Notes sur la première épître aux Corinthiens

ME 1900 page 321  -  ME 1901 page 3

 

Notes sur la première épître aux Corinthiens. 1

Chapitre premier. 1

Chapitre 2. 7

Chapitre 3. 11

Chapitre 4. 15

Chapitre 5. 18

Chapitre 6. 20

Chapitre 7. 24

Chapitre 8. 28

Chapitre 9. 32

Chapitre 10. 36

Chapitre 11. 44

Chapitre 12. 53

Chapitre 13. 59

Chapitre 14. 61

Chapitre 15. 66

Chapitre 16. 83

 

Chapitre premier

Cette épître pourrait être nommée: «La constitution de l'Eglise», en contraste avec les constitutions qu'ont élaborées les diverses dénominations de la chrétienté, et qui les régissent. En effet, elle renferme les directions divines pour la marche et l'administration des assemblées de Dieu de tous les pays et durant tout le temps renfermé entre la Pentecôte et le retour du Seigneur pour prendre les siens avec Lui.

(Verset 1). — Paul, qui aura à revendiquer son autorité apostolique que niaient les faux docteurs à Corinthe, se présente comme apôtre par l'appel de Dieu: «Apôtre appelé de Jésus Christ par la volonté de Dieu». Il avait été appelé par Jésus Christ sur le chemin de Damas, et la mission d'Ananias, envoyé par le Seigneur auprès de lui, lui expliquait et confirmait cet appel (Actes des Apôtres 9: 5, 6, 15-17; comparez 26: 16-18; 22: 14-16). La volonté de Dieu (Christ agit toujours selon la volonté de Dieu) peut avoir été exprimée lorsqu'à Antioche, l'Esprit Saint dit: «Mettez-moi à part Barnabas et Saul, pour l'oeuvre à laquelle je les ai appelés» (Actes des Apôtres 13: 2). «Par la volonté de Dieu» est aussi en contraste avec la volonté de l'homme. Paul n'était pas appelé par l'homme (comparez Galates 1: 1).

Sosthène, le frère, est peut-être le même que celui dont il est fait mention en Actes 18: 17. Paul se l'adjoint ici comme un témoin de l'opportunité de l'épître; c'est ce qu'il fait aussi en d'autres occasions.

(Verset 2). — Quel que fût le fâcheux état spirituel où se trouvaient les Corinthiens, l'apôtre les reconnaît comme étant «l'assemblée de Dieu à Corinthe». L'assemblée est ainsi envisagée dans sa position en Christ, comme étant à Christ, et, par conséquent, une chose sainte. C'est la qualité de l'assemblée comme telle, en dehors de la qualité des individus qui la composent. L'assemblée considérée ainsi est une pâte sans levain (chapitre 5: 7). On ne peut comprendre ce qu'est une assemblée si on ne l'envisage pas comme telle, et comme telle, elle est un fait existant en permanence. Ceux qui délogent la laissent subsister, ceux qui y entrent ne la constituent pas: ils la trouvent ce qu'elle est. L'assemblée existe aussi d'une manière permanente, et non seulement quand ceux qui la composent se trouvent rassemblés aux jours convenus pour cela.

A côté des païens et des Juifs dégénérés, Dieu avait une assemblée à Corinthe, et tous ceux qui dans cette ville étaient au Seigneur, se trouvaient dans l'assemblée. En ce temps-là, être à Christ, et être dans l'assemblée était une seule et même chose, et il n'y avait qu'une seule assemblée. Dans la pensée de Dieu, l'assemblée de Dieu d'un endroit comprend tous les enfants de Dieu de cet endroit. Aujourd'hui, au milieu de la ruine de l'Eglise, aucun rassemblement de chrétiens dans une localité ne peut se dire «l'assemblée de Dieu» de cette localité. Il faudrait pour cela que tous les croyants de l'endroit s'y trouvassent. Mais s'il y a là quelques croyants qui se réunissent au nom de Jésus sur le principe de l'unité du corps, ils représentent l'assemblée, et ils jouissent des privilèges et ont aussi la responsabilité de l'assemblée de Dieu de cet endroit. Ils sont alors une assemblée de Dieu. Une telle assemblée perdra son caractère si elle refuse de juger le mal. Si les Corinthiens avaient refusé d'ôter le méchant du milieu d'eux (chapitre 5), l'apôtre ne les aurait plus reconnus comme «l'assemblée de Dieu qui est à Corinthe».

L'apôtre ajoute: «Aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés». Vus ensemble, les croyants à Corinthe étaient l'assemblée de Dieu; vus comme individus, ils étaient «sanctifiés», mis à part dans le Christ Jésus, et «saints», séparés pour Dieu par son appel. Telles étaient les bases divines de leur position. Ensuite, l'apôtre embrasse dans sa pensée «tous ceux qui, en tous lieux, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre». Les directions données dans l'épître ont donc une portée universelle; tous les saints sur la terre, sont tenus de s'y conformer. De plus, l'épître faisant partie maintenant de la parole de Dieu, vivante et permanente, elle a son application pour tous les temps du passage de l'Eglise sur la terre. Aujourd'hui, où la profession d'invoquer le nom du Seigneur a pris de l'extension, tous ceux qui se réclament du nom du Seigneur sont responsables envers ce Seigneur: Il est leur Seigneur et le nôtre. «Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême». De sorte qu'aujourd'hui, tout l'ensemble de la profession chrétienne — la chrétienté — est responsable à l'égard des directions de cette épître, quant à la marche de l'assemblée.

(Verset 3). — La grâce et la paix, dans le sens pratique, sont souhaitées aux sanctifiés dans le Christ Jésus, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ. C'est du Père et de son Fils, unis dans une même pensée, que découlent ces grâces dans le coeur et la vie des croyants.

(Versets 4-9). — L'apôtre reconnaît avec actions de grâces tout ce que l'assemblée de Corinthe avait reçu de Dieu en Christ. Ils étaient enrichis des dons qui leur avaient été conférés; aucun ne leur manquait, et par cela le témoignage du Christ était confirmé au milieu d'eux. Plus loin dans l'épître, l'apôtre devra les reprendre au sujet de l'exercice de ces grands dons qu'ils possédaient, et avec lesquels ils aimaient à se produire. Mais ici, tout ce qui est reconnu est de Dieu, tout repose sur des bases divines. Pendant qu'ils marchaient à la rencontre du moment où Christ serait révélé — en contraste avec son absence — il ne leur manquait aucun don de grâce.

Au verset 8, quel que fût d'ailleurs l'état regrettable des Corinthiens au point de vue doctrinal et moral, Paul exprime la confiance qu'il a dans le Seigneur, qu'il les affermira jusqu'à la fin, de sorte qu'ils soient irréprochables dans la journée de notre Seigneur Jésus Christ, cette journée où tout sera manifesté. Le Dieu qui les avait appelés à avoir part avec son Fils à toutes les bénédictions futures, était fidèle. L'apôtre savait qu'il pouvait compter sur Lui.

Ces neuf premiers versets forment l'introduction de l'épître. Tout y repose sur une base divine. Après cela et en conséquence de cela, l'apôtre peut entrer dans tous les détails nécessaires pour blâmer et redresser tout ce qui était incompatible avec le caractère divin qu'ils possédaient, d'être l'assemblée de Dieu, des sanctifiés dans le Christ Jésus, et des saints par l'appel de Dieu.

(Versets 10). — L'apôtre ici commence ses exhortations, en faisant appel au nom de notre Seigneur Jésus Christ. C'est ce nom qui les avait rassemblés en unité autour de Lui, et c'est l'unité et la pratique de cette unité, qui sont tout d'abord réclamées. Le Christ est-il divisé? demandera-t-il au verset 13. Pour demeurer dans l'unité pratique, il fallait donc parler tous un même langage, celui de la vérité, afin d'éviter les divisions intestines, et d'être au contraire parfaitement unis dans un même sentiment et un même avis, comme étant un seul tout, où chacun accomplit sa fonction selon la vérité commune à tous.

(Verset 11). — Paul leur apprend qu'il a été informé par des personnes d'entre eux (et il ne manque pas de les nommer) qu'il y a des dissensions parmi eux.

(Verset 12). — Les Corinthiens apportaient dans l'assemblée l'esprit de parti auquel les avaient habitués les opinions divergentes des écoles de philosophie; chez les païens, les uns se réclamant de tel maître fameux et de sa doctrine, les autres de tel autre avec une doctrine différente. Ainsi, au chapitre 17 des Actes, il est question des philosophes stoïciens et des philosophes épicuriens qui disputaient contre Paul à Athènes. Les chrétiens de Corinthe, conservant leurs anciennes idées, faisaient des ouvriers du Seigneur des chefs de partis, sans que ceux-ci, il va sans dire, y donnassent les mains. Les uns se réclamaient de Paul, d'autres d'Apollos ou de Céphas. Il y en avait même qui croyaient s'honorer davantage en se réclamant de Christ, faisant ainsi de Christ un chef d'école. Tout cela était bien le contraire de l'unité de pensée et de sentiment, à laquelle les rattachait le nom de Christ (verset 10). C'est pourquoi l'apôtre s'écrie: «Le Christ est-il divisé?».

(Versets 13-16). — C'est à un Christ unique, à un unique Sauveur que l'on est rattaché. C'est pourquoi Paul, peiné de ce que quelques-uns prenaient son nom comme centre de ralliement et se réclamaient de lui, dit: «Paul a-t-il été crucifié pour vous? Avez-vous été baptisés pour le nom de Paul?» Et à cause de cela, Paul rend grâces à Dieu de n'avoir pas baptisé beaucoup de Corinthiens. Tous avaient été baptisés, mais lui-même n'en avait baptisé que quelques-uns. Il n'y avait donc pas lieu de dire qu'il avait baptisé pour son nom, en vue de rattacher quelqu'un à lui.

(Verset 17). — L'apôtre veut dire ici qu'il n'a pas reçu la mission des douze, comme nous la trouvons en Matthieu 28: 19; sa mission était celle que nous trouvons en Actes 26: 16-18, et qui fut mise à exécution, selon l'ordre de l'Esprit Saint, en Actes 13: 2. Ce n'est pas que Paul ne donnât au baptême toute l'importance qui lui appartient. Lui-même avait été baptisé à Damas (Actes des Apôtres 9). Lydie et sa maison, de même que le geôlier et les siens, l'avaient été par ses soins, peut-être par lui-même. Mais dans ce verset, il s'en réfère à sa mission d'évangéliste. Seulement, son évangélisation n'était pas un exposé philosophique de la doctrine qu'il annonçait, ce n'était pas non plus en empruntant à la philosophie ses formes d'exposition qui commencent par flatter l'homme au moyen d'un beau langage. Agir ainsi aurait été rendre vaine la croix de Christ qui abaisse l'homme et son orgueil.

(Verset 18). — Mais le simple exposé de ce qu'est la croix de Christ, c'est-à-dire la fin de tout ce qu'est l'homme dans la chair, ne peut être qu'une folie pour ceux qui périssent; pour nous qui avons le bonheur d'obtenir le salut par ce moyen, la parole de la croix est la puissance de Dieu. Ces paroles de Paul semblent montrer comme sous-entendu dans sa pensée, un côté de la croix que les Corinthiens n'avaient pas saisi. Ils avaient compris la mort de Christ pour le pardon de leurs péchés, mais non pas le fait qu'ils étaient morts avec Christ, et que la croix de Christ était la fin de l'homme comme tel, et, pour le croyant, la fin de tout ce qu'est le monde. Les choses auxquelles les Corinthiens tenaient encore, et qui étaient selon l'homme, prouvaient qu'ils n'avaient pas encore compris que ces choses avaient trouvé leur fin dans la croix de Christ.

(Versets 19, 20). — Les sages de ce monde font partie de ceux qui périssent; aucun de leurs systèmes ne peut donner à l'homme le salut et le bonheur. Dieu met fin à leur sagesse: il la détruit par la croix de Christ, et montre que toute cette sagesse n'est que folie, puisqu'elle ne peut donner à l'homme ce qui répond à ses réels besoins. Que l'on prenne le sage, le philosophe grec, ou le scribe — les savants rabbins juifs, ou le disputeur de ce siècle — le sophiste qui soulève des objections pour l'amour de la dispute, tous ces partisans de la sagesse de ce monde se disant sages sont devenus fous. «Où sont-ils?» s'écrie avec hardiesse l'apôtre. Dieu a montré que leur sagesse n'est que folie.

(Verset 21). — Il entrait dans les voies de Dieu, selon sa sagesse à Lui, que l'homme, par sa propre sagesse, n'arrivât pas à la connaissance de Dieu. Il aurait dû conserver, après le déluge, le fait de l'existence de Dieu; il pouvait et devait la connaître en considérant les oeuvres de la création (Romains 1: 20); mais la connaissance même de Dieu, de ce qu'il est dans son essence, ses conseils, ses desseins et ses voies, cette connaissance-là ne se trouve que dans la foi à la révélation qu'il nous a donnée; et maintenant nous n'avons la vraie et pleine connaissance de Dieu que par Christ. Cela étant, il a plu à Dieu de sauver ceux qui croient, par cette prédication de la croix qui est taxée de folie par les sages de ce monde.

(Versets 22-25). — Ce qui était reconnu alors dans le monde, c'était, ou le judaïsme, ou la philosophie païenne. Les Juifs voulaient des miracles, des signes grands et palpables (voyez Jean 6: 30). Les Grecs recherchaient ce que la raison humaine peut expliquer; ils se complaisaient dans les spéculations de la philosophie. A cela Paul oppose la croix. «Mais nous», dit-il, «nous prêchons Christ crucifié». Or Christ crucifié mettait absolument de côté et l'homme, et sa religion, et sa sagesse. Pour les Juifs orgueilleux, Christ était une occasion de chute: un Messie crucifié au lieu d'un Roi glorieux, comment accepter semblable chose? Pour les nations, croire comme Sauveur à un homme pendu au bois, quelle folie! Mais au milieu des Juifs et des Grecs incrédules, il y avait des appelés, et pour ceux-là, en contraste avec les Juifs scandalisés, ce Christ crucifié était la puissance de Dieu, et en contraste avec les Grecs sceptiques et moqueurs, il était la sagesse de Dieu. Car ce qui en Dieu est taxé de folie par l'homme, est plus sage que l'homme; et ce que l'homme appelle faiblesse en Dieu est plus fort et plus puissant que l'homme.

(Verset 26). — L'appel des Corinthiens semblait justifier, en apparence du moins, ce que les hommes disaient de la faiblesse de Dieu. Parmi ceux que la grâce avait convertis et rassemblés, il n'y avait pas beaucoup de sages selon la chair, de ces puissants, de ces nobles, qui auraient relevé le christianisme aux yeux du monde. Il pouvait y en avoir, mais il y en avait peu. Dieu aimait à se glorifier dans ce qui était petit, lors même que sa grâce était accessible à tous.

(Verset 27). — Dans le verset précédent, il s'agit de personnes dont la condition dans ce monde pouvait justifier le reproche de faiblesse adressé au christianisme par les Juifs et les sages du monde. Ici, il s'agit de certaines choses qui rendent honteuses certaines personnes. L'apôtre reprend les expressions employées par les hommes du monde à l'égard de l'Evangile, et qu'il a citées dans les versets 18-25. Il s'agit de l'estimation que le monde fait de ces choses, et non de ce qu'elles sont en elles-mêmes. Les choses folles du monde sont les choses que le monde estimait telles, et c'était le christianisme. Mais cet Evangile, qui convertissait et rassemblait des idolâtres, et, en leur faisant rejeter leurs idoles, les faisait changer de conduite et abandonner leur vie impure et dissolue, cet Evangile était une chose qui, dans ses résultats, couvrait de honte les hommes sages qui s'en moquaient.

Les choses estimées faibles par le monde étaient ce même christianisme, ce même Evangile, choses choisies de Dieu, pour couvrir de honte les choses fortes, ce que le monde reconnaissait comme telles, c'est-à-dire le judaïsme et la philosophie.

(Verset 28). — C'étaient encore des choses viles et méprisées aux yeux des hommes, mais non viles et méprisables en elles-mêmes, que ce christianisme qui annonçait un Christ crucifié. Et, pour le monde, il paraissait comme une chose qui n'est pas, tandis que le judaïsme et la philosophie étaient des choses existantes. Mais cette chose vile, méprisée et n'existant pas, le christianisme, convertissait et rassemblait des Juifs et des gentils en tous lieux, et se montrait ainsi, en s'établissant dans le monde, comme une chose qui annulait les choses reconnues des hommes comme existant seules et prenait leur place.

(Verset 29). — Or cette puissance et cette sagesse de Dieu en Christ, manifestées de cette manière, montraient que nulle chair, nul homme quel qu'il fût, soit Juif, demandant des signes, soit Grec, recherchant la sagesse, ne pouvait se glorifier devant Dieu; tout ce que l'homme prétend avoir ou pouvoir ou être, étant annulé.

(Versets 30, 31). — Or les croyants à Corinthe — et nous avec eux — tout en n'étant pas, d'une manière générale, des sages, des puissants et des nobles, étaient cependant de Dieu. Ils tiraient de Lui, dans le Christ Jésus, leur origine, leur vie, leur position et leur caractère. C'était leur qualité, leur raison d'être: ils étaient de Dieu et le Christ Jésus leur avait été fait de la part de Dieu, sagesse, justice, sainteté et rédemption. C'est ce qu'il a été fait pour nous, et non pas proprement ce que nous sommes en Lui. Il a été fait tel en vue de nous. Sans doute que de notre position découle la pratique; mais, position et pratique, nous ne saurions les posséder sans Christ. C'est en Lui seul que nous avons tout, et non en nous-mêmes ni par nous-mêmes, comme le voudraient les sages de ce monde. Il est notre sagesse, notre justice, notre sainteté et notre rédemption. Celle-ci est nommée la dernière, parce qu'il s'agit du couronnement de ce qu'est Christ pour nous, c'est-à-dire de la rédemption de nos corps mortels. Alors la gloire de la sagesse et de la puissance de Dieu en Lui sera pleinement manifestée.

Or, puisque tout est en Christ et par Christ, l'homme, la chair, n'a pas sujet de se glorifier. Tout sujet de gloire est dans le Seigneur, ainsi qu'il est écrit (Esaïe 45: 25; Jérémie 9: 23, 24).

«A la fin du chapitre 1, nous avons l'expression la plus complète de ce qu'est un chrétien: «Vous êtes de lui dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu, et justice, et sainteté, et rédemption». Ce n'est pas la sagesse que l'on possède en soi et d'après laquelle on agit, de sorte que l'on est sage à l'égard de Dieu; mais «vous êtes de lui», c'est-à-dire de Dieu, «dans le Christ Jésus». Je suis de Dieu, et j'ai de Lui ma sagesse, ma justice, ma sainteté et ma rédemption, le tout en Christ. Je suis de Dieu en Christ, et je tiens tout de Dieu en Christ. Cela vient de Lui, et non de ce que je pense à son égard. Ainsi l'homme est totalement mis de côté, la chair est réduite au silence. Le monde par la sagesse n'avait pas connu Dieu, mais en Christ j'ai un nouvel être, je suis une nouvelle créature, créé de nouveau, et j'ai sagesse, justice, sainteté et rédemption, tout en Christ. Ce passage est un exposé complet de ce qu'est un chrétien, la pleine rédemption, du corps et de l'âme, couronnant le tout.

» Nous avons ici la mesure et le caractère et la plénitude de la sainteté; elle n'est ni légale, ni extérieure, elle est ce qui est en Christ. Elle est pratique: la sainteté, dans la Parole, l'est toujours, sauf dans les Hébreux. Nous en avons la nature et la qualité. Si nous regardons à Christ, nous voyons ce qu'est la sainteté. Quelques-uns disent que la sainteté de Christ nous est imputée, mais c'est absurde. Pensez quelle absurdité ce serait de parier d'une rédemption imputée! Mais en Christ toutes choses sont réelles pour moi. Quelle sagesse que celle que j'ai! Suis-je donc un sage comme Platon? Non, Christ est ma sagesse. La justice est imputée, dit-on. Oui, le terme est juste, mais il ne s'applique pas dans ce passage. Quelle sainteté je possède! C'est Christ, et j'ai aussi la rédemption quand tout sera accompli en gloire. Tout est accompli, sans doute, mais n'est pas encore dans sa pleine réalisation.

» Quant à l'ordre des mots, je pense que la sagesse est quelque peu séparée du reste, parce que c'est ce dont l'apôtre venait de parler. Ce n'était pas la sagesse de l'homme, Dieu avait choisi les choses folles du monde, etc., avait dit l'apôtre, et alors il introduit le fait que Christ nous a été fait sagesse, appuyant davantage sur ce mot.

«Vous êtes de Dieu», c'est la vie positive nous tirons de Dieu notre vie et notre nature par la puissance vivifiante de l'Esprit; tandis qu'ensuite nous avons «de la part de Dieu»

(J.N.D. Notes sur 1 Corinthiens)

Chapitre 2

(Versets 1, 2). — L'apôtre rappelle aux Corinthiens que lorsqu'il est allé auprès d'eux pour leur annoncer l'Evangile, il a laissé de côté tout ce qui satisfait l'homme naturel, savoir l'éloquence et la logique humaine. Il avait annoncé le témoignage de Dieu; le témoignage que Dieu rend au sujet de son Fils. (1 Jean 5: 6-13). En arrivant à Corinthe, il a présenté d'emblée à ses auditeurs Jésus Christ, et Jésus Christ dans son état le plus humiliant, sujet de scandale pour les Juifs et de moquerie pour les philosophes, savoir Jésus Christ crucifié. Mais bien que ce Jésus Christ crucifié fût un objet d'opprobre et de moquerie pour les hommes, la prédication de Paul avait converti et rassemblé un grand peuple dans la ville de Corinthe.

 «Remarquez comment Paul vient vers les pécheurs, vers les sages de ce monde. Il n'y avait dans sa prédication ni excellence de paroles et de sagesse aux yeux de l'homme. Ce n'est pas à strictement parler la croix de Christ qui en est le sujet, mais Jésus Christ; le fait positif qu'il présente est Christ dans son état d'abaissement le plus grand: Christ, et Christ crucifié. La prédication de la croix n'est pas exactement la même chose, mais le point est qu'il ne raisonnait pas comme les philosophes avec eux, mais qu'il préchait Christ — un homme crucifié.

» Habitués comme nous le sommes à regarder la croix comme le moyen de la rédemption, il nous est difficile de sentir l'effet que devait produire sur des philosophes et leurs disciples des paroles comme celles-ci: «Il y a un homme qui a été pendu à la croix en tel endroit — confiez-vous en lui». Pour l'homme, c'était la plus grossière folie possible. Et c'est la plus forte chose à placer devant l'homme, car c'est ce qui écrit le mot folie sur toute sa sagesse et sur toute la grandeur du monde.

» Du moment que l'homme est un pécheur, c'est une toute autre chose, et quand l'amour infini de Dieu entre sur la scène et vient parler à l'homme comme homme, que devient toute grandeur, toute sagesse, et toute autre chose? Tout ce qu'est l'homme dans la chair est balayé, il n'en reste rien. Tout ce en quoi la chair pouvait se glorifier prend fin. Dans la croix il n'y a aucune sorte de gloire de la chair. Et c'était la sagesse de Dieu d'agir ainsi: il n'y avait dans la croix ni dignité, ni héroïsme, mais seulement honte, opprobre, ignominie et mort; tout ce qui était de l'homme était mis à néant là où l'on ne pouvait rien trouver, pas une pierre pour y poser le pied, pour le soutenir hors de l'eau. Les esclaves seuls étaient crucifiés, et c'est un homme crucifié que Dieu prend pour réduire le monde à néant, en jugement d'abord, à néant aussi lorsque nous savons que Christ est dans la gloire.» (J.N.D.)

(Versets 3-5). — La conscience qu'avait l'apôtre que ce qu'il annonçait était le témoignage de Dieu, jointe au sentiment de l'opposition des hommes, lui avait fait sentir sa faiblesse; il avait été dans la crainte et dans un grand tremblement. Mais le Seigneur l'avait encouragé en lui disant: «Ne crains point, mais parle et ne te tais point, parce que je suis avec toi, et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j'ai un grand peuple dans cette ville» (Actes des Apôtres 18: 9, 10). Mais dans ce sentiment de faiblesse et de crainte, Paul avait parlé et prêché, et s'il ne l'avait pas fait avec éloquence et sagesse humaines, il y avait eu démonstration de l'Esprit et de puissance, de sorte que la foi des Corinthiens reposait uniquement sur la puissance de Dieu. L'Esprit Saint avait agi puissamment en eux pour produire cette foi.

(Versets 6-10). — Paul, ayant parlé de la sagesse de l'homme, semble dire ici que c'est maintenant le tour de la sagesse de Dieu d'être aussi présentée. Seulement il ne peut parier de cette sagesse que parmi les hommes faits. L'état d'homme fait est celui de la maturité spirituelle, en contraste avec l'état d'enfance, et surtout d'enfance anormale, tel qu'était celui des Corinthiens (chapitre 3: 1, 2), des Hébreux (chapitre 5: 12-14), et tel qu'il est mentionné en Ephésiens 4: 14. C'est un état comme de nains spirituels, en contraste avec les petits enfants, en 1 Jean 2: 13, où nous avons l'enfance à l'état normal. Les hommes faits sont initiés dans la connaissance de l'état chrétien complet, et ils le possèdent. Ils jouissent de toute l'étendue de la rédemption, non seulement de la justification par la mort de Christ pour nous, mais de la rédemption de notre état en Adam par notre mort avec Christ, laquelle est la fin de tout ce qui se rattache à l'homme dans la chair. Ensuite, dans cet état d'homme fait, il y a la possession consciente de notre union avec Christ ressuscité et glorifié; c'est le nouvel homme, un être céleste, étranger ici-bas, ayant sa bourgeoisie dans les cieux, attendant de là le Seigneur Jésus Christ. L'état d'homme fait n'est pas une théorie, mais une affaire de foi, de conscience et de marche, dans la jouissance de l'union avec Christ dans la gloire, à laquelle témoignage est rendu par l'Esprit Saint, selon les paroles du Seigneur: «En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous» (Jean 14: 20). L'homme fait se nourrit de viande solide, de la parole de la justice, en contraste avec le lait, nourriture des enfants. Aussi est-il dit que les hommes faits ont les sens exercés à discerner le bien et le mal. Ils n'ont pas besoin de demander, un texte formel pour chaque détail. Il y a chez eux un exercice de sentiments — par la Parole et par l'Esprit, sans doute — qui leur fait saisir ce qui convient et ce qui ne convient pas à un être céleste uni à Christ dans la gloire.

«La sagesse de Dieu en mystère» (verset 7) est tout ce qui est dévoilé des conseils de Dieu en Christ; tout ce qu'il a fait en Christ. S'ils avaient vu toute la gloire de Dieu en Christ, ils ne l'auraient pas crucifié.

» Les versets 9 et 10 sont en contraste avec l'état de choses juif. «Ce que l'oeil n'a pas vu, et que l'oreille n'a pas entendu, et qui n'est pas monté au coeur de l'homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment;» voilà le Juif, le prophète déclarant que ce n'était pas entré au coeur de l'homme; mais Dieu nous a révélé ces choses. Dans l'Ancien Testament elles n'étaient pas révélées, elles le sont maintenant. L'apôtre parle de la condition chrétienne tout entière, et non de l'état de l'individu, et par conséquent il prend le chrétien dans son plein caractère normal, et non dans son manque fautif de développement.» (J.N.D.)

L'état des Corinthiens n'était pas tel que l'apôtre ne pût entrer avec eux dans des développements au sujet de la sagesse de Dieu. Il ne fait que l'indiquer, mais suffisamment pour montrer que c'est quelque chose qui se rapporte aux conseils de Dieu relativement à notre position en Christ, le Seigneur de gloire. C'est une sagesse en contraste avec celle de ce siècle et des chefs de ce siècle qui s'en vont. Ils ne l'ont pas connue, sinon ils n'auraient pas crucifié le Seigneur de gloire, en qui se concentre tout ce qui se rapporte à cette sagesse de Dieu, et qui est Lui-même la sagesse de Dieu, cette sagesse éternelle dont il est parlé en Proverbes 8.

Cette sagesse était un mystère caché en Dieu jusqu'à sa révélation par l'Esprit, mais Dieu l'avait préordonnée avant les siècles pour notre gloire. L'oeil de l'homme n'y pénétrait pas, son oreille n'en avait rien perçu, son coeur n'avait pu la concevoir (lisez Job 28). Dieu le tenait en réserve pour ceux qui l'aiment. Mais il nous l'a maintenant révélée, cette sagesse, et il l'a révélée par son Esprit, car l'Esprit qui sonde les choses profondes de Dieu, nous les fait connaître. Quelle chose merveilleuse que Dieu nous fasse ainsi entrer dans ses pensées et nous découvre ses desseins éternels de grâce et de gloire envers nous!

(Verset 11). — Nul ne peut connaître les pensées d'un homme à moins qu'il ne les exprime; jusque-là son esprit seul les connaît. A plus forte raison ne peut-on pas connaître les choses de Dieu, s'il ne les révèle pas; l'Esprit de Dieu seul reste à les connaître, jusqu'à ce qu'il nous les dévoile; et l'apôtre va nous dire qu'il le fait et comment il le fait. «Nous avons l'Esprit de Dieu qui connaît les choses de Dieu, et par conséquent nous les connaissons».

(Versets 12-14). — Ce passage remarquable et d'une haute importance, place devant nous le chemin par lequel les pensées du coeur de Dieu arrivent directement à nos coeurs, sans qu'il y ait pour nous les transmettre d'autre agent effectif que l'Esprit de Dieu.

Au verset 12, nous avons la révélation des choses de Dieu à Paul (et à d'autres) par l'Esprit de Dieu; l'esprit du monde, la sagesse et les raisonnements humains y étant complètement étrangers.

Au verset 13, c'est la communication de cette révélation des pensées de Dieu par le moyen de Paul et d'autres — car il est dit «nous parlons» — mais cette communication est en «paroles enseignées de l'Esprit», et non en paroles choisies et arrangées par la sagesse humaine, de sorte que les choses révélées par l'Esprit — les choses spirituelles — nous arrivent par des moyens spirituels — des paroles que l'Esprit Saint a données aux instruments qu'il emploie, instruments non passifs toutefois, mais goûtant eux-mêmes dans leur intelligence spirituelle les choses que l'Esprit leur, révèle et qu'il leur donne d'exprimer. Ainsi la faiblesse de l'homme n'a pu en altérer en quoi que ce soit la vérité; c'est l'inspiration quant aux choses, et l'inspiration aussi quant aux paroles qui les expriment.

Au verset 14, on a la réception de la communication. Elle ne peut avoir lieu que par l'action de l'Esprit de Dieu. En effet, l'homme animal, l'homme tel qu'il est avec son âme créée, quelles que soient d'ailleurs l'étendue de ses facultés, ne peut pas saisir, comprendre ni recevoir les choses de Dieu que l'Esprit révèle et communique. Elles lui apparaissent comme une folie, ainsi que l'apôtre l'a fait voir au chapitre 1, et que l'expérience, et de nous-mêmes, et du monde qui nous entoure, vient affirmer. Pour recevoir avec fruit l'enseignement de l'Esprit, pour profiter de la révélation des pensées de Dieu, il faut l'action puissante de l'Esprit Saint, illuminant notre être intérieur, agissant sur notre conscience et notre coeur, et faisant de nous des hommes spirituels. «La source, le moyen de communication, et la réception, tout est donc de l'Esprit». Et ainsi la révélation des choses par l'Esprit, la communication inspirée par l'Esprit, et la réception par l'Esprit, amènent dans nos coeurs les pensées qui étaient dans le coeur de Dieu, sans que l'homme y ait rien à faire, sinon comme instrument de l'Esprit.

Lorsqu'on a bien compris ce passage, on connaît la valeur de la Bible, et nul ne peut nous l'ôter comme étant la Parole de Dieu, l'Ecriture divinement inspirée.

(Versets 15, 16). — Le verset 15 montre que l'action de l'Esprit de Dieu dans le croyant, non seulement lui donne la capacité de recevoir la communication inspirée, mais produit en même temps en lui un état spirituel qui le rend capable de discerner sainement toutes choses. Il en découle une marche dont les motifs sont inconnus à l'homme naturel; il ne les discerne pas mieux qu'il ne reçoit les choses de l'Esprit de Dieu. L'homme spirituel discerne tout et juge sainement de tout, mais lui, dans sa marche et les motifs qui le guident, n'est discerné de personne. L'homme naturel se trompe toujours à l'égard des mobiles qu'il veut imputer à la marche de l'homme spirituel. Mais quelle grâce! nous avons, nous chrétiens, la pensée de Christ, et c'est pour cela que l'homme naturel ne nous comprend pas. «Car qui a connu la pensée du Seigneur pour qu'il l'instruise?» Nous avons la pensée de Christ, la faculté intelligente, la faculté de penser et les pensées de Christ par l'Esprit. «Celui qui est uni au Seigneur est un même Esprit avec Lui» (1 Corinthiens 6: 17).

 «Si j'ai la pensée de Christ (l'entendement de Christ), j'ai les pensées qui sont en elle et tout ce qu'elles renferment. Nous n'avons pas d'une manière abstraite la pensée divine, mais nous avons l'Esprit Saint demeurant en nous; et alors vient toute la révélation du mystère.» (J.N.D.)

 «Je dois apporter la croix à un pauvre pécheur quel qu'il soit. L'habileté et le génie d'une personne ne lui serviront de rien au jour du jugement; la croix est pour cela la réponse de la sagesse divine. Supposons un homme du plus grand talent sur la terre, un homme qui ait fait les plus merveilleuses inventions. Quand il est mort, que seront-elles pour lui? Dieu veut vous donner, non l'habileté d'esprit, mais l'Esprit Saint, et la vérité de Dieu, et la pensée de Christ. Jean dit: «Vous avez l'onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses» (1 Jean 2: 20). Il n'y a pas une seule partie des conseils de Dieu qui ne soit maintenant mise en lumière. Quant à cela l'intelligence et l'intelligible vont ensemble; pour nous, créatures, nous ne pouvons avoir la capacité sans la pensée.» (J.N.D.)

Chapitre 3

(Versets 1, 2). — Les Corinthiens n'étaient plus des hommes naturels, car ils avaient l'Esprit de Dieu lequel posséder est le privilège de tout croyant; mais ils n'étaient pas pratiquement des hommes spirituels, ils étaient charnels, agissant selon la chair. Ils n'avaient pas crû dans la vraie connaissance, et étaient restés dans un état d'enfance anormal; ils étaient comme des nains dont la croissance est arrêtée. C'est pourquoi, soit quand l'apôtre était au milieu d'eux, soit maintenant qu'il leur écrivait, il devait les nourrir de lait, les éléments du christianisme, car ils ne pouvaient supporter la viande solide, la connaissance des vérités plus profondes qui est pour les hommes faits. Quel soufflet pour l'orgueil des Corinthiens qui se glorifiaient de leurs dons et de leurs connaissances, et se croyaient sans doute très spirituels.

