Quelques notes sur le royaume

ME 1900 page 301

 

Les expressions suivantes que l'on rencontre dans les évangiles, les Actes et les épîtres: royaume des cieux, royaume de Dieu, royaume du fils de l'homme, royaume de leur Père, royaume du Fils de son amour, royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, le royaume du Christ et de Dieu, ou le royaume, sans déterminatif — sont loin d'être claires dans l'esprit de beaucoup de frères.

La prédication du royaume se joint à celle de l'Evangile. Paul, ainsi qu'il le rappelle (Actes des Apôtres 20: 24, 25), prêchait l'évangile de la grâce de Dieu sans le séparer de la prédication du royaume de Dieu.

Matthieu, dans son évangile, emploie invariablement, sauf dans quatre passages: chapitres 12: 28; 19: 23, 24; 21: 28-31 et 43; l'expression royaume des cieux; les autres évangélistes, Marc, Luc et Jean, les Actes et les épîtres, emploient exclusivement l'expression royaume de Dieu.

Le Christ avait le droit de régner, les hommes n'ont pas voulu de Lui. Selon Luc 19, il s'en est allé pour recevoir le royaume et revenir. Le royaume, tel qu'il sera manifesté et établi en puissance et en gloire, comprend deux domaines, le domaine céleste et le domaine terrestre (voyez Ephésiens 1: 9, 10).

En Matthieu 16: 18, 19, pour la première fois, la Parole mentionne l'Assemblée, puis le royaume des cieux. Le Seigneur donne les clefs de ce dernier à Pierre. C'est lui, Pierre, qui en a ouvert l'entrée aux Juifs premièrement (Actes des Apôtres 2: 37-41), puis aux gentils (Actes des Apôtres 10: 44-48).

Tandis que l'Assemblée est bâtie par Christ et que les portes du hadès ne peuvent prévaloir contre elle, l'administration du royaume des cieux a été confiée à l'homme. De là imperfection dans le royaume, ainsi que les paraboles de Matthieu 13 le manifestent; de là deux caractères nettement dessinés, deux parties fort distinctes: l'une est opérée dans le royaume par la parole de Dieu, ce sont les fils du royaume; l'autre est le résultat de l'infirmité et de l'iniquité de l'homme et de l'action de l'ennemi, ce sont les fils du méchant. Il y a une expression extérieure du royaume des cieux sous trois caractères généraux: une récolte gâtée par l'ivraie mêlée au bon grain, le grain de sénevé devenu un grand arbre, et le levain mêlé à trois mesures de farine. Il y a aussi une expression intérieure, connue de la foi seulement, et comprenant ce qui est de Dieu dans le royaume; elle est comparée à un trésor caché dans un champ, à une perle de grand prix, et à de bons poissons mis ensemble dans des vaisseaux.

En Matthieu 5, 6 et 7, les caractères moraux de ceux qui appartiennent à ce domaine de Dieu sont mis en évidence par le Seigneur dans son discours sur la montagne.

Le royaume des cieux comprend-il l'Assemblée?… L'Assemblée se trouve dans le royaume sans cependant qu'elle puisse être confondue avec celui-ci, l'Assemblée est l'épouse du Roi. Celle-ci, tout en étant dans le royaume et soumise aux lois qui le régissent, est bien distincte du royaume. L'épouse du Roi n'est pas un sujet; elle est une avec le Roi. L'empereur ne fait pas partie de l'empire; l'empire est sous ses pieds. Le royaume des cieux existe; mais ce nom lui est donné parce que le roi est absent, ayant été rejeté; c'est un mystère pour le monde. Bien que le mal ait pris le dessus dans le monde à la suite du rejet du Christ, il y a cependant une direction divine positive et ferme, laquelle amènera au temps marqué de Dieu, l'établissement du royaume en puissance et en gloire. Moralement il y a parmi les hommes un domaine qui appartient à Dieu; mais sans être manifestement établi, ce domaine existe; les uns y appartiennent et les autres pas.

