Lettres de Darby J.N.

 

Lettres de Darby J.N. 1

Lettre de J.N.D. no 237 – ME 1900 page 16. 2

Lettre de J.N.D. no 238 – ME 1900 page 18. 2

Lettre de J.N.D. no 239 – ME 1900 page 19. 3

Lettre de J.N.D. no 240 – ME 1900 page 39. 4

Lettre de J.N.D. no 241 – ME 1900 page 78. 5

Lettre de J.N.D. no 242 – ME 1900 page 80. 6

Lettre de J.N.D. no 243 – ME 1900 page 96. 6

Lettre de J.N.D. no 244 – ME 1900 page 138. 8

Lettre de J.N.D. no 245 – ME 1900 page 178. 9

Lettre de J.N.D. no 246 – ME 1900 page 197. 10

Lettre de J.N.D. no 247 – ME 1900 page 198. 11

Lettre de J.N.D. no 248 – ME 1900 page 219. 12

Lettre de J.N.D. no 249 – ME 1900 page 237. 13

Lettre de J.N.D. no 250 – ME 1900 page 238. 13

Lettre de J.N.D. no 251 – ME 1900 page 239. 14

Lettre de J.N.D. no 252 – ME 1900 page 258. 15

Lettre de J.N.D. no 253 – ME 1900 page 260. 16

Lettre de J.N.D. no 254 – ME 1900 page 297. 16

Lettre de J.N.D. no 255 – ME 1900 page 316. 18

Lettre de J.N.D. no 256 – ME 1900 page 319. 20

Lettre de J.N.D. no 257 – ME 1900 page 358. 20

Lettre de J.N.D. no 258 – ME 1900 page 398. 22

Lettre de J.N.D. no 259 – ME 1900 page 411. 23

Lettre de J.N.D. no 260 – ME 1900 page 415. 25

Lettre de J.N.D. no 261 – ME 1900 page 436. 27

Lettre de J.N.D. no 262 – ME 1900 page 438. 28

Lettre de J.N.D. no 263 – ME 1900 page 458. 29

Lettre de J.N.D. no 264 – ME 1900 page 472. 30

 

Lettre de J.N.D. no 237 – ME 1900 page 16

à Mr P.S.

3 Lonsdale square, Liverpool road, Londres N., mai? 1858

Bien cher frère,

… Nous avons eu une excellente conférence à Nîmes; je n'ai fait que cette course, car les épreuves du Nouveau Testament me retiennent à Londres. — Je crois que les frères ont joui de cette conférence plus que de toutes celles qui l'ont précédée; un bon esprit y régnait. Nous sommes bénis, grâces à Dieu, en Angleterre, et les frères sont bien encouragés. On sent que le témoignage est beaucoup plus net et la vérité plus clairement mise en avant depuis qu'on est séparé de tout le système Plymouth et Béthesda, qui entravait beaucoup le témoignage. Nous avons eu une bonne petite conférence en province où les frères ont beaucoup joui, et ce que je viens de dire y a été très sensible. Je suis en controverse avec l'église libre d'Ecosse sur le sujet qui vous a occupé, mais les recherches scripturaires que j'ai faites à cette occasion ont développé dans mon esprit l'intelligence des Psaumes, et des souffrances de Christ, d'une manière sensible et dont j'ai beaucoup joui.

Ce serait une joie pour moi de vous revoir tous; peut-être Dieu m'accordera-t-il encore ce privilège.

J'ai un appartement plus au centre de l'oeuvre à Londres. J'ai trouvé déjà en place à mon retour de Nîmes, environ la moitié des meubles que l'affection des frères m'a envoyés.

Je salue affectueusement toute votre famille, ainsi que les frères.

Je ne sais ce que fait R. de paronsia, le mot est très simple — c'est la présence et cela après l'absence, le mot est par conséquent employé avec le sens d'arrivée. — «J'ai été consolé par la parousia de Tite» (qui avait été à Corinthe), dit Paul — rien de plus simple. Ainsi Christ, jusque-là absent dans le ciel, est à la fin présent dans la création. C'est sa parousia, sans dire que ce soit pour l'Eglise ou pour le monde. Ainsi aussi epiyaneia tjv parousiav.

A la hâte.

Votre affectionné…

Lettre de J.N.D. no 238 – ME 1900 page 18

à Mr P.S.

Londres, septembre 1858

Bien-aimé frère,

Vous trouverez mes notes (pour le N.T.) sur la feuille ci-jointe, je vous l'envoie comme la précédente. Je suis arrivé ici tout juste pour trouver votre envoi. Je pense repartir demain pour York. Je viens d'Exeter et de l'ouest. J'ai été très occupé des conférences dont les frères ont singulièrement joui. Je crois qu'à travers les combats ordinaires de la vie et de la marche chrétienne, Dieu nous bénit. Les frères en ont le sentiment; voici quatre conférences auxquelles j'ai assisté depuis mon retour de Nîmes, et partout on a senti la bénédiction. En attendant, j'ai prêché et les auditeurs ont été très nombreux et très attentifs. J'ai été dans le Wiltshire, où il y a plusieurs petites assemblées naissantes et un frère, ouvrier que Dieu a suscité dans ces quartiers. J'ai logé chez lui; j'ai prêché dans sa grange et puis de bonnes réunions dans la grande salle de l'hôtel de ville de la ville la plus rapprochée. A Londres l'oeuvre dépasse un peu la force des ouvriers, autrement il y a du bien. La circulation des publications des frères augmente aussi considérablement.

Après quelques courses, j'espère être de nouveau un peu tranquille à Londres. Je penche entre le besoin d'écrire pour l'Eglise et le travail de la prédication. J'essaie d'accomplir les deux; c'est un travail auquel on a de la peine à suffire, mais Dieu nous soutient.

Saluez cordialement tous les frères de ma part.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 239 – ME 1900 page 19

à Mr P.S.

Londres, 1858

Bien-aimé frère,

Je travaille on ne peut plus — moi du moins je ne peux plus — aux corrections du Nouveau Testament.

On a publié des livres critiques qui renferment le résultat des progrès faits soit dans la grammaire grecque, soit dans la critique en général. Je les ai achetés et j'en profite assidûment. Ceux qui ont été publiés en anglais sont d'une assez grande utilité. J'en ai acheté aussi de bons en allemand.

On vient de publier en français mes méditations sur les «Sept Eglises», deuxième édition. R. est très utile pour les détails de notre traduction; je les examine moi-même avec beaucoup plus de soin qu'au commencement, et je lis chaque mot avec le grec.

Les âmes qui ne marchent pas dans la communion de Dieu et près de Lui, dans l'assujettissement de la volonté propre, sont toujours prêtes à se jeter dans des choses de rien et à les grossir; elles s'en revêtent comme d'une espèce de fidélité. Faire la fête avec le pain sans levain de la sincérité et de la vérité, est bien plus important. Je ne dirai pas que ces choses détournent de Christ, elles sont plutôt une preuve que l'âme s'est détournée de Lui. J'ai pu remettre cette difficulté à Dieu, ainsi que d'autres plus importantes où l'ennemi travaille à fourvoyer les enfants de Dieu. Il cherche toujours à les troubler. Que Dieu nous rende sages dans ces cas. Ce n'est pas tout de savoir que telle chose est une machination de l'ennemi; on doit savoir y faire face selon Dieu, c'est-à-dire selon sa grâce, et le faire intervenir en regardant vers Lui.

Ici, Dieu nous bénit. Je crains un peu chez quelques-uns la précipitation à recevoir les âmes; il y en a beaucoup d'ajoutées, toujours quelques-unes, souvent une huitaine par semaine. Quelques jeunes âmes me font parfois trembler, mais certainement Dieu agit dans sa grâce; il y a d'assez fréquentes conversions; les frères vont bien. Cela me donne du travail — heureux travail à coup sûr — mais qui exige du temps.

Je salue tous les frères.

Votre affectionné frère…

Lettre de J.N.D. no 240 – ME 1900 page 39

à Mr P.S.

Londres, commencement de 1859

Bien-aimé frère,

Je vous envoie mes notes sur la quinzième feuille du Nouveau Testament, que vous aurez la bonté de transmettre ensuite à R. J'ai fini tout ce que j'avais entre les mains, remarques sur vos notes, celles de R. et de N., elles partiront aujourd'hui Dieu voulant pour Vevey. R. se plaint beaucoup du manque d'harmonie et de littéralité sur l'article. Je crois que quelques expressions auraient pu être harmonisées — mais l'idée de mettre en français le même mot pour le même mot en grec quand le sens n'est pas le même, ou lorsque le mot français ne répond pas exactement au grec, me paraît d'une absurdité qui saute aux yeux. R. se plaint beaucoup aussi quant à l'article, mais ici je crois ses principes totalement faux; il suppose que l'emploi de l'article en grec et en français est le même — il n'en est rien, et le reproduire même entre crochets fausserait souvent complètement le sens. Il n'entend évidemment pas l'emploi de l'article en grec. La même chose quant à ses ablatifs «par». C'est souvent ne pas comprendre l'emploi du datif. J'ai dû rester ferme sur plusieurs points et le mécontenter, mais cela m'a donné du fil à retordre. Je crains que quelquefois il n'ait été blessé, ce qui me ferait de la peine, mais son insistance là où j'étais sûr qu'il n'y avait que le manque d'habitude de la langue grecque, m'a pris beaucoup de temps. J'ai ajouté plusieurs crochets lorsque cela ne changeait pas le sens — pour reproduire, autant que possible, l'original même dans ses formes. Si je dois traduire, je ne peux pas fausser le sens pour satisfaire à un principe que je crois totalement faux. — Malgré cela ses notes sont très utiles, parce qu'elles sont très minutieuses et très consciencieuses dans l'examen des détails, en sorte que je serais fâché de les perdre; ma seule crainte, c'est de l'avoir troublé par mon refus de faire droit à ses remarques grammaticales. Je crois que la version de Lausanne lui a fait beaucoup de mal. C'est une pauvre traduction. On me dit qu'il y en a une nouvelle édition. On admire ici les caractères et l'impression de notre N.T.

Votre affectionné frère.


L'emploi du nom de Père sur la croix n'est qu'une confirmation de la doctrine de mon article, parce que c'est lorsqu'il est sorti de son angoisse que le Seigneur a remis, en se servant de ce mot, son âme à son Père. Ce point (des noms employés par le Seigneur) m'a beaucoup intéressé.

Lettre de J.N.D. no 241 – ME 1900 page 78

à Mr P.S.