 «Dieu accorde ses communications au coeur prêt à les recevoir. Telle était Marie de Magdala. Son coeur était tout entier attaché à Christ. Pierre et Jean s'en vont, mais elle reste et elle est appelée à communiquer aux disciples nos privilèges les plus élevés à ce moment, et cela parce que son coeur était rempli de Christ: «Va vers mes frères, et dis-leur: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu». Tel est le message dont le Seigneur la charge — et c'est la première fois que nous avons une déclaration aussi complète. C'était l'affection personnelle de son coeur pour Jésus — affection produite par la puissance attractive de la grâce — qui la rendait propre à recevoir et à communiquer un tel message. Il en était ainsi de la grande pécheresse de Luc 7, et de Marie assise aux pieds de Jésus, écoutant sa parole. Elle vint et l'oignit pour sa sépulture. Ainsi vous verrez toujours que l'intelligence de la pensée de Christ découle de l'attachement à sa Personne. Mais les Corinthiens étaient amoureux d'eux-mêmes et des dons qui les faisaient valoir. Aussi ne pouvaient-ils faire des progrès.» (J.N.D.)

(Versets 3, 4). — L'état charnel des Corinthiens se manifestait en ce qu'ils pensaient à l'égard des choses de Dieu comme les hommes pensent à l'égard des choses du monde. Ils traitaient les unes à l'égal des autres. Ils agissaient à la manière des hommes, en manifestant de l'envie et en se querellant à propos des serviteurs de Dieu qui avaient travaillé parmi eux et dont ils faisaient des chefs d'école, comme le faisaient les païens à l'égard des philosophes. L'un disait: «Moi, je suis de Paul,» et un autre: «Moi, je suis d'Apollos», comme les païens auraient dit: Je suis de Platon, ou d'Aristote. C'est pourquoi l'apôtre leur dit En faisant cela, «n'êtes-vous pas des hommes» Ils auraient dû se montrer non comme des hommes, mais comme des chrétiens.

(Versets 5, 6). — Apollos et Paul étaient sans doute d'éminents serviteurs de Dieu, par le moyen desquels les Corinthiens avaient été amenés à la foi. Chacun d'eux avait fait l'oeuvre que le Seigneur lui avait départie. L'un, Paul, avait planté; venu le premier, il avait jeté la semence de la parole; puis Apollos étant arrivé à Corinthe, avait arrosé, mais ni l'un ni l'autre n'étaient rien pour faire germer et croître la semence: Dieu seul est Celui qui donne l'accroissement. Qu'il est beau de voir Paul prendre cette place de dépendance! C'est un des caractères du vrai ouvrier.

(Versets 7, 8). — Celui qui plante et celui qui arrose ne sont donc rien quant à eux-mêmes; Dieu qui donne l'accroissement est tout. Cependant, comme serviteurs du même Maître et occupés à la même oeuvre, ils sont un; différents dans leur service, ils tendent à un même but, et comme chacun d'eux a son travail propre, chacun recevra sa propre récompense: parole bien encourageante pour les ouvriers du Seigneur. L'un a une sphère d'action plus étendue et qui attire davantage l'attention; à l'autre est départie une oeuvre plus restreinte et moins apparente; mais l'un et l'autre recevront du Seigneur la récompense de leur travail.

(Versets 9-11). — Ces versets présentent les ouvriers eux-mêmes dans leur responsabilité comme tels, plutôt que l'édifice. Mais avant de nous occuper de ce sujet, remarquons ce qui est dit au verset 9. Il fait ressortir que Dieu est tout et que l'homme n'est qu'un instrument. Littéralement il est dit: «C'est de Dieu que nous sommes collaborateurs; c'est de Dieu que vous êtes le labourage (ou le champ), de Dieu l'édifice», L'apôtre laisse ici l'image qu'il avait prise de la culture des plantes et d'un labourage pour passer à celle d'un édifice. L'édifice, ce qui se construit, ce qui s'élève sur la terre, est présenté ici en rapport avec la responsabilité des ouvriers. Par suite de leur infidélité, la maison de Dieu a été amenée à l'état de 2 Timothée 2, représenté par une grande maison. Pour la foi, la maison de Dieu existe toujours selon la pensée de Dieu au début: elle est l'habitation de Dieu par l'Esprit. Mais l'édifice que Christ bâtit lui-même ne doit pas être confondu avec ce qui est le résultat de la responsabilité de l'homme. En Matthieu 16: 18, le Seigneur dit: «JE bâtirai mon assemblée». C'est son oeuvre à Lui. En Ephésiens 2: 19-21, l'édifice croît pour atteindre un résultat final, sans qu'il soit fait mention d'instruments humains. En 1 Pierre 2: 4, 5, les pierres vivantes s'ajoutent en s'approchant du Seigneur, pour constituer une maison spirituelle sans l'instrumentalité de constructeurs humains. Mais dans le passage de 1 Corinthiens 3, que nous considérons, l'homme entre comme ouvrier pour élever l'édifice, il y entre avec sa responsabilité comme constructeur, et dès lors il n'y a plus de garantie, mais toute possibilité de manquement. Et c'est pour cela qu'il est dit: «Que chacun considère comment il édifie dessus», c'est-à-dire sur le fondement qui est Jésus Christ. Paul, comme un sage architecte, avait posé ce sûr et inébranlable fondement, selon la grâce qui lui avait été donnée, et nul n'en peut poser d'autre; il demeure intact malgré tout: Il est posé et nul ne peut l'ébranler (Matthieu 16).

«L'erreur grave commise par le système papiste et la doctrine courante dans les églises, est d'identifier avec l'édifice élevé par Christ ce qui se rattache à l'édifice auquel l'homme travaille sous sa responsabilité».

(Versets 12-15). — De l'édifice de Christ, il est dit: «Les portes du hadès ne prévaudront point;» mais quant à ce qui est confié à l'homme: Que chacun prenne garde comment et avec quels matériaux il édifie. L'ouvrage de chacun sera rendu manifeste au jour de Christ. Ce «jour» a toujours trait au jugement. «Il sera révélé en feu», est-il dit. Le feu du jugement éprouvera l'ouvrage, et tout ce qui n'est pas de Dieu sera consumé. Ceux qui auront édifié sur ce fondement des matières précieuses, des choses, doctrines ou personnes, que Dieu peut reconnaître comme siennes, comme répondant à sa pensée, recevront en ce jour-là une récompense. Tandis que ceux qui auront introduit des vues erronées, de fausses doctrines ou des personnes inconverties, subiront une perte, leur travail aura été vain; ils verront le résultat de leur travail consumé par le feu qui éprouvera tout. Eux-mêmes toutefois seront sauvés comme à travers ce feu, s'ils ont eu la vie de Dieu.

L'or, l'argent et les pierres précieuses peuvent représenter les caractères précieux, mais divers, des doctrines chrétiennes, De même le bois, le foin, le chaume, donnent l'idée, de doctrines qui ont plus ou moins l'apparence des vérités chrétiennes, et qui semblent offrir une résistance plus ou moins grande au feu qui finalement les consumera toutes.

En y comprenant le verset 17, nous voyons qu'il y a trois classes de personnes. D'abord les bons ouvriers qui font de bon ouvrage. Leur travail supportera l'épreuve du feu. Ensuite les mauvais ouvriers qui bâtissent avec de mauvais matériaux; leur travail sera consumé, mais eux personnellement seront sauvés. Enfin il y a — verset 17 — ceux qui corrompent le temple de Dieu et qui seront détruits. Quelqu'un a dit: «On peut être vrai chrétien et bon ouvrier, vrai chrétien et mauvais ouvrier; puis ni chrétien, ni ouvrier, sinon hérétique». Et encore: «Il ne faut pas confondre le fait de bâtir avec du bois, du foin et du chaume, et le fait de corrompre le temple. Dans le premier cas, l'ouvrier bâtit sur le fondement, quoi que ce soit qu'il édifie, et il est sauvé, bien que la doctrine soit erronée. Mais le second cherche positivement à corrompre le temple de Dieu même par de fausses doctrines. Un chrétien peut introduire une mauvaise doctrine, mais reconnaître qu'il n'y a d'autre Sauveur que Christ; il peut enseigner la perfection dans la chair, et cela sera brûlé. Mais celui qui cherche à corrompre, introduit des erreurs mortelles, et il n'est pas chrétien… Les gnostiques étaient des corrupteurs; tels aussi sont les sociniens.» (J.N.D.)

(Versets 16, 17). — Dans ces versets, le temple est la chose collective, l'habitation de Dieu par l'Esprit, envisagée au point de vue de la responsabilité; tandis qu'au chapitre 6: 19, le temple est la personne même du croyant. La sainteté de Dieu ne peut admettre que son temple soit corrompu, aussi il détruira ceux qui le corrompent, jugement solennel et avertissement sérieux pour chacun. «Bien qu'il y soit introduit du bois, du foin et du chaume, ce n'en est pas moins le temple de Dieu».

(Versets 18-23). — L'apôtre semble reprendre ici le sujet de la sagesse. La vraie sagesse étant celle de Dieu, il veut que les Corinthiens se dépouillent de leurs pensées humaines même à l'égard des serviteurs de Dieu. En effet, en faisant de Paul, d'Apollos, de Céphas, des chefs d'école, ils agissaient comme les autres hommes et selon leur sagesse. Il fallait dépouiller la vaine sagesse humaine, devenir fou aux yeux du monde, afin de devenir vraiment sage de la sagesse de Dieu. En se réclamant de l'un ou de l'autre, ils rabaissaient les serviteurs de Dieu au niveau d'hommes, chefs de partis. En se glorifiant dans l'un ou dans l'autre, ils se plaçaient sous leur dépendance, et restaient ainsi au-dessous de leurs privilèges, car toutes choses étaient à eux, même les serviteurs tels que Paul, Apollos et Céphas, comme donnés de Christ. Ils n'étaient pas à ceux-ci et ne dépendaient pas d'eux; ils étaient à Christ. Ces serviteurs leur avaient été donnés et non eux aux serviteurs, et ils leur avaient été donnés, non pour se glorifier en eux, mais pour profiter par leur moyen. Nous sommes la propriété de Christ. Personne, ni rien d'autre, n'a des droits sur nous. Asservis à Christ, nous pouvons, sous sa dépendance, user de tout comme étant à nous. La manière de jouir de ce fait, c'est de ne nous laisser asservir par aucune des choses que Paul énumère. Etant à Christ, nous sommes au-dessus de toutes, et toutes nous appartiennent comme étant à Lui. Paul, Apollos et Céphas sont à nous comme serviteurs donnés de Christ pour nous, et nous ne leur sommes pas donnés pour qu'ils dominent sur nous ou que nous nous glorifiions en eux. Le monde entier est à nous et nous pouvons user de ce qu'il présente, mais en user pour nos besoins comme voyageurs ici-bas. Si je veux me l'approprier pour en jouir, il cesse d'être à moi, c'est moi qui suis à lui. La vie est à moi, non pour ma jouissance, mais pour la donner à Christ. La mort est à moi, non pour la redouter, car alors elle me dominerait, mais pour l'envisager comme ce qui me conduit à Christ. Les choses présentes sont à moi, et alors les peines, les difficultés et les labeurs qu'elles offrent, n'ont pas le pouvoir de me troubler. Les choses à venir sont à moi, car je suis héritier de Dieu, cohéritier de Christ, et ainsi je régnerai avec Lui. Je n'appartiens qu'à Christ et à rien d'autre qu'à Lui dans l'avenir comme dans le présent. Quelle position glorieuse! Puissions-nous la réaliser et ne nous laisser asservir par rien. Le point culminant de cette échelle ascendante est Dieu. Nous sommes autant à Christ que Christ est à Dieu, et ainsi en Lui nous sommes à Dieu.

L'apôtre réalisait que le monde était à lui quand il disait: «Comme n'ayant rien, et possédant toutes choses» (2 Corinthiens 6: 10).

Ainsi le résumé de ces deux derniers versets, c'est que le chrétien n'a personne ni rien au-dessus de lui que Christ. Il a tout au-dessous de lui, il domine tout, et n'est dominé par rien.

Chapitre 4

Nous avons dans ce chapitre un bel et remarquable exemple de ce qu'il y avait d'affection ardente dans le coeur de l'apôtre, sans qu'il y traite aucun sujet particulier.

(Versets 1, 2). — il débute par ce qu'il était en droit de réclamer des Corinthiens et de tout homme, savoir d'être tenus, lui et ses collègues, pour des serviteurs spéciaux donnés par le Seigneur, des administrateurs des mystères de Dieu, ceux auxquels la révélation était donnée pour la communiquer (chapitre 2: 11-13). Les Corinthiens auraient dû les reconnaître comme tels. D'ailleurs ce que l'on requiert d'un administrateur, c'est qu'il soit fidèle dans ce qu'il administre. Lui, Paul, l'avait-il été?

(Versets 3-5). — Il avait conscience de sa fidélité dans son administration, et s'en remettait au Seigneur. Peu lui importait le jugement des Corinthiens ou d'autres. Mais tout en ayant une bonne conscience, il ne se croyait pas pour cela exempt de tout manquement, il ne prenait pas sa conscience comme règle pour se juger lui-même. Le Seigneur est au-dessus de la conscience, c'est pourquoi il s'en remettait à son jugement. Ainsi, au verset 5, il invite à ne pas prononcer un jugement avant le temps où tout sera mis en lumière. Ce serait un jugement d'homme, un jour d'homme. (Jour d'homme veut dire jour assigné pour un jugement et est pris pour le jugement lui-même). Mais quand le Seigneur viendra, ce sera son jour à Lui, et son propre jugement. Alors ce jour, du Seigneur mettra en lumière, fera connaître pleinement les choses cachées des ténèbres, celles que maintenant l'homme ne peut pas plus voir et discerner que quelqu'un, qui se trouve dans une obscurité profonde, ne peut discerner les objets qui l'entourent; alors les conseils, les pensées et les intentions du coeur seront manifestés. Alors aussi chacun recevra sa louange de la part de Dieu: le jugement et la louange de la part des hommes auront pris fin.

(Versets 6, 7). — L'apôtre dit qu'il a tourné ce qui précède sur lui et Apollos (chapitre 3: 4-6, 21, 22), mais c'était aussi pour poser un principe général qui visait ceux qui étaient venus au milieu des Corinthiens avec de grandes prétentions. Les Corinthiens ne devaient pas se vanter d'être pour l'un en étant contre l'autre, par exemple pour Apollos contre Paul. Car qui mettait de la différence entre l'un et l'autre, c'est-à-dire, si quelqu'un était plus ou autrement doué qu'un autre, d'où cela venait-il? Tout venait de Dieu. L'un disait: Je suis de Paul, et un autre: Je suis d'Apollos; mais l'apôtre disait à ceux qui parlaient ainsi: «Toutes choses sont à vous, et si l'un est plus grand qu'un autre, qui a établi cette différence»? C'est ainsi que Jean disait: «Un homme ne peut rien recevoir, à moins qu'il ne lui soit donné du ciel».

(Versets 8, 9). — Si ces paroles, dans un sens, renferment une certaine ironie, elles ne sont pas moins très instructives. Sous l'influence exercée par les faux docteurs qui étaient venus parmi eux, les Corinthiens avaient de grandes prétentions. Ils étaient un peu comme ceux de Laodicée (Apocalypse 3: 17). Ils étaient rassasiés, ils étaient riches, ils régnaient, mais tout cela selon leur propre estimation. L'apôtre réprime cette prétention et leur fait honte d'être ainsi à leur aise, tandis que lui et ses compagnons souffraient. «Vous avez régné sans nous», dit-il. Il réfute cette pensée en disant: «Plût à Dieu que vous régnassiez, afin que nous régnassions avec vous;» c'est-à-dire, plût à Dieu que ce fût le moment de régner, car nous serions du nombre. Au contraire c'était le moment de souffrir, car les apôtres étaient produits les derniers sur la scène de ce monde et voués à la mort comme ces prisonniers que le vainqueur traînait derrière son char de triomphe. Les hommes et les anges étaient, chacun dans leur sens, les spectateurs qui contemplaient cette scène. Admirés par les anges, les apôtres étaient honnis et méprisés par les hommes.

(Versets 10-13). — Le contraste était donc complet entre la position des Corinthiens et celle des apôtres. Ceux-ci étaient estimés par les hommes comme les balayures du monde et le rebut de tous, parce qu'ils avaient accepté ce que le monde méprisait, la folie de la croix pour l'amour du Christ, la faiblesse aux yeux des hommes et leur mépris; en un mot, ils réalisaient le chemin chrétien, la mort avec Christ. Et ils éprouvaient ce que cette position comporte: ils souffraient avec constance de toutes manières; injuriés, ils bénissaient comme leur divin Maître l'avait enseigné; persécutés, ils le supportaient avec patience; calomniés, ils priaient pour ceux qui disaient du mal d'eux. Il est beau de comparer cela avec la position du Seigneur qui n'avait pas un lieu où reposer sa tête, et avec les enseignements de Jésus, en Matthieu 5 et 10. Les Corinthiens au contraire s'estimaient sages et forts, et étaient en honneur dans le monde. Ils étaient de ces chrétiens que le monde regarde comme n'étant pas excentriques dans leurs idées et avec qui l'on peut encore s'arranger. Ces chrétiens-là, par leur christianisme commode qui n'accepte pas l'opprobre de Christ, peuvent jouir de la considération du monde, et y être en honneur et estimés sages. Cet état, chez les Corinthiens, provenait sans doute de l'enseignement des faux docteurs qu'ils avaient écoutés, car l'erreur donne toujours une place à la chair, à l'homme comme tel, et cela en contraste avec la vérité, qui montre la croix de Christ comme étant la fin de l'homme et du monde pour le croyant.

(Versets 14-16). — L'apôtre donne maintenant essor aux sentiments de son coeur envers les Corinthiens. Il établit un contraste touchant entre lui, le père des Corinthiens dans la foi, et qui les chérissait comme de bien-aimés enfants, et tous ces maîtres qui les enseignaient, qui se recherchaient eux-mêmes et se glorifiaient en eux. Pouvaient-ils ces maîtres avec leurs prétentions, avoir les mêmes sentiments paternels que lui, Paul, qui les avait engendrés dans l'Evangile, par qui ils étaient devenus chrétiens? L'affection paternelle de l'apôtre s'unissait à son autorité. C'est pourquoi il avertit les Corinthiens et va bientôt leur parler avec cette autorité. Mais en attendant, il réclame d'eux une réciprocité d'affection, des sentiments filiaux à son égard. C'est pourquoi il leur dit: «Je vous supplie donc d'être mes imitateurs». Quel accent touchant dans cette supplication de l'apôtre. Pouvaient-ils y résister?

(Verset 17). — L'envoi de Timothée était une preuve des sentiments paternels de Paul pour les Corinthiens, et en même temps de son autorité apostolique. Il pouvait envoyer son délégué pour contrecarrer l'influence de ceux qui agissaient contre lui parmi les Corinthiens. Timothée était son enfant bien-aimé, instruit par lui et fidèle dans le Seigneur; c'était sa recommandation auprès d'eux, et il devait rappeler à leur mémoire les voies de Paul en Christ, ces voies selon lesquelles il se conduisait parmi les saints, et ce qu'il enseignait partout dans les assemblées. Paul n'avait pas changé; son enseignement était partout et toujours le même.

(Versets 18, 19). — Ceux qui s'enflaient d'orgueil étaient sans doute les chefs de parti qui répandaient le bruit que Paul ne viendrait pas à Corinthe; le tout pour fortifier leur position. Mais Paul viendrait bientôt, si le Seigneur le permettait, et connaîtrait s'il y avait chez eux la puissance et pas seulement des paroles de vanterie.

(Verset 20). — A cette occasion, il dit que le royaume de Dieu n'est pas en parole, mais en puissance. La puissance ne consiste pas en facilité d'élocution, en beaux discours bien agencés pour produire de l'effet, ni en connaissances approfondies, même dans le domaine religieux. La puissance selon Dieu est le ressort produit par l'action de l'Esprit Saint, dans un homme où est libre d'agir, où aucune entrave n'est mise à son action. Sans grand effet extérieur, il y a une puissance active qui se manifeste même par la patience, l'endurance, la persévérance, à travers toutes les difficultés, pour la vérité et la cause du Seigneur.

Le royaume de Dieu est le grand domaine de toute l'administration du pouvoir de Dieu et de Christ, surtout à la suite de la rédemption, pouvoir qui aura son action effective jusqu'au moment où tout ce qui s'oppose sera subjugué et détruit. Après quoi, Christ remettra au Père les résultats et les conséquences éternelles du royaume, celui-ci n'ayant plus sa raison d'être, lorsque tous les ennemis, même la mort, auront été détruits.

Avant cela, il y aura eu une administration en grâce et en gloire pour une bénédiction terrestre sur la terre millénaire.

Actuellement le royaume est un principe moral s'imposant à toute âme qui reconnaît que Dieu a des droits sur tout ce qui se trouve sous sa dépendance. Pour le chrétien il revêt un caractère spécial. «Le royaume de Dieu», dit Paul, «est justice, et paix, et joie dans l'Esprit Saint» (Romains 14: 17). Tels sont les fruits produits dans l'âme du chrétien par cette reconnaissance des droits de Dieu. Paul prêchait le royaume de Dieu tout en rendant témoignage à l'Evangile de la grâce de Dieu (Actes des Apôtres 20: 24, 25). Il était ministre ou serviteur du royaume de Dieu, de la nouvelle alliance, de l'Evangile et de l'Assemblée.

(Verset 21). — Ici l'apôtre en appelle à son autorité, et donne le choix aux Corinthiens. Veulent-ils se soumettre à cette autorité, afin qu'il puisse continuer à agit, envers eux avec amour et dans un esprit de douceur, ou bien veulent-ils être rétifs et l'obliger à employer la verge?

Chapitre 5

(Verset 1). — Une chose bien triste, mais remarquable en même temps, c'est qu'au milieu de la corruption qui régnait dans la ville de Corinthe, il se trouvait dans l'assemblée un cas pire que tout ce qui existait chez les païens. Cela montre l'empire qu'a le mal sur un chrétien abandonné à lui-même. Un mondain, par amour-propre, peut avoir une certaine retenue dans le mal, tandis qu'un chrétien laissé à lui-même enfonce dans le mal comme du plomb dans l'eau.

(Verset 2). — Bien que les Corinthiens n'eussent pas encore les directions de l'apôtre pour agir comme assemblée contre ce mal qui se trouvait parmi eux, ils auraient dû cependant en être profondément humiliés, et avoir le front dans la poussière, afin que Dieu agit pour les délivrer d'un mal aussi horrible. Hélas! au lieu de cela, ils étaient enflés d'orgueil, se vantant de leurs dons et de leurs connaissances, et les faux docteurs qu'ils accréditaient, ne les pressaient pas de réprimer le mal.

(Versets 3-5). — L'apôtre, pénétré de l'horreur de ce péché abominable, devance les Corinthiens en s'en occupant avec l'autorité apostolique qui lui était conférée par le Seigneur. Absent de corps, mais présent au milieu d'eux, et les associant avec lui en esprit, il juge pour son propre compte, que c'est le cas de livrer un tel homme à Satan pour la destruction de la chair, afin que l'esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus. Livrer à Satan était un acte d'autorité apostolique et non un acte d'assemblée. Celle-ci doit ôter le mal du milieu d'elle. L'apôtre a livré à Satan Hyménée et Alexandre (1 Timothée 1: 20). Ici, il juge que c'est le cas de le faire. L'a-t-il fait, puisque l'assemblée a fait son devoir en excluant le coupable? Cela est douteux.

Dans l'assemblée, en marchant avec le Seigneur, on est gardé sous sa conduite et celle de l'Esprit Saint. C'est le dedans, où l'on se trouve en sécurité. En dehors, c'est le domaine où Satan peut exercer ses droits. Mais s'il lui est permis de le faire à l'égard de quelqu'un qui est à Dieu, comme dans le cas de Job, c'est afin de mâter une chair rebelle. C'est le châtiment gouvernemental infligé pour que l'on échappe à la condamnation finale qui atteindra le monde.

Une assemblée, en ôtant le méchant du milieu d'elle, ne le livre pas à Satan, mais le coupable une fois dehors se trouve, hélas! dans le domaine où Satan exerce ses droits.

Il faut aussi se rappeler que l'exclusion a deux buts: la purification de l'assemblée, et le relèvement du coupable.

(Verset 6). — Les Corinthiens n'avaient pas à se vanter, car l'assemblée tout entière était souillée par le mal qui était au milieu d'elle et qu'elle tolérait. «Un peu de levain fait lever la pâte tout entière». Le mal ne s'arrête donc pas à la personne coupable; l'assemblée en est souillée.

(Verset 7). — Il fallait donc que l'assemblée ôtât le vieux levain, le péché qui était dans son sein. Une fois purifiée du péché qui l'avait souillée, elle serait une nouvelle pâte, le mal en ayant été exclu. Ce qui nécessitait cette purification, c'est que l'assemblée est en elle-même une chose sainte. En sa qualité d'assemblée de Dieu, appartenant à Christ et étant en Lui, l'assemblée de Corinthe était sans levain. Elle était telle comme résultat de ce que notre pâque, Christ, a été sacrifiée.

(Verset 8). — La fête des pains sans levain, qui durait sept jours, suivait la célébration de la Pâque. Durant ce temps, indiquant une période complète, il était interdit chez les Israélites d'avoir du levain dans les maisons. «C'est pourquoi», dit l'apôtre, «célébrons la fête» — celle des pains sans levain, qui pour nous figure le temps complet de notre vie ici-bas — «célébrons la fête, non avec du vieux levain» — le péché qui est vieux en effet, car il date de la chute d'Adam — «ni avec un levain de malice et de méchanceté». «Le vieux levain» est le levain de la vieille nature; le levain de malice et de méchanceté exprime plutôt l'activité du levain. Paul fait peut-être allusion ici à l'esprit qui animait les Corinthiens, même à son égard, par suite de l'influence qu'exerçaient parmi eux les faux docteurs. Enfin il ajoute: «Mais avec des pains sans levain de sincérité et de vérité». Contraste frappant avec ces dispositions qui existaient chez eux.

(Versets 9-13). — L'apôtre nous enseigne ici quelle est la conduite à tenir envers les personnes qui ont dû être ôtées du milieu de nous-mêmes, c'est-à-dire de l'assemblée. Il dit qu'on ne peut rompre d'une manière absolue avec les pécheurs, même avec les grands pécheurs de ce monde; on peut avoir affaire avec eux pour les choses de la vie. Mais si quelqu'un portant le nom de frère, a dû être exclu pour l'un des péchés mentionnés au verset 11, ou pour d'autres, on ne doit pas conserver avec celui-là les relations ordinaires de la vie, qui peuvent être obligatoires avec les mondains. On ne doit, pas même manger avec ces exclus.

Ce sont donc ceux du dedans qui tombent sous le jugement de l'assemblée. Ceux du dehors ont affaire avec le jugement de Dieu. Mais si quelqu'un du dedans peut être appelé méchant, pour avoir fait outrage d'une manière quelconque au saint nom du Seigneur Jésus, celui-là doit être ôté, du milieu de nous-mêmes, «mais bien qu'exclu de l'assemblée, il appartient néanmoins à la maison, comme un méchant enfant renvoyé du salon, appartient cependant à la famille».

Il est bon de remarquer aussi que les péchés mentionnés au verset 11, ne composent pas la liste complète des cas qui exigent le retranchement. Il n'y a pas une telle liste. Ici, il n'est question que du mal moral. Le voleur et même le meurtrier n'y sont pas nommés.

Trois points importants ressortent de l'enseignement de ce chapitre. 1° Le sentiment de profonde humiliation qui doit s'emparer de l'assemblée à la découverte d'un péché dans son sein. 2° L'action de l'assemblée pour se purifier du mal en excluant le coupable, mais en vue de son relèvement. 3° La ligne sévère de conduite à tenir à l'égard de la personne qu'on a dû exclure de l'assemblée. «Il y a des cas difficiles à juger, comme, par exemple, si un homme est «avare ou convoiteur». Mais si l'assemblée est dans un bon état spirituel, le Seigneur, dans un tel cas, amènera tout au jour. Là où se trouve une assemblée spirituelle, ce qui est faux ou hypocrite ne peut toujours durer. Mais on ne peut pas mettre quelqu'un dehors, jusqu'à ce qu'il ait commis quelque acte d'après lequel l'on peut agir».

Chapitre 6

L'apôtre, dans ce chapitre, entre dans des détails relatifs au relâchement, des Corinthiens dans leur vie ordinaire. Ils avaient des procès devant les infidèles; ils faisaient tort à leurs frères plutôt que de supporter le tort qui leur était fait. Puis il revient à ce qui était le grand piège à Corinthe, la corruption par les convoitises de la chair.

(Versets 1-8). — Les Corinthiens agissaient aussi comme des hommes du monde dans leurs différends en matière d'intérêt. Se conduire comme morts et ressuscités avec Christ leur était bien étranger. Ils avaient des procès entre eux; triste chose déjà que d'avoir des procès, mais de plus ils les portaient devant les hommes du monde pour être jugés. Ils allaient devant les injustes, devant les incrédules, dit l'apôtre, et non devant les saints. A ce propos, Paul leur répète ces paroles qui reviennent souvent dans cette épître: «Ne savez-vous pas?» On les trouve jusqu'à six fois dans le chapitre qui nous occupe. Ils avaient été enseignés par l'apôtre; ils auraient dû savoir quelle était la pensée de Dieu à l'égard de telle ou telle chose. Et parmi les choses qu'ils ne devaient pas ignorer étaient celles-ci, savoir, que les saints accompagneront le Seigneur au jour du jugement des vivants, et que même ils assisteront, au jugement des anges comme associés à Lui. Sont-ils donc indignes ou incapables de juger dans les petites choses de la terre?

 «Une chose bien digne de remarque dans le Nouveau Testament, c'est que très souvent les choses de Christ les plus élevées et les plus merveilleuses sont introduites dans les circonstances de la vie ordinaire et leur sont appliquées. Ici il est dit que les saints jugeront les anges. L'Esprit de Dieu introduit les gloires d'un autre monde et en projette la lumière directe dans les choses les plus ordinaires d'ici-bas. Nulle manière de les juger n'est semblable à celle-là. Si l'apôtre exhorte les esclaves à ne rien détourner, il présente comme motif le résumé de tout le christianisme (Tite 2: 9-14). Les Corinthiens avaient des différends et des procès entre eux: «Eh quoi», dit l'apôtre, «vous allez juger le monde, et même les anges, et vous ne sauriez juger dans les choses de cette vie!» De même, quant à la fornication, il dit: «Votre corps est le temple de Dieu, ne le souillez pas». Ce qui est si remarquable, c'est la révélation de semblables motifs introduits pour agir sur toute notre conduite journalière. La chair est là, et pour la juger, il faut appliquer ces motifs élevés.

» Les saints jugeront le monde et les anges quand Christ reviendra; dans un sens ce sera durant tout le millénium, mais d'une manière générale, quand il reviendra. Et dans le jugement du monde, les saints de l'Ancien Testament seront associés avec Christ. Dans l'Apocalypse 20: 4, nous lisons: «Je vis des trônes, et ils étaient assis dessus, et le jugement leur fut donné». Ils sont ressuscités et glorifiés, et arriveront à la perfection avec nous (Hébreux 11: 40).» (J.N.D.)

Ce coup d'oeil sur la gloire à venir montre, par contraste, combien ce qui concerne les affaires de cette vie est peu de chose. Si les Corinthiens avaient des procès entre eux, ceux qui étaient peu estimés dans l'assemblée — c'est-à-dire ceux qui avaient le moins de puissance spirituelle — valaient mieux pour juger les procès que les juges de ce monde. Il leur fait honte de ce qu'ils agissaient comme s'il n'y avait pas parmi eux un seul homme sage pour décider entre ses frères, plutôt que d'avoir recours aux incrédules.

(Verset 7). — C'était d'ailleurs un mal que d'avoir des procès entre eux. Ils auraient dû plutôt supporter des pertes, des injustices, et se laisser faire tort. Quel triste état que le leur! Ils ne manquaient d'aucun don, mais la grâce leur faisait défaut. Le Seigneur nous dit que nous ne devons pas résister au mal (Matthieu 5: 39), et que si quelqu'un veut plaider contre nous et nous ôter la tunique, il faut la lui laisser, et même au besoin lui abandonner le manteau. C'est une question de grâce. Il vaut mieux garder le caractère de Christ que de conserver son manteau.

(Verset 8). — Mais les Corinthiens, au lieu d'agir ainsi, faisaient même tort à leurs frères et commettaient des injustices à leur égard. Combien n'étaient-ils pas coupables!

(Versets 9, 10). — De nouveau l'apôtre porte leurs regards en avant vers la gloire, en leur disant que les injustes n'hériteront pas le royaume de Dieu. Ceux qui trouvent leur plaisir dans les péchés énumérés aux versets 9 et 10, ne pourraient pas participer au jugement de ces choses dans le royaume.

(Verset 11). — Quelques-uns des Corinthiens avaient été autrefois du nombre de ceux qui sont mentionnés dans les versets 9 et 10, mais maintenant, ayant cru au Seigneur, ils étaient dans un état tout nouveau. Ils avaient été lavés, sanctifiés, justifiés, au nom du Seigneur Jésus, et par l'Esprit de notre Dieu. Il y a un lavage initial dont le Seigneur parle à Pierre, en Jean 13: 10, en disant: «Celui qui a tout le corps lavé n'a besoin que de se laver les pieds, mais il est tout net». Il y a aussi une sanctification, c'est-à-dire une mise à part qui précède la justification; puis vient celle-ci qui donne la paix en vertu de l'oeuvre de Christ, «lequel a été livré pour nos fautes, et a été ressuscité pour notre justification». Ainsi justifiés, «nous avons la paix avec Dieu» (Romains 4: 25; 5: 1).

Quelqu'un a dit: Dans ce verset 11, la sanctification vient avant la justification. Il en est ainsi habituellement, lorsque les deux choses sont placées ensemble. Ainsi, en 1 Pierre 1: 2: «Elus… en sainteté de l'Esprit, pour l'aspersion du sang de Jésus Christ», L'Ecriture parle aussi très clairement d'une sanctification progressive, mais quand la sanctification et la justification sont mises ensemble, la première vient d'abord. La raison en est que si vous la mettiez la dernière, vous auriez un homme qui a un droit au ciel, mais qui n'est pas propre pour y entrer. D'un autre côté, on ne trouve jamais que le fait d'être propre pour le ciel soit en rapport avec la sanctification progressive. L'Ecriture parle souvent de celle-ci, par exemple: «Afin que nous croissions en toutes choses jusqu'à lui» (Ephésiens 4: 15); et encore: «Se purifie comme lui aussi est pur» (1 Jean 3: 3), etc. Ces passages montrent qu'il y a des progrès à faire quand l'on est chrétien; mais ils ne se rattachent pas du tout au fait de rendre propres pour le ciel. Au contraire, nous lisons: «Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables (ou dignes) de participer au lot des saints dans la lumière» (Colossiens 1: 12); il est question là de tous les chrétiens ensemble. Le pauvre brigand qui va droit dans le paradis était sans doute propre pour y être, sans sanctification progressive. L'Ecriture est claire quant à celle-ci: c'est être transformé en la ressemblance de Christ ici-bas.» (J.N.D.)

 «Sanctifié, c'est être mis à part pour Dieu. Un homme est mis à part pour Dieu. Il est semblable à une pierre dans une carrière, et l'Esprit de Dieu vient l'en tirer. Il est vivifié par le Saint Esprit, puis il est placé sous l'efficacité de l'oeuvre de Christ. Dans l'épître aux Hébreux, nous avons: «sanctifiés par le sang de l'alliance», cela veut dire simplement que maintenant la nouvelle alliance est introduite, car Christ est mort pour la nation, et le sang de l'alliance a été versé, et Dieu a posé le fondement sur lequel le peuple peut être placé pour entrer dans l'alliance… Mais en Pierre: «sanctifiés pour l'aspersion du sang», est par l'Esprit de Dieu; l'Esprit nous met à part pour cela. La sanctification par l'Esprit ne se trouve pas dans l'épître aux Hébreux.» (J.N.D.)

