«C'est moi» ou la voix de Jésus dans la tempête

Marc 6: 45-52 - T.G.

ME 1900 page 53

 

Ces mots qui sont sortis de la bouche bénie de notre précieux Sauveur, et qui ont rassuré les disciples ballottés par la tempête, ont aussi, bien souvent, ramené le calme et la paix dans l'âme de milliers de croyants battus par les épreuves et les afflictions de cette vie, ou exposés à l'opposition d'un monde ennemi du Seigneur et des siens. Mais pour que ces paroles puissent apporter à une âme la bénédiction, il est nécessaire qu'elle connaisse Jésus comme son Sauveur, connaissance qui ne s'acquiert pas par la simple intelligence humaine, mais par la foi, la foi du coeur, selon ce qui est dit: «On croit du coeur à justice» (Romains 10: 10). C'est cette foi qui saisit Christ et avec Lui la vie éternelle: «C'est ici la vie éternelle qu'ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ». Et encore: «En vérité, en vérité, je vous dis que celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 17: 3; 5: 24).

Mon cher lecteur chrétien comprend, sans doute, pourquoi j'insiste sur le fait qu'afin de pouvoir s'appliquer les paroles du Seigneur, il est nécessaire d'être à Lui, d'une manière consciente, de le connaître réellement. Dans la chrétienté professante, un grand nombre d'âmes se font illusion et se croient chrétiennes, sans avoir été régénérées, et cela simplement parce qu'elles ont une certaine connaissance des vérités de l'Evangile, qu'elles pratiquent certaines oeuvres et ont éprouvé parfois des émotions religieuses. Mais la parole de Dieu est positive: «Si quelqu'un n'est né de nouveau, né d'eau et de l'Esprit, il ne peut voir le royaume de Dieu, ni y entrer» (Jean 3: 5-7). «A tous ceux qui l'ont reçu (c'est-à-dire Christ), il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom» (Jean 1: 12). Ceux-là seuls sont vraiment chrétiens, et ont seuls le privilège de jouir des paroles du Seigneur: «C'est moi».

Le simple bon sens d'ailleurs nous dit qu'elles ne sont que pour le vrai disciple de Jésus, pour les brebis de son troupeau. Supposez, par exemple, qu'un mari soit absent de la maison depuis plusieurs jours, et vienne à rentrer plus tôt qu'on ne l'attendait et à une heure avancée de la nuit. Il frappe fort pour se faire entendre, et le premier effet est d'effrayer ceux de la maison, tirés ainsi brusquement de leur premier sommeil. Sa femme tremblante va à la porte, mais avant d'ouvrir, elle demande: «Qui est là?» Et son mari répond: «C'est moi!» La voix est connue, c'est celle d'une personne aimée, la crainte disparaît, et la porte s'ouvre aussitôt. Il en était ainsi des disciples dans cette nuit d'orage. Jésus était pour eux un Maître connu et aimé; sa voix réveille dans leurs coeurs des sentiments que nulle autre voix n'aurait pu faire vibrer. Heureux le disciple de nos jours pour qui il en est de même dans les jours de détresse auxquels nul ne peut se flatter d'échapper! Car le Seigneur a dit: «Vous avez de la tribulation dans le monde», et Paul nous avertit «que c'est par beaucoup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Actes des Apôtres 14: 22).

Les afflictions sont aussi diverses que nombreuses, mais Dieu, notre Père, s'en sert pour notre éducation spirituelle, comme la discipline à laquelle tout enfant de Dieu participe, selon ce que dit l'apôtre: «Vous endurez des peines comme discipline: Dieu agit envers vous comme envers des fils, car qui est le fils que le père ne discipline pas? Mais si vous êtes sans la discipline, à laquelle tous participent, alors vous êtes des bâtards et non pas des fils» (Hébreux 12: 7, 8). De plus, nous avons atteint «les temps fâcheux» qui caractérisent les derniers jours, des temps où tout devient difficile, et surtout le chemin du croyant, à cause de l'état de la chrétienté. C'est bien en effet maintenant que les hommes sont ce que Dieu nous annonce en 2 Timothée 3: 1-5, ce qu'ils étaient déjà dans le paganisme, mais avec cette différence aggravante pour le temps actuel, qu'ils «ont la forme de la piété, mais en ont renié la puissance».

Mais, chers amis, si les temps changent, le Seigneur ne change pas; sa voix est toujours, comme pour les disciples sur la mer agitée, une voix connue qui se fait entendre pour nous rassurer et nous encourager. Elle se faisait entendre à Jean, le disciple bien-aimé, lorsqu'à Patmos, effrayé et tremblant, il était tombé aux pieds du Seigneur. «Ne crains point», lui dit Jésus; «moi, je suis le premier et le dernier, et le vivant» (Apocalypse 1: 17, 18). Paul l'entendit aussi, lorsqu'à Corinthe, il était «dans la faiblesse, et dans la crainte, et dans un grand tremblement». Le Seigneur lui dit de nuit: «Ne crains point, Paul, mais parle, et ne te tais point, parce que je suis avec toi» (1 Corinthiens 2: 3; Actes des Apôtres 18: 9, 10). Et nous l'entendons dans la parole de Dieu, cette voix bénie, dans cette Parole qui nous reste au milieu de la ruine, des afflictions et des épreuves, et qui nous fait connaître le Dieu qui a et aura toujours «la puissance d'édifier et de nous donner un héritage avec tous les sanctifiés» (Actes des Apôtres 20: 32). Béni en soit son saint Nom!

