Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 138 – ME 1902 page 14 (Nombres 19) 1

Méditation de J.N.D. no 139 – ME 1902 page 33 (Colossiens 1: 1-14) 3

Méditation de J.N.D. no 140 – ME 1902 page 54 (Hébreux 2: 5-18) 6

Méditation de J.N.D. no 141 – ME 1902 page 74 (1 Corinthiens 1) 8

Méditation de J.N.D. no 142 – ME 1902 page 132 (Hébreux 11: 1-16) 10

Méditation de J.N.D. no 143 – ME 1902 page 195 (Hébreux 11: 17-29) 13

Méditation de J.N.D. no 144 – ME 1902 page 212 (Hébreux 11: 28-30) 15

Méditation de J.N.D. no 145 – ME 1902 page 233 (Hébreux 11: 30-40) 17

Méditation de J.N.D. no 146 – ME 1902 page 251 (Exode 15: 1-18) 20

Méditation de J.N.D. no 147 – ME 1902 page 471 (Colossiens 1: 9-29) 22

 

Méditation de J.N.D. no 138 – ME 1902 page 14 (Nombres 19)

Un grand principe se retrouve continuellement dans l'Ancien Testament, savoir l'effet de la présence de Dieu au milieu de son peuple. Ce principe suppose la grâce. Le Seigneur ne peut demeurer au milieu de son peuple que par grâce, car c'est par grâce qu'il l'a acquis pour Lui appartenir et l'a rassemblé (Exode 29: 43-46). Il en est de même de l'Eglise; Dieu veut la bénir par Sa présence au milieu d'elle, non dans le ciel, mais manifestée ici-bas, prenant connaissance de tout ce que son peuple fait, et étant pour lui la source de toute bénédiction. Israël n'était heureux et béni qu'en entourant le tabernacle.

La pensée qui nous est présentée en Exode 29, c'est que la puissance et la grâce de Dieu avaient été en oeuvre afin de retirer le peuple d'Egypte, de l'avoir à Lui et d'habiter au milieu d'eux, selon la sainteté qu'il avait manifestée et selon laquelle il agira toujours au milieu de son peuple. Il est leur Dieu, mais leur Dieu est saint. Quand il agit dans sa grâce, ce n'est pas la loi qui devient la règle de notre conduite, mais c'est sa présence au milieu de nous, et il agit selon ce que sa présence demande. Un homme naturel peut être gai et joyeux, parce qu'il ignore Dieu complètement et la légèreté de son coeur apaise en un sens sa conscience. Mais la présence de Dieu ne peut réellement réjouir l'âme que lorsque Dieu se révèle en grâce. Israël avait été délivré d'Egypte et des misères du péché qui l'obligeait à faire des briques sans paille. Dieu l'avait conduit dans le désert, à la demeure de sa sainteté, et désormais il agissait au milieu de son peuple selon la sainteté de sa présence. Il en est de même de nous. Dieu nous amène dans le désert, seuls avec Lui, et déploie ce qu'il est pour nous. Dans sa bonté, il nous fait souvent sentir la sainteté de sa présence par des souffrances et des angoisses, et néanmoins il agit toujours en grâce; il pense à son peuple qu'il a délivré pour l'avoir à Lui seul, et il demeure avec lui pour l'enseigner et l'instruire.

Il est de toute importance que nous comprenions la différence entre notre relation éternelle avec Dieu et l'effet de sa présence au milieu de nous. Les chrétiens se trouvent dans «le grand jour d'expiation»; ce qui n'avait de valeur que pour un an en Israël, est pour nous éternel, et nous sommes placés pour toujours en la présence de Dieu. Ces choses ne sont pas sensibles et palpables au milieu de nous comme en Israël, mais elles sont beaucoup plus réelles, car, par la mort de Christ, la sainteté de Dieu nous a été manifestée d'une manière beaucoup plus profonde. Nous sommes placés dans la présence de Dieu avec une chair de péché et au milieu d'objets qui agissent sur nos convoitises. Une âme inconvertie ne peut supporter cette présence; elle veut être heureuse sans la sainteté. Mais si nous avons goûté que le Seigneur est bon, nous aurons l'amour de la sainteté. Le Psaume 139: 1-12, exprime le sentiment du coeur qui n'est pas sous la grâce et rencontre la présence de Dieu. Quand il a senti que Dieu veut sauver, qu'il a sauvé, il désire que Dieu le sonde encore, comme on le voit à la fin de ce même Psaume. L'âme a compris que Dieu veut nous conduire à la gloire et désire qu'il la sonde et la purifie, afin que rien n'empêche la bénédiction. Sous la grâce, c'est une joie pour nous que Dieu prenne connaissance de tout. Il ne veut pas laisser en nous des choses qui nous empêchent de jouir de sa communion éternelle. Quelle joie pour le coeur! Vos coeurs ont-ils compris cela?

Pour ceux qui entourent le tabernacle de l'Eternel la souillure est quelque chose, tandis que pour le monde elle n'est rien. Dans le monde, pourvu que la société ne soit pas scandalisée, le péché est honorable et on le tolère. Mais la souillure empêchait un Israélite de s'approcher du tabernacle de l'Eternel. La souillure se communiquait. La tente de l'Eternel était là et l'Eternel ne supportait rien de ce qui pouvait la souiller. Si l'Eternel n'avait pas été là, ces souillures n'auraient pas même été mentionnées. Il avait aimé son peuple d'un amour éternel et l'avait racheté pour Lui. Mais Dieu veut que nous réalisions pleinement l'effet de sa présence dans nos consciences. Il nous a placés dans une telle relation avec Lui, qu'il veut que nos consciences sentent le péché comme il le sent, afin qu'elles ne se trouvent pas à l'aise dans le péché.

La génisse rousse était une offrande pour le péché. Elle représente Christ fait péché pour nous. C'est une offrande pure, mais censée souillée, parce qu'elle portait nos péchés. Le Saint Esprit nous ayant amenés à Dieu par le sang de Christ, nous sommes en sa présence selon l'efficace de ce sang. On brûlait la génisse, on conservait ses cendres et avec l'eau vive qui était versée sur elles, on aspergeait l'homme souillé. Ce n'était pas l'aspersion de sang faite une fois pour toutes, car c'est une seule fois, et pour toujours, que nous sommes justifiés en la présence de Dieu. Pour jouir de la communion avec Dieu, il faut que la puissance du Saint Esprit applique la mort de Christ à la conscience et au coeur. Quand cette communion existe, c'est comme si le péché n'existait pas; il ne reste rien entre nous et Dieu, et Il remplit nos coeurs pour que nous n'ayons aucune conscience de péché. Tel est l'état normal du chrétien. Mais s'il entre en contact avec le péché, il perd pour un moment la communion. Dieu ne peut être indifférent à notre indifférence pour Lui. Tout ce qui, en la présence de Dieu, n'est pas la communion avec Lui est un péché et interrompt cette communion. Nous sommes toujours ses enfants, mais, pour s'approcher du tabernacle, il faut être pur et sentir l'effet de la présence de Dieu sur sa conscience. Il n'est pas possible que Satan puisse prévaloir contre nous, mais il nous faut sentir, par le Saint Esprit, que le péché nous sépare de la présence de Dieu. Rien ne nous fait plus comprendre quelle distance il y a entre le péché et Dieu, que le fait qu'il a donné son Fils. Oui, quand je vois tout ce que Jésus a souffert sous la malédiction, et son amour à travers tout cela, quand je vois qu'il a été rejeté lui-même de Dieu comme une chose souillée, je comprends ce que c'est que le péché et je puis me juger selon la sainteté de la présence de Dieu, devant laquelle je suis introduit; je vois avec horreur où le vieil homme m'a conduit. Ce sont les cendres de la génisse. Quand la communion est perdue, il faut un peu de temps pour la retrouver et pour que l'âme soit pleinement restaurée. Le coeur doit être sondé et vidé du mal, alors, semblable au soleil, la présence de Dieu peut briller comme auparavant.

Dieu n'admet rien de mauvais en nous, car il veut nous faire jouir pleinement de Lui-même et de sa bonté. Ceux qui ont eu leurs âmes restaurées par cette grâce peuvent seuls connaître tout l'amour de Christ. Ne cherchons pas à éviter que Dieu nous sonde; laissons-le faire; Dieu est toujours amour. Cela finit par un coeur humilié et brisé, mais un coeur qui jouit de Dieu. Si l'application des cendres de la victime nous est pénible en nous faisant comprendre le péché, c'est qu'il y a en nous quelque chose à ôter et à restaurer.

 Méditation de J.N.D. no 139 – ME 1902 page 33 (Colossiens 1: 1-14)

Les épîtres sont toutes adressées à des personnes manifestées comme enfants de Dieu, jouissant des privilèges chrétiens, et elles leur donnent les préceptes qui conviennent à cette profession.

Le Saint Esprit demande ici que notre conduite soit digne du Seigneur; cela suppose que nous Le connaissons. Il ne s'agit pas seulement de ce qui est honnête ou séant devant les hommes, car Dieu ne peut prendre leur opinion pour règle de son jugement; c'est Lui qui nous donne, au contraire, la règle de sa sainteté. Si nous voulons plaire à notre voisin plutôt qu'à Dieu et être bien avec lui, c'est l'égoïsme; c'est déjà un principe de péché.

