«Christ a aimé l'Assemblée»

Ephésiens 5: 22, 23

ME 1900 page 111

 

Remarquez, bien-aimés frères, comment la grâce de Dieu nous a associés avec Lui-même et avec Christ, bien que, naturellement, il reste lui-même dans la suprématie de la Déité infinie, dans laquelle nul ne peut être associé avec Lui; mais il nous a faits participants de la nature divine, et nous a donné son Esprit pour qu'il habite en nous, de sorte que nous réalisions ce qu'il est, et que nous devenions un avec Christ en étant unis à Lui.

Nous trouvons au commencement du chapitre 5 des Ephésiens, que nous sommes appelés à être «imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et à marcher dans l'amour». L'amour est sa nature, et si nous prenons Christ comme le modèle de cette marche, nous la voyons réalisée dans un homme: «Marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés».

Outre cela, une autre parole est placée devant nous, qui exprime aussi la nature de Dieu: c'est la lumière. «Dieu est lumière», et il est dit: «Vous étiez autrefois ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur; marchez comme des enfants de lumière». Et encore ici, Christ est présenté comme la parfaite expression de ce qui est placé devant nous. «Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts, et le Christ luira sur toi». Comme homme dans le monde, il était l'expression et le modèle de la lumière.

Mais ensuite l'apôtre ajoute: «Soyez remplis de l'Esprit», car bien que nous soyons participants de cette nature divine qui est lumière, et que nous soyons appelés à aimer selon le modèle de Dieu en Christ, nous ne sommes après tout que de pauvres créatures humaines, impuissantes en nous-mêmes, et l'Esprit est la seule puissance que nous ayons pour toutes choses.

Dans la pensée de Dieu, c'est tout pour nous que d'avoir communion avec Lui-même. Il nous a placés devant Lui en amour; il nous a faits ses fils et ses filles — les objets de son bon plaisir; et il devrait être l'objet de nos délices. Telle est la première relation que nous trouvons ici: c'est d'être avec le Père comme fils, et dans cette relation, Christ est premier-né entre plusieurs frères.

La seconde relation est l'union avec Christ glorifié: «Nous sommes membres de son corps, de sa chair et de ses os». Nous sommes unis à Lui d'une manière vivante, comme les membres le sont à la tête. Je ne puis avoir de relation plus intime avec Lui que d'être un membre de son corps, et dans la même gloire que Lui. Cette relation nous présente l'indissoluble union de Christ et de l'Assemblée. «Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle… et quant à la femme, qu'elle craigne son mari». Bien que ce soit tout à fait vrai du mari et de la femme, c'est une figure de Christ et de l'Assemblée.

Mais, quoique nous Lui soyons unis, il est toujours prééminent, et même ce qui donne à cette relation sa valeur est la prééminence de Christ en elle, comme en toutes choses. Lorsque Moïse et Elie étaient sur la montagne avec le Seigneur, ils étaient dans la même gloire que Lui, et ils parlaient avec Lui de ce qui était le plus près de son coeur, comme ce l'était aussi du coeur de son Père. Ils étaient avec Lui dans des rapports familiers. Mais lorsqu'en ce moment, Pierre parle de faire trois tentes, une pour chacun, plaçant ainsi le Seigneur sur un pied d'égalité avec Moïse et Elie, la voix du Père se fait entendre reconnaissant Jésus pour son Fils, et Moïse et Elie disparaissent. Je cite cela pour faire saisir ce que je voulais dire. Il doit toujours en être ainsi. Il doit toujours y avoir l'éternelle félicité et l'éternelle prééminence de sa personne, et plus près nous serons de Lui et plus nous en aurons conscience. Si je connais quelqu'un dans une vraie intimité, je connaîtrai certainement ses faiblesses. En Christ, plus je le connais, plus profondément je ne connaîtrai autre chose que sa divine excellence. Il n'est pas à craindre qu'une connaissance plus intime diminue le respect envers Lui; plus je sens son amour, plus je sentirai qu'il est suprême en amour. L'intimité dans son amour ne fait que me montrer son excellence, et produit en moi plus d'adoration et d'amour.

Dieu est suprême en amour. Il n'est pas dit que nous devons être amour; nous ne pouvons pas être libres et suprêmes en amour; mais il est dit que nous sommes lumière, parce que le nouvel homme est participant de la pureté de la nature divine. Dans l'amour de Christ nous trouvons l'activité de cette bonté suprême, et cela dans un homme, de sorte qu'en le suivant, nous pouvons marcher dans l'amour, bien que nous ne pouvions pas dire que nous sommes amour, comme nous disons que nous sommes lumière.