Qu'elle est précieuse la parole de Dieu! Si l'ennemi déchaîne sa fureur et se montre sous son caractère de «lion rugissant», de persécuteur des saints, ceux-ci trouvent dans la Parole de puissants encouragements qui les soutiennent. Satan se présente-t-il comme le serpent ancien cherchant à séduire les enfants de Dieu par ses ruses, c'est encore la parole divine qui nous rendra capables de découvrir ses pièges, ainsi que les dangers venant du dedans ou du dehors. Et quand l'ennemi cherche à corrompre l'Eglise et à égarer les disciples du Seigneur par de fausses doctrines, c'est encore à cette précieuse Parole que nous avons à recourir. Il n'y a que la brebis qui connaît la voix du bon Berger; elle sait aussi discerner celle de l'étranger, mais c'est pour s'enfuir loin de lui (Jean 10: 4, 5).

Mais pour cela, il faut que Jésus ait sa place dans nos coeurs, qu'il domine dans nos affections. Que de pauvres âmes suivent le grand courant et sont entraînées par «l'erreur des pervers» (2 Pierre 3: 17), parce qu'elles accordent plus de confiance et d'affection à tel ou tel homme considéré dans sa congrégation ou à la congrégation elle-même, qu'à la voix du Seigneur. Alors la vue de l'âme s'obscurcit, et on ne sait plus chercher sa sauvegarde près du bon Berger, ce vrai surveillant de nos âmes (1 Pierre 2: 25).

Il est vrai que parfois les ordres du Seigneur que sa Parole nous donne, semblent bien mystérieux, surtout quand ils vont à l'encontre de nos pensées, contrecarrent nos plans, et s'opposent à nos goûts, mettant ainsi à l'épreuve notre foi et nos coeurs a l'égard du Seigneur. Ce fut le cas pour les disciples dans la circonstance que nous présente la portion de la Parole dont nous nous occupons.

Remarquons d'abord que, lorsque le Seigneur eut appelé les douze (Marc 3: 13, etc.), il les établit premièrement «pour être avec lui», et ensuite «pour les envoyer prêcher, et pour avoir autorité de guérir les maladies et de chasser les démons». Nous voyons en effet (Marc 6: 7, etc.), qu'il les envoya deux à deux faire leur premier voyage missionnaire, comme l'on dirait de nos jours. Au verset 30, ils reviennent auprès de Jésus et lui racontent ce qu'ils ont fait et enseigné. Le Seigneur, plein de tendresse, les invite à se retirer avec Lui dans un lieu désert, à l'écart, afin de s'y reposer un peu. Mais arrivés dans ce lieu, ils y trouvent une grande foule qui les y avait devancés. Quelle déception pour les disciples, car cette foule qui était comme des brebis sans berger, occupe aussitôt, le Seigneur, ému de compassion envers elle. Les disciples sont bien obligés de se soumettre et d'attendre, mais leur patience est bientôt à bout. Humainement parlant, on les comprend bien, n'est-ce pas? Alors ils demandent à Jésus de renvoyer la foule et cela pour deux raisons: l'heure était avancée et le lieu était désert. C'étaient de bonnes raisons pour les disciples qui ne pensaient qu'à eux-mêmes; pour le Seigneur, au contraire, c'était précisément ce qui le portait à ne pas renvoyer ceux qui s'étaient rassemblés auprès de Lui, mais à vouloir les nourrir, de peur qu'ils ne tombassent en défaillance en chemin (voyez chapitre 8: 3). Mais désirant que les disciples disposent de la puissance qui était là en Lui pour les besoins du peuple, Jésus leur dit: «Vous, donnez-leur à manger». Hélas! ils avaient enseigné, guéri des malades, chassé des démons, mais à présent ils ne savent pas s'élever à la hauteur de la pensée de Dieu, ni faire valoir la ressource de la grâce qui se dévoilait dans ces paroles: «Vous, donnez-leur à manger».

Et d'où vient cela? Simplement de ce qu'ils n'étaient pas dans les mêmes pensées et les mêmes sentiments que le Seigneur à l'égard de la foule. Il faut penser et sentir comme Lui, si l'on veut être en état d'agir comme Lui. Hors de la communion de pensée, il n'y a pas de communion d'action; c'est un point très important: il faut nous le rappeler. Le Seigneur alors agit selon les propres sentiments de son coeur, et nourrit miraculeusement la multitude.

