Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 129 – ME 1901 page 53 (Jean 13: 1-32) 1

Méditation de J.N.D. no 130 – ME 1901 page 76 (1 Pierre 2: 1-12) 3

Méditation de J.N.D. no 131 – ME 1901 page 233 (Jean 15: 1-11) 5

Méditation de J.N.D. no 132 – ME 1901 page 275 (Jean 4: 1-30) 7

Méditation de J.N.D. no 133 – ME 1901 page 293 (1 Pierre 2: 1-12) 9

Méditation de J.N.D. no 134 – ME 1901 page 311 (2 Pierre 2: 1-9) 12

Méditation de J.N.D. no 135 – ME 1901 page 351 (Nombres 23: 1-24) 13

Méditation de J.N.D. no 136 – ME 1901 page 357 (Hébreux 12: 1-15) 16

Méditation de J.N.D. no 137 – ME 1901 page 391 (Genèse 3: 1-15) 17

 

Méditation de J.N.D. no 129 – ME 1901 page 53 (Jean 13: 1-32)

J'ai à coeur de vous présenter les caractères divers de Pierre, de Jean et de Judas, au moment où le Seigneur fut trahi.

Nous avons parlé plus d'une fois de la nécessité d'être lavés par Jésus lui-même, et de cette grâce par laquelle le Seigneur s'humilie pour rester toujours notre serviteur, occupé à laver nos pieds. Christ agit en humilité et dans la conscience de toute la gloire qui Lui appartient. La place qu'il prend, quoique le Père Lui ait mis toutes choses entre les mains, est celle de serviteur pour nous. Il n'oublie jamais ce qui est encore plus élevé que la gloire, l'amour, amour qui l'engage à s'occuper, de nos souillures, ce qui est le plus humiliant exercice de l'amour. Jésus seul a les yeux assez purs pour discerner la moindre souillure et assez d'amour pour la laver. C'est ce qu'il fait aussi maintenant qu'il est entré en possession de la gloire. Nos misères et nos fautes, du moment qu'il y a chez nous une véritable humiliation, sont un chemin — triste chemin, en vérité — qui nous conduit à comprendre l'amour de Jésus. Il possède la gloire, mais il est amour et ne peut, dans la gloire, abandonner le service de l'amour.

En présence de cette grâce et de cet amour, nous voyons ce que sont ses disciples.

Judas est l'exemple le plus triste de la carrière du péché. La Parole nous présente ici le péché qui est en nous tous, dans ses résultats les plus frappants, afin que, les voyant, nous en fuyions les causes. Les enfants de Dieu seuls ont la spiritualité qui peut profiter même de l'exemple des réprouvés, exemple qui ne peut être profitable qu'à eux, parce que seuls ils peuvent discerner les mêmes choses dans leur propre coeur.

Je ferai remarquer trois points dans le cas de Judas. 1° L'avarice, l'amour de l'argent, qui peut être accompagné d'une apparence de dévouement. Judas avait en outre la profession de disciple. Le mal, pendant longtemps, ne produit chez lui que de petits effets: il volait les sommes qui lui étaient confiées. La convoitise était là, et Satan l'emploie pour lui faire commettre le plus affreux péché possible. L'amour de l'argent est encore plus mauvais dans le coeur d'un enfant de Dieu, que dans le coeur de Judas. Si un chrétien aime mieux deux écus qu'un seul, il est animé du même principe qui fit agir ce traître. Le monde approuve une convoitise honnête qui est beaucoup plus difficile à atteindre; mais ce péché sépare de Dieu autant que toute autre chose. En Judas, c'était la source du mal.

2° Judas ayant connu Jésus selon la chair et vu sa bonté, sa patience, ses miracles, Satan lui suggère de trahir le Seigneur. Sauf dans le cas d'Adam, chez lequel le mal entre quand il écoute Satan, ce dernier ne produit pas en nous la convoitise; elle existe et il agit par elle. Il présente l'occasion de gagner de l'argent en vendant le Maître, et emploie la foi extérieure de Judas pour lui faire croire que Jésus saura bien échapper. Judas aveuglé, ne voit les conséquences du mal qu'après la condamnation de Jésus. C'est le second pas: Satan suggère quelque chose qui correspond à notre convoitise.

3° Jésus agit en grâce: il lave les pieds de Judas et lui donne le morceau trempé. Il n'y a rien comme l'hypocrisie pour ouvrir le coeur de l'homme à Satan. Judas était hypocrite; il avait le dessein de trahir son Maître et néanmoins il mange avec Lui comme si de rien n'était. Satan entre dans son coeur et endurcit sa conscience. Dès lors tout est fini. Jésus ne l'engage pas à ne pas faire ce qu'il fait; il peut désormais le trahir par un baiser, parce que ce coeur que Satan occupe est désormais garanti contre l'effet naturel des affections. C'est l'endurcissement parvenu au dernier degré, car le coeur naturel n'en arrive pas toujours là. Telle est l'influence de la présence de Satan dans le coeur de l'homme placé devant la grâce. Si cette dernière ne touche pas le coeur, elle l'endurcit.

On voit chez les autres disciples une grande ignorance, mais aussi une grande défiance d'eux-mêmes, unie à une grande confiance dans la parole de Jésus. Ils étaient en perplexité pour savoir qui le trahirait et demandent: «Est-ce moi?» Leur confiance en la parole du Seigneur manifestait que leur coeur n'était pas endurci; ils craignaient que cela ne fût vrai d'eux-mêmes. Les avertissements de la Parole produisent le même effet sur des coeurs chrétiens. Mais Jésus gardait ces coeurs humbles qui se défiaient d'eux-mêmes. Cette défiance est entretenue par l'amour; si nous avons de l'affection pour quelqu'un, nous craignons de faire quelque chose qui ne l'honore pas.

Mais une forte affection pour le Seigneur ne suffit point. Pierre l'aimait beaucoup; il avait un esprit ardent qui s'intéressait directement à Lui. Cependant il s'adresse à un autre pour savoir de qui Jésus avait parlé, parce que ce disciple que Jésus aimait était dans son sein. Pierre n'avait pas l'habitude d'y être et ne s'y trouve pas dans cette occasion. Jean y était comme à sa place naturelle, la plus près possible du Seigneur, une place où l'on trouve l'intimité de ses pensées, On ne peut pas instantanément connaître les pensées de Christ; il faut être habituellement dans son sein. Ce n'était pas seulement au moment du souper que Jean jouissait de cette intimité; elle lui était habituelle; aussi le Seigneur lui répond-il, et il y a de la bénédiction pour tous. L'affection de Pierre ne suffit pas pour recevoir cette communication.

Il résulte de ce que nous venons de dire qu'il y a trois pas dans le bien.

1° La confiance dans la parole de Jésus et la défiance de soi-même. Lorsque cette parole nous présente le péché, le vrai chrétien se défie de lui-même et craint de déshonorer le Seigneur. Que Dieu nous fasse la grâce d'avoir une telle affection pour sa gloire, que nous ayons cette même crainte du mal.

2° Une affection sincère et ardente pour Jésus qui ne peut être satisfaite si tout n'est pas mis au clair. C'est le cas de Pierre.

3° La communion habituelle avec le Seigneur, nous donnant la connaissance de ses pensées. C'est le cas de Jean.

Le Seigneur Jésus a autant de coeur que de connaissance. Du moment que Judas est sorti, il ne voit que le résultat de ce que Judas allait faire et dit: «Maintenant le fils de l'homme est glorifié». C'est quand le mal est à son comble que le second Adam glorifie Dieu et est glorifié. Si l'oeuvre du premier Adam a déshonoré Dieu en présence de Satan et des anges, celle du second Adam l'a pleinement honoré. La gloire était donc due au Seigneur comme homme, parce que, dans la nature humaine, il a parfaitement accompli la gloire de Dieu lui-même.

Que Dieu rende ces exemples précieux à nos coeurs, afin que nous évitions dans notre marche le mal et tout ce qui pourrait contrister notre Sauveur bien-aimé.

Méditation de J.N.D. no 130 – ME 1901 page 76 (1 Pierre 2: 1-12)

Remarquez la manière dont l'Esprit de Dieu, après nous avoir montré l'homme comme ayant rejeté toutes les voies de Dieu à son égard, l'établit tout de nouveau sur un fondement posé par Dieu lui-même. Il faut que l'homme comprenne qu'il est sans ressource et que les voies de Dieu ne font que manifester sa corruption. Lorsque Christ est présenté à l'homme naturel, il le rejette toujours. Le coeur est une fontaine corrompue gâtant tout ce qui y passe, d'autant plus que ce qui y passe est meilleur. C'est ainsi que l'homme a gâté toutes les voies de Dieu.

