Le Sauveur et le pécheur

Darby J.N. – ME 1899 page 468

 

Toute la parole de Dieu, du commencement à la fin, proclame que, pour le pécheur, il n'y a rien que le sang de Christ. L'expiation dont il jouit, la réconciliation dont il se réclame, la réponse qu'il peut donner aux exigences du trône où le jugement est assis pour maintenir les droits de Dieu, tout dépend du sang de Christ.

C'est le sang de l'Agneau que Dieu présente à la foi du pécheur, et c'est ce que le pécheur saisit et en quoi il se confie.

Dès que le péché entra dans le monde, le sacrifice, préparé dans les conseils éternels, fut révélé. La première promesse annonça la mort de Christ; le talon de la semence de la femme devait être brisé. Ce fut la première chose communiquée à l'homme comme pécheur — la seule chose à laquelle le pécheur se confia; — Adam sortit du lieu où il s'était caché, et se confia en la vertu rédemptrice du sacrifice de l'Agneau de Dieu.

Dès que le temps de la manifestation publique de la rédemption fut arrivé, de nouveau fut révélé le sang de Christ, et cela seulement. Israël dans le pays du jugement et de la mort devait en être délivré. Il avait trouvé grâce aux yeux du Dieu de ses pères, et devait devenir un peuple abrité contre le jugement là où celui-ci s'exerçait, et racheté là aussi de la mort. C'est ce précieux sang, et lui seul, qui pouvait servir à cet effet dans cette occasion solennelle. Le sang était placé en dehors sur le linteau et les poteaux des portes des maisons hébreuses dans le pays d'Egypte, et la famille au dedans se nourrissait de la victime dont le sang l'avait rachetée. Ils mangeaient l'agneau de la manière qui convenait — rôti au feu dans toutes ses parties, et non point à demi-cuit ou cuit dans l'eau — et chacun y prenait part. Ce devait être leur nourriture. En type dans l'Ancien Testament, c'était comme si Christ leur eût dit: «Prenez, mangez, ceci est mon corps».

Et c'est là ce que nous avons dans le Nouveau Testament, ainsi que nous le présente Matthieu 26; Marc 14 et Luc 22. Le Seigneur est là comme dans la nuit de la Pâque, en Exode 12. Il était alors un Christ vivant, mais il se présente comme un Christ crucifié, un Agneau immolé, un sacrifice offert sur l'autel, une victime. Il prend le pain dans sa main, et dit: «Prenez, mangez, ceci est mon corps». Il prend la coupe dans sa main, et dit: «Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang». C'est le Christ crucifié que le Christ vivant présente ainsi aux pécheurs, pour qu'ils le reçoivent comme le fondement de toutes nos bénédictions et le droit d'y avoir part. Il donnait à la famille élue l'Agneau pascal, dont le sang était leur refuge et leur délivrance. Ils avaient à le prendre et à s'en nourrir, comme autrefois les Israélites, la nuit où ils quittèrent l'Egypte.

Nous ne trouvons pas la Cène du Seigneur dans l'évangile de Jean. Nous n'y avons pas: «Prenez, mangez; ceci est mon corps», mais le Seigneur dit aux Juifs quelques paroles dans lesquelles il leur annonce le grand mystère de la Cène. Au sixième chapitre, il dit à la foule qu'il était le pain descendu du ciel, la vraie manne, de laquelle, si quelqu'un en mange, il vivra éternellement. Mais dans la suite de son discours, il déclare que ce pain du ciel est sa chair, qu'il donnera pour la vie du monde. Il ajoute que sa chair est vraiment un aliment et que son sang est en vérité un breuvage. C'est-à-dire que c'est en le recevant comme l'Agneau de Dieu, en allant à lui comme mort et sur l'autel, que le pécheur reçoit la rédemption et la vie. Ce n'est pas en le connaissant comme un Christ vivant, mais comme un Christ crucifié que nous obtenons le salut de Dieu.

Il en est ainsi: tout est simple et certain. Dès le commencement, le sang de Christ, le sacrifice de l'Agneau de Dieu, a été présenté aux pécheurs comme l'unique objet sur lequel doivent se fixer les yeux de leur foi, et auquel ils ont à donner leur pleine et entière confiance. L'Agneau vivant ne trouve point sa place dans le grand mystère de la rédemption, sauf en ce que sa vie rend témoignage qu'il était la victime propre pour l'autel; c'est l'Agneau immolé, Jésus le crucifié, qui est tout dans la grande oeuvre de la rédemption des pécheurs. Le sang de l'Homme-Dieu, et lui seul, est la rançon.

Non seulement les écritures de la Genèse, de l'Exode et des évangiles, l'institution de la Cène et le sixième chapitre de Jean, nous enseignent cette grande et précieuse vérité; les épîtres aussi la proclament. Le dixième chapitre des Hébreux la dit d'une manière frappante. Là nous entendons le Christ de Dieu prononcer ces paroles: «Voici, je viens». Et dans quel but vient-il? Est-ce pour vivre? Non; c'est pour mourir. Pourquoi un corps lui a-t-il été préparé? Etait-ce seulement pour agir dans ce corps, et y passer trente-trois années dans le service actif d'un témoin et d'un serviteur du Dieu et Père? Mais c'était pour offrir ce corps sur la croix (Hébreux 10: 5-10). Il a vécu assurément et vécu sous la loi, lui, le vrai Israélite. Il a vécu, et dans un saint ministère de grâce, il a rendu témoignage à son Dieu et Père. Mais le passage cité passe par-dessus sa vie, et porte immédiatement jusqu'à la croix Celui qui est venu dans le monde. C'est exactement la même chose qu'à l'institution de la Cène, où lui-même, comme nous l'avons vu, ne s'envisage pas comme vivant, mais se présente comme le crucifié. Et alors, dans le même passage des Hébreux, nous apprenons que c'est par l'offrande du corps, par le sang du Fils dans le corps qui lui avait été préparé, que les pécheurs sont sanctifiés et rendus parfaits. C'est ce que nous lisons encore dans le chapitre 13 de la même épître: «Jésus, afin qu'il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte». La sanctification d'un pécheur dépend entièrement du sang de Christ (*).