Je suis étonné parfois, en lisant la parole de Dieu, non pas que l'homme naturel ignore les privilèges chrétiens, mais qu'il ignore qu'il ne les possède pas. Quel est donc l'homme naturel qui pense à être fortifié par la puissance de la gloire de Dieu? Il est étonnant qu'il ne voie pas que ces idées-là lui sont étrangères et qu'il passe, sans s'y arrêter, devant ces expressions magnifiques qui signifient autre chose, assurément, que d'être honnête homme.

Maintenant je vous prie d'être attentifs à ce qui est dit ici (versets 12-14) avec tant d'assurance et de tranquillité de tous les chrétiens. Vous vous dites chrétiens. Voyez ce qui nous est dit de tous les chrétiens. Un chrétien peut dire que Dieu le Père l'a «rendu capable de participer au lot des saints dans la lumière». Douter que Dieu vous en ait rendus capables, c'est douter que vous soyez chrétiens. Le chrétien a été «délivré du pouvoir des ténèbres et transporté dans le royaume du Fils bien-aimé» et il a la rédemption, la rémission des péchés par son sang. Vous pensez peut-être qu'un chrétien qui dit cela de lui est un orgueilleux? Mais voici où est l'orgueil, c'est d'oser se dire chrétien sans avoir les caractères que la parole de Dieu dit leur appartenir, sans être dans leur état, sans posséder ce qu'ils possèdent.

Quand le Père agit, il ne peut se tromper, et ce qu'il fait est accompli et certain. «Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables…» C'est une chose de toute gravité de dire que Dieu nous a rendus capables d'entrer en sa présence dans la lumière et la demeure de sa sainteté. L'héritage, le lot des saints est celui de Christ lui-même (Romains 8: 18), de Christ en gloire, dans la lumière, en la présence de Dieu. Il est très grave de dire que je suis rendu capable de posséder la même gloire que Christ et cependant, si vous n'avez pas cela, vous n'avez rien. «Il nous a délivrés de la puissance des ténèbres»: ce sont les ténèbres de l'âme dont Satan, chef de ce monde, est le prince. Dieu est lumière; Christ, la pleine manifestation de Dieu, est lumière. Tout ce qui obscurcit Dieu, produit les ténèbres. Celui qui s'agenouille devant Plutus, ou celui qui passe sa vie à chercher des richesses, sont aussi bien dans les ténèbres l'un que l'autre. Celui qui préfère cinquante ans de plaisir à la vie éternelle, est dans les ténèbres. On peut parler de Dieu et ne savoir pas grand-chose; mais Christ est la lumière du monde. Plusieurs âmes ici peuvent dire qu'elles ont préféré bien des choses à Christ; ce sont des ténèbres. Ce ne sont pas seulement les païens qui sont dans les ténèbres en adorant, d'une manière grossière, leurs idoles. Un homme qui préfère les choses du monde à son salut, est dans les ténèbres; mais on peut y être d'une autre manière en ignorant le salut. Le païen qui se tourmente pour se sauver est dans les ténèbres, mais celui qui se dit chrétien et veut se sauver par son honnêteté et ses oeuvres, est aussi loin de Dieu et autant dans les ténèbres que celui qui s'immole sous le char de Jaggernauth pour obtenir le salut.

Nous sommes ténèbres: c'est notre état; si l'on est dans cet état au milieu de la lumière, cela rend les ténèbres encore bien plus évidentes. Quoi! les ténèbres, là où la Bible se trouve! Quand un homme, placé devant la lumière, ne voit rien, cela prouve qu'il est absolument aveugle; il en est de même pour les ténèbres du coeur. L'état terrible des âmes qui sont dans un pays où il y a la lumière, c'est que les ténèbres sont dans l'intérieur des coeurs. Si l'on a la science pour idole, comme amélioration du genre humain, tandis qu'elle n'est qu'une partie supérieure de la corruption humaine, et conduit, tout aussi bien que le reste, en enfer, cette idole, quoique plus subtile, n'est pas moins ténèbres. Accepter ceux qui seraient honnêtes et rejeter ceux qui ne le seraient pas, ne serait ni la miséricorde, ni la justice de Dieu. Il faut être transporté d'un royaume dans un autre. Dieu ne veut sauver les âmes qu'en les introduisant dans le royaume du Fils et en les délivrant de la puissance des ténèbres. Etes-vous transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé? Sinon, vous êtes dans le royaume des ténèbres. Si vous compreniez la justice de Dieu, vous sauriez que vous êtes perdus; si vous compreniez la miséricorde, vous sauriez que vous êtes sauvés. L'homme le plus savant du monde, s'il ne comprend pas ces choses, est dans les ténèbres. Suis-je transporté dans le royaume du Fils bien-aimé? Aussi longtemps que vous ne pouvez pas répondre à cela par l'affirmative, il n'y a point pour vous de paix possible, et si vous avez, hors de cela, une paix quelconque, cette paix conduit à l'enfer.

Dieu nous arrache à la puissance des ténèbres et nous donne la lumière; il nous ouvre les yeux. La première chose que la lumière fait, est de nous faire voir l'état de péché et de souillure où nous sommes. Du moment que mes yeux sont ouverts, je sens mon état de péché et je vois ma position devant Dieu. Le premier effet de la lumière n'est pas toujours la paix, mais avant tout de nous faire connaître notre état de péché. La lumière nous fait juger de tout, nous montre qu'il est impossible de cheminer comme nous cheminions auparavant. Impossible de marcher avec le monde, si je vois que le monde est dans les ténèbres. Je comprends que Satan est le prince de ce monde, et je n'ose pas continuer à cheminer avec Satan. Quand on a connu la lumière, on aime la lumière et l'on ne peut plus désirer d'être aveugle; on ne peut pas renoncer à la lumière.

La lumière nous fait voir d'autres choses que cela. Si je vois seulement mon état de ruine, je ne sens que ce qui me condamne; la conséquence en est qu'on reçoit la lumière, sans comprendre la grâce. Je ne puis songer à participer à l'héritage des saints, si je vois seulement que je suis pécheur. L'âme, néanmoins, ne peut plus désirer être aveugle, afin de ne pas voir qu'elle est sale. Elle aime mieux souffrir en se voyant souillée, et voir clair. C'est sans doute un triste état, dans lequel il n'est pas bon de rester. Nous possédons cette lumière et cette conviction de péché, parce que nous sommes transportés dans le royaume du Fils bien-aimé de Dieu. Qu'est-ce que le Fils bien-aimé de Dieu a fait quand il nous a transportés là? Il nous a délivrés de toute imputation de nos péchés. Tout ce que la chair a fait n'est plus imputé. Christ n'a pu avoir son royaume sans racheter l'Eglise. Booz n'a pu racheter l'héritage sans avoir Naomi avec l'héritage. De même Jésus a accompli l'oeuvre qui a obtenu la rémission éternelle des péchés de ceux qu'il a introduits dans son royaume. Quand ils ont compris l'Evangile, ils ont la certitude la plus simple et la plus évidente que Christ a expié leurs péchés, qu'il ne pouvait entrer dans la gloire sans avoir souffert, et racheter son héritage sans avoir racheté son épouse. Ce n'est pas seulement un effet produit par le Saint Esprit dans le coeur, des affections changées, c'est un royaume acquis, c'est l'âme transportée des ténèbres dans le royaume du Fils de son amour. Dieu nous a révélé ces choses pour nous en faire jouir; il nous transporte dans un autre air, nous affranchit du mal et nous fait vivre dans un royaume de lumière et de sainteté. Là où est l'Esprit de Dieu, là est la liberté, la liberté de vivre dans la sainteté et dans l'obéissance à Dieu.

Avez-vous cru que Dieu vous a transportés dans le royaume de son Fils et que vous avez la rédemption de vos péchés par le sang de Christ? Dieu sait bien ce qu'il pense du sang et il nous le fait connaître. Ce sang n'a pas, devant Dieu, une valeur flottante et incertaine, mais une valeur éternelle. Tous ceux qui sont dans le royaume, possèdent la rédemption. Autre chose est d'être en guerre, comme soldat de Dieu, contre Satan, ou d'être esclave de Satan. Il y a en nous des traîtres; ce sont nos convoitises, qui ouvrent volontiers la porte à Satan; mais nous sommes dans le combat, parce que nous sommes soustraits à la puissance des ténèbres et à celle de l'ennemi. C'est le résultat du fait que nous sommes sauvés et transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé.

Si nous avons été transportés dans ce royaume, tout ce qui y est nous appartient. Les frontières des deux royaumes sont tracées de la main de Dieu. On peut passer de l'un à l'autre, sans même le savoir parfaitement, mais il n'y a point de confusion entre eux. Celui qui, dans la lumière, voit ses péchés, peut se croire perdu, mais il se trompe et il ne voit pas encore que Christ, quand il les a portés en son corps sur le bois, a effacé pour toujours les péchés de ceux qu'il a sauvés.