Londres, printemps? 1859

Bien-aimé frère,

J'ai essayé de m'occuper un peu du hollandais, mais si vous saviez ce que c'est que travailler à Londres, de visiter les malades seulement de corps et d'âme, puis les travaux de cabinet, vous comprendriez que ce n'est pas chose facile. Mes lectures à moi, sauf la Bible, se font en omnibus entre les visites. Mais, grâce à Dieu, quand il est avec nous tout va bien. Dans sa grande bonté il bénit très évidemment l'oeuvre en Angleterre. On le sent ici à Londres, non qu'il n'y ait pas de faiblesses, mais toujours de nouvelles âmes sont amenées et les frères s'intéressent à la Parole. Les réunions où l'on s'en occupe pour la lire ou comme méditation, sont bonnes; l'évangélisation suivie et bénie; et cela s'étend à d'autres endroits. J'ai de bonnes nouvelles ces jours-ci de Gloucestershire et de Yorkshire. Plusieurs frères de Londres s'emploient maintenant à l'oeuvre dans les carrefours, etc., et sont écoutés et bénis; naturellement cela les encourage et les rend heureux. Que Dieu nous garde dans l'humilité et que nos regards soient toujours sur Lui, seule source possible de bénédiction, en nous enseignant toutefois de compter sur sa grâce. Il semblerait même que Dieu réveille plus d'une conscience du côté de Béthesda. On comprendra naturellement que je n'aime pas m'absenter beaucoup lorsque l'oeuvre s'ouvre; j'ai aussi devant moi un énorme travail de cabinet; notre traduction pour laquelle mes livres sont très utiles à consulter, un nouveau volume des Etudes en anglais, la traduction anglaise du N.T. qui est en train, beaucoup d'articles de journal et des traités qui surgissent. — Peut-être, Dieu le sait, la guerre contre tout un système de doctrines qui court dans ce pays et en Ecosse. Je crains de la commencer; je prévois qu'une fois commencée, on y sera engagé tout de bon. Eux ont commencé l'attaque, il ne s'en suit pas qu'on y réponde; il faut être deux, dit-on, pour une bataille, mais c'est une question quoi qu'il en soit. J'ai examiné le sujet, mais ce sera toute la Free Church, les piétistes de l'école de Bonar et, selon leur dire, tous les réformateurs qu'on aurait sur le dos; mais il ne s'agit que de savoir quelle est la volonté de Dieu. Si c'est sa volonté qu'on commence, je ne crains rien. La seule question est: Où est, dans ce cas, l'édification de l'Eglise? Il y a une vilaine doctrine par derrière. Pensez qu'on est allé si loin qu'on a publié un traité (tiré d'une biographie qui a beaucoup de succès) pour dire que les doutes sur le salut et la misère qui en découle, c'est participer aux souffrances de Christ, de sorte qu'on devrait s'en consoler et s'en réjouir — de telles pensées ont la vogue! Mais qui peut délivrer, sinon Dieu? C'est une question grave, en pareil cas, de savoir si l'on doit livrer combat à l'Ennemi, ou tout laisser à Dieu. Ils nous ont formellement attaqués sans nous nommer jusqu'à présent. J'ai engagé notre frère, l'éditeur du journal, de chercher l'édification et d'éviter la controverse. Si je commence, Dieu aidant, je ne lâcherai pas prise de sitôt, jusqu'à ce que j'en aie fini avec ce sujet.

Je m'arrête. J'ai médité aux deux bouts de Londres l'épître aux Hébreux et les Psaumes, très heureux dans les deux cas, et on s'attend à ce que je les reprenne. Je pense louer cinq chambres plus au centre de l'oeuvre.

Très à la hâte.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 242 – ME 1900 page 80

à Mr P.S.

Londres, 1859

Je suis bien aise, cher frère, de pouvoir vous saluer affectueusement au milieu de toutes mes occupations à Londres. La ville même, le nombre des frères, des réunions, et les distances les multiplient beaucoup. Grâce à Dieu nous sommes très heureux et un bon esprit règne au milieu des frères; seulement je cherche des portes pour un peu plus d'évangélisation au milieu de cette masse de monde où l'on serait perdu si ce n'était la puissance de Dieu, où il faut faire 8 et 10 kilomètres pour une visite, pour une réunion, tout comme si l'on était à deux pas de chez soi. J'ai fait une tournée très heureuse au milieu des frères dans une bonne moitié de l'Angleterre et j'ai senti le Seigneur avec moi…

V. me donne de très bonnes nouvelles de l'oeuvre.

Votre tout affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 243 – ME 1900 page 96

à Mr P.S.

Lausanne, avril? 1859

Bien cher frère,

Je vous renvoie les épreuves des Galates (*). J'ai fait une masse de corrections que je crois être justes, et une masse d'autres qui, je crois, affaiblissent beaucoup la phrase, mais je me soumets à la langue, quoiqu'il me soit impossible de croire que le français soit aussi incapable que vous le dites de se prêter à des idées abstraites ou qu'on puisse laisser si peu à l'intelligence du lecteur, car je ne parle plus de poésie. Il y a une autre chose: je fais mes remarques pour qu'elles soient lues en ayant le texte sous les yeux. Vos corrections les rendent souvent indépendantes et affirment quelque chose, de ma part, au lieu de rappeler et de résumer ce que l'apôtre dit comme venant de lui; si c'est plus clair pour le lecteur, je n'ai rien à dire. Ce ne sont pas toujours des questions de style anglais qui surgissent et me font me plaindre du français, parce que le grec offrant le même caractère, on ne peut pas reproduire en français ce qu'il dit. Le français se refuse à des généralisations et à des abstractions, ce qui, pour un livre aussi plein de principes que la Bible, et de principes qui s'appliquent à tous les temps, rend sa reproduction dans cette langue, très difficile. Je vous en ai cité un exemple: «en amenant à la perfection par la chair». Impossible, sans fausser l'idée de l'apôtre, de matérialiser cette idée abstraite. Son but est: — commencer par l'Esprit — amener à la perfection par la chair. On me dit: Amener quoi? Cela n'entre pas dans sa pensée, c'est le moyen de la perfection qui est en question, et non une chose quelconque amenée. Introduisez quelque chose, et vous perdrez la force de l'expression, et on ne saurait dire quoi sans dire ce que le passage n'autorise pas à dire. Il en est de même pour mille autre cas. On a dit «achever;» on a complètement perdu l'idée. Moi je crois que le français, comme langue, devrait pouvoir dire ces choses, et si quelqu'un en avait le courage, les dirait parfaitement bien et que tout le monde les comprendrait — et aurait ainsi plus d'idées et des idées plus claires et plus nettes. «Quoi, vous commencez par l'Esprit et vous amenez à la perfection par la chair!» celui qui le dirait rendrait un grand service à ceux qui veulent des vérités et non des formes. Je ne puis me résigner à croire que la langue en soit incapable.

(*) Traduction du Nouveau Testament.

Je connais X; c'était un frère très fidèle et consciencieux quand je l'ai connu, qui avait fait des progrès et beaucoup; au commencement il avait besoin de fondre son intelligence et son énergie dans l'humilité et dans la grâce, mais il avait beaucoup gagné sous ce rapport. Il a été très utile dans les controverses au sujet des baptistes, mais il était un peu rude; il les confondait et ils ne lui en savaient pas bon gré; je crois que les exercices par lesquels il a passé lui ont été très utiles; au reste, il y a chez lui de la piété et de l'intégrité, et quoique ses pensées ne soient pas toujours très nettes, il est au-dessus de la masse quant à sa capacité intellectuelle. Il était, je crois, très bon instituteur; il avait au commencement une certaine confiance en lui-même, et il avait reçu trop d'idées pour pouvoir les digérer, mais un service de plusieurs années a mis beaucoup plus de réalité et d'ordre dans son coeur et dans son esprit.

J'ai eu plusieurs réunions à G., et j'y ai vu plus de personnes que de coutume, mais je n'ai pu poursuivre très loin cette partie de mon service. Il y a du bien là, et je crois que votre visite leur a été utile.

Il y a des difficultés de détail à Lausanne, à Genève et le long du lac.

J'ai eu de très nombreuses réunions à Lausanne; une volée d'étudiants libres et quelques étudiants nationaux, quelques-uns aussi de Genève. Les portes sont assez ouvertes, et j'ai senti le Seigneur avec moi, particulièrement à Lausanne.

Il n'y a que deux ou trois heures que nous avons eu, dans la maison, une des plus douces morts que j'aie vues; la belle-soeur de Mlle M.: un repos parfait si doux, si confiant, c'était vraiment délicieux à voir, et édifiant aussi. Je suis heureux d'avoir été ici; c'était une consolation pour cette chère âme. Nous chantions à la réunion, au moment où elle expirait: «Que je vive ou que je meure, ton ciel est ouvert pour moi»…

Il faut que je m'arrête.

Saluez bien affectueusement tous les frères et votre maison aussi.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 244 – ME 1900 page 138

à Mr P.S.

Londres, septembre 1859

Bien cher frère,

Quant à ma santé, grâce à Dieu, elle est maintenant excellente, mais mon genou, quoique je n'en souffre pas, est encore très faible, et peu de chose le dérange. Je n'ai pas de douleur, et j'ai plus de force, mais je n'ose m'y fier. Mon activité, en fait de courses à pied, est arrêtée. J'ai toutefois marché une lieue en m'asseyant un moment — mais il faut me ménager.

Je cherche un copiste pour les Philippiens et les épîtres suivantes (*); j'espère en avoir trouvé un.

(*) Etudes sur la parole de Dieu.

J'ai reçu un exemplaire du Nouveau Testament, qui a assez bonne façon; nous en avons commandé 1200 pour l'Angleterre.

Nous avons été occupés du sujet dont vous me parlez, à Malvern, où j'ai passé quelque temps chez un excellent frère, homme d'une assez bonne famille dans le monde, et habitué à la société, mais qui prêche maintenant en plein air et partout; franc, cordial, et homme de coeur.

Malvern est un lieu charmant, où l'on va pour santé, hydropathie, etc.; nous avions une lecture tous les matins, et toute sorte de personnes y venaient. Nous avons lu ainsi les Psaumes, et la question, jusqu'à quel point le résidu aurait connaissance de Christ, a été soulevée, spécialement en rapport avec le péché. La révélation de ces choses, de l'expiation, de l'ascension, etc., se trouve dans l'Ancien Testament, de sorte que les moyens de connaissance s'y trouvent, et il n'y a que la vérité de l'Eglise qui ait été cachée. Jusqu'à quel point on réalisera la vérité est autre chose. Hélas! jusqu'à quel point les chrétiens réalisent-ils les vérités qui leur sont propres? Je crois que, quant au Psaume 20, ce ne sera pour le résidu qu'un témoignage de la position dans laquelle le Christ s'est trouvé sur la terre; ainsi il n'y aura pas d'accomplissement historique dans l'avenir; ils comprendront, chose importante pour eux, l'état par lequel le Christ a passé, son rejet, pourquoi ils ne peuvent pas l'attendre simplement en gloire comme la première fois, mais qu'ils doivent attendre un Sauveur rejeté, revenant en gloire. Ceci jettera un grand jour sur l'état de la nation, sur leurs propres espérances, sur l'état dans lequel ils se trouvent eux-mêmes; leur intelligence pratique se fera, je le pense, très lentement, parce qu'il sera terrible pour eux de reconnaître où ils en sont et ce qu'ils ont fait, mais ce sont précisément ces passages qui les éclaireront. La difficulté morale, c'est la confiance sans la connaissance de l'efficace de l'expiation. Mais ils demeureront, comme la plupart des chrétiens, sur des promesses. Ce ne sera, je le pense, que lorsqu'ils verront Celui qu'ils ont percé, qu'ils seront affranchis.

J'ai été très content des nouvelles que vous me donnez de N. Dieu en soit béni. S'il est encore avec vous, je vous prie de le saluer de ma part.

Paix vous soit, cher frère.

Je pense retourner en Irlande pour quelques visites. Il se peut que je visite la France, si Dieu le veut, cet hiver; cela dépend aussi un peu de mon genou…

Votre affectionné frère.

_______

L'article sur la Justice de Dieu a attiré passablement d'attention ici.

Le réveil en Irlande est vraiment remarquable. En bien des cas des personnes ont été sourdes et muettes pour une semaine; l'impression sur les esprits est universelle et profonde.

Un littérateur populaire n'a pas pu donner un cours à Belfast; il n'avait pas d'auditoire. Belfast est une ville commerçante de 80 000 âmes, qui se pique aussi de son intellectualisme. Beaucoup de mauvais sujets sont convertis et marchent maintenant en vrais chrétiens. Les Wesleyens ont cherché à produire de l'excitation; mais en général, pour des circonstances pareilles, il y en a très peu; plutôt un sérieux remarquable.

Lettre de J.N.D. no 245 – ME 1900 page 178

à Mr P.S.

Irlande, octobre? 1859

Bien-aimé frère,

… Je pense bientôt partir pour l'Ecosse, bien qu'il y ait beaucoup à faire ici.