Que faut-il entendre par le royaume de Dieu? Le royaume était là dans la personne du roi (Luc 17: 21), il était là, présenté et manifesté dans sa puissance et sa perfection morale à tous égards. Le Fils de Dieu, Jésus, n'ayant pas été reçu, le royaume, pendant l'absence du Seigneur, est devenu un mystère dans le monde, où il se manifeste par certains effets moraux en ceux qui en font partie, lesquels sont nés de Dieu. Le royaume de Dieu sera établi en puissance et en gloire plus tard.

En Jean 3: 12, le Seigneur fait allusion aux deux parties du royaume de Dieu tel qu'il sera établi en puissance et en gloire: Ezéchiel 36: 24-32, auquel le Seigneur fait allusion dans ce qu'il dit à Nicodème. Jean 3: 3, 5 et 10, a trait à la partie terrestre du royaume, et il est nécessaire d'être né de nouveau même pour y entrer.

En Matthieu 13: 43, les vrais fils du royaume apparaissent en gloire dans le royaume de leur Père, où ils resplendissent comme le soleil: donc le royaume du Père est le ciel et non pas la partie terrestre du royaume. Le royaume du Père est une chose; mais les fils du Père sont une autre chose; ceux-ci resplendissent comme le soleil dans le royaume de leur Père. L'empire est une chose, les fils de l'empereur une autre chose; partout dans l'empire ils apparaissent et sont reconnus et honorés comme les fils de l'empereur. En Luc 12: 32, c'est le royaume du Père, comme en Matthieu 13: 43: «Il a plu à votre Père de vous donner le royaume». Quelle position de gloire! Quelle noblesse que celle des fils de Dieu!

Actuellement il y a sur la terre quelque chose du royaume de Dieu, en ce que les principes et les mystères du royaume sont là, introduits par la Parole, ayant produit certains effets moraux dans des personnes disséminées dans le monde.

Le royaume de Dieu n'est pas la providence de Dieu dans le monde. Il ne faut pas non plus le confondre avec la maison de Dieu, laquelle représente la profession chrétienne devenue bien vite une profession sans vie, mais n'est jamais dans aucun cas le monde païen, la profession ne les comprenant pas. La maison est quelque chose qui a été bâti pour être une habitation de Dieu sur la terre. Elle a été gâtée, il est vrai, par la coopération de l'homme à ce travail, ainsi que cela est manifesté en 1 Corinthiens 3: 9, 10, 13, 15. C'est de là que vient la difficulté pratique d'en tenir compte, car ce que Dieu avait établi en perfection, ce qui avait été fait bon, l'homme l'a bientôt élargi à sa manière et gâté. Pendant l'absence du roi, le royaume reste le royaume de Dieu moralement (Romains 14: 17). L'ordre de choses décrit en Matthieu 13, fera place au royaume de Dieu qui sera introduit en puissance et en gloire par la présence du Roi.

Aujourd'hui la prédication du royaume de Dieu, et la prédication des droits de Christ comme Seigneur et Sauveur sur les hommes. La sphère de cette prédication c'est le monde, comme on le voit en Matthieu 13: 38. La prédication de l'Evangile de la grâce de Dieu est la prédication des droits de la grâce régnant par la justice pour la vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur. Il est important que les droits de Christ comme Seigneur soient établis sur les coeurs et les consciences; car alors seulement les personnes seront formées pour une marche dans la crainte du Seigneur, et établies également dans la force même de l'Evangile.