«Et aussitôt il contraignit ses disciples de monter dans la nacelle, et d'aller devant lui à l'autre rive, vers Bethsaïda, tandis qu'il renvoyait la foule». Il dut les contraindre. Cet ordre pouvait en effet leur paraître étrange. Sans doute qu'ils n'en comprenaient pas la raison. Pourquoi leur Maître veut-il rester seul pour renvoyer la foule, et s'il préférait être seul, pourquoi ne pouvaient-ils pas l'attendre sur le rivage? Et comment les suivrait-il, s'ils prennent la nacelle? Voilà des questions, sans en compter d'autres, qui pouvaient surgir dans leur esprit. Mais l'ordre de partir devant Lui, leur avait été donné, et cela suffisait. Il en est de même pour les chrétiens à quelque époque que ce soit. Ils ont à accomplir et à traverser bien des choses sur l'ordre du Seigneur, sans en connaître le pourquoi. D'ailleurs un disciple soumis et obéissant ne dit pas: Pourquoi dois-je faire ceci? ou: Pourquoi dois-je passer par cela? mais avec l'apôtre, il dit: «Seigneur, que veux-tu que je fasse?» Un général d'armée, un capitaine de vaisseau, un chef de maison, donnent souvent des ordres dont la raison ni le but ne sont pas compris de leurs inférieurs, et qui, pourtant, sont immédiatement exécutés. Et nous, disciples du Sauveur, raisonnerions-nous, différerions-nous d'agir, parce que nous ne comprenons pas, et nous attirerions-nous le reproche: «Que t'importe? Toi, suis-moi»?

Non seulement la raison et le but de l'ordre nous semblent souvent obscurs, mais bien des fois ce que nous avons à faire est contraire à notre volonté, va à l'encontre de nos plans et renverse nos projets, ou ne s'accorde pas avec nos désirs et nos préférences. Comme nous l'avons dit, c'était le cas des disciples. Ils auraient mieux aimé rester avec leur Maître, jouir avec Lui de l'enthousiasme de la foule que le miracle des pains avait émerveillée (voyez Jean 6: 14, 15), plutôt que d'aller sans Lui dans la nacelle. Il leur semblait certainement faire une perte; mais les apparences trompent: en restant avec Lui ils n'auraient certes pas appris tout ce que leur séparation momentanée d'avec Lui selon son ordre, leur enseigna. Ainsi, dans ce cas, se séparer de Lui par obéissance valait mieux que de rester avec Lui en désobéissant. Et cela est toujours vrai et peut s'appliquer en bien des cas de notre vie chrétienne.

Nous avons, dans les versets 45 et suivants, une figure de l'état de choses actuel. La foule, congédiée par Jésus, représente Israël renvoyé comme nation dans le temps présent; tandis que, dans la petite troupe des disciples, nous voyons l'Eglise appelée à traverser ce monde semblable à une mer agitée, pendant que le Seigneur est là-haut priant pour nous, ainsi que nous le montrent les passages suivants: Romains 8: 34; Hébreux 4: 14, etc.; et 7: 25, etc. Mais hélas! nous perdons bien vite la conscience du lien qui nous unit à Christ, c'est-à-dire de son amour dont rien ne peut nous séparer. Le temps devait être calme, lorsqu'à la fin du jour les disciples s'embarquèrent sur l'ordre de Jésus, car la journée avait été belle, puisque les cinq mille qui mangèrent des pains s'étaient assis sur l'herbe verte. Ce fut après que les disciples eurent quitté le rivage que le vent se leva, la nacelle étant déjà au milieu de la mer. Ils pensaient avoir une agréable et facile traversée, et voilà l'orage et la peine. Il en arrive souvent de même au croyant. Il débute par un temps calme; ses premiers pas se font comme sur une pelouse bien unie; mais au jour le plus serein peut succéder une nuit orageuse. La mer semble d'abord calme, sans une ride, et en peu de temps elle est remuée jusqu'au fond par la tempête. Combien de fois ne voit-on pas des chrétiens jouir d'une vie douce et paisible, vraiment enviable, et soudainement tout est changé. La maladie survient, la mort frappe et vous enlève quelqu'un des êtres bien-aimés qui vous entourent. Un événement inattendu vient en un instant couper jusque dans leur racine nos plus chères espérances (voyez Job 17: 11), ou nous priver des moyens nécessaires à notre existence ici-bas. Ainsi le beau temps et le calme sont choses toujours incertaines et de peu de durée. Il faut être prêts pour l'orage. Voyez les matelots; ils s'attendent toujours à rencontrer des tempêtes; aussi se munissent-ils de tout ce qui peut parer aux dangers qui les menacent et être pour eux des moyens de salut. Qu'ils sont insensés et à plaindre ceux qui traversent l'océan du monde, si souvent agité, sans avoir une espérance vivante, «comme une ancre de l'âme, sûre et ferme, et qui entre jusqu'au dedans du voile, où Jésus est entré comme notre précurseur» (Hébreux 6: 18-20). Avec Jésus, la plus terrible tempête n'est pas à redouter; sans Lui, le calme le plus profond est dangereux.

Voyez les disciples effrayés dans leur frêle embarcation, battue par le vent qui leur était contraire. Ils luttent contre les difficultés. Ils se tourmentent à ramer. La nuit était sombre, et le danger était imminent, car la nacelle était au milieu de la mer. Et ce qu'il y avait de pire, c'est qu'ils étaient seuls. Jésus n'était pas avec eux.