Quant à votre question sur 1 Jean 1: 7, 9, la purification nous présente devant Dieu sans tache, et c'est ce qui convient à la lumière. On ne parle pas de coulpe devant la lumière, mais de taches et de souillure. Au verset 9, vous avez les deux idées, pardon et purification. La culpabilité se rapporte à un juge. Ici, nous sommes devant les yeux de Dieu; il s'agit aussi de communion. Le pardon est nécessaire pour le coeur, seulement, parmi les Juifs, le mot «purification» se rapportait à la responsabilité. On parlait de faire la purification caqarizmon poihsamenoz. (2 Pierre 1: 9. Voyez aussi Actes des Apôtres 18: 6; 20: 26).

Pour ce qui concerne Abraham, il y a plus de difficulté. Mais il me semble que la vraie différence est que, pour nous, l'Eglise est la cité. Quant à Abraham, l'idée est générale; «il attendait la cité qui a les fondements» (Hébreux 11: 10), en contraste avec ce monde qui n'en a point. Je ne doute nullement qu'il ne jouisse dans l'avenir de la gloire et des bénédictions de la cité sans la constituer. Il fait partie de cette assemblée universelle du ciel qui jouira de la gloire qui s'y trouve, sans être précisément de l'Eglise des premiers-nés dont les noms sont écrits dans les cieux, mais plutôt des esprits des justes parvenus à la perfection (Hébreux 12: 22, 23). Ils seront dans la même perfection et jouiront de la gloire de la cité, sans avoir la «chose meilleure» que Dieu a préparée pour nous (Hébreux 11: 40). Je ne me rappelle plus du tout ce que vous m'avez demandé sur Matthieu 12: 1-8. Dites-le-moi.

L'oeuvre en Irlande est très intéressante. J'ai été excessivement occupé. Une troupe de jeunes gens, principalement de bonnes familles selon le monde, se sont voués à l'oeuvre du Seigneur. Ils ont été bénis et, étant très décidés, il s'est formé plusieurs réunions séparées des systèmes ecclésiastiques. Ils étaient plutôt prévenus contre nous, comme étant étroits, n'avaient guère de principes arrêtés, et on avait cherché laborieusement à les prémunir contre les frères. Il y a ici une réunion (Béthesda), puis une grande chapelle pour la prédication où l'on a essayé de rompre le pain. C'est un peu un «tout y va». Au commencement, ces jeunes gens y allaient; bientôt ils n'y tinrent plus; ils sont allés de temps à autre à la réunion Béthesda; à présent tous, je le crois, ont aussi rompu complètement avec celle-là. Ils ont aussi compris jusqu'à un certain point l'Eglise et son unité, ce dont ils n'avaient aucune idée. En attendant, grand remue-ménage ici; question de les chasser des maisons paternelles, et dans tout le pays la question sur quels principes on doit se réunir. J'attends l'opération de l'Esprit de Dieu. Je trouve toujours qu'il est important de reconnaître son oeuvre, de la respecter. Il y a beaucoup à redresser chez ces chers frères, mais Dieu a agi par leur moyen et ils font des progrès; au reste il y en a qui son très sérieux et bien dévoués. Nous avons eu des réunions de lecture fort nombreuses et d'un grand intérêt et j'ai eu plusieurs entretiens particuliers.

Il y a dans Hérodote VII, 179, caqarmon (= caqarizmon) carhz  poiesqai, faire propitiation pour le pays, mais 1 Jean 1: 7, est un peu différent.

Votre toujours affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 246 – ME 1900 page 197

à Mr P.S.

Montpellier, février? 1860

Bien cher frère,

Je vous écris un petit mot au sujet de mes manuscrits. Je suis encore retenu ici par l'état de Nîmes. Les choses vont bien, je crois pouvoir le dire, mais il faut attendre que l'oeuvre de Dieu soit faite dans les coeurs pour que les actes extérieurs soient solides, Il agit, je ne puis en douter: en quelques circonstances il est intervenu d'une manière remarquable, et en général les esprits sont dans un bien autre état que précédemment, mais il se peut que ma présence soit utile les premières fois qu'ils se réuniraient. Dieu peut les rendre tout joyeux de se retrouver, mais il se peut qu'il y ait un certain malaise que l'action d'un étranger pourrait écarter.

… Dieu a amené une pauvre dame anglaise d'Algérie à Montpellier, pour mourir au milieu des chrétiens. Je l'ai vue pendant une semaine; je l'ai trouvée morte la suivante, mais sa mort a été on ne peut plus édifiante. Elle laisse six enfants; l'aînée a douze ans. Son mari est arrivé pour l'ensevelir; il n'est pas converti. Mais les soins des soeurs étaient édifiants par le déploiement de leur charité. Sa paix, sa confiance et son calme étaient parfaits.

A la hâte.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 247 – ME 1900 page 198

à Mr P.S.

Montpellier, vers le 30 avril 1860

Bien cher frère,

Depuis quelque temps je pensais vous écrire, quand j'ai reçu votre bonne lettre.

Je vous avais déjà expédié deux exemplaires de la «Justice divine». Cet envoi a été retardé, parce que je suis parti pour une tournée dans les Cévennes, je ne pensais y passer que quatre ou cinq jours, et j'y suis resté plus de dix, étonné que mon genou s'accommodât des sentiers de montagnes et de rochers pendant deux ou trois heures. Quoique j'aime mon cabinet, je préfère cette vie où il ne s'agit que de Christ et des âmes. J'ai été dans des endroits où je n'ai pu faire cirer mes souliers qu'une fois en dix ou quinze jours; logeant naturellement comme on pouvait, mais heureux dans l'oeuvre. A St-André et à Florac, petites villes, nous n'avions pas assez de place pour les auditeurs; on nous disait que nous aurions dû aller au temple. A Florac, dix ou douze assistants catholiques.

Il y a du bien du côté de Auché; à Champblanc, près le Pont de Monvert, on nous a dressé procès-verbal, mais on m'a laissé aller ainsi que M. et T. qui avaient pris part à la réunion, cependant ils ont dû comparaître devant le maire. On ne sait pas exactement ce que cela donnera; mais quoi qu'il en soit, Dieu fait contribuer toutes choses au bien de ceux qui l'aiment. La réunion était terminée quand les gendarmes, très honnêtes du reste, se sont présentés. J'ai eu partout de très bonnes réunions. J'ai poursuivi ma route le lundi jusqu'à Vialas où il y a de bons frères. Ensuite je suis descendu ici; j'étais hier à Cette. Je pense que je partirai sous peu pour la Suisse. Voilà mon histoire, cher frère.

E. a écrit à B. une lettre foudroyante contre le français du traité «l'Eglise corps et maison». Il pouvait en effet lui signaler une masse d'anglicismes. Malgré cela, les frères qui s'occupent de ce sujet en jouissent beaucoup. Les hommes instruits souffrent de la forme. Qui hoeret in litera hoeret in cortice.

… J'ai extraordinairement joui d'étudier la vie de Christ, comme homme dépendant sur la terre; le 16e Psaume m'en a fourni l'occasion. La vérité de sa vie humaine, son association avec nous, la manière dont il a tracé le chemin de la vie à travers la mort, pour trouver la parfaite joie d'une vie qui n'avait que l'Eternel pour objet dans la présence de l'Eternel lui-même, tout cela développé dans la vie et dans la personne du Christ, m'ont instruit et merveilleusement nourri.

Je m'arrête, bien-aimé frère; les travaux se sont un peu accumulés pendant mon absence dans les Cévennes.

B. vous salue beaucoup; il a de bonnes nouvelles de sa fille à Shanghai où elle et son mari sont établis pour le moment; Dieu a pris soin d'eux de toute manière. Lui est un jeune homme pieux et qui a fait du progrès dans les choses de Dieu.

Adieu, cher frère.

Votre tout affectionné.

Lettre de J.N.D. no 248 – ME 1900 page 219

à Mr P.S.

Londres, fin mai? 1860

Bien cher frère,

… Je n'ai pris Londres que comme une étape vers Pau, et je pense m'y rendre dans très peu de temps, dans quelques jours je l'espère, sans le savoir au juste.

Il fait beaucoup plus chaud ici qu'au midi de la France; peut-être la même chose est-elle arrivée dans le midi depuis mon départ.

Dieu agit dans sa grâce et d'une manière frappante en plus d'un endroit, au milieu des frères. A Stafford, une cinquantaine de personnes ont été ajoutées en quinze jours, et beaucoup d'autres converties, qui ne rompent pas le pain. A Malvern, dit-on, une vingtaine ont été converties dans une réunion. Il n'y avait guère précédemment qu'une vingtaine de frères réunis. Dans le Devonshire, c'est la même chose; ici une trentaine. Il y en a peut-être une douzaine dans une réunion à Greenwich. Ce sont des gouttes de cette pluie abondante qui est tombée ailleurs.

Nous avons eu des circonstances bien pénibles ici, mais les frères ont montré de la patience. Cela m'a réjoui, et j'espère que l'épreuve tire à sa fin. Au reste, les réunions sont très heureuses.

On est heureux de sentir que l'on avance, soutenu par la force de Dieu, vers la parfaite bénédiction de notre réunion avec Christ en haut. On réalise davantage cette chose, toute nouvelle ici, toute ancienne et éternelle dans le ciel, la vie éternelle dans le Fils, amenée à son plein résultat dans la gloire humaine du Sauveur dans le ciel. Nous partageons cette gloire dans la communion du Père et de son Fils — telle est notre vie, notre avenir, notre présent — accomplie ailleurs sans doute, mais dont on jouit maintenant dans la personne de Jésus. Et ce bonheur on le porte avec soi, à travers toutes les circonstances qui ne font après tout que passer. Mais je fais un peu un monologue.

Adieu, cher frère, paix vous soit, et à tous les vôtres. Saluez affectueusement tous les frères.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 249 – ME 1900 page 237

à Mr P.S.

Londres, 6 juin 1860

Bien cher frère,

Nous avons eu un vrai ouragan ces jours-ci, en sorte que mon départ n'aurait guère été possible; je ne sais même si les bateaux ont fait la traversée. De très nombreux sinistres ont eu lieu. Maintenant que la semaine sera fort avancée avant que je sois à Paris, je crains que les frères de Paris ne soient blessés si je ne m'y arrête pas le dimanche, car j'ai traversé Paris tant de fois sans les voir! Ainsi il se peut bien que je ne quitte Paris que le lundi matin, dans ce cas je coucherai, je le suppose, à Bordeaux et je vous verrai le 14 juin; c'est tard, mais je ne sais trop comment faire autrement.

En Angleterre, les frères ont été largement bénis sous le rapport des conversions, et cela dans beaucoup d'endroits; je crains que quelques-unes n'aient été précipitées; des âmes considérées un peu trop vite comme ayant trouvé la paix cependant la bénédiction a été très grande aussi le témoignage a prise sur beaucoup d'âmes en dehors des frères. On n'a pas de place pour les auditeurs. Par contre, nous sommes éprouvés à Londres par une tentative de l'Ennemi qui a cherché à nous troubler intérieurement par des personnes sans frein; l'une a voulu prendre la cène par force étant excommuniée, mais je compte sur Dieu qui jusqu'à présent nous a conduits d'une manière admirable à travers l'orage.

Paix vous soit; je me réjouis de vous voir ainsi que les frères.

Votre bien affectionné… à la hâte.

Lettre de J.N.D. no 250 – ME 1900 page 238

à Mr P.S.

Fin juin ou juillet 1860

Bien cher frère,

Je crois avoir oublié aux Eaux-Bonnes mon Nouveau Testament (nouvelle édition), où j'ai fait les corrections que nous avons examinées ensemble; je pense l'avoir laissé au salon où je l'avais pris pour la lecture de midi moins un quart. Vous pourrez me l'envoyer par la poste.