Dès que l'Esprit suppose l'existence du bien, il voit l'homme comme un «enfant nouveau-né» et c'est comme tels que nous pouvons jouir tous les jours de la parole de Dieu. C'est notre appétit actuel qui nous fait jouir de la nourriture et non pas l'appétit d'hier. Ce que nous recevons devient une partie de nous-mêmes et ne demeure pas un objet de connaissance. «La connaissance enfle, mais l'amour édifie».

L'homme dépouillé des choses anciennes et nouvellement né est là pour «goûter que le Seigneur est bon». Ce qui l'anéantit est la conviction que tout en lui est absolument mauvais, si mauvais, qu'il a rejeté Jésus quand Dieu le lui présentait. L'homme n'a pas voulu de cette pierre précieuse, choisie de Dieu, et l'a rejetée; oui, ce que Dieu avait élu et estimé, nous l'avons rejeté! Si vous croyez encore qu'il y a, par nature, un bon désir dans votre coeur, vous n'avez pas compris la grâce. Quelle est la misère, la plaie cuisante de ceux qui, sans cette connaissance, désirent plaire au Seigneur? C'est de voir qu'ils sont mauvais. Cela les trouble, parce qu'ils ne sont pas anéantis devant Dieu et que le principe de l'orgueil leur reste.

Certaines âmes qui ont reçu le Seigneur Jésus avec joie sont ensuite quelquefois troublées, parce que leur conviction du péché n'avait pas été profonde et que leur bonne opinion d'elles-mêmes est détruite, quand elles se voient plus méchantes qu'elles n'avaient pensé.

(Verset 7). — Voilà comment on distingue ceux qui croient: c'est pour eux que Christ est précieux. Il peut paraître aimable au coeur naturel, mais il n'est précieux qu'à des pécheurs perdus, n'ayant rien que du mal dans leur coeur. La joie est fondée, quand on se connaît ainsi soi-même et que l'on comprend que Christ est le salut d'une âme où se trouvent toute sorte de mauvaises choses.

(Verset 9). — L'Esprit présente ici comme une chose accomplie et comme la position même du chrétien ce qui avait été présenté à Israël sous condition d'observer la loi (Exode 19: 5, 6). C'est une chose précieuse de trouver cela accompli en Christ et par la foi en Lui, tandis qu'en parlant au coeur naturel, Dieu dit: «Si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance… vous me serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainte». Dieu avait déjà «amené à lui» et délivré Israël. Après les avoir fait jouir de cette délivrance, il dit: «Si vous gardez» et les place devant la loi. Avant Sinaï, tout était grâce, pure grâce. Israël murmure, Dieu lui donne de l'eau; il murmure encore, Dieu lui envoie les cailles et la manne; Amalek vient faire la guerre à Israël, l'assistance de Dieu, en grâce, se déploie par l'intercession de Moïse. Dieu les mène par sa grâce jusqu'à Sinaï. Alors il les place sous la condition d'obéissance, et c'est la ruine d'Israël.

En 1 Pierre 2, nous voyons le contraire. Israël avait violé la loi, tué les prophètes, rejeté Jésus, et Dieu leur dit: «Vous êtes la race élue, la nation sainte», et non pas: Vous serez, si vous obéissez. C'est que le mal était manifesté, était arrivé à son comble par la réjection du Fils. Dès lors, Dieu ne pouvait agir qu'en jugement ou en pure grâce. Il a agi en grâce, quand le mal a été complètement manifesté. Dieu dit: Vous êtes absolument méchants; vous avez rejeté la pierre vivante, mais, par grâce, vous êtes la race élue, la sacrificature royale, pour annoncer les vertus de Celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

Ce que Dieu a manifesté comme étant la vérité, doit maintenant se manifester dans nos coeurs par la puissance du Saint Esprit. Nous devons avoir la connaissance claire et distincte que Dieu fait grâce à l'homme, lorsque toute sa méchanceté a été manifestée. Il nous faut compter sur les difficultés du chemin, sur tout le mal qui est en nous, mais compter aussi sur la grâce qui s'applique à ce mal. On pourrait dire: Dieu nous a délivrés et si nous observons les commandements, nous serons la nation sainte. C'est une méprise, car ce serait commencer par la grâce et finir par la loi. Ayant compris qu'il n'existe pas de bien en nous, nous devons aussi comprendre que la grâce de Dieu a agi selon la connaissance exacte qu'elle avait de ce mal. Si je devenais la nation sainte par mon obéissance, toute la gloire en serait à moi et toute l'efficace en serait de moi, La chose n'arrive jamais, car cela exalterait l'homme et non pas Dieu.

Si l'obéissance donne la jouissance des promesses, j'annonce la bonté et la puissance de l'homme et non pas les vertus de Celui qui m'a appelé. Mais si, après avoir péché et rejeté la pierre vivante, je reçois comme une grâce d'être la nation sainte, j'annonce la grâce de Dieu, et il est glorifié par ce qu'il a produit dans des êtres entièrement privés de toute force. Israël avait perdu tout droit à être le peuple de Dieu (verset 10); il avait tellement péché que Dieu n'avait plus voulu de lui, ni l'appeler son peuple. C'est là que la grâce nous place. Vous aviez perdu tout droit à être le peuple de Dieu, vous aviez violé la loi, rejeté le Fils, et Dieu, agissant en grâce, vous a sauvés par le fait même que vous l'aviez rejeté. C'est une grâce qui s'applique à nous quand le mal a été complètement manifesté. Vous n'étiez point son peuple, vous êtes son peuple; vous n'aviez point obtenu miséricorde, vous avez obtenu miséricorde.

Dieu a fait l'expérience de votre coeur; il vous connaît; il sait que vous ne valez rien. Il faut que, là-dessus, vous soyez d'accord avec Dieu. Il a fait l'expérience de votre coeur: il a donné la loi, vous l'avez violée; il a donné les prophètes, vous les avez tués; son Fils, vous l'avez rejeté et mis à mort. Laissez un enfant à lui-même; il suivra ses instincts et ne fera que du mal. Dieu, après cette épreuve, vous fait grâce.

Si vous faites l'expérience de vos propres coeurs, n'en soyez pas étonnés, mais soyez-en humiliés et comprenez que la grâce de Dieu s'applique à cela même. Si vous faites cette expérience avec la chair et avec Satan, vous serez profondément troublés; si vous la faites avec l'Esprit de Dieu, vous serez conduits humiliés à Jésus.

C'est là notre heureuse part de pouvoir annoncer les vertus de Jésus, qui nous a appelés de notre ruine et de nos ténèbres à sa merveilleuse lumière!

Méditation de J.N.D. no 131 – ME 1901 page 233 (Jean 15: 1-11)

L'expression le vrai cep, est une allusion au côté terrestre des choses de Christ, c'est-à-dire à ce qui en est manifesté ici-bas. Israël est la vigne de l'Eternel, selon Esaïe 5 et Psaume 80, mais Jésus dit: Israël n'est plus le vrai cep; c'est moi, moi, le véritable résidu d'Israël. Il s'agit donc ici, non de la position céleste du Seigneur Jésus, mais de sa position comme représentant Israël, et prenant sa place ici-bas.

Nous trouvons ensuite celui qui prend soin de ce cep: «Mon Père est le cultivateur». Le cep a des sarments qui sortent de lui et produisent du fruit sur la terre; c'est la profession de christianisme, ce à quoi les soins et la discipline du Père s'appliquent. S'agissait-il du vieux cep, Israël, un Juif pouvait ne pas porter de fruit et cependant ne pas être retranché, pourvu qu'il évitât d'enfreindre la loi d'une manière grossière. Il n'en est pas de même du vrai cep, dans lequel il s'agit de porter du fruit d'une manière positive. Dieu cherche ce fruit; il veut qu'il se manifeste sur la terre, en contraste avec les principes du gouvernement de Dieu envers Israël. Dieu cherche dans l'Eglise un fruit positif à la gloire de son nom par Jésus Christ. Nos campagnes peuvent être ornées de beaux arbres qui ne sont pas des arbres fruitiers, mais un cep qui n'a pas de fruit ne vaut rien, son bois même n'est bon qu'à être brûlé.