Quelle image fidèle des circonstances par lesquelles le chrétien passe et qui l'éprouvent souvent cruellement! Tous les nuages semblent parfois s'amonceler sur sa tête, les vents sont contraires et les ténèbres l'enveloppent de toutes parts. Que de périls le menacent! Et avec cela Jésus paraît être si loin! Puis l'ennemi des âmes lance ses dards enflammés, cherchant à le terrasser par des doutes, à l'ébranler par l'incrédulité, à l'effrayer en tournant ses regards sur lui-même et lui rappelant ses manquements, son peu de foi, ou sa piété défectueuse. Ou bien encore le chrétien se trouve exposé au courant de doctrines perverses et étrangères, sans avoir pour les discerner et les rejeter une capacité spirituelle suffisante. Une autre fois il est éprouvé par quelque maladie longue et douloureuse qui même peut le rendre un objet de dégoût pour ses proches (voyez Job 19: 17-20), ou bien il perd ses biens, et est tourmenté par des soucis croissants et des anxiétés pénibles. Il aura peut-être à subir une suspension de son travail quotidien, du travail qui nourrit lui et les siens, ou bien il aura à supporter des injures et des opprobres de la part des ennemis, ou, ce qui est plus douloureux, l'indifférence ou l'inconstance de ses amis. Que de parents aussi soupirent en voyant leurs enfants choisir le chemin large, et payer leurs soins et leur affection par l'ingratitude et la révolte. D'autres pleurent des êtres chéris que la mort leur a ravis, laissant un vide que rien ne peut remplir. Oh! que de sombres nuages sont souvent amoncelés sur le fidèle, jusqu'à ce qu'enfin un rayon de lumière se fasse jour dans son coeur et vienne le réjouir et le calmer au milieu des dangers et des détresses!

Peut-être mon lecteur trouvera-t-il que ce tableau est trop noir et que le chemin du chrétien ne rencontre pas tant de difficultés. Quand on est l'objet de la tendre et constante sollicitude du Seigneur Jésus, direz-vous, Lui notre Sauveur, notre Protecteur, notre Ami, de tels troubles peuvent-ils m'assaillir, de tels malheurs peuvent-ils m'atteindre? Je réponds: Les disciples se sont trouvés dans les difficultés et cependant Jésus était sur la terre. Sa présence ne les préserva pas de la tempête, et pourtant il n'était pas indifférent à leur égard. Ainsi, cher lecteur, ne soyez ni étonné, ni découragé, si vous êtes quelquefois comme sur une mer orageuse dont les flots se soulèvent sous l'effort de vents contraires. Qui pourrait supposer que l'océan restera toujours calme. La carrière du chrétien se distingue bien plutôt par des épreuves, que par l'exemption de souffrances. Comme nous l'avons déjà dit: «C'est par beaucoup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu». Le Seigneur ne nous dit nulle part que nous ne rencontrerons pas d'orages, mais il nous assure de sa tendre sympathie pour nous dans l'épreuve, de son secours et de la délivrance qu'il nous accordera, lorsque le but qu'il se propose à notre égard sera atteint. «Aucune tentation ne vous est survenue», dit l'apôtre, «qui n'ait été une tentation humaine, et Dieu est fidèle, non pour vous en préserver, mais il ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de ce que vous pouvez supporter — non l'éviter — mais avec la tentation, il fera aussi l'issue, afin que vous puissiez la supporter» (1 Corinthiens 10: 13). Les saints de tous les temps ont été éprouvés, ont eu à essuyer des tempêtes. Le Seigneur Jésus lui-même a pu dire: «Toutes tes vagues et tes flots ont passé sur moi», et «tu m'as accablé de toutes tes vagues» (Psaumes 42: 7; 88: 7). Il dut en toutes choses, être rendu semblable à ses frères, et «il a été tenté en toutes choses, à part le péché» (Hébreux 2: 17, etc.; 4: 15). «Bien-aimés», dit Pierre, «ne trouvez pas étrange le feu ardent qui est au milieu de vous, qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s'il vous arrivait quelque chose d'extraordinaire» (1 Pierre 4: 12).

On rencontre parfois des personnes pieuses qui admettent que des épreuves atteignent des chrétiens charnels et mondains comme avertissement et châtiment. Mais elles ont de la peine à concevoir qu'elles soient la part de ceux qui sont spirituels et fidèles dans leur marche. C'est une erreur qu'un moment de réflexion suffit pour corriger. Voyez Christ, l'homme parfait dans son obéissance et sa dépendance. Il n'a jamais dévié du sentier de la volonté de son Père, et cependant il disait à ses apôtres: «Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations» (Luc 22: 28). Oui, de la crèche à la croix, son chemin fut un sentier d'épreuves et d'afflictions. Que de fois la tempête s'est déchaînée contre Lui, et avec quelle violence surtout dans le moment suprême où son obéissance fut consommée à la croix!

Paul était un éminent apôtre, un dévoué serviteur du Seigneur; il pouvait dire: «Soyez mes imitateurs, comme moi je le suis du Christ;» mais lui aussi fut exposé aux épreuves et aux tribulations de tous genres, comme le prouvent les passages suivants: 2 Corinthiens 1: 3-10; 4: 7, etc.; 6: 4-10; 11: 23, etc.; sans compter l'écharde qui lui fut donnée pour la chair (2 Corinthiens 12), afin qu'il fût maintenu dans l'humilité. Jean, le disciple que le Seigneur aimait, n'a point été exempt de tribulations, comme nous le voyons en Apocalypse 1: 9. Et la portion même des Ecritures qui nous occupe, prouve aussi que la tempête peut s'élever contre nous, même lorsque nous agissons en parfaite harmonie avec la volonté du Seigneur.

