Les offrandes de Dieu

 ME 1899 page 449

 

«Offrons donc, par Lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom. MAIS n'oubliez pas la bienfaisance, et de faire part de vos biens, car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices» (Hébreux 13: 15, 16).

 

Les bien-aimés frères et soeurs sont enseignés de Dieu sur ce précieux privilège du sacrifice de louanges, qui lui est agréable par Jésus Christ, et auquel nous invite cet important passage. Nous désirons porter leur attention d'une manière spéciale sur la seconde partie qui est liée à la précédente par la fin du passage: «Dieu prend plaisir à de tels sacrifices».

Le MAIS est caractéristique. Il signifie que nous sommes enclins à rester en chemin dans nos sacrifices et nous arrêter au premier. Grâces à Dieu, de ce que néanmoins il a mis dans nos coeurs le désir et le besoin de lui être agréables, et que la mémoire de ce qu'il attend de nous sera puissante pour nous faire porter aussi ce fruit effectif et sensible de notre amour pour lui.

A cet effet, nous nous reporterons à un enseignement de l'Ancien Testament (2 Rois 12: 6 et suivants).

«Il arriva, la vingt-troisième année du roi Joas, que les sacrificateurs n'avaient point réparé les brèches de la maison. Et le roi Joas appela Jéhoïada, le sacrificateur, et les autres sacrificateurs, et il leur dit: Pourquoi n'avez-vous pas réparé les brèches de la maison?» et plus loin (verset 9): «Et Jéhoïada, le sacrificateur, prit un coffre (*), et fit un trou dans son couvercle, et le mit à côté de l'autel, à droite, quand on entre dans la maison de l'Eternel; et les sacrificateurs qui gardaient le seuil, mettaient là tout l'argent qui était apporté à la maison de l'Eternel. Et il arrivait que lorsqu'ils voyaient qu'il y avait beaucoup d'argent dans le coffre, le secrétaire du roi montait, et le grand sacrificateur, et ils serraient et comptaient l'argent qui était trouvé dans la maison de l'Eternel; et ils remettaient l'argent pesé entre les mains de ceux qui faisaient l'ouvrage, qui étaient établis sur la maison de l'Eternel, et ceux-ci le livraient aux charpentiers et aux constructeurs qui travaillaient à la maison de l'Eternel».

(*) Ce coffre nous est rappelé par Luc 21: 1 et suivants en ces termes: «Comme il regardait, il vit des riches qui jetaient leurs dons au trésor. Et il vit aussi une pauvre veuve qui y jetait deux pites. Et il dit: En vérité, je vous dis que cette pauvre veuve a jeté plus que tous les autres; car tous ceux-ci ont jeté aux offrandes de Dieu de leur superflu, mais celle-ci y a jeté de sa pénurie, tout ce qu'elle avait pour vivre».

Il convient de s'arrêter un instant sur les Paroles du Seigneur Jésus en cette occasion. Son approbation divine des deux pites de la pauvre veuve est fréquemment retournée par notre sens charnel, de telle manière que nous pensons être bien agréables aussi au Seigneur en mettant aux offrandes de Dieu quelques centimes! Bien-aimés frères et soeurs, où en sommes-nous? Ne voyons-nous pas plutôt combien elle est rare, cette offrande de la veuve, si estimée de Dieu, parce que c'était tout ce qu'elle avait pour vivre. Lesquels de nous ont une fois ainsi donné tout ce qu'ils avaient pour vivre? Ah! si le pieux besoin de cette pauvre veuve de participer aussi, malgré son dénuement, aux offrandes de Dieu, était partagé par les chers frères et soeurs, quelle abondance dans ces offrandes, et aussi quels revenus de justice pour eux! (2 Corinthiens 9: 10).

Enfin plus loin (verset 14): «On le donnait à ceux qui faisaient l'ouvrage, et ils l'employaient à réparer la maison de l'Eternel. Et on ne comptait pas avec les hommes entre les mains desquels on remettait l'argent, pour le donner à ceux qui faisaient l'ouvrage; car ils agissaient fidèlement».

Les paroles du Seigneur Jésus Christ, rapportées ci-dessus (Luc 21), nous ont mis sur la voie de l'instruction délicate que nous avons à retirer de ce récit.

Nous aussi, bien-aimés frères et soeurs, nous avons affaire avec la maison de Dieu et avec les offrandes de Dieu. Les abus qui ont été faits et qui se pratiquent encore dans ce domaine et dont, par la grâce du Seigneur, nous sommes sortis, nous ont rendus prudents et réservés à l'égard de tout moyen humain et de tout expédient ingénieux, qui aurait pour but de produire parmi les enfants de Dieu ce fruit de libéralité recommandé par l'Ecriture. Mais prenons garde que cette réaction ne nous fasse tomber dans la négligence et l'indifférence à l'égard des besoins de la maison de Dieu. Le Seigneur regarde «au coeur». Il voit si notre coeur est dévoué pour lui, et sa Parole, dirigée par le Saint Esprit, a pour effet de disposer nos coeurs «aux choses qui lui sont agréables». Or c'est lui qui nous a fait écrire ces paroles: «Que celui qui est enseigné dans la Parole fasse participer celui qui enseigne à tous les biens temporels» (Galates 6: 6).

