«Mes délices étaient dans les fils des hommes»

Proverbes 8: 31  -  ME 1900 page 374

 

Qui a prononcé ces paroles exprimant un intérêt si profond pour la pauvre race humaine? C'est le Fils de Dieu, Celui qui s'appelle la Parole et la Sagesse éternelle; Celui qui, venant sur la terre au milieu des hommes, a reçu le nom de Jésus — l'Eternel, le Sauveur.

De toute éternité le Fils était auprès du Père, dans son sein, dans le repos de son amour, et, comme le dit l'Ecriture: «A côté de lui, son nourrisson». Dans cette sainte et ineffable communion, les délices du Père étaient tous les jours le Fils, le Fils de son amour, et le Fils était toujours en joie devant le Père, se réjouissant en même temps d'avance en la partie habitable de la terre où il devait déployer la gloire du Père et manifester son amour, car les délices du Fils «étaient dans les fils des hommes». Dans le chapitre 7 des Proverbes, l'Esprit de Dieu nous transportant dans l'éternité passée, dans le calme profond et inaltérable de la félicité divine, nous révèle la joie du Père et du Fils et ses motifs.

Dans ces âges passés, avant que le temps eût commencé son cours, le Fils, dans la présence du Père, se réjouissait «en la partie habitable de la terre» qui allait être créée aux acclamations et aux chants de joie des anges spectateurs de ces merveilles (Job 38: 7). Mais le Fils ne se réjouissait pas dans les oeuvres si grandes et si belles qui orneraient la terre, montagnes aux pics neigeux, océans tumultueux, vastes solitudes, plaines fertiles arrosées par des fleuves aux eaux limpides; non, mais partout où se trouveraient d'humbles demeures ou de riches palais, dans les villes affairées comme dans les campagnes paisibles, partout où habiteraient des fils des hommes, là le Fils devait trouver sa joie et ses délices; car, dit le cantique:

 «Avant que le temps fût, tu pensais à la terre

Ou tu voulais descendre et t'abaisser un jour».

Les affections du Fils envers les fils des hommes ne furent point altérées par l'entrée du péché dans le monde, et de la mort par le péché. Au contraire, l'iniquité de l'homme et la misère qui en est la conséquence, donnèrent à la grâce divine l'occasion de se déployer envers les hommes pécheurs dans toute sa merveilleuse et riche grandeur. «Où le péché abondait, la grâce a surabondé» (Romains 5: 20). Lorsque nous étions les misérables esclaves du péché, et que nous gisions sous la puissance de la mort, il a pris en main notre cause. Il n'a pas pris celle des anges déchus de leur haute position, mais il est devenu notre Médiateur. Pour nous élever dans la gloire du ciel, il s'est abaissé jusqu'à revêtir l'humaine faiblesse. Il a voulu être un homme, semblable à ceux en qui il avait ses délices, mais à part le péché. Le Fils éternel de Dieu devint dans le temps le Fils de l'homme. La Parole éternelle fut faite chair et habita au milieu de nous. Celui qui créa les mondes et qui soutient toutes choses par la parole de sa puissance, Celui qui est toujours dans le sein du Père, fut comme un faible enfant couché dans le sein de sa mère. Le Fils de Dieu fut ici-bas un enfant soumis à ses parents terrestres, et Lui, devant qui se prosternent les armées du ciel, vécut dans l'obscurité jusqu'au commencement de son ministère, connu seulement comme le fils du charpentier. «Il a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes» (Hébreux 5: 8).

Et pourquoi cet abaissement et ces souffrances? «Ses délices étaient avec les fils des hommes», telle est la réponse. Quel témoignage plein de grâce nous en avons quand nous le contemplons dans la maison de Simon le pharisien! Il accueille la grande pécheresse pleurant a ses genoux. Il prend ses délices à la voir repentante et l'aimant, et son coeur rempli de joie de ce que la brebis perdue est retrouvée, la relève en lui disant: «Tes péchés sont pardonnés, va-t'en en paix». Quel autre merveilleux témoignage de son amour pour les fils des hommes n'avons-nous pas au puits de Sichar où, lassé du chemin, il s'était assis? Une misérable femme, esclave de ses passions, la honte de la ville, s'approche pour puiser de l'eau. Jésus oublie sa soif et sa fatigue pour conduire cette pauvre pécheresse à la connaissance du don de Dieu, à la fontaine d'eau jaillissante en vie éternelle, à l'adoration du Père en Esprit et en vérité. Ouvrir à la Samaritaine l'entrée de la bénédiction était pour Lui un rafraîchissement et une nourriture. «Ses délices étaient dans les fils des hommes!» Ne le voyons-nous pas quand il tressaille de joie en son esprit et qu'il loue le Père d'avoir révélé aux petits enfants les choses du ciel? Et encore lorsque les disciples Lui annoncent que les Grecs désirent le voir. «L'heure est venue», dit-il, «pour que le fils de l'homme soit glorifié» (Jean 12: 23); mais pour cela il doit passer par la mort; il l'anticipe et voit d'avance avec joie la riche moisson d'âmes sauvées qui en serait le résultat. Et combien sa grâce envers les fils des hommes ne se montre-t-elle pas encore dans ces paroles: «J'ai à être baptisé d'un baptême; et combien suis-je à l'étroit jusqu'à ce qu'il soit accompli»? (Luc 12: 50). Ici de nouveau il pense aux conséquences bénies de son sang versé à la croix et de ses souffrances pour la rédemption des pécheurs. Ce baptême une fois accompli, et c'était la mort, il pouvait, étant ressuscité, faire connaître pleinement le nom de son Père (Jean 17: 26; 20: 17) et révéler tout l'amour de Dieu pour les pécheurs, cet amour qui a donné le Fils, afin que par Lui, par sa mort, nous eussions la vie. Et le Fils s'est volontairement livré pour nous! Oui, vraiment, ses délices étaient dans les fils des hommes.