(*) J'admets tout à fait la sanctification dans un autre sens, celle d'un saint — la purification graduelle d'un élu dans la vérité par l'Esprit (Jean 17: 17). Mais je parle ici de la sanctification d'un pécheur.

Je n'en dis point davantage, mais toute l'Ecriture et les épîtres fourniraient bien plus sur ce sujet. Les ordonnances préfiguratives de la loi, et l'enseignement doctrinal direct des apôtres, tout se réunit pour nous dire que la mort ou le sang de Christ est tout pour un pécheur.

Si Dieu nous communique ainsi sa pensée, la foi la saisit et la reçoit. Le chapitre 53 d'Esaïe en est le témoin. Là, la foi de l'Israël de Dieu réveillé peut, en passant, jeter un regard sur la personne, la vie et le ministère du Christ, mais ce n'est qu'en passant; elle va plus loin, jusqu'à la croix, et trouve là tout ce qu'il faut pour rendre parfaite la conscience du pécheur, et en même temps la source et le fondement de toutes les gloires de Christ lui-même. On découvre qu'à la croix le châtiment de notre paix a été sur lui, que là il a été blessé pour nos transgressions et meurtri pour nos iniquités, et qu'ayant mis son âme en sacrifice pour le péché, il verra devant lui sa famille et le plein accomplissement du bon plaisir de Dieu qui le justifiera et manifestera toutes les gloires qui lui appartiennent éternellement. «Il verra une semence; il prolongera ses jours, et le plaisir de l'Eternel prospérera en sa main».

De même aussi, la joie de la vie et de la foi de Paul, l'apôtre des nations, a sa source dans la mort du Seigneur pour lui (Galates 2: 20, 21). Ainsi il la présente aux pécheurs, comme l'unique objet de la foi qui justifie (Romains 4: 23-25). Ainsi encore, il nous enseigne que Christ crucifié est uniquement offert à la vue du pécheur, afin qu'il soit béni avec le croyant Abraham (Galates 3: 1-14). «Qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois», dit un autre apôtre (1 Pierre 2: 24). «Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché», proclame Jean. (1 Jean 1: 7). Mais cela suffit pour nous montrer que toutes les Ecritures, Moïse, les prophètes, les évangiles, les épîtres, s'accordent pour mettre ensemble «l'Agneau de Dieu» et «le pécheur», pour la rédemption et la justification de ce dernier; l'Agneau donné selon les richesses de la grâce de Dieu et accepté par la foi du pécheur, par l'oeuvre intérieure, l'attraction et l'enseignement de Dieu le Saint Esprit.

Et dans l'avenir, ce qui est ainsi donné en grâce, reçu par la foi, et à quoi les Ecritures rendent témoignage, sera célébré éternellement dans les domaines de la gloire. C'est ce que nous trouvons dans la dernière partie des Ecritures — l'Apocalypse. Là, les saints encore sur la terre, nous font connaître que l'objet de leurs louanges et leur source de joie se trouvent dans l'Agneau qui a été immolé. Nous les entendons, tandis que Jean s'adresse à eux, éclater en un fervent chant d'adoration et proclamer: «A Celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père; — à lui la gloire et la force aux siècles des siècles!» (Apocalypse 1: 5, 6). Et après qu'ils ont échangé la terre pour le ciel et ont atteint leur demeure de gloire, nous les entendons, dans le même transport de joie, dire dans un cantique nouveau: «Tu es digne de prendre le livre et d'en ouvrir les sceaux; car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu; et ils régneront sur la terre» (Apocalypse 5: 9, 10). Et les domaines de la gloire, aussi bien que la demeure de gloire, les nations devant le trône millénaire, aussi bien que les saints glorifiés dans les cieux, font écho à ce cantique; car c'est la pensée unique, exaltée et dominante qui occupera l'éternité et remplira la création, et c'est pourquoi dans le même accord s'élève cette voix: «Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation, et ils ont lavé leurs robes, et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau» (Apocalypse 7: 14). Ils ne peuvent pas ajouter une parole touchant le fait qu'ils régneront, ainsi que le font ceux qui sont glorifiés, ils savent seulement qu'ils seront devant le trône, qu'ils serviront Dieu jour et nuit dans son temple, que toute larme sera essuyée de leurs yeux, et qu'ils seront conduits par l'Agneau aux fontaines des eaux de la vie (versets 15-17); mais «le sang de l'Agneau» est l'objet commun des louanges, la commune source de joie, l'unique titre à toute bénédiction, soit des saints glorifiés ou des nations rachetées qui occuperont la terre aux jours millénaires du rétablissement et du rafraîchissement. Les pécheurs sauvés qui maintenant travaillent et luttent dans des corps qui n'ont pas encore reçu l'adoption, la rédemption, qui, sur la terre, sont dans des conditions de pèlerinage et de combat, et ceux qui bientôt seront ou dans leur demeure de gloire au ciel, ou dans les domaines de la gloire sur la terre, ne connaissent rien que le Sauveur dans son sang qui a été versé pour eux, dans la vie qu'il a donnée pour eux, comme l'Agneau de Dieu, sur la croix, au Calvaire. A Lui soit toute gloire!