En Colossiens 1: 13, l'expression de «royaume du Fils de son amour», indique la partie céleste du royaume déjà maintenant appelé le «royaume du Fils», comme introduisant la personne du Fils, comme centre de tout. C'est bien son royaume et pour que nous saisissions le caractère de ce royaume actuellement pour nous, et notre rapprochement de Dieu, comme y ayant part, il est appelé le «royaume du Fils de son amour». C'est ce titre qui constitue maintenant le fondement de la relation avec Dieu de ceux qui y sont transportés, et qui caractérise cette relation. Ici, le royaume est caractérisé par la relation personnelle du Fils avec le Père, en ajoutant ce qui nous donne plein droit d'y avoir part, savoir «la rédemption par son sang, la rémission des péchés».

En 2 Timothée 4: 18: «Il me conservera pour son royaume céleste», désigne la partie céleste du royaume millénaire de notre Seigneur; de même qu'en Hébreux 12: 28, où le «royaume qui ne peut être ébranlé» désigne le royaume éternel, immuable. Nous sommes arrivés à la possession par la foi de toutes ces gloires millénaires et éternelles du royaume qui ne peut être ébranlé et qui sera introduit de fait par l'écroulement des choses muables. Présentement, nous avons déjà reçu ce royaume par la foi. Jacques 2: 5, parle de ce même royaume, comme étant le «royaume que Dieu destine à ceux qui l'aiment»; et 1 Thessaloniciens 2: 12, nous exhorte à marcher d'une manière digne de Dieu qui nous appelle à «son propre royaume et à sa propre gloire».

Que faut-il entendre dans Matthieu 26: 29, par le «royaume de mon Père», et dans Luc 22: 18, par le «royaume de Dieu»? En Matthieu 26: 29, c'est le côté céleste, mais actuel du royaume de Dieu, comme Père de notre Seigneur. C'est le même caractère qu'en Colossiens 1: 13. Le Seigneur parle du moment où il pourrait se réjouir avec eux, mais d'une joie nouvelle, céleste. Unis à notre Seigneur ressuscité et exalté à la droite de Dieu le Père, nous sommes dans le royaume du Père de notre Seigneur, devenu le royaume de notre Père par grâce inexprimable. Luc 22: 18, exprime une chose encore future; c'est le royaume de Dieu établi en puissance et en gloire sur la terre. Quand ce royaume sera venu, alors seulement le roi pourra se réjouir dans le fruit de sa vigne, savoir en la partie terrestre de son royaume.

En 1 Corinthiens 15: 24, c'est simplement «le royaume» confié à Christ, la fin du règne de justice pour faire place aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre où la justice habite. Comme nous l'avons vu, le royaume millénaire de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ comprend une domination sur l'univers entier, les cieux et la terre (Ephésiens 1: 10). Dans sa partie terrestre, ainsi que Daniel 7: 14, l'annonce, toutes les nations y entrent: «Et on lui donna la domination, et l'honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent». Le royaume du Père comprend la partie céleste, où les fils du Père resplendiront comme le soleil (Matthieu 13: 43).

Avant le règne glorieux de notre Seigneur, pendant le temps où il est rejeté, il est assis à la droite de Dieu, son Père. Vers la fin de ce temps de sa patience, Dieu met les ennemis de son Fils sous les pieds de Celui-ci pour lui servir de marchepied quand il se lèvera pour monter sur son trône comme fils de l'homme (Hébreux 1: 13, rappelant Psaumes 110: 1), tandis qu'au Psaume 8: 6, rappelé en 1 Corinthiens 15: 27, ce sont toutes choses, qui sont assujetties au Fils, qui sont mises sous ses pieds. Maintenant notre Seigneur est sur le trône de son Père, mais dans le millénium, il est sur son propre trône comme Fils de l'homme, et alors, selon Psaume 8: 6, toutes choses sont sous ses pieds. Après que Jésus aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance, car il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds, il remettra le royaume à Dieu le Père, afin que Dieu soit tout en tous. Cet acte marque la fin du jour du Seigneur et le commencement du jour de Dieu. Mais quand toutes choses Lui auront été assujetties, alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à Celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.