Le Père émonde le sarment pour qu'il porte du fruit et ôte celui qui n'en porte pas. Dans tout ce passage, le mot demeurer désigne la communion habituelle. Quant à notre position et à notre conduite sur la terre, nous avons à demeurer en Lui et en son amour. Jésus lui-même, dans sa nature, est un avec le Père, mais quand il parle de sa position sur la terre, dans l'obéissance et l'accomplissement de la volonté du Père, il dit qu'il «demeure dans son amour». Il ne s'agit pas ici de l'union, mais de la communion. La communion découle de l'union et nous est présentée comme l'objet à rechercher.

Un chrétien pourrait se contenter de ne pas faire des choses que le monde réprouve; ce ne serait pas demeurer dans l'amour de Christ. Son amour à Lui ne s'en est pas tenu là; il n'aurait pas été manifesté comme Fils de Dieu s'il s'était borné à ne pas faire de mal. Dieu est amour; Jésus était l'activité de l'amour de Dieu sur la terre, et cet amour produisait du fruit. Il en est de même pour nous; nous sommes la manifestation de la vie de Christ sur la terre, et l'effet naturel de la conscience de son amour et de la communion avec Lui, sera de nous faire produire du fruit. Ce dernier se trouvera nécessairement là où l'amour de Jésus se trouve; il manquera s'il n'y a pas une communion habituelle avec Lui.

Pour que nous ayons à coeur la gloire du Seigneur, il faut que Sa vie en nous soit nourrie, soit entretenue par la communion avec Lui. Si nous demeurons en Lui, c'est-à-dire si nous sommes dans sa communion, nous désirerons sa gloire, et c'est déjà beaucoup, mais ce n'est pas tout. Jésus ajoute (verset 7): «Si mes paroles demeurent en vous»: si vous recevez de mes paroles l'instruction pour pouvoir me glorifier, alors vous aurez ce qu'il faut afin de pouvoir demander tout ce que vous voudrez.

(Verset 8). «En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit, et vous serez mes disciples». Le mot disciple va quelquefois plus loin que celui de chrétien. Un disciple est instruit par son maître, tandis que les chrétiens, quoique de vrais chrétiens, tirent souvent leur instruction du monde, de leur propre sagesse et de leurs pensées. Un homme pourrait ainsi être chrétien sans être disciple; il peut vouloir que le christianisme soit honorable parmi le monde, ce qui est le contraire de la pensée de Christ, tandis que le disciple connaît et suit la pensée et l'instruction de son Maître.

(Verset 9). C'est infiniment précieux de voir Jésus nous placer à son égard dans la position où il est à l'égard du Père. Christ s'occupe de nous, comme le Père s'occupait de Lui quand il était sur la terre.

(Verset 11). «Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit accomplie». La joie d'un père, c'est que ses enfants se conduisent selon son coeur. Jésus est dans le ciel et nous envoie dans le monde; il est joyeux en pensant aux siens, quand ils glorifient le Père; son coeur n'a pas de plus grande joie. Mais il y a aussi une pleine joie dans les enfants quand ils portent beaucoup de fruit, accomplissant la volonté du Père et le glorifiant. Une maison n'est pas heureuse, si les enfants se conduisent bien un jour, et mal un autre. Ce qui constitue la joie du Seigneur, c'est que nous demeurions dans son amour. S'il n'en est pas ainsi, notre vie chrétienne devient souvent la proie du monde. Le Seigneur nous appelle spécialement à demeurer dans son amour et à ne pas être tantôt mondains, tantôt chrétiens. L'activité de l'Esprit de Dieu en nous, nous conduira toujours à demeurer en Lui, et c'est ainsi que nous porterons beaucoup de fruit. Jésus ajoute: «Et que votre joie soit accomplie». Il ne peut y avoir de joie quand on est au-dessous de sa tâche ou qu'on y succombe, mais, dans la communion de Jésus, nous sommes au niveau de notre tâche; la joie déborde dans nos coeurs et nous fait agir.

Que Dieu nous fasse la grâce d'être remplis d'affection pour le Seigneur, car alors nous dirons: Il faut que je le glorifie.

Méditation de J.N.D. no 132 – ME 1901 page 275 (Jean 4: 1-30)

Dès le début de son ministère, le Seigneur avait été l'objet de la jalousie des hommes qui ne voulaient pas de Lui, parce qu'il venait troubler leur paix et leur importance selon le monde. Lorsque les pharisiens ont entendu dire que Jésus fait plus de disciples que Jean, le Seigneur quitte la Judée pour retourner en Galilée, ôtant ainsi tout prétexte à la haine de ses adversaires. Ceux-ci repoussaient la lumière et leur mauvais coeur ne pouvait supporter la présence de Dieu en bonté.

Ainsi, déjà rejeté des hommes, Jésus va en Galilée, pays méprisé, éloigné de Jérusalem, que la gloire de Dieu avait choisie pour en faire son centre. Il lui fallait passer par la Samarie, dont les habitants, en abomination aux Juifs, avaient associé leurs idolâtries au culte du vrai Dieu. Jésus n'avait d'autre repos en ce monde, que de faire la volonté de son Père; fatigué de la route, il ne trouvait pour se reposer, à la chaleur de midi, que le bord du puits de Jacob. Il demande à boire à une femme; celle-ci s'en étonne, voyant qu'il était Juif, car elle savait que les Juifs méprisaient les Samaritains. Jésus aborde de suite la question de sa mission et de ce qu'il avait à donner Lui-même. Plein de bonté, son coeur ne s'arrête ni à la conduite de cette femme, ni au fait qu'elle était Samaritaine; il parle du don de Dieu et de l'eau vive qu'il avait à donner. La femme n'y comprend rien. C'est le cas de nous tous: «Il n'y a personne qui ait de l'intelligence».

Il est important que nous fassions attention, non seulement à ceci, que le coeur n'a point d'intelligence, mais au pourquoi de la chose. Lorsque Jésus lui-même nous parle, pourquoi ne comprenons-nous pas? C'est qu'au fond la conscience n'est pas attirée par ce que Jésus dit, quoique l'attention de l'homme naturel soit peut-être éveillée. La femme objecte que Jésus n'a rien pour puiser; elle était préoccupée d'autre chose que de ce que Jésus voulait dire; son coeur était à ses occupations journalières; le fardeau de ses circonstances pesait sur elle. C'est le cas de nous tous. Pourtant Jésus parle d'une manière claire, évidente, expresse; les choses qu'il dit sont importantes, mais ses paroles dévoilent l'état de notre coeur. Préoccupé du monde, des affaires, de l'argent, il ne comprend rien aux paroles de Christ. La bonté de Dieu seule peut le délivrer de l'esclavage et l'éclairer. L'homme par sa chute est sans Dieu dans le monde, et il a un lourd fardeau à porter. Dans ces circonstances, Dieu n'est bon à ses yeux que quand il lui donne quelque chose pour la vie présente, et c'est pourquoi il ne comprend pas ce que Dieu dit, car il juge, non selon la pensée de Dieu, mais selon ses préoccupations terrestres, au milieu desquelles il ne peut ni comprendre, ni goûter les choses de Dieu. C'est aussi le secret du peu de progrès que font les croyants eux-mêmes dans les choses spirituelles. Les choses de Dieu ne sont pas comprises quand le coeur des chrétiens ne les apprécie que selon ses propres besoins. Les choses de la terre s'étant emparées du coeur déchu, sa coupe est déjà trop remplie pour que Dieu y puisse ajouter quelque chose.

Dieu vous offre la vie éternelle, mais ce n'est pas la chose qui vous préoccupe maintenant; vous n'en avez donc aucun besoin; ce sont vos besoins du moment qui vous préoccupent et vous gouvernent. On voudrait bien le ciel pour plus tard, mais pour le moment il semble plus important de s'enrichir et d'élever sa famille.