Nous nous étendrions trop si nous devions rappeler les diverses faces de ce sujet important de notre service envers Dieu. Nous désirons le restreindre à un seul point de vue que nous croyons le plus aisé à laisser échapper. Et, comme nous l'avons dit, la réaction contre les abus est capable d'affaiblir en nous notre responsabilité à l'égard des besoins de la maison de Dieu, et de nous faire perdre ainsi, notre privilège d'y participer.

Le court verset 12 de Marc 11 nous donne une leçon à la fois touchante et douloureuse: «Et le lendemain, comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim». Lui, le Seigneur! Celui qui a nourri les foules et qui a subvenu aussi aux besoins de ses disciples jusqu'à la fin (Luc 22: 35), une fois, au moins, il ne s'est trouvé personne pour s'occuper de lui procurer sa nourriture journalière! Ceci nous enseigne que le parfait Serviteur a voulu précéder les siens dans le chemin étroit, où ils seront appelés à passer après lui. Et selon ses propres paroles: «Le disciple n'est pas au-dessus de son maître, ni l'esclave au-dessus de son seigneur» (Matthieu 10: 24), ainsi souvent les pieux serviteurs de Christ ne se trouvent-ils pas exercés jusque-là? Mais nous, chers frères et soeurs, que dirons-nous si, jouissant de l'enseignement du Seigneur par ses serviteurs, nous oublions de leur offrir les choses les plus élémentaires de la vie et les laissons avoir faim? L'apôtre loue Gaïus de ce qu'il avait agi fidèlement dans tout ce qu'il avait fait envers les frères, et cela envers ceux-là même qui sont étrangers, qui avaient rendu témoignage à son amour devant l'assemblée et, dit-il, «tu feras bien de leur faire la conduite d'une manière digne de Dieu, car ils sont sortis pour le Nom, ne recevant rien de ceux des nations» (3 Jean 6, 7). Mais Néhémie blâme ceux qu'il avait laissés à Jérusalem pendant quelque temps, de ce que les «portions des lévites ne leur avaient pas été données» (Néhémie 13: 10), de sorte que, est-il ajouté, «les lévites et les chantres qui faisaient le service, avaient fui chacun à son champ. Et je querellai les chefs, et je dis: Pourquoi la maison de Dieu est-elle abandonnée?»

C'est bien pour nous que ces choses sont consignées dans l'Ecriture, de même que celles-ci écrites dans la loi de Moïse: «Tu n'emmuselleras pas le boeuf qui foule le grain. Dieu s'occupe-t-il des boeufs? ou parle-t-il entièrement pour nous? Car c'est pour nous que cela est écrit; que celui qui laboure doit labourer avec espérance, et que celui qui foule le grain doit le fouler dans l'espérance d'y avoir part (1 Corinthiens 9: 9, 10).

Bien-aimés frères et soeurs, ne regardons pas à nos voisins pour nous décharger sur eux de ces soins. C'est au Seigneur que nous avons affaire, chacun en particulier, les riches, les pauvres, et ceux de condition moyenne, c'est à lui que nous remettons nos offrandes, c'est Sa maison; et si Sa maison est négligée, il le voit, et c'est à chacun de nous qu'il adresse ses exhortations et «ses commandements qui ne sont pas pénibles». «Toutes choses sont nues et entièrement à découvert aux yeux de Celui avec lequel nous avons affaire», et si nos offrandes sont chétives ou nulles, lui en voit les prétextes. Lui voit le peu de sacrifices que nous y apportons. Méditons Aggée 1: 9. Nous pouvons nous excuser les uns auprès des autres sur nos charges, sur nos faibles ressources, etc., mais lui, le Seigneur, voit quel est notre dévouement. Et il est prêt à toucher du doigt la multitude de dépenses superflues, inutiles ou même nuisibles, que nous faisons pour nos propres personnes, tandis que sa maison et ses serviteurs sont oubliés.

Nous le rappelons en terminant: lorsque nous négligeons ces délicats enseignements que la Parole adresse à nos coeurs, c'est une perte que nous faisons. Il nous suffit de le rappeler aux bien-aimés du Seigneur, sachant, comme dit l'apôtre Paul à Philémon, «qu'ils feront même plus que nous ne disons».

Le «coffre» de Joas était placé près de «l'autel», et de même, dans l'exhortation de Paul aux Hébreux, il rattache ensemble «le sacrifice de louanges» et «le sacrifice de nos biens», comme les deux côtés de ce service auquel Dieu prend plaisir. Qu'il nous donne de nous rappeler «sans cesse» cette exhortation précieuse!

Ne demandons pas: Y a-t-il des besoins? Quelque serviteur de Dieu est-il privé du nécessaire?» etc. Chers amis, les besoins sont journaliers, et l'enseignement dure depuis dix-huit siècles pour exercer et éprouver notre fidélité. Et si nous y sommes inattentifs, nous perdrons certainement la bénédiction que Dieu y a attachée. Certainement aussi, Dieu nous laissera au dépourvu de serviteurs et de service (Aggée 1: 11).