternel et immuable, tous les desseins de Dieu étant accomplis. Nous y voyons un ciel nouveau, une terre nouvelle, un nouvel état de choses, car la mer n'est plus. Sur cette terre demeurent les hommes sauvés, et au milieu d'eux l'Eglise, la sainte Jérusalem, habitation de Dieu pour l'éternité. Plus de gentils et de Juifs, plus de nations; Dieu est tout en tous; Il est leur Dieu et répand sur eux les flots de son bonheur. Les desseins de son amour ont leur plein effet.

La suite du chapitre 21 et 22: 1-5 est une vue rétrospective décrivant l'Eglise dans la gloire céleste comme centre du gouvernement de Dieu et de Christ durant le Millénium; c'est pourquoi elle est représentée sous l'emblème d'une cité, en laquelle se trouve le trône de Dieu et de l'Agneau. Elle est dans le ciel, elle appartient au ciel, c'est là son origine, mais elle est en relation avec la terre qui voit sa gloire et pour qui elle est un canal de bénédictions.

Quand je dis que Christ et les saints régneront sur la terre, cela ne veut pas dire que Christ restera personnellement ici-bas à Jérusalem avec les saints. L'Eglise, au milieu de laquelle l'Agneau a son trône, est du ciel et dans le ciel, comme je l'ai rappelé. C'est du ciel que Christ et les siens règnent. Sur la terre, il y aura, pour gouverner Israël, un prince (Ezéchiel 44: 3; 45: 7, 8, 17, 22, etc. Depuis le chapitre 40, nous avons la description du temple de l'avenir, la division du pays entre les tribus, etc.). Il y aura aussi là une manifestation visible de la gloire de l'Eternel et de sa présence. La gloire de l'Eternel qui avait quitté le premier temple souillé par les péchés des Israélites (Ezéchiel 1 à 11, et particulièrement 10: 19; 11: 23), revient dans le dernier, celui décrit par Ezéchiel (Ezéchiel 43: 1-5). Elle n'était pas venue dans le temple bâti par Zorobabel. Christ vient donc d'abord sur la terre pour établir son royaume par le jugement et la destruction de ses ennemis, et pour revendiquer ses droits à tout l'héritage. Puis les méchants étant consumés, il juge les vivants, et à la fin du millénium, tous ceux qui s'opposent à lui étant sous ses pieds, le dernier ennemi, la mort, étant vaincu, le Fils remet au Père le royaume. Pendant sa durée millénaire, l'Eternel est Roi sur toute la terre, Israël étant à la tête des nations.

La fin du livre (chapitre 22: 6-21) présente trois fois la venue du Seigneur comme prochaine: «Je viens bientôt», est-il dit, premièrement s'adressant à ceux qui sont sous la responsabilité de garder les paroles du livre; secondement à ceux qui ont la responsabilité de marcher fidèlement, car le Seigneur rendra à chacun selon son oeuvre; et enfin à l'Eglise, l'Epouse, pour combler ses désirs.