Les disciples ne s'étaient pas embarqués sans son ordre, et cependant la tempête les assaillit. Le Seigneur, en les contraignant de monter dans la nacelle, savait que le vent se lèverait. C'est de Lui qu'il est dit: «Il a commandé, et a fait venir un vent de tempête, qui souleva ses flots» (Psaumes 107: 25). Chers amis, gardons-nous bien de ne jamais chercher dans le succès la preuve du devoir. Les difficultés que nous rencontrons dans notre chemin, lorsque nous nous laissons diriger par la parole de Dieu, ne sont nullement une preuve que nous nous sommes trompés. Celui qui conduit ses bien-aimés rachetés, est aussi Celui qui dirige les événements, les petits comme les grands, ceux qui réjouissent aussi bien que ceux qui affligent ou effrayent. Sa volonté peut être que nous rencontrions la tempête. Il savait les difficultés qui surgiraient sur notre chemin, lorsqu'il nous l'a tracé. Et la foi ne retourne jamais en arrière (Hébreux 11: 15). Lorsque le vent leur devint contraire, les disciples auraient pu désirer retourner au rivage qu'ils avaient quitté, d'autant plus que leur Maître s'y trouvait encore et que, dans cette direction, le vent leur aurait été favorable. Mais Jésus leur avait donné l'ordre d'aller «à l'autre rive», et ainsi ils continuèrent bravement à ramer, bien qu'ils n'avançassent presque pas. Ils n'étaient pas responsables du vent qui leur était contraire, mais bien d'obéir à leur Maître et de faire tous leurs efforts dans ce but. Ainsi aucune difficulté ne doit nous arrêter, non pas même un instant, dans le sentier de l'obéissance. Il faut que la proue de notre navire soit toujours dans la direction de l'ordre du Maître, quelque terribles, quelque puissantes que soient les vagues qui viennent se briser contre lui. Quoiqu'elles semblent nous repousser en arrière, nous avancerons cependant en les combattant avec persévérance. Christ nous assure la victoire, si nous demeurons fidèles. Il vaut mieux faire la perte de tout, si telle est sa volonté, que d'acquérir quelque avantage temporel en battant en retraite devant l'orage. Il vaudrait même mieux périr dans la tempête que de chercher son salut dans une fuite qui ne serait autre chose que de la rébellion: «Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra; et quiconque perdra sa vie la trouvera».

Mais tandis que les disciples luttent ainsi contre le vent et les vagues, où est Jésus? Les a-t-il oubliés? Non; Jésus ne les oublie pas. Seul avec son Dieu sur la montagne, il est occupé d'eux dans sa prière; il les porte sur son coeur, car il n'ignorait pas leur détresse, ainsi que nous lisons: «Et les voyant se tourmenter à ramer». Et vous, cher lecteur chrétien, vous êtes peut-être dans quelque épreuve douloureuse, agité et battu par la tempête. Les autres, vos amis intimes même, ne la connaissent pas, car il y a des chagrins secrets qui rongent le coeur, des soucis inconnus aux autres, des difficultés de tous genres que vous ne pouvez dire à personne, des fardeaux qu'il faut porter seul, mais plus on est seul, plus il est facile d'introduire le Seigneur dans ce qui nous tourmente. Lui n'ignore rien; il connaît les douleurs les plus cachées, les inquiétudes et les soucis les plus secrets de notre coeur, ainsi que les dangers qui se trouvent dans notre chemin et dont parfois nous ne nous doutons même pas: Il connaît tout.

Il savait le danger que courait son disciple Pierre, lorsqu'il comptait sur sa propre force pour suivre son Maître, et en prison et à la mort. Et Jésus lui dit, en l'avertissant de sa folle présomption: «J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point» (Luc 22: 31, 32). Remarquez que Jésus ne dit pas: «Je prierai pour toi», mais «j'ai prié pour toi». Ainsi son intercession précède nos dangers, les tempêtes que nous devons traverser, les tribulations que nous avons à subir, car il est dit: «Si cela est nécessaire» (1 Pierre 1: 6).

Précieuse vérité! grâce infinie! de savoir que le Seigneur là-haut s'occupe de nous, afin que la grâce de Dieu nous vienne en secours au moment opportun (Hébreux 4: 14, etc.). Cela donne à la fois confiance et liberté pour nous approcher du trône de la grâce.

Lecteur, qui êtes peut-être accablé et découragé, ayez confiance: le Seigneur pense à vous et s'occupe de vos besoins. Il n'est pas comme Moïse dont les mains se lassaient d'être élevées, ce qui donnait momentanément la victoire à Amalek, l'ennemi du peuple de Dieu. Mais il est dit, en parlant de Christ: «Celui-ci, parce qu'il demeure éternellement, a la sacrificature qui ne se transmet pas. De là vient aussi qu'il peut sauver entièrement ceux qui s'approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux» (Hébreux 7: 24, 25). Ayez donc confiance. La tempête peut être terrible, l'épreuve longue et douloureuse, mais le Seigneur le sait; il vous voit languir et souffrir, comme il voyait les disciples «se tourmenter à ramer», et soyez sûr qu'il interviendra au moment où il le faudra.