Il m'a semblé un peu étrange, cher frère, de passer devant votre porte sans entrer, quoique ce fût en votre absence. Tout froid et peu liant que je sois (par timidité je crois), une fois que j'ai confiance en quelqu'un, je me considère par là même peut-être trop comme chez moi; je l'ai souvent senti dans mon passage à travers ce pauvre monde. Au reste, plus on se sent étranger et pèlerin dans ce monde, plus on sent le prix de la bienveillance (kindness) qui nous entoure et qui nous inspire cette confiance. Soyez sûr, cher frère, que je n'oublie pas combien j'en ai été l'objet de votre part. Je sais qu'en Christ c'est un plaisir pour vous, mais je n'y suis pas insensible.

Je ne sais si je vous reverrai dans ce moment. Une petite circonstance peut changer tous mes plans de détail, circonstance qui n'est venue à ma connaissance qu'hier, et dont j'écris à C. aujourd'hui. En tout cas, Dieu voulant, j'achèverai les corrections jusqu'à la fin des Hébreux (*). Que je vous voie ou que je ne vous voie pas, et je tâcherai de vous revoir si possible, votre affection sera toujours dans mon souvenir, et votre affection chrétienne me sera toujours précieuse. Je sais qu'on a à supporter en moi les moeurs d'un solitaire, mais enfin Christ est là.

Votre affectionné frère.

 (*) Etudes de la Parole de Dieu.

Lettre de J.N.D. no 251 – ME 1900 page 239

à Mr P.S.

St-Agrève, août 1860

Bien cher frère,

Les frères de Guernesey ont eu l'idée d'inviter les frères français pour cultiver la fraternité. Je n'avais pas pensé à vous, je vous croyais trop casanier à cause de votre santé, mais je n'ai pas besoin de dire quelle joie ce serait pour les frères de vous voir.

Il me semble que Matthieu 3: 12, est le froment de l'aire d'Israël, et 13: 30, par contre, les chrétiens reçus dans le ciel — tout au plus, en Matthieu 3, ils sont reçus dans l'Eglise, et cela parce que le Messie a été rejeté, autrement à la fin ils seront gardés pour la terre. L'explication va toujours plus loin que la parabole ou prophétie. Le froment dans le grenier est reçu en haut, le jugement des scandales s'exécute sur la terre, et alors ceux du grenier brillent comme le soleil, les justes étant laissés sur la terre. Le royaume des cieux n'est que lorsque Christ est dans le ciel. Dans Luc 17: 21, le royaume de Dieu était au milieu d'eux, parce que le roi y était.

Je m'occuperai de Matthieu 12. J'écris à la hâte pour ne pas manquer le courrier.

Ai-je besoin de dire, cher frère, combien je me réjouis de la conversion de N. C'était, vous le savez, ma pensée quand je l'ai vu. Il n'y a pas besoin de presser la chose, tout en encourageant et y prenant intérêt, ce que je crois important, afin que cela se lie à ses affections de famille aussi, mais il faut lui laisser prendre son cours naturel. Je parle de l'effet qu'a produit sur moi le caractère de sa conversion. Je me réjouis de tout mon coeur avec vous.

Nous avons eu une très bonne conférence ici, qui du reste n'est pas terminée; hier nous avons eu, disait-on, 1000 personnes au Pape dans un champ sous une tente; moi je disais 600; c'est probablement entre les deux; du sérieux, de l'attention; les notabilités de l'endroit y assistaient.

Votre affectionné… bien à la hâte.

Lettre de J.N.D. no 252 – ME 1900 page 258

à Mr P.S.

St-Agrève, août 1860

Bien-aimé frère,

… Le mouvement religieux dans ce pays est remarquable. Les baptistes ont bien fait quelques dégâts parmi les frères. En divers endroits, quinze personnes environ se sont séparées. Ils compromettent excessivement le témoignage, de sorte que, sous certains rapports, il est bien qu'ils soient séparés. Ici leur marche a été caractérisée par la chair d'une manière non équivoque. La plupart de ceux qui avaient subi leur influence s'y sont soustraits. La conduite de ceux qui ont été actifs dans cette affaire y est pour une grande partie. Mais il est remarquable de voir comment l'activité religieuse prend pied dans ce pays, et combien le monde (sous la main de Dieu) s'y résigne, l'accepte comme un fait accompli dont il faut prendre son parti, et qu'il faut considérer comme une chose faisant partie de l'état de la société. On fréquente les réunions dont il y a souvent plusieurs: frères, wesleyens, église libre; et en même temps il y a du bien. Les conversions s'opèrent. Chez les frères, le nombre de ceux qui prennent la cène a augmenté; de nouvelles réunions ont été formées et les portes sont ouvertes presque partout. On désire des réunions là où l'on n'a pas d'ouvriers pour en tenir, et ce besoin est assez général. Une trentaine rompent le pain à Valence, il y a une réunion à Orange, des âmes converties à Florac, de bonnes réunions à Vialas et à Vébron; Dieu a aussi suscité quelques ouvriers utiles dans ces diverses localités. Vous pouvez bien croire que cela ne se fait pas hélas! sans alliage humain et que l'ennemi cherche à entraver l'oeuvre en y mêlant des éléments hétérogènes. Toutefois Dieu est le plus fort. Il y a bien une responsabilité croissante et qui exige un amour et un dévouement plus grand que jamais. Pour ma part, je sens que peu à peu je disparais des activités de la scène, mais Celui qui fait tout est toujours là, et je me réjouis de voir des frères pieux et solides, comme il y en a, s'occupant de l'oeuvre, non seulement en prêchant, mais en ayant l'ensemble des chrétiens et la gloire de Dieu à coeur.

J'aimerais bien que notre traduction du Nouveau Testament fût achevée, mais Dieu a son temps pour tout. Les frères sont venus de plusieurs côtés à la conférence, et dans un bon esprit, et je crois que Dieu a été avec nous. J'ai été heureux avec Lui; le soir, l'affluence a été telle que j'ai préféré ne pas avoir trop de réunions, craignant l'excitation. Je ne sais si c'est en partie mon caractère timide et peureux; mais j'espère, en partie aussi, la direction et la sagesse de Dieu en bonté sur nous.

Paix vous soit, bien-aimé frère.

Lettre de J.N.D. no 253 – ME 1900 page 260

à Mr P.S.

Lausanne, fin septembre 1860

Bien cher frère,

Ma correspondance est un peu irrégulière en ce que je fais des efforts pour tenir des réunions tout en souffrant de l'oeil, etc. Rien de sérieux, mais cela rend un travail régulier et suivi plus difficile.

… Je pense toujours qu'en Ephésiens 1: 23, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous, signifie le corps comme complément de la Tête; au reste c'est l'Eglise qui fait ici la plénitude de Christ. Dans le chapitre 4: 13, «la stature de la plénitude du Christ» est plus vague. C'est, il me semble, tout ce qui est en Lui, on doit croître à tous égards jusqu'à la mesure de Christ. C'est beaucoup dire, mais nous ne vivons pas assez dans sa vie. On est heureux de savoir que, lorsqu'on est faible, on est fort.

Je crois que par la grâce mes méditations ont été aussi nourries, quand ma faiblesse pour penser m'était sensible, que lorsqu'il y avait plus d'élan.

Je ne pensais pas à vous, cher frère, en parlant de l'oeuvre d'évangélisation. Je sais que vous donnez. Peut-être pourrais-je moi-même donner davantage, mais, dans un certain sens, je donne aussi ce que je peux. Je pensais à l'attitude morale de toutes les assemblées vis-à-vis de l'oeuvre.

Affectueuses salutations à tous les frères.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 254 – ME 1900 page 297

à Mr P.S.

Droitwich, 28 mars 1861

Bien cher frère,

Je vous remercie de votre bonne lettre. Depuis quelque temps j'espérais recevoir une lettre de vous sans que vous fussiez, que je sache, mon débiteur à cet égard. Quand je vous écrivais, je ne savais pas qu'une nouvelle livraison des Etudes eût déjà paru. Vous avez encore en manuscrit jusqu'à la fin de l'épître aux Hébreux, mais je ne pense pas que cela suffise pour une livraison. Si vous vous mettez à ce travail, vous aurez la bonté de me le faire savoir.

J'ai été très content de ma traduction allemande du Nouveau Testament quand je l'ai revue à Elberfeld; nous avons retranché quelques participes, et changé quelques petits détails, mais j'ai été étonné de constater que le résultat de toutes les recherches que j'ai faites depuis en Meyer, Fritsche, Delitsch, Alford, Ellicett, etc., s'y trouvait déjà. Au reste l'absence d'emploi des participes est une vraie faiblesse de la langue allemande, mais les Allemands s'en servent beaucoup plus qu'il y a vingt ans. J'ai noté tout ce qui m'a paru avoir besoin de changement dans la traduction française; j'en fais autant pour les épîtres en anglais. Je crois que pour ces trois langues nous avons une traduction meilleure que toutes celles qui ont paru jusqu'à présent; parce que premièrement nous avons des ressources que les anciens ne possédaient pas, ensuite à cause du respect que nous avons pour la Parole, chose qui de toute manière exerce une immense influence.

Je doute beaucoup que les mots bebaian  poieisqai [affermir] (2 Pierre 1: 10) puissent avoir le sens de «estimer ferme». bebaioz  n'est pas simplement ferme «en soi», mais sûr, assuré pour moi. Au verset 19: «Nous avons la parole de la prophétie rendue plus ferme», non pas en soi, mais confirmée pour moi, plus ferme à mes yeux. La diligence chrétienne rend aussi l'appel et l'élection fermes pour moi; on en est, assuré; mais ce n'est pas parce que poieisqai signifie «estimer». Le sens du passage me paraît donc très clair. On s'assure à soi-même, par la diligence, son appel et son élection. La diligence ne fait pas que nous les estimions sûrs, mais nous les rend sûrs à nous-mêmes.

Ce sera en effet une grande brèche dans la famille B. et je crois pour tous les membres de cette famille que la perte de Marie. Naturellement Mme B. la sentira plus que tous les autres, son frère je le crois aussi, mais Dieu est sage dans tout ce qu'il fait. Je ne doute nullement de son amour dans cette dispensation, bien qu'elle soit pénible. Chacun aimait Marie, le Seigneur plus que tous et mieux que tous. Il l'ôte de ce monde de peine et de chagrin pour l'avoir auprès de Lui; comment la plaindrais-je? Il y en a qu'il honore en leur accordant de servir et de souffrir; il y en a auxquels il montre son amour en les prenant auprès de Lui. Je ne veux pas le stoïcisme; je ne me plais pas non plus dans le système qui met une auréole autour de la tête des objets même de l'amour de Jésus, mais je désire que Marie abonde en joie par la grâce souveraine et parfaite du Sauveur, et qu'elle le trouve bien près d'elle. On a raison d'apprécier l'amabilité de son caractère, et cela se manifeste même dans la mort; mais il faut plus que cela pour l'âme elle-même; elle ne doit plus même y penser pour jouir de cette joie profonde qu'on trouve dans la conscience qu'on va vers Lui; et il est une source de joie profonde. L'âme qui se tient près de Lui jouit de la douce et paisible, mais puissante joie, d'une relation connue avec Dieu, d'une relation sans nuage, de ce que nous aurons dans le ciel.