 «Vous avez été lavés, dans le passage que nous considérons, est le développement de la vérité, l'apôtre ayant parlé de la souillure dans laquelle ils étaient auparavant. Ce lavage s'opère par l'application de la Parole à l'âme. «Vous êtes nets», dit le Seigneur, «par la parole que je vous ai dite» (Jean 15: 3).» (J.N.D.)

(Versets 12-14). — Ici se présente un autre enseignement. Pour le chrétien, il y a pleine liberté s'il s'agit des viandes, mais tout n'est pas avantageux, et il ne faut se laisser asservir par rien. Quant aux viandes et à l'estomac, Dieu les mettra à néant dans leur rapport l'un avec les autres. Il y aura une fin à tous deux: l'état présent sera détruit. Mais s'il s'agit du corps, du vase, il a une tout autre destination. Il est déjà pour le Seigneur, comme instrument du nouvel homme. En Romains 12: 1, l'apôtre exhorte les chrétiens à l'offrir en sacrifice vivant (en contraste avec les sacrifices de victimes que l'on tuait). Le corps est un instrument vivant offert à Dieu pour son service. Et par conséquent il ne doit servir à aucun usage impur. Si toutes choses sont permises, c'est en rapport avec la sainteté de Dieu et pour le bien des autres. Mais le Seigneur est pour le corps, et le sera jusqu'à la résurrection de celui-ci. Dieu a ressuscité le Seigneur et il nous ressuscitera par sa puissance.

Ecoutons encore ces paroles d'un autre: «Par ces paroles: «Toutes choses me sont permises», mais toutes ne sont pas avantageuses», l'apôtre veut dire que pour lui, il n'y a pas différence entre elles; toutes lui sont indifférentes, mais il ne veut permettre à aucune d'avoir puissance sur lui. Du moment qu'une chose gouverne, la convoitise a puissance sur moi, même s'il ne s'agit que de quelque chose de bon à manger. Il y a dans ces passages quantité de détails rapprochés les uns des autres: les viandes sont pour l'estomac; le corps n'est pas pour la fornication, mais pour le Seigneur et le Seigneur pour le corps. Le Seigneur s'est occupé du corps aussi bien que de l'âme, bien qu'il n'ait pas encore racheté celui-là de son présent état. Le corps est donc pour le Seigneur et non pour ses propres convoitises, et le Seigneur l'a fait être le temple de l'Esprit Saint. Le corps attend la rédemption, dans ce sens qu'il attend d'être transformé pour être dans la gloire. Mon âme jouit de la liberté de la grâce; mon corps, ainsi que toute la création, attend la liberté de la gloire. Mais le corps appartient maintenant au Seigneur, et l'Esprit Saint y habite comme dans un temple.» (J.N.D.)

(Versets 15-20). — Dans ces versets, les raisons données pour montrer que le corps mortel du racheté doit être un instrument consacré au Seigneur, présentent une gradation frappante. L'apôtre avait dit: «Le corps n'est pas pour la fornication, mais pour le Seigneur;» puis il ajoute: «Vos corps sont des membres de Christ». De là vient l'énormité du péché commis en prenant un membre de Christ pour le faire membre d'une prostituée. La grandeur de ce péché est démontrée par ce que, dans l'acte de la fornication, il y a union des deux, selon la parole que nous trouvons en Genèse 2: 24. Un membre de Christ uni à une prostituée devient une seule chair avec elle! Quelle abomination!

Au contraire, la position bénie du racheté est d'être uni au Seigneur. Ayant la vie de Christ, ayant l'Esprit de Christ, on est un avec Lui. «Dans ces paroles: «Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui», il y a la pensée d'autorité. C'est au Seigneur lui-même que l'on est uni. La personne à qui l'on est uni n'est rien moins que le Seigneur. Aussi ne pourrait-on pas dire d'une manière intelligente «membres du Seigneur», car on perdrait alors la notion de la seigneurie de Christ».

(Verset 18). — La fornication est un péché énorme en soi, comme nous l'avons vu. Le chrétien est uni au Seigneur; quelle confusion horrible, s'il s'unissait à une prostituée! Mais ce péché est encore aggravé par le fait qu'il est une dégradation du corps qui est l'ouvrage de Dieu. Le fornicateur pèche contre Dieu et contre son propre corps.

(Verset 19). — Ici vient s'ajouter une raison encore plus puissante; c'est que le corps du racheté est le temple du Saint Esprit qui est en lui, et qu'il a de Dieu. Un tel temple ne peut ni ne doit être profané. — Enfin le chrétien est la propriété de Celui qui l'a acheté, corps et âme. Un esclave ne s'appartient pas; tout ce qu'il fait, tout ce qu'il gagne, appartient à son maître. Ainsi vous n'êtes pas à vous-mêmes, «car vous avez été achetés à prix». Oui, au prix du précieux sang de Christ. Tels sont les grands motifs présentés pour nous engager à marcher dans la pureté, et pour ne faire servir nos corps que pour le Seigneur.

Quelques mots d'un autre: «Le corps est le temple du Saint Esprit qui agit sur l'âme et sur le coeur. Christ habite dans nos coeurs par la foi — mais le corps est son temple, et par conséquent on doit s'en servir selon ce qu'il est. Un temple est saint comme Celui qui y habite. Il ne comporte rien de profane, ni d'impur. Bien du mal provient de ce que l'on ne reconnaît pas cela. Le corps n'est à sa vraie place que lorsqu'il est un vase dont l'on se sert pour Dieu et en vue de Dieu. Il est un membre de Christ, parce qu'il est à Lui, une partie de Lui. Il est le temple de Dieu, parce que l'Esprit Saint y demeure. Mon corps est son temple, c'est une simple déclaration; mais j'ai l'Esprit Saint pour me guider. «Vous n'êtes point à vous-mêmes», est-il dit. Cela et le fait que mon corps est le temple du Saint Esprit sont les deux grands principes directeurs de la condition chrétienne. Pour cette double raison, nous devons glorifier Dieu dans notre corps. «Votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous». Ces paroles nous montrent d'une manière très distincte la réalité de la présence de l'Esprit Saint en nous comme Personne divine, et non comme une simple influence, ainsi que bien des personnes en parlent. — On ne doit donc pas profaner le temple de Dieu. Depuis que la rédemption a été accomplie, être le temple du Saint Esprit est le privilège des saints. Etre uni au Seigneur est une chose réelle. Si je suis uni au Seigneur, je possède toute la plénitude de Celui qui demeure en moi. Cela montre la grande différence qu'il y a entre la vie et l'union. On dit quelquefois que nous sommes unis par la foi, et aussi par la vie: ni l'un ni l'autre n'est vrai. Nous sommes unis en vie, mais l'union est par l'Esprit Saint. Les saints de l'Ancien Testament pouvaient être unis de coeur et d'esprit, mais ce n'est pas l'union des saints du Nouveau Testament. Des personnes demeurant ensemble ne constituent pas un corps. Le corps de Christ formé de membres unis à Lui par le Saint Esprit, ne pouvait pas exister avant que Christ, la Tête, fût à la droite de Dieu. Il faut avoir la Tête avant d'avoir le corps. Il y avait le Fils de Dieu sur la terre vivifiant qui il voulait, mais il n'y avait pas de corps jusqu'à ce que l'Esprit Saint eût été donné en suite de la séance de Christ à la droite de Dieu.» (J.N.D.)

(Verset 20). — La conclusion de tous les motifs donnés par l'apôtre est: «Glorifiez donc Dieu dans votre corps». C'est du corps, du vase, de l'instrument seulement qu'il a été question dans tout le passage. Il est important de le remarquer. L'addition du texte reçu: «Et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu», ne peut qu'ôter à la force de l'exhortation qui est de glorifier Dieu dans l'emploi de l'instrument. Il n'y a point de similarité entre cette exhortation et le voeu de l'apôtre Paul pour les Thessaloniciens (1 Thessaloniciens 5: 23), où nous avons l'esprit, l'âme et le corps.

Chapitre 7

 «Dans ce chapitre, l'apôtre traite du mariage et de la vérité générale qu'il convient de rester dans la position où l'on a été appelé. C'est un très beau passage relativement à la sainteté du mariage. En toutes choses nous devons agir avec Dieu».

(Versets 1-9). — Ce chapitre fait moralement suite à l'enseignement donné à la fin du chapitre 6. On avait adressé des questions à l'apôtre. On comprend qu'en apprenant que la fornication était réprouvée de Dieu, les païens convertis aient pu se demander si le mariage n'était pas aussi une chose impure (*). L'apôtre répond en maintenant l'institution divine établie pour l'homme à la création, mais il la veut dans toute son intégrité primitive: une seule femme pour un seul homme et vice versa. Le christianisme condamne absolument la polygamie. Dieu avait condescendu à l'égard de son peuple terrestre à tolérer cet usage et à donner des directions à celui qui aurait deux femmes (Deutéronome 21: 15). Mais quand le christianisme arrive, l'institution divine établie à la création est rigoureusement réclamée, telle qu'au commencement. Un païen converti uni à plus d'une femme ne pouvait occuper aucune charge dans l'assemblée (1 Timothée 3: 2, 12; Tite 1: 6). En considérant aussi ce que la Parole nous rapporte des maisons d'Abraham, de Jacob, d'Elkana, de David, de Salomon, etc., on voit que la pluralité des femmes a toujours été une cause de chagrins et de difficultés dans les familles des justes.

(*) Des sectes hérétiques l'ont prétendu (voyez 1 Timothée 4: 3).

Mais dans ce chapitre, l'apôtre, tout en maintenant l'institution du mariage dans son intégrité et comme absolument légitime, présente une chose nouvelle, un nouvel état en dehors du mariage et émanant du christianisme. Celui-ci a introduit ici-bas une vie nouvelle, une vie divine dans la puissance de l'Esprit. Et cette puissance peut maintenir un chrétien, ce qui a eu lieu pour Paul et quelques autres, au-dessus et en dehors de ce qui a trait à la nature, de sorte que ce chrétien soit consacré entièrement au Seigneur, libre de le servir sans rien qui l'embarrasse. Alors c'est la meilleure part. Si donc le célibat n'était pas prévu en principe lors de la création, maintenant c'est l'état le plus excellent; mais il faut que ce soit «un don de grâce de la part du Seigneur» (verset 7) et non une contrainte, ni un acte de propre volonté qui voudrait s'en faire un mérite devant Dieu. Il ne faut pas non plus en faire un système, une règle imposée à une certaine classe de personnes, comme l'a fait l'église romaine. En 1 Timothée 4: 3, la défense de se marier est présentée comme provenant d'esprits séducteurs, et des enseignements de démons. Les faits ont prouvé qu'en dehors d'un don personnel du Seigneur, cette abstinence de ce que Dieu a ordonné selon la nature, aboutit le plus souvent à des péchés positifs.

C'est pourquoi l'apôtre, tout en souhaitant que tous fussent comme lui, et disant à ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves qu'il leur était bon de demeurer comme lui, enjoint à ceux qui ne savent pas garder la continence, de se marier, et cela à cause du danger qu'ils courraient de tomber dans le péché. «Il vaut mieux», dit-il, «se marier que de brûler». Etre préoccupé de la chose est plus nuisible à l'âme que d'être marié. Ainsi être marié est comme une sauvegarde contre le péché.

(Versets 10-17). — Une fois mariés, un lien positif est établi entre les époux: «Ils ne sont plus deux, mais une seule chair» (Marc 10: 8), de sorte que chacun des deux époux ne dispose plus de sa propre personne à son gré. C'est une chose à laquelle il est important de penser quand l'on se marie, car on pourrait ensuite se trouver dans l'épreuve et être en danger, ou de désobéir à la Parole, ou d'avoir recours à des moyens illicites pour éviter d'être chargé de famille. L'enseignement de l'apôtre est positif. Une fois le lien formé, on ne peut et on ne doit pas se frustrer l'un de l'autre (verset 5). Les versets 3 à 5 montrent donc aux époux chrétiens l'obligation sous laquelle le lien les place. — D'un autre côté, il y a ailleurs, dans la Parole, des exhortations adressées aux femmes et aux maris: Ephésiens 5; Colossiens 3 et 1 Pierre 3. Dans ce dernier chapitre, l'apôtre Pierre dit aux maris: «Pareillement, vous, maris, demeurez avec elles (c'est-à-dire vos femmes) selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c'est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, afin que vos prières ne soient pas interrompues» (1 Pierre 3: 7). Ce passage s'applique sans doute à tous les détails de la vie des époux entr'eux, mais s'il s'agit de la vie conjugale, il est, pour ainsi dire, relativement aux maris, comme le régulateur de l'obligation dont parle notre chapitre 7, aux versets 2 à 5. Quelqu'un a dit: «Les maris de même doivent demeurer avec leurs femmes en les honorant — leur affection et leurs rapports étant réglés par la connaissance chrétienne, et non par aucune passion humaine — marchant avec elles comme étant héritiers ensemble de la grâce de la vie (*)».

(*) Etudes sur la Parole de Dieu.

Revenant aux versets 10 et 11, l'apôtre, se basant sur le commandement du Seigneur, enjoint à ceux qui sont mariés que la femme ne soit pas séparée de son mari et que le mari n'abandonne pas sa femme. Tel est l'ordre positif. La parenthèse du verset 11 dit par rapport à la femme: «Et si elle est séparée, qu'elle demeure sans être mariée, ou qu'elle se réconcilie avec son mari»; mais cela n'établit nullement pour elle la faculté de se séparer, elle n'en a pas le droit. Mais si, par exemple, une femme chrétienne a un mari mondain, et qu'il l'abandonne, elle doit rester tranquille dans cette position, ou bien, le cas échéant, se réconcilier avec lui.

Les versets 12 à 16 s'occupent du cas où l'un des époux a été pris par l'Evangile et non pas l'autre. Le fidèle devait-il continuer à habiter avec l'infidèle? La réponse de l'apôtre montre qu'il n'en est pas dans le christianisme comme dans le judaïsme. Un Juif qui épousait une gentile se profanait et les enfants étaient profanes ou impurs. Pour lui, la fidélité consistait à renvoyer la femme et les enfants. (Esdras 10). Dans le christianisme, système de grâce, c'est le contraire: si l'un des deux époux est encore étranger à la nouvelle vie, il est sanctifié par celui qui a la vie, et les enfants au lieu d'être impurs sont saints (en contraste avec impurs). Ils ont ainsi part aux droits ecclésiastiques du père chrétien ou de la mère chrétienne. Si l'infidèle voulait rompre le lien, le fidèle, frère ou soeur, n'y était plus assujetti; mais Dieu nous a appelés à marcher dans la paix. Puis il y a dans la vérité divine et le salut qu'elle proclame, quelque chose de contagieux; le mari ou la femme fidèle peuvent, dans la main de Dieu, être l'instrument de la conversion de l'infidèle. Il faut remarquer que ce passage n'a trait qu'à une union déjà formée quand l'Evangile lui arrive, et qu'il n'apporte aucune sanction à un mariage qu'un chrétien voudrait contracter avec un mondain.

Le verset 17 établit comme règle que chacun doit marcher comme le Seigneur le lui a départi, comme Dieu l'a appelé. L'apôtre, investi de son autorité, en ordonne ainsi dans toutes les assemblées.

Remarquons encore que la parenthèse du verset 11, n'a pas du tout rapport à un état de divorce. Ce chapitre ne renferme pas trace de la question du divorce.

Un autre point intéressant établi dans notre chapitre, c'est la distinction que fait l'apôtre entre ce qu'il ordonne comme émanant d'une révélation directe du Seigneur, et ce qu'il dit comme fruit d'une expérience personnelle provenant d'une marche sous la direction de l'Esprit Saint, mais qui n'est pas l'inspiration directe. Au verset 10, il dit: «Non pas moi, mais le Seigneur»; au verset 12: «Moi, non pas le Seigneur;» au verset 25: «Je n'ai pas d'ordre du Seigneur, mais je donne mon opinion comme ayant reçu miséricorde du Seigneur pour être fidèle»; au verset 40: «Mais elle (la veuve) est, à mon avis, plus heureuse si elle demeure ainsi: or j'estime que moi aussi j'ai l'Esprit de Dieu». Cette distinction que fait l'apôtre rehausse le prix de la révélation; elle montre que l'inspiration est plus que le fruit d'une piété exceptionnelle et de l'expérience la plus haute d'un homme dont la marche pratique serait sous la direction du Saint Esprit. Mais tout en tenant compte de cette distinction qui fait ressortir ce qu'est l'inspiration et sa valeur, il ne faudrait pas penser que les paroles de l'apôtre, lorsqu'il dit: «Moi, et non pas le Seigneur», n'aient pas toute leur importance pour nous. Il est inspiré pour écrire: «Moi, et non pas le Seigneur». Ces passages font partie de l'Ecriture divinement inspirée, «utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice» (2 Timothée 3: 16). Voici sur ce sujet quelques paroles d'un autre:

 «Au verset 12, nous lisons: «Quant aux autres, je dis, moi, non pas le Seigneur;» et cela est très précieux, parce que les incrédules de nos jours parlent de l'inspiration comme si elle n'était que la plus haute expression de la vie intérieure. L'apôtre fait ici une différence instructive. Il dit: «Je donne mon opinion comme ayant reçu miséricorde du Seigneur pour être fidèle». «Quant aux autres je dis, moi, non pas le Seigneur», c'est-à-dire, comme homme, je vous donne le fruit de mon expérience. Ainsi l'Ecriture répond à tout et répudie le système entier de ces hommes qui nient l'inspiration, en distinguant soigneusement entre les meilleures pensées de Paul et les commandements du Seigneur. Sur le sujet dont il est question dans ces versets, Paul n'a pas de commandement du Seigneur, et, il est inspiré pour nous le dire. Et cela est très précieux en soi. Nous avons son jugement spirituel, et lui-même nous dit que ce n'est pas un commandement du Seigneur. Il est inspiré pour faire cette différence. Toutes les paroles rapportées dans l'Ecriture ne sont pas des paroles inspirées, car il y a des paroles du diable et celles d'hommes méchants; mais l'écrivain sacré est inspiré pour les rapporter.» (J.N.D.)

(Versets 18-24). — Chacun devait marcher comme le Seigneur le lui avait départi, chacun comme Dieu l'avait appelé. Celui qui avait été appelé étant circoncis ne devait pas mépriser les privilèges juifs, parce qu'il était maintenant chrétien. Comme aussi celui qui avait été appelé dans l'incirconcision, ne devait pas faire comme les Colossiens et les Galates et se placer sous les ordonnances de la loi. Etre circoncis ou incirconcis n'est rien; l'important ce sont les commandements: la vérité, doit faire autorité pour l'âme.

Chacun doit demeurer dans la vocation où il était lorsqu'il a été appelé. Ce principe est général, bien qu'ici il s'applique particulièrement au cas de l'esclave. Mais il s'applique aussi aux occupations, à la profession que l'on suivait quand on a été appelé. Il y a des professions qui ne peuvent s'accorder avec le christianisme; il est évident que l'on ne peut continuer à les pratiquer, et qu'un chrétien ne peut pas y entrer. Il ne faut pas devenir esclave des hommes, puisque l'on a été acheté à prix par le Seigneur. C'est pourquoi si un esclave pouvait devenir libre, il faisait bien d'en profiter. Sinon il pouvait se consoler en pensant qu'il était l'affranchi du Seigneur. Mais en général le chemin est de rester tout simplement dans l'état où l'on était quand on a été appelé et d'y rester avec Dieu.

(Versets 25-40). — Quant aux personnes des deux sexes qui étaient vierges, non mariées, l'apôtre n'avait pas de commandement. S'il y avait eu un commandement, chacun serait sous l'obligation de s'y conformer. Si le commandement eût été de se marier, le célibat serait une désobéissance. Si le commandement avait été de ne pas se marier, le mariage serait une désobéissance. Aussi la Parole, dans sa sagesse, laisse-t-elle chacun libre et responsable d'avoir à faire personnellement avec Dieu. L'apôtre avait reçu miséricorde du Seigneur pour être fidèle en restant seul. Il sait par expérience que c'est la meilleure part lorsqu'on est consacré au Seigneur, mais il ne l'impose à personne. Si l'on se marie, on ne pêche pas, mais on aura des afflictions dans la chair, et, dit-il, «moi je vous épargne». Ceux qui sont mariés sont dans l'obligation de se plaire l'un à l'autre; ceux qui ne le sont pas, s'ils sont consacrés au Seigneur, ont le coeur libre pour plaire entièrement au Seigneur. Enfin, tous ces conseils de l'apôtre n'ont pas pour but d'enlacer les saints dans des liens, mais il les donne pour leur avantage, en vue de ce qui est bienséant, et afin qu'ils puissent vaquer sans distraction au service du Seigneur. Si n'être pas marié distrait l'âme en occupant les pensées, il vaut mieux se marier, car être préoccupé du mariage lorsqu'on n'est pas dans cet état, est plus préjudiciable à la piété que tout ce qui accompagne le mariage.

En terminant, l'apôtre répète que le lien du mariage ne peut être rompu que par la mort, et que la femme veuve est libre de se remarier, pourvu que ce soit «dans le Seigneur». Au temps où l'apôtre écrivait, se marier «dans le Seigneur» ne comportait pas seulement que c'était entre chrétiens, mais les deux étaient nécessairement dans l'assemblée. Aujourd'hui les chrétiens sont dispersés dans les systèmes religieux formés par les hommes. Mais si le coeur est lié au témoignage de la vérité, de manière que ce soit le tout de la vie, on ne sacrifiera pas cette position pour s'unir à une personne, même chrétienne, mais qui se trouve dans ces systèmes.

Au dernier verset, l'apôtre dit de la veuve qu'elle est, à son avis, plus heureuse de demeurer comme elle est, et il a l'Esprit de Dieu pour donner son avis.

Chapitre 8

(Versets 1-3). — L'apôtre répond par ordre aux questions qui lui avaient été faites. Ici, il s'agit des choses sacrifiées aux idoles. Paul parle premièrement d'avoir de la connaissance. Les Corinthiens se vantaient de leur connaissance, et il semble qu'il leur en parle avec un peu d'ironie. La connaissance enfle si l'on s'en occupe comme d'une connaissance que l'on a, que l'on possède en soi, et qui n'est pas la connaissance de ce qui est en Dieu, laquelle rend Dieu précieux à l'âme et la garde dans l'humilité. Alors on aime Dieu, et l'on a conscience d'être connu de Lui. Si quelqu'un pense savoir quelque chose, il est encore ignorant de la vraie connaissance. Dans tout ce chapitre, la connaissance et l'amour sont mis en contraste: l'amour pour Dieu et l'amour pour les frères.

(Verset 4). — Ici, l'apôtre établit nettement le fait qu'une idole n'est rien dans le monde. C'est un morceau de bois ou d'une autre matière. Les prophètes de l'Ancien Testament avaient déjà parlé de la même manière, et même ironiquement, comme Elie sur le mont Carmel, au sujet de Baal (1 Rois 18); comme Esaïe, au sujet des images taillées (Esaïe 44). Paul, au 10e chapitre de notre épître, ira plus loin en montrant que, derrière l'idole, il y avait l'activité des démons.

«Il y a deux directions distinctes quant aux idoles. Il fallait reconnaître qu'en elle-même l'idole n'est rien, et cependant qu'elle est quelque chose relativement à la conscience des hommes» (J.N.D. Notes sur 1 Corinthiens)

(Versets 5, 6). — Les païens reconnaissaient beaucoup de dieux et beaucoup de seigneurs, des êtres imaginaires. Mais les chrétiens avaient été amenés au seul Dieu vivant et vrai (1 Thessaloniciens 1); le seul vrai Dieu qui a envoyé Jésus Christ (Jean 17). Il y a un seul Dieu, le Père, duquel sont toutes choses, et nous pour Lui. Il nous a acquis maintenant par Christ. Nous ne reconnaissons aussi qu'un seul Seigneur, qui est Jésus Christ, Celui par qui sont toutes choses. Il est le Créateur des mondes, et nous sommes par Lui, soit comme Créateur, soit comme Rédempteur. Citons encore ici quelques paroles d'un frère maintenant auprès du Seigneur:

«Au verset 6, l'acception différente entre les mots «Dieu» et «Seigneur» se voit clairement. Il ne s'agit pas de la nature divine comme telle, mais de la place que les Personnes divines occupent dans ce que l'on appelle l'économie de la grâce. Le Père demeure dans la simple Déité, mais le Fils est devenu un homme, et dans son humanité il a pris la place de Seigneur. Quand donc je parle spécifiquement de Dieu, je parle du Père. Mais quant à Christ, il est dit: «Tu appelleras son nom Jésus», c'est-à-dire Jéhovah Sauveur, et la place qu'il a prise actuellement comme homme est celle de Seigneur: «Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié». Ce n'est pas qu'il cesse d'être Jéhovah, mais il a pris la place de Seigneur, tandis que le Père demeure dans la simple Déité abstraite. Je fais cette remarque, parce qu'en Christ comme Seigneur la grâce est administrée. Auprès du Père, je suis un enfant, mais si je regarde à l'administration de la grâce, je vais au Seigneur. C'est ainsi qu'Etienne dit: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit», et Ananias: «Seigneur, j'ai ouï parler à plusieurs de cet homme», — «Pour nous il y a un seul Dieu, le Père, et un seul Seigneur, Jésus Christ». Cela ne dit pas quelle est la nature de ce Seigneur; nous savons qu'il est à la fois Dieu et homme, mais ici nous avons la place éminente qu'il a prise, selon qu'il a dit: Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre.» (J.N.D.)

(Versets 7-13). — Dans ces versets, la question des choses sacrifiées aux idoles se présente comme affaire de conscience à conscience entre frères (*), et non au point de vue de ce qu'est l'idolâtrie aux yeux de Dieu. Il fallait que l'amour pour un frère pour lequel Christ était mort par amour, prédominât sur la connaissance et la liberté que l'on pouvait avoir en ne tenant aucun compte de l'idole. Sinon, l'on devenait une pierre d'achoppement pour les faibles, et ainsi l'on péchait contre eux et contre Christ qui était mort pour eux. Il valait donc mieux ne pas manger de viande plutôt que d'être une occasion de chute pour un frère. La viande ne nous recommande pas à Dieu. Ce qui importe, c'est d'avoir à coeur le bien des frères.

(*) «Souiller la conscience», au verset 7, signifie que si quelqu'un juge dans sa conscience qu'une chose est mauvaise, il doit suivre sa conscience et s'abstenir, sans quoi il la souille. Remarquez que l'on ne peut pas édifier sur la connaissance du mal. Si je pense ne devoir manger que des herbes (Romains 14), je dois me tenir à cela, ou bien ma conscience est souillée. Je dois me séparer de l'iniquité, mais je ne puis édifier sur quelque chose de négatif. (J.N.D.)

Pour nous aujourd'hui, la question de choses sacrifiées aux idoles n'a pas son application littérale, mais les principes qui sont à la base de l'enseignement de ce chapitre sont applicables à une quantité de détails dans la marche pratique des chrétiens. Au verset 6 du chapitre 18 de Matthieu, le Seigneur montre combien c'est une chose grave d'être une occasion de chute pour un petit qui croit en Lui. Là et ailleurs dans cet évangile, les petits, les simples, ne sont pas seulement des petits enfants selon la nature, mais aussi des adultes tout simples dans leur foi.


Note relative au verset 11: «Celui qui est faible, le frère pour lequel Christ est mort, périra par ta connaissance». «Périr» c'est à quoi tend, pour autant qu'il est en toi, ton acte de manger, parce que tu l'induis à pécher contre sa conscience. Ce n'est pas que le Seigneur ne veuille intervenir et le sauver, mais c'est ce que tu fais. Nous trouvons ailleurs la même vérité sous d'autres formes; par exemple: «Car si vous vivez selon la chair, vous mourrez» (Romains 8: 13); cela veut dire que la mort est la fin d'une vie selon la chair. Il n'y a rien là touchant la mort éternelle ou la vie éternelle. La fin de ces choses, c'est la mort. Elle est le jugement de Dieu, et si un homme vit dans ces choses, «selon la chair», il mourra. Dieu a montré que la fin de certaines choses est la mort; si j'entraîne mon frère dans ces choses dont la fin est la mort, alors je fais périr mon frère, bien que, d'après d'autres textes, on puisse croire que Dieu ne le laissera pas.

Il est très important de ne tordre aucun texte des Ecritures pour établir une doctrine. Dieu est plus sage que nous, et il ne commet pas d'erreurs. Quelques personnes s'effraient de certains textes qui se rapportent à telle ou telle doctrine; cela prouve seulement qu'elles ne sont pas fondées dans la doctrine. En Romains 14: 15, nous lisons: «Ne détruis pas par la viande celui pour lequel Christ est mort». Détruire mon frère pour un morceau de viande! Du moment que je vois que la fin de ces choses est la mort et que j'induis mon frère à en faire une, il est clair que, pour ce qui est de moi, je détruis mon frère. Toutefois Dieu agira à son égard en dépit de moi.

Il est tout à fait vrai que si je regarde un croyant comme étant en Christ, il n'y a point de «si», et il ne peut y en avoir quant à sa sécurité. «Il est agréable à Dieu dans le Bien-aimé», et là il n'y a pas de «si». Il est «assis dans les lieux célestes en Christ», et tout est réglé. Mais ce n'est pas tout ce que Dieu a voulu à son égard. Après l'avoir racheté, il l'a placé dans le désert afin qu'il le traverse, et alors nous avons les «si» et les «pourvu que», comme nous lisons en Hébreux: «Si du moins nous retenons ferme», et en Colossiens: «Si du moins vous demeurez dans la foi», etc. Mais ce que nous avons en même temps tout le long du chemin, c'est la dépendance absolue de Dieu, et son infaillible fidélité. Comme je l'ai dit quelquefois — je pourrais être avec mon enfant au bord d'un précipice, et lui serait porté à courir étourdiment, et je lui dirais: «Si tu tombes, tu seras mis en pièces», mais je n'aurais pas la moindre idée de le lâcher et de le laisser tomber. Or nous sommes «gardés par la puissance de Dieu par la foi pour le salut». Cela montre que nous avons besoin d'être gardés, mais de notre côté c'est la dépendance de la puissance qui nous garde. Il ne faut pas confondre cela avec notre acceptation; mais c'est une dépendance constante de Dieu qui garde mon âme dans un bon état envers Lui.

Les avertissements qui se trouvent dans la parole de Dieu me font penser à l'amour parfait de Dieu et à sa fidélité qui me gardent. Cela me tient dans la place de dépendance qui est convenable pour moi. Ce qui cause toute la difficulté, c'est de confondre cela avec l'acceptation. Je ne pourrais pas vous dire: «Si j'allais à B.», puisque j'y suis, et telle est ma position d'absolue acceptation devant Dieu.

L'expression «qui vous affermira jusqu'à la fin» (chapitre 1: 8), prouve que nous avons besoin d'être affermis. Dieu nous place là où la manne ne manquera pas un seul matin; ainsi nous avons à vivre de toute parole qui sort de la bouche de Dieu, et nous sommes continuellement ramenés à un sentiment de dépendance qui est bien précieux. La rédemption nous introduit dans le désert, et qu'est-ce que j'y trouve? Que Dieu a pensé tout le temps à ce que mon vêtement ne s'use point et à ce que mon pied ne s'enfle pas, tandis qu'il me conduit pour m'humilier et pour m'éprouver, afin que je connaisse ce qu'il y a dans mon coeur; et ensuite «pour me faire connaître que l'homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu» (voyez aussi Deutéronome 8: 15, 16). Ce n'est pas seulement que je suis sauf en Christ — accepté en Lui — mais je suis gardé par la puissance de Dieu, en dépendance de Lui, et c'est là que nous trouvons les «si» répétés tant de fois, mais jamais en rapport avec Dieu quant à sa fidélité. C'est par rapport à moi-même que je trouve les «si» destinés à me garder dans la dépendance. Du côté du Seigneur, nous avons: «Je connais les miens et je suis connu des miens… Je connais mes brebis, et elles me suivent, et moi, je leur donne la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main». Eh bien! la main doit être là pour me garder. La parfaite fidélité, de Dieu nous reçoit, mais alors nous sommes dépendants de cette fidélité. (J.N.D.)

Chapitre 9

(Versets 1-3). — Dans le chapitre précédent, l'apôtre établit la liberté des chrétiens; dans celui-ci il revendique la liberté du ministère. Il était douloureux pour le coeur de Paul de voir les Corinthiens, ses enfants dans la foi, mettre en doute son apostolat, sous l'influence des faux docteurs.

«Ne suis-je pas libre?» dit-il. Il l'était certes, mais comme nous le voyons à la fin du chapitre 8, il savait, par amour pour les faibles, renoncer à cette liberté, et donner ainsi un exemple à ceux qui abusaient de leur liberté et froissaient les consciences des faibles. «Ne suis pas apôtre?» Ses adversaires pouvaient, contre son apostolat, faire valoir le fait qu'il ne faisait pas partie des douze (peut-être était-ce ceux qui disaient: «Moi je suis de Céphas»), qu'il n'avait pas été avec le Seigneur sur la terre, et n'avait pas été le témoin de ses actes, ni n'avait entendu la vérité de sa bouche. A cela Paul répond: «N'ai-je pas vu Jésus, notre Seigneur?» C'était comme une condition pour être apôtre que d'avoir vu le Seigneur, d'avoir été avec Lui (Actes des Apôtres 1: 21, 22). Or Paul, en effet, n'avait pas marché avec Jésus sur la terre. Il l'avait vu cependant, mais d'une manière toute différente. Il l'avait vu glorifié, et plus d'une fois (Actes des Apôtres 9: 3, etc.; 22: 17, 18). De plus, Jésus lui-même l'avait envoyé (Actes des Apôtres 26: 17, 18). Et Dieu avait mis son sceau sur son apostolat: les Corinthiens amenés par son moyen à la foi, en étaient la preuve: «N'êtes-vous pas», dit-il, «mon ouvrage dans le Seigneur?» Ces mots «dans le Seigneur» montrent que l'oeuvre de Paul parmi les Corinthiens s'était accomplie selon le Seigneur, dans sa communion, et non par lui-même, ni pour lui.

D'autres avaient pu être amenés à Christ par le ministère d'autres apôtres, mais quant aux Corinthiens, c'était lui, Paul, qui avait été envoyé vers eux, près desquels son travail n'avait pas été vain, encouragé qu'il avait été par le Seigneur lui-même (Actes des Apôtres 18: 9-11). Ils étaient son ouvrage, le sceau de son apostolat dans le Seigneur, la preuve que le Seigneur avait agi par lui, et c'était sa défense, son apologie auprès de ceux qui l'interrogeaient. Le mot «interrogeait» veut dire: qui m'accusent comme en jugement et me font subir un interrogatoire (*). Son apologie contre ses accusateurs, c'est qu'il a vu le Seigneur et que les Corinthiens sont son ouvrage.

(*) «Interrogent», du grec anacrnw, juger, faire subir un interrogatoire.