Mais à la fin du chapitre 5, dans le cas de l'Assemblée, nous avons l'amour dans une relation spéciale, et pas simplement la bonté et l'amour souverain de Dieu. Toutefois l'origine et la source de tout est dans l'amour désintéressé de Christ, dans lequel il agit selon sa propre grâce, sans qu'il y eût rien qui pût l'attirer. Il faut qu'il achète ce qu'il aime, et qu'il le forme pour Lui-même. Il s'est «livré lui-même» pour l'objet de cet amour, et quand il l'a acquis, il le purifie pour lui-même.

Il y a encore un autre point de vue. Il se présente l'Assemblée «à lui-même». Lorsque Dieu eut fait Eve, il la présenta à Adam; mais ici nous voyons la gloire de la Personne de Christ. Etant une Personne divine, il se présente l'Assemblée à lui-même, l'ayant formée et rendue parfaite, de manière à ce qu'elle Lui convînt. Il fait tout pour l'Assemblée. Examinons un peu comment il le fait.

La première chose, le mobile de tout, est son amour désintéressé; aucun motif extérieur ne l'a poussé à aimer. «Il a aimé l'Assemblée», d'une manière parfaite, divine et infinie, et nous en trouvons ici l'expression suprême: «Il s'est livré pour elle». Il n'a pas seulement fait quelque chose pour elle, mais «il s'est livré lui-même!» Et c'est ce qui est constamment répété dans la Parole; il est même dit: «Il s'est donné lui-même pour nos péchés», nos péchés étant ce qui se trouvait entre nous et Dieu. Lorsque je contemple l'amour de Christ, je vois qu'il n'avait aucun motif si ce n'est en lui-même, et il se donne lui-même: il ne retient rien. Il est entièrement et tout à fait à moi; il s'est livré lui-même; tout est compris dans ces mots. Le sacrifice de lui-même, de Christ, a été absolu: c'était lui-même, tout ce qu'il était, et tout ce qu'il était dans sa perfection. Le mobile entier de sa nature y était engagé: «Il s'est livré lui-même». Et c'est une merveilleuse pensée, si seulement nos coeurs pouvaient la saisir. Ce n'est pas qu'il a donné son sang, sa vie, quoique cela soit vrai, et nous pouvons en parler distinctivement, car l'Ecriture le fait: mais le point ici est le caractère de son amour, ainsi il est dit: «Il s'est livré lui-même». Le motif est l'abandon de soi.

Remarquez ici comment, par rapport à la manière de rendre l'Assemblée propre pour Christ, l'aimer et se donner pour elle viennent en premier lieu. Il n'est pas dit: «Il l'a purifiée et l'a lavée, afin qu'il puisse l'avoir», et ensuite il l'a aimée, parce qu'elle était purifiée et propre à être aimée. Non. Il se livre Lui-même pour elle, et la possède ayant sur elle un droit entier: Lui-même livré pour elle dans l'absolue perfection de son coeur tout entier, selon laquelle il l'a prise pour Lui-même. Il s'est livré Lui-même pour elle, parce qu'il l'aimait, et maintenant, dit-il, elle doit être purifiée et rendue propre pour moi. Ce n'est pas: elle doit être heureuse — heureuse, sans doute, elle l'est — mais non seulement cela, elle doit être rendue propre pour Lui-même. Je ne puis être satisfait si une personne que j'aime — ma femme ou mes enfants, par exemple — n'est pas ce que j'aimerais qu'elle fût. Ce n'est pas un sentiment de mécontentement — je ne veux pas dire cela — mais c'est un manque de pleine satisfaction. Ainsi Christ s'occupe à rendre l'Assemblée telle qu'il désire qu'elle soit. Il la purifie «par le lavage d'eau par la parole», ainsi qu'il l'avait dit auparavant: «Sanctifie-les par la vérité: ta parole est la vérité».

La Parole venant de Dieu, juge tout ce qui est contraire à Dieu par la révélation de ce qui est en Dieu, de sorte qu'elle peut me rendre semblable à ce qu'elle révèle. «Je me sanctifie moi-même pour eux», dit le Seigneur. Comme homme, il se met Lui-même à part comme la parfaite expression de ce qui est divin dans un homme, ou selon Dieu dans un homme. Ainsi ce n'est pas que je sois ce que je devrais être, mais que je suis en relation d'union avec Christ qui est l'expression de ce que je devrais être, et qui me forme à sa ressemblance. «Nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit». C'est ainsi que la Parole lave; elle purifie nos motifs, nos pensées, nos conceptions, nous transformant ainsi en la même image de gloire en gloire. Mais c'est Christ qui fait tout: il nous rachète, nous purifie, nous sanctifie et nous présente à Lui-même.

