Quelques remarques sur la présence de l'Esprit Saint dans le chrétien

Cet article est un appendice au traité que nous venons de publier: «Les opérations de l'Esprit de Dieu» débutant en page 161 et se terminant à la page 425.

Darby J.N.

ME 1899 page 441

 

Je désire présenter quelques remarques d'une tendance pratique et d'un haut intérêt, sur les effets de la présence de l'Esprit Saint dans le chrétien.

L'Esprit de Dieu, comme demeurant en nous, peut être envisagé sous deux aspects. En premier lieu, il nous unit au Seigneur Jésus, de sorte que sa présence se lie intimement avec la vie, cette vie qui est en Jésus (Jean 14: 19, 20; Galates 2: 20). «Celui qui est uni au Seigneur, est un seul esprit avec lui». En outre, sa présence est celle de Dieu dans l'âme.

L'Ecriture, parlant de l'Esprit Saint sous le premier de ces caractères — parfois uni au second — dit que «la loi de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus», nous a «affranchis de la loi du péché et de la mort», de sorte que «l'Esprit est vie à cause de la justice» (Romains 8: 2, 10). Mais il est dit aussi: «Si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous» (verset 9); et ainsi sa demeure et son action sont confondues, puisque (en tant qu'elles se manifestent par la formation du caractère de Christ dans l'âme) «l'Esprit de Dieu» devient «l'Esprit de Christ».

Le «Christ en vous», du verset 10, exprime l'idée plus clairement, surtout parce que l'apôtre ajoute: «Si Christ est en vous,… l'Esprit est vie». Mais au verset 16, l'Esprit Saint est soigneusement distingué du chrétien, car il est dit: «L'Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit». Dans les versets 26 et 27, les deux caractères de la présence de l'Esprit sont présentés d'une manière remarquable dans leurs connexions mutuelles (*), car «la pensée de l'Esprit» connue de Dieu qui sonde les coeurs, est la vie de l'Esprit dans le saint. Mais, d'un autre côté, «l'Esprit nous est en aide dans notre infirmité», et «lui-même intercède pour les saints, selon Dieu». La raison de tout cela est simple. D'une part, l'Esprit est là, et agit avec puissance selon la pensée de Christ; d'autre part, et en conséquence de cette opération, les affections, les pensées et les oeuvres sont produites, et sont celles de l'Esprit, mais cependant elles sont aussi les nôtres, puisque nous y participons avec Christ, «notre vie» (Colossiens 3: 2, 3); car «Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils. Celui qui a le Fils a la vie» (1 Jean 5: 11, 12).

(*) Le sujet est largement développé dans la deuxième partie du traité: «Les opérations de l'Esprit de Dieu».

Mais l'effet du second caractère de la présence de l'Esprit Saint est encore plus important. L'Esprit est l'Esprit de Dieu; il est Dieu, et, par conséquent, il est la révélation de la présence et de la puissance de Dieu dans l'âme; révélation connue par et dans une nouvelle nature qui est de lui. Par conséquent, ce qui est dans la nature et le caractère de Dieu se développe là où Dieu habite, c'est-à-dire dans l'âme du saint. Non seulement cela est produit dans le nouvel homme, la création de Dieu, mais l'âme en est remplie, parce que Dieu est là, et qu'il y a communion avec lui.

Par exemple, la nouvelle nature aime, et cet amour est la preuve que l'on est «né de Dieu», et que l'on connaît Dieu. Mais ce n'est pas tout: il y a en outre, la demeure de l'Esprit Saint en nous, c'est-à-dire la présence de Dieu qui nous a communiqué cette nouvelle nature. C'est pourquoi nous lisons: «L'amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné» (Romains 5: 5). Nous sommes aimés: nous le savons, et nous en avons la preuve dans le don qui nous a été fait de notre précieux Sauveur, et dans sa mort pour nous (versets 6-8). Mais il y a quelque chose de plus: l'amour parfait et infini versé dans nos coeurs (pauvres vases que nous sommes), et l'Esprit Saint, qui est Dieu, est là, et il peut y être, parce que nous sommes purifiés par le sang de Christ; il est là pour remplir ces vases de ce qui est divin, de l'amour de Dieu. Et il est aussi ajouté que nous nous glorifions en Dieu.