Dans les versets 4 à 12, l'apôtre établit tous ses droits, qui sont ceux du ministère en général. Il avait le droit de manger et de boire, c'est-à-dire de vivre des dons que lui feraient les assemblées (verset 7). Il avait le droit, s'il eût été marié, de mener sa femme avec lui, comme le faisaient les autres apôtres, tels que Pierre, et les frères du Seigneur. Lui, Paul, avait renoncé à l'état du mariage, comme il le dit au chapitre 7, mais son droit ne subsistait pas moins. Il avait le droit de ne point travailler de ses mains pour subvenir à ses besoins, mais il le faisait afin de ne pas être à charge aux assemblées (Actes des Apôtres 20: 34; 18: 3; 2 Thessaloniciens 3: 8, 9). Et Barnabas, son compagnon d'oeuvre autrefois et toujours au service du Seigneur, comme ces paroles le montrent, suivait la même ligne de conduite que Paul qui n'avait pas cessé de l'aimer malgré leur dissension momentanée (Actes des Apôtres 15: 39).

Pour établir et légitimer sa pensée à l'égard de ce qu'il a dit au verset 6, Paul prend des exemples tirés des moeurs et des usages des hommes. Un soldat ne va pas à la guerre à ses propres dépens; celui qui plante une vigne, en mange le fruit; celui qui paît un troupeau, mange du lait du troupeau. Mais l'apôtre ne se contente pas de ces témoignages naturels; il invoque une autorité plus élevée, celle de la loi, et pour cela il montre le sens spirituel du passage de Deutéronome 25: 4: «Tu n'emmuselleras pas le boeuf qui foule le grain». Il dit: «Est-ce des boeufs que Dieu prend soin?» Sans doute Dieu prend soin des boeufs comme de toute créature (Psaumes 104: 27, 28; Jonas 4: 11). D'autres passages de la loi le font aussi voir (Deutéronome 22: 6, 10; Lévitique 22: 27, 28); mais ces passages sont moins écrits pour les animaux sans raison que pour l'homme qui doit apprendre par là à être humain, et comme nous le voyons, ils ont une portée encore plus grande. «C'est pour nous entièrement que cela est écrit». Il y a dans la loi une portée spirituelle que l'âme enseignée de Dieu sait découvrir. Et ainsi c'est pour nous qu'il est écrit que celui qui laboure, doit labourer dans l'espérance de recueillir du fruit, et que celui qui foule le grain, doit le faire avec l'espérance d'y avoir part. Puis l'apôtre fait l'application du principe qu'il vient d'établir au droit qu'a celui qui prêche l'Evangile de profiter des biens charnels de ceux à qui il a apporté des biens spirituels (Galates 6: 6). Paul avait donc ce droit, tout comme d'autres qui en usaient, mais lui n'en veut rien faire et préfère tout souffrir, la faim et le dénuement s'il le faut, afin qu'aucun obstacle ne fût mis à l'Evangile du Christ, c'est-à-dire pour prévenir les accusations que ses adversaires pourraient porter contre lui.

Aux versets 13 et 14, l'apôtre apporte deux nouveaux arguments à l'appui de sa thèse relative au droit du ministère. En premier lieu, il rappelle que sacrificateurs et lévites qui, sous le régime de la loi, n'avaient point de part comme les autres tribus, leur part bénie étant l'Eternel, vivaient de ce qui leur était offert, c'est-à-dire des dîmes (Nombres 18). Ensuite il cite ce que le Seigneur a ordonné, savoir que ceux qui annoncent l'Evangile, vivent de l'Evangile. «L'ouvrier est digne de sa nourriture», a dit Jésus en envoyant les douze (Matthieu 10: 10); «digne de son salaire», a-t-il répété en envoyant les soixante et dix disciples (Luc 10: 7). Puis Paul insiste de nouveau, au verset 15, sur le fait qu'il renonce à son droit, qu'il n'écrit point cela pour qu'on en use avec lui comme s'il désirait ces choses, et qu'il aimerait mieux mourir plutôt que de se voir enlever ce sujet de gloire. Il dit: «Anéantir ma gloire». Ce n'était pas sa gloire devant Dieu, mais devant les hommes, la gloire d'annoncer gratuitement l'Evangile, en s'imposant pour cela toutes sortes de fatigues. Et l'honneur en revenait finalement à Dieu.

(Versets 16-18). — Sa gloire n'est pas d'annoncer l'Evangile, mais de le faire gratuitement. Quant à évangéliser, le devoir lui en a été imposé par le Seigneur; une administration lui a été confiée; il est administrateur des mystères de Dieu (chapitre 4: 1). Il n'a donc pas à se glorifier de prêcher l'Evangile; malheur à lui s'il ne le fait pas, s'il méconnaît la grâce que Dieu lui a faite en l'y appelant. S'il le fait volontairement, il en a un salaire, et ce salaire est celui de rendre l'Evangile exempt de frais, en attendant un autre salaire au jour des rétributions. S'il évangélisait malgré lui, il ne ferait qu'administrer ce qui lui a été confié. En tout cela, nous voyons quel bel exemple de renoncement Paul nous donne.

(Versets 19-23). — Au lieu d'user de sa liberté pour son propre profit, Paul s'asservissait à tous, disait-il, afin de gagner le plus de gens. Bel usage de sa liberté! Libre afin de renoncer à lui-même, Dans son service, il s'accommodait aux pensées religieuses de ceux dont il s'occupait, en vue de faire pénétrer la vérité dans leurs coeurs. En prêchant, a dit quelqu'un, il s'adaptait à la capacité religieuse et à la forme des pensées des uns et des autres, afin de trouver accès pour la vérité dans les esprits, et il agissait de même dans sa manière de vivre parmi eux. «Pour les Juifs, je suis devenu comme Juif, dit-il, afin de gagner les Juifs; pour ceux qui étaient sous la loi, comme si j'étais sous la loi, n'étant pas moi-même sous la loi». Les Juifs et ceux qui sont sous la loi sont bien les mêmes hommes, mais le premier terme les désigne comme nation ayant ses moeurs et ses usages; «sous la loi» rappelle leur relation avec Dieu par le moyen de la loi. Paul leur parle donc et agit au milieu d'eux comme étant de leur nation et sous la loi, mais il a bien soin d'ajouter qu'il n'est pas sous la loi — «il est mort à la loi» (Galates 2: 19). Mais le fait que toujours il entre d'abord dans les synagogues pour prêcher Christ, la manière dont il le fait et dont son discours à Antioche de Pisidie est un exemple, nous montre comment il se faisait Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs. Paul continue en disant: «Pour ceux qui étaient sans loi, comme si j'étais sans loi». C'est des païens qu'il parle, comme ne possédant point une loi divine révélée et écrite, mais près desquels on pouvait en appeler aux oeuvres de la nature qui rendent témoignage de Dieu, et à la conscience. C'est ce que Paul fait à Lystre et à Athènes (Actes des Apôtres 14; 17). En comparant son apologie adressée aux Juifs lors de son arrestation à Jérusalem (Actes des Apôtres 22) avec son apologie devant Agrippa, Festus et les principaux officiers romains (Actes des Apôtres 26), on voit que dans la première, il rapporte aux Juifs les choses qui pouvaient avoir un effet sur leurs consciences; tandis qu'il les omet dans la seconde qui s'adresse plutôt à des gentils. Mais remarquons que comme le mot «sans loi» qu'il s'applique pourrait être mal compris, Paul se hâte d'ajouter qu'il n'est pas sans loi quant à Dieu; il est justement soumis à Christ: Christ est sa loi. Ainsi c'était dans son service, et non dans sa marche, que l'apôtre s'adaptait ainsi à chacun. Avec les faibles, il savait parler le langage qui convenait à leur faiblesse, il y condescendait sans sacrifier rien de la vérité, et renonçait à ce qui aurait pu les blesser, comme il exhorte à le faire (Romains 14; voyez aussi 1 Corinthiens 3; Hébreux 5; Philippiens 3: 15, 16). Et ce renoncement, cette condescendance, cet abandon de lui-même, c'était afin de gagner les faibles pour les affermir, les fortifier et les faire croître en Christ. En un mot, il était devenu toutes choses pour tous, faisant entièrement abnégation de lui-même, renonçant à tous ses droits, afin d'en sauver quelques-uns. Quel ardent amour des âmes, et comme Paul marchait bien sur les traces de Celui qui a renoncé à tout et qui est venu du ciel pour servir! Et il faisait tout cela à cause de l'Evangile, afin d'y avoir part lui-même, afin de jouir des résultats de la réception de l'Evangile par ceux qu'il aurait ainsi évangélisés avec dévouement.

(Versets 24-27). — Dans ce qui précède l'apôtre a montré comment par amour pour les faibles, comment pour gagner des âmes à Christ, il renonçait à ses droits et à lui-même. Dans les versets qui terminent ce chapitre, nous voyons comment il se conduisait à l'égard de lui-même, — car ce lui-même était la seule personne qu'il ne voulait pas servir (verset 27). Afin de bien rendre sa pensée, Paul se sert de deux images empruntées aux spectacles publics chez les anciens. Il le fait plus d'une fois dans ses épîtres. Il y avait des courses dans la lice et diverses sortes de combats dans l'arène. Tous couraient dans la lice, mais un seul remportait le prix. Nous chrétiens, nous avons tous un but vers lequel nous avons à courir: c'est «le prix de l'appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus» (Philippiens 3), et nous devons courir comme si chacun de nous seul devait le remporter. C'est ce que l'apôtre fait comprendre par son exhortation. Le prix est assez grand pour que chacun de ceux qui auront atteint le but y ait sa part. «Courez donc de telle manière que vous le remportiez», dit-il. Celui qui court a un but devant lui; il y court droit; il ne porte ses regards ni à droite, ni à gauche, ni derrière lui; il a rejeté tout ce qui pouvait l'alourdir ou l'embarrasser; c'est ainsi qu'il court de manière à remporter, le prix. De fait, tous les chrétiens atteindront Christ dans la gloire, mais Paul l'atteindra comme un prix décerné à un coureur dans la lice. Lui, Paul, ne se contentait pas que le temps qui s'écoulait l'entraînât vers la gloire, mais, moralement, il courait vers ce but. «Je fais, une chose», dit-il; «oubliant les choses qui sont derrière, et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but».

Celui qui combattait dans l'arène vivait de régime. Il s'abstenait, de tout ce qui aurait pu affaiblir ou rendre pesant son corps, moins léger à la course, moins fort pour le combat. Il doit en être de même de nous moralement. «Rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément, courons» (Hébreux 12: 1). Et combien grand est le prix placé devant nous! Ceux qui couraient ou combattaient mettaient toute leur ardeur, n'épargnaient rien pour obtenir une couronne corruptible, un honneur passager, nous, nous courons et combattons pour une couronne incorruptible, pour une gloire éternelle. Avec quel zèle nous devrions nous appliquer à l'atteindre.

C'est ce que Paul faisait. Il courait, sachant bien vers quel but, et il savait sur quel adversaire devaient tomber ses coups, sans quoi il aurait battu l'air en vain. Pour poursuivre sans entraves son but glorieux, Paul mortifiait son corps et l'asservissait; la chair était l'adversaire contre lequel il dirigeait ses coups. Et il le fait comme s'il eût été en danger de tout, même d'être réprouvé. Il ne voulait pas se faire de la sûreté de son salut un oreiller pour la chair; mais il agissait comme étant en danger de tout perdre. Remarquez cependant qu'il ne dit pas: «De peur qu'après avoir cru;» mais: «De peur qu'après avoir prêché à d'autres, je ne sois moi-même réprouvé». Hélas! ce sera le cas de beaucoup de prédicateurs.


Note sur les versets 26, 27. Nous en venons à des versets qu'on a souvent peur de regarder en face. Le mot «réprouvé» trouble quelques âmes, de sorte que plusieurs ont essayé de prouver que «réprouvé» ne veut pas dire réprouvé. Je n'y vois pour moi aucune difficulté. L'apôtre suppose un cas: quelqu'un qui prêche aux autres et qui cependant périt lui-même. Paul avait une parfaite assurance quant à lui-même; mais il dit que s'il s'était borné à prêcher, il aurait eu une fausse assurance, mais s'il ne se contentait pas de battre l'air, son assurance était bien fondée.

Courir pour «recevoir» est l'idée générale qui se rapporte à la couronne incorruptible de gloire. Paul avait dans sa pensée le salut: «afin que de toutes manières j'en sauve quelques-uns». Il ne pense pas seulement à la récompense du service, mais ici il envisage tout de la manière la plus générale. L'Ecriture est claire: «Chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail». «Il n'y a personne qui ait quitté maison, ou parents, ou frères, ou femme, ou enfants, pour l'amour du royaume de Dieu, qui ne reçoive beaucoup plus en ce temps-ci, et, dans le siècle qui vient, la vie éternelle». Il y a ce qui caractérise la foi du chrétien et fait de la vie éternelle la récompense. Il y a le fait de tenir son corps asservi, c'est le contraire de prêcher. Je ne suis pas seulement un prédicateur, mais quelqu'un qui vit, «de peur qu'après avoir prêché a d'autres, je ne sois moi-même réprouvé». Il faut courir selon les lois, comme un chrétien, et pas seulement prêcher. On pourrait avoir toute la profession extérieure possible et tomber dans le désert. Il faut la réalité.

Ceux qui affaiblissent la force du mot «réprouvé», le font malgré le sens du passage. Le mot ne se rapporte pas à la valeur de la prédication, car l'apôtre dit: «Je combats ainsi, non comme battant l'air, mais je mortifie mon corps et je l'asservis». — «Je combats», ce n'est pas mon service, ni ma prédication. Etre réprouvé, c'est être perdu, c'est subir «le châtiment d'une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur». Ce que Paul veut dire est qu'il n'est pas seulement un croyant, mais qu'il vit comme un croyant, et que sans cela il peut être réprouvé tout comme un autre. Je n'ai pas le moindre doute que Dieu gardera les siens, mais si Paul avait prêché seulement, et n'avait pas eu la vie, il aurait été réprouvé. Mais il ne l'était pas, et il montre comment il vivait pour n'être pas réprouvé. Le point est que l'on doit combattre selon les lois. Or la loi de Christ est que l'on doit vivre aussi bien que parler, sans quoi craignez les conséquences. «Si vous vivez selon la chair, vous mourrez». Dieu pose des principes absolus d'où dérivent certaines conséquences, et je ne veux pas affaiblir ces principes. (J.N.D. Notes sur 1 Corinthiens 9)

Chapitre 10

Dans ce chapitre, à partir du verset 14, on entre dans le sujet relatif au corps de Christ sur la terre. La première partie de l'épître traite de ce qui a rapport à la maison, et l'on y trouve la discipline dans l'assemblée comme purification de la maison de Dieu, etc. Dans les 13 premiers versets du chapitre 10, nous avons, par l'exemple de ce qui est arrivé à Israël dans le désert et par conséquent de son état, un tableau de l'état correspondant de la chrétienté professante dans le monde. «Paul prouve par là qu'une personne peut continuer dans les observances extérieures du christianisme, et cependant être perdue».

Tout Israël était sorti d'Egypte; tous avaient eu part à des privilèges communs; tels qu'être sous la nuée comme protection; passer à travers la mer et ainsi être baptisés pour Moise; manger la manne et boire l'eau du rocher. Mais en route il s'est opéré un triage, et la plupart tombèrent dans le désert. Voilà, en figure, l'histoire de la chrétienté; mais les avertissements sont pour tous. Seulement ce sont ceux qui ont la vie qui en profitent, et qui vont jusqu'au bout. (comparez ).

(Versets 1-13). — «Baptisés pour Moïse». C'est être associés à lui dans ces choses: le passage de la mer et la protection de Dieu dans la nuée. Israël entra dans le chemin que Moïse avait frayé par l'ordre de Dieu, chemin à travers la mer, type de la mort qui délivre. Moïse était pour ainsi dire responsable de ce chemin, et les Israélites y entraient pour lui, adhérant à lui dans cette chose; ils étaient baptisés pour lui sous l'œil de Dieu dans la nuée qui avait changé de place pour les protéger, passant derrière eux pour se mettre entre eux et les Egyptiens. Nous aussi, nous sommes baptisés pour Christ, pour sa mort. Nous entrons après Lui, associés à Lui, dans ce chemin de la mort qu'il a frayé pour nous, de la mort qui nous délivre.

Dans les versets 3 et 4, l'apôtre parle de la manne et de l'eau du rocher, mais les envisage comme des types en parlant de viande spirituelle et de breuvage spirituel. La manne était le type du pain de vie, Jésus, descendu du ciel, et l'eau du rocher, de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croyaient après que Christ eut été glorifié (voyez Jean 6; 7). Mais l'apôtre en parlant de cette nourriture et de ce breuvage veut faire ressortir les grands privilèges qui étaient la part du peuple sorti d'Egypte. Il y a de même pour la chrétienté des privilèges correspondants: le baptême et la cène. Mais si l'apôtre y fait allusion, ce n'est que d'une manière éloignée. «Le rocher était le Christ», et ce rocher les suivait. Nous voyons par ces paroles, comme bien d'autres passages le disent, que Jéhovah, l'Eternel, le Dieu d'Israël, qui suivait et protégeait le peuple, n'était autre que la Parole éternelle, Celui qui a marché sur la terre comme l'humble Jésus de Nazareth.

Le verset 5 nous fait voir qu'un triage s'est opéré en route. Tous avaient eu part aux mêmes privilèges. L'apôtre répète cinq fois ce mot tous; il appuie sur ce fait que tous avaient reçu de l'Eternel les mêmes bienfaits. Mais il ajoute: «la plupart tombèrent dans le désert». Quel contraste entre ce mot «la plupart» et «tous!» Et surtout quand on pense que Caleb et Josué furent les seuls de tous ceux qui sortirent d'Egypte, qui ne tombèrent pas. «Dieu n'a pas pris plaisir en la plupart d'entre eux»; pourquoi? La longue énumération de leurs péchés l'explique. Mais il en sera de même de la chrétienté.

(Versets 6-10). — «Afin que nous ne convoitions pas des choses mauvaises, comme ceux-là aussi ont convoité». Cela n'a pas trait à quelque fait spécial de l'histoire d'Israël, mais exprime plutôt la tendance générale du coeur chez ce peuple, la convoitise, de laquelle découlent les faits ensuite énumérés: ils furent idolâtres, ils commirent la fornication, ils tentèrent le Christ, ils murmurèrent. Le jugement de Dieu s'exerça en châtiment et ils disparurent de la scène. Ce n'est pas ce que fit le peuple, leurs mauvaises actions, qui sont les types pour nous, mais c'est ce qui leur arriva comme jugement.

Lors de l'idolâtrie du veau d'or, Exode 32, il y avait une certaine apparence d'un culte offert à l'Eternel. Aaron ayant fait le veau et bâti un autel devant lui, cria: «Demain une fête à l'Eternel». Et ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de prospérités, puis «le peuple s'assit pour manger et pour boire, et ils se levèrent pour se divertir». Il est remarquable de voir que l'apôtre se borne à cette citation. C'est qu'elle s'appliquait tout spécialement à la position des Corinthiens. Sous prétexte de liberté, ils prenaient part aux fêtes païennes qui suivaient les sacrifices offerts aux idoles (chapitre 8), et ces repas étaient accompagnés de jeux et de danses, auxquels un chrétien ne pouvait participer sans se souiller. L'avertissement était donc bien à propos.

Le verset 8 met en garde contre la fornication. C'était encore là un danger auquel ils étaient particulièrement exposés. On sait la corruption et l'immoralité qui régnaient à Corinthe. L'apôtre en disant: «Ne commettons pas la fornication, comme quelques-uns ont commis la fornication», rappelle ce qui est rapporté en Nombres 25: «Le peuple commença à commettre fornication avec les filles de Moab». Là il n'y avait plus rien qui eût même l'apparence d'imiter un sacrifice à l'Eternel. Les filles de Moab «invitèrent les Israélites aux sacrifices de leurs dieux, et le peuple mangea et se prosterna devant leurs dieux. Et Israël s'attacha à Baal-Péor». Le châtiment de l'Eternel fut que vingt-quatre mille hommes en tout moururent de la plaie. Le verset 8 de notre chapitre dit qu'il en est tombé en un seul jour, vingt-trois mille. C'est le nombre de ceux qui sont tombés le même jour. Mais les chefs du peuple étaient morts avant ce jour (Nombres 25: 4, 5). Ainsi il n'y a pas de contradiction comme on le prétend entre Nombres 25 et 1 Corinthiens 10.

(Versets 9, 10). — Ils tentèrent le Christ. Comme nous l'avons fait remarquer, Jéhovah, qui les suivait, était le Christ. Ici l'apôtre fait allusion au chapitre 21 des Nombres. Le châtiment fut qu'ils périrent par les serpents. Tenter Dieu, c'est vouloir éprouver sa puissance et sa bonté en demandant des preuves matérielles (voyez Exode 17: 7). C'est être incrédule et mettre en doute sa fidélité, et par conséquent être mécontent de Dieu et se décourager. C'est ce que fit le peuple. Puis ils murmurèrent et le destructeur les fit périr. Leurs murmures furent fréquents dans leur marche à travers le désert, mais ce fut surtout après le châtiment qui tomba sur Coré, Dathan et Abiram, et qui nous est rapporté au chapitre 16 des Nombres. Le châtiment fut la mort de quatorze mille sept cents d'entre eux, outre ceux qui moururent dans l'affaire de Coré. Là, le peuple murmura contre le gouvernement de Dieu qui avait frappé les coupables.

Paul nous dit au verset 11, que toutes ces choses arrivaient aux Israélites comme types, et qu'elles ont été écrites pour nous servir d'avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints. Les fins des siècles, c'est le terme de l'histoire de la responsabilité du premier homme, histoire qui trouve sa fin dans la mort de Christ (comparez Hébreux 9: 26).

Comme conclusion sérieuse, l'apôtre, au verset 12, ajoute: «Ainsi, que celui qui croit être debout, prenne garde qu'il ne tombe». C'est celui qui se préoccupe de ce qu'il est debout qui est en danger. Littéralement, Israël sorti d'Egypte pouvait se croire debout. Aujourd'hui, la chrétienté peut se croire debout. Israël est tombé dans le désert, et de même la chrétienté professante, sans vie, ne restera pas debout, elle sera coupée (Romains 11: 22). Mais chacun de nous doit mettre à profit cette exhortation. Se glorifier de ses privilèges, de la connaissance que l'on a, et peut-être en secret, des progrès que l'on a faits, est un danger; c'est ce qui amène les chutes.

Le verset 13 contient un grand encouragement et une précieuse promesse. Les tentations qui surviennent ne sont pas des tentations surhumaines; elles ne sont pas au-dessus de ce qu'un homme peut supporter. Dieu est bon et fidèle; il ne permettra pas que la tentation aille au delà de nos forces. Puis, pour que nous puissions supporter l'épreuve, l'apôtre nous dit que Dieu, la source de toute force, fera lui-même l'issue, nous en fera sortir dans sa miséricorde.

(Verset 14). — Ici, nous avons l'idolâtrie dans le vrai sens du mot, ce qui est une abomination aux yeux de Dieu. Tous les avertissements qui précèdent se résument en celui-là, car c'était le danger auquel les Corinthiens étaient le plus exposés et qu'ils devaient surtout fuir. Les hommes, sous l'impulsion du diable, ont sciemment abandonné le Créateur connu par ses ouvrages, et se sont fait des divinités à leur portée, selon leur imagination, et en rapport avec leurs passions. C'est ce que rappelle l'apôtre, dans la seconde partie du premier chapitre de l'épître aux Romains.

On comprend, d'après cela, l'importance de l'exhortation de l'apôtre: «C'est pourquoi, bien-aimés, fuyez l'idolâtrie». Il enseigne plus bas que si ce qui est sacrifié à une idole n'est rien en soi-même, et que si une idole n'est rien en elle-même, sinon un morceau de bois ou de pierre, cependant, derrière l'idole, il y a un démon, de sorte qu'à ce point de vue, les choses que les nations sacrifient, elles les sacrifient à des démons (verset 20). Voilà l'énormité du crime d'idolâtrie aux yeux de Dieu.

Pour arriver à montrer que si — étant averti — on mangeait des choses sacrifiées aux idoles, on avait communion avec les démons (versets 19-21), l'apôtre prend pour exemples de communion, la cène, au verset 16, et les sacrifices en Israël, au verset 18 (le verset 17 est une parenthèse et comme une révélation à part).

Cet important passage tout entier est comme une grande leçon de communion. Le fait que la cène et les sacrifices en Israël sont pris comme exemples de communion, explique pourquoi l'apôtre les présente sous forme d'interrogation; puis dans l'application faite aux choses sacrifiées aux démons, il parle en affirmant.

Le but de l'apôtre, au verset 16, n'est pas d'expliquer ce qu'est la cène. Mais la Parole, abondante en richesses d'enseignements, nous en donne ici plusieurs, d'abord dans le motif qui porte l'apôtre à intervertir l'ordre de l'institution de la cène, en parlant de la coupe avant de parler du pain. La coupe est la communion du précieux sang du Christ, versé pour nous sur la croix. Or l'application de ce sang était la première chose nécessaire pour nous purifier de la souillure de nos péchés. Il fallait cette purification pour que nous pussions devenir membres du corps de Christ. Quant au pain de la cène, nommé ici après la coupe, ce pain que nous rompons, est la communion du corps de notre précieux Sauveur souffrant et mourant pour nous sur la croix, ce corps donné et offert pour nous, et duquel est sorti le sang précieux qui nous purifie de tout péché. Nous avons part à tous les bénéfices de ce sacrifice parfait de Christ. Le seul pain de la cène est donc la communion de ce seul corps du seul Sauveur souffrant et mourant sur la croix pour nous.

(Verset 17). — Dans ce verset — qui est comme à part, tout en se liant avec la fin du verset 16 — l'apôtre introduit, relativement à la cène et au pain qui est rompu, un nouvel enseignement. Il y attache une signification que ne connaissaient pas les premiers frères à Jérusalem, lorsqu'ils rompaient le pain (Actes des Apôtres 2), parce que ce n'était pas encore révélé. Le verset 16 nous montre la cène dans ce qu'elle est du Seigneur à nous; le verset 17 nous fait connaître ce qu'elle est entre nous, par le fait que tous les rachetés forment ensemble le corps de Christ sur la terre. Or le seul pain de la cène qui représente le seul corps du Sauveur sur la croix, représente en même temps, dans son unité, le seul corps mystique de Christ sur la terre, composé de tous les croyants unis à Lui par le seul et même Esprit. Ainsi, la fraction ensemble du seul et même pain qui est la communion du corps du Christ sur la croix, est en même temps l'expression du fait que tous les rachetés ensemble forment un seul corps. Le seul pain de la cène représente donc, d'un côté, le seul corps du Sauveur sur la croix, et, de l'autre, le seul corps de tous les rachetés ensemble. Voilà pourquoi le texte dit: «Car nous qui sommes plusieurs (tous les membres du corps), sommes un seul pain, un seul corps (il n'y a pas plus deux corps de Christ sur la terre que deux pains de la cène), car nous participons tous (tous les membres du corps) à un seul et même pain».

Il résulte de ce fait important que tous ceux qui participent ensemble à la cène du Seigneur sont solidaires les uns des autres comme faisant corps ensemble dans la fraction du pain. C'est ce qui détermine avec qui l'on peut et l'on doit rompre le pain. De ce principe ressort nécessairement le fait que tous ceux qui participent ensemble à la cène à une table quelconque, sont solidaires ensemble de tout ce qui caractérise cette table, et sont chacun responsables, sciemment ou non, de tout ce qui se rattache au terrain sur lequel cette table est dressée.

Or quel est le terrain sur lequel une table doit être dressée pour la cène, pour être la Table du Seigneur? Notre verset 17 nous le dit: c'est le terrain de l'unité du corps de Christ. Une telle table est donc pour tous les membres du corps de Christ, pourvu qu'ils se trouvent individuellement dans les conditions requises par le Seigneur pour y participer. Une assemblée de Dieu est responsable de maintenir les droits du Seigneur (*) sur sa propre table.

(*) Il faut remarquer l'expression «la table du Seigneur», et non «la table de Christ». Le Seigneur est Celui qui est au-dessus de moi. Je ne sache pas que Christ soit jamais appelé Seigneur de l'Assemblée. Il est le Seigneur de l'individu, non de l'Assemblée. Mais il est Seigneur dans l'Assemblée, et chaque chrétien reconnaît ce titre et cette autorité de Seigneur. (Notes sur 1 Corinthiens J.N.D.)

Il n'y a nécessairement qu'une Table du Seigneur, bien qu'elle puisse être dressée en différents lieux. Toute table dressée pour la cène en dehors du principe de l'unité du corps, selon notre verset 17, est une table de l'homme (*). Pour juger du terrain sur lequel une telle table repose, il faut remonter à l'origine de son érection. Elle provient ou d'un schisme, fruit de quelques fausses doctrines, ou d'un esprit d'indépendance, ou d'une organisation humaine. Mais comme nous l'avons vu, tous ceux qui sont en communion à une telle table, sont solidaires et responsables, le sachant ou non, du mal quel qu'il soit, qui s'y rattache. Il s'ensuit qu'une personne qui se trouve à cette table ne peut être reçue à la Table du Seigneur, en qualité de membre du corps de Christ, qu'en se purifiant personnellement du mal qui se rattache à la table à laquelle elle a participé jusqu'alors. Autrement l'assemblée de Dieu qui recevrait cette personne sans autre, se trouverait accepter le mal qui se rattache à la dite table et se solidariserait avec lui. D'un autre côté, une personne participant à une table qui n'est pas celle du Seigneur, ne peut dans aucun cas être admise à la Table du Seigneur pour retourner ensuite à la sienne propre. L'assemblée de Dieu qui recevrait temporairement cette personne, sanctionnerait par là la table à laquelle elle continuerait de se rattacher (**). — Il y a donc d'un côté le fait d'être membre du corps de Christ, et par là d'avoir place à la Table du Seigneur, et d'un autre côté, les conditions scripturaires voulues pour que l'on ait droit à prendre cette place à la gloire de Dieu, et c'est bien «se recevoir les uns les autres à la gloire de Dieu» (Romains 15: 7).

(*) Ce serait une monstruosité de dire que c'est une table des démons. Ce dernier terme ne s'applique qu'à l'idolâtrie.

(**) Quelques extraits de la correspondance de J.N.D. seront ici à leur place. «La réunion pour la fraction du pain est en principe le rassemblement ensemble de tous les chrétiens dans l'unité du corps de Christ. Chaque chrétien, par conséquent, a droit d'y participer. Mais en même temps, dans l'état présent de la chrétienté, nous sommes appelés à maintenir scrupuleusement, avec fidélité et zèle, la sainteté de la table du Seigneur (2 Timothée 11: 22). Or l'assemblée n'est en aucune manière une réunion volontaire de chrétiens qui ont choisi l'assemblée, car dans ce cas, ce serait une secte. C'est, pour autant que la chose est possible maintenant, le rassemblement de tous les membres du corps de Christ. Nous devons avoir une preuve suffisante que ceux qui désirent y participer sont de vrais chrétiens, et que leur marche est morale, chrétienne. Or, s'ils se réunissent habituellement avec ceux qui nient les vérités du christianisme, ils sont souillés, et il en est de même s'ils se réunissent là où l'immoralité est tolérée. — La différence de vues ecclésiastiques n'est pas une raison suffisante pour exclure une âme. Mais si quelqu'un voulait être un jour avec les frères, et un autre jour avec les sectes, je ne pourrais pas le permettre, et je ne recevrais pas une telle personne; car, au lieu d'user de la liberté qui lui appartient pour jouir de la communion spirituelle des enfants de Dieu, elle aurait la prétention de changer l'ordre de la maison de Dieu et de perpétuer la division des chrétiens.

»Le principe de rassemblement est l'unité du corps, de sorte qu'une personne connue comme chrétienne est libre de venir [à la Table]; seulement la personne qui l'introduit doit avoir la confiance de l'assemblée quant à sa compétence pour juger la personne qu'elle introduit. Le relâchement prévaut tellement maintenant parmi les dénominations qu'il faut beaucoup de soin; mais je maintiens que tout chrétien connu a le même titre que moi; quant à être membre d'une assemblée, c'est une chose que je rejette absolument. Mais je n'accepte pas qu'une personne aille et vienne à sa fantaisie. Elle peut pécher ou marcher dans le désordre, or une personne qui rompt le pain est par là sujette à la discipline de la maison de Dieu, si cela est nécessaire, tout comme si elle venait constamment. Je ne puis non plus accepter aucune condition de ceux qui désirent rompre le pain, comme s'ils étaient libres d'aller n'importe où; l'assemblée doit suivre la parole de Dieu, et ne peut être liée par aucune condition. Et je n'en impose aucune, parce que comme l'assemblée est liée par la Parole et ne peut en accepter, ainsi la personne est sujette à la discipline de l'assemblée selon la Parole. Je n'ai jamais changé du tout mes vues. La pratique est plus difficile à cause du relâchement croissant en doctrine et en pratique de tout ce qui nous entoure. Mais si une assemblée refusait une personne connue pour être chrétienne et sans reproche dans sa vie, et cela parce qu'elle n'est pas de l'assemblée, je ne pourrais y donner mon assentiment. Je ne reconnais d'autres membres que ceux de Christ. Une assemblée composée comme telle de ses membres est une secte. Mais la personne qui introduit quelqu'un est responsable vis-à-vis de l'assemblée et doit la mentionner, car c'est finalement l'assemblée qui est responsable».

(Versets 18-22). — Ainsi que nous l'avons déjà vu, de même que la cène (verset 16) est la communion du corps et du sang du Christ, et que ceux qui mangeaient des sacrifices en Israël (verset 18) avaient communion avec l'autel, ainsi ceux qui mangeaient des choses sacrifiées aux idoles avaient communion avec les démons. De là l'injonction de l'apôtre: «Je ne veux pas que vous ayez communion avec les démons». C'est une impossibilité d'associer la coupe du Seigneur et la Table du Seigneur avec la coupe et la table des démons. Celles-ci sont l'idolâtrie qui met le diable à la place de Dieu comme divinité. «Vouloir manger à la Table du Seigneur et à la table des démons, ç'aurait été dire au Seigneur: Je puis manger avec un démon, et manger avec toi». Or cela serait provoquer le Seigneur à la jalousie; comment pourrait-il partager avec un démon? Il ne donnera pas sa gloire à un autre, et ne permettra pas un autre Dieu devant sa face. Pourrions-nous supporter le poids de son indignation. Remarquons que, dans tout ce passage, c'est «le Seigneur», celui qui a autorité sur nous et sur sa Table.

(Versets 23, 24). — Toutes choses sont permises en reconnaissant que «la terre est au Seigneur et tout ce qu'elle contient», et comme l'apôtre le rappelle à Timothée: «Toute créature de Dieu est bonne, et il n'y en a aucune qui soit à rejeter, étant prise avec actions de grâces» (1 Timothée 4: 5). Mais si, de cette manière, toutes choses sont permises, toutes n'édifient pas et ne sont pas avantageuses aux autres. Tout en vivant dans la liberté que donne la connaissance, les Corinthiens avaient, à rechercher l'intérêt d'autrui, comme le montrent les versets 9 à 13 du chapitre 8. C'est un principe général qui s'étend à tout. Sans cela, en usant de son droit et de sa liberté sans avoir égard aux autres, on agirait souvent en égoïste. Au milieu de la chrétienté où nous vivons, nous ne sommes pas exposés à scandaliser en mangeant ce qui a été sacrifié à des idoles, mais nous avons à nous abstenir de tout ce qui n'est pas édifiant et avantageux pour d'autres, lors même que devant Dieu nous serions libres de le faire.