En Jean 6: 19, nous lisons: «Ayant donc ramé environ vingt-cinq à trente stades», et dans le récit de Marc: «Vers la quatrième veille de la nuit». Cher lecteur, le chemin est mesuré et le temps est compté. «Vous aurez une tribulation de dix jours», est-il dit aux souffrants à Smyrne (Apocalypse 2: 10), mais vous ne serez pas tentés «au delà de ce que vous pouvez supporter». Trente-cinq stades auraient dépassé la mesure de la foi des disciples; «vers la quatrième veille de la nuit» était le moment opportun, aussi bien pour le coeur du Seigneur que pour la foi des disciples.

Il est vrai qu'il n'y a rien de tel que les tempêtes, les éléments déchaînés, rien de tel que les épreuves, et surtout celles qui touchent aux parties sensibles de nos affections et des tendances naturelles de nos coeurs, pour manifester la pauvreté de notre état spirituel, notre peu de foi et de confiance. C'est ce que notre récit montre aussi. Si la profonde obscurité de la nuit n'était pas un obstacle qui empêchât le regard du Seigneur de voir les disciples se tourmenter à ramer, est-ce que la mer démontée et furieuse pourrait l'arrêter, Lui dont il est dit: «Les eaux t'ont vu, elles ont tremblé; les abîmes aussi se sont émus… Ta voie est dans la mer, et tes sentiers dans les grandes eaux; et tes traces ne sont pas connues»? (Psaumes 77: 16, 19). Non, mon cher lecteur, les flots en tourmente n'étaient pas un obstacle pour Jésus; il pouvait se frayer un sentier au travers des vagues écumantes pour aller secourir ses bien-aimés en détresse, et ainsi ils auraient pu chanter, comme nous le faisons quelquefois:

La délivrance est dans ton bras,

Et l'amour dans ton coeur:

Quel bonheur! toujours tu seras

Ma gloire et mon Sauveur.

Mais, hélas! les disciples n'étaient pas dans cet état heureux, absorbés qu'ils étaient par le danger de leur situation et la durée de leur lutte contre les flots tumultueux, et probablement très peu ou même pas occupés de l'amour qui remplissait le coeur de Jésus pour eux, ni de sa puissance à laquelle rien ne peut résister. S'ils avaient eu ces pensées-là, ils n'auraient pas cru voir en Lui «un fantôme». Non; sa miraculeuse intervention n'aurait été pour eux que toute naturelle, tout étrange et inattendue que fût sa venue.

Hélas! cher lecteur, n'en est-il pas souvent ainsi de nous? Quand l'épreuve devient intense et que sa durée semble dépasser toute mesure, on se trouve comme Zacharie, le père de Jean le Baptiseur, qui n'avait pas d'enfant, parce qu'Elisabeth, sa femme, était stérile. C'était une grande épreuve pour lui, un Israélite; mais il en fit un sujet de supplications (Luc 1: 7, 13), et cependant quand Dieu l'exauça, il ne put croire et regarda aux circonstances, au lieu de regarder à Dieu (verset 18). Cela n'arrêta pas la grâce de Dieu, ni ses desseins de miséricorde envers Israël; seulement Zacharie dut subir les conséquences de son incrédulité: il devint muet pour un temps. Le trouble des disciples, leurs cris en le voyant venir à eux marchant sur la mer, n'arrêtèrent pas le Seigneur. Au contraire; il se hâta de les rassurer en leur disant: «Ayez bon courage; C'EST MOI; n'ayez point de peur». Ainsi il calma ses disciples, et dissipa par ses paroles empreintes de grâce et de tendre amour, le trouble, dont sa venue extraordinaire avait rempli leurs coeurs; et il le fait avant de faire cesser le vent et d'apaiser la mer. Que son Nom soit à jamais béni de ce que rien ne peut arrêter sa grâce, de ce que rien ne peut nous séparer de son amour!

«C'est moi;» ah! c'était bien sa voix, c'étaient ses paroles: «Ayez bon courage; c'est moi; n'ayez point de peur!» Quel baume bienfaisant pour le coeur de ses disciples qui s'étaient mépris en le voyant apparaître d'une façon si mystérieuse! Non, ce n'était pas un fantôme. Que l'homme est insensé quand il se laisse dominer par son imagination et ses impressions! Mais Jésus ne laisse pas plus longtemps ses disciples exposés à leurs folles pensées, ni au danger des éléments déchaînés. Sa douce voix, ses paroles pleines de tendresse, calment leurs coeurs, et sa précieuse présence dans la nacelle apaise le vent et la mer. «Et il monta vers eux dans la nacelle, et le vent tomba». Quel changement soudain! Comme ces pauvres disciples devaient respirer librement, et comme leurs coeurs devaient être remplis des sentiments les plus divers, de joie et de tristesse, de regrets et de reconnaissance!