Mais Dieu, pour se faire entendre, produit un besoin dans la conscience, il donne à l'âme la conviction du péché; alors elle ne peut manquer de savoir que Dieu a été là, car seul il peut atteindre la conscience. Jésus s'empare de la conscience de cette femme, en lui montrant qu'il connaît à fond ce qu'elle est et tout ce qu'elle a fait. Maintenant la conscience a un besoin; il s'agit pour cette femme d'un Dieu présent qui lui parle; le besoin est actuel, pressant; elle ne peut remettre les choses à plus tard. Quand Dieu s'est emparé de la conscience, les plaisirs ou les soucis ne peuvent plus la faire taire; il faut en finir avec elle; elle gâte tous nos plaisirs et nous ne pouvons nous en débarrasser, car elle veut être satisfaite. On sent que l'éternité est en jeu et qu'il faut être au clair à cet égard. La conscience est intelligente, parce qu'elle nous dit que Dieu est là: «Tu es un prophète».

Dieu en veut à nous; il se manifeste à nos âmes. Une parole de Lui nous révèle notre terrible condition, mais nous la voyons vraie, telle qu'elle est, et c'est un avantage immense de voir que les choses qu'il a dites de nous sont la vérité. La confiance dans la parole de Dieu est alors produite. Jésus s'est manifesté à cette femme comme prophète, parce qu'il lui a dit tout ce qu'elle avait fait. Il ne lui reproche pas ses péchés du tout; il ne lui en parle que pour atteindre sa conscience, et du moment qu'il a gagné sa confiance, il n'en parle plus. Il ne met nos péchés en mémoire que quand il s'approche de nous. Jésus n'avait montré à la femme qu'un péché positif, mais toute sa conscience devient vivante. Le but est atteint; il ne lui reproche point son péché, mais voici qu'il l'emploie pour être sa messagère dans toute la ville.

En réponse à la question de la femme, Jésus dit: «Le Père cherche de tels adorateurs». Il ne veut pas recevoir d'un pécheur un culte quelconque. L'homme pécheur voudrait bien faire bonne mine à Dieu, mais Dieu n'en tient pas compte. Il faut être enfant et en avoir la certitude pour dire: «Notre Père», autrement ce n'est que de l'hypocrisie. Il faut savoir en outre que tous les enfants de Dieu ont Dieu pour Père: «Notre Père». Je ne puis pas dire «notre Père» avec des pécheurs et leur prêcher que s'ils ne se convertissent pas ils seront perdus.

On trouve ici trois classes de personnes: les Juifs qui avaient la vérité, mais n'avaient pas l'Esprit; les Samaritains qui n'avaient ni l'Esprit, ni la vérité; enfin les vrais adorateurs en Esprit et en vérité, des enfants de Dieu, sachant qu'il y a d'autres personnes qui peuvent Lui dire: Notre Père, avec eux. Jésus choisit cette Samaritaine méprisée, au milieu d'une ville, qui ne savait pas ce qu'elle adorait, pour se révéler à elle comme le Christ. Voyez comme cette femme qui, un instant auparavant, ne pensait qu'à sa cruche et à l'eau du puits, est tout à coup devenue intelligente! Elle comprend ce que les Juifs et leurs sacrificateurs n'avaient pas compris. Jésus se présente à elle comme le don de Dieu. Il n'exige rien, il donne. Il est donc évident que les péchés qu'elle avait commis n'ont pas repoussé ce Dieu qui l'avait connue dans ses péchés et qui s'est humilié au point d'être redevable d'un verre d'eau à une femme de mauvaise conduite. Cela ne prouve-t-il pas que Dieu est amour et que nos péchés ont attiré l'amour de Jésus? Le coeur angoissé, la conscience convaincue, ayant pris confiance en la parole de Dieu, trouvent l'amour de Dieu déjà manifesté et Jésus qui nous parle du don de Dieu. Il n'y a aucune espérance pour l'âme qui sent son péché, si Dieu n'est pas uniquement et parfaitement amour.

Jésus s'humilie au point de dire: Si tu avais compris que Dieu donne et que l'amour de Dieu a placé le Fils dans la position où tu me vois, tu m'aurais demandé et je t'aurais donné de l'eau vive. Ce don est inépuisable; c'est une fontaine d'eau jaillissant en vie éternelle; tous les besoins de ton coeur seront satisfaits!

La femme oublie sa cruche, court à la ville. Peut-être sa famille a-t-elle manqué d'eau ce jour-là; elle n'y pense plus. Elle est employée par le Seigneur Jésus pour annoncer son nom, parce qu'elle a eu besoin de la grâce gratuite de Dieu. Il n'y a personne, pas même un ange, qui puisse parler de la grâce comme un pécheur. Et voilà comment il se fait que j'aie pu vous la prêcher aujourd'hui.

Méditation de J.N.D. no 133 – ME 1901 page 293 (1 Pierre 2: 1-12)

Ce chapitre a été dernièrement l'objet de mes méditations, et je désire vous faire remarquer plus particulièrement le verset 9. Nous en avons parlé, il y a quelques jours, en le comparant à Exode 19: 5, 6, où l'on trouve les mêmes paroles: «Vous me serez un royaume de sacrificateurs et une nation sainte», mais présentées aux Israélites sous condition d'obéissance. Israël ayant manqué en tout point, Dieu dit maintenant en grâce aux croyants pris d'entre le peuple: «Vous êtes une sacrificature royale, une nation sainte» (verset 9).

Je désire vous faire considérer les privilèges que la grâce nous a acquis. Nous sommes une sacrificature sainte et une sacrificature royale, la sacrificature d'Aaron et celle de Melchisédec. Les enfants de Dieu nous sont présentés sous ces deux caractères. Aaron, appelé à offrir des sacrifices, sa sacrificature était sainte, entièrement séparée du peuple. Aaron est le type de Christ et ses fils de l'Eglise. Ils offraient de l'encens sur l'autel d'or, en présence de Dieu, dans le lieu saint où tous les sacrificateurs pouvaient entrer, tandis que le souverain sacrificateur seul entrait dans le lieu très-saint une fois l'an (Hébreux 9: 1-15). Un voile séparait le lieu saint du lieu très-saint. Le voile était le signe d'une chose qui n'existe plus, savoir que même le fidèle, sous la loi, ne pouvait entrer dans la présence de Dieu, sans conscience de péché. Jésus, par sa mort, a déchiré le voile et le fidèle peut s'approcher de Dieu, par le chemin nouveau et vivant qu'il nous a inauguré. Maintenant Jésus est entré dans le lieu très-saint, dans les cieux, avec son propre sang, et ceux qui viennent en son nom peuvent y entrer aussi par l'efficacité de son sang, sachant que par Lui, Dieu lui-même a effacé tous nos péchés.

Le souverain sacrificateur n'entrait pas dans le lieu très-saint pour n'y rien faire. Il en est de même pour nous: si nos péchés sont effacés par le précieux sang de Christ (et Dieu nous l'a fait savoir), c'est afin que nous entrions dans le lieu très-saint pour Lui rendre culte. Ce culte est rendu à Dieu en esprit et en vérité, sans aucune conscience de péché. Un chrétien qui ne le rend pas, sera nécessairement misérable.

Nous sommes sacrificateurs. Jésus lui-même a été consacré comme souverain sacrificateur. C'est en cette qualité que Celui qui a été déclaré Fils de Dieu en puissance par la résurrection, a été reçu comme homme dans le lieu très-saint. Nés du Saint Esprit, tous nos péchés ayant été effacés, nous sommes aussi constitués sacrificateurs pour notre Dieu. Là où le travail du pécheur finit, le service du saint commence, un sacrifice de louanges. Voilà donc ce que nous sommes selon le type d'Aaron.

Il y avait un autre ordre de sacrificature, celle de Melchisédec que Jésus accomplira aussi, selon la puissance d'une vie impérissable. Comme Melchisédec, il est et sera sacrificateur et roi, «sacrificateur sur son trône» (Zacharie 6: 13). Mais il est dit que celui qui vaincra sera assis avec Lui sur son trône (Apocalypse 3: 21), et, quand il sera manifesté en gloire, nous le serons avec Lui. C'est donc une sacrificature royale. Jésus sera manifesté comme roi de gloire, roi de justice et roi de paix, et quand il manifestera cette gloire au monde, nous paraîtrons aussi avec Lui dans la même gloire. «La gloire que tu m'as donnée, je la leur ai donnée». Plus Dieu donne, plus il est glorifié. Il nous glorifie en nous donnant la gloire, et il est glorifié comme en étant la source. Si je disais que par mes oeuvres j'aurai part à la gloire de Christ, ce serait un orgueil inconcevable et Dieu ne serait pas glorifié, mais, par l'oeuvre de Jésus, notre gloire est devenue nécessaire à la sienne. Il faut que nous soyons glorifiés, pour que le monde connaisse que Dieu nous a aimés comme il a aimé Jésus. Il y aura occasion de louanges à Dieu, en manifestant la gloire de Christ dans ses saints. C'est là la sacrificature royale selon le type de Melchisédec.