C'est pourquoi, envisageant la présence de l'Esprit comme une démonstration de puissance dans l'âme, l'apôtre Jean affirme que «par ceci nous savons qu'il demeure en nous, savoir par l'Esprit qu'il nous a donné» (1 Jean 3: 24). Mais comme cela aurait pu être appliqué seulement à l'énergie variée de l'Esprit dans l'âme, il est affirmé plus loin que «l'amour est consommé en nous», savoir l'amour de Dieu envers nous. Ici, il n'est plus question de nous, de nos affections, de nos pensées; mais l'âme est remplie de la plénitude de Dieu qui ne laisse de place pour rien d'autre. Il n'y a dans le coeur aucun désaccord qui gâte le caractère essentiel de l'amour divin. Dieu, complet en lui-même, exclut tout ce qui lui est contraire, autrement il ne serait plus lui-même.

Pour éviter le mysticisme, qui est la corruption, par l'ennemi, de ces vérités, l'Esprit Saint ajoute par le même écrivain: «En ceci est l'amour, non en ce que nous, nous ayons aimé Dieu, mais en ce que lui nous aima» (1 Jean 4: 10), et la preuve en est basée sur ce qui est au-dessus de toute pensée et de toute connaissance humaines, savoir sur les actes de Dieu lui-même en Christ.

D'un autre côté, la présence de l'Esprit n'est pas la preuve que Dieu demeure en nous, puisque les deux choses sont identiques, mais il est écrit: «Par ceci nous savons que nous demeurons en lui et lui en nous, c'est qu'il nous a donné de son Esprit». Cette présence de Dieu en amour, non seulement remplit nos âmes si bornées, mais nous place en Lui qui est infini en amour. Unis à Christ par l'Esprit Saint, ayant la même vie avec lui, et l'Esprit agissant en nous, «nous demeurons en Dieu, et Dieu en nous». C'est pourquoi il est dit que «Dieu nous a donné de son Esprit», c'est-à-dire que Dieu, en vertu de sa présence et de sa puissance, nous rend moralement participants de sa nature et de son caractère par l'Esprit Saint en nous, tout en nous faisant jouir de sa communion, et en même temps nous introduisant dans sa plénitude.

Je voudrais signaler ici les caractères distinctifs des épîtres de Paul, de Pierre et de Jean. Paul a été suscité d'une manière extraordinaire dans le but spécial de communiquer à l'Eglise l'ordre, la méthode et la souveraineté des opérations divines, et de révéler la place de l'Eglise au milieu de tout cela, en tant qu'elle est unie à Christ, et qu'elle est le merveilleux objet des conseils de Dieu en grâce. C'est ce que nous dit l'apôtre: «Afin qu'il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus» (Ephésiens 2: 7), ou par ses voies à l'égard de l'Eglise. La sagesse de Dieu, la justice de ses voies, et les conseils de sa grâce sur ce sujet, sont largement et (comme toute révélation) parfaitement exposés dans les écrits de Paul.

Jean s'occupe d'un autre point. Il traite de la communication de la nature divine, de ce qu'est cette nature, et, par conséquent, de ce qu'est Dieu, soit dans ses manifestations vivantes en Christ, soit dans la vie qu'il communique à d'autres. Sans cette communauté de nature, la communion est impossible, car les ténèbres ne peuvent avoir communion avec la lumière. Mais, ainsi que nous l'avons déjà vu, l'apôtre va plus loin. Nous demeurons en Dieu, et Dieu en nous, par l'Esprit Saint; et ainsi, pour autant que nous en avons la capacité, nous jouissons de ce que Dieu est en lui-même, et nous devenons la manifestation de ce qu'il est, la limite à cette manifestation étant uniquement dans le vase dans lequel Dieu a établi sa demeure. Combien sont grandes les richesses diverses de la bonté de Dieu! Cette communion avec lui, qui nous élève, aussi haut que possible, vers la plénitude de Celui qui se révèle en nous, est assurément quelque chose d'infiniment doux et précieux; mais sa tendresse envers nous, pauvres pèlerins sur la terre, et son amour fidèle, si nécessaire à notre faiblesse pour nous faire arriver au but, ne le sont pas moins.

Le témoignage de Pierre, dans sa première épître, a pour objet ce que Dieu est pour le pèlerin, et ce que celui-ci doit être pour Dieu. La résurrection du Messie a placé le pèlerin sur sa route, et à ce sujet sont présentés la fidélité de Dieu, l'encouragement que sa puissance donne à notre espérance par cette résurrection de Christ, le Fils du Dieu vivant, quoique rejeté des hommes. En dernier lieu, l'apôtre parle de la marche, du culte et du service qui en découle.