Je serais très heureux, cher frère, d'être près de vous. Mais je crois que pour le moment mon oeuvre me tient ou me conduit ailleurs. C'est pour moi comme une oeuvre à commencer en Angleterre et même en Irlande, oeuvre qui reçoit une impulsion nouvelle et évidente. Le nombre des frères se multiplie; de nouvelles réunions se forment, et Dieu, me semble-t-il, me donne une oeuvre à y faire; en Hollande aussi, où depuis deux ou trois ans il y a près de trois cents personnes réunies, seulement je ne prêche pas en hollandais. On me demande au Canada; nous y avons un frère fidèle et béni. Les Suisses étaient dispersés, il a été employé pour les réunir eux aussi. On sent que Dieu nous bénit ici dans le pays et que c'est un temps de travail. Il y a plus d'énergie spirituelle. Je me fais vieux, mais il y a des évangélistes, quelques-uns du moins, et je puis travailler à consolider l'oeuvre et à placer, par la grâce, les âmes sur un terrain solide. J'ai de bonnes nouvelles du midi de la France. Cela va bien en général dans le Gard, et St-Hippolyte me semble se retrouver. J'avais un peu pensé m'en occuper si nos contrées ne m'avaient pas retenu. Dieu sait combien d'années j'ai encore à travailler. Quoiqu'il en soit, c'est bon. Travailler pour Christ ici, jouir de Christ en haut, voilà toute la différence; grande sans doute, mais dans l'un et l'autre cas bénédiction immense. Je m'étonne de la bonté des voies de Dieu.

Saluez affectueusement tous les frères. J'ai écrit à Marie et à Mme B.

Votre tout affectionné.

Lettre de J.N.D. no 255 – ME 1900 page 316

à Mr P.S.

Londres, 24 juillet 1861

Bien cher frère,

Il y a fort longtemps que je pense à vous écrire car il me tarde d'avoir de vos nouvelles, d'autant plus qu'on me dit que vous êtes souffrant. Avec des occupations incessantes, et j'en ai plus que jamais, on renvoie certaines choses de jour en jour pour faire face à quelque devoir pressant, et puis on est fâché contre soi-même de ne pas avoir fait ce qu'on aurait voulu faire. Mais dites-moi un peu comment vous allez, si cela ne vous fatigue pas. Maintenant que je suis très occupé de l'oeuvre ici, j'ai un plus grand besoin de coeur de savoir quelque chose de mes chers amis de France. Le fait de ne pas les visiter produit tout le contraire de l'éloignement de coeur, me fait sentir davantage le besoin d'avoir de leurs nouvelles, et il y a longtemps que je n'en ai point des frères de vos côtés. J'en ai de bonnes, grâce à Dieu, et même du Midi et de l'Est, en général d'assez bonnes. Dans les Cévennes, l'oeuvre va bien, sans rien de très saillant, sauf à Portes et à Genolhac où il y a assez de bénédiction. Dans le Doubs la bénédiction est sensible. C'est encore mieux que d'y être, quelle que soit l'affection que j'aie pour eux.

Savez-vous que je rêve quelque nouveau champ de travail où je n'aie pas été et où l'on n'a pas été, au moins avec l'Evangile comme je l'entends. Je ne suis pas content de me tourner et de me retourner dans un champ que j'ai déjà travaillé mais je me fais vieux, et où aller. Ce n'est pas que l'ouvrage me manque ici; il y a une masse de nouvelles âmes entrées au milieu des frères. Les réunions se multiplient dans plusieurs contrées; puis il y a les ouvriers, contents d'avoir des conférences pour s'instruire.

Au milieu de ce mouvement un travail continuel de cabinet; mais tout cela m'occupe de ce qui se fait et de l'oeuvre faite, ou à fournir des matériaux pour les ouvriers, ou à veiller à la doctrine, etc. Je soupire un peu après la simple évangélisation; je prêche, sans doute, mais ma vie n'est pas vouée à cela. J'aimerais communiquer le nom de Christ à ceux qui ne le connaissent pas, là même où il n'est pas prêché. Je suis heureux de travailler en seconde ligne pour les âmes amenées et pour ceux qui les amènent; mais j'aimerais me cacher et faire connaître le Sauveur aux pauvres.

En Irlande, il y a beaucoup de bénédiction, une oeuvre intéressante. Les grands de la terre aussi sont atteints, et il y en a même qui se joignent aux frères, mais c'est difficile d'être simple et seigneur territorial. Il y a là, au nord, un pays où j'aimerais travailler un peu; c'est pourtant un peuple dur, assujetti, on ne peut plus, au joug de la loi, et aimant le joug qui pèse sur lui: mais il y a à faire.

Nous aurons une petite conférence le six août, voilà les frères qui s'y rendent. Quatre au moins me mande-t-on aujourd'hui (l'un dont le père était catholique, négociant bien établi à Londres), se disposent à s'y rendre à pied en prêchant en route de village en village. Cela vous donne une idée du genre d'activité qui se déploie. Dieu a aussi suscité quelques ouvriers ces temps-ci qui travaillent dans le voisinage de leurs demeures. On me demande beaucoup sous toutes les formes, et sur toutes sortes de sujets une espèce de nourriture intellectuelle, mais j'aimerais être davantage à l'oeuvre directe avec les âmes. Mais pourquoi vous vidé-je mon coeur ainsi? En attendant, les catholiques se remuent et les nationalistes sont actifs; le système rationaliste, l'incrédulité, se propage parmi la classe ouvrière. Les dissidents ainsi que le nationalisme, et surtout les premiers, sont mal à l'aise; ils ont cultivé l'intellectualisme, et l'intellectualisme leur échappe; les âmes affamées ont besoin de Christ, les autres vont trop loin; ils le sentent tous, on peut le dire. De ce côté-là les frères sont très utiles, parce qu'au moins, quelque faibles qu'ils soient, ils ne prêchent que Christ. Mais les bases ecclésiastiques se lézardent; l'activité irrégulière ne les raccommode pas. J'aimerais voir une plus puissante union chez les frères et une plus entière séparation du monde, plus de profondeur. Autrement, grâce à Dieu, ils vont bien et sont en paix. Dieu sait quand je verrai ces chers amis en France vu l'occupation où je me trouve, mais, comme je vous l'ai dit, je désire d'autant plus avoir de leurs nouvelles et sentir que Dieu les bénit.

Saluez, je vous prie, bien affectueusement tous les frères; aussi ceux d'Orthez. J'ai à coeur d'avoir des nouvelles des frères.

Votre bien affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 256 – ME 1900 page 319

Mr P.S.

Londres, derniers jours de juillet 1861

Bien cher frère,

Nos lettres se sont croisées. J'écris un mot en réponse à la vôtre.

Quant aux Psaumes (*), la chose est entièrement entre vos mains, de toute manière; je veux dire que le seul côté duquel je puisse l'envisager est celui de l'utilité pour les frères. Vous pouvez en juger même mieux que moi; je ne vois pas que la chose presse; si cela vous fatigue trop, vous pouvez en confier la traduction à quelqu'autre personne, mais une seule main donnerait plus d'ensemble au travail.

Je suis bien aise que le volume des Etudes soit près de paraître.

Je ne doute nullement, cher frère, que l'affection des frères ne fût avec vous quand vous étiez malade. Souvent l'affection dort et quand l'occasion se présente on la trouve dans toute sa force. Je prie Dieu de vous conserver encore pour nous. Ce serait pour moi, je puis vous le dire quoique je ne sois guère démonstratif, une perte bien sensible si Dieu trouvait bon de vous reprendre, mais j'espère qu'il ne le fera pas. Je sais qu'il est sage en tout et qu'il vaut mieux s'en aller et être auprès de Lui, mais il y a des personnes qui se sont faites pour nous comme une partie de notre vie morale et des relations du coeur, qui entrent dans le mouvement spirituel de l'homme intérieur, et dont le départ vous laisse un vide nécessairement sensible. Christ est mon tout, je le sais, et je suis satisfait; je traverse ce pauvre monde, heureux, mais connaissant les hommes selon la chair aussi bien, je le crois, que qui que ce soit; mais cela n'empêche pas d'aimer et d'avoir, comme une partie de soi-même, des personnes qu'on rencontre sur ce chemin désert. On n'a pas toujours beaucoup de communications ensemble, mais le moi intérieur est frappé quand elles sont frappées. Tout cela doit être, et je vois que Jésus même, quand Jean (ce beau témoin désintéressé de la gloire de Celui qui venait après lui) eut été décapité, se retire dans le désert. Je sais bien que tous nos sentiments sont bien pauvres et moralement imparfaits au prix de ceux de Jésus, la faiblesse et la chair se mêlant avec eux, mais cela justifie pour le coeur le sentiment dont je parle, tout en jugeant ce qui pourrait là-dedans être du vieil homme. J'espère, cher frère, que Dieu vous fortifiera et vous fera du bien.

Votre bien affectionné frère.

 (*) Nouvelle édition très augmentée du travail sur les Psaumes dans les Etudes sur la Parole de Dieu.

Lettre de J.N.D. no 257 – ME 1900 page 358

à Mr P.S.

Elberfeld, vers le 28 octobre 1861

Bien-aimé frère,

Je suis ici seulement pour quelques jours. Je devais visiter les frères en Hollande, car en quittant le continent, je n'y étais demeuré que deux jours. Il y a maintenant seize réunions et plus de trois cents frères. Elberfeld n'est éloigné de la Hollande que de quelques heures par le chemin de fer; c'était le moment d'une conférence des ouvriers, et j'ai poussé une pointe jusqu'ici.

Avant de quitter Londres, j'ai fait copier par un Français tout le reste de ce que j'ai écrit des Etudes, excepté l'Apocalypse. J'ai plus d'un écrit sur ce dernier livre. Je ne sais si vous avez vu mon article dans le «Present Testimony». C'est une esquisse du livre en ne comptant qu'une seule demi-semaine pour tout ce qui a une date.

L'étude que j'y ai faite des sept églises, m'a beaucoup intéressé; elle a donné plus de forme et de certitude aux vues que j'avais sur le progrès moral historique de cette partie du livre.

Je me sens un peu «verwaist» à l'égard des frères français. Je leur écris et je reçois des lettres, mais mon coeur est souvent avec l'oeuvre dans ce pays.

L'Angleterre me retient pour le moment, car toutes les portes sont ouvertes; les réunions augmentent beaucoup; il y en a un grand nombre de nouvelles, et beaucoup de jeunes âmes qui ont besoin d'être affermies et établies dans la vérité. Les conversions dans le réveil qui a lieu en Irlande, sont souvent caractérisées par peu de profondeur et peu de sentiment de péché. L'ardeur des prédicateurs et le genre de prédication (et cela a eu lieu même au milieu des frères) font qu'on suppose beaucoup d'âmes converties qui ne le sont pas, et celles qui le sont ont besoin d'être exercées et surveillées; cependant il y a beaucoup de bien.

Parmi les frères, l'accroissement est très rapide; à Woolwich il y avait seize frères; après le laps d'une année cent trente environ; à Swindon, huit et maintenant quatre-vingts. A Ashford, ateliers d'un chemin de fer, une oeuvre des plus intéressantes. Cette augmentation a plus ou moins lieu presque partout. Dieu a suscité quelques ouvriers, entre autres un officier de marine…

Nous n'insérons naturellement rien dans les journaux du réveil; nous suivons notre chemin comme de coutume, seulement Dieu agit. On a dû veiller aussi à ce que rien ne sortît des rails quand tout était en mouvement autour de nous. Aussi les conférences sont en ce moment d'une grande importance pour les ouvriers.

Du midi de la France, j'ai d'assez bonnes nouvelles. Nîmes et St-Hippolyte ont été en souffrance, mais je crois que St-Hippolyte va mieux.

En Suisse, il y a un peu de langueur, moins pourtant à Neuchâtel.

Ici beaucoup de portes ouvertes, mais peu d'ouvriers, et pas beaucoup d'énergie. Dans quelques-unes des anciennes réunions, en Hesse, je crois qu'il y a de la vie et des besoins.

Les réunions se sont aussi multipliées autour de Francfort.

Je crois que la venue du Seigneur est devenue plus pratique pour beaucoup de frères en Angleterre, mais il reste beaucoup à faire dans le pays. En attendant, l'incrédulité et le papisme sont actifs, et bien que le pays soit très prospère, les fondements moraux et ecclésiastiques s'ébranlent. Le manque de coton et la maladie des pommes de terre en Irlande donnent de la préoccupation, même pour la prospérité temporelle.