Méditation de J.N.D. no 140 – ME 1902 page 54 (Hébreux 2: 5-18)

Dans le chapitre 1, l'apôtre avait parlé de la divinité de Christ et de la gloire de sa personne que les anges étaient appelés à adorer, il parle au chapitre 2 de son humiliation et du résultat de cette humiliation qui est de nous exalter dans le ciel. «Etant riche, il a vécu dans la pauvreté pour nous, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis» (2 Corinthiens 8: 9).

«Qu'est-ce que l'homme?» Cette expression est employée de plusieurs manières dans la Parole. Plus on sonde ce que l'homme est, plus on voit qu'il est impuissant et misérable, qu'il passe, et que sa propre faiblesse le conduira en peu d'années à sa fin. En Job 7: 17, cette question vient d'un esprit d'aigreur; dans le Psaume 8, elle a trait à la patience de Dieu. Job montre que l'homme ne vaut pas la peine que Dieu s'arrête à lui; le Psaume 8 montre, en présence de la faiblesse de la nature humaine, la patience admirable de Dieu. Mais Dieu fait cas de l'homme, parce qu'il a uni à Christ les intérêts de ceux qu'il a sanctifiés.

La prophétie du Psaume 8 est accomplie en ce que l'homme, dans la personne de Jésus, est déjà couronné de gloire et d'honneur. Mais toutes choses ne lui sont pas encore assujetties. Il a dû être glorifié comme homme, et l'on voit ici la manière dont il s'est identifié avec nous. C'est en vue de ce que l'homme est, faible et souillé par le péché, de ce qu'il a gâté l'oeuvre de Dieu et mis le désordre dans l'univers, que cette identification a eu lieu. Pour être glorifié selon les conseils de Dieu, il a fallu qu'il devînt homme, qu'il s'identifiât avec l'homme. Quand nous pensons à ce qu'il était comme Fils de Dieu, nous comprenons la grâce immense qui l'a fait s'associer à nous. Il a dû être traité de Dieu selon l'ordre de choses, au milieu duquel il s'était placé, et en prendre toutes les conséquences, souffrances, misères, afflictions, mort, jugement. Il a ainsi tout souffert de la part de Dieu, tandis que, de la part des hommes, il souffrait pour la justice.

Il était convenable que Dieu consacrât le Chef de notre salut par des souffrances. Jésus, pour nous amener à Dieu, s'est mis en avant pour recevoir, de la main de Dieu, tout ce qui nous était dû, et Dieu, ayant voulu nous amener à la gloire, a dû faire passer son Fils par des afflictions, et agir envers Lui, dans ce monde, comme ayant pris notre place. S'étant exposé à tout pour nous, la conséquence naturelle est qu'il nous identifie avec Lui dans sa gloire, car, sans cela, ses souffrances auraient été inutiles et sans fruit. Il a voulu traiter comme ses frères ceux qui sont sanctifiés.

En Israël, celui qui sanctifie était l'Eternel, et il n'était pas vrai que Celui qui sanctifie et ceux qui étaient sanctifiés étaient «tous d'un». Il y avait une distance infinie entre eux (Lévitique 20). En Christ, ils sont tous d'un, d'une même origine, d'une même nature en résurrection. Ce n'est pas la majesté de Dieu, qui nous sanctifie par la terreur; c'est Dieu, la Parole faite chair, qui a été traité comme subissant toutes les conséquences du péché, se plaçant dans nos circonstances, et nous unissant à Lui-même, en nous communiquant sa vie. C'est ici un principe tout nouveau pour nos âmes, entièrement différent de ce que Dieu était auparavant. Jésus s'approche de nous, est tenté en toutes choses, semblable à nous à part le péché, afin de nous sanctifier, et il nous sanctifie en nous identifiant avec Lui-même en résurrection.

La sanctification n'est pas seulement que nous sommes mis à part pour Dieu, sanctifiés par son sang; il s'agit ici d'une véritable sanctification pratique du coeur. Jésus, comme homme, nous attire à Lui par la communication de sa vie, nous unit, nous identifie avec Lui-même; il n'a pas honte de nous appeler ses frères. L'apôtre cite, comme une preuve de la relation de Jésus avec nous, ce passage: «Je me confierai en Lui» (verset 13). Jésus s'est anéanti et s'est placé dans les circonstances d'un fidèle, ayant besoin de se confier en l'Eternel. Il dit: «Je me confierai en Lui». Quel abaissement! Quelle gloire de son amour, qu'il se soit identifié avec nous jusqu'à ce point, qu'il ait eu besoin, comme nous, de se confier en l'Eternel! C'est une chose très douce pour le coeur. Il a crié à Dieu, et Dieu l'a exaucé (Psaumes 34: 6). Il jouit de la pensée que les débonnaires l'entendront et se réjouiront (verset 2). Nous voyons, en Hébreux 5: 7, que Jésus a trouvé cet exaucement dont il a eu besoin Lui-même. Il a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes, et a été consacré comme souverain sacrificateur, en passant lui-même par nos circonstances et en étant traité de Dieu comme l'un de nous aurait dû l'être.

Rien ne peut priver l'âme de la conscience et de la joie que nous sommes identifiés avec Jésus. Notre faiblesse nous fait sentir l'efficace de cette grâce, car même nos péchés nous apprennent à connaître la gloire de l'amour de Jésus.

Méditation de J.N.D. no 141 – ME 1902 page 74 (1 Corinthiens 1)

Dieu a fait de la croix la pierre de touche de tous les sentiments, de toutes les pensées de l'homme. Tous ceux qui ne reconnaissent pas la puissance et la sagesse de Dieu dans la croix, sont rejetés avec toutes leurs pensées. La sagesse humaine ne peut l'apprécier; il faut qu'elle soit obligée de s'en remettre à la sagesse de Dieu. Tout ce qui est dans l'homme ne fait que l'aveugler. Dieu a revêtu sa sagesse, sa puissance et sa gloire de cette forme, la croix, afin que l'homme, par sa sagesse, ne la comprit pas. Considérons donc, comment la croix de Christ anéantit la sagesse humaine.

Pour obtenir le salut, il ne s'agit pas de raisonnements. Celui qui a faim a besoin de manger et non de raisonner. De même, raisonner ne sert de rien à ceux qui périssent; c'est la croix qui les sauve. L'homme n'aime pas la croix, parce qu'elle démontre l'état de son coeur. Dieu n'a pas pu épargner le péché, quand son Fils même a été fait péché, et l'homme voit là ce que Dieu pense du péché. Même la justice de l'homme est une chose honteuse en présence de la croix. La sagesse de l'homme ne sonde jamais le coeur humain pour lui faire dire qu'il est pécheur. La philosophie veut juger Dieu et ne veut pas que l'homme soit jugé par Lui, tandis que la foi nous place devant Dieu, comme devant un juge. La philosophie religieuse est encore pire que l'autre, en jugeant ou voulant juger ce que Dieu est, car ce qu'il faut, c'est la conscience et une conscience éclairée de Dieu.

En présence de la croix, la conscience juge et condamne le péché et rend impossible de s'endurcir. Rien n'est plus humiliant, car alors il faut recevoir le salut et en être redevable à un autre, pour pouvoir paraître devant la sainteté de Dieu.

Poursuivez-vous les plaisirs, ou êtes-vous satisfaits de votre sagesse ou de votre justice? Y a-t-il peut-être ici des âmes qui pensent qu'il y a des plaisirs innocents? Comment jugerez-vous de cette innocence, sinon par la croix de Christ? L'amour de Dieu a envoyé son Fils souffrir sur la croix, et, en présence de la croix, peut-on déclarer innocentes les choses dans lesquelles les passions se développent et qui nourrissent la chair? Ce qui est précieux au coeur de Dieu, c'est la croix de Christ. Si l'on voyait Christ crucifié au milieu d'une danse innocente, que deviendrait cette danse? Tout notre plaisir serait gâté, car Satan a inventé les plaisirs pour que les âmes en jouissent loin de Dieu. Dès que la conscience est atteinte, on juge tout cela, parce que Dieu le juge.

Mais peut-être n'avez-vous pas cherché les plaisirs, et cela vous donne une bonne opinion de vous-mêmes. Vous êtes donc justes? La propre justice est une enveloppe difficile à traverser. Les gens de mauvaise vie sont plus près du royaume des cieux que les justes. L'homme orgueilleux, le propre juste, résiste plus qu'un autre. Comment la croix de Jésus le juge-t-elle? Comme plus éloigné du royaume des cieux qu'un pécheur, parce que vous résistez davantage et que vous accepteriez volontiers en Dieu un grain de miséricorde qui puisse suppléer à ce qui vous manque pour avoir une opinion parfaite de vous-mêmes. Vous êtes éloignés de Christ, et la croix le démontre.

Si vous avez besoin de la croix de Christ, d'où cela vient-il? Avez-vous assez péché pour mériter la condamnation? La croix de Christ le déclare, mais la propre justice a l'effronterie de se présenter devant la croix, comme si elle n'en avait pas besoin, et c'est un péché beaucoup plus grand encore que de suivre ses plaisirs. Votre justice est-elle celle d'un coeur qui pense à Dieu et suit le Seigneur Jésus? Non, c'est l'hypocrisie qui couvre un peu la grossièreté du péché et voudrait donner bonne apparence au mauvais état de l'âme.