Dans le sein du Père, durant l'éternité passée, il était dans une sainte communion avec Lui, «son nourrisson, ses délices tous les jours, toujours en joie devant lui», de même ici-bas, dans l'humanité qu'il avait prise pour être tout près de ceux en qui était son plaisir, il était toujours en communion de pensées et d'amour avec le Père. Chacun de ses actes était en accord avec les désirs de son Père: «Je fais toujours les choses qui lui plaisent», disait-il (Jean 8: 29). Chacun de ses pas sur la terre en obéissance et en grâce, même jusqu'à la mort de la croix, était l'expression de l'amour de Dieu pour l'homme, ainsi qu'il est dit: «Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique», mais cet amour répondait à celui du Fils qui se donnait pour les pécheurs. «Le Fils de Dieu qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi», s'écriait Paul (Galates 2: 20), et le choeur des rachetés répète: «A Celui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang… à Lui soit la gloire» (Apocalypse 1: 5, 6).

Combien cet amour, le plaisir qu'il trouvait avec les fils des hommes, ne s'est-il pas manifesté en bonté, en tendre compassion envers les pauvres, les petits, les souffrants, guérissant, rendant les morts à ceux qui les pleuraient, consolant ainsi les plus amères douleurs. A son baptême, il descend et se place avec les humbles, les repentants, pour Lui les excellents de la terre. Il se plaisait à s'entourer de disciples qu'il choisissait; il aimait à entrer chez Matthieu, chez le péager Zachée, chez Marthe et Marie et à être à table avec les conviés qu'il nourrissait du pain céleste de la parole. «Ses délices étaient avec les fils des hommes». O Sauveur! qu'il est doux de te contempler ainsi, tel que tu fus, habitant avec nous!

Sur la croix, il a plu à l'Eternel de le meurtrir (Esaïe 53: 10). Il le fallait: «Il faut», dit Jésus, «que le fils de l'homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean 3: 15). Si ceux en qui étaient ses délices devaient être sauvés, être avec Lui dans la gloire du ciel, ce ne pouvait être que par sa mort. Et Lui, le Fils éternel, qui, avant que le monde fût, était l'objet de l'amour du Père (Jean 17: 24), le Fils sur qui, lorsqu'il était sur la terre, le ciel fut ouvert et laissa entendre cette voix du Père: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir» (Matthieu 3: 17), le Fils, en communion avec la volonté de Dieu, fut soumis à la souffrance et accepta pour l'amour des pécheurs d'être mis sur la croix au rang des iniques. Il fut fait péché pour nous, il fut abandonné de Dieu pour nous, pour nous il porta le poids du jugement de Dieu. Oui, dans son amour infini et sa bonté suprême, il fut l'homme de douleurs, sachant ce que c'est que la langueur. Oh! comme il a bien montré tout ce qu'il y avait en Lui d'amour, de grâce parfaite, pour les fils des hommes!

Le Fils est retourné au ciel d'où il était descendu pour accomplir son oeuvre d'amour au milieu des hommes et en leur faveur. Il est rentré dans la gloire qu'il avait auprès du Père avant que le monde fût. Mais il est entré au ciel comme Homme; c'est comme fils de l'homme que le Fils éternel de Dieu est assis sur le trône. C'est dans ces lieux célestes qu'il rassemblera tous ceux pour lesquels il a donné sa vie. Ils seront tous transformés à son image, rendus semblables à Lui, le Fils de l'homme ressuscité et glorifié. Dans ce grand et bienheureux jour si près de paraître, la mort sera engloutie en victoire. Il changera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire (Philippiens 3: 21). Tous ceux pour qui il a souffert et a subi la mort, brilleront alors dans la splendeur de sa gloire, car il a dit: «La gloire que tu m'as donnée, moi, je la leur ai donnée» (Jean 17: 22). Là ils ne porteront aucune trace de souillure, aucune tache, aucune infirmité, rien qui rappelle leur condition actuelle d'humiliation dans des corps mortels et corruptibles. Là, ils seront pour toujours avec Lui; il jouira du fruit du travail de son âme; avec eux il se reposera dans son amour. Qui pourra décrire la joie de son coeur, à Lui qui maintenant tout joyeux, met la brebis retrouvée sur ses épaules? Que sera-ce quand tous ses rachetés seront autour de Lui remplis d'une éternelle allégresse? Alors les armées célestes qui autrefois acclamèrent sa venue sur la terre, diront avec les objets de son immuable amour: «Oui, vraiment, ses délices étaient avec les fils des hommes».