Nous ne serons là-haut en possession d'aucun privilège qui ne soit déjà, quoiqu'en faiblesse, notre possession ici-bas. La gloire ne peut être accomplie dans la chair mortelle, mais le chrétien est héritier de tout, quoiqu'il soit encore dans les haillons de ce corps, et il est autant possesseur de tout que lorsqu'il sera dans la gloire, Nous possédons déjà le titre que nous aurons dans le ciel. Ce que les saints disent autour du trône (Apocalypse 5: 9, 10), ils le disent sur la terre (Apocalypse 1: 6).

Quant au droit qu'a l'enfant de Dieu d'être dans le ciel, nous l'avons déjà. Christ est mort et a vaincu Satan. Il a tout accompli, et si tout ne l'était pas il ne l'accomplirait jamais, car Jésus ne peut mourir une seconde fois. Par le Saint Esprit, nous avons la connaissance, les arrhes et le sceau de cette position.

Ce qui nous appartient ici-bas, c'est d'abord, d'entrer dans le lieu saint, ensuite de manifester la gloire de Jésus, et c'est là notre sacrificature royale actuelle. Nous avons ces deux privilèges et ces deux responsabilités. Si j'adopte un enfant, il est responsable comme enfant; c'est une responsabilité de grâce et non légale. Notre premier privilège est de nous approcher de Dieu, et notre responsabilité est d'être fidèle à nous en approcher. Notre second privilège, c'est d'être une sacrificature royale, et notre responsabilité est d'annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. Nous sommes placés dans le monde pour cela. Nous n'avons pas encore la rédemption du corps, et le corps est un obstacle pour la communion avec Dieu et pour la manifestation de la gloire. Mais le Saint Esprit est plus puissant que le corps. Paul, au troisième ciel, ne sait pas s'il est dans le corps ou hors du corps; mais quand il rentre dans son état ordinaire, la chair n'est nullement changée, et Dieu lui donne une écharde dans la chair, quelque chose qui la mâte et détruit sa volonté. Etienne voit le ciel ouvert, la gloire lui est révélée ici-bas, mais le corps est lapidé. Nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l'excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous (2 Corinthiens 4). Si nous ne sentions pas que le vase est de terre, nous ne sentirions pas non plus que la puissance est de Dieu. Elle vient à notre secours en temps utile. Paul sentait par la faiblesse et en mourant chaque jour, ce qu'était son corps, mais il sentait aussi la force de Dieu. Les contrariétés, les persécutions, sont les moyens par lesquels Dieu mortifie la chair, afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre corps. Tous les chrétiens ne sont pas au même point que Paul à cet égard, mais le principe est le même pour tous. Nous sommes dans ce monde comme une sainte sacrificature et une sacrificature royale, mais nous avons le trésor dans des vases de terre. Quand le corps sera ressuscité, le vase, autrefois de terre, deviendra, pour ainsi dire, transparent, et la gloire sera pleinement manifestée en lui. Que Dieu nous fasse sentir cela! Jésus a pris sur Lui tout ce que nous étions et avions mérité: péché, colère de Dieu, puissance de Satan, et il nous a donné tout ce qu'il a: vie, victoire sur Satan, gloire. Telle est la position qu'il nous a faite.

C'est notre privilège de manifester, dans des vases de terre, la gloire de Jésus. Est-ce aussi notre désir? Ne vous découragez pas, si votre chair est froissée; cela ne touche en rien la vie de Jésus en nous. Cela n'atteint que le vase, et, s'il est fêlé et lézardé, la lumière en sortira plus brillante.

Méditation de J.N.D. no 134 – ME 1901 page 311 (2 Pierre 2: 1-9)

Dans le premier chapitre de cette épître, l'apôtre avait présenté le retour de Christ comme réalisant toute l'espérance de l'Eglise, mais, en attendant, le Seigneur agit dans les âmes qu'il retire du monde, tout en les laissant dans le monde. Satan n'est pas encore lié, et les enfants de Dieu sont affligés de diverses tentations (1 Pierre 1: 5-7; 2: 17-25; 3: 15-18; 4: 12-19). Dans la gloire de Jésus ils trouveront le repos et la récompense, mais, en attendant le repos dans la gloire, ils ont la souffrance dans ce monde.

2 Pierre 1: 16-18, parle de la présence personnelle de Christ et de sa manifestation personnelle en gloire, et nous les présente comme espérance et comme puissance de sanctification. Le chrétien doit se conduire comme un homme qui attend son maître et rejeter tout ce qui est indigne de cette attente. Il ne s'agit pas seulement pour lui d'une certaine intelligence pour expliquer la prophétie; son coeur doit posséder la venue de Christ comme l'étoile du matin, avant que le soleil se lève.

Mais, comme il y a eu de faux prophètes, il y aura aussi de faux docteurs qui renieront le Maître qui les a achetés. Il n'est pas question ici de Jésus rachetant l'âme pour le salut, mais d'un maître qui achète des esclaves. Jésus a, dans ce sens, acheté tout le monde et a acquis pour lui-même, comme homme, droit et autorité sur toutes choses. Ces méchants renient le Maître qui les a achetés et qui a des droits sur eux et sur la création tout entière. C'est ainsi qu'il est dit en Jean 17: 2, que Dieu lui a donné autorité sur toute chair.

(Verset 2). Lorsque ceux qui portaient le nom de chrétiens se sont corrompus, Christ a été blasphémé, et les choses se passeront de même jusqu'à ce que Satan soit lié. Ce n'est pas en tâchant d'endormir Satan qu'on arrivera au ciel, car il ne cesse de veiller, et il s'agit de remporter la victoire, mais tant qu'il n'est pas lié, il faut que notre foi soit éprouvée. Au commencement, Jésus était suivi de foules remplies d'étonnement et d'admiration, mais quand, en amour, il chercha à soustraire la volonté de l'homme à la puissance de Satan, il fut repoussé, puis rejeté; aussi dit-il: «J'ai travaillé en vain» (Esaïe 49: 4). Cela est important pour nous, parce que, tout en jouissant ici-bas de la bonté de Dieu, il faut nous attendre à souffrir, comme le Seigneur, toute sorte de tentations. Seulement notre coeur à nous n'est pas comme le sien, il a une quantité de racines dans ce monde, et la souffrance nous en délivre. Le christianisme est une puissance extraordinaire, mais il ne rend jamais l'homme heureux pour cette terre. L'essai de rendre l'homme heureux ici-bas en relation avec Dieu, a été tenté avec les Juifs, mais cette épreuve a démontré que les bénédictions terrestres avaient pour effet de corrompre le coeur et de mettre cette corruption en évidence. L'histoire de Salomon le prouve. Maintenant Dieu veut soustraire le coeur aux choses de ce monde pour le conduire au ciel. Les choses du ciel, par lesquelles Dieu attire le coeur du chrétien, ne suffisent pas pour cela, car notre coeur a toujours la tendance de se replonger dans le monde; alors, pour rompre ces liens, Dieu place l'épreuve sur notre chemin. Quand Paul est en danger de s'exalter et de s'attacher à lui-même, après être redescendu du troisième ciel, Dieu lui envoie une écharde dans la chair.

Dans ce chapitre, le mal se manifeste sous trois formes:

1° Les anges. Il y avait des anges élus, d'autres qui ne l'étaient pas; il y a maintenant des anges déchus: le péché s'étant présenté, ils ont péché dans la lumière et en ont été chassés.

2° Le monde ancien. Dieu a gardé Noé, un homme d'une justice positive, au milieu de la ruine du monde.

3° Sodome et Gomorrhe. Elles ont été condamnées et Lot délivré. Lot n'avait nul besoin d'être à Sodome, mais il avait choisi le monde que Dieu a dû détruire, parce qu'il le voyait sous l'aspect d'une plaine belle et bien arrosée. Lot s'était ainsi éloigné de Dieu, tandis qu'Abraham avait les promesses et s'en contentait.