Nous voyons dans la croix la puissance et la sagesse de Dieu. La sagesse de Dieu juge de toutes choses selon leur état, et la puissance de Dieu tire l'homme de l'état où il se trouve. La puissance de Dieu nous met en état de vouloir et de faire autre chose que ce que nous voudrions. Un homme qui connaît le bien et ne peut le faire, ne manifeste pas la puissance de Dieu. Tous les efforts que l'homme peut faire, aboutissent à une bonne opinion de lui-même. Cela ne rétablit pas sa relation avec Dieu. Si Dieu ne nous aimait pas dans notre état de péché, ce ne serait pas l'amour de Dieu pour de pauvres pécheurs, mais pour des gens qui sont capables de faire quelque chose. Dieu justifie l'impie; il n'a pas à justifier des justes. Il faut que nous soyons des objets de l'amour de Christ, quand nous sommes parfaitement impuissants. Christ s'est approché de nous, là où nous sommes. La croix a démontré que Dieu peut s'occuper de nous en amour, quoique méchants et souillés. Elle a démontré la justice de Dieu, son horreur du péché, lorsqu'il a frappé son Fils, fait péché pour nous. Elle a mis en lumière la vérité de Dieu, car le salaire du péché, c'est la mort. Elle a manifesté la sagesse de Dieu et la puissance de Dieu. Ce qui montre le plus cette puissance, c'est de trouver un homme pécheur éloigné de Dieu, et de le ramener à Lui. La croix répond à tous les besoins du coeur de l'homme.

Rien de plus difficile que de rétablir la confiance quand elle est perdue. En donnant son Fils, Dieu a pris mon cas en considération et a fait tout ce qui était nécessaire pour m'inspirer toute confiance.

Ce qui est encore difficile, c'est de nous faire confesser le mal. La croix de Christ produit cet effet, devant lequel la philosophie est impuissante. Elle produit la vérité dans l'homme.

Rien n'est plus difficile à guérir, que des passions très fortes. Quand la croix de Christ est connue, tout est complètement changé: Christ nous devient précieux; les objets de nos passions deviennent abominables à nos yeux et nous aimons ce que nous haïssions.

Ce qui est difficile aussi, c'est qu'une mauvaise conscience devienne bonne. Plus je suis éclairé, plus je vois les taches et les souillures de mon âme. La puissance de Dieu, par la croix, peut donner une bonne conscience, parce que, tout en montrant l'état de péché du coeur, la croix montre que tout est effacé; elle change le coeur, et donne une bonne conscience. Confessant ce que nous sommes, et le coeur étant vrai, la paix avec Dieu est établie. Voilà comment la croix devient la sagesse et la puissance de Dieu pour la conscience qui en a besoin.

Tout cela n'exalte pas l'homme. Notre part dans la croix, c'est que nous avons commis le péché et que nous avons crucifié Christ. Si l'homme avait pu ajouter quelque mérite à la croix de Christ, il sen serait vanté; mais il est impossible qu'un homme qui a conscience du péché, puisse se glorifier d'avoir crucifié le Seigneur Jésus.

Tel est l'homme en présence de la croix. Comment en profitera-t-il? Par la foi. Si cela a été accompli pour nous et hors de nous, il ne nous reste qu'à bénir Dieu et à croire ce qu'il a fait. Dieu a pu montrer, dans la croix, tout ce qu'est le péché, en montrant sa grâce à l'égard du péché. La propre justice, comme tout le reste, est jugée à la croix. La conscience en prend connaissance. Il faut que la croix de Christ juge tous les mouvements cachés du coeur, tout en ôtant le péché. On ne peut en jouir qu'en croyant ce que Dieu a fait. Dieu justifie qui? Les méchants. L'homme n'a d'autre part dans sa justification que ses péchés, dont il a besoin d'être justifié. Dieu ne veut pas laisser dans votre coeur ce qui vous donnerait bonne opinion de vous-mêmes. Il vous faut découvrir ce que vous êtes et trouver la parfaite paix. La croix est la seule chose qui mette la vérité dans le coeur.

Vous aimez, n'est-ce pas, à avoir une bonne opinion de vous-mêmes, et aussi que les autres aient une bonne opinion de vous? La croix détruit tout cela. On sait, peut-être, que Christ a sauvé des pécheurs et l'on voudrait trouver en soi les fruits qui font qu'on est un chrétien. Ce n'est qu'une autre forme de la propre justice. Quand nous voyons que nous sommes pécheurs et perdus, nous savons où nous en sommes. Ce n'est pas l'Evangile, que de vouloir trouver en soi des fruits pour être élu. La base de la confiance évangélique, c'est l'oeuvre de Dieu, le prix de la croix de Christ, aux yeux de Dieu lui-même. Avant que Dieu entre dans mon coeur, il sait beaucoup mieux que moi les choses qui y étaient avant qu'il y entrât. La conscience simple, vraie, se repose sur la grâce de Dieu, manifestée à la croix et saisie par la foi. Dieu a accompli en Jésus l'oeuvre qui efface le péché, et gagne ainsi mon coeur.

Vous reconnaissez-vous comme de pauvres pécheurs, nus devant Dieu? Que Dieu sonde vos coeurs, vous fasse voir ce que vous êtes, et déchire le voile, afin que vous vous connaissiez pleinement et que vous voyez que Dieu a jugé vos péchés sur la croix!

Méditation de J.N.D. no 142 – ME 1902 page 132 (Hébreux 11: 1-16)

Après les grands traits de la foi dans le sacrifice d'Abel, la vie d'Enoch et la connaissance de l'avenir en Noé, nous voyons Abraham attendre la cité qui a des fondements, le plein accomplissement des pensées de Dieu qui, seul, peut satisfaire l'attente de la foi. Ensuite viennent des traits plus particuliers, tels que: compter sur Dieu, non pas malgré la difficulté, mais malgré l'impossibilité. De pauvres pêcheurs ont dit à la montagne de se jeter dans la mer, et cela s'est accompli. La foi ne s'informe pas des moyens; elle n'y pense pas; elle compte sur la promesse de Dieu, quand on pourrait croire qu'elle manque de prudence. Du moment qu'il s'agit de moyens qui rendent une chose facile à l'homme, si l'on s'attend à ces moyens, ce n'est plus l'oeuvre de Dieu. Quand il y a impossibilité, il faut, que Dieu intervienne. La foi ne regarde pas aux circonstances, mais à la volonté de Dieu qui fait tout. L'Eglise est faible dans la foi, c'est pourquoi nous la voyons compter sur des moyens extérieurs pour faire l'oeuvre de Dieu. Souvenez-vous que, du moment où, selon l'homme, les choses sont faisables, il n'est besoin ni de foi, ni de l'énergie du Saint Esprit. On voit des chrétiens travailler beaucoup pour produire très peu de chose; lorsque la foi agit, les résultats sont selon la puissance de Dieu (verset 42). Il est évident que pour avoir de grands résultats cette puissance doit agir; elle choisit les choses faibles pour anéantir les fortes; Dieu veut se glorifier et non pas que l'homme se glorifie.

On sème avec larmes, et partout où se fait une oeuvre bénie il y a d'abord des douleurs d'enfantement. L'âme sent les difficultés, et Dieu veut nous faire éprouver que nous sommes sans force en toutes choses. Mais si l'on sème avec larmes, on moissonnera avec chants de triomphe.

Tous ceux-ci (verset 13) sont morts dans la foi les Juifs attendaient le Messie selon la promesse de Dieu. Nous avons aussi la promesse du retour du Seigneur. Les apôtres sont morts dans la foi sans voir l'accomplissement de la promesse. C'est ce qui rend la vie du chrétien à la fois heureuse et difficile, parce qu'il n'atteint jamais ici-bas les choses que Dieu a promises. Si un homme met beaucoup d'ardeur à poursuivre quelque chose, c'est qu'il l'espère: telle est la vie de la foi. Celui qui possède, ne déploie plus d'énergie pour obtenir. Nous avons ici-bas le privilège de pouvoir être fidèles au milieu des difficultés et des choses ennemies; nous ne l'aurons pas dans le ciel, où nous jouirons sans difficultés de la présence de Dieu et où toutes nos affections seront en plein exercice. En attendant, il faut semer avec larmes, et les difficultés s'élèvent d'autant plus, que les affections sont plus entièrement au Seigneur.

Non seulement ces hommes de foi étaient «étrangers et voyageurs»; ils en ont fait profession. On voit quelquefois des gens qui veulent être religieux dans leur coeur et n'en pas parler; ce n'est pas l'énergie de la foi. Voir le monde perdu et condamné et avoir des espérances dans le ciel, a pour effet de nous faire parler et agir comme étrangers; il faut que cela se montre dans toute la vie; le coeur est déjà loin de la scène actuelle et il ne reste au croyant qu'à déloger.