Paix vous soit, bien-aimé frère. Saluez beaucoup les frères.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 258 – ME 1900 page 398

à Mr P.S.

Elberfeld, fin d'octobre 1861

Bien cher frère,

Je vous remercie beaucoup pour votre lettre; je pensais chaque jour à vous écrire. J'ai été heureux d'avoir de si bonnes nouvelles de l'assemblée. En général, avec les luttes que le Seigneur lui-même nous a enseigné à attendre, il y a de la bénédiction, et l'on voit que notre fidèle et bon Dieu étend sa main sur l'oeuvre. Notre difficulté en Angleterre est le grand nombre de conversions qui ne sont pas toujours accompagnées d'une oeuvre profonde de conviction à l'égard du péché, en sorte que ces âmes nouvelles sont plus difficiles à soigner. Toutefois la bénédiction a été très grande, et le nombre des frères a largement augmenté. Ici, à Elberfeld, l'Esprit de Dieu agit, soit en bénissant les frères, soit en dehors d'eux. Il y a une maison d'orphelins et d'orphelines où les enfants ont été saisis de crampes, ils ont prié pour leurs camarades; il y a eu confession de péché. Plusieurs sont restés muets pendant quelques jours; ils ont de six à vingt ans. On dit qu'il y a soixante-dix conversions environ. Il y a eu dans le temps quelque chose de semblable en Hesse, mais B. ne s'y fiait pas du tout. En Irlande, il y a eu récemment des cas où la conversion parait être incontestable; il y a eu ces mêmes crampes et, dans un cas au moins, un jeune homme est resté muet; — il est heureux et a retrouvé la faculté de parler. Il est tombé sans autre un jour de marché dans la rue, de sorte que l'attention de tout le pays a été attirée. Sa famille était catholique, lui-même extérieurement converti au protestantisme, comme beaucoup d'autres dans le district. Il a gardé son intelligence tout le temps qu'il est resté muet et répondait par écrit. On lui a demandé si l'on devait prier pour lui, il a écrit: Non, priez pour ma mère, chantez pour moi. Sa mère était catholique. C'est un temps merveilleux, voilà ce qui est certain. Je pense que le Seigneur prépare les âmes pour sa venue. Au reste, j'ai senti moi-même la puissance de l'Esprit de Dieu avec moi dans mon service et même dans mon âme, comme je ne l'ai jamais fait, je crois. Cependant nous sommes à chaque instant dépendants de sa grâce. Lui est fidèle.

Quant aux chapitres 6 et 7 du Lévitique, vous trouverez dans cette partie du livre: 1° les sacrifices eux-mêmes; 2° l'application aux individus, aux chapitres 4, 5, 6, jusqu'au verset 7. Au verset 8, commence une nouvelle partie qui s'occupe du service sacerdotal de ceux qui pouvaient manger des sacrifices. Sous quelles conditions l'offrande était sainte et agréable à Dieu; le caractère de sainteté qui se rattachait à l'offrande; enfin la portée de cette sainteté en rapport avec les personnes, les lieux, etc.

2°  Les prémices, Lévitique 23: 10 et 18, étaient des offrandes publiques; 2: 14, tous les cas où les individus pouvaient offrir.

3°  Lévitique 2: 4-6, vous pouvez remarquer que les deux genres d'application de l'huile s'y trouvent réunis. Le gâteau devait être de la première espèce nommée au verset 4, mais ointe comme la dernière. Je ne sais si je vois clair, mais il me semble que c'est un moyen de présenter, même sous la figure du gâteau, un Christ dont le corps était rompu; — non précisément l'offrande de lui-même (l'holocauste); ni le fait qu'il a porté le péché, que le péché a été mis sur Lui; mais que, lorsque sa nature humaine a été comme brisée dans la mort (autre côté de son sacrifice), tout a été dans la puissance de l'Esprit, comme cette nature avait été engendrée par l'Esprit. La disruption de tout son être par les souffrances et par la mort, n'a été, quelque complète qu'elle ait pu être (et en apparence la faiblesse de l'humanité), que la manifestation de la puissance de l'Esprit. Chaque élément de cette nature était et se montrait selon cette puissance. — Le gâteau (gâteau avec des trous) était pétri avec de l'huile, brisé en morceaux, puis les morceaux étaient oints d'huile.

4°  Sans doute Christ avait reçu de Dieu comme homme ce qui formait l'énergie de sa nature humaine, mais jusqu'à présent je n'ai pas vu de raison pour changer l'idée que j'en avais formée, idée qui est exprimée dans les «Etudes».

Nous avons eu dimanche une excellente réunion de plus de six cents personnes. Je crois qu'elle a été très utile; il y a eu beaucoup d'attention et du bien dans des cas particuliers.

En Hollande, il y a eu beaucoup de bien. Je crains un peu un esprit étroit, mais j'ai trouvé les ouvriers, qui étaient ici à la conférence, bien braves et aimables. Il y a là une quinzaine de réunions et peut-être deux cent cinquante qui rompent le pain.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 259 – ME 1900 page 411

à Mr P.S.

Londres, décembre 1861

Bien-aimé frère,

J'ai été heureux de recevoir votre lettre; il y avait longtemps que je n'en avais reçu de vous. Vous serez peut-être surpris d'apprendre que dans notre version anglaise on ne se sert dans l'Ancien Testament, ni du mot propitiation, ni du mot expiation; propitiation se trouve seulement dans le Nouveau. La différence entre ces mots me semble celle-ci: l'expiation est une satisfaction suffisante faite à une justice qui exige; cela répond à l'idée universelle de la vengeance de Dieu, colorée par les passions chez les païens, et produite dans la Bible par la sainte justice. La propitiation est ce qui rend la divinité propice, favorable; elle est plus que l'effet d'une expiation bien que comme sens elle en soit très rapprochée. L'expiation suffit à la vengeance, la propitiation change les relations de Dieu avec nous; elles sont fondées sur ce qui attire sa faveur. Une juste idée de Dieu modifie nécessairement dans ces choses la pensée d'un païen, mais le principe reste essentiellement et nécessairement vrai. Maintenant je ne sache pas qu'il y ait un autre mot en hébreu que «caphar», couvrir; nom du propitiatoire, traduit dans les Septante par des mots voisins de propitiation, mais les Septante se servent du mot ilasmoz pour ce qui est essentiellement l'expiation. Je ne sais si vous savez que les mots péché, transgression, sont les mêmes que sacrifice pour le péché, pour la transgression? On trouve des cas, mais ils sont rares, où les Septante traduisent «acham» et «chata» par ilasmoz ; ici c'est plutôt expiation que propitiation, mais il n'y a, que je sache, qu'un seul cas de chaque mot, en Amos 8: 14, et Ezéchiel 44: 27. Deux fois les Septante l'emploient pour pardon «salicha». «Salach» est employé plusieurs fois, c'est-à-dire le verbe, pour «faire grâce», alors les Septante se servent du mot ilasmomai ; une fois pour: «l'Eternel s'est repenti» (Exode 32: 14). Exilasmomai, mot plus fort que l'autre, le ex disant que la chose est complètement faite, se trouve trois fois dans les prophètes pour Chata (offrande pour) le péché, autrement le mot universellement employé est Caphar, couvrir.

Voilà, je crois, à peu près tout ce qu'on peut indiquer comme jetant de la lumière sur la différence entre ces deux termes. Dans le sens expiation, c'est ce qui suffit comme répondant pour le péché ou l'offense. Dans le sens propitiation, c'est la faveur, l'acceptation qui en résulte, ou plus exactement, l'obtention de cette faveur lorsqu'on l'a perdue par quelque faute. Je ne sais comment on a rendu ces mots dans les traductions.

Ici, certainement Dieu nous bénit. Non seulement le nombre des frères augmente rapidement, presque partout, mais en général l'esprit est bon et je crois qu'il y a plus de vie et de dévouement. Cela ne veut nullement dire qu'il n'en manque pas encore beaucoup, mais je crois qu'il y a un besoin produit par le Saint Esprit qui donne de l'élasticité aux coeurs. Les réunions sont toujours nombreuses. Je me réjouis bien du progrès à Pau; vous avez, cher frère, de quoi bénir Dieu du bien qu'il y a fait, et de la part qu'il vous a donnée dans ce travail; la faiblesse du corps n'est rien pour Dieu quand il veut se servir de nous, si seulement nous dépendons de Lui et que nous le cherchions. Je sens qu'il a beaucoup été avec moi dans l'oeuvre ces temps-ci; ma tournée en Hollande n'a été qu'un petit épisode, à cause de la langue, mais j'ai fait la connaissance des frères et noué des relations fraternelles; les derniers jours j'ai commencé à écorcher le hollandais. Puis ils ne sont pas difficiles comme vous autres Français, quoiqu'ils admirent extrêmement leur langue, qui du reste est riche. En somme, je suis très heureux d'y avoir été, puis c'était mon devoir.

Les choses avancent partout, on le sent, mais avec cela, non seulement il y a beaucoup de conversions, mais on voit partout que les chrétiens sentent le besoin d'être chrétiens, et qu'être chrétien n'est pas le monde, et qu'ils pensent davantage à la venue du Seigneur. Partout on est disposé à entendre l'Evangile, et le christianisme réclame ses droits chez les chrétiens. En même temps, la néologie se montre avec plus de vivacité, chez vous du moins qu'ici. Probablement que par ce réveil, Dieu non seulement bénit, mais nous prépare pour des jours plus sombres; mais on est toujours heureux quand on se confie en Lui.

Vous m'avez fait encore une question, et je laisse trop courir ma plume.

Je ne crois pas que le résidu entrera en quoi que ce soit dans ce qui est dit à Marie de Magdala (Jean 20: 17); Christ les appellera bien ses frères, et dans un certain sens Dieu leur sera Père, mais ils ne seront pas enfants comme nous. Il ne faut pas oublier qu'il dit: «Je monte vers», non «je descends de»; il nous porte en haut dans la même relation que Lui avec Dieu. Dès lors, si nous sommes enfants, nous sommes donc héritiers, héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ. Les 144 000 du chapitre 14 de l'Apocalypse, nous présentent la gloire du résidu, mais ils ne montent pas. Ayant souffert, ils ont une bénédiction spéciale, mais avec Christ sur la terre. Nous le verrons tel qu'il est; ils le verront quand il sortira avec nous. Mais tandis qu'il est au dedans du voile, le Saint Esprit en est sorti, et nous le connaissons là, car nous sommes célestes. En Actes 2: 38, il est seulement dit: «Vous recevrez le don du Saint Esprit».

Quant à l'historique (Actes des Apôtres 2: 1-4), je ne crois pas que le passage dépasse la descente du Saint Esprit en puissance, seulement nous avons «l'assemblée» à la fin du chapitre. L'union avec Christ, et l'unité du corps qui suit la mort et la résurrection avec Christ, n'y sont pas. Dans tous les points, Paul est seul sur ce terrain. Le Saint Esprit était répandu (Actes des Apôtres 2: 33) pour l'accomplissement de la prophétie, mais aussi de la promesse du Christ, ce qui est quelque chose de plus. Le récit d'Actes 2 suit l'évangile de Luc, en ajoutant ce trait de Jean (*), mais n'entre nullement dans la doctrine de l'union avec un Christ céleste, et suppose un rassemblement terrestre de l'Eglise commençant à Jérusalem avec les Juifs, et avec la puissance nécessaire pour cela. — Dans ce chapitre, Christ est ressuscité, non pas nous ressuscités avec Lui. — Sous ce rapport Paul parle autrement du baptême.

Votre bien affectionné.

 (*) Jean 20: 22. (Editeur)

Lettre de J.N.D. no 260 – ME 1900 page 415

à Mr P.S.