Le cas des anges montre que Dieu ne peut pas supporter le péché. C'est un cas définitif, parce qu'ils ont péché dans la lumière. Le cas de Noé est celui d'un homme fidèle qui, pendant cent vingt ans, n'échappe pas à la moquerie, à la souffrance, et qui demeure fidèle. Lot se trouvait, par sa faute, dans des circonstances pénibles; il souffrait, parce qu'il avait aimé le monde. Peut-être êtes-vous dans l'angoisse pour la même raison et pour avoir cherché ici-bas une place agréable? Néanmoins Lot a été sauvé comme à travers le feu. Si c'est notre faute qui nous a placés là, Dieu nous châtiera, mais en tout cas nous sommes appelés à l'honorer dans nos voies. Il saura délivrer de la tentation ceux qui l'honorent.

Sortez de Babylone, pour ne pas participer à ses péchés et à ses plaies, et Dieu vous délivrera. Tout ce que nous avons à faire, c'est d'être fidèles, que nous soyons dans la souffrance, par suite de notre fidélité, comme Noé, ou de notre infidélité, comme Lot — et Dieu nous délivrera.

Méditation de J.N.D. no 135 – ME 1901 page 351 (Nombres 23: 1-24)

Quand l'âme est réveillée, il est très naturel qu'elle pense exclusivement à elle-même — la conscience est toujours égoïste — mais, pour être affermis dans la foi et au large avec Dieu, il nous faut comprendre les voies de Dieu pour sa gloire. Après avoir trouvé le soulagement dans le sang de Christ, il faut, pour être affermi dans la paix, comprendre comment Dieu a pris notre cause en main, et comment il juge en notre faveur. En Egypte, Israël, esclave de Pharaon, faisait des briques. Bien que l'homme naturel croie être libre en faisant sa propre volonté, le fait est que Satan se l'est assujetti comme son esclave. Dieu prend soin de nous faire sentir cet esclavage par les misères qui sont la conséquence du péché, car, même dans ce monde, les hommes moissonnent ce qu'ils sèment. Avant que l'homme soit revenu à Dieu, l'Esprit agit pour lui faire éprouver un malaise qu'il cherche en vain à satisfaire, une sujétion à Satan, dont il sent ne pouvoir se délivrer. C'est le cas d'Israël en Egypte; alors il crie à Dieu. Mais, pour avoir affaire à Lui, il faut commencer par le sang, car le Dieu juste et saint ne peut délivrer un pécheur d'une autre manière.

Il envoie l'ange exterminateur pour exécuter le jugement, mais en mettant Israël à l'abri. Il manifeste qu'il est pour son peuple, quand il s'agit du jugement, et pour le prouver il fait tomber le jugement sur la victime. Il nous parle de la justice qui n'épargne pas, mais en nous présentant le sang de son Fils que la justice n'a pas épargné. La vue de l'expiation nous remplit d'espérance, mais lorsque, aux prises avec Satan, nous l'oublions, nous ne pouvons éprouver que de l'angoisse. C'est ce qui arriva à Israël devant la mer Rouge où Pharaon les acculait. L'esclavage qu'il connaissait et redoutait, l'avait affaibli et rendu timide; il est rempli de frayeur. Est-ce, dit-il à Moïse, parce qu'il n'y a pas de sépulcres en Egypte, que tu nous as emmenés pour mourir dans le désert? Mais Dieu les délivre et les conduit à pied sec à travers la mer Rouge. Ce qui est devant nous comme mort et jugement, quand Satan nous poursuit, devient la délivrance quand nous voyons que Christ a subi la mort et le jugement, et qu'il est ressuscité, pour nous. Nous sommes ainsi délivrés et affranchis en vertu de ce que Christ a tout accompli. C'est alors que commence la vie chrétienne en présence de Dieu.

Dès qu'Israël a passé la mer, tout est joie et cantique de louange. Dieu a conduit son peuple à la demeure de sa sainteté. Maintenant il s'agit de voir comment il s'y conduira. Il est avec Dieu dans le désert; comment va-t-il commencer la vie avec Lui? L'expérience qu'il fait de lui-même, montre qu'il a un coeur revêche et rebelle (Deutéronome 9).

Quand nous en sommes là, il s'agit de savoir si les accusations de Satan seront pour nous une entrave à la bénédiction. Balac pourra-t-il, par Balaam, trouver l'occasion de maudire Israël, et l'empêcher de posséder les promesses, de passer le Jourdain et d'entrer en Canaan? Cela a lieu à la fin du désert, après les nombreuses infidélités du peuple et quand Moïse a dû dire: «Vous avez été rebelles jusqu'à maintenant».

Par deux fois (22: 41; 23: 13), Balac fait voir à Balaam l'extrémité du peuple, pour que la puissance d'Israël n'ait pas d'influence sur son esprit. Ensuite il a tout le peuple devant lui. Mais Balaam bénit Israël (versets 19-21) qui s'était si tristement conduit dans le désert, où son entrée avait été accompagnée d'un chant de triomphe. En sera-t-il de même pour sa sortie? Oui, mais sans que le peuple le sache et y prenne part. L'ennemi lui-même est contraint contre son gré à célébrer la pensée de Dieu à l'égard d'Israël.

Nos expériences nous trompent assez souvent et nous en faisons de bien tristes quand nous croyons pouvoir nous conduire mieux que Dieu ne nous conduit. Si nous sommes faibles, il nous conduit par un chemin plus long, afin que nous ne nous trouvions pas trop vite aux prises avec Satan. Puis, dans ce chemin, Dieu a pour but de nous mettre dans le vrai quant à nous-mêmes. On se plaint de Dieu, quand la volonté n'est pas brisée. Nous nous croyons pieux quand Dieu nous envoie des choses agréables, mais nous ne voyons plus sa bonté quand les circonstances pénibles nous arrivent. Il nous est facile d'aimer la volonté de Dieu quand, notre volonté est d'accord avec elle. Moïse, l'homme le plus doux de la terre, dit de tout le peuple: «Vous avez été rebelles jusqu'à aujourd'hui». C'est ce que nous sommes, mais il est de toute importance que nous connaissions aussi la pensée de Dieu à notre égard. Il faut à la fois se connaître et connaître la pensée de Dieu. Tandis que Satan cherche à nous placer sous la malédiction, Dieu déclare qu'il «n'a pas aperçu d'iniquité en Jacob, ni n'a vu d'injustice en Israël». C'est la réponse de Celui qui voit tout, qui le voit beaucoup mieux que Satan, qui a pris une entière connaissance de notre rébellion. Oui, quand Israël est en présence de Satan qui veut le maudire, voici la réponse de Dieu qui n'est pas homme pour mentir, ni fils d'homme pour se repentir: «Je n'ai pas aperçu d'iniquité en Jacob!» Dieu ne peut pas, ne veut pas voir l'iniquité de son peuple sauvé, pour le livrer au jugement, quoiqu'il ait vu toutes ses infidélités pour le discipliner et le châtier, qu'il ne lui ait pas passé une seule faute, et qu'il ait interdit l'entrée de Canaan à Moïse lui-même, comme objet de discipline sous la loi. Mais Israël, tout misérable qu'il soit, entre où Moïse n'entre pas, parce qu'il s'agit, non de la loi, mais de la justification. Dès lors, Dieu ne peut voir de péché dans son peuple, parce qu'il a fait venir sur Jésus l'iniquité de tous.

Le passage d'Israël à travers la mer Rouge correspond à notre délivrance. Mais s'il pèche après cela, le vrai chrétien en souffrira beaucoup plus que de tous ses péchés précédents. Mais Dieu a chargé son Fils de tous nos péchés; il ne les voit donc plus sur nous.

C'est après la rébellion du peuple, déclaré être «une génération tortue et perverse», que Dieu force Balaam à dire: «Je n'ai point vu d'iniquité en Israël»; «l'Eternel, son Dieu, est avec lui»; «un chant de triomphe royal est au milieu de lui». Le Dieu fort qui les a tirés d'Egypte, a été leur force dès le commencement. Il est avec eux, et il n'y a aucune machination possible de Satan, ni enchantement contre Jacob, ni divination contre Israël, car, pour le maudire, il faudrait pouvoir attaquer Dieu lui-même. Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Dieu en haut, dans le monde invisible où la foi pénètre, ne voit point d'iniquité. Dieu est là; sa force soutient le peuple qu'il a tiré d'Egypte et l'introduit en Canaan. Humilions-nous dans la poussière, quand nous avons manqué, mais Dieu est pour nous!