«Ceux qui disent de telles choses montrent clairement qu'ils recherchent une patrie» (verset 14). C'est évidemment une profession ouverte, publique, un témoignage rendu à Christ. Nous ne serions pas contents d'un ami qui n'avouerait pas nous connaître, lorsque nos circonstances sont difficiles. Ainsi un chrétien qui se tient caché est un très mauvais chrétien.

Lorsque, pour le croyant, les difficultés s'élèvent, qu'on l'insulte, qu'on l'abandonne, si ses affections ne sont pas fixées sur Jésus, le souvenir du monde lui revient au coeur. Mais si sa foi est fixée sur Christ, il salue les choses qu'il a vues de loin, ne songe pas à ce qu'il a quitté et n'a, comme objet de ses pensées, que «les choses qui sont devant», pareil à Rebecca, quand elle se rendait au-devant d'Isaac.

En Philippiens 3: 7, 8, Paul ne renonce pas, ne se prive pas de certaines choses dans un moment d'exaltation, pour s'en repentir ensuite. Son coeur étant rempli de Christ, il ne se souvenait des autres choses que comme des ordures.

«S'ils se fussent souvenus de la patrie dont ils étaient sortis, ils auraient eu du temps pour y retourner» (verset 15). Un vrai chrétien aimerait mieux mourir que de retourner au monde, car il veut avoir part à la résurrection d'entre les morts. Il y a une persévérance du coeur qui démontre que les affections sont toujours en avant et en haut, changées et tournées vers les choses de Dieu, vers ces choses célestes qu'on désire. «C'est pourquoi Dieu n'a point honte d'eux, savoir d'être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité» (verset 16). Leur Dieu, le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob! Et pour les chrétiens fidèles il n'est pas seulement le Père, mais notre Père. Il aurait honte d'être appelé le Dieu d'un mondain et qu'il pût être dit qu'il est en relation avec quelqu'un qui recherche les misérables plaisirs de ce monde, ou la vanité, ou l'argent; oui, Dieu aurait honte de cette relation. Mais il n'a point honte d'être le Dieu de ceux qui sont affectionnés aux choses célestes. Jésus dit: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu». Celui qui ne renonce pas à tout, ne peut être son disciple. Nous sommes dans la même position de renoncement que Jésus, mais aussi dans la même relation avec Dieu. Dieu a honte d'être appelé le Dieu de celui dont les affections sont les affections corrompues de la chair et du monde.

Si la grâce avait entraîné après Dieu le coeur de ces hommes de foi, Dieu de son côté, avait travaillé pour eux et leur avait «préparé une cité». Dieu s'occupe de nous. Si nous sommes occupés de son oeuvre, semant avec larmes et professant d'être étrangers et pèlerins sur la terre, il travaille, selon sa gloire infinie, pour préparer la gloire pour nous, et il trouvera son repos à nous introduire dans ce repos. Nos travaux sont chétifs ici-bas; le travail de Dieu est glorieux et nous prépare la gloire.

De deux choses l'une; il faut ou la chair ou la foi; impossible de rester à mi-chemin. Le but du chrétien ne peut être que les choses célestes. On peut essayer d'employer le christianisme à améliorer le monde. Dieu n'en veut rien. Les désirs, les besoins du nouvel homme, sont tous célestes. Chercher à améliorer le monde par le christianisme, c'est vouloir nous attacher au monde et aux choses terrestres. Dieu veut nous attacher au ciel; il faut que vous ayez le ciel et la gloire, ou le monde et la perdition. Dieu qui a préparé la cité ne peut vouloir un entre-deux.

Le désir de cette «patrie meilleure» est le désir d'une nature qui est d'en haut et ne peut être satisfaite qu'en retournant à son origine. Comment serais-je pèlerin et étranger, si je cherchais les choses terrestres et l'amélioration du monde? Dieu nous adresse un appel céleste; si nous y répondons il n'a point honte de s'appeler notre Dieu et notre Père.

Dieu crible l'âme pour en séparer la balle et préparer le grain pur pour son grenier, et quand nous verrons la gloire du vrai Salomon, nous dirons comme la reine de Sheba: «On ne m'en avait pas rapporté la moitié». La cité que Dieu nous prépare est digne de Dieu, digne de ses affections aussi bien que de sa gloire.

Que Dieu, dans sa bonté, agisse sur nos âmes pour purifier nos affections, pour nous faire jouir de Lui-même et nous amener à professer que nous sommes des pèlerins et des étrangers sur la terre.

Méditation de J.N.D. no 143 – ME 1902 page 195 (Hébreux 11: 17-29)

Nous avons vu (méditation 142) les croyants faisant profession qu'ils étaient étrangers et pèlerins sur la terre. Nous voyons ici la foi produisant une pleine confiance dans le Dieu de la promesse, quelles que soient les circonstances qu'elle traverse.

«Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac». Abraham tenait plus aux promesses de Dieu qu'aux affections naturelles. Ce qu'il y avait de plus terrible dans son épreuve, c'est que Dieu avait désigné Isaac comme la semence acceptée de Lui et comme l'objet des promesses. Mais Dieu voulait montrer sa puissance d'une manière plus glorieuse et comment les promesses seraient accomplies, malgré l'opposition de Satan. Le Messie lui-même a dû, dans un sens, renoncer aux promesses qui lui avaient été faites, puisque, pour sauver l'Eglise, il a dû passer par la mort. Mais ce qui est établi dans la résurrection, au delà de la mort, a une fermeté que Satan est hors d'état d'ébranler. Abraham obéit, s'attachant entièrement et directement à Dieu lui-même et, dût-il tout sacrifier à la parole de Dieu, il sait que Dieu est fidèle et qu'on peut renoncer même à la vie, certain de la retrouver selon la puissance de Dieu, en résurrection. La foi compte sur Dieu, le voit, et ne pense pas aux conséquences. Dieu arrête le bras d'Abraham et confirme les promesses à sa semence. C'est ainsi qu'en obéissant nous apprenons à connaître les voies de Dieu, que nous n'aurions jamais soupçonnées sans cela. L'infidélité nous fait perdre la joie, la force de la vie spirituelle, et nous ne savons plus où nous en sommes. Mais la foi n'a qu'à compter sur Dieu, sans savoir comment Dieu nous tirera d'affaire. Nos infidélités de chaque jour ne sont pas autre chose que le manque de confiance en Dieu. Quand, au fond, vous ne doutiez pas de la volonté de Dieu, vous avez pu hésiter de la faire; c'est que vous vous arrêtiez aux conséquences, et que vous vous trompiez quand vous pensiez être plus heureux en vous épargnant des difficultés qu'en vous attachant à Dieu. L'obéissance peut nous faire souffrir, mais elle nous fait trouver Dieu mieux qu'auparavant. Dieu nous donne assez de lumière pour suivre sa volonté, mais pas assez pour voir les conséquences. Abraham obéit et sacrifie Isaac, sans prévoir comment Dieu tiendrait sa promesse. Où il y a une pleine confiance en Dieu (verset 19), on trouve une intelligence que d'autres ne connaissent pas. L'obéissance nous rapproche de Dieu et nous place ainsi dans la lumière. L'obéissance nous rend intelligents.

La foi (versets 21, 22) conduit à l'espérance d'un avenir selon les promesses de Dieu; l'esprit d'obéissance étant là, nous sacrifions tout quant au présent; les choses futures nous deviennent familières et nous agissons suivant cette connaissance. C'est ainsi que la gloire à venir est pour la foi comme si elle allait avoir lieu demain. Joseph pense au lendemain en donnant des ordres touchant ses os.

La confiance en Dieu donne aux parents de Moïse (verset 23) la foi pour le cacher. Dieu agit d'avance et prend soin de Moïse avant de se servir de lui. Aux versets 24-26, on trouve un principe remarquable. Quoique la providence de Dieu soit précieuse, le coeur charnel emploie cette providence à l'encontre de la foi. La providence avait conduit la fille de Pharaon vers Moïse enfant, le lui avait fait élever, comme son propre fils, à la cour du roi, dans toute la sagesse des Egyptiens. En apparence la providence le plaçait là pour y déployer son influence en faveur d'Israël. La première chose que fait sa foi, c'est de quitter tous ces avantages, parce qu'elle compte sur Dieu et non sur les circonstances, et ne prend conseil que de Lui seul. Moïse, voyant le peuple de Dieu dans l'opprobre, s'identifie par la foi avec lui et prend la même place que lui. Dieu recommande cette foi à notre attention par son Esprit. Moïse aurait pu, par son influence, soulager Israël, mais le peuple serait demeuré esclave en Egypte et la puissance de Dieu n'aurait pas été révélée. La foi est imprudente, mais elle a cette prudence éternelle de compter sur Dieu et rien que sur Lui; elle discerne ce qui est de l'Esprit, et si quelque chose n'en est pas, ce n'est ni de la foi, ni de Dieu.

Au fond, s'en tenir à la providence aurait été vouloir goûter «les délices du péché». Les hommes ne parlent jamais de providence que pour leur fortune et leurs aises dans ce monde; ils aiment le monde, et veulent s'appuyer sur les circonstances au lieu de s'appuyer sur Dieu. On ne parle plus de la «bonne providence» quand on est ruiné.