Il y a encore ici une pensée pleine du plus profond intérêt: c'est que nous ne pouvons pas séparer la purification de la gloire. La purification est selon la gloire, et, lorsque le corps est changé, l'état de sainteté est selon la gloire révélée. Voyez 1 Thessaloniciens 3: 13, où nous, nous aurions dit: «Sans reproche en sainteté» dans notre marche, mais où nous lisons «devant notre Dieu et Père, en la venue de notre Seigneur Jésus». Nous ne pouvons réellement aller en avant si nous ne regardons pas à Christ dans la gloire. Il est dit: «Afin que lui se présentât l'Assemblée à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irréprochable». Tel est le résultat de la purification. La purification pratique s'effectue par la puissance de la révélation de la gloire de Christ. Mais rappelons-nous toujours que la purification n'a pas lieu afin que nous puissions Lui appartenir, mais que «Christ a aimé l'Assemblée et s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât».

Nous trouvons par rapport à l'Assemblée une autre chose qui doit nous encourager dans ces jours difficiles et dans ceux plus sombres encore que nous voyons venir. Nous lisons plus loin: «Personne n'a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et la chérit, comme aussi le Christ l'Assemblée». Ce n'est pas seulement qu'il la rend propre pour Lui-même, qu'il la forme selon sa pensée, mais le même amour qui agit pour cette fin, veille sur l'Assemblée dans les circonstances de faiblesse où elle se trouve en passant à travers le monde. Eh quoi! dit l'apôtre, la chair d'un homme c'est lui-même; ainsi en prenant soin de l'Assemblée, Christ prend soin de Lui-même. Comme il le dit à Saul: «Pourquoi me persécutes-tu? En persécutant les saints, tu me touches». Christ ne sépare pas de Lui-même les saints qui sont ici-bas. Il s'intéresse à eux; il prend soin d'eux, il les nourrit et les chérit, comme un homme le fait de la chair de son propre corps. Et en cela il ne peut jamais manquer. Les ténèbres peuvent être épaisses, et grande peut être la puissance du mal, et elle peut devenir plus forte — non pas que Dieu n'agisse point, car il agit, et quand l'ennemi vient comme un fleuve, l'Esprit de l'Eternel lèvera un étendard contre lui, et il le fait et prépare la venue du Seigneur — mais pas plus qu'un homme peut se haïr lui-même, pas plus Christ ne peut manquer de nourrir et de chérir l'Assemblée.

Le Seigneur montre sa longue patience en supportant ce mal qui va croissant. Nous pouvons sans doute prier pour que les choses aillent plus vite, pour qu'il amène plus rapidement la fin; mais dans ce cas, le mal surgira aussi plus vite ainsi que les jugements qui doivent fondre sur la terre; cependant nous pouvons désirer cette fin. Mais à travers tout, la foi du fidèle peut compter sur les soins et l'amour de Christ. Vous ne pouvez être dans quelque circonstance que ce soit où l'amour de Christ ne puisse s'adapter et agir.

L'incrédulité même ne sera pas un obstacle. Car, quand ceux qui sont des croyants ne peuvent se servir de la puissance qui a été donnée contre le mal, qu'y a-t-il à faire? Nous lisons dans les évangiles qu'un possédé du démon ayant été amené aux disciples, ils ne purent chasser le démon, et le Seigneur dit: «Jusques à quand serai-je avec vous? Jusques à quand vous supporterai-je?» Si vous ne pouvez faire usage de la puissance que j'ai apportée, de quoi sert-il que je reste avec vous? Mais il ajoute: «Amenez-le-moi». Si même la foi de l'Assemblée vient à manquer, et que l'on reste seul au milieu de l'épreuve, la foi individuelle trouvera toujours dans le Seigneur Jésus Christ, la grâce pour ses besoins, de même que le père de l'enfant s'écriant avec larmes: «Je crois; viens en aide à mon incrédulité». Christ ne peut manquer, et nous, de notre côté, nous ne devons pas faire comme Elie lorsqu'il disait: «Eternel, ils ont renversé tes autels, et ils ont tué tes prophètes par l'épée, et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l'ôter» (et remarquez qu'à ce moment même, c'est lui qui avait renversé les autels de Baal et tué ses prophètes), et puis nous en aller. Ce que nous devrions dire, c'est: «Christ ne manque jamais, et il ne saurait y avoir dans l'Assemblée de Christ un seul besoin, auquel il n'y ait une réponse dans le coeur de Christ».

Ce qu'il nous faut, chers amis, c'est d'avoir nos regards attachés sur Christ, de qui découlent toute grâce et tout amour, et d'être par là sanctifiés de coeur et d'esprit, tandis que nous l'attendons, Lui qui s'est livré pour nous, de sorte que nous Lui soyons semblables même à présent, pendant que nous traversons ce monde.