Jean nous présente ce qu'il y a de plus élevé dans la communion, ou plutôt dans la nature de la communion. En conséquence, il ne touche pas le sujet de l'Eglise comme objet des conseils divins; il parle de la nature divine.

Paul traite de ce qui est parfait, non par rapport à la communion, mais aux conseils de Dieu. Dans ses écrits, Dieu est glorifié plus spécialement comme objet de la foi, bien qu'il parle aussi de la communion (Romains 5: 5). Lorsque, dans le même chapitre (verset 11), il présente Dieu comme Celui en qui le chrétien se glorifie, il place Dieu devant nous et non point en nous; il le montre comme l'objet que la foi saisit et non comme demeurant dans le coeur.

Cette bénédiction divine et infinie, cet amour consommé en nous, communiqué par la présence de l'Esprit Saint, et réalisé par le fait que nous demeurons en Dieu et lui en nous, a conduit quelques personnes à penser que lorsque ce point est atteint, la chair ne peut plus exister en nous. Mais c'est là confondre le vase avec le trésor qu'il renferme et dont il a la jouissance. Nous sommes dans un corps qui attend encore sa rédemption; seulement Dieu peut y demeurer à cause de l'aspersion du sang par la foi. Cette aspersion ne corrige pas la chair, mais rend seulement témoignage, et à la perfection de la rédemption qu'on espère, et à l'amour auquel nous la devons.

Lorsque nous jouissons réellement de Dieu, nous pouvons, pour un moment, perdre de vue l'existence de la chair, parce qu'alors l'âme, qui est finie, est remplie de ce qui est infini. Mais, même dans ces instants de félicité, on ne peut douter que la chair ne soit un obstacle à une action de l'amour plus large et saisie avec plus d'intelligence. Paul, ravi au troisième ciel — privilège dont la chair aurait voulu tirer avantage pour l'élever, et qui nécessita une écharde - Paul nous est une preuve que la grâce ne change pas la chair.

Hélas! même cette joie dont nous parlons, sans une vigilante dépendance de Christ, donne à la chair de dangereuses occasions d'agir, parce qu'il y a en nous tant de petitesse, qu'oubliant Celui qui donne la joie, nous nous appuyons sur le sentiment de joie, au lieu de demeurer en Christ, la source et la fontaine de la joie. Néanmoins, il est certain que l'amour de Dieu, consommé en nous, est une réalité, et que le chrétien est appelé à connaître Dieu, et à jouir de lui comme demeurant en lui.

Je n'ai plus qu'une remarque à faire.

Lorsque nous sommes remplis de l'amour de Dieu, nous en jouissons avec une puissance qui nous empêche de voir quoi que ce soit, et spécialement les objets de la bonté de Dieu, autrement qu'avec les yeux de l'amour divin. Mais quand il y a une réelle connaissance de l'existence et de la nature de cet amour de Dieu, la marche sera aussi caractérisée par la foi en cet amour, même si le coeur n'en réalise pas toute la puissance, et ainsi nous demeurerons en Dieu et lui en nous. Mais puisque cette plénitude de joie ne peut se réaliser que par l'action de l'Esprit, on comprend aisément que si l'Esprit Saint est attristé, alors, au lieu de remplir le coeur de l'amour de Dieu, il devient un Esprit de répréhension, jugeant l'ingratitude dont est payé un amour tel que celui de Dieu. Toutefois, il lui est impossible d'en faire douter un instant. Il est évident que l'amour consommé en nous est l'oeuvre de Dieu, et c'est ce qui forme la joie et le tout de cet état béni. Ce que l'Esprit Saint verse dans nos coeurs est l'amour de Dieu, et cet amour, puissant dans nos coeurs, doit nécessairement se manifester en dehors de nous.

Ce que j'ai dit n'appartient pas, à proprement parler, aux opérations du Saint Esprit, mais le sujet est de la plus haute importance. Et cette importance, celle des fruits et des grands résultats de la présence de l'Esprit Saint (car par là l'amour de Dieu et de Christ est glorifié, autant qu'il est possible ici-bas), cette importance, dis-je, semblait rendre désirables quelques remarques sur ce sujet.

Que Dieu veuille les bénir pour le lecteur! Qu'il lui plaise de réaliser en nous les choses dont j'ai parlé, et de les bénir, de sorte que la vérité aie toute sa valeur dans les âmes, et que nous connaissions, avec toute l'Eglise bien-aimée de Christ, ce que c'est que d'avoir l'Esprit Saint demeurant en nous selon la puissance de l'amour de Dieu!