Mais Jésus était avec eux; ils avaient entendu sa voix: «C'est moi; n'ayez point de peur». Leurs coeurs étaient rassurés, aussi bien quant au danger qu'ils venaient réellement de courir, qu'à l'égard de la frayeur provenant de leur folle imagination. Ce n'était pas un fantôme; c'était bien Jésus, leur Maître, leur Ami, leur Protecteur et leur Sauveur. Dans combien de circonstances n'avaient-ils pas déjà pu voir sa tendre bonté, son amour et sa fidélité! Et cependant ils ne connaissaient pas alors l'amour de Christ comme ils le connurent plus tard, et comme nous le connaissons maintenant. Oui, nous connaissons cet amour qui ne l'a pas seulement conduit jusqu'à nous pour nous secourir et nous bénir, mais qui l'a porté à subir la croix et à souffrir et mourir à notre place comme victime expiatoire. Oui, cet amour l'a conduit à endurer pour nous le terrible châtiment que nous avions mérité, l'abandon de Dieu qui, pour nous, eût été éternel. Par quelles heures sombres il a passé sur la croix, lorsque Dieu détournait sa face de Lui, parce qu'il avait accepté d'être fait péché pour nous, Lui qui n'avait pas connu le péché! Et c'était afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. Quel amour nous révèle le cri douloureux qui s'échappe de ses lèvres en ce moment solennel: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné?»

Il a fait ainsi la purification des péchés, et cette oeuvre suprême achevée, il s'est assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux. Et là, «il est toujours le même, hier, et aujourd'hui, et éternellement» (Hébreux 13: 8). Bien qu'il soit maintenant couronné de gloire et d'honneur, son coeur n'a pas changé. Il entend les prières et les supplications, comme nous le voyons dans les paroles qu'il adresse à son humble disciple Ananias, à propos de Saul de Tarse: «Voici, il prie». N'a-t-il pas aussi entendu les ferventes prières des plusieurs qui étaient réunis à Jérusalem dans la maison de Marie, et qui intercédaient en faveur de Pierre? Cher lecteur, il en est maintenant de même, il vous entend, il vous porte sur son coeur.

Mais revenons à notre sujet. L'épreuve était-elle terminée pour les disciples, une fois que Jésus était avec eux dans la nacelle et que le vent était tombé? Oui, quant aux circonstances extérieures, mais il s'ensuivait certains exercices de coeur et de conscience, aussi nécessaires que bénis en tout temps pour les rachetés du Seigneur. Et cela convient d'autant plus que nous sommes tellement disposés à regarder aux causes secondaires quant aux voies de Dieu à notre égard dans les choses qu'il nous dispense, au lieu de regarder à Lui. L'un dira: «C'est un accident qui m'est arrivé;» un autre: «C'est tel ou tel qui en est la cause;» un troisième «Si je n'avais pas fait ceci ou cela», ou bien «Si seulement j'avais été plus prudent», etc. Mais Jésus nous dit: «C'est moi!» Suis-je pauvre ou infirme, ou malade, ou en deuil à cause d'un bien-aimé qui m'a été ravi, ou bien encore exercé au sujet de mes affaires ou de ma famille? Quelle que soit la nature de la tempête, de quelque côté ou avec quelque force que souffle le vent, le Seigneur nous dit: «C'est moi!» Il se peut que ce soit notre légèreté, notre imprudence ou notre présomption, qui nous aient conduits dans des circonstances éprouvantes, et même dans une position accablante; c'est pénible et humiliant à constater: mais rien n'arrive sans la sage permission du Seigneur, ni sans sa direction. Il est vrai que les verges les plus cuisantes sont celles que l'on a coupées soi-même, mais en cela aussi on peut voir la sagesse du Seigneur.

Bien des vieillards déplorent les folies de leur jeunesse, et les regrettent; mais le Seigneur emploie justement cela pour leur éducation et leur instruction. Si l'on reçoit les choses et les circonstances directement de la main du Seigneur, tout change, on gagne du temps; dans le cas contraire, on perd de précieuses bénédictions. J'aime à entendre ce passage: «Qu'on écrase sous les pieds tous les prisonniers de la terre, qu'on fasse fléchir le droit d'un homme devant la face du Très-haut, qu'on fasse tort à un homme dans sa cause, le Seigneur ne le voit-il point? Qui est-ce qui dit une chose, et elle arrive, quand le Seigneur ne l'a point commandée? N'est-ce pas de la bouche du Très-haut que viennent les maux et les biens? Pourquoi un homme vivant se plaindrait-il, un homme, à cause de la peine de ses péchés?» (Lamentations de Jérémie 3: 34-39; voyez aussi Esaïe 45: 5-7; comparez 1 Samuel 3: 18, et 2 Samuel 16: 10-14).

Dans notre récit, nous lisons que les disciples «furent excessivement frappés et étonnés en eux-mêmes». On dira: «C'était bien naturel». Mais ce que l'Esprit Saint ajoute, semble nous dire autre chose: «Car ils n'avaient pas été rendus intelligents par les pains (le miracle de la multiplication des pains), car leur coeur était endurci». La manière dont le Seigneur était intervenu, était sans doute frappante, et il y avait de quoi s'étonner, mais les disciples n'en étaient point aux premiers pas de leurs expériences. Ce n'était pas la première fois qu'ils voyaient se déployer l'amour et la puissance du Seigneur. Ce n'était pas moins que le onzième miracle qu'ils voyaient s'accomplir sous leurs yeux, sans compter ceux qui sont résumés au chapitre 3: 10, 11. Ils avaient vu que Jésus avait le pouvoir de reprendre le vent et de dire à la mer: «Fais silence, tais-toi! Et le vent tomba et il se fit un grand calme» (chapitre 4: 35-41). Mais le miracle qui aurait surtout dû les rendre intelligents, était celui de la multiplication des pains. Là ils avaient pu voir ce qu'était le Seigneur envers ce peuple abandonné à lui-même; là ils avaient pu voir son coeur ému de compassion et sa puissance selon laquelle il bénissait abondamment ses vivres et rassasiait de pain ses pauvres (Psaumes 132: 15). Mais les pauvres disciples oubliaient au fur et à mesure les miracles du Seigneur, et, de cette manière, leur éducation ne se faisait pas, et leur foi ne se formait point.