Christ est toujours dans l'opprobre et le monde ne change jamais. Si le chrétien, par la chair, se rapproche du monde et cède ses privilèges à Satan, le monde, lui, ne se rapproche jamais du chrétien; n'ayant pas l'Esprit, il ne peut s'approcher de celui qui a l'Esprit.

Moïse paraissait s'être affaibli en préférant aux richesses d'Egypte l'opprobre du peuple de Dieu, et, plus encore, du peuple de Dieu dans un mauvais état. Il peut être, en effet, dans la plus triste condition, mais la foi l'identifie toujours avec les promesses divines et le juge, non selon son état, mais selon la pensée de Dieu. Moïse, identifiant Israël avec Dieu, est plein d'énergie contre le mal et compte sur l'Eternel pour son peuple. Il estime l'opprobre de Christ, un plus grand trésor que les richesses d'Egypte, «car il regardait à rémunération» (verset 26).

Nous avons besoin, dans la vie chrétienne, de penser à la rémunération, pour porter la croix et l'opprobre. On a souvent confondu la rémunération avec la justification. Le chrétien, justifié par la foi, peut penser à la rémunération promise au chrétien. Dieu dispense, selon son conseil arrêté, des récompenses diverses, une place à la droite de Jésus, une autre à sa gauche. Nous ayant sauvés, il veut nous exciter, nous fortifier, nous consoler par la promesse d'une rémunération. Il nous soutient dans la carrière où la foi nous fait entrer, par la conscience qu'il y a une récompense. Il faut être dans la carrière pour penser aux résultats de la carrière.

Moïse quitte le monde (verset 27). Celui-ci voudrait nous persuader d'être «bons chrétiens», sans y mettre de l'exagération et d'aller avec les autres. La foi nous donne du courage pour jeter, de droite et de gauche, ce qui nous empêche d'atteindre la gloire. Le chrétien quitte nécessairement l'Egypte, parce que Dieu n'y a pas placé la gloire, et il veut être avec le peuple de Dieu pour l'atteindre. Dieu ne veut pas que son peuple soit en Egypte. Vous savez ce qu'est le monde. Réussir dans le monde, être bien placé dans le monde, c'est tout autre chose que le ciel. Tout ce qui est dans le monde, n'est pas du Père, mais est du monde. Quitter le monde quand on en est chassé, n'est pas la foi; c'est montrer qu'on tient à y rester aussi longtemps qu'on peut. La foi quitte le monde, parce qu'elle s'identifie avec le peuple de Dieu qui n'a rien à faire avec lui. La foi agit selon ses principes, et non parce qu'elle est chassée du monde.

Moïse voit Celui qui est invisible (verset 27) et c'est ce qui le rend ferme. Quand nous réalisons la présence de Dieu, Dieu est tout et Pharaon n'est rien. La foi ne rend pas les circonstances moins dangereuses, mais elle possède Dieu dans les circonstances. Ces dernières, dans la communion avec Lui, deviennent l'occasion d'une obéissance paisible. Si l'on n'est pas en communion avec Dieu, on ne trouve que faiblesse et incertitude dans les difficultés.

Ce qui suit (versets 28-31) s'applique à la confiance dans les moyens ordonnés de Dieu pour le salut: la Pâque, c'est-à-dire le sang et son efficace, la mer Rouge, c'est-à-dire la mort et la résurrection, tandis qu'on voit en Moïse la providence, la foi qui quitte tout, la décision et la fermeté de la foi qui s'attache aux choses invisibles.

L'effet de la foi est de nous placer dans les difficultés, mais d'y réaliser la présence de Dieu.

Méditation de J.N.D. no 144 – ME 1902 page 212 (Hébreux 11: 28-30)

Nous avons vu, dans les versets précédents, Moïse s'identifiant, par la foi, avec le peuple de Dieu et quittant l'Egypte sans craindre la colère du roi. On trouve (verset 28) la simplicité de la foi qui croit Dieu sur parole et demeure tranquille quand le jugement s'exécute.

Dieu manifeste sa puissance dans la délivrance de son peuple, mais ce n'est pas ainsi que l'oeuvre se présente au début. Il y a d'abord une confiance entière au jugement que Dieu prononce sur le pécheur et au moyen de salut que Dieu offre. On trouve des brigands parmi les sauvés et d'honnêtes gens parmi les condamnés. Si Dieu entre en jugement avec l'homme, nul homme vivant ne sera justifié. Nous sommes ici-bas au milieu des maux que le péché a occasionnés. Israël ne peut être délivré sans Dieu, mais il faut que Dieu soit Dieu, qu'il reste saint; il faut qu'Israël soit ce qu'il est, et que Dieu le voie tel.

Dieu vient à l'homme, apportant le sang; rien de plus simple et de plus humiliant. Il faut croire au jugement de Dieu et à l'efficace que Dieu attache au sang. Le jugement est nécessaire, sinon le sang ne le serait pas. Le sang est la confession qu'il faut Dieu, pour que nous soyons garantis des résultats du péché. Le sang est placé sur la porte; Israël n'est pas touché.

C'est une soumission entière au jugement de Dieu, l'aveu qu'il n'existe de différence entre Israël et les Egyptiens que celle que le sang a faite. Rien n'arrête le jugement; il renverse tout, sauf le résidu sauvé, au déluge, à Sodome, en Egypte. Le chrétien reconnaît qu'il est coupable et que, si Dieu entre en jugement avec l'homme, nulle âme vivante ne sera justifiée. Il faut croire simplement que Dieu fera ce qu'il a dit et que le sang est efficace. Naaman en est un exemple; il doit aller au Jourdain et se fier à la parole d'Elisée et à la simplicité du moyen proposé. Dieu indique le remède le plus insignifiant pour le coeur naturel. L'homme, avec sa force, ne peut rien faire, et Dieu, d'un seul mot, peut tout faire. Un peu de sang sur la porte, et Israël sera sauvé. La foi reconnaît la culpabilité, se fie au moyen de salut que Dieu propose, selon la simplicité de ses voies, et se soumet à la justice de Dieu. Le jugement de Dieu ne peut toucher ceux qui ont le sang pour sauvegarde, sinon Dieu manquerait à sa parole et à tout son Etre. La foi simple s'arrête à ce que Dieu dit, que le sang de Jésus Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.

Dieu commence par nous humilier en nous montrant que nous sommes coupables et que son jugement va nous atteindre, si le sang ne nous garantit pas.

La frontière entre les royaumes de Dieu et de Satan, c'est la mort et le jugement. On ne sort du royaume de Satan qu'en traversant la mer Rouge, la mort et le jugement, parce que le jugement de Dieu condamne nécessairement le péché. Le pécheur est dans le royaume de Satan qui a la mort en sa puissance; or la mort est, quant à l'intention de Dieu, un jugement.

Quand Dieu s'occupe de l'état de son peuple, il faut qu'il le voie pécheur, mais Israël a affaire avec Dieu comme Sauveur. Dès ce moment, tous les rapports de Dieu avec Israël sont ceux d'un Sauveur. Dieu a pris connaissance de leur état, leur présente le sang, prend leur cause en main, les fait sortir d'Egypte. Du moment que le sang a été mis sur la porte, Dieu s'est chargé de tout ce qui regarde son peuple. Il ne peut les conduire dans le désert pour les y laisser périr; il ne peut changer la mort et le jugement, mais il en fait le moyen d'une délivrance éternelle. Ce qui aurait été la destruction de nos âmes, la mort, est devenu ce qui nous sauve, parce que Jésus est mort pour nous. Satan a le pouvoir de la mort — comment nous y soustraire? Goliath eut la tête tranchée par l'épée qu'il portait lui-même: par la mort, Jésus a détruit celui qui avait la puissance de la mort. Puisque Dieu a voulu délivrer son peuple, il faut qu'il se charge du jugement. «Où est l'agneau pour l'holocauste?» dit Isaac à son père. «Dieu», répond Abraham, «se pourvoira de l'agneau pour l'holocauste». Dieu s'est pourvu de son propre Agneau pour le sacrifice; il a donné son Fils. A un tel sacrifice, il faut un dédommagement immense, et c'est la destruction éternelle de la puissance de Satan sur le peuple de Dieu. Dans la résurrection de Jésus, le jugement est entièrement terminé, Dieu a revendiqué les droits qu'avait Satan dans la mort et les a anéantis. Satan a voulu se mesurer avec Dieu, et le résultat en est la destruction éternelle de sa puissance et une délivrance magnifique du peuple de Dieu. Dans la résurrection du Seigneur Jésus, les ennemis de Dieu sont anéantis. S'il s'agit de nous devant Dieu, tout est humiliation, mais s'il s'agit de l'ennemi et des voies de Dieu envers lui, il s'est enfoncé comme du plomb dans les eaux magnifiques et le peuple a trouvé une parfaite délivrance.

Oui, tout est humiliation pour nous, mais s'agit-il des accusations de Satan, la résurrection est la réponse. Nous avons passé la mer Rouge et laissé Satan en Egypte. Pour nos âmes, le sang est la réponse à nos péchés. Dieu a dû livrer son Fils, mais il a dû le glorifier. Ainsi la méchanceté de Satan a été l'occasion de l'exaltation de Jésus et de l'Eglise dans la gloire. Si nous sommes dans la poussière à cause du péché, nous sommes dans la gloire, en réponse à toutes les méchancetés de l'ennemi.