Ce verset 28 de 1 Corinthiens 15, exprime la merveilleuse grâce et la perfection absolue de Jésus notre Seigneur. Il rentre comme homme dans la sujétion de Dieu le Père, tout en étant un avec Lui. C'est la merveille de sa grâce et de son amour pendant l'éternité. Il rentre dans cette position de sujétion comme homme pour être avec ses frères au sein de l'accomplissement parfait par lui-même, de tous les conseils éternels de Dieu le Père, accomplissement dans lequel toutes les gloires de Dieu ont été manifestées dans le Fils dans leur plénitude, devant les yeux de fils rendus capables par cette même grâce de les comprendre, de les apprécier et d'en jouir pendant l'éternité. L'accomplissement de ces conseils est résumé dans ses merveilleux résultats par ces quelques paroles: «Dieu tout en tous».

L'assujettissement du Fils à Celui qui lui a assujetti toutes choses, a lieu par le fait que Jésus demeure Homme pour l'éternité. Soit humanité ne serait pas parfaite si elle n'était pas soumise à Dieu, sans pour cela qu'il cesse jamais d'être Dieu, un avec le Père. Pendant ce temps médiatorial du règne de Christ, tous ont été amenés à honorer le Fils comme ils honorent le Père. Le Père a remis tout jugement au Fils, parce qu'il faut que Jésus soit honoré comme Fils de l'homme, c'est-à-dire dans le caractère d'humiliation qu'il a revêtu pour glorifier Dieu le Père, et accomplir ses desseins de grâce, mais caractère dans lequel il a été méconnu, méprisé, rejeté. Comme Fils de l'homme, il faut qu'il soit honoré de toute la gloire qui lui appartient comme Fils de Dieu.

Dans l'état éternel, Dieu est tout en tous, Dieu est tout comme Objet, et en tous comme capacité de jouissance de cet Objet. Dieu seul objet remplissant tout dans chaque coeur. Le bonheur de tous sera parfait; les petits vases seront remplis comme les grands et par conséquent pleinement satisfaits. Rien ne viendra plus obscurcir la gloire et la grâce de Dieu pleinement révélées en tous ceux en qui Dieu habite par son Esprit, lesquels ont été ainsi rendus capables de jouir de Dieu révélé en grâce, en amour, en toute perfection. Dans l'éternité, Dieu habitera avec les hommes. On voit ce fait en dessein déjà en Proverbes 8.

Quand par le règne glorieux du Fils tous les ennemis ont été abolis, que le royaume a été amené à la perfection selon Dieu, au parfait accomplissement de tous ses desseins éternels, que la gloire de Dieu remplit tout dans le royaume, que Dieu peut se reposer dans son amour, alors le Fils lui-même s'avance et remet le royaume à Dieu le Père, afin que Dieu soit tout en tous.

Le dernier ennemi qui sera aboli, c'est la mort. La résurrection des méchants, voilà l'abolition de la mort. La mort, séparation de l'âme et du corps, n'existera plus; elle sera abolie. Une fois la première résurrection terminée, non seulement il ne demeurera plus sous la puissance de la mort aucun des saints qui s'étaient endormis, mais les saints qui vivront sur la terre pendant la durée du règne de Jésus, ne mourront pas, la mort ne pourra plus mettre sa puissance sur aucun d'entre eux. Fait merveilleux! La première résurrection achevée, alors s'accomplira la parole qui est écrite: «La mort a été engloutie en victoire» (Esaïe 25: 8). Dieu est le Dieu bienheureux. Quelle éternité de parfait bonheur lorsque le Dieu bienheureux sera tout en tous! Il ne manquera rien au bonheur de l'ensemble comme au bonheur de l'individu; pour tous il y aura un rassasiement de joie; une couronne de gloire sur tous les fronts, et une allégresse éternelle dans tous les coeurs:

 «Que le chant de louange à la gloire du Père,

S'élève de nos coeurs par son amour ravis,

Et que l'hymne éternel commencé sur la terre

Exalte, glorifie et le Père et le Fils».