Le Seigneur, au 11e chapitre de Jean, dit à ses disciples: «Lazare est mort; et je me réjouis à cause de vous, de ce que je n'étais pas là afin que vous croyiez». Or cela nous concerne autant que les disciples, cher lecteur. Nous sommes à la même école qu'eux, et nous avons le même Maître, comme les deux passages suivants le montrent: «Jésus donc fit aussi devant ses disciples beaucoup d'autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ces choses sont écrites, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie par son nom» (Jean 20: 30, 31).

Et pourquoi les disciples n'ont-ils pas été rendus intelligents par le miracle des pains? Pourquoi nous, faisons-nous si peu de progrès dans la connaissance du Seigneur Jésus et de son amour qui surpasse toute intelligence? Et cependant Dieu nous dit: «Ne soyez pas sans intelligence» (Ephésiens 5: 17). La fin de notre récit nous donne la réponse: «Car leur coeur était endurci». Le coeur est le siège des affections, et la communion avec le Seigneur n'est pas affaire d'intelligence, mais de coeur. Il ne faut pas beaucoup d'égoïsme, ni beaucoup de recherche de soi-même, pour entraver tout progrès dans la connaissance du Seigneur, et même pour nous faire rétrograder. Nous l'apprenons par cette parole du Seigneur: «La lampe du corps, c'est ton oeil. Lorsque ton oeil est simple, ton corps tout entier aussi est plein de lumière; mais lorsqu'il est méchant, ton corps aussi est ténébreux. Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit ténèbres. Si donc ton corps tout entier est plein de lumière, n'ayant aucune partie ténébreuse, il sera tout plein de lumière, comme quand la lampe t'éclaire de son éclat» (Luc 11: 34-36). L'oeil des disciples n'était pas bon quand ils voulaient que leur Maître renvoyât la foule affamée; leur coeur n'était pas incliné à l'amour de Dieu (2 Thessaloniciens 3: 5). Les nôtres le sont-ils toujours? Une petite partie ténébreuse peut s'étendre et projeter son ombre dans tout notre être intérieur. Aussi l'apôtre Paul a-t-il deux expressions remarquables dans ses deux prières pour les Ephésiens. Dans la première qui a pour objet son désir qu'ils connaissent, il dit: «Les yeux de votre coeur étant éclairés». Et dans la seconde où il demande qu'ils possèdent, nous lisons: «Qu'il vous donne d'être fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l'homme intérieur; de sorte que le Christ habite, par la foi, dans vos coeurs, et que vous soyez enracinés et fondés dans l'amour; afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur — et de connaître l'amour du Christ, qui surpasse toute connaissance» (Ephésiens 1: 18; et 3: 16-20).

Etre occupé de soi, à moins que ce ne soit pour nous juger nous-mêmes, endurcit nos coeurs, limite nos capacités spirituelles et nous concentre toujours plus sur nous-mêmes. Etre occupé de Dieu, de son amour, de ses compassions envers nous, nous rend capables de comprendre avec tous les saints la scène où se déploie tout ce qu'est Dieu et de connaître l'amour du Christ; nous sommes ainsi rendus sensibles à ses intérêts, à sa gloire et au bien des siens, en attendant son heureux retour.

Voilà pourquoi le Seigneur a dû contraindre ses disciples à passer à l'autre rive. Son amour ne s'épuise, ni ne se fatigue; si une de ses dispensations miséricordieuses à notre égard reste infructueuse, s'il n'a pas atteint par elle le but qu'il se proposait pour sa gloire et notre bénédiction, alors il change de manière d'agir, car il est aussi riche en moyens que grand en puissance. Mais souvent, c'est parce que nous sommes des gens sans intelligence et lents de coeur à croire, que le Seigneur est obligé de commander au vent de s'élever et de battre notre frêle embarcation. Alors le chemin devient rude et les circonstances souvent effrayantes; mais la fin est du Seigneur et les résultats pour notre plus grand bien. Et nous apprenons à apprécier cette parole: «C'est moi!» Oui, c'est Lui et toujours Lui avec nous, nous apprenant la précieuse leçon d'obéissance, de dépendance et de confiance.

Qu'il nous soit donné d'être des disciples attentifs et soumis, marchant sur les traces de notre divin Modèle. Nous pourrons alors chanter avec confiance:

Contre moi, dans ce monde,

Si l'orage en fureur

Enfle les flots et gronde,

Troublera-t-il mon coeur?

Non; je n'ai point de crainte,

Jésus est avec moi,

Et sa présence sainte

Eloigne tout effroi.