Où en êtes-vous quant à ces choses? Le peuple de Dieu est le sujet de la controverse entre Dieu et Satan. Dieu est descendu en Jésus pour délivrer son peuple; le combat entre la puissance de Satan et la puissance de Dieu en Jésus Christ, a été soutenu pour le peuple qui en est l'objet. Satan a l'apparence du droit, quand il invoque la justice de Dieu en condamnation sur l'homme pécheur, mais Dieu a répondu à Satan et a maintenu sa justice propre en livrant Jésus. La victoire est remportée pour nous. Sans doute, il faut que cette puissance se manifeste en nous; Dieu juge, en discipline, toutes nos infidélités, mais, quant au salut et à la justification, il a déjà tout jugé en Christ et c'est Lui qui répond pour nous à toutes les accusations de l'ennemi. Il faut que toute notre propre volonté et la rébellion de nos coeurs soient jugées en sa présence, et nous ne les connaissons bien qu'après avoir vécu longtemps de la vie chrétienne, mais aussi nous ne connaissons qu'alors l'étendue des richesses de la grâce.

Celui qui confond la discipline du Seigneur à notre égard avec le jugement que Jésus a porté pour nous, sera troublé, même sur son lit de mort. Mais Jésus a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin que Dieu pût dire en vérité: «Je n'ai pas aperçu d'iniquité en Jacob!»

Méditation de J.N.D. no 136 – ME 1901 page 357 (Hébreux 12: 1-15)

On trouve, au commencement de ce chapitre, deux exhortations: ne pas mépriser la discipline du Seigneur et ne pas perdre courage quand on est repris par Lui (verset 5). Deux choses se réunissent pour former la discipline: l'inimitié de Satan et la bonté de Dieu qui nous châtie, comme on le voit dans le cas de Job. Ce qui prouve que la discipline a produit ses fruits, c'est qu'au lieu de penser à nous-mêmes, nous y voyons Dieu agissant pour briser notre volonté et atteindre le mal dans nos coeurs, afin de nous soumettre à Lui. Quand la discipline nous décourage, c'est qu'il y a en nous une volonté qui ne veut pas être brisée; il y a quelque chose à reprendre en nous, et Dieu nous châtie pour notre profit, parce qu'il nous aime et afin que nous participions à sa sainteté.

Le but de Dieu est toujours notre communion éternelle avec Lui, tandis que notre volonté a toujours pour objet les circonstances présentes. Or si notre volonté a un but et celle de Dieu un autre, il en résultera nécessairement une lutte et des circonstances pénibles destinées a nous briser.

Les pensées des chrétiens sont souvent fort erronées au sujet de la sanctification. Ils voudraient être plus saints pour être plus agréables à Dieu, c'est-à-dire qu'ils rapportent leurs relations avec Dieu à eux-mêmes, tandis que c'est à Lui-même que Dieu rapporte tout. Sa grâce agit aussi bien pour notre sanctification que pour notre justification.

La sanctification est attribuée, dans la parole de Dieu, à chaque personne de la Trinité, au Père, au Fils et au Saint Esprit. Elle est attribuée à la volonté de Dieu (Hébreux 10: 10), et plus spécialement au Père (Jean 17: 17). C'est la pensée de Dieu à notre égard, de nous séparer pour Lui-même. — Nous sommes aussi sanctifiés, mis à part pour Dieu, par le sang de Christ, et c'est dans ce sens qu'il est toujours parlé de la sanctification dans l'épître aux Hébreux (10: 10, 29; 13: 12). — La sanctification par l'Esprit nous est souvent présentée (2 Thessaloniciens 2: 13; 1 Pierre 1: 2, etc.), car c'est par le Saint Esprit que Dieu fait tout ce qu'il fait, qu'il s'agisse du chaos de la terre (Genèse 1: 2), ou du chaos de nos coeurs. C'est la volonté du Père de nous lier à Christ par le Saint Esprit, après nous avoir rachetés par son sang. Ainsi la sanctification découle de la Trinité.

Quand nous sommes ainsi séparés pour Dieu, le Saint Esprit qui nous donne une position de sainteté, nous communique aussi une vie. Le chrétien étant déjà purifié par la foi, les affections s'attachent au Seigneur Jésus et purifient le coeur. Aussi Hébreux 12: 14, nous engage-t-il à poursuivre la sainteté. La vie sainte se manifeste à travers toute sorte de difficultés; c'est un exercice de foi, et, dans le sens pratique, le progrès dans la sanctification a lieu, par la foi, dans la contemplation de Jésus, cette contemplation purifiant le coeur en le remplissant de Lui. Sans la sainteté pratique, nul ne peut voir le Seigneur.

Qu'il s'agisse de saine doctrine, d'amour fraternel, de la sagesse d'en haut, de voir le Seigneur, cela ne se rencontre que dans un coeur pur qui seul peut goûter la communion actuelle et pratique avec Dieu.

La sainteté, c'est avoir part à quelque chose qui est en Dieu; la chair n'y a aucune part quelconque. La sainteté du chrétien n'est rien moins que la sainteté de Dieu lui-même et, si nous sommes séparés de la communion avec Dieu, nous le sommes de la source de la sainteté. Cette puissance est en Dieu, et non en nous. Celui qui a l'espérance d'être tel que Jésus dans la gloire, se purifie comme Lui est pur (1 Jean 3: 3). Ce qui ne répond pas à cette pureté, ne satisfait pas la vie de Jésus en nous. Nous avons cette vie et Jésus est dans la gloire. Rien en nous ne peut nous rendre heureux que ce qui satisfait Jésus dans le ciel. La chair ne peut aucunement avoir part à cela.

Nous avons besoin de vigilance, parce que tout ce qu'il y a dans le monde est employé par Satan pour nous faire perdre la communion avec Dieu et la prière qui nous met directement en rapport avec Lui. Nous avons aussi besoin de méditer la Parole en pensant à ce que Jésus est et à sa gloire actuelle et future. Ce n'est que par la méditation qu'on peut en avoir la jouissance. Si ces choses sont vagues dans nos esprits, il n'est pas étonnant que nous en fassions peu de cas, et si nous en faisons peu de cas, cela prouve que notre coeur est très peu capable de saisir ce que Dieu nous donne; alors il n'est pas étonnant que nous soyons faibles.

Le caractère et là mesure de notre sainteté, c'est la sainteté de Dieu lui-même. Si nous cherchons, pour la réaliser, quelque chose qui soit plus près de nous, c'est Christ dans la gloire, et en le contemplant nous nous purifions comme Lui est pur. C'est pourquoi le chrétien doit éviter soigneusement tout ce qui l'empêche de poursuivre la sainteté, même les choses qu'on appelle innocentes, car rien de ce qui détourne de la communion avec Dieu n'est innocent. Du reste, appliqué aux choses, ce mot ne se trouve pas dans la Parole.

Méditation de J.N.D. no 137 – ME 1901 page 391 (Genèse 3: 1-15)

Ce n'est pas la parole de Dieu qui nous révèle qu'il y a du péché et de la misère dans le monde, mais elle explique à la foi comment Satan y est entré et les conséquences du péché dans les rapports de l'homme avec Dieu. L'homme sait très bien que l'iniquité et la souillure existent ici-bas et personne n'y est satisfait de sa part, car tout homme a du malaise dans le coeur.

Le premier acte du serpent ancien est d'introduire quelque chose — de se placer lui-même — entre Dieu et nous. Or rien ne peut nous rendre heureux, si ce n'est la certitude qu'entre nous et Dieu il n'y a point de question et que Dieu nous aime. Satan commence par induire l'âme à se méfier de Dieu. L'homme désire satisfaire sa volonté; Satan lui montre que Dieu ne veut pas qu'il la satisfasse. Il ne porte la pensée de la femme, ni sur la bonté de Dieu, ni sur l'obéissance qui lui est due. La femme savait pourquoi elle ne devait pas manger de l'arbre; elle savait qu'il en résulterait positivement du mal. Dieu nous a avertis des conséquences du péché; il a dit: «Vous mourrez». Satan cherche à nous le cacher et dit à la femme: «Vous ne mourrez nullement… vous serez comme des dieux». La deuxième assertion est vraie dans un sens: le péché a rendu l'homme beaucoup plus intelligent sur la question du bien et du mal et il peut juger de tout. Mais Satan avait caché à l'homme qu'en désobéissant, il serait entièrement séparé de Dieu et aurait une mauvaise conscience. Tout ce qui est rapproché de nous a plus d'importance et semble de plus grande dimension que ce qui est lointain. L'arbre était devant la femme, le jugement de Dieu était éloigné; elle prit donc du fruit et en mangea. Leurs yeux furent ouverts; ils acquirent une connaissance qui, en portant leurs regards sur eux-mêmes, leur fit voir leur nudité.