(Versets 25-27). — On pouvait manger de tout ce qui se vendait à la boucherie, où peut-être il y avait des viandes provenant de sacrifices offerts aux idoles, mais sans s'enquérir de rien à cause de la conscience. La raison de cette liberté est donnée au verset 26: «Car la terre appartient au Seigneur et tout ce qu'elle contient». De même, si un fidèle pensait pouvoir accepter une invitation chez un incrédule, il lui était loisible de manger de tout ce qui lui était présenté, sans s'enquérir de rien, sans demander si, oui ou non, c'étaient des viandes sacrifiées aux idoles, et cela à cause de la conscience, celle du croyant qui était libre. L'apôtre ne défendait donc pas d'accepter une telle invitation, mais vu que dans ces repas chez les païens il se passait souvent des choses peu convenables, il ajoute: «et que vous vouliez aller», comme pour engager à réfléchir avant d'accepter. Ainsi pour nous; avant de «vouloir aller», chez un mondain qui nous invite, réfléchissons, et nous ferons bien aussi de considérer ce qui est dit en Proverbes 23: 6-8.

On a voulu trouver au verset 25, une autorisation à manger du sang, sous le prétexte que la défense est une ordonnance de la loi mosaïque. Or Dieu a clairement indiqué à l'homme, non seulement à son peuple terrestre, ce qui devait lui servir de nourriture. Avant la chute: «Toute semence et tout fruit d'arbre» (Genèse 1: 29). Après la chute, est ajoutée «l'herbe des champs» (3: 18). Après le déluge, lorsqu'un monde nouveau recommence, Dieu donne de plus à l'homme la chair pour nourriture: «Tout ce qui se meut et qui est vivant vous sera pour nourriture; comme l'herbe verte, je vous donne tout. Seulement vous ne mangerez pas la chair avec sa vie, c'est-à-dire son sang, etc.» (9: 3, etc.). On ne voit nulle part que Dieu ait modifié ou abrogé cette ordonnance pour les descendants de Noé. Au contraire, elle est renouvelée aux enfants d'Israël (Lévitique 3: 17; 7: 26; 17: 12-14; Deutéronome 12: 16-23; 15: 23). Plus tard, lorsque l'Eglise a pris de l'extension chez les païens, et que des docteurs juifs veulent les placer sous les ordonnances de Moïse, l'Esprit Saint, au 15e chapitre des Actes, maintient la défense faite à Noé, en les libérant de tout le système judaïque. Dieu ayant indiqué et donné à l'homme tout ce qui doit lui servir de nourriture, il doit la prendre avec actions de grâces. Or le sang ne lui a jamais été donné, il ne peut donc être pris avec actions de grâces, ni mangé pour la gloire de Dieu (*).

(*) Les commandements donnés dans les Actes de s'abstenir du sang, des choses sacrifiées aux idoles, et de la fornication, sont obligatoires pour tout chrétien maintenant. Elles ne datent pas de la loi, mais de Noé et de l'ordre établi de Dieu au commencement. Ces trois choses sont spéciales: l'une est la vie et appartient à Dieu; puis les idoles sont l'abandon complet du vrai Dieu, et la fornication est l'abandon de la pureté de l'homme. Ce sont les trois choses qui expriment les principaux éléments des relations de l'homme avec Dieu dans les choses de la nature; l'expression de l'homme comme appartenant à Dieu et non à ses propres convoitises. (Notes sur 1 Corinthiens J.N.D.)

(Versets 28-30). — Si quelqu'un avertissait un fidèle qu'une chose avait été sacrifiée aux idoles, il ne fallait pas en manger, à cause de la conscience, de l'autre qui tenait l'idole pour quelque chose. Le fidèle a bien la liberté de manger, mais cette liberté ne doit pas être jugée par la conscience d'autrui. Il ne veut pas être blâmé pour une chose dont il a cependant la liberté d'user avec actions de grâces. Il s'abstiendra donc par amour pour son frère faible, mais quant à lui sa liberté subsiste.

(Verset 31). — Un principe bien simple et bien élevé doit diriger le fidèle en toutes choses, c'est que tout se fasse pour la gloire de Dieu, comme l'apôtre le dit en Colossiens 3: 17: «Et quelque chose que vous fassiez, en parole ou en oeuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâces par lui à Dieu le Père». C'est la gloire de Dieu que nous devons avoir pour règle, afin de décider si telle ou telle chose peut se faire; la question n'est pas seulement de savoir si la chose à faire est bonne ou mauvaise en elle-même, mais est-elle à la gloire de Dieu? C'est une chose mauvaise de trahir sa patrie, cependant, dans le cas de Rahab, c'était pour la gloire de Dieu. C'est encore plus mal de tuer son fils, mais pour la gloire de Dieu, Abraham leva sa main pour le faire (*). Les exemples sont nombreux dans la vie du Seigneur notre parfait modèle; du reste, sa vie entière était pour la gloire de Dieu. Il ne respirait que pour cela. C'est en vivant dans la proximité de Dieu que nous serons capables de discerner en toutes circonstances ce qui est à sa gloire.

(*) Il faut être toujours gardé dans la soumission à la Parole dans ce que nous avons à faire, car bien des fanatiques ont cru agir pour la gloire de Dieu, alors qu'ils ne suivaient que leur propre esprit, et ainsi ont commis des actes coupables. (Note du Réd.)

 (Verset 32). — Le moyen de ne devenir une cause de scandale pour personne, c'est d'être conséquent avec les principes que l'on professe. Le monde sait comment nous devons marcher; si même il hait ceux qui ne courent pas dans le même chemin que lui, il sait voir nos inconséquences, et celles-ci, hélas! sont une cause d'achoppement aussi pour des âmes que Satan retient en les leur faisant voir. Il ne faut être une cause d'achoppement pour personne, dit l'apôtre, ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l'assemblée de Dieu, les trois classes d'hommes qui se trouvaient alors à Corinthe. Comme chrétien, Paul avait la liberté de faire des choses qui auraient scandalisé des Juifs, d'autres qui auraient scandalisé les Grecs, et même des croyants faibles, mais il s'en abstenait, parce qu'il recherchait la gloire de Dieu et les intérêts d'autrui.

(Verset 33). — Paul complaisait ainsi à tous en toutes choses — dans les limites de la vérité — ne recherchant pas son avantage propre, mais celui du grand nombre, afin qu'ils fussent sauvés. Il était mû par cet amour du Christ, qui, dans une abnégation parfaite, avait été entièrement dévoué au bien des autres et à la gloire de Dieu. Ce Modèle parfait était toujours devant ses yeux; aussi peut-il dire, au verset 1 du chapitre 11: «Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ».

Il est important de comprendre que tous les détails de notre vie sont liés aux grands principes divins et en découlent. Il s'ensuit que tous ces détails ont leur importance, comme nous le verrons au commencement du chapitre suivant, où, pour régler la question de la coiffure de la femme, l'Esprit de Dieu remonte à l'ordre divin établi à la création, et fait intervenir les anges.

Chapitre 11

Comme nous l'avons déjà vu, nous avons ici un exemple de l'introduction, par l'apôtre, des plus hautes vérités dans des sujets de la vie ordinaire. Pour arriver à déclarer ce qui est convenable pour l'homme et pour la femme — les deux sexes en contraste — d'avoir la tête couverte ou non, l'apôtre, au verset 3, établit d'abord tout l'ordre divin, ou, pour ainsi dire, l'ordre hiérarchique, tel qu'il est donné de Dieu. La ligne de subordination ayant Dieu pour point de départ, descend dans l'ordre suivant: Dieu, Christ, l'homme, la femme. Le Christ, homme, a Dieu pour Chef; l'homme, le sexe masculin, a pour Chef Christ; la femme, le sexe féminin, a pour chef l'homme. Cela ne veut pas dire qu'en dehors de cet ordre de rang, la femme ne soit pas sous l'autorité de Christ; mais si l'on déroge à l'ordre établi de Dieu, c'est la confusion. Si dans l'Eglise sur la terre un homme usurpe la place de Christ, on considère la chose comme une énormité; eh bien, si une femme prêche ou prie en public, elle usurpe la place de l'homme, et devant Dieu, c'est le même genre d'énormité: c'est une insulte faite à l'ordre divin établi à la création. L'apôtre exprime d'une manière formelle, dans le chapitre 14 de notre épître (verset 34) et dans 1 Timothée 2: 11, 12, quelle est la place de silence et de réserve que les femmes doivent garder. Dans le dernier passage cité, il donne la raison de sa défense.

 «Je n'accepte pas qu'une femme aille évangéliser. Je n'ai jamais vu une femme se mêler d'enseigner, ou entrer dans des questions d'assemblée, sans qu'il en soit résulté du mal pour elle-même et pour d'autres. Si une femme se met à enseigner avec une réunion de personnes devant elle, elle sort tout à fait de sa place. L'Ecriture nous parle de Tryphène et de Tryphose et aussi de Persis la bien-aimée, qui travaillaient dans le Seigneur, chacune dans sa propre place de service, et nous voyons dans les évangiles que tout honneur y est rendu aux femmes; mais jamais le Seigneur n'a envoyé une femme pour prêcher, comme aussi nous ne voyons pas qu'un homme soit venu oindre Christ pour sa sépulture… Des femmes peuvent être employées, comme Marie de Magdala que le Seigneur chargea d'un message pour ses disciples; mais c'était un simple message, ce n'était pas que Marie eût à enseigner» (J.N.D.).

 (Versets 4-6). — C'était une chose nouvelle, introduite par le christianisme, que l'homme dût avoir la tête découverte en la présence de Dieu. Dans le judaïsme, les hommes restaient la tête couverte. Les sacrificateurs officiaient la tête couverte (voyez Exode 29: 6, 9; Lévitique 8: 9, 13). C'était la coutume chez les païens que les femmes inspirées par les démons eussent leur chevelure éparse et flottante. C'était contraire à l'ordre. Dans le christianisme, la femme doit avoir la tête couverte pour se présenter devant Dieu.

«Si elles priaient ou prophétisaient, les femmes devaient reconnaître l'autorité de l'homme. Il y avait des femmes qui prophétisaient; nous en avons un exemple dans les filles de Philippe (Actes des Apôtres 21: 9). La femme avait donc sa place pour prier et prophétiser, mais ce n'était pas dans l'assemblée. La femme doit avoir la tête couverte. L'apôtre le montre par la chevelure dont Dieu l'a couverte. Elle doit avoir la tête couverte aux prières de famille, de même que les filles de Philippe en prophétisant dans la maison de leur père. Le principe s'applique soit quand l'on prie, soit quand on prophétisait. Si une femme a un don, elle doit se borner à l'exercer dans la famille ou auprès des femmes» (J.N.D.)

(Versets 6-10). — Pour montrer l'importance de ce dont il vient de parler, l'apôtre remonte à la création. L'homme est l'image et la gloire de Dieu; il ne doit pas se couvrir la tête. La femme est la gloire de l'homme; elle a été tirée de lui, et a été créée à cause de lui, et non lui à cause d'elle. Les anges ont été témoins de la manière dont Dieu a créé l'homme et la femme, et de la place de suprématie qu'il a donnée à l'homme avant que la femme existât; ils ont vu la position d'aide subordonnée qu'il a faite à la femme en la créant. Maintenant les anges sont spectateurs de la manière dont cet ordre établi de Dieu est respecté. Que doivent-ils penser en voyant des femmes s'installer en public pour prêcher, et même à des hommes?

Le verset 10 dit: «C'est pourquoi la femme, à cause des anges, doit avoir sur la tête une marque de l'autorité à laquelle elle est soumise». L'indication est très simple: une marque. Les cheveux à eux seuls ne suffisent pas; il faut sur les cheveux une marque quelconque.

 «C'est pourquoi la femme, à cause des anges, etc. Elle est en cela, avec tous, un spectacle présent aux anges, et les anges ne doivent pas voir du désordre parmi les chrétiens. Le sujet tout entier se rapporte à la modestie, à l'ordre, à la convenance, et à ce que les choses soient à leur vraie place. C'est pourquoi la femme doit avoir sur la tête, à cause des anges, un signe de l'autorité, c'est-à-dire un signe de soumission à son mari.

»Quant à «l'image de Dieu», au verset 7, «l'image» est quelque chose qui représente un autre; ainsi l'homme représente Dieu, bien que certainement il ait manqué en cela. Mais quoique tombé, il garde la place que Dieu lui avait donnée. Il avait été fait sans péché, mais outre cela, il était le centre d'un immense système; aucun ange n'était cela; aucun ange n'était le centre de tout un système autour de lui. Adam l'était» (J.N.D.)

 (Versets 11, 12). — Ici il y a comme un correctif des versets 7 à 9, pour que l'homme ne s'arroge pas une position d'autorité démesurée vis-à-vis de la femme. En dehors de l'ordre de la création, il y a des relations mutuelles entre eux, relations de dépendance de l'un par rapport à l'autre. L'un n'est pas sans l'autre dans le Seigneur, et toutes choses procèdent de Dieu, qui les a établies ce qu'elles sont, ainsi que leurs rapports entre elles.

(Verset 13). — L'apôtre en appelle au sentiment naturel de convenance. Est-il respectueux vis-à-vis de Dieu qu'une femme prie la tête découverte?

(Versets 14, 15). — Et il explique et développe sa pensée en invoquant la nature pour démontrer l'importance de l'enseignement donné dans ce passage. La longue chevelure est un déshonneur pour l'homme. C'était bien cela pour les Nazaréens. «Le Nazaréen laissait croître ses cheveux: c'était se négliger en s'abandonnant à la volonté de Dieu, faire abnégation de sa dignité et de ses droits comme homme; car la longue chevelure marquait, d'une part, dans un homme, la négligence de sa propre personne, et de l'autre, l'assujettissement — le pouvoir sur la tête (*)».

(*) Etudes sur la Parole de Dieu, volume 1, page 347.

Au contraire, la longue chevelure est un honneur pour la femme. Elle lui est donnée en guise de voile, comme un ornement.

(Verset 16). — Pour appuyer son enseignement, l'apôtre a invoqué l'ordre dans la création, versets 7-9; la présence des anges comme spectateurs, verset 10; la nature ou le sentiment naturel des convenances, versets 14-15; au verset 16, il invoque encore, pour ainsi dire, l'autorité des assemblées. Si quelqu'un aime à contester ce que les assemblées ont décidé comme convenable devant Dieu, celui-là conteste contre une autorité. Or ni les apôtres, ni les assemblées de Dieu n'avaient pour coutume que l'homme se couvrît la tête, et que les femmes se la découvrissent pour prier et prophétiser.

(Verset 17). — Ici, nous avons l'assemblée, et dans un terrible désordre. En contraste avec le verset 2, où Paul louait les Corinthiens de ce qu'ils gardaient ses enseignements comme il les leur avait donnés, au verset 17, il ne peut les louer à l'égard de la manière dont ils se réunissaient pour célébrer la cène. Quelles paroles que celles-ci: «Vous vous réunissez non pas pour votre profit, mais à votre détriment»! Que c'est solennel! Dans son état normal, une assemblée se réunit pour profiter de la présence du Seigneur et des dons spirituels qu'il a accordés. Mais si elle s'écarte de la vérité en doctrine ou en pratique, ou en tolérant quelque mal, elle se trouve se réunir à son détriment, pour encourir un jugement de la part du Seigneur, ainsi qu'on le lit au verset 34: «Afin que vous ne vous réunissiez pas pour être jugés».

(Versets 18, 19). — Il était facile à l'apôtre de croire qu'il y avait parmi eux des divisions, des schismes, des séparations en partis, lorsqu'ils se réunissaient en assemblée. Il avait déjà parlé, aux chapitres 1 et 3, des partis que les Corinthiens formaient en se réclamant de Paul, d'Apollos, de Pierre, ou même de Christ, comme d'autant de chefs d'école, mais ici, en se réunissant en assemblée, ils se divisaient aussi entre diverses coteries, pour ainsi dire, et l'apôtre en avait entendu parler et le croyait en partie. Cette tendance à se séparer ainsi, ces divisions les conduiraient à des «sectes (*)» ou écoles, comme en formaient les philosophes. Et les sectes parmi les Corinthiens serviraient à rendre manifestes ceux qui tenaient ferme la vérité et qui ainsi étaient approuvés.

(*) «Sectes», traduction du mot grec aireseic, d'où vient notre mot hérésies, qui maintenant, dans notre langage moderne, a le sens de mauvaise doctrine. Un schisme est une division positive; un hérétique est un homme qui est à la tête d'une école de doctrine: «Rejette l'homme hérétique», est-il dit.

Le verset 18 renferme une expression remarquable: «Quand vous vous réunissez en assemblée». Toutes les réunions ne sont pas des réunions d'assemblée. Si une assemblée convoque une réunion pour profiter du ministère d'un frère évangéliste ou docteur, cette réunion n'est pas une réunion d'assemblée, lors même que toute l'assemblée s'y trouverait présente. Cette réunion appartient à celui pour qui elle a été convoquée, et personne n'a le droit d'y prendre aucune action sans son autorisation. Mais les réunions d'assemblée sont caractérisées par le fait que la personne du Seigneur forme le centre de ceux qui sont assemblés en son nom et qui réalisent ainsi l'unité de son corps. La réunion de culte tient ici le premier rang. Les fidèles entourent le Seigneur pour se souvenir ensemble de sa mort en adorant Dieu. Cette réunion pour la fraction du pain est la manifestation de l'unité de l'assemblée, la réunion d'assemblée par excellence.

Les réunions de prières ont le même caractère, selon Matthieu 18. Il en sera de même des réunions d'édification où l'assemblée réalise la présence du Seigneur au milieu d'elle et la libre action de son Esprit. Quelque bénie qu'elle soit, une réunion pour l'étude de la Parole, ou une conférence pour s'en occuper, n'a pas ce caractère spécial. Dans la réunion d'assemblée, chacun a une responsabilité, tous en prières intérieures dans le fond de leur coeur, et quelques-uns en actions extérieures, comme organes de l'assemblée, et ainsi que le Seigneur le donnera.

(Versets 20-22). — Les divisions se manifestaient entre riches et pauvres, alors qu'ils prétendaient célébrer la cène. Ils mangeaient ensemble, mais chacun selon ses moyens. Chacun prenait par avance son propre souper, de sorte que les riches mangeaient tout leur saoul et même s'enivraient (*), tandis que le pauvre avait faim. Les riches faisaient ainsi honte à ceux qui n'avaient rien. Et c'est en agissant de cette manière que les Corinthiens prétendaient prendre la cène du Seigneur! De fait, ils l'avaient dénaturée en mettant de côté les éléments institués par le Seigneur. L'apôtre ne pouvait les louer en cela; ce n'était pas manger la cène dominicale, ou du Seigneur.

(*) L'apôtre, par cette expression énergique, met en contraste la sainteté de la cène et la conduite des Corinthiens à cet égard.

Cette expression: «la cène dominicale» est remarquable. Elle montre, non seulement que la cène vient du Seigneur qui l'a instituée, mais qu'elle est sa propriété. La cène n'appartient pas à l'assemblée; elle ne peut en disposer à son gré. L'assemblée doit maintenir les droits du Seigneur sur la cène; elle en est responsable, car elle est la cène dominicale ou seigneuriale. Il appartient donc au Seigneur de déterminer quelles sont les personnes qui doivent y participer, et quel est le caractère qu'elles doivent revêtir et maintenir.

Une autre expression à remarquer est celle-ci (verset 22): «Ou méprisez-vous l'assemblée de Dieu?» Ce sont les personnes qui composaient l'assemblée, qui agissaient de manière à jeter du mépris sur le caractère de l'assemblée, qui, comme telle, est une chose sainte, puisqu'elle est l'Assemblée de Dieu.

Combien cela est solennel! On peut mépriser l'Assemblée de Dieu dont on fait partie; on peut se réunir à son détriment; ou peut se réunir pour être jugés (versets 22, 17, 34).

(Versets 23-25). — Paul avait reçu l'instruction touchant l'institution de la cène, par une révélation du Seigneur lui-même. Le fait que le Seigneur a institué comme de nouveau la cène depuis la gloire, nous montre d'abord la valeur que ce mémorial de sa mort a pour son coeur. Ensuite il était nécessaire que Paul, auquel avait été confiée l'administration de la révélation de l'Assemblée, du corps de Christ, reçût directement du Seigneur, soit l'institution de la cène, telle que Jésus l'établit le soir du souper, la veille de sa mort, soit les vérités qui s'y ajoutaient en relation avec l'unité du corps. Les premiers frères, qui rompaient le pain, comme nous voyons en Actes 2: 42, ne possédaient pas le verset 17 de 1 Corinthiens 10. Ils ignoraient que la fraction du pain fût l'expression de l'unité du corps; ce n'était pas révélé. Ils jouissaient du mémorial de la mort de leur Sauveur, mais que la cène exprimât l'unité du corps, et que l'on y annonçât la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne, cela ne leur était pas encore connu.

L'apôtre rappelle que c'est la nuit où le Seigneur fut livré qu'il institua la cène. Il choisit ce moment-là pour nous dire ce que son coeur désirait que nous fissions en mémoire de Lui. Nous nous souvenons donc d'un Christ qui fut trahi et livré. Et quel souvenir que celui de cette nuit terrible! Mais ayant devant Lui toutes les souffrances qu'elle amenait, Jésus pense aux siens, pense à nous, et demande que nous nous souvenions de Lui.

Paul tenait de la bouche même du Seigneur les paroles dont il s'était servi, le soir du souper, à l'égard du pain et de la coupe; mais ici, au lieu de: «Ceci est mon corps qui est donné pour vous» (Luc 22: 19), nous avons: «Ceci est mon corps qui est pour vous». En Luc, il allait le donner pour les siens; ici, le fait a eu lieu, et le pain de la cène qui représente le corps du Seigneur, n'est pas pour d'autres que les rachetés. Quant à la coupe, Paul rappelle que c'est celle d'après le souper, celle de la cène, différente de la coupe prise pendant le souper et qui accompagnait la célébration de la Pâque juive (Luc 22: 20, distinct du verset 17). Ensuite le sang que cette coupe représente est aussi celui sur lequel est basée la nouvelle alliance que l'Eternel traitera avec Israël restauré (Jérémie 31: 31-34). Le sang de la nouvelle alliance est donc déjà versé, mais cette alliance n'est pas pour nous chrétiens, qui sommes enfants de Dieu et l'Epouse de Christ; mais nous avons été lavés de nos péchés dans ce précieux sang: il est la base de toutes nos bénédictions (Ephésiens 1: 7; Colossiens 1: 14; Romains 3: 24, 25).

(Verset 26). — L'apôtre ajoute, par le Saint Esprit, que chaque fois que nous célébrons la cène, en mangeant le pain et en buvant la coupe, selon ce que le Seigneur a institué, nous annonçons la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne. Combien cela doit parler à nos coeurs! C'est Celui qui est le Seigneur, qui a voulu passer par la mort de la croix pour nous. Jusqu'à ce qu'il vienne nous annoncerons ce fait sans pareil que le Seigneur a voulu mourir pour nous. La célébration de la cène est donc un témoignage collectif rendu au Seigneur, se rattachant en arrière à sa mort sur la croix pour nous, et en avant à sa venue pour nous prendre avec Lui.

C'est donc d'un Christ mort que l'on se souvient dans la cène; elle n'est pas le souvenir de sa résurrection et de sa glorification, bien que nous soyons heureux d'être en relation avec Lui ressuscité et glorifié. Mais en célébrant la cène, nous nous souvenons de Lui mort. C'est pour cela qu'il était important de rétablir au milieu des Corinthiens la cène avec les éléments que le Seigneur avait institués, en les dégageant de tout autre manger ou boire. En les mêlant à d'autre manger et d'autre boire, ou assimilait la cène à un repas ordinaire, et l'on n'avait plus la mort du Seigneur. Tandis qu'avec le pain duquel le Seigneur a dit: «Ceci est mon corps qui est donné pour vous», et avec la coupe dont il a dit: «Cette coupe est mon sang qui est versé pour vous», on a devant les yeux sa mort et pas autre chose. Le coeur s'attache à ce fait de la mort du Seigneur, et la conscience y est engagée, parce que c'est à cause de nos péchés que cette mort, qui est là comme présente devant nous, a été nécessaire. Cela ne veut point dire que le pain et le vin de la cène se transforment dans le corps et le sang du Sauveur: ils sont la communion à ces deux grands faits: son corps donné et son sang versé. Nous nous souvenons donc de Lui souffrant et mourant sur la croix pour nous, là où son sang a été répandu pour la rémission de nos péchés.

Annoncer la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne, est aussi un témoignage collectif sans égal, rendu devant le monde au fait solennel que le Seigneur a été mis à mort par lui. «Ils ont crucifié le Seigneur de gloire» (chapitre 2: 8). C'est le témoignage le plus puissant qui puisse être rendu, et sa puissance consiste dans le fait de manger le pain et de boire la coupe de la cène, et non dans les paroles qui peuvent accompagner l'acte. Mais pour que ce témoignage soit réel, il faut que la cène soit célébrée selon les enseignements de la Parole. L'ennemi s'oppose moins à la prédication de l'Evangile qu'au fait de dresser une Table où la seigneurie de Christ soit proclamée, ainsi que le jugement du monde qui a mis à mort le Seigneur. C'est un témoignage permanent en attendant son retour. Alors tout œil le verra, et ceux qui l'ont percé, et toutes les tribus de la terre se lamenteront à cause de Lui. — Ce verset 26 est la clef de ceux qui suivent.

(Verset 27). — Les signes de cette mort — le pain qui représente le corps, la coupe qui représente le sang — présentent à nos coeurs toutes ses conséquences pour nous: abolition du péché, fin de l'homme en Adam, jugement du monde, manifestation parfaite de la justice, de la sainteté et de l'amour de Dieu. En conséquence, nous devons nous approcher de la cène d'une manière digne du Seigneur, dans un état pratique qui réponde à tout ce que ces signes rappellent au coeur et à la conscience.

 «Manger le pain et boire la coupe indignement et se rendre ainsi coupable à l'égard du corps et du sang du Seigneur, consistait pour les Corinthiens dans le fait qu'ils faisaient de la cène un repas ordinaire où ils satisfaisaient leur appétit charnel même jusqu'à l'excès, ne discernant pas le corps du Seigneur dans la cène. Mais manger et boire indignement peut se montrer sous d'autres formes. Si l'on ne s'approche pas de la cène avec un coeur qui a été exercé par toutes les précieuses vérités qui se rattachent à la mort de Christ; si l'on y vient simplement par une sorte d'habitude, de routine, en en faisant, pour ainsi dire, un repas banal; si l'on a négligé de réaliser le jugement de soi-même par lequel tout ce qui est incompatible avec la sainteté de Dieu doit être jugé et abandonné, alors on prend la cène indignement. Remarquons que cette expression ne veut pas dire «que l'on est indigne» de manger le pain et de boire la coupe; il s'agit de la manière dont on le fait: en Christ l'on est digne, hors de Christ on est indigne, et c'est une tout autre chose» (J.N.D.)

 (Verset 28). — Il faut donc, avant de s'approcher d'une chose aussi sainte, s'éprouver soi-même, se laisser sonder par Dieu: «Sonde-moi, ô Dieu! et connais mon coeur; éprouve-moi, et connais mes pensées; et regarde en moi s'il y a quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle» (Psaumes 139: 23, 24). On ne peut échapper à ce jugement de soi-même; il faut s'éprouver et puis manger du pain et boire de la coupe et non s'abstenir, à moins qu'il ne s'agisse de cas où l'assemblée doit intervenir pour ôter le méchant du milieu d'elle. On doit se juger, sinon on tolère le mal; si l'on se juge, on est propre à participer à la cène. «Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité» (1 Jean 1: 9). — Des personnes, par ignorance de la grâce, peuvent se croire indignes de participer à la cène, mais c'est le Seigneur qui est digne que l'on se souvienne de Lui. Il a fait tout ce qui était nécessaire pour que nous puissions nous approcher sans crainte, et ici, la Parole nous enseigne ce que nous avons à faire pour nous approcher sans interruption. L'état normal du chrétien est de se juger continuellement, et pas seulement quand il est tombé; sans ce jugement, pas de communion avec Dieu.

(Verset 29). — En ne distinguant pas le corps et le sang du Seigneur dans les éléments de la cène, les Corinthiens faisaient de celle-ci un manger et un boire ordinaires, et en agissant ainsi ils mangeaient et buvaient un jugement contre eux-mêmes. Il en est de même pour nous, lorsque nous nous approchons légèrement de la Table du Seigneur, par coutume et avec indifférence, ou avec de l'animosité dans le coeur envers l'un ou l'autre, etc., n'ayant pas présent au coeur ce que signifient ce pain et ce vin. Manger et boire ainsi, c'est s'attirer un jugement de la part de Dieu. Dieu et le péché ne peuvent se rencontrer sans que le péché ne soit consumé. «Notre Dieu aussi est un feu consumant» (Hébreux 12: 29).

Au verset 22, l'apôtre montre qu'en prenant la cène indignement, on méprisait l'Assemblée de Dieu; au verset 27, que l'on se rendait coupable à l'égard du corps et du sang du Seigneur, et, au verset 29, que l'on attire un jugement sur soi-même.

(Verset 30). — Ce jugement avait déjà atteint un certain nombre d'entre eux; plusieurs étaient faibles et malades, d'autres s'étaient endormis, avaient été retirés de ce monde par le châtiment du Seigneur qui va jusqu'à la mort du corps. La maladie en tenait ainsi plusieurs à l'écart. Cela montre que c'est une chose sérieuse de disposer de la cène pour la porter auprès d'un malade, sans décider pour cela que tel croyant est malade sous l'effet d'un jugement.

(Versets 31, 32). — Si nous portions toujours sur nous-mêmes le jugement que Dieu a porté et accompli à la croix sur notre état en Adam — ce qu'aussi la cène rappelle — il ne serait pas nécessaire que le Seigneur intervînt en jugement. Mais le jugement de Dieu commence par sa maison, et la grâce nous rappelle ici que quand nous sommes ainsi jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin de n'être pas condamnés avec le monde. Pour le croyant il n'y a pas de condamnation, mais il y a la discipline de Dieu.

(Versets 33, 34). — Ces versets se relient au verset 20. Qu'il s'agisse d'agapes ou de la cène, il ne peut être question d'y satisfaire son appétit. Le but du rassemblement ne peut être abaissé à ce niveau sans attirer le jugement du Seigneur sur ceux qui y participent.

Il y avait d'autres points à régler. L'apôtre le ferait quand il irait auprès d'eux. Quels sont ces points? Nous l'ignorons; s'il nous eût été utile de les connaître, ils nous eussent été donnés dans cette épître.


Nous insérons ici une lettre de J.N.D. relative à la fraction du pain, et où se trouvent d'utiles et précieux enseignements.

«Je regarde toute prétention à la sacrificature par quelqu'un — sauf celle qui peut être attribuée et qui dans l'Ecriture est attribuée à tous les saints — comme le principe de l'apostasie dans sa forme actuelle de développement et comme la négation du christianisme. Le judaïsme avait des sacrificateurs, parce que le peuple ne pouvait aller directement à Dieu, là où il se révélait Lui-même (*). Dans le christianisme il n'y a personne entre le peuple de Dieu dans son culte, et Dieu lui-même, parce que les chrétiens sont amenés à Dieu et ont la liberté d'entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus. Etablir un sacrificateur afin d'aller pour eux à Dieu, comme étant quelqu'un de plus rapproché de Lui, c'est nier ce que le christianisme a effectué. D'ailleurs, la sacrificature a essentiellement à faire avec l'intercession, ou avec des sacrifices et des offrandes; or dans la cène du Seigneur il n'y a point de sacrifice, et non plus d'intercession. Toute idée d'une sacrificature sur la terre doit donc être rejetée, comme entièrement contraire au christianisme et à l'acte de rompre le pain.

(*) C'est-à-dire dans le lieu très saint. (Note du trad.)

»Mais d'un autre côté, c'est une erreur de penser que nous participons à la cène en rompant le pain, ou que nous le rompons. La force tout entière de la chose consiste (quant à ce point) dans le fait que nous participons à un pain déjà rompu. C'est son corps rompu pour nous que nous prenons et mangeons. Nous ne sommes pas ceux qui rompent son corps, à proprement parler. De sorte que je crois que la vraie participation à la cène du Seigneur est après que le pain est rompu. La fraction du pain maintenant est, naturellement, une chose nécessaire à une telle participation, mais n'est pas du tout une partie de la communion.

»L'expression «bénir» signifie simplement rendre grâces, et nullement consacrer le pain. Voyez 1 Corinthiens 11: 24, et comparez Matthieu 26: 26, 27; Marc 14: 22, et Luc 22: 19. Aussi en Luc 9: 16; Jean 6: 11, 23; Marc 8: 6, 7, où nous trouvons les deux expressions. En Matthieu 14: 19, il bénit, et au chapitre 15: 36, il rend grâces. En 1 Corinthiens 14: 16, nous avons la preuve incontestable de ce que les passages cités mettent hors de doute pour tout esprit raisonnable. «Autrement, si tu as béni avec l'esprit, comment celui qui occupe la place d'un homme simple dira-t-il l'amen à ton action de grâces, puisqu'il ne sait ce que tu dis?» Bénir, c'est bénir Dieu, c'est une action de grâces. C'est ainsi que l'apôtre dit (1 Corinthiens 11: 24): «Le Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut livré, prit du pain, et après avoir rendu grâces, etc.», et au chapitre 10: «La coupe de bénédiction que nous bénissons». Matthieu et Marc, parlant du pain, disent: «Il bénit», et parlant de la coupe: «Il rendit grâces». En Luc, nous n'avons que cette dernière expression. Ainsi, la bénédiction qui précède la fraction du pain, est une action de grâces. A cette action de grâces, naturellement, tous se joignent, bien qu'un seul l'exprime. Chaque saint est en soi compétent pour cela, bien que, dans une grande congrégation, l'ordre selon Dieu puisse le laisser à ceux qui ont à juste raison mérité le respect de l'assemblée; toutefois, comme la pensée de la sacrificature se glisse aisément dans l'esprit, je croirais désirable que ce ne fût pas toujours un seul.

»La fraction du pain n'est pas en elle-même un acte religieux; elle représente la mise à mort de Christ, et, comme acte extérieur, il fut accompli par des hommes méchants. Mais le Seigneur rompit le pain an dernier souper, pour montrer à ses disciples que c'est d'un Christ mort qu'ils ont à se nourrir; et c'est pourquoi celui qui rend grâces, rompt le pain. La communion vient après, et on a la communion d'un corps rompu. La fraction du pain représente la mise à mort de Christ, et quoique absolument nécessaire comme figure, parce que sa mort était absolument nécessaire et qu'elle est le point même mis en évidence, cependant l'acte de rompre le pain n'est pas une partie religieuse de la chose que l'on a le privilège de faire. Et quant à l'acte de verser le vin, on le fait sans doute souvent, mais il n'est pas du tout une partie de la cène. Dans l'institution, le vin est supposé être déjà dans la coupe, dirigeant aussi l'esprit sur ce grand fait que la communion se rapporte à un Sauveur déjà mort. Le sang est hors du corps: «Mon sang qui est versé pour vous», dit le Seigneur. L'acte de verser le vin dans la coupe ne représenterait pas la mort, parce que le corps n'est pas ainsi représenté, et c'est pourquoi il n'est pas fait allusion à l'acte de verser le vin. On bénit ou l'on rend grâces pour le sang déjà versé, déjà répandu; c'est «la coupe que nous bénissons». Il y a la fraction du pain comme signe que son corps a été rompu; mais elle précède et prépare la communion.