Ceux qui veulent traverser la mort et le jugement par eux-mêmes sont engloutis dans les eaux de la malice de Satan et de la colère et du jugement de Dieu. Pour Israël, pour celui qui est en Jésus, c'est à pied sec qu'il peut y passer. Dieu place son peuple devant Lui; il n'est composé que de pauvres pécheurs. Il s'occupe d'eux, prend leur cas en considération, présente le sang, justifie, prend leur cause en main, et pourvoit pleinement à tout dans la mer Rouge, dans le désert et en Canaan. Dieu s'est chargé de tout, même de nos péchés. Il châtie, humilie, instruit son peuple dans le chemin, mais il se charge de tout. Notre place devant Dieu est toujours l'humiliation, mais la foi sait que si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Il peut y avoir des afflictions, mais rien qui nous sépare de l'amour de Dieu en Jésus. Les murs de Jéricho tombent par la foi (verset 30).

Que Dieu nous garde toujours dans cet anéantissement de nous-mêmes en Sa présence, et en même temps dans la conviction que tout est à la charge de Dieu et que rien ne peut nous séparer de son Fils. Quand il n'y a que le sang, je regarde à Dieu et je sais que Dieu est pour moi; mais si je cherche quelque chose en moi-même, Dieu cesse d'être ma force.

Méditation de J.N.D. no 145 – ME 1902 page 233 (Hébreux 11: 30-40)

L'Esprit de Dieu, après avoir exposé dans ce chapitre les principes particuliers de la foi, nous en donne les traits généraux dans les versets que nous venons de lire. Le peuple avait fait la Pâque et traversé la mer Rouge comme une terre sèche. L'homme en est réduit, pour être sauvé, à la foi simple en la Parole et au sang de l'Agneau. Ce qui nous est présenté ici, ce sont des moyens qui, en apparence, ne produisaient aucun effet. Les murs de Jéricho tombèrent par la foi après qu'on eut sonné des trompettes et fait le tour de la ville pendant sept jours. Il y avait là, pour Israël, de quoi avoir honte en présence de ses ennemis, mais les choses qui paraissent ridicules et faibles ne le sont pas quand elles viennent de l'Eternel et ont lieu devant Lui. Pour la foi, les murs de Jéricho n'existent pas, la mer Rouge et le Jourdain ne sont pas des obstacles, et si les ennemis de Dieu se rassemblent contre nous, ils ne font que nous fournir l'occasion d'une victoire plus éclatante.

Le fondement de la foi, c'est la parole de Dieu, et cette Parole puissante emploie même les choses que nous craignons, jugement, mort, pouvoir de Satan, pour nous donner la victoire. Il est important pour nous de ne jamais regarder à l'homme, aux circonstances, aux difficultés. La foi réalise que Dieu est là, et quand il a dit une chose elle va de l'avant, sans même penser aux difficultés.

La foi dans l'individu (verset 31) ne reconnaît que la présence de Dieu. S'il avait fallu déterminer quelle personne devait être sauvée à Jéricho, on n'aurait sans doute pas nommé Rahab. Mais Rahab, par la foi, reconnaît Dieu dans son peuple. Elle était une Cananéenne et en outre une femme de mauvaise vie; mais la foi abolit toute différence entre les hommes, parce que tous ont péché, et reconnaît que Dieu est riche en miséricorde envers tous ceux qui l'invoquent. La foi identifie la gloire de Dieu avec son peuple, quoique ce dernier manque souvent à manifester cette gloire. Il en était de même de la foi de Rahab (Josué 2: 10, 11). Le monde qui l'entourait devait s'avouer que le peuple de Dieu avait le dessus, et son coeur se fondait malgré toutes les démonstrations par lesquelles il cherchait à affirmer sa puissance. Mais il est indifférent que le monde soit fort ou faible; la foi reconnaît que Dieu est avec les siens, accepte Son jugement et s'identifie avec Son peuple. Rahab, malgré toutes les difficultés, prend parti avec le peuple de Dieu,

L'Esprit passe rapidement sur les cas mentionnés aux versets 32-40. Au fond, la foi s'exerce toujours quand les promesses de Dieu ne sont pas encore accomplies. Israël, une fois entré, en Canaan, ayant manqué comme peuple, la foi agit individuellement dans son état de décadence, chose précieuse pour nous, au milieu de la ruine de l'Eglise.

On voit (verset 32) que tous ces hommes ont agi par la foi quand ils étaient dans la détresse et sous l'oppression. La foi se manifeste, non pas quand tout va bien, mais quand tout est difficile. Ce qui est appelé ici la foi est appelé l'Esprit de Dieu dans l'Ancien Testament. La puissance de la foi est celle de l'Esprit de Dieu agissant en nous, mettant en activité un Samson, un Jephthé, comme instruments, demeurant éternellement en nous et produisant des fruits, manifestant enfin la vie de Christ dans notre corps mortel. La foi est la confiance en Dieu qui, par le Saint Esprit, révèle sa puissance à nos âmes. Cette puissance se manifeste dans tout le cours de la vie chrétienne. Les chrétiens sont souvent arrêtés, parce qu'ils mettent leurs propres forces en regard de la tentation, au lieu de s'en rapporter uniquement à la puissance de Dieu. Un chrétien marchera bien, tant que certaine difficulté qui arrête sa foi ne s'est pas présentée. Cette difficulté qui met la chair en jeu, nous arrête. L'un objecte sa famille, l'autre son avenir. Comme homme je comprends toutes ces objections, mais il s'agit de Dieu et je n'ai rien à savoir de tout le reste. Si devant les difficultés quelqu'un n'a pas la foi, il ne reste qu'à prier pour lui. Dans les affaires de la vie, tous les moyens qu'on emploie pour se tirer d'embarras ne signifient autre chose que: «Je n'ai pas la foi qui compte sur Dieu, qui se rapporte entièrement et seulement à Lui». L'accomplissement du devoir conduit toujours à des difficultés, mais j'ai la consolation de dire: «Dieu est là et la victoire est certaine», car sans cela il y aurait quelque chose de plus fort que Dieu. Cela demande une parfaite soumission pratique à la volonté de Dieu, l'anéantissement de soi-même. Quand la foi agit, des choses admirables sont produites par la puissance de Dieu.

Si les enfants de Dieu sont fidèles, il les laisse dans l'épreuve et les difficultés pour mettre en évidence tout ce qui, en eux, n'est pas de l'Esprit. Dieu permet aussi que le mal ait son cours et nous éprouve, pour que nous comprenions que le but de la foi n'est pas du tout ici-bas, et pour nous apprendre que, dans les circonstances les plus difficiles, Dieu peut intervenir comme au sacrifice d'Abraham ou à la mort de Lazare. Jésus laisse mourir Lazare, afin de montrer que la puissance de Dieu peut non seulement arrêter la maladie, mais encore ressusciter les morts. Dieu permet tout ce qui écrase Marthe et Marie, pour que nous comprenions que toute la puissance de la vie qui domine la mort est en Jésus (verset 35).

Le verset 36 contient une chose très douce pour nous. Nous nous sentons souvent éloignés de ces grands exemples de foi, mais on trouve ici le train ordinaire et journalier de la persécution; des moqueries, des coups, des liens, la prison; mais nous pouvons être certains que nous serons tourmentés en proportion de notre fidélité et du témoignage que nous rendons contre le prince de ce monde.

En résumé, tandis que l'homme s'arrête aux circonstances qui l'entourent, le chrétien va plus loin et voit que, par les circonstances, Satan agit contre lui pour l'inciter au mal, mais il sait, en même temps, que Dieu permet l'activité de l'ennemi pour nous éprouver et pour briser notre volonté.

S'arrêter aux circonstances, c'est l'incrédulité. Bien souvent nous ne pouvons approfondir les voies de Dieu à cet égard. «Satan», dit Jésus, «mettra quelques-uns de vous en prison». Le Seigneur aurait pu l'empêcher, mais ne l'a pas voulu. «Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous élève quand le temps sera venu». Le péché, c'est agir selon notre volonté; donc, la chose la plus importante, c'est que notre volonté soit brisée. Notre vie n'est pas de ce monde et nos souffrances doivent être celles de Christ, dont Paul dit qu'il les achevait en son corps.

La foi agit sans jamais recevoir les choses promises; Dieu veut que nous vivions par la foi et dans l'épreuve. Il n'y aura plus de foi quand nous serons entrés en possession de ces choses. Nous avons la présence du Saint Esprit qui nous fait savoir que tout ce que Dieu a donné à Christ nous appartient. Les fidèles de l'Ancien Testament n'avaient pas ce privilège.

«Desquels le monde n'était pas digne». Cela est dit de tous. C'est l'écriteau mis sur le peuple de Dieu. Si les chrétiens ne sont pas tout autres que les mondains, pourrait-on dire d'eux: «Le monde n'en est pas digne»? Il est humiliant pour nous que notre témoignage soit si peu fidèle et que nous participions si peu à la vie de Christ; autrement le monde ne serait pas digne de nous et nous rejetterait. Que Dieu nous donne pleinement cette part, et que le Seigneur soit notre force dans notre infirmité!