Satan parle aujourd'hui de la même manière aux hommes. «Vous ne mourrez pas»; les menaces de Dieu ne s'accompliront pas. Il nous cache les avertissements divins, et nous faisons ce que Satan et nos propres convoitises nous conseillent.

L'homme prend des feuilles de figuier pour voiler sa nudité; il fait des efforts pour se cacher à lui-même le mal qui lui est arrivé; mais quand Dieu survient il en est autrement. Dieu s'approche comme si rien n'avait eu lieu; sans le péché, cette visite aurait été un honneur et une joie pour l'homme; avec le péché, il s'enfuit et cherche à se cacher de Dieu, comme il avait voulu se cacher à lui-même. Dieu dit à Adam: «Où es-tu?» Quelle chose horrible pour l'homme que d'être dans le cas de se cacher de Dieu. Il dit: «J'ai eu peur», parce que, devant Dieu, sa conscience est atteinte. Toute idée de jouir du péché a disparu, et il ne reste que Dieu que l'on craint et dont on ne peut s'approcher. La relation avec Dieu était, du côté de l'homme, irréparablement rompue.

«Qui t'a montré que tu étais nu?» Adam répond en accusant la femme et Dieu qui l'a donnée. La lâcheté entre dans l'âme avec le péché. Adam cherche à s'excuser par les circonstances et partage la faute entre la femme et Dieu; il laisse Dieu vider la question entre Eve et Lui. Une mauvaise conscience craint trop Dieu pour confesser son péché et sait trop bien qu'elle a péché pour le nier.

Si vous aviez pleine confiance en Dieu et que vous fussiez parfaitement sûr que Dieu vous aime, vous seriez heureux. Introduisez de la défiance où il y a du bonheur et des relations intimes, et tout le bonheur s'envole. C'est ce que Satan a réussi à produire dans tous nos coeurs. Vous ne vous fiez pas à Dieu pour votre propre bonheur et vous préférez vous fier à votre volonté et à vos efforts. Telle est l'origine du péché: l'incrédulité qui doute de Dieu, et c'est par là que Satan commence son oeuvre. Il persuade à l'homme que Dieu garde quelque chose pour Lui-même, de peur que l'homme ne soit aussi heureux que Lui.

La femme a tort de s'entretenir avec Satan; elle n'aurait pas dû écouter une voix qui venait jeter dans son âme des germes de défiance contre Dieu. Satan persuade en outre à tout homme que Dieu est trop bon pour nous juger si nous péchons, et l'homme, malgré le péché, espère et se persuade qu'il ne sera pas condamné. C'est la voix du serpent ancien. Dieu a démontré, dans la mort de son Fils, que le salaire du péché c'est la mort et la colère. La conscience, devenue mauvaise, se cache sa misère et sa nudité à elle-même. Tout l'effort du monde est de se cacher sa nudité devant Dieu; il voudrait ôter les effets extérieurs et grossiers du péché dans le monde, l'ivrognerie, le meurtre, le vol, etc. Ce sont des ceintures de feuilles avec lesquelles il cherche à se voiler sa misère. Mais en outre, maintenant que le péché est entre nos consciences et Dieu, on voudrait que quelque chose nous cachât de Lui. L'homme se sert pour cela des choses innocentes. Les arbres étaient dans ce cas; l'homme les emploie pour se cacher de Dieu et il prétend être innocent dans l'usage qu'il en fait. Quand la voix de Dieu réveille notre conscience, nous cherchons à nous cacher de Lui, mais cela est inutile. Dieu dit: «Où es-tu?» S'il le disait aujourd'hui à chacune de vos âmes, serait-ce une joie pour vous de venir en sa présence?

Dieu seul est notre ressource et notre refuge quand nous avons péché. Il n'y a que son pardon qui ôte la fraude du coeur, mais si vous vous cachez de Dieu, où en sont vos âmes? Dieu n'avait pas encore chassé Adam de sa présence, que déjà Adam avait fui la présence de Dieu. Notre conscience nous dit que, si nous avons péché, il n'y a ni feuilles ni arbres qui puissent nous cacher. S'il y a un Dieu juste, l'homme est nécessairement malheureux dans sa conscience; il ne peut vivre en paix dans le péché que s'il n'y a point de Dieu. Point de Dieu! c'est là toute l'espérance de l'incrédulité.

Adam cherche à s'excuser comme s'il n'avait rien convoité lui-même, comme s'il n'avait pas obéi à la femme, au lieu d'obéir à Dieu, comme s'il n'était pas responsable, autant qu'elle, d'avoir mangé de l'arbre.

Devant toute la bonté de Dieu, et quoiqu'il ait donné son Fils pour de pauvres pécheurs, vous n'avez pas confiance en Lui. C'est un péché; peu importe de quelle manière votre défiance se manifeste, votre ingratitude est démontrée.

Eve a écouté et cru Satan au lieu de Dieu; c'est ce que l'homme fait toujours et il espère, malgré cela, acquérir le salut et la vie éternelle! Tous les efforts que vous faites pour vous rendre heureux, démontrent que vous ne l'êtes pas. Pourquoi les arts et les plaisirs, si le monde était heureux? L'effet de la présence de Dieu serait d'arrêter vos plaisirs. S'ils sont incompatibles avec cette présence, où sera leur place dans la vie éternelle? Le péché n'est pas seulement défiance, désobéissance, mensonge, assujettissement à Satan, c'est aussi de chercher à s'étourdir loin de la présence de Dieu. L'homme peut se soustraire à cette présence pendant que la grâce dure encore. Satan, ses meilleurs amis selon le monde, l'aident à cela, mais ils ne le pourront plus quand Dieu jugera.

Dieu sait bien ce que vous êtes; il connaît l'iniquité de Satan qui veut faire de l'homme sa proie, mais il y a une réponse que Satan ne connaissait pas et dont l'homme ne pouvait avoir l'idée: Dieu fait une promesse. Il ne donne pas des promesses à ceux qui sont incapables d'en jouir, parce qu'il faut pour cela se confier en Dieu. La question est désormais entre le serpent et le second Adam. Dieu ne dit à Adam que des choses qui montrent les conséquences actuelles du péché. Il dit au serpent ce qu'il fera, puis il fait la promesse de Christ comme seule espérance de l'homme perdu, avant même qu'il l'ait chassé de Sa présence. Dieu révèle ce que Jésus fera en détruisant l'oeuvre de Satan.

On ne voit pas signe de repentance chez l'homme; il avait montré la lâcheté, la bassesse, la fraude de son coeur. Dieu ne parle pas de l'homme, mais de ses conseils et des réponses qu'il y a en Lui-même à un état pareil. Il annonce la «semence de la femme». Cette proclamation n'est plus maintenant une promesse, Jésus est venu; l'homme misérable avait pensé que Dieu, jaloux de son bonheur, n'avait pas voulu lui donner le fruit de l'arbre. Quel mensonge de Satan! Dieu qui semblait refuser un fruit à l'homme innocent, a donné son Fils à l'homme pécheur, et le coeur de l'homme est si perverti, qu'il n'a pas confiance en Celui qui a donné son Fils. Jésus, au lieu de fuir la condamnation, est allé au devant d'elle. Au lieu de charger, comme Adam, sa femme de son péché, il a pris sur Lui les péchés de celle qu'il a voulu pour Epouse. Il a rendu impuissant, par la mort, celui qui avait le pouvoir de la mort. L'effet de la mort de Jésus est de nous inspirer une parfaite confiance; elle nous met en relation avec Dieu, sans crainte et sans difficulté pour nous, parce qu'elle nous revêt quand nous sommes misérables et nus. La grâce a pris connaissance du péché, et le jugement a frappé le Fils!

Votre confiance est-elle en Dieu? Croyez-vous qu'en amour il a donné son Fils pour vous? Cette confiance rend l'obéissance facile et nous fait la préférer avec ses conséquences, et au milieu de toutes les difficultés, à notre propre volonté, parce que nous avons appris qu'il n'est rien de plus précieux que l'amour.