»… Ce n'est pas le sang dans le corps, mais le sang versé qui est la puissance de la rédemption: sans effusion de sang, il n'y en a point. Cela confirme ce qui a été dit plus haut, que c'est d'un corps déjà rompu, d'un sang déjà versé, que nous sommes participants. Ainsi, quoique le pain doive être rompu, comme il le fut par Christ, par celui qui rend grâces, ce n'est que préparatoire et, à strictement parler, ne fait pas partie de la communion, et comme représentant la mise à mort de Christ, ce n'est point une partie du saint service lui-même, bien que nécessaire pour montrer que c'est à un Christ mort que nous avons part. Ce n'est pas à un Christ vivant, existant maintenant, mais à un Christ mort, et il n'y en a pas de tel actuellement. Comme dans la Pâque, c'était un agneau immolé, ainsi le pain représente un Christ mort et la coupe le sang versé, mais il n'y a plus de Christ mort maintenant; il est vivant de nouveau et pour jamais. Comme ressuscités avec Lui, nous rappelons ses douleurs et ses souffrances qui nous ont donné cette place. Sa mort expiatoire est accomplie et passée, le péché est ôté pour nous, et nous sommes vivants avec Lui pour toujours…»

Chapitre 12

(Versets 1-3). — Dans ce chapitre, l'apôtre en vient aux manifestations spirituelles. Il y en a de deux sortes, provenant de deux sources différentes. Les unes viennent des démons, les autres du Saint Esprit. Les Corinthiens sortaient du paganisme. Là ils étaient entraînés vers des idoles muettes, selon que les menaient les prêtres des faux dieux, qui se servaient de prétendus oracles rendus souvent par des pythonisses soi-disant inspirées par le Dieu, mais en réalité par l'action trompeuse d'un démon. Les Corinthiens pouvaient se méprendre au sujet de ces manifestations. L'apôtre leur indique une pierre de touche positive pour les discerner. «C'est pourquoi», dit-il, «je vous fais savoir que nul homme parlant par l'Esprit de Dieu ne dit: «Anathème à Jésus»; et que nul ne peut dire: «Seigneur Jésus», si ce n'est par l'Esprit Saint». — Un démon ne reconnaîtra jamais la seigneurie de Jésus, car la reconnaître serait s'y soumettre. La servante du chapitre 16 des Actes, qui avait un esprit de python, pouvait dire de Paul et de ses compagnons: «Ceux-ci sont les serviteurs du Dieu Très-Haut, qui vous annoncent la voie du salut»; mais elle n'aurait pu ni voulu dire: «Ceux-ci sont les serviteurs du Seigneur Jésus», car on ne peut le dire que par l'Esprit de Dieu. Il ne s'agit pas d'avoir sur les lèvres le mot de Seigneur, il ne s'agit pas de la conversion de quelqu'un, ni de l'état de son coeur, mais il s'agit d'un enseignement qui reconnaît Jésus comme Seigneur et qui provient de l'Esprit de Dieu. L'Esprit de Dieu fait dire, non seulement «Seigneur», mais «Seigneur Jésus».

D'un autre côté, dire «anathème à Jésus», n'est pas seulement que ces mots se trouvent sur les lèvres de quelqu'un; mais tout enseignement, toute doctrine qui porte atteinte d'une manière quelconque à la sainte Personne du Seigneur Jésus, se trouve comprise dans l'expression: «Anathème à Jésus».

L'apôtre Jean, au commencement du chapitre 4 de sa première épître, indique une pierre de touche pour discerner les esprits — esprits dans le sens de principes. — «Tout esprit», dit-il, «qui ne confesse pas Jésus Christ venu en chair, n'est pas de Dieu, et ceci est l'esprit de l'antichrist». La pierre de touche donnée par Paul en 1 Corinthiens 12, était surtout en rapport avec la forme que revêtaient les manifestations de démons à cette époque; celle qu'indique Jean et qui visait des hérésies de son temps, est aussi plus particulièrement en rapport avec les hérésies de notre époque, qui portent atteinte d'une manière ou d'une autre à la Personne du Seigneur Jésus, à l'unité de sa Personne divine et humaine, ou à sa divinité.

(Versets 4-6). — Du côté des démons, il y a pluralité d'esprits, là, l'unité est impossible — sauf pour le mal. Mais s'il s'agit de l'Esprit de Dieu, il y a unité dans la diversité. Diversité de dons de grâce, mais le même Esprit; diversité de services, et le même Seigneur, qui est le Seigneur de chaque serviteur; diversité d'opérations, mais le même Dieu, source de tout, opérant tout en tous. — La diversité des dons de grâce produit nécessairement la diversité de services, et la diversité de services provient nécessairement de la diversité d'opérations. Mais tout découle d'une source unique où se trouvent les trois Personnes de la Trinité. La diversité des dons de grâce se rattache à l'Esprit; la diversité de services se lie au Seigneur, et la diversité d'opérations se rapporte à Dieu. Nous avons Dieu, le Seigneur, l'Esprit, comme en Ephésiens 4: 4-6.

(Versets 7 et suivants). — C'est en vue de l'utilité qu'est donnée cette diversité, de manifestations de l'Esprit provenant de la même source. Elles pouvaient être transitoires, et de fait, plusieurs n'existent plus; tandis que les dons donnés par le Seigneur monté en haut (Ephésiens 4: 8-15), demeurent jusqu'à sa venue. Combien étaient précieuses ces manifestations de l'Esprit! Une parole de sagesse, une parole de connaissance, la foi, guérisons, miracles, prophétie, discernement d'esprits, langues, interprétations des langues, tout cela provenait du même Esprit, et en vue de l'utilité.

(Verset 11). — «Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît». — Le Saint Esprit est maître dans son administration, mais c'est le Seigneur qui est Seigneur (*).

(*) «L'action par laquelle la seigneurie est exercée en grâce en nous, s'opère par l'Esprit, comme on le voit en 1 Corinthiens 12 — «il distribue»; mais le titre de Seigneur en administration est en Christ. Si Christ dirige mon coeur, le Saint Esprit l'opère en moi». (Lettres de J.N.D.)

(Verset 12). — Ce verset, au lieu de se terminer par: «ainsi aussi est le corps de Christ», porte: «ainsi aussi est le Christ». Combien cela est grand! Le corps de Christ sur la terre, composé de tous les rachetés, est vu comme uni à sa Tête, Christ, Tête glorifiée dans le ciel; le tout ensemble, Christ et son corps, porte son nom: «Ainsi aussi est le Christ!»

Saul, arrêté sur le chemin de Damas, demande: «Qui es-tu, Seigneur?» Et il entend cette réponse: «Je suis Jésus que tu persécutes. Pourquoi me persécutes-tu?» (Actes des Apôtres 9). Jésus dans la gloire et les siens sur la terre, que Saul persécutait, étaient un. L'ensemble portait son nom: «Je suis Jésus que tu persécutes».

(Verset 13). — Le corps de Christ sur la terre est formé, et ceux qui le composent sont animés individuellement et unis entre eux et à Christ par l'Esprit Saint, venu ici-bas personnellement à la suite de la glorification du Seigneur Jésus. «Il y a un seul corps et un seul Esprit», est-il dit en Ephésiens 4: 4; et ici: «Nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps». Nous lisons en Actes 2: 1, 2: «Le jour de la Pentecôte, ils étaient tous ensemble dans un même lieu. Et il se fit tout à coup du ciel un son, comme d'un souffle violent et impétueux, et il remplit toute la maison où ils étaient assis». Ils se trouvaient donc comme plongés dans ce qui se manifestait, baptisés du Saint Esprit. Il est aussi dit des premiers gentils qui reçurent Christ que l'Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la Parole (Actes des Apôtres 10). Etre baptisés du Saint Esprit pour être un seul corps est une chose collective. L'Ecriture ne parle pas d'un baptême de l'Esprit Saint individuel. L'individu croyant est oint et scellé du Saint Esprit et ainsi introduit dans le corps, uni au corps. — «En étant scellé, je suis uni au Seigneur (*). Dieu met ainsi (par le sceau de l'Esprit) un témoignage de salut sur un homme, mais jusqu'alors nous ne pouvons dire réellement ce qu'il est, même en étant sûrs que Dieu a opéré en lui. Il n'a pas encore sa place avec Christ ici-bas. Nous ne pouvons pas dire qu'une personne est sauvée jusqu'à ce que Dieu ait mis son sceau sur elle». (Notes sur 1 Corinthiens J.N.D.)

(*) «Le mot «le Christ», de même que «le Messie», veut dire l'Oint. A proprement parler, il ne signifie jamais le corps, mais il est employé comme un nom qui nous met en relation avec le Seigneur, parce que l'Oint par excellence est le Chef, la Tête de tous ceux qui sont oints». (Lettres de J.N.D.)

La seconde partie du verset 13 dit: «Et nous avons tous été abreuvés pour l'unité d'un seul Esprit». On a pensé qu'il y avait là une allusion à la cène; mais ces paroles peuvent aussi être en rapport avec le verset 4 du chapitre 10: «Tous, ils ont bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient d'un rocher spirituel qui les suivait, et le rocher était le Christ». Le rocher était la figure de Christ, mais l'eau du rocher était la figure du Saint Esprit. L'Esprit dont nous sommes scellés, et qui habite en nous individuellement, nous abreuve de Christ, et cet Esprit, que chacun de nous possède, est un seul Esprit.

(Versets 14 et suivants). — Ce passage important nous apprend que le corps de Christ, composé de ses différents membres, et uni à Lui, la Tête, est un corps, un organisme, comme le corps humain. On est membre lu corps de Christ, comme nos mains et nos pieds sont membres de notre corps. Le corps de Christ n'est donc pas une corporation d'individus, ayant un chef, mais c'est un corps composé de différents membres et dont la Tête est Christ. L'expression «membre» n'est relative qu'à la position d'un croyant dans le corps. On ne la trouve pas dans la Parole comme désignant quelqu'un faisant partie d'une assemblée. Les individus qui composent une assemblée locale y rompent le pain en qualité de membres du corps de Christ, et non en qualité de membres de l'assemblée locale.

Tous les membres du corps ont chacun leur fonction respective, et il y a entre eux une intime relation mutuelle. «Dieu», est-il dit au verset 18, «a placé les membres, chacun dans le corps, comme il l'a voulu». Chaque membre a, pour ainsi dire, à se contenter de la place et de la fonction qui lui sont assignées. Quelqu'un disait: «Le petit doigt n'est pas l'œil, mais s'il entre dans l'œil quelque corps étranger, le petit doigt peut l'en retirer. Si le petit doigt avait la prétention d'être l'œil, non seulement il ne pourrait l'être, mais il perdrait son utilité de petit doigt».

Aussi est-il dit aux versets 24-26: «Mais Dieu a composé le corps en donnant un plus grand honneur à ce qui en manquait, afin qu'il n'y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un égal soin les uns des autres. Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui (et non pas devraient souffrir). Et si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui».

Le corps de Christ sur la terre est toujours complet, car il se compose de tous les rachetés existant ensemble sur la terre à un moment donné. Il en est de même dans Ephésiens 4: 4. Le «seul corps» est celui qui se trouve sur la terre. Quant aux fidèles qui sont délogés, ils ne sont plus de ce corps; les âmes qui pourront être converties n'en sont pas jusqu'à ce qu'elles le soient. Au contraire, en Ephésiens 1: 23, le corps est envisagé dans son plein résultat dans la gloire. Il s'agit alors de tous les croyants entre la Pentecôte et le retour du Seigneur, formant ce corps qui sera la plénitude ou le complément de la Tête glorifiée dans le ciel.

(Verset 27). — Les Corinthiens, assemblée de Dieu à Corinthe, étaient l'expression du corps de Christ dans cette localité: «Or vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier».

(Versets 28-30). — Ici nous retrouvons l'Assemblée, et non plus le corps comme tel. «Et Dieu a placé les uns dans l'assemblée», puis suit la liste des dons dans l'Assemblée. Les évangélistes ne s'y trouvent pas comme en Ephésiens 4, où il s'agit de l'édification du corps. Ici, il s'agit de l'Assemblée déjà formée. Dans l'énumération des dons, il est à remarquer que le don des langues, dont les Corinthiens s'enorgueillissaient, est nommé le dernier.

Enfin ces dons fonctionnaient chacun à sa place, et ne pouvaient être placés tous sur le même niveau. C'était diversité de services, diversité d'opérations. De même quant aux membres du corps: diversité de membres ayant chacun sa fonction particulière.

(Verset 31). — Dans ce verset, l'apôtre exhorte à désirer avec ardeur les dons de grâce plus grands. La même expression se trouve au premier verset du chapitre 14, qui nous apprend que les dons de grâce plus grands sont ceux qui produisent l'édification de l'assemblée. Par là ils sont plus grands que de faire des miracles, de guérir, de parler en langues et d'interpréter les langues. Mais il y a un chemin encore plus excellent, c'est l'amour, qui est la nature de Dieu.


Nous ajouterons ici quelques notes tirées des écrits de J.N. Darby.

Le corps (verset 12) est pour l'éternité, bien qu'un croyant, quand il meurt, passe hors du corps comme manifesté dans le temps. Il cesse de faire partie de ce qui était formé de Dieu ici-bas par le Saint Esprit; mais en résultat final, l'ensemble sera le corps de Christ. Si un croyant meurt, il est comme un soldat en congé; il appartient bien à son régiment, mais il ne forme pas partie effective du régiment en service actif. Il faut nous rappeler que l'Esprit Saint est descendu sur la terre. — Toute action directe de Dieu sur la créature est par l'Esprit, ainsi il agissait autrefois; mais c'est le jour de la Pentecôte qu'il est venu. Le Seigneur disait de lui: «Quand il viendra». Il est venu ici-bas et naturellement il forme le corps (le corps de Christ) là où il est. Mais comme Dieu il ne laisse pas le croyant qui meurt, ni son corps; il l'a dans ses mains et sous ses yeux pour le ressusciter. Ainsi le corps même du croyant n'est pas laissé, mais le croyant cesse d'être dans l'ensemble que l'Esprit Saint a formé sur la terre.

En Ephésiens 1, remarquons que Christ est Chef ou Tête, en droit, mais non pas de fait maintenant. Dans les conseils de Dieu, l'Eglise est le corps de Christ, mais il ne s'agit ni du présent, ni du passé, ni de l'avenir, tout est en conseil. Mais ici, en 1 Corinthiens, c'est la chose actuelle dans son accomplissement, tout à fait distincte d'Ephésiens, où elle est en dessein et conseil. Puis nous avons ici aussi, la nature de la chose; nous y voyons la dépendance des membres ici-bas, et il est important de considérer que c'est ici-bas, parce que quand nous lisons: «Dieu a placé les uns dans l'assemblée, etc.», il est clair que ce n'est pas dans le ciel où il n'y a ni guérisons, ni miracles.

(Verset 25). — «Que les membres aient un égal soin les uns des autres»; cela prouve que tous les saints doivent prendre soin l'un de l'autre, et renferme chaque membre du corps sur la terre. C'est dans le sentiment de l'amour qu'il faut avoir un égal soin, l'intérêt et le coeur étant là. Nous sommes tous un seul corps; ma main est intéressée à mon œil, et mon œil à ma main. Tous sont dépendants l'un de l'autre, même malgré eux, mais ce doit être en amour.

(Verset 27). — «Or vous êtes le corps de Christ». L'assemblée locale subsiste comme un corps complet. On ne peut pas dire que l'assemblée à Corinthe fût tout le corps de Christ, mais elle en était l'expression locale. On en peut dire autant de toute assemblée. C'est tout ce qui dans un endroit exprime la vérité de l'assemblée. Un sage architecte ne saurait que faire d'une maison en ruines. Si Paul revenait ici-bas, je ne sais pas à qui il pourrait adresser une lettre. Il y a un danger de perdre, dans une assemblée locale, la vérité du corps entier, et ainsi de n'en avoir que la représentation au lieu de la réalité. Je reconnais pleinement que, dans le principe du rassemblement, c'est la seule chose que Dieu reconnaisse; mais je crains qu'en reconnaissant la chose locale, nous ne perdions de vue l'ensemble. A Corinthe, l'un répond à l'autre. «Vous êtes le corps de Christ» est un principe important. L'assemblée locale existe comme le corps de Christ, car elle agit pour tout le corps, et elle est reconnue dans son action comme le corps entier dans un certain sens. Si une personne est exclue dans un endroit, elle l'est partout.

(Verset 26). — Il faut remarquer ici que l'apôtre ne dit pas (bien qu'il serait exact de le dire) que si un membre souffre, tous doivent souffrir avec lui, mais tous souffrent avec lui. Dieu a composé le corps, de sorte qu'il en soit ainsi, et j'estime que dans une mesure c'est le cas. La réalisation de ce fait peut être diminuée par les divisions et les distances, et toutes sortes de choses. Mais supposez-vous que s'il y a une grande oeuvre de bénédiction dans les Indes ou le Canada, il n'y aura pas de bénédiction en Irlande? Naturellement il y en aura, pour autant qu'il y a une énergie vivante. La chose est vraie, bien que gâtée en quelque mesure. Si dans une assemblée un frère ne marche pas selon le Seigneur, et que l'assemblée soit spirituelle, tous le sentiront, et il y aura la conscience immédiate que quelque chose attriste l'Esprit. Mais là où l'on est languissant, on le sentira moins distinctement. «Si un membre souffre, tous souffrent avec lui», ainsi si ma main est blessée tout mon corps s'en ressent. (J.N.D. Notes sur 1 Corinthiens)

 «Baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps». Le baptême du Saint Esprit a eu lieu le jour de la Pentecôte. Le Consolateur vint; il ne peut pas venir deux fois dans cet ordre de choses, parce qu'il devait être avec les disciples éternellement, demeurer avec eux. Mais il est donné à tous ceux qui croient. «Repentez-vous», dit Pierre, «et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés; et vous recevrez le don du Saint Esprit». Corneille est un cas spécial; Dieu démontrait qu'il recevait les gentils, même si les apôtres ne voulaient pas les recevoir comme tels. Corneille ne fut pas baptisé d'abord, ce qui était l'ordre régulier (Actes des Apôtres 2: 38). Ce qui a lieu à Samarie n'est rien dans la question; cela montre comment l'Esprit Saint était donné par l'imposition des mains des apôtres. Paul agit ainsi à Ephèse, faisant voir qu'il avait le même droit qu'eux (Actes des Apôtres 19). L'effusion de l'Esprit est ce qui arriva à la Pentecôte (Pierre nous le dit: «Il a répandu»), mais les individus le reçoivent en croyant en l'oeuvre de Christ pour la rémission des péchés. Ce don de l'Esprit Saint à l'individu est l'onction et le sceau et devient les arrhes. Etre rempli de l'Esprit est une autre chose. C'est l'Esprit qui est en moi et qui prend tellement possession de tout mon esprit et de toutes mes facultés que rien d'autre ne s'y trouve, et que les choses qu'il révèle occupent les pensées, et qu'il y ait, quant à ces choses, la puissance de Dieu dans l'âme.

Si l'on parle d'une personne comme ayant été baptisée du Saint Esprit après la Pentecôte, je dirais qu'elle a été introduite dans un corps déjà baptisé, mais que c'est en recevant l'Esprit Saint par lequel elle a été unie à la Tête, Christ. Je ne me mets pas en peine au sujet du mot baptême, mais il n'est pas généralement employé pour la réception individuelle de l'Esprit. (Lettres de J.N.D.)

Chapitre 13

Ce chapitre est comme une magnifique parenthèse montrant que ce qui est de la nature de Dieu est au-dessus des manifestations de l'Esprit et plus excellent qu'elles. En même temps, ce chapitre se relie à la fin du 12e et au commencement du 14e, et fait voir que l'amour doit être le mobile et le ressort de l'exercice des dons de grâce, sinon leur utilité est perdue. Les trois premiers versets le prouvent.

Le premier verset suppose un homme qui parlerait les langues des hommes et des anges — s'il n'a pas l'amour, tout n'est qu'un vain son: l'airain qui résonne, la cymbale qui retentit, et qui ne laisse rien après elle. Le second verset suppose chez un homme la possession de la prophétie, une vaste intelligence, la connaissance de tous les mystères, et la foi (*) de manière à transporter des montagnes; mais sans l'amour, il n'est rien. Le verset 3 nous montre en quelqu'un un dévouement qui le porterait à distribuer tous ses biens, et même à livrer son corps pour être brûlé, mais s'il n'y a pas l'amour, cela ne profite de rien. Il n'y aurait d'autre résultat que la gloire devant les hommes (comparez Matthieu 6: 3, 4). Faire seulement du bruit, n'être rien, et n'avoir aucun profit devant Dieu, tel serait, sans l'amour, le résultat de ces grandes choses.

(*) «Une personne peut avoir la foi dont il est parlé ici, sans la réalité. Paul parle de la foi qui transporte les montagnes, et non de la foi en la personne du Seigneur Jésus Christ. La puissance et la grâce sont toujours distinguées l'une de l'autre». (J.N.D.)

— «Dieu est amour»; c'est la bonté souveraine se répandant hors d'elle-même. Ce que nous trouvons ici, c'est l'amour divin dans le monde, chose totalement différente de la loi. C'est ce qui est au-dessus de tout le mal qui nous entoure, et qui peut sentir pour tout ce mal; l'amour en est affecté, mais en lui-même, il n'est pas touché par le mal. C'est ce que nous voyons dans ses opérations, et c'est ce que nous contemplons en Christ passant à travers le monde. L'amour est souverain». (J.N.D.)

L'amour est la participation à la nature de Dieu; il produit des motifs étrangers à la nature humaine, car quand il est parlé d'amour dans ce chapitre, il s'agit de l'amour de Dieu, et non d'affection humaine. L'amour puise ses motifs en lui-même. L'amour aime gratuitement.

Dans les versets 4 à 6, nous trouvons d'abord deux choses qui caractérisent l'amour: il use de longanimité, de patience au milieu du mal, sans se laisser provoquer par ce mal; ensuite, il est plein de bonté, répandant le bien qu'il puise à sa vraie source, sans se laisser détourner par l'ingratitude qu'il rencontre. Combien ces deux caractères de l'amour se sont montrés d'une manière parfaite dans la vie du Seigneur Jésus ici-bas, et combien ils sont opposés aux sentiments de la nature déchue que nous tenons d'Adam! La chair ne peut user de longanimité, et elle est pleine de malice et non de bonté. Après cela, l'apôtre indique huit choses qui sont incompatibles avec l'amour et qu'il ne fait pas, mais qui caractérisent justement la nature déchue de l'homme. La chair est pleine d'envie, de vanterie, elle s'enfle d'orgueil, elle agit avec inconvenance, elle ne cherche que son propre intérêt, elle s'irrite, elle pense le mal chez les autres, elle se réjouit de l'injustice. Toutes ces choses, le chrétien les évitera s'il marche dans l'amour comme Christ y a marché.

Au verset 7, il y a le côté positif: cinq choses que fait l'amour. D'abord il se réjouit avec la vérité. La vérité et l'amour se trouvent comme soudés ensemble, de sorte que si l'on prétend aimer, mais que la vérité soit absente, ce n'est pas l'amour. «Si la vérité est là, je me réjouis avec elle, j'y prends mes délices, comme, par exemple, si la vérité est annoncée, mon coeur se trouve là et je m'en réjouis». L'amour supporte ou couvre tout; il croit tout, espère tout, endure tout. L'amour ne révèle pas le mal sans nécessité absolue, il le couvre. «L'amour couvre une multitude de péchés» (1 Pierre 4: 8). L'amour croit tout: c'est n'être pas soupçonneux; l'amour est porté à croire au bien, même lorsqu'il n'y a pas d'apparence de bien. Il espère tout, même que le bien aura le dessus; et il endure toute injustice. «L'amour ne pense pas le mal; le mal tend à déprimer l'âme. Christ était dans ce monde sans aucune pensée de soupçon, et c'est dans cet esprit-là que nous avons à marcher dans le monde. Si vous soupçonnez toujours les gens, qui aura confiance en vous?» Croire et espérer est un puissant moyen pour amener au bien; se défier des autres, les juger, souvent provoque le mal. Tous ces caractères de l'amour se sont trouvés dans leur perfection chez le Seigneur Jésus ici-bas.

(Versets 8-11). — L'amour, étant la nature même de Dieu, ne périt jamais, tandis que les moyens de communications par lesquels nous saisissons maintenant les pensées de Dieu, auront leur fin. Après cela, nous n'apprendrons plus, ce qui suppose l'ignorance, mais nous connaîtrons. Les prophéties, ce moyen précieux d'édification, d'exhortation, de consolation, ainsi que la connaissance, telle que nous l'avons maintenant (quoique tout nous soit révélé), tout cela aura sa fin. Quant aux langues, elles cesseront, et en effet elles ont cessé. Tout est en partie maintenant. Nous ne pouvons, dans notre faiblesse actuelle, embrasser au même instant tout l'ensemble de la révélation. Mais quand ce qui est parfait sera venu, alors ce qui est en partie aura sa fin. Un enfant a des conceptions propres à son âge, relativement aux choses qui l'entourent. Devenu homme, il les envisage autrement, c'est-à-dire au point de vue de ce qu'elles sont réellement.

(Verset 12). — Dans notre faiblesse, nous voyons les choses obscurément (*), comme an travers d'un verre demi-transparent. Quand ce qui est parfait sera venu, nous verrons face à face, tout à fait clairement. Nous connaîtrons comme nous sommes connus, comme Dieu nous connaît. Quelle mesure de connaissance! Mais ce sera une connaissance morale, et non une connaissance de l'intelligence seulement; ce sera une connaissance ou toutes nos facultés seront en jeu. Dieu me connaît à fond maintenant; alors je connaîtrai à fond comme je suis connu.

(*) En grec: «énigmatiquement».

«Quand ce qui est parfait sera venu», veut dire le temps de la gloire, quand toutes choses seront parfaites, et que ce qui est en partie aura cessé. La connaissance maintenant a ses degrés: «nous connaissons en partie»; mais alors toute cette manière de connaître aura passé. Apprendre est une preuve d'ignorance; même dans les choses divines, nous avons à apprendre, et alors il n'y aura plus d'ignorance. Cet état où nous sommes actuellement nous donne une grande idée de notre petitesse. C'en sera fait de tous les instruments partiels de communication, quand je connaîtrai comme je suis connu. Cela signifie, je pense, la manière dont Dieu connaît; ce n'est pas connaître en partie; ce n'est pas tant la mesure que la manière dont Dieu connaît. Je connais pour autant que les choses peuvent être connues». (J.N.D.)

(Verset 13). — «Or maintenant ces trois choses demeurent: la foi, l'espérance et l'amour». Nous les avons maintenant. La plus grande, c'est l'amour, et l'amour demeurera quand la foi et l'espérance n'auront plus leur raison d'être. La foi sera changée en vue, et l'espérance en réalité, et dans cette vue et cette réalité, nous aurons éternellement l'amour.

— «La foi, l'espérance et l'amour» ne sont pas placés ici accidentellement. Ce sont les trois choses qui caractérisent maintenant l'état chrétien, comme il est dit: «Revêtant la cuirasse de la foi et de l'amour, et, pour casque, l'espérance du salut» (1 Thessaloniciens 5: 8). Environ dix fois dans le Nouveau Testament, nous trouvons la foi, l'espérance et l'amour mises ensemble. Ce sont des éléments positifs, la foi et l'espérance se rapportant à notre état présent, l'amour à notre état présent et éternel. La foi saisit un objet, et l'espérance le désire. L'amour est réellement ce que Dieu est. Celui qui demeure dans l'amour, demeure en Dieu, et cela ne manque jamais. Lorsque nous possédons un objet, nous en avons fini de la foi et de l'espérance qui s'y rapportent; elles ont passé, ont passé à l'état de jouissance positive. Dans le ciel il y aura l'amour, mais non pas la foi, parce qu'il y aura la vue, ni l'espérance, parce que nous posséderons. L'expression «demeurent», montre que les trois sont des choses présentes, mais l'amour ne manque jamais». (Notes sur 1 Corinthiens J.N.D.)

Chapitre 14

En rattachant le dernier verset du chapitre 12 au premier verset du chapitre 14, on voit la place qu'occupe le chapitre 13, et son opportunité (*). Les dons de grâce plus grands étaient ceux qui produisaient l'édification de l'assemblée. Le chemin bien plus excellent était l'amour; il fallait donc poursuivre l'amour (14: 1), et désirer avec ardeur les dons spirituels. L'amour doit être le mobile et le ressort de l'exercice d'un don, sinon celui-ci est sans profit. Il faut donc poursuivre ce chemin bien plus excellent, à rechercher l'amour, et avec cela désirer ardemment d'être utile à l'assemblée. Car c'est l'édification de l'assemblée qui est en vue dans les instructions de ce chapitre. Le tort des Corinthiens, c'est qu'ils étalaient dans l'assemblée les dons destinés à accompagner l'évangélisation au dehors. Il s'ensuivait que les dons pour l'édification de l'assemblée n'avaient pas la place pour agir, de sorte que l'assemblée n'était pas édifiée.

(*) Les chapitres 12 et 14 sont séparés par un chapitre sur l'amour. L'amour est introduit en passant, comme dans une parenthèse, pour enseigner comment il faut se servir des dons. L'apôtre introduit aussi l'amour comme étant à la racine de toute action bonne, comme de toute autre chose; ensuite il procède à exposer l'ordre dans l'exercice des dons. Nous avons la doctrine au chapitre 12, et la pratique et l'exercice des dons dans le chapitre 14 (Notes sur 1 Corinthiens J.N.D.)

Le verset 3 ne donne pas une définition du don de prophétiser, mais en présente l'effet précieux: l'édification, l'exhortation et la consolation. Relativement aux prophètes, les épîtres nous enseignent que les apôtres étaient en même temps prophètes. On ne pouvait être apôtre sans être prophète (Ephésiens 2: 20; 3: 5; comparez Romains 16: 26, qui parle des écrits prophétiques du Nouveau Testament). Les épîtres des apôtres contiennent en effet des prophéties. Puis à côté des apôtres et prophètes, il y avait des prophètes qui n'étaient pas apôtres (Ephésiens 4: 11; Actes des Apôtres 11: 27, 28; 13: 1; 21: 10, 11, et le verset 29 de notre chapitre).

Au temps apostolique, le prophète, tout en édifiant, exhortant et consolant, donnait aussi des révélations, parce que l'Ecriture n'était pas encore complète. C'est pourquoi, au verset 6, l'apôtre dit: «En quoi vous profiterai-je, à moins que je ne vous parle par révélation, ou par connaissance, ou par prophétie, ou par doctrine?» Puis au verset 30, en parlant des prophètes, il dit: «Et s'il y a eu une révélation faite à un autre qui est assis, que le premier se taise».

Aujourd'hui, grâces au Seigneur, nous avons encore ce précieux don de prophétiser; mais il ne comporte plus celui de communiquer de nouvelles révélations, la révélation étant complète, de sorte que le cas supposé au verset 30, ne peut plus avoir lieu littéralement. Personne aujourd'hui ne peut recevoir une révélation à communiquer; prétendre en avoir proviendrait d'un malin esprit.

Prophétiser de nos jours, c'est faire valoir la Parole auprès des âmes, en faisant ressortir de la révélation ce que d'autres n'y avaient pas trouvé par eux-mêmes, et de manière à appliquer la Parole au coeur et à la conscience au moment opportun. L'âme se trouve ainsi placée devant Dieu sous l'effet de la Parole, et cela est pour ceux qui en profitent comme une sorte de révélation. Il suit de là que le résultat indiqué au verset 3, se trouve aussi produit aujourd'hui par ce don de prophétiser: «Celui qui prophétise parle aux hommes pour l'édification, et l'exhortation, et la consolation».

Quant aux langues, le verset 22 nous dit qu'elles servaient de signe, non à ceux qui croyaient, mais aux incrédules. Ce don des langues facilitait beaucoup l'évangélisation, et était une preuve de la divinité du christianisme qui s'établissait alors sur la terre comme une chose nouvelle (*), Mais nous avons vu, au chapitre 13, qu'il est dit que les langues cesseraient, et, en effet, elles ont cessé, de même que tous les dons extraordinaires — les dons-signes, comme on les appelle.

(*) «Le don des langues, dans un sens, supprimait la confusion des langues. Au lieu de la grâce se confinant à Israël, ce don ouvrait la grâce à toutes les nations. Nous en voyons un spécimen en Actes 2; il annule Babel, pour ainsi dire. Mais à la Pentecôte, tout était clair et simple; tandis que les Corinthiens abusaient de ce don. Lorsqu'il fut donné, c'était en vue de toutes les nations pour leur apporter l'Evangile». (J.N.D.)

Revenant au verset 6, pour expliquer ce qu'il faut entendre par révélation et connaissance, par prophétie et doctrine, nous dirions, par exemple, que l'apôtre parlait par révélation, lorsqu'il révélait, dans l'épître aux Ephésiens, le mystère de l'Eglise et ce qui s'y rapporte. Il parlait par connaissance, quand il faisait valoir les enseignements de l'Ancien Testament pour appuyer ce qu'il annonçait. Par prophétie, il faudrait entendre ce qu'il disait pour édifier, exhorter et consoler, comme dans l'épître aux Philippiens. Et par doctrine, ce qu'il exposait, par exemple, dans l'épître aux Romains touchant la justification par la foi au sacrifice de Christ, et notre délivrance du vieil homme par notre mort avec Christ (*).

(*) Personne ne peut, en aucun cas, parler pour l'édification de l'assemblée, à moins qu'il ne communique les pensées de Dieu. — L'apôtre distingue deux sortes de ces communications: la révélation et la connaissance. La dernière suppose une révélation déjà donnée, et que quelqu'un met à profit par l'Esprit Saint pour le bien du troupeau. Ensuite il indique les dons qui étaient respectivement les moyens d'édifier de ces deux manières, savoir la prophétie et la doctrine. Ce n'est pas que les deux derniers termes soient les équivalents des deux premiers, mais les deux choses dont il est parlé pour l'édification de l'assemblée — révélation et connaissance — s'accomplissaient par le moyen de ces deux dons. Il pouvait y avoir «prophétie», sans qu'il y eût nécessairement une nouvelle révélation, bien qu'il y eût plus que de la connaissance. Il pouvait y avoir une application des pensées de Dieu, un appel de la part de Dieu aux âmes, à la conscience, qui fût plus que de la connaissance, mais qui ne serait pas une nouvelle révélation. Dieu agit par ce moyen sans révéler une nouvelle vérité ou un nouveau fait. «La connaissance» ou la «doctrine», enseigne des vérités ou explique la Parole, choses très utiles à l'assemblée, mais en cela il n'y a pas dans l'application une action directe de l'Esprit, et ainsi il n'y a pas une manifestation directe de la présence de Dieu aux hommes dans leur conscience et dans leur coeur. Quand quelqu'un enseigne, celui qui est spirituel en profite; quand quelqu'un prophétise, même celui qui n'est pas spirituel en sentira la force, il est atteint et jugé; et il en est de même de la conscience du chrétien. (J.N.D. Etudes sur la Parole de Dieu)

Les versets 12 à 17 nous montrent que toute action dans l'assemblée, même le chant et la prière, doit produire l'édification. Il semble qu'en ces premiers temps on chantait par l'Esprit des cantiques que l'on improvisait, mais il fallait que l'intelligence de celui qui chantait agît pour en faire profiter les autres. Il en était de même pour la prière et l'action de grâces. Si quelqu'un priait en langue, son esprit priait, mais son intelligence n'en retirait pas de fruit; elle était sans fruit pour les autres, puisqu'ils ne le comprenaient pas (*). Pour pouvoir dire «Amen», il fallait comprendre la prière, et, de plus, il fallait être édifié par la prière. Aujourd'hui, bien que l'on prie dans la propre langue de l'assemblée, on prie en général trop à voix basse, on n'est pas entendu par la plupart de ceux qui sont dans l'assemblée, et ainsi l'on est souvent «barbare» pour les autres (verset 11). Comment dire «Amen» et comment être édifié, si l'on n'entend pas la prière?