Londres, mars 1862

Bien cher frère,

J'avais commencé par les Psaumes (*), oubliant qu'il y avait dans l'enveloppe votre petit écrit sur l'Eglise, et que je devais vous le renvoyer. Je viens de le lire et je n'ai aucune observation critique à faire — sauf que je ne crois pas qu'il soit exact (je me suis souvent servi autrefois de ce terme sans y faire attention) de dire: le Saint Esprit habite dans le corps — il habite dans la maison; il unit les membres du corps à la Tête, et les membres les uns aux autres, et constitue ainsi l'unité du corps. Je crois qu'en un endroit il est dit que le chrétien est uni dans une seule vie, mais je ne puis retrouver l'expression. Je crois que c'est le Saint Esprit qui forme l'unité, non pas la vie. Il n'y a rien d'autre à remarquer, j'ai joui de votre écrit. Ici j'ai dû revenir un peu sur ce point, car le parti de Béthesda paraît maintenant nier d'un côté la possibilité de la souillure d'une assemblée, et de l'autre l'existence d'un corps sur la terre. On a publié un traité qui dit que si une assemblée admettait la fornication, qu'il y en eût au milieu d'elle, et que l'assemblée refusât de se purifier, on devait y rester; que l'assemblée ne pouvait être souillée mais seulement l'individu, et qu'il en était de même si les blasphèmes et l'hérésie étaient enseignés; que ceux-là seuls seraient souillés qui les recevraient dans leurs coeurs. Mais de telles doctrines font plutôt du bien en se manifestant.

(*) Traduction de l'Etude sur les Psaumes.

Je pense que vous n'aurez pas d'objection à ce qu'on traduise votre écrit lorsqu'il sera publié.

Ce serait une joie pour moi de vous revoir tous, mais comme je l'ai dit à H.P., je ne suis que comme un soldat sous son chef. Savez-vous que j'ai quelque idée de me rendre cet été au Canada, si cela se peut. Il y a des réunions là-bas qui désirent me voir, et un frère qui y a travaillé s'y rendrait avec moi.

Je crois que Dieu m'a amené en Angleterre au moment opportun — ce qui m'encourage — car non seulement la doctrine newtonienne se reproduisait plus publiquement en Ecosse où du reste elle avait toujours été et aussi dans des publications religieuses, la question de Béthesda devenait ainsi une question générale. L'unité des enfants de Dieu doit-elle avoir lieu sur le pied de l'indifférence à la vérité ou sur le pied de l'apôtre Jean, quand il dit: «Que j'aime dans la vérité» et «pour l'amour de la vérité»? Tout se dissout et les chrétiens sentent qu'il faut être chrétiens. Il y a beaucoup de bien, mais beaucoup de mal, et il est très important d'avoir un fil conducteur, un fil scripturaire pour se retrouver. Croiriez-vous qu'ils en sont venus à dire que Christ était tellement envisagé comme lépreux, que Dieu ne lui a pas permis de coucher à Jérusalem!

Au reste, Dieu bénit les frères sensiblement. Nous sommes ici dans un local qui contient trois fois autant de personnes que celui où nous nous réunissions il y a une année environ. Il est déjà question d'avoir d'autres réunions; il y a d'intéressants jeunes hommes qui travaillent dans différents quartiers de la ville, et cela dure.

… Je publie une réponse aux Essais incrédules1 qui ont fait tant de bruit en Angleterre; tout cela, avec d'autres publications, m'a beaucoup occupé.

Votre bien affectionné frère.

 (*) Essays and Reviews.

Lettre de J.N.D. no 261 – ME 1900 page 436

à Mr P.S.

Londres, juillet? 1862

Bien cher frère,

Les Dialogues (*) ont été assez rapidement vendus ici, et ont donné du repos à beaucoup d'esprits de croyants, qui étaient quelque peu harassés par ces attaques.

Le pauvre P.B.! J'espère que ce coup sera de la part de Dieu un moyen et une occasion de bénédiction pour son âme. Souvent Dieu brise ainsi la volonté et ouvre l'accès du coeur; il est si bon! Dites-lui, si vous le voyez, tout l'intérêt que je lui porte dans son chagrin, et que je forme le voeu que cette traverse soit, dans les voies de Dieu lui-même, pour le bien de son âme, et qu'il soit assuré que ses voies sont bonnes et pleines d'amour pour nous.

(*) Dialogues on the Essays and Reviews.

Quant à Genèse 3: 16, et 1 Corinthiens 11, vous trouverez les deux principes en 1 Timothée 2: 13, 14. Je crois qu'il y avait une différence. Il y avait pour l'homme une certaine prééminence lors de la création même. Quand on forme une chose pour une autre, elle tient certainement dans un sens la seconde place, Mais il y avait en même temps une grande différence. On y avait de l'ordre; l'existence et la vie de la femme ainsi que sa position se rapportaient à l'homme, non pas celle de l'homme à la femme, bien qu'ensuite, comme dit l'apôtre, l'homme soit par la femme; mais en Genèse 2, la femme est une aide qui correspondait à ce qu'il était, évidemment donnée à l'homme, c'est la première place mais «semblable» devant lui (ein gegenstück); c'est la place comme n'étant pas inférieure. Tandis qu'après le péché son désir sera tourné vers son mari avec le sentiment de dépendance et d'infériorité, comme nous l'exprimons en anglais, dans un bon sens;  «looking up to». La femme avait désormais besoin de l'homme comme d'un soutien, ne pouvait s'en passer, et lui, dominerait sur elle. Ce n'est pas le même mot, mais à peu près le même sens que ce qui est dit de la domination de l'homme sur les bêtes seules (Genèse 1: 28). Une aide semblable à l'homme est différent d'une relation de dépendance et de domination, mais tout de même une aide subordonnée. Nous trouvons ces deux relations entre Christ et l'Eglise, mais en grâce.

Adieu, cher frère. Si je visite la France je tâcherai de vous voir, ne fût-ce qu'en courant. Dans ce moment, je suis occupé de l'impression des Dialogues.

Saluez bien, je vous prie, tous les frères.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 262 – ME 1900 page 438

à Mr P.S.

Londres, août? 1862

Bien-aimé frère,

Je réponds premièrement à vos questions:

L'Essai de de Wette, n'est que l'Esaïe de Gesenius rationaliste déclaré. Je ne doute nullement que le sens d'Esaïe 42: 6, ne soit: «Je t'ai appelé en justice». Je fais valoir ma justice en t'appelant. Dieu établit ainsi ce qu'il a promis et ce qu'il est. Nous avons, dit Pierre, l'Evangile par la justice de notre Dieu et Sauveur. La justice, c'est être conséquent avec les relations dans lesquelles on se trouve. Quand il s'agit de Dieu, c'est être conséquent avec Lui-même, soit fidèle à ses promesses, soit juste en punissant, etc. Ainsi il a appelé Cyrus pour accomplir l'oeuvre dans laquelle ce qu'il est sera manifesté (autant que cela s'est fait alors). C'est pourquoi, au chapitre 42, il passe outre et parle du Christ en qui cela a lieu parfaitement. Au verset 21, «lui» ne se trouve pas du tout. Les Juifs et de Wette traduisent: «Il s'est plu à faire grande la loi». Je pense que le sens est que Dieu agit selon son bon plaisir (en faveur de son peuple) pour l'amour de sa justice: seiner Gerechtigkeit wegen. Er vollbringt sein Wohlgefallen, thut es in Wirklichkeit durch Christum. Dieses Volk ist aber geplündert. Warum das? denn es ist das Volk Gottes, etc.

Au chapitre 41: 25, c'est bien Cyrus. Au verset 27, Jéhovah dit que c'est Lui qui est le premier qui ait annoncé à Sion la délivrance. Il jette à tous les faux dieux le défi de dire ce qui allait arriver, mais Lui l'annonce à son peuple, prenant plaisir à leur délivrance. Les bonnes nouvelles du moment étaient bien par Cyrus, mais l'habitude de l'Esprit de prophétie est d'encourager par des délivrances du moment, mais ensuite de s'étendre à des temps à venir où la vraie délivrance arriverait. Souvent on a de la peine à trouver le moment où il passe de l'un à l'autre, mais le fait est clair. Ceci se retrouve partout. Ainsi de Cyrus il passe à Christ. Israël aurait dû être le serviteur, mais il était infidèle; Cyrus a délivré dans le temps; le vrai serviteur, c'est Christ. Annoncé ici, au chapitre 42, nous avons son histoire et au chapitre 49, comment il remplace Israël selon la chair.

Ce que vous demandez sur Lévitique 16, a une certaine importance; la question se retrouve en Hébreux 2: 17. Le souverain sacrificateur dans cet acte n'agissait pas comme sacrificateur dans le sens ordinaire. Il n'était pas entre le peuple et Dieu; il représentait le peuple. C'est pourquoi lui met ses mains sur la tête de la victime, l'égorge, etc. Il est tout seul pour cette oeuvre, il est le peuple; seulement il fallait avoir un représentant; mais il n'était pas entre le peuple et Dieu en vertu du sang; lui près, les autres loin. C'est le peuple qui vient dans sa personne, seulement il était pur pour cela. Il en était de même de Christ. Maintenant il intercède auprès de Dieu en vertu de son oeuvre. Sur la croix il représentait devant Dieu l'état de péché dans lequel son peuple se trouvait, seulement le Sauveur était aussi victime. Il a confessé nos péchés sur sa propre tête.

Je suis toujours en suspens à l'égard de mon voyage au Canada, parce que je dépends de l'imprimeur. Il ne reste plus que trois feuilles de mes Dialogues à imprimer, mais le travail va si lentement que je ne sais s'il ne sera pas trop tard pour revenir cette année en Europe. J'ai écrit à celui qui, à vue humaine, sera mon guide, pour lui en parler.

Votre toujours affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 263 – ME 1900 page 458

à Mr P.S.

Toronto (Canada), mai, 1863

Bien cher frère,

Depuis quelque temps je pensais vous écrire quand votre lettre est arrivée. Je suis très heureux de recevoir de vos nouvelles ainsi que celles que vous me donnez des frères. Ici Dieu a été sensiblement avec moi. Il fallait de la foi, à moi du moins qui crains la mer, pour traverser à mon âge l'océan pour la première fois. Je n'ai pas souffert; j'ai travaillé dans ma cabine comme de coutume, après deux jours pendant lesquels j'ai dû me ménager sans toutefois avoir le mal de mer. Seul, sur une centaine de passagers, je n'ai pas été malade, et cependant la mer était houleuse, le vent a même déchiré une voile. Partout Dieu bénit mon oeuvre ici. Notre frère M. E. y avait, peut-on dire, fondé des réunions. Il y avait déjà bien des frères, mais tout était mélangé, le bien et le mal, les amis de Newton, Bethesda, et les frères. Tout cela a été tiré au clair, et presque tous marchent fidèlement. Les émigrés exposaient ici les frères à ces dangers plus même qu'en Angleterre, mais, sauf dans un endroit où je connaissais les individus, je n'ai pas eu à m'en mêler. M. E. avait été aussi béni par des conversions et au milieu d'Allemands et de Suisses. Il n'a pas pu découvrir les frères français; maintenant nous savons où ils demeurent et nous espérons les voir; ils sont dans les Etats-Unis près de la frontière. J'ai été à Québec, Toronto, Guelph, Hamilton, Brantford, où j'ai visité les Indiens. Sauf à Montréal où j'ai été malade, il y a eu des âmes ajoutées et des âmes réveillées.

