«Christ est tout»

ME 1900 page 336

 

De plus en plus je sens que Christ n'a pas, parmi les enfants de Dieu, la place qu'il doit avoir. Il n'est pas l'Objet. Ce qui nous occupe est ou une doctrine, ou un dogme, ou un parti, ou notre expérience, en un mot quelque chose à côté de Christ. Il semble que nous ayons beaucoup du même esprit que Pierre sur la montagne, lorsqu'il disait: «Faisons ici trois tentes». Le Père le réprimanda d'une manière solennelle. «Comme il parlait encore, voici, une nuée lumineuse les couvrit; et voici, une voix de la nuée, disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir; écoutez-le. Ce que les disciples ayant entendu, ils tombèrent le visage contre terre et furent saisis d'une très grande peur. Et Jésus, s'approchant, les toucha et dit: Levez-vous, et n'ayez point de peur. Et eux, levant leurs yeux, ne virent personne que Jésus seul» (Matthieu 17: 1-8).

Avez-vous été dans la «nuée», cher frère? Avez-vous jamais entendu la «voix?» Etes-vous tombé sur votre «face» contre terre? Avez-vous senti Jésus vous «toucher»? Puis, avez-vous entendu une autre voix vous dire: «Levez-vous»? Et levant les yeux, n'avez-vous vu «personne que Jésus seul?» Plusieurs peut-être ont atteint le sommet de la montagne; mais un petit nombre, un bien petit nombre, ont été dans la «nuée», ont entendu la «voix», sont tombés sur leur «face», se sont levés pour voir «Jésus seul».

«Christ est tout» (Colossiens 3: 11). Est-il cela pour nous? Est-il question de mon salut? «Crois au Seigneur Jésus Christ, et tu seras sauvé» (Actes des Apôtres 16: 31). Est-il question de relation avec Dieu? «Vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus» (Galates 3: 26). S'agit-il d'expérience? «Pour moi, vivre c'est Christ» (Philippiens 1: 21). Est-il question du service? «Je puis toutes choses en Celui qui me fortifie» (Philippiens 4: 13). Veux-je savoir le sentier que j'ai à suivre? Jésus dit: «Je suis le chemin» (Jean 14: 6). S'agit-il du ciel ou du lieu où me conduit mon sentier? Christ le définit par ces paroles: «Là où moi je suis» (Jean 14: 3). Oh! puissions-nous connaître davantage ces riches bénédictions que l'on possède lorsque «Christ est tout», lorsqu'on voit «Jésus seul». Le désir ardent de nos coeurs devrait être: «Le connaître, Lui» (Philippiens 3: 10). Dans notre égoïsme nous soupirons après des bénédictions et nous les demandons. Jésus est Celui en qui se trouvent toutes les bénédictions dont nous avons besoin, LUI, les délices du coeur du Père. Puissions-nous goûter avec Lui la joie qu'il prend en son Fils. Christ est infiniment au-dessus de toute doctrine et de toute expérience. L'expérience nous l'aurons, mais c'est seulement avec Lui que nos coeurs peuvent être ravis et transportés de bonheur.

D'où vient que nous ne sommes pas davantage transformés «de gloire en gloire»? Le voile a été déchiré; l'aspersion du sang a été faite; l'Esprit a été donné; mais nous sommes occupés de nous-mêmes et de l'oeuvre de l'Esprit en nous, plutôt que de Christ seul. C'est là ce qui fait la faiblesse de ce grand mouvement vers la sainteté, et ce qui le rend si superficiel chez un grand nombre. Regardons davantage et contemplons la face découverte de Christ, d'où rayonne la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu (2 Corinthiens 3; 4). Toute autre chose pâlit et s'évanouit lorsque nous nous arrêtons là.

L'Esprit ne nous occupe jamais de son oeuvre en nous. Si c'est sur cela que s'arrête ma pensée, je suis expérimentalement hors de l'Esprit. Christ nous dit: «Il ne parlera pas de par lui-même», mais, «il me glorifiera» (Jean 16: 5-15). Bien plus; l'oeuvre de Christ, si merveilleusement précieuse soit-elle, ne peut jamais être l'objet pour le coeur. Elle procure à la conscience la paix, une douce paix; mais c'est la PERSONNE seule de Christ qui peut satisfaire le coeur. Et avec quelle plénitude il le fait! Qu'il soit béni mille et mille fois.

Le Père dirige notre attention sur Lui; l'Esprit Saint nous occupe de Lui; les Ecritures rendent témoignage de Lui (Jean 5: 39). Il est l'objet de la foi, l'objet de l'amour, l'objet de l'espérance. La foi, l'amour ou l'espérance, qui ne font pas de Lui leur objet, ne sont ni vrais, ni réels. Il est tout pour mon sentier, tout pour mon service, tout pour mon culte. Béni, oui, béni soit son Nom! Il n'est pas sur la croix, il n'est pas dans le tombeau, il est sur le trône. Fait merveilleux! Il y a un Homme dans la gloire de Dieu, et cet homme est mon Sauveur, mon Sacrificateur, mon Avocat; c'est Celui qui est mort pour moi, qui vit pour moi, qui vient pour moi: l'Epoux de l'Eglise. Il n'est pas surprenant que Pierre pût dire: «Pour vous qui croyez, elle a ce prix». Le monde incrédule aussi bien que le monde religieux l'excluent. Le premier est réservé pour le feu, le second sera vomi de sa bouche (2 Pierre 3; Apocalypse 3). Evitons l'un et l'autre; si nous n'en sommes pas dégagés, «sortons vers Lui» (Hébreux 13: 13). Il est pleinement suffisant et il plaît à son coeur d'être toutes choses pour nous.

Que pour nous ce soit donc Christ, et toujours Christ. L'on ne peut avoir une meilleure part, une place plus excellente que celle qu'il donne. Notre part ici est «la nourriture et le vêtement», et notre place est «hors du camp». Notre part là-haut est «toutes bénédictions spirituelles», et notre place est «en Lui».

Et maintenant, cher frère, que toutes nos affections, tous nos désirs, toutes nos pensées, et tous nos buts, soient rassemblés et aient leur centre en Lui!