(*) Ce verset: «Je prierai avec l'esprit, mais je prierai aussi avec l'intelligence», suppose que quelqu'un priait sans comprendre ce qu'il disait; quel bien cela pouvait-il produire? (Notes sur 1 Corinthiens J.N.D.)

Verset 19. — L'apôtre dit, lui qui parlait plus de langues qu'eux tous, que lorsqu'il s'agissait de l'assemblée, il aimait mieux prononcer cinq paroles avec son intelligence, afin d'être compris des autres, que dix mille paroles en langues.

Dans les versets 23 à 25, l'apôtre dit que quand l'assemblée est réunie, si les dons qui sont conférés pour l'édification ont libre cours pour agir, leur action rend manifeste la présence de Dieu au milieu des saints, même à un incrédule qui serait là comme assistant.

«Les «hommes simples» dont il est parlé au verset 23, sont ceux qui n'étaient pas instruits dans la Parole. Cela est vrai d'un incrédule, mais les incrédules sont nommés à part. Le mot employé est idiwthz (idiotes); on nommait ainsi des personnes qui n'étaient pas instruites dans un art. Cela fait donc deux classes: ceux qui ne sont pas instruits dans les choses de Dieu et les incrédules». (J.N.D.)

(Verset 26). — Si nous considérons que les Corinthiens aimaient à se produire dans l'assemblée, et à y étaler leurs grands dons, nous comprendrons que ce verset ait un sens de reproche. Ils arrivaient à la réunion en ayant chacun quelque chose à débiter, pour ainsi dire, lorsqu'ils trouveraient le moment de le faire. Mais l'apôtre leur rappelle de nouveau son exhortation: «Que tout se fasse pour l'édification».

(Versets 27, 28). — Nous voyons, une fois de plus, combien les Corinthiens aimaient à mettre en avant leur don de langues. Beaucoup parlaient, et même plusieurs en même temps. L'apôtre régularise la chose: il fallait que deux, ou tout au plus trois, parlassent en langues, et chacun à son tour; et encore ce devait être à condition que quelqu'un interprétât. S'il n'y avait pas d'interprète pour faire profiter l'assemblée de ce qui avait été dit, on n'avait qu'à se taire. De là nous pouvons conclure le principe valable pour nous aujourd'hui, c'est que toute action qui ne produit pas l'édification de l'assemblée ne doit pas avoir lieu.

D'après les données de ce chapitre, on peut penser qu'il y avait deux sortes de dons de langues. L'un, comme on le voit en Actes 2, était la capacité de parler des langues étrangères sans les avoir apprises. Ce don, comme nous l'avons fait remarquer, facilitait beaucoup l'évangélisation dans les divers pays où se rendaient les serviteurs du Seigneur. Mais celui qui parlait ces langues savait ce qu'il disait en s'en servant. En Actes 2: 4-11, il est dit qu'ils parlaient d'autres langues (c'est-à-dire que la leur), et ils étaient compris de tous ceux dont ces langues étaient la langue maternelle, ainsi qu'il est dit: «Nous les entendons parler dans nos langues, chacun dans son propre langage, celui du pays où nous sommes nés». Mais d'après le chapitre que nous étudions, il y avait un autre genre de don de parler en langues. Un homme se trouvait sous l'impulsion puissante du Saint Esprit et prononçait des mystères dans une langue étrangère, et son intelligence personnelle n'avait pas la capacité d'interpréter aux autres ce qu'il disait. Il fallait un autre don pour compléter celui-là: c'était le don d'interpréter.

(Verset 29). — Les prophètes, ceux dont le don édifiait l'assemblée, ne devaient cependant pas parler plus de trois successivement dans la même réunion, et ceux qui écoutaient devaient juger ou discerner si ce qu'ils entendaient était selon la vérité. Sans doute que les autres prophètes qui écoutaient, étaient les premiers capables de juger de ce qui était dit, mais tous ceux qui écoutent sont sensés capables de discerner si ce qui est annoncé est la vérité. 1 Thessaloniciens 5: 20, 21, confirme cette pensée. L'assemblée des Thessaloniciens ne devait pas mépriser les prophéties, c'est-à-dire ne pas dédaigner ce que le Seigneur pouvait donner par le plus simple frère pour l'édification; mais étant spirituels, ils étaient capables d'éprouver ce qu'ils entendaient. C'est ainsi que ce passage doit être lu: «Ne méprisez pas les prophéties, mais éprouvez toutes choses»; c'est-à-dire, ne méprisez pas l'action de l'Esprit par le plus faible même, mais éprouvez ce qui est dit.

(Verset 30). — Au temps apostolique, quelqu'un pouvait recevoir une révélation nouvelle. Il devait avoir la place pour la donner. C'est pourquoi celui qui parlait devait se taire. «Je ne pense pas», a dit quelqu'un, «qu'il dût attendre jusqu'à ce que le premier eût fini; l'ordre va avant la puissance, Dieu n'est pas un Dieu de confusion. Ce passage montre seulement l'esprit de subjection». Aujourd'hui, comme nous l'avons déjà fait remarquer, il n'y a plus de révélation à faire — la révélation est complète. Mais le principe demeure. Un frère en s'étendant trop lorsqu'il parle, peut priver l'assemblée de ce qu'un autre aurait à dire pour l'édification.

(Verset 31). — Il est précieux de pouvoir recevoir tout ce que le Seigneur veut donner pour l'édification, mais, d'après le verset 29, il semble qu'il ne devait pas y avoir plus de trois prophètes qui parlassent dans la même réunion, de sorte que s'il y avait à Corinthe dix-huit prophètes, il fallait six réunions pour que chacun prophétisât à son tour.

(Verset 32). — Ce passage a une grande importance. Mais il faut remarquer qu'il s'agit de l'esprit du prophète qui parle, et non d'une soumission mutuelle des prophètes entre eux. Le prophète était maître de son propre esprit, il n'était pas emporté par son sujet, de manière à ne pas pouvoir s'arrêter (comparez verset 30). Ce n'était pas un emportement fougueux, comme cela avait lieu chez les prêtres ou prêtresses des païens, sous l'impulsion d'un esprit de démon. — «Ce verset enseigne que la puissance morale est supérieure à la simple puissance. Quoi que ce soit que j'aie comme puissance, si la sagesse spirituelle est de ne point parler, je ne parlerai pas. Le jugement moral du prophète est au-dessus de la simple puissance, quelque grande et réelle que soit celle-ci». (J.N.D.)

(Versets 33-35). — Dieu ne peut être l'auteur du désordre, et ne peut l'approuver. Il est un Dieu de paix, et c'est comme tel qu'il se trouve dans les assemblées des saints. Or le désordre était tel dans l'assemblée de Corinthe, que non seulement ils se glorifiaient en parlant en langues, et même plusieurs en même temps, mais que même les femmes parlaient dans l'assemblée, ce qui était honteux, dit l'apôtre en terminant le verset 35. La femme doit garder partout la place de subordination que le Créateur lui a faite en la donnant à l'homme comme aide, et non comme rivale. En gardant cette place, elle est une vraie aide, très utile comme telle dans l'oeuvre du Seigneur, tandis que du moment qu'elle veut usurper la place de l'homme, tout est désordre. «Au verset 34, «comme le dit aussi la loi», c'est la teneur générale de la loi, et non une loi particulière».

(Versets 36-38). — On sent que l'apôtre pensait toujours au fait que les Corinthiens s'enorgueillissaient des grands dons qu'ils possédaient, et il met à bas cet orgueil. Il est vrai qu'ils étaient enrichis de toutes sortes de dons de grâce, ainsi que Paul le dit, en en rendant grâces pour eux. Mais il fallait savoir les utiliser, et c'est ce que l'apôtre leur enseigne dans ce chapitre 14. Ici, au verset 36, pour abaisser leurs prétentions, il place sur leurs consciences le fait que, quels que fussent leurs dons, la parole de Dieu n'était pourtant pas sortie d'eux, et qu'ils n'étaient pas les seuls dans le monde à avoir les privilèges dont ils jouissaient.

(Verset 37). — Ils étaient sous l'obligation de se soumettre aux enseignements de l'apôtre quant à l'ordre voulu de Dieu dans l'assemblée, parce que les choses qu'il écrivait étaient le commandement du Seigneur. Si quelqu'un voulait ignorer cela, il fallait l'abandonner à son ignorance.

(Versets 39, 40). — En terminant, Paul résume encore les enseignements du chapitre, répétant l'exhortation de désirer avec ardeur de prophétiser, et avertissant de ne pas déduire de ce qu'il avait dit sur le don des langues, qu'il fallût en interdire l'usage; mais «que toutes choses», ajoute-t-il, «se fassent avec bienséance et avec ordre».

Chapitre 15

«L'apôtre parle maintenant de la résurrection. Une grande vérité est développée dans ce chapitre: l'identification de Christ avec les hommes — avec les saints — mais avec l'homme comme homme, car il est dit: «Si les hommes (les morts) ne ressuscitent pas, Christ non plus n'a pas été ressuscité». (J.N.D.)

Quels que fussent leurs grands dons, les Corinthiens avaient laissé se glisser parmi eux une fatale erreur: la négation de la résurrection des morts. Etablir la vérité à l'égard de cette doctrine de toute importance est le sujet de ce chapitre. Avant d'attaquer l'erreur, l'apôtre rappelle simplement aux Corinthiens l'Evangile qu'il leur avait annoncé, le plein Evangile, bien établi sur ses propres bases.

(Verset 1). — On remarque quatre choses dans ce verset: l'Evangile annoncé, l'Evangile reçu, une fois reçu on s'y trouve comme renfermé, et enfin on est sauvé par lui.

(Verset 2). — Ce verset contient déjà comme une contre-épreuve. Si les Corinthiens ne tenaient pas ferme la parole de ce plein Evangile, ils se trouveraient avoir cru en vain. La pensée de l'apôtre se portait déjà sur l'erreur qu'il allait attaquer, car cette erreur emportait comme conséquence la négation de la résurrection du Sauveur. C'était le renversement du christianisme, et on aurait cru en vain.

(Versets 3, 4). — L'Evangile annoncé par Paul et qu'il fallait tenir ferme, reposait sur trois faits: 1° La mort du Sauveur. 2° Son ensevelissement. 3° Sa résurrection le troisième jour. Voilà les grands faits de l'Evangile. Et c'était ce que Paul avait communiqué aux Corinthiens avant toutes choses. Un Evangile qui ne présenterait que la mort de Christ, sans tenir compte de sa résurrection, ne pourrait pas donner à l'âme une véritable paix. Que saurait-elle si ses péchés sont ôtés, si le sacrifice de Christ a été agréé de Dieu?

Mais l'apôtre en appelle au témoignage des Ecritures par rapport à ces trois bases de l'Evangile. L'Esprit Saint avait annoncé d'avance ces grands faits. N'aurait-on que le 53e chapitre d'Esaïe qu'on les y trouverait. L'apôtre dit «Il est mort pour nos péchés»; Esaïe déclare «Le châtiment de notre paix a été sur lui, l'Eternel a fait venir sur lui l'iniquité de nous tous. Il a été retranché de la terre des vivants… S'il livre son âme en sacrifice pour le péché… Parce qu'il aura livré son âme à la mort… Et qu'il a porté le péché de plusieurs, etc.». Voilà bien Christ «mort pour nos péchés, selon les Ecritures».

Secondement, quant à son ensevelissement, Esaïe dit: «Et on lui donna son sépulcre avec les méchants, mais il a été avec le riche en sa mort». Troisièmement, quant à sa résurrection, Esaïe la sous-entend quand il dit: «S'il livre son âme en sacrifice pour le péché, il verra une semence, il prolongera ses jours. Il verra du fruit du travail de son âme, et sera satisfait». Mais nous avons aussi le Psaume 16, qui annonce clairement la résurrection du Sauveur. Pierre le cite au chapitre 2 des Actes, et Paul, au chapitre 13 du même livre, comme s'appliquant à la résurrection du Seigneur Jésus. Nous pourrions encore mentionner le Psaume 22 et d'autres portions des Ecritures.

On a souvent dit que la mort du Sauveur était comme le paiement de notre dette, et sa résurrection comme la quittance. Mais il est frappant que l'apôtre invoque ici le fait de son ensevelissement. La mort d'une personne est bien la fin de sa vie ici-bas, mais son ensevelissement est la fin de tout. C'est la disparition de toute trace de cette personne sur la terre. De plus, l'âme est dans le hadès et le corps dans la tombe. Alors, la résurrection de cette personne sera l'acte qui la ramènera corps et âme réunis.

Le Sauveur ne devait pas rester dans cet état de séparation de l'âme et du corps. Aussi dit-il: «Tu ne laisseras pas mon âme en hadès». S'il est descendu dans les parties inférieures de la terre (Ephésiens 4: 9), il est ressuscité d'entre les morts le troisième jour. Il a annulé la mort, et a mis en lumière la vie et l'incorruptibilité par l'Evangile. Les justes de l'Ancien Testament croyaient bien à la résurrection, mais ils ignoraient l'incorruptibilité; cela n'était pas révélé, ni l'état de l'âme entre la mort et la résurrection, sauf que, d'une manière obscure, ils croyaient à son existence après la mort.

(Versets 5-8). — L'apôtre présente dans ces versets la preuve la plus simple de la réalité de la résurrection du Seigneur Jésus; c'est le témoignage de ceux qui l'ont vu ressuscité. «Il a été vu de Céphas, puis des douze». En effet, la chose a eu lieu le jour et le soir de la résurrection du Seigneur (Luc 24: 34, 36). «Il a été vu de plus de cinq cents frères à la fois», dit encore Paul. Probablement en Galilée, selon Matthieu 28: 7, et Marc 16: 7. «Ensuite, il a été vu de Jacques, puis de tous les apôtres»; les évangiles ne mentionnent pas le cas de Jacques, et quant à tous les apôtres, peut-être est-ce lors de son ascension. Après tous, il a été vu de Saul — plus tard Paul — sur le chemin de Damas. «Comme d'un avorton», dit-il. Paul était comme un enfant venu hors de terme, trop tard pour avoir vu le Seigneur pendant son ministère sur la terre et être alors son disciple; trop tôt pour le voir comme le résidu le verra. Mais il l'avait vu, et il fallait avoir vu le Seigneur pour être apôtre (1 Corinthiens 9: 1).

Nous pouvons encore remarquer que l'apôtre invoque des témoins de la résurrection dont les évangiles ne parlent pas, et passe sous silence plusieurs de ceux dont les évangiles parlent. Les femmes ne sont pas citées, les disciples allant à Emmaüs non plus. Les évangiles ne disent rien des cinq cents frères à la fois qui ont vu le Seigneur, ni de son apparition à Jacques, comme nous l'avons déjà dit. Il y a sans doute une raison à cela. Pierre occupait une place importante comme apôtre. Les cinq cents frères en Galilée étaient répandus dans les assemblées et y étaient des témoins — la plupart encore en vie au temps de Paul. Jacques était le principal frère à Jérusalem. Enfin le témoignage de tous les apôtres était important.

Ajoutons un mot sur le verset 8. Un avorton est un enfant né avant terme, et qui n'a en lui-même aucune capacité de vivre. Paul, partant de là (verset 9), pense à son indignité en se souvenant qu'il a persécuté l'assemblée de Dieu. La gravité de ce péché est demeurée toujours vivante en lui. En 1 Timothée 1: 13-15, il se nomme le premier des pécheurs. Il se considère comme celui qui marchait à la tête de ceux qui s'opposaient au Seigneur Jésus. Il se nomme un blasphémateur, un outrageux. Son zèle comme Juif l'a fait persécuter l'Assemblée (Philippiens 3: 6). Aussi, quand il considère la grâce qui lui a été faite, non seulement d'être sauvé, mais d'être administrateur du mystère de l'Assemblée, il se dit «le moindre des apôtres, et même moins que le moindre de tous les saints» (Ephésiens 3: 8).

L'enseignement pratique que nous tirons des paroles de Paul, est que si, d'un côté, nous avons la conscience que Dieu ne se souvient plus jamais de nos péchés, d'un autre côté, la conscience garde le souvenir de la gravité du péché, sans que cela amène aucun trouble dans l'âme, car nous n'avons plus aucune conscience de péchés comme pesant sur nous. «Le sang de Jésus Christ son Fils nous purifie de tout péché» (Hébreux 10; 1 Jean 1: 7).

(Verset 10). — S'il était un avorton, s'il était le moindre des apôtres, indigne d'être appelé tel, c'était la grâce du Seigneur qui l'avait fait être ce qu'il était; elle n'avait pas été vaine envers lui; par cette grâce, il avait travaillé plus que ceux qui étaient plus dignes que lui d'être appelés apôtres; aussi la nomme-t-il trois fois dans ce verset. Il se met de côté, ce n'est pas lui qui a travaillé, c'est la grâce de Dieu qui est avec lui.

(Verset 11). — Soit donc lui, soit les autres apôtres, ils avaient prêché Christ mort pour nos péchés, Christ enseveli, Christ ressuscité d'entre les morts le troisième jour, et c'est ainsi que les Corinthiens avaient cru.

(Verset 12). — C'était donc une aberration de mettre à côté du fait de la résurrection de Christ d'entre les morts, la négation de la résurrection des autres morts. Christ serait donc l'unique personne qui fût sortie ou qui dût sortir du sépulcre?

(Verset 13). — Cela ne se peut pas, dit l'apôtre; car si, par grâce, l'homme Christ Jésus est mort et a été enseveli, il a été ainsi, par grâce pour nous, mis au rang des trépassés dont les corps sont dans les sépulcres. Si aucun mort ne doit sortir du tombeau, Dieu n'a pas fait d'exception pour Christ, donc il n'est pas ressuscité!… Voilà la conséquence fatale, mais nécessaire, de l'erreur déjà acceptée par quelques-uns des Corinthiens, et qui aurait fait rapidement du chemin parmi eux, comme c'est toujours le cas pour l'erreur. L'Ecriture nous fournit ici un exemple de la manière dont il faut traiter une erreur; c'est d'en tirer immédiatement les conséquences extrêmes, lors même qu'elles ne seraient pas dans l'esprit et dans la bouche de ceux qui émettent l'erreur. Car il est bien probable que ces quelques-uns n'avaient pas du tout l'idée de nier la résurrection du Sauveur, et ils auraient pu se récrier de ce que l'apôtre leur imputât des pensées qui n'avaient jamais abordé leur esprit. N'importe, … si leur doctrine était vraie, il s'ensuivait que Christ n'était pas ressuscité, et tout le christianisme croulait.

Dans les versets 13, 15 et 16, l'apôtre affirme trois fois que si les morts ne ressuscitent pas, Christ non plus n'est pas ressuscité. Il ne peut y avoir d'exception relativement à la résurrection de tous ceux qui ont passé par la mort. Or Christ, par grâce, y a passé; si tous les autres morts ne doivent jamais sortir de leurs sépulcres, Christ aussi y est donc encore!

(Verset 14 et suivants). — L'apôtre maintenant tire les conséquences de cette négation de la résurrection de Christ, lequel, dit-il, «n'est pas ressuscité si les morts ne ressuscitent pas». Le fait que Christ ne serait pas ressuscité, Lui ôtait son humanité, car si son corps n'est pas ressuscité, son humanité est perdue!… Puis, dit l'apôtre, notre prédication est vaine, et votre foi est vaine aussi (comparez verset 2); nous sommes de faux témoins de Dieu. En effet, la résurrection du Seigneur Jésus a été le point capital du témoignage des apôtres, comme on le voit dans le livre des Actes, et il nous y est dit qu'ils rendaient ce témoignage avec une grande puissance (Actes des Apôtres 4: 33). L'apôtre continue en disant: «Votre foi est vaine, et vous êtes encore dans vos péchés». Le salut opéré pour la foi par le sacrifice et la mort de Christ, reçoit sa sanction de la part de Dieu par la résurrection de Christ (voyez Romains 4: 25), de sorte que si Christ n'est pas ressuscité, nous sommes encore dans nos péchés, nous ne sommes pas sauvés.

Les versets 18 et 19, montrent que les conséquences extrêmes de l'erreur des Corinthiens iraient jusqu'à la négation d'une vie future. «Ceux qui se sont endormis en Christ ont donc péri», dit-il (*); et il ajoute: «Si pour cette vie seulement nous avons espérance en Christ, nous sommes plus misérables que tous les hommes». En effet, les hommes jouissent de ce monde autant qu'ils le peuvent, tandis qu'ils y sont. Les chrétiens laissent ce monde, y renoncent, parce qu'ils ont les espérances d'une vie future. Mais s'il n'y a rien après cette vie, à quoi aura servi ce renoncement et les souffrances inhérentes à la vraie profession de christianisme? Les chrétiens seraient à juste titre taxés d'insensés; ils sont les plus misérables des hommes, n'ayant rien dans ce monde, rien après cette vie. «Mangeons et buvons», dans ce cas, «car demain nous mourrons».

(*) L'idée d'immortalité pour l'homme sans résurrection est une idée païenne entièrement contraire à l'Ecriture.

(Versets 20-28). — Comme avec un soupir de soulagement, l'apôtre interrompt ici son raisonnement contre l'erreur fatale où quelques-uns des Corinthiens s'étaient laissé engager. Il le reprendra dans les versets 29 à 34. Mais il a hâte d'en venir au côté positif de son sujet: la résurrection du Sauveur et toutes ses glorieuses conséquences. C'est une sorte de parenthèse qui nous présente un exposé magnifique où, d'un seul coup d'œil, nous embrassons tout l'espace de temps renfermé entre la résurrection de Christ comme point de départ, et l'état éternel comme résultat final.

(Verset 20). — Christ a donc été ressuscité d'entre les morts. Non seulement il est sorti de la mort, mais le premier il est sorti du milieu des morts. Il est ainsi le premier-né d'entre les morts (Colossiens 1: 18). Comme tel, il est les prémices de ceux qui sont endormis. Ceux-ci, comme Lui, se relèveront d'entre les morts. Non seulement ils doivent ressusciter, mais étant identifiés à leur Sauveur, ayant sa vie et son Esprit, ils doivent ressusciter de cette résurrection-là, celle d'entre les morts. C'est ce qui donne à la résurrection de vie (Jean 5: 29) son caractère glorieux: elle est entièrement séparée de la résurrection des méchants, soit en caractère, soit en fait, soit quant à l'époque. Les prémices d'une chose sont de la même nature que cette chose même qui suivra. Les prémices de la moisson, figure de la résurrection de Christ, en Lévitique 23: 10, étaient de même nature que la moisson entière, et vice versa. C'est pourquoi Christ n'est les prémices que de la résurrection de ceux qui sont endormis — endormis en Lui. Il ne peut être les prémices de la résurrection des méchants. Toutefois c'est bien Lui qui les ressuscite comme Fils de l'homme qui juge; ils devront obéir à sa puissante voix et sortir de leurs sépulcres pour paraître devant Lui (Jean 5: 27-29).

«La résurrection de Christ, d'entre les morts est le témoignage que Dieu a accepté ceux qui sont ressuscités. C'est seulement une question de temps. Si les morts sont ressuscités tous en même temps, tous doivent venir en jugement. Mais Dieu a tiré Christ du reste des morts — c'est le sceau mis à sa parfaite acceptation — et quand le temps sera venu, nous serons tirés d'entre les morts, précisément de la même manière». (J.N.D.)

«Il y a, en Philippiens 3, un passage touchant la résurrection, qui la rend simple quant à ce qui regarde le corps: «Notre bourgeoisie est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l'opération de ce pouvoir qu'il a de s'assujettir même toutes choses». Qu'elles sont merveilleuses les révélations que nous avons des plans de Dieu, comparées aux obscurités de l'homme! Romains 8: 11, se rapporte aussi à la résurrection: «Celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels à cause de son Esprit qui habite en vous». (J.N.D.)

(Verset 21). — «La mort est par l'homme», ainsi qu'il est écrit: «Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort» (Romains 5: 12). Mais ici, au lieu de dire: Si l'homme est la cause de la mort, Dieu saura bien l'en sortir par la résurrection, l'apôtre dit: «C'est par l'homme aussi qu'est la résurrection des morts» — non d'entre les morts: le fait est général, la résurrection vient par l'homme. L'homme Adam est la cause de la mort de tous; l'homme Christ Jésus est la cause de la résurrection de tous. Ce verset exprimant la vérité générale de la résurrection par Christ, celle des méchants y est comprise, mais sans aucune explication, et, à partir de ce verset, il n'y est plus fait allusion dans tout le reste du chapitre. Il n'y est plus question que de la résurrection de Christ et des saints.

(Verset 22). — Les deux Adam, chefs de races, sont mis ici en parallèle, mais pour établir le contraste entre eux, comme à la fin du chapitre, versets 45-49, et aussi en Romains 5: 12-21. «Dans l'Adam tous meurent», — «dans le Christ tous seront rendus vivants»; Adam entraîne tous ses descendants dans la mort; Christ vivifie tous ceux qui se rattachent à Lui; mais cette vivification comprend la résurrection de vie pour ceux des siens qui auront passé par la mort, aussi bien que l'absorption par la vie de ce qui est mortel pour ceux qui seront vivants dans le corps à la venue de Christ (2 Corinthiens 5: 4).

(Verset 23). — «Dans le Christ, tous seront rendus vivants, mais chacun dans son propre rang». Il y a donc des rangs dans la résurrection. Le premier, c'est Christ, les prémices; le second, ceux qui sont de Christ, lesquels seront ressuscités à sa venue. Et c'est tout, car s'il s'agissait aussi de la résurrection des méchants, il faudrait un troisième rang, et cela ferait dire que Christ est les prémices de leur résurrection, ce qui ne peut être. Après la résurrection de ceux qui sont de Christ, plus rien ne suit que la fin, la fin glorieuse pour Dieu, pour Christ, et pour tous les saints de tous les temps: cette fin, c'est l'état éternel.

Remarquons que lorsqu'il est dit: «Ceux qui sont du Christ à sa venue», cela comprend les deux phases de cette venue. La venue de Christ a lieu déjà lorsqu'il se lèvera du trône de son Père et qu'il descendra du ciel pour attirer les siens vers Lui à sa rencontre en l'air. Alors seront ressuscités tous les saints endormis depuis Abel jusqu'au dernier de l'Assemblée. Mais ensuite, à l'apparition de sa venue, il ressuscitera les saints qui seront après nous sur la terre et qui auront donné leur vie pour le témoignage qu'ils auront rendu. Nous en trouvons deux classes dans le chapitre 20 de l'Apocalypse, lesquelles ont part à la première résurrection: 1° «les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu» (voyez chapitre 6: 9); 2° «ceux qui n'avaient pas rendu hommage à la bête, ni à son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main (voyez 13: 15, 16); et ils vécurent (furent ressuscités) et régnèrent avec le Christ mille ans». Puis il est ajouté: «C'est ici la première résurrection». Nous avons donc ici la dernière époque de la première résurrection, qui est comme une période commençant par la résurrection de Christ, se poursuivant par la résurrection des justes de l'Ancien Testament et de ceux de l'Assemblée qui se seront endormis, et se terminant par la résurrection des témoins de Dieu mis à mort durant le temps des jugements.

(Verset 24). — «Ensuite la fin», la fin définitive de toutes les choses muables pour faire place aux immuables, à ce nouveau monde de Dieu: les nouveaux cieux et la nouvelle terre, où la justice habitera, et où Dieu se reposera dans son amour (Sophonie 3: 17).

«Quand il aura remis le royaume à Dieu le Père». Lorsque Dieu retira son trône de Jérusalem et transféra la royauté aux nations, il donna à Nebucadnetsar la domination universelle (Daniel 2: 37, 38). Mais dans le songe du roi expliqué par Daniel, Dieu révélait que quatre monarchies ou empires des nations se succéderaient, et seraient remplacées à la fin par le règne du Fils de l'homme. Daniel dit: «Et dans les jours de ces rois, le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit; et ce royaume ne passera point à un autre peuple; il broiera et détruira tous ces royaumes, mais lui, il subsistera à toujours» (Daniel 2: 44). Puis encore: «Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit… Son royaume est un royaume éternel, et toutes les dominations le serviront et lui obéiront» (Daniel 7: 14, 27). Et plus tard, lorsque l'ange Gabriel vint annoncer à Marie la naissance de Jésus, il lui dit: «Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n'y aura pas de fin à son royaume» (Luc 1: 32, 33).

Ce royaume du Fils de l'homme sera proprement le millénium, le règne personnel du Seigneur Jésus Christ sur tout l'univers. Ce royaume ne sera remplacé par aucun autre: il durera jusqu'à ce que tout ce qui s'oppose à Dieu soit subjugué et détruit. Christ, le Roi des rois, abolira toute principauté, et toute autorité, et toute puissance en opposition avec Dieu où qu'elles se trouvent, dans les cieux et sur la terre.

(Verset 25). — Le règne médiatorial du Fils de l'homme durera, non seulement jusqu'à ce que tout l'univers soit soumis et que tous ses ennemis (Hébreux 10: 13) soient mis sous ses pieds, mais aussi jusqu'à ce que tous les ennemis, quels qu'ils soient, personnes ou choses, soient sous ses pieds.

(Verset 26). — La mort, cette chose terrible, «le roi des terreurs», est aussi un ennemi, et elle sera abolie, après tous les autres — «le dernier ennemi qui sera aboli, c'est la mort». Car Dieu a assujetti toutes choses sous les pieds du Fils de l'homme. Non seulement Dieu Lui a donné autorité sur toute chair (Jean 17: 2), et mis toutes choses entre ses mains, mais il a assujetti toutes choses sous ses pieds. Alors, quand tous les ennemis auront été réduits à néant et que la mort même aura été abolie, le règne du Fils de l'homme prendra fin, et il remettra le royaume à Dieu le Père.

Une chose frappante à remarquer, c'est que ce sera dans l'acte de l'abolition de la mort que sera effectuée la résurrection des méchants. Lorsqu'il n'y a plus personne qui doive passer par la mort, et qu'il n'y a plus personne à faire sortir des sépulcres, alors la mort sera abolie. Déjà auparavant, relativement aux rachetés, la mort aura été engloutie en victoire. Mais finalement elle sera abolie, et elle le sera, pour ainsi dire, par la résurrection des méchants.

«La destruction de la mort, si vous prenez la chose pour les méchants, sera la seconde mort. Les gages du péché, c'est la mort en général, mais à strictement parler, c'est la première mort, bien que la colère de Dieu soit révélée du ciel avec l'Evangile. Je ne sache pas qu'il y ait un seul passage qui parle de Christ comme ayant subi la seconde mort. Il a subi ce qui nous y aurait amenés. C'est une grande chose que de se tenir à l'Ecriture». (J.N.D.)

(Versets 27, 28). — Le verset 27 nous prépare à comprendre le 28e. Si c'est Dieu le Père, le Dieu souverain, qui a assujetti toutes choses sous les pieds du Fils de l'homme, il est évident que Lui, Dieu, n'est pas compris dans cet assujettissement de toutes choses. Au contraire (verset 28), lorsque le Fils, par son règne médiatorial, aura tout amené à bonne fin, et qu'il pourra remettre les résultats éternels de son règne entre les mains de son Dieu et Père, alors le Fils, comme homme, rentrera dans la dépendance de son humanité parfaite et éternelle, tout en étant toujours éternellement un avec le Père, comme Fils unique de toute éternité dans son sein.

Lorsqu'on a compris que c'est comme homme que le Seigneur Jésus sera Roi des rois, Seigneur des seigneurs, et Juge, et qu'il reste homme éternellement, la déclaration: «Alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses», n’offre plus de difficultés.

Dieu comme tel sera alors tout en tous. Il habitera avec les hommes. Il sera tout pour eux, eux seront tout pour Lui. Le Dieu bienheureux sera tout dans tous les bienheureux, et pour toute la bienheureuse éternité !

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Nous ajouterons ici quelques notes tirées de conférences sur 1 Corinthiens de notre frère J.N.D.

«Dans notre chapitre, deux choses sont mises en évidence: l'une qui est toujours notre portion en esprit, c'est-à-dire le temps où toute dispensation et gouvernement des choses auront cessé; l'autre ce qui est dans ces paroles: «Il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds». Il y a tout le système de la dispensation qui sera introduite bientôt, et ensuite Dieu tout en tous, quand toute la partie médiatoriale qui doit amener cet état sera complète, et que Christ aura remis le royaume à Dieu. Dans un sens nous régnerons aux siècles des siècles, mais tout le système gouvernemental qui nous introduit dans l'état éternel sera terminé.

»Il y a ici tout un système de conseils et de pouvoir, qui, dans un certain sens, est provisoire, et par conséquent pour un temps seulement. L'objet est que Dieu — non pas le Père — soit tout en tous. Et ici se présente un fait bien précieux, c'est que le Seigneur Jésus ne laissera jamais son humanité: «Alors le Fils aussi lui-même sera assujetti». Dans l'évangile de Jean, la relation filiale du Seigneur avec Dieu est pleinement établie. Christ était Dieu, et il vint pour être serviteur; bientôt il prendra le gouvernement, et toute autorité et toute puissance seront renversées; ensuite il prendra la place d'assujettissement, et tout cela comme homme. Ce n'est pas qu'il ne soit pas Dieu; il est Dieu tout le temps. En Jean, sa divinité ressort à chaque pas. Dans cet évangile, il n'est jamais vu comme un simple homme, mais il ne sort jamais de la position d'une personne qui reçoit tout. Il a pris la forme de serviteur, et il dit: «Je t'ai glorifié sur la terre, et maintenant glorifie-moi». Il ne dit pas: Je me glorifie moi-même. Et aussi: «Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui; si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et incontinent il le glorifiera». Mais au chapitre 17, il parle comme Fils de Dieu: «Père, l'heure est venue; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie». Il est beau de le voir dans tout cet évangile de Jean, comme Dieu, mais homme en même temps. Satan essaya de le faire sortir de cette position d'homme ici-bas. C'est comme s'il Lui eût dit: «Abandonne ta place de serviteur»; mais Jésus dit: «C'est pour cela même que je suis venu». Ainsi il ne cesse et ne cessera jamais d'être premier-né entre plusieurs frères, et cela est merveilleux pour nous. Mais en même temps, il n'est jamais porté atteinte à la gloire de sa Personne, à quelque point qu'il s'abaisse vers nous, comme par exemple au baptême de Jean, où il prend tout à fait sa place comme homme, et où le Père dit. «Celui-ci est mon Fils bien-aimé».