Le catéchiste des Anglicans au milieu des «Indiens des six nations», mohawk de race, a reçu la pleine grâce de l'Evangile, et je crois qu'il quittera ce système; il prêchait déjà dans la chapelle. Il a été mon interprète dans une assemblée de trois ou quatre cents Indiens — deux d'entre eux, je l'espère, ont reçu du bien — il est très intelligent. Au moment de mon arrivée deux ministres anglicans quittaient l'anglicanisme; peu après ils ont rompu le pain pour la première fois. L'un était ministre anglican au milieu des Indiens à Hamilton; tant d'âmes de toute espèce ont été travaillées, que je pense, Dieu voulant, y retourner la semaine prochaine. Nous avons eu une conférence à Guelph, où Dieu nous a abondamment bénis. Des frères de la forêt (on l'appelle Bush), où il n'y avait que des ours et des loups il y a cinq ou six ans, y ont assisté. J'ai été frappé de leur intelligence et de l'intérêt qu'ils prenaient à la Parole. Du reste il y avait beaucoup de fraîcheur et de sérieux; on sentait la présence de Dieu. Je pense visiter ces endroits plus tard.

Ce qui frappe c'est un simple et clair Evangile, une oeuvre accomplie, le salut. On ne vient pas en foule mais les âmes s'intéressent profondément à la vérité. On voit que l'Esprit opère. Les locaux cependant se remplissent.

… Quant à ce pauvre M., j'ai peine à croire certaines choses. La discipline était en tout cas juste et nécessaire et M. a un caractère très orgueilleux. Il est tombé bien bas, et il n'en disconvient pas; mais je ne suis pas convaincu que tout ce qu'on a dit soit vrai. C'est un frère qui a été largement béni. Il est certain qu'il avait besoin de ce châtiment. C'était un cas terrible; j'y vois la fidélité de Dieu. J'avais appris que les frères, ayant été fidèles en jugeant ce mal, le monde n'a pas été détourné des réunions. Dieu est plein de bonté et toujours fidèle. C'est un bien qu'il ne supporte pas le mal. Il est le Dieu de sainteté, et s'il ne l'était pas le bonheur ne serait pas possible.

Que Dieu bénisse et garde vos enfants, cher frère. Les voilà à peu près lancés dans le monde, cet océan de vanité et de péché, mais où Christ garde les siens et leur enseigne à s'attacher à Lui, seule source de force et de bonheur. Lui seul demeure. Je sens d'une manière toujours plus sensible qu'il est tout. Que voulez-vous d'autre? Il est l'objet des délices du Père, Celui qui le manifeste. Tout ce qui est dans le monde disparaît, même avec la nature qui lui appartient.

Que Dieu nous garde près de Lui. Il y a liberté, énergie, joie, quand on est avec Lui. Sous ce rapport, l'épître aux Philippiens m'a beaucoup intéressé, il y a quelque temps. Le péché, ni la chair en tant qu'agissant en nous, n'y sont nommés. Le saint peut tout, est au-dessus de tout. En 2 Corinthiens, c'est la force divine, dans la conscience de la faiblesse du vase. En 1 Corinthiens, la confiance en Dieu, en présence du mal qui envahit les autres. En Philippiens on se réjouit toujours; en 2 Corinthiens, Dieu console les abattus et la force du Christ s'accomplit dans l'infirmité. En 1 Corinthiens, il sait que Dieu les affermira jusqu'à la fin pour les présenter irréprochables, eux qui alors marchaient très mal.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 264 – ME 1900 page 472

à Mr P.S.

Canada, mars? 1863

Bien cher frère,

Il y a longtemps déjà que j'ai reçu votre bonne lettre qui de toute manière m'a fait plaisir, mais j'étais dans les détails de l'oeuvre comme un journalier et je renvoyais toujours ma réponse. L'oeuvre ici est une oeuvre de grande patience et le sera encore, me semble-t-il pour un temps. On est tellement occupé de la poursuite des objets mondains que les choses de Dieu ont peu de place. Elles en ont beaucoup dans les Etats-Unis, s'il s'agit d'activité extérieure. On jette aussitôt les jeunes âmes dans cette activité. Une excitation fiévreuse seule les soutient dans la paix, si paix on peut l'appeler, et la mondanité des chrétiens est épouvantable: personne n'est affranchi. Cela tend à jeter le mépris sur ce qui sonde l'âme, sur une vie qui est réellement la vie de Christ dans l'âme. Toutefois l'oeuvre a porté des fruits; je ne sais si je vous ai dit qu'il y a des commencements de réunions à Galveston (Texas), à San Francisco, dans la Caroline du nord, par le moyen de frères sortis du milieu de nous, principalement de New York. A Québec, ville très morte et mondaine, il y a un mouvement remarquable tout est en émoi au sujet de l'Evangile par le moyen d'un de nos frères venus d'Angleterre. Autrement l'oeuvre se fait en général paisiblement dans le Canada, mais tout doucement. Dans le Michigan et dans l'Illinois, il y a progrès; l'oeuvre s'étend sensiblement.

Je me rappelle avoir entendu parler quelque part de ce que vous dites à l'égard de la faveur du Père quand le Sauveur adorable était sur la croix. Je crois que c'est quelque chose que M. Newton a dit; mais ce pauvre ami disait toujours des choses pour s'opposer à une vérité annoncée, sans s'inquiéter si ce qu'il disait était la vérité ou non. Ceci a l'air dur, mais c'est ce qu'il faisait habituellement. Or je n'ai aucun doute au sujet de la parfaite justesse de la pensée que vous émettez (*). Il est évident que «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?» n'est pas la jouissance de la faveur du Père, de la clarté de la face de Dieu. Une telle jouissance aurait faussé ou plutôt détruit la réalité de la coupe que, dans sa grâce infinie, il a bue pour nous. En même temps jamais son obéissance n'a été aussi agréable à Dieu, comme il est dit: «C'est pourquoi mon Père m'aime, parce que je laisse ma vie afin que je la reprenne». Mot merveilleux qui montre qui il était. Car qui pouvait donner un motif à Dieu pour l'aimer, un motif puisé dans les propres actes du Seigneur.

(*) Voici en quels termes le correspondant de J.N.D. exposait sa pensée:

«Peut-on dire, comme je le vois écrit quelque part, que Jésus n'a pas perdu un seul instant le sentiment et la jouissance de sa relation avec le Père?» Je comprends bien (si je puis dire ainsi) qu'il n'a jamais été plus aimé et digne d'être aimé du Père qu'à la croix; il savait ce qu'il faisait en laissant sa vie, selon Jean 10: 17, et il présentait un motif nouveau à l'amour du Père. Mais la jouissance de l'amour du Père, n'est-ce pas autre chose, et qui n'était pas possible quand Dieu l'avait abandonné et faisait peser sa colère sur Lui? Est-ce que la communion avec son Dieu et Père n'est pas la condition nécessaire de l'intercession, et est-ce que l'abandon de Dieu n'est pas exclusif de la communion quant à l'état de l'âme du Sauveur? Est-ce qu'il ne ressort pas clairement des évangiles synoptiques que, dans les trois premières heures de la croix, le Seigneur Jésus était en pleine communion avec son Dieu et Père pour ce qui est de sa propre personne, et ainsi il a pu dire: «Père, pardonne-leur», dans l'activité de son amour; — et que, dans les trois dernières heures, il était passif, si je puis dire ainsi, souffrant l'abandon de Dieu et privé, quant à son âme, des communications de l'amour de son Père? Ensuite, à la fin, il peut dire: «Père, entre tes mains» je remets mon esprit», parce que le flot a passé et qu'il a droit de dire «Père!» Sans doute le mystère de sa personne cache des choses que nous ne pouvons pas sonder, car, tout en étant homme et en mourant, il était le Fils du Dieu vivant, il était Dieu; mais n'est-il pas vrai que l'abandon de Dieu exclut la jouissance de la communion de l'amour du Père et la double activité de Christ, en Luc 23: 34 et 43, vis-à-vis du Père et puis du brigand?» (Note de la rédaction)

Quant à l'autre question, notre frère G. l'a soulevée ici; je ne lutte pas sur cette question; c'est une affaire de clarté d'exposition et non de doctrine, de sorte qu'on peut avoir patience. Je veux parler de la question de l'Epouse de l'Agneau; mais pour ma part je ne comprends pas comment, en lisant Ephésiens 5, on peut échapper à la conviction que l'Eglise est l'Epouse de l'Agneau. On a voulu que le corps soit l'Eglise et que l'Epouse embrasse les saints de l'Ancien Testament aussi. Mais avec le chapitre 5 des Ephésiens, je ne saurais séparer les deux choses; on a bien dit que l'Eglise n'est pas nommée femme dans ce passage, mais si le mot n'y est pas, la chose y est bien. Abraham jouira de la cité comme un Israélite jouissait de Jérusalem sans en faire partie, et l'expression est plus vague d'un côté et plus précise de l'autre qu'on ne le pense. Il est dit «la cité», non une cité; voilà ce qui est plus précis, mais «qui a des fondements», c'est vague, cela caractérise seulement. Il était pèlerin et étranger, mais son repos était plus haut et céleste. L'établissement de l'Eglise en autorité avec Christ, fondera l'empire universel de Dieu, comme Babylone a été le siège de l'empire de Nebucadnetsar. Abraham jouira d'une manière céleste de cette sainte cité, mais il ne sera pas la cité elle-même; la cité, c'est l'Eglise.

Quant à l'adoption (*), deux passages décident la question pour moi. Galates 4: il ne différait en rien d'un esclave quoiqu'il fût seigneur de tout. Ensuite Christ est venu, «né de femme, né sous la loi, pour qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption». Puis Jean 1: «A ceux qui l'ont reçu il a donné le droit d'être enfants de Dieu» (tecna  Qeon  genesqai), de prendre cette place. Sans doute les anciens fidèles étaient nés de Dieu; ils auront part au règne. Mais l'adoption n'était pas révélée jusqu'à ce que le Fils fût révélé, et, jusqu'à ce que le rachat fût accompli, les disciples ne pouvaient pas prendre cette place. Christ leur révélait bien le nom du Père. C'est une des choses qu'il a faites sur la terre, étant lui-même Fils dans le sein du Père. Mais ce n'est qu'après sa résurrection qu'il appelle ses disciples, ses frères, et c'est seulement quand le Saint Esprit est descendu, que les disciples, ayant reçu l'Esprit d'adoption, ont pu crier: Abba Père. La nation était le premier-né de Jéhovah, et la prophétie appelle dans le millénium les Israélites fils et filles de Jéhovah.

(*) Le correspondant disait:

«Un frère a beaucoup insisté ici sur ce que les Juifs avaient l'adoption comme nous et dans le même sens, complètement, se fondant sur Romains 9: 4 et Galates 4. Il me semble pourtant qu'il y a une adoption pour la terre, comme peuple, et une pour le ciel avec Christ monté en haut». (Note de la rédaction)

Je me réjouis fort de la bénédiction dont Dieu couronne l'oeuvre autour de vous, cher frère, et autour de votre chère soeur en Alsace.

J'ai examiné avec un peu plus de suite le concile de Trente, puis aussi les dogmes presbytériens. Je sens toujours davantage combien c'est un éloignement général, universel, du chemin de la Bible, de la parole de Dieu. On a bien éliminé des abus; on a introduit quelques vérités et cela en souffrant avec foi pour le Seigneur. Les individus, mon coeur les embrasse avec joie, et je les honore de tout mon coeur, mais le tout est un gâchis. On sent qu'on est dans les derniers temps où tout est faux, même ce qui s'appelle Eglise, et que la parole de Dieu seule est vraie, et qu'il faut se coller à elle ou plutôt recevoir avec joie et soumission chaque parole qui sort de la bouche de Dieu, et par grâce vivre par son moyen. C'est ce que le Seigneur lui-même a fait dans sa grâce envers nous il a laissé les traces de ses pas et de son coeur d'amour; c'est un chemin sûr, un chemin consacré pour nous, en ce qu'il y a marché, quand même ce serait une via dolorosa pendant que nous y sommes.

Je ne sais si je fais bien de vous dire que M. L. nie à présent l'immortalité de l'âme. Cette vilaine doctrine infecte plus d'une branche de la Mission canadienne. Que Dieu les garde.

Mes cordiales salutations aux frères.

Votre tout affectionné.