»Le Psaume 8 sera accompli au commencement du millénium. Ses ennemis lui seront mis pour marchepied de ses pieds, selon le Psaume 110. Maintenant il est assis à la droite de Dieu, mais quand Dieu mettra ses ennemis pour son marchepied, il commencera à les fouler sous ses pieds. Au Psaume 8, nous le voyons recevoir ce pouvoir: toutes choses sont mises sous ses pieds. Il a trois titres distincts à cette position sur toutes choses. En Colossiens, c'est parce qu'il les a créées; il est donc Chef sur toutes choses; ensuite, en Colossiens et dans l'épître aux Hébreux, il prend cette place comme Fils, parce que s'il est Fils, il est héritier; son troisième titre est qu'il est Fils de l'homme, et il prend cette place en rédemption: Dieu réconcilie toutes choses par Lui. Le plein résultat du Psaume 8 ne sera pas atteint jusqu'à ce que la mort soit abolie. Dieu place toutes choses sous les pieds de Christ comme Fils de l'homme au commencement du millénium; Christ commence alors à les assujettir, et quand tout est terminé, il remet le royaume à Dieu le Père. Maintenant c'est le temps du royaume des cieux, non le royaume du Fils de l'homme, bien qu'il soit Roi, et qu'il ait le droit de prendre le royaume à un moment quelconque. Il est prêt à juger les vivants et les morts; seulement il est assis jusqu'au moment, connu de Dieu, où il prendra le royaume d'une manière manifeste et effective. Maintenant tout est dans un état provisoire. Christ est assis sur le trône du Père, et n'est pas encore sur le sien. Cependant le royaume Lui appartient, seulement il est, comme dans les paraboles de Matthieu 13, un royaume sans un roi présent, en patience, non en puissance. Ce n'est pas un royaume dans le sens littéral du mot, mais la forme que prend le royaume avant que le Roi ne prenne son pouvoir, quoiqu'il soit déjà Roi.

»La destruction de la mort n'aura pas lieu avant le grand trône blanc. La prise du royaume par Christ amènera un changement complet dans l'ordre des choses; mais la grande différence sera qu'au lieu d'un Christ rejeté et de l'Esprit Saint donnant de la force pour aller contre le courant, quand le Seigneur viendra, le courant sera dans la voie de la justice: la puissance et la gloire, et toute chose, sont dans la voie de la justice. Maintenant il faut faire des sacrifices, si l'on suit Christ, on porte la croix.

»Quand il est dit que toutes choses sont mises sous ses pieds, c'est à l'exclusion de Celui qui Lui a assujetti toutes choses; autrement c'est tout, sans exception. Ce passage du Psaume 8 est cité en trois endroits: Ephésiens 1: 22; Hébreux 2: 6-9, et dans notre chapitre. C'est en Hébreux 2, que le sujet est le plus développé. Il y est dit que nous ne voyons pas encore toutes choses mises sous ses pieds. La moitié du Psaume est accomplie, le reste est encore à venir. Jésus est couronné de gloire et d'honneur, il est assis sur le trône du Père, mais nous ne voyons pas toutes choses Lui être assujetties. En Ephésiens, Dieu a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour être Chef sur toutes choses à l'Assemblée, qui est son corps. Dans le Psaume 2, il est présenté comme Fils de Dieu et Roi d'Israël sur la terre; mais il est rejeté, et alors nous avons l'état où son rejet laisse les Juifs, jusqu'au Psaume 8, où toutes choses Lui sont assujetties. La gloire et le titre du Messie sont mis de côté pour un temps; pendant ce temps, ceux qui Le suivent sont dans l'épreuve et les difficultés; mais ensuite le nom de Jéhovah est magnifique par toute la terre. Nous avons ainsi tout le plan des voies de Dieu en Christ — non l'Assemblée — mais par rapport à la terre».

Revenons à la suite de notre chapitre.

(Verset 29). — Après la riche parenthèse des versets 20 à 28, l'apôtre reprend son raisonnement sur les conséquences de l'erreur dans laquelle les Corinthiens étaient tombés. Il rattache sa pensée aux versets 18 et 19, et il montre que ce serait une chose insensée de devenir chrétien, si les morts ne ressuscitaient pas. En devenant chrétien, on était baptisé pour la mort de Christ (Romains 6: 3); on entrait donc ainsi dans le chemin de la mort, quant à l'homme de la terre. Il y en avait qui avaient parcouru ce chemin, et plusieurs y avaient laissé leur vie. Ceux qui devenaient chrétiens après eux, avaient bien été baptisés pour leur propre compte, mais d'un autre côté, par cela même, ils étaient comme enrôlés pour succéder à ceux qui n'étaient plus, et, dans ce sens, ils avaient été baptisés pour eux, à leur place, pour les remplacer. Or s'il n'y avait pas de résurrection, c'était être bien insensé que d'entrer dans un tel chemin, car on pouvait y perdre la vie, et ainsi périr, comme il est dit au verset 18.

«On remarquera que le baptême pour les morts signifie que vous prenez votre part avec les morts, et pour (à la place de) les morts, que ce soit Christ, ou quelqu'un d'autre. C'est une pensée très ancienne. Doddridge l'avait il y a deux cents ans. Il disait: «Voila un homme qui tombe dans les rangs, un autre s'avance à sa place. Quel profit y a-t-il, si personne ne ressuscite?» (J.N.D.)

Remarquons ici que la Parole ne parle pas de l'immortalité de l'âme d'une manière indépendante de la résurrection. S'il est vrai que pour Dieu tous vivent, que pour Lui personne n'est mort, cependant c'est en parlant de la résurrection aux sadducéens que le Seigneur dit que Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants, c'est-à-dire corps et âme réunis. Que l'âme, séparée du corps, existe, nous le savons aussi: Paul tend à déloger pour être avec Christ; Etienne remet son esprit au Seigneur; absent du corps, le chrétien est présent avec le Seigneur.

(Versets 30-32). — L'apôtre bravait le péril à toute heure. Les Corinthiens le savaient bien, et ils n'ignoraient pas qu'il se confiait mieux qu'eux au Seigneur, en parcourant ce chemin de la mort. Il avait été exposé à la mort dans le tumulte qui avait eu lieu à Ephèse (Actes des Apôtres 19: 23-41). Or si les morts ne ressuscitent pas, quel profit y a-t-il à suivre un tel chemin? «Mangeons et buvons, car demain nous mourrons». En Esaïe 22: 12-14, nous lisons cette même parole venant des Juifs incrédules aux déclarations de l'Eternel qui leur annonçait le jugement; parole bien naturelle s'il n'y a rien après la mort, ce qui était la conséquence de l'erreur des Corinthiens relativement à la résurrection.

(Versets 33, 34). — Les Corinthiens n'étaient sans doute pas bien séparés des philosophes et des sophistes raisonneurs qui abondaient dans leur ville, et ces mauvaises compagnies avaient déteint sur eux. Quel danger n'y a-t-il pas aussi de nos jours à prêter l'oreille à ceux qui raisonnent et soulèvent des doutes sur la parole de Dieu. «Leur parole rongera comme une gangrène». Les Corinthiens s'étaient assoupis et restaient indifférents au danger de ces doctrines philosophiques. Ils avaient besoin d'être réveillés à un juste sentiment des choses, afin de vivre justement et de ne pas être entraînés dans le péché. Quelques-uns étaient dans l'ignorance de Dieu, et ressemblaient aux sadducéens à qui le Seigneur disait: «N'est-ce pas à cause de ceci que vous errez, c'est que vous ne connaissez pas les Ecritures, ni la puissance de Dieu?» (Marc 12: 24).

«Quelques-uns sont dans l'ignorance de Dieu, dit l'apôtre, car nier la résurrection se liait réellement à un état moral: il n'y avait pas une réelle connaissance de Dieu. Un chrétien peut être tombé dans un tel état; mais la connaissance de Dieu est cette révélation de Dieu à l'âme qui est saisie par la nouvelle nature, et qui est la source de toute connaissance de la vérité. Un saint peut tomber dans un tel état d'ignorance, car la chair dans un saint est aussi mauvaise, oui même pire, que chez un pécheur. Paul prend ici le fait: «Quelques-uns sont dans l'ignorance de Dieu», de même que, dans Ephésiens, l'on a l'exhortation: «Réveille-toi, toi qui dors et te relève d'entre les morts»; un homme endormi est, par rapport aux autres, comme un homme mort. De telles personnes pensent selon la chair, au lieu de penser selon Christ, bien que devant Dieu, étant en Christ, elles ne soient pas réellement dans la chair». (J.N.D.)

(Versets 35-41). — On soulevait une autre objection, qu'on peut entendre de nos jours aussi, même au milieu des chrétiens. L'esprit curieux de l'homme aimerait savoir comment sera le corps ressuscité. L'apôtre ne répond pas à cette question; mais il montre à celui qui la pose qu'il est un insensé, car il a dans la nature, sous ses yeux, des exemples de la différence qu'il y aura entre le corps actuel et le corps ressuscité: «Tu ne sèmes pas le corps qui sera, mais le simple grain, de blé, comme il se rencontre, ou de quelqu'une des autres semences; mais Dieu lui donne un corps comme il a voulu, et à chacune des semences son propre corps». La semence n'est pas le corps qui en naît. Si, par exemple, on place un grain de semence de salade à côté d'une salade pommée, il n'y a aucune ressemblance entre les deux; seulement la salade, telle que Dieu l'a formée, est issue de la semence. Il y a aussi des différences entre la chair des hommes et celle des animaux, et entre celle des différentes espèces d'animaux. De même il y a des différences entre les corps terrestres et les corps célestes. Et ces derniers ne brillent pas tous du même éclat. Quoi d'étonnant donc s'il y a une différence entre le corps actuel et le corps ressuscité.

(Versets 42-44). — Tirant une conclusion de ces exemples, l'apôtre dit: «Ainsi aussi est la résurrection des morts» — l'état de résurrection est plus glorieux que l'état ici-bas. Retenons toujours qu'il ne s'agit que des morts en Christ. Cela est tellement évident dans tout le chapitre qu'il n'est pas nécessaire de le dire. C'est la même chose au verset 52. Ici l'apôtre dit du corps actuel: «Il est semé, en faisant allusion à l'ensevelissement de la dépouille d'un racheté. Il avait parlé d'un grain de blé ou de quelque autre semence; il reprend la comparaison et l'applique au corps que l'on met dans la tombe. «Il est semé», or on sème dans la terre, et non dans un four de crémation.

Une autre pensée précieuse est celle de la relation de vie qui existe entre la semence et le corps qui en surgira. L'apôtre dit, en Romains 8: 11: «Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts, vivifiera aussi vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en vous». Il ne dit pas: Il vous donnera un autre corps, bien que dans un sens c'en sera un différent, mais c'est votre corps mortel qui sera vivifié. Combien il est doux de penser, lorsqu'on met en terre la dépouille d'un racheté, que c'est une semence d'où surgira un corps glorieux.

Les versets 42 à 44, établissent quatre genres de contrastes entre la semence et le corps qui en sortira. 1° Entre la corruption et l'incorruptibilité; 2° entre le déshonneur et la gloire; 3° entre la faiblesse et la puissance; 4° entre un corps animal, c'est-à-dire animé d'une âme vivante, et un corps spirituel. Le corps spirituel tiendra sa vie de l'Esprit, et sera parfaitement approprié à la condition de gloire qui sera notre part. Ce sera réellement un corps d'homme, mais tenant sa vie de l'Esprit, et animé entièrement par l'Esprit. Le Seigneur ressuscité est un exemple de ce qu'est un corps spirituel. Il se transporte d'un endroit à l'autre comme la pensée. Il se trouve dans une chambre au milieu de ses disciples sans avoir eu à passer par la porte. Il mange un peu de poisson par un acte de puissance. Enfin il est élevé dans les airs sans aucun moyen de locomotion. Il ne s'agit pas ici seulement de puissance divine, car, à ce point de vue, il aurait pu faire toutes ces choses à quelque moment de sa vie que ce fût, mais il s'agit des effets naturels de la condition d'un corps spirituel.

Il est beau de penser que le Saint Esprit sera la puissance qui animera le corps spirituel, sans qu'il y ait lutte entre l'Esprit et la chair, comme c'est le cas maintenant. Ainsi que quelqu'un l'a dit: «Jésus, homme ressuscité, agit et parle par le Saint Esprit après sa résurrection, comme il l'avait fait auparavant: précieux gage de notre portion à nous, lorsque l'énergie de l'Esprit Saint n'étant plus occupée à restreindre et à mortifier la chair, sera tout entière consacrée à la joie et à l'adoration éternelles, et au service qui pourra nous être confié de la part de Dieu (*)».

(*) Etudes sur la Parole de Dieu, Actes, page 2.

Oui, béni soit Dieu, s'il y a un corps animal, il y a aussi un corps spirituel! «Il ressuscite en gloire»; tout ce qui est dit de la première résurrection, de celle des saints, témoigne contre l'idée d'un jugement comme on la trouve dans le système évangélique. «Il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ» — être manifestés là, cela doit être, mais les saints sont dans la gloire avant d'y arriver, par conséquent l'idée d'un jugement, soit qu'ils doivent y avoir place ou non, manque de fondement. La puissance réelle de la rédemption a été perdue de vue, avec cette idée, car la résurrection est le fruit de cette rédemption. Comme Christ lui-même a été ressuscité d'entre les morts (outre le fait qu'il ne pouvait pas être retenu par la mort), ressuscité par la gloire du Père qui, en justice, le reconnaissait pour son Fils, de même les saints seront pris et sortiront d'entre les morts. La résurrection, quant à Christ, était le sceau de l'acceptation mis publiquement sur toute l'oeuvre qu'il avait accomplie, et tout est réglé; et, ainsi, si les saints seuls sont ressuscités et sortent d'entre les autres morts, les méchants, c'est aussi le témoignage positif de leur acceptation.

 «Dans l'évangile de Marc, après la transfiguration, Christ dit aux disciples de n'en parler à personne jusqu'à ce qu'il soit ressuscité «d'entre les morts». Les disciples s'étonnaient de ce que voulait dire «ressusciter d'entre les morts». Tout pharisien dans ce temps-là croyait à une résurrection, mais ils ne savaient ce qu'était une résurrection d'entre les morts. Or actuellement l'idée d'une résurrection générale et d'un jugement à venir pour régler le sort d'une personne qui est au Seigneur, me semble renverser tout le christianisme. Paul est auprès du Seigneur dans le ciel depuis plus de dix-huit cents ans, et vous voudriez qu'il fût tiré de là pour être jugé afin de savoir s'il doit y être ou non! Cela est absurde. Mais on s'imagine que croire ainsi à la plénitude de la rédemption, telle que celui qui est à Christ ne vient pas en jugement, affaiblira la moralité. Loin de là; la plénitude est en Christ, et étant en Christ, je vois aussi que Christ est en moi. Si donc Christ est en vous, ne laissez donc rien voir que Christ dans vos voies de chaque jour. Nous ressusciterons en gloire, et certainement, dans ce cas, la question de jugement est un non-sens». (J.N.D.)

(Verset 45). — Après avoir éclairci la question relative à l'objection du verset 35, l'apôtre en vient à la conclusion que la différence entre le corps animal et le corps spirituel a pour origine et pour cause la différence entre le premier Adam et Christ, le dernier Adam. Ce sont les deux chefs de races.

Cette question de chefs de races est traitée à un autre point de vue en Romains 5: 12 à 21. Là, tout dépend de ce fait: auquel des deux Adam se trouve-t-on rattaché? Est-ce à Adam pour être constitué pécheur, ou à Christ pour être constitué juste? Remarquons qu'Adam n'est devenu chef de race qu'après sa désobéissance, et il a entraîné la race issue de lui dans toutes les conséquences de cette désobéissance, et dans la position où sa chute l'a placé. Christ, de même, mais en contraste, est devenu chef de race après son obéissance parfaite jusqu'à la mort, et après sa résurrection. Il avait dit: «A moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit» (Jean 12: 24). Ainsi Christ entraîne aussi sa race — pour employer la même expression que pour Adam — dans les conséquences de son obéissance, et dans la position qu'il a prise en vertu de sa mort et de sa résurrection.

Mais ici, dans notre passage, en 1 Corinthiens 15, il s'agit de la différence d'origine des deux Adam. Le premier homme Adam devint une âme vivante. Le dernier Adam ne devint pas un esprit vivifiant, mais il est un esprit vivifiant. Il vivifie ceux qu'il veut, dit-il en Jean 5: 21. Voilà où la Parole nous montre l'origine et la cause de la différence entre le corps animal et le corps spirituel.

(Verset 46). — C'est l'ordre des voies de Dieu que ce qui est spirituel ne vienne pas le premier. On pourrait même le voir en principe en Ismaël et Isaac, selon Galates 4: 21-31. — Dans les conseils de Dieu, Adam était l'homme provisoire; la figure de celui qui devait venir. Christ, dernier Adam, est l'homme définitif, l'homme des conseils de Dieu.

(Versets 47, 48). — Nous avons encore ici un contraste du tout au tout entre l'origine d'Adam et celle de Christ homme. Le premier homme est tiré de la terre — il est donc poussière. Le second homme est venu du ciel.

Christ personnellement est appelé le second homme, en contraste avec le premier, mais lorsqu'il est envisagé comme chef de race, il n'est pas appelé le second Adam, mais le dernier Adam, parce que cela est définitif. C'est ce que nous avons au verset 45.

«La pensée de Dieu a été d'introduire un dernier Adam, et le premier est mis de côté; et comme le premier Adam était chef et centre, le dernier Adam est regardé aussi comme chef, mais d'une manière bien plus élevée. Quelques-uns pensent qu'il faut s'occuper à perfectionner l'homme; au lieu de cela, Christ le met de côté… Il est le dernier Adam, il ne peut y en avoir d'autre après Lui». (J.N.D.)

Le verset 48 montre comment on est nécessairement identifié avec chacun de ces deux hommes, le premier et le second. Mais c'est un caractère actuel. Comme Adam était poussière, nous le sommes aussi; comme Christ est céleste, de même nous (les croyants) sommes célestes ainsi que Lui.

(Verset 49). — Ici, relativement à Christ, il s'agit d'une ressemblance future. Combien cela est précieux! Autant nous ressemblons à Adam maintenant, autant, dans un avertir prochain, nous allons ressembler à Christ. Dieu nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils (Romains 8: 29). Il transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire (Philippiens 3: 21). Nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est (1 Jean 3: 2).

(Verset 50). — Pour être admis dans le domaine de la gloire, il faut être complètement délivré de tout ce qui en nous tient à l'Adam déchu. La chair et le sang, l'assujettissement à la corruption, c'est l'état où se trouve l'homme après la chute. Or dans cet état, l'homme ne peut hériter du royaume de Dieu; ce qui est corruptible ne peut hériter de l'incorruptibilité. Hériter, c'est avoir droit à une chose.

En Hébreux 2, il n'est pas dit que Christ a participé à «la chair et au sang», mais au «sang et à la chair», c'est-à-dire qu'il a revêtu notre humanité, mais non pas notre nature déchue, une humanité semblable à la nôtre, mais sans péché. Le «sang et la chair» désignent proprement la nature humaine; la «chair et le sang», c'est ce qu'est devenue cette nature par la chute.

(Verset 51). — «Je vous dis un mystère»; cette déclaration, dans le Nouveau Testament, ne veut pas dire que la chose soit encore cachée, mais que ce qui était un mystère est maintenant révélé. Depuis la venue de l'Esprit Saint, il n'y a plus de mystère non révélé. Le mystère ici, c'est que les saints ne passeront pas tous par la mort. C'était quelque chose de nouveau, car sous le régime de l'Ancien Testament, à part l'exception d'Enoch et d'Elie, tous les justes ont dû passer par la mort. Mais depuis que la rédemption a été accomplie, on ne passe pas nécessairement par la mort pour arriver à la gloire par la résurrection. Le Seigneur avait déjà dit à Marthe: «Celui qui vit et croit en moi, ne mourra point, à jamais» (Jean 11). Dans notre verset 51, après avoir dit: «Nous ne nous endormirons pas tous», l'apôtre ajoute: «Mais nous serons tous changés». La pensée est ramenée au verset 50, où la chair et le sang se rapportent aux vivants, et la corruption aux morts. Les uns et les autres seront changés, amenés dans un état capable d'hériter du royaume de Dieu et de l'incorruptibilité. «Nous ne nous endormirons pas tous» — des saints seront vivants dans leur corps quand le Seigneur viendra (1 Thessaloniciens 4), mais ils seront changés; «ce qui est mortel sera absorbé par la vie» (2 Corinthiens 5).

(Verset 52). — Nous voyons dans ce verset le temps qu'il faudra pour opérer ce changement: la résurrection des morts en Christ, et la transmutation des vivants. Un instant, un clin d'œil; le temps qu'il faut pour un clignement de la paupière. Quelle merveilleuse puissance que celle du Seigneur! C'est la puissance qu'il a de s'assujettir toutes choses. L'apôtre ajoute: «A la dernière trompette, car la trompette sonnera»; c'est une allusion à la levée du camp chez les Romains. La dernière trompette était le signal du départ. On en sonnait trois fois. A la première trompette, on pliait les tentes; à la seconde, on se mettait en rang; à la troisième et dernière, on partait. Elle sonnera, est-il dit: morts et vivants l'entendront. Les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés. Cela encore se rattache au verset 50. Les morts ressusciteront incorruptibles, en contraste avec la corruption qui ne peut hériter de l'incorruptibilité; les vivants seront changés, en contraste avec la chair et le sang qui ne peuvent hériter du royaume de Dieu.

En réunissant divers passages qui nous font connaître ce qui va arriver pour les morts et pour les vivants à ce moment glorieux, on a l'ensemble de la pensée de Dieu. En 1 Thessaloniciens 4: 17, il est dit que les morts en Christ ressusciteront premièrement; mais quant aux vivants, il est seulement dit qu'ils seront ravis ensemble avec les morts ressuscités. Dans le passage de 1 Corinthiens 15: 52, on voit que ces mêmes morts seront ressuscités incorruptibles, et que les vivants seront changés. En 2 Corinthiens 5: 4, on lit à propos des vivants: «Nous désirons d'être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». En Philippiens 3: 21, l'apôtre dit des vivants que «le Seigneur, comme Sauveur, transformera le corps de leur abaissement en la conformité du corps de sa gloire, selon l'opération de ce pouvoir qu'il a de s'assujettir même toutes choses».

Les vivants seront donc changés; ce qui est mortel en eux sera absorbé par la vie. Le Seigneur transformera le corps de leur abaissement en la conformité du corps de sa gloire. Ainsi les morts étant ressuscités en gloire, en puissance, en incorruptibilité, et les vivants transformés en la conformité du corps de sa gloire, tous, nous Lui serons semblables, car nous le verrons comme il est. En Romains 8: 29, il est dit que, dans ses conseils, Dieu nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, afin qu'il soit premier-né entre plusieurs frères.

(Verset 53). — «Il faut que ce corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce mortel revête l'immortalité». Il faut; ce changement est nécessaire. Il y a encore ici une allusion au verset 50. Notre corps est mortel et corruptible; s'il meurt, il devient la proie de la corruption. Or l'incorruptibilité que nous revêtirons est un état qui ne saurait être attaqué par la corruption. «Christ a annulé la mort et a fait luire la vie et l'incorruptibilité par l'évangile» (2 Timothée 1: 10). En Romains 2: 7, il est parlé de ceux qui, en persévérant dans les bonnes oeuvres, cherchent l'honneur, la gloire et l'incorruptibilité. L'immortalité que nous devons revêtir est un état sur lequel la mort n'a pas de prise. Il est dit que Dieu seul possède l'immortalité (1 Timothée 6: 15, 16). Le Dieu vivant, l'Eternel, Celui qui s'appelle Je suis, est certes en dehors des atteintes de la mort. L'immortalité exprime plus qu'une existence qui ne peut finir. Les méchants, dans les peines éternelles, seront bien immortels dans le sens qu'ils existeront à jamais; mais ils n'auront pas revêtu l'immortalité, puisqu'ils subiront éternellement la seconde mort, l'étang de feu. Les rachetés revêtiront l'incorruptibilité et l'immortalité.

(Verset 54). — Lorsque cela aura eu lieu, alors sera accomplie pour les saints, la parole que nous lisons en Esaïe 25: 8: «La mort a été engloutie en victoire». Il ne faut pas confondre la mort engloutie en victoire pour les saints, avec la destruction de la mort comme ennemi. La mort ne sera détruite que lorsqu'il n'y aura plus personne à passer par la mort, ni personne à sortir du sépulcre. Mais avant cela, elle aura été engloutie en victoire pour les saints. Lorsque la dernière phase de la première résurrection aura eu lieu (Apocalypse 20: 5, 6), il n'y aura plus de rachetés dans les sépulcres, et plus que cela, puisque la mort aura été engloutie en victoire, il ne rentrera plus jamais un racheté dans le sépulcre: les saints du millénium ne mourront pas. Les tombeaux ne contiendront plus de dépouilles de rachetés; il n'y en entrera plus jamais: la mort sera engloutie en victoire.

(Verset 55). — Devant ce résultat glorieux et certain, nous pouvons faire entendre ce cri de triomphe, tiré du prophète Osée: «Où est, ô mort, ton aiguillon? où est, ô mort, ta victoire?»

(Verset 56). — La mort vient du péché; elle en est le salaire. Le péché mène à la mort comme un aiguillon, il harcèle et pousse l'homme vers la mort. La loi, défendant le péché, quand le péché était déjà là, ne fait que lui donner de la force: elle le rend puissant.

(Verset 57). — «Mais grâces à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ!» Oui, par Lui nous avons une pleine victoire. Victoire sur le péché, victoire sur la mort.

(Verset 58). — L'apôtre conclut donc en exhortant les frères bien-aimés à être fermes, inébranlables. Il faut tenir ferme à ces faits glorieux qui viennent d'être développés. Quelle glorieuse perspective, quelle encourageante assurance que celle d'être changés en la condition voulue de Dieu pour être toujours avec Lui dans un bonheur inaltérable! Nos personnes glorifiées, participant à la gloire, revêtues d'incorruptibilité et d'immortalité, pour porter l'image du céleste; on peut bien, en attendant un tel sort, de telles gloires, abonder dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que notre travail n'est pas vain dans le Seigneur, comme c'eût été le cas, s'il n'y avait rien eu après cette vie.

«Oui, «la puissance du péché, c'est la loi». C'est une chose surprenante de voir comme on tient à la loi en vue de la moralité. Je ne sache rien qui dénote mieux que cela la perversité de l'esprit de l'homme. C'est assez clair. Il est écrit: «Le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n'êtes pas sous la loi, mais sous la grâce». Se mettre sous la loi, c'est introduire le péché, parce que vous ne pouvez pas la garder, et ainsi elle est «la puissance du péché». Les passions (ou les mouvements) du péché sont par la loi. La loi s'adresse à une nature et défend le péché, sans changer la nature, ni lui donner quelque chose, et elle affaiblit tout l'esprit d'un homme en plaçant sa conscience dans l'esclavage. En fait, le péché trouve occasion par le commandement. Et la loi est la puissance du péché en plaçant l'âme sous la culpabilité; non pas qu'il y ait rien de fautif dans la loi, mais parce qu'elle provoque ce qui est dans ma nature. Et alors elle lie la culpabilité sur la conscience. La loi ne donne ni vie, ni puissance, ni objet, mais elle provoque la convoitise, elle donne occasion au péché, et fixe sur moi la culpabilité. Christ me donne un objet, et la vie, et la puissance, et me délivre de tout ce qui était contre moi. La loi me dit d'aimer Dieu; mais je demande: Comment? Je n'ai pas une nature pour cela. La loi établit le devoir, sans agir le moins du monde sur le coeur, mais le péché qui est commis, elle le place sur la conscience: c'est tout ce à quoi elle sert. Paul dit (Philippiens 3) «Quant à la justice qui est par la loi, sans reproche», c'était vrai de la conduite extérieure; mais en Romains 7, il déclare que «la loi est spirituelle», ce qui est une tout autre chose. En Philippiens, il fait allusion aux péchés. Il en était ainsi avec le jeune homme qui dit au Seigneur: «J'ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse». Mais le Seigneur le met à l'épreuve: «Va», lui dit-il, «et vends tout ce que tu as», cela dévoile son coeur; cela n'allait pas à l'homme naturel». (J.N.D.)

Chapitre 16

 (Versets 1-4). — Il s'agit ici de la même collecte dont l'apôtre leur parle de nouveau dans les chapitres 8 et 9 de la seconde épître. La mention du premier jour de la semaine (verset 2), comme étant le jour convenable pour mettre à part chez soi ce que l'on aura amassé en vue de cette collecte, montre que l'on avait compris la valeur de ce jour comme étant le jour du Seigneur, le jour de sa résurrection. Ce jour-là, les frères se réunissaient pour rompre le pain (Actes des Apôtres 20: 7), et la collecte ordinaire, liée au culte, avait sans doute lieu. Mais, en vue de cette collecte spéciale, le jour du Seigneur était favorable pour y penser.

Les versets 3 et 4, ainsi que les chapitres 8 et 9 de la seconde épître, et déjà le chapitre 6 des Actes, font voir que l'administration de l'argent des collectes est une chose délicate, et que l'on n'y employait pas le premier frère venu, mais des frères de toute confiance.

(Versets 5-7). — On voit dans ces versets l'apôtre, plein de confiance dans le Seigneur pour les Corinthiens, laissant aller son coeur comme si tout allait bien au milieu d'eux. Il leur promet une longue visite, et compte sur eux pour lui faire la conduite où que ce soit qu'il aille.

(Versets 8, 9). — L'apôtre se proposait de rester encore à Ephèse; une porte grande et efficace lui était ouverte là, ainsi qu'on le voit dans les Actes (19). Mais il ajoute: «Et il y a beaucoup d'adversaires». Une porte ouverte et beaucoup d'adversaires, c'était un indice qu'il fallait y continuer l'oeuvre. Les deux choses vont habituellement ensemble. Là où le Seigneur travaille, le diable agit.

(Versets 10, 11). — Timothée, délégué par l'apôtre, devait passer à Corinthe, puis retourner auprès de l'apôtre à Ephèse. En le recommandant l'apôtre pouvait dire: «Il s'emploie à l'oeuvre du Seigneur comme moi-même». Quel bel éloge de Timothée! Comme on y voit le dévouement de celui que Paul nomme son enfant bien-aimé! Il fallait donc que Timothée fût sans crainte au milieu d'eux (Timothée était d'un caractère timide); qu'il ne fût pas méprisé, Timothée était jeune; il fallait lui faire la conduite en paix, afin qu'il fût encouragé. On voit par la troisième épître de Jean, que faire la conduite n'impliquait pas seulement d'accompagner un frère, ou des frères, pendant un bout de chemin, mais qu'il fallait avoir soin qu'ils eussent ce qui était nécessaire pour aller plus loin. L'expression employée par Jean est remarquable: «Faire la conduite d'une manière digne de Dieu».

(Verset 12). — Apollos n'était pas un délégué de l'apôtre, mais un serviteur libre de ses mouvements sous la dépendance du Seigneur. L'amour de l'apôtre pour les Corinthiens lui faisait désirer qu'Apollos allât les voir, mais l'affection d'Apollos pour Paul l'empêchait de s'y rendre pour le moment, puisqu'on y mettait en doute l'apostolat de Paul. Il savait aussi qu'on prenait son nom pour faire de lui un chef de parti. «Moi, je suis d'Apollos», disaient quelques-uns.

(Versets 13, 14). — Les exhortations de ces deux versets sont en contraste frappant avec la marche pratique des Corinthiens. Ils avaient besoin de veiller pour ne pas se laisser entraîner par les subtils raisonnements des philosophes; ils avaient à tenir ferme dans la foi et ne pas s'en laisser détourner par les docteurs hérétiques; il devaient être hommes, animés d'un courage viril pour résister au mal. Et enfin, ils avaient à faire toutes choses dans l'amour, et non avec de vaines prétentions, et dans le désir de briller par leurs dons, mais au contraire en cherchant le bien des autres.

(Versets 15, 16). — Le verset 15 est une parenthèse qui a trait à la maison de Stéphanas. Les Corinthiens la connaissaient bien; elle était les prémices de l'Achaïe; ceux qui la composaient étaient les premiers qui avaient cru au Seigneur, et ils étaient du nombre de ceux que Paul avait baptisés (1 Corinthiens 1: 16). Mais ce qui les distinguait, c'est qu'ils s'étaient voués au service des saints. Cela était venu d'eux-mêmes. Ils n'avaient été établis par personne pour accomplir ce précieux service. Ils le faisaient devant le Seigneur et pour le Seigneur. L'apôtre exhorte les Corinthiens à se soumettre à de tels hommes, ainsi qu'à quiconque coopère à l'oeuvre et travaille. Celui qui travaille réellement de la part du Seigneur et pour le Seigneur, acquiert une autorité morale que l'on doit reconnaître, selon ce que dit Paul en 1 Timothée 3: 13: «Car ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré pour eux et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le Christ Jésus».

(Versets 17, 18). — Nous retrouvons ici le chef de la maison de Stéphanas, Stéphanas lui-même, avec Fortunat et Achaïque. Ces trois chers frères de Corinthe étaient venus auprès de l'apôtre lorsque lui avait des raisons pour ne pas aller à Corinthe. S'ils ont apporté quelques secours à l'apôtre, c'était de leur propre part, et non de celle de l'assemblée; mais Paul veut bien lier les Corinthiens à eux: «Ils ont récréé mon esprit et le vôtre», dit-il. Mais il ajoute: «Reconnaissez donc de tels hommes».

Nous pouvons remarquer dans ce chapitre quatre classes de serviteurs du Seigneur et par conséquent quatre genres de services: d'abord l'apôtre, revêtu de son autorité apostolique; ensuite Timothée, délégué de l'apôtre; puis Apollos, serviteur, ne dépendant que du Seigneur pour ce qu'il avait à faire; et enfin la maison de Stéphanas qui, dans l'amour du Seigneur, s'était vouée elle-même au service des saints, sans autre autorité ni commandement que l'amour.

(Versets 19-24). — Maintenant suivent les salutations. D'abord celles des assemblées de la contrée où Paul se trouvait. En particulier, il envoie les salutations affectueuses d'Aquilas et de Priscilla, ce couple dévoué qui avait habité Corinthe, après avoir été banni de Rome avec tous les autres Juifs, sur l'ordre de l'empereur Claude (Actes des Apôtres 18). A Rome, ils avaient déjà une assemblée dans leur maison (Romains 16: 3-5). A Ephèse, ils avaient enseigné Apollos plus exactement dans la voie de Dieu, qu'il ne l'avait d'abord comprise; là aussi, ils avaient une assemblée dans leur maison.

Paul n'avait sans doute pas écrit l'épître de sa propre main; mais il y ajoute sa signature: «La salutation, de la propre main de moi, Paul», pour en affirmer l'authenticité. Quant au fait qu'il dictait ordinairement ses lettres, comparez Romains 16: 22, et 2 Thessaloniciens 3: 17. Il écrivit de sa propre main celle aux Galates. (Voyez chapitre 6: 11).

Après avoir lu l'épître, on comprend le verset 22. Si quelqu'un est trouvé s'être glissé au milieu des saints, et qu'il n'aime pas le Seigneur Jésus Christ, démontrant par ses actes qu'il a ce caractère, l'apôtre prononce l'anathème sur une telle personne. Puis quant aux Corinthiens, l'apôtre déclare son amour pour eux tous dans le Christ Jésus. Il est heureux de terminer ainsi cette épître où, dans son amour aussi pour eux, il a dû leur adresser des reproches et leur donner des avertissements avec de précieux enseignements.