Méditation de J.N.D. no 146 – ME 1902 page 251 (Exode 15: 1-18)

Ce cantique est un cantique de délivrance, mais je voudrais considérer ce qu'il nous dit de la demeure de Dieu. Or le Saint Esprit nous présente toujours la fin dès le commencement, car il ne peut rester en deçà des conseils de Dieu et de la gloire de Christ.

Dieu demeure dans une lumière inaccessible qui ne nous regarde pas, si ce n'est pour provoquer notre adoration. Mais, quand Dieu veut entrer en relation avec ses créatures, il vient habiter au milieu d'elles. Sans doute, il demeure au milieu des anges, comme au milieu de créatures glorieuses et parfaites, mais du moment qu'il est question d'alliance, de développement des conseils de Dieu, de grâce, de pardon, de médiation, Dieu ne prend pas les anges, mais la semence d'Abraham; il veut demeurer avec les hommes. Après le péché, le paradis de l'homme ne pouvait être la demeure de Dieu, car Dieu ne peut demeurer avec le pécheur, ni s'entretenir avec lui. Mais à mesure que le conseil de Dieu se déploie, on trouve que son intention est de demeurer avec son peuple.

La demeure de Dieu nous est présentée ici sous trois aspects.

1° Le salut est plus que la délivrance; il est aussi ce en quoi nous sommes introduits après avoir été délivrés. Extérieurement, il nous introduit dans le désert, mais nous ayant sauvés pour l'éternité, Dieu demeure au milieu de nous, comme il dit en Exode 29: 46: «Je les ai fait sortir du pays d'Egypte, pour habiter au milieu d'eux». Plus tard, Dieu habite en gloire dans le temple de Salomon. Ensuite, il vient demeurer en Jésus, dans un homme qui est son temple, et enfin, nous sommes édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit.

«Il a été mon salut; il est mon Dieu, et je lui préparerai une habitation» (verset 2). Ayant senti le bonheur d'avoir Dieu pour nous, nous désirons qu'il demeure avec nous. Il est impossible que nous ayons goûté la grâce de Dieu sans désirer cela. Ce désir se rencontrera toujours si l'âme est sincère et fidèle; jamais, si elle veut conserver quelque relation avec le péché. La pensée que Dieu est terrible et qu'il est préférable qu'il ne soit pas trop près de nous, ne peut naître que de la chair; mais quand on connaît Dieu comme Sauveur, le désir qu'il habite avec nous ne peut manquer.

«Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté; tu l'as guidé par ta force jusqu'à la demeure de ta sainteté» (verset 13). Au désert, Dieu avait amené Israël à Lui-même. Sa première parole en Sinaï est: «Vous avez vu ce que j'ai fait à l'Egypte, et comment je vous ai portés sur des ailes d'aigle, et vous ai amenés à moi» (19: 4), mais:

3° Il dit: «Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Eternel! le sanctuaire, ô Seigneur! que tes mains ont établi» (verset 17). Dieu se préparait encore un lieu où il voulait habiter avec son peuple; c'était un sanctuaire établi, une gloire préparée. Jésus dit de même: «Je vais vous préparer une place». Dieu a préparé la gloire pour y demeurer, pour y être vu. Cette gloire sera visible et manifeste, et Dieu nous y conduira; c'est le sanctuaire où il demeure.

On trouve donc ici ces trois choses: 1° le désir du coeur que Dieu habite avec nous; 2° la certitude qu'il nous a conduits à la demeure de sa sainteté; 3° la révélation que Dieu nous conduira au lieu qu'il a préparé pour son habitation.

Dieu répond par Nathan au désir de David: «L'Eternel te bâtira une maison». Aussi longtemps que David, type de Christ, est l'homme de guerre, il ne peut pleinement édifier le temple. Ce travail glorieux est réservé à Salomon, l'homme de paix (1 Chroniques 17: 9-12). C'est lui qui bâtit la maison (2 Chroniques 6: 2). Salomon est le type de Christ qui bâtit la maison en gloire, accomplissant ainsi le vœu et le désir de nos coeurs.

Ce n'est pas la connaissance du salut individuel qui remplit le coeur du peuple, à la mer Rouge, mais le désir que Dieu ait un domicile fixe au milieu des siens. Peut-être Dieu dira-t-il, comme à David: Ce n'est pas encore le moment. C'est néanmoins là que tendent tous nos désirs, en vue de l'accomplissement des choses promises. Il y aura plus qu'un tabernacle, il y aura un sanctuaire, un domicile fixe que les mains de Dieu ont établi. En attendant, Dieu nous a conduits à la demeure de sa sainteté. C'est la position de l'Eglise. Les chrétiens ne peuvent se contenter, comme Salomon, que Dieu soit dans les cieux et eux sur la terre. Ils désirent par l'Esprit que Dieu ne soit pas comme un étranger qui vient loger chez eux une nuit, en passant (Jérémie 14: 8). L'Eglise peut être affaiblie et dans un triste état, mais elle ne peut abandonner le désir que Dieu soit au milieu d'elle. «Vous êtes édifiés ensemble, pour être une habitation de Dieu par l'Esprit» (Ephésiens 2: 22). Les enfants de Dieu réunis ensemble, deviennent la demeure de Dieu, et l'Esprit anticipe au milieu d'eux ici-bas ce que Christ fera dans la gloire.

Il y a donc ces deux grandes idées: la certitude que Dieu nous a conduits à la demeure de sa sainteté, et celle que nous ne sommes pas encore dans l'héritage, mais que nous y entrerons.

Le Saint Esprit saisit l'espérance de la gloire de Dieu et nous la donne; il l'anticipe; il ne nous fait pas croire que nous accomplirons cela de nous-mêmes; c'est Christ qui l'accomplira dans la gloire. L'Esprit est un Esprit d'unité; il rassemble les enfants de Dieu pour que Dieu demeure au milieu d'eux par ce même Esprit. C'est leur joie de sentir cette présence selon le principe du rassemblement en un des enfants de Dieu, car «il y a un seul corps et un seul Esprit». Les délices du coeur de Dieu, c'est d'habiter au milieu de son peuple en attendant la gloire. Il y a, dans cette habitation, une grande puissance de sainteté. Le Saint Esprit a pu demeurer en Jésus, parce qu'il était parfaitement pur et saint; il peut habiter en nous, parce que le sang de Christ nous purifie de tout péché. L'effet de cette présence est de nous faire cheminer selon la pureté et la sainteté qui nous appartiennent. Dieu châtie le peuple, parce qu'il demeure avec lui; il a laissé marcher les nations en suivant leurs voies, parce qu'il ne demeurait pas au milieu d'elles. Sa sainteté n'en était pas compromise. La présence de Dieu au milieu de nous a pour effet que tout en nous soit jugé; sans cela, les châtiments s'abattront sur nous et si les châtiments sont méprisés, notre chandelier sera ôté.

Que Dieu fixe cette pensée dans nos coeurs! Que, par le Saint Esprit, nous désirions qu'un tabernacle soit dressé dans lequel Dieu demeure. Le domicile fixe sera la gloire. C'est Christ-Salomon qui le bâtit. Que de choses la présence de Dieu briserait et détruirait, si l'homme voulait dresser, sans le Saint Esprit, un tabernacle pour Dieu. Dieu connaît notre faiblesse; il ne peut supporter le mal, et sa présence le juge et le châtie dans son peuple.

Pouvons-nous désirer que la présence de Dieu se manifeste au milieu de nous sur la terre? Quel privilège immense d'être la demeure de Dieu! Quelle puissance de sainteté cette présence produit! La conséquence en est de manifester le mal, puis de nous en délivrer par les châtiments, les afflictions ou la discipline.

Méditation de J.N.D. no 147 – ME 1902 page 471 (Colossiens 1: 9-29)

On ne peut méconnaître pour soi-même le fait que souvent nous nous traînons ici-bas, au lieu d'être «fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire», et que nous sommes sans force dans le combat que nous avons entrepris. Cela vient de la faiblesse de notre foi. Il n'y a pas de remède à cela, sinon que Jésus soit plus clairement révélé à nos âmes. L'apôtre suppose l'assurance du salut et que l'on soit rendu capable de «participer au lot des saints dans la lumière».

J'admets que vous avez cette assurance; mais, pour jouir de ces choses, le chrétien ne doit pas en rester là. Il nous faut comprendre ce qu'est «le royaume du Fils bien-aimé», l'héritage des saints, pour sentir la puissance de cette position dans la vie ordinaire. La présence du Saint Esprit donne seule de la force à ces choses. Un chrétien, occupé des choses de ce monde, sait qu'il est sauvé, mais il marche faiblement, parce que sa conscience n'est pas occupée des choses célestes, et qu'elles ont perdu leur effet sur lui. Il faut que l'Esprit agisse pour que nous soyons débarrassés du train de ce monde. L'apôtre habitait dans le ciel et présentait Jésus aux autres chrétiens, pour les exciter à remporter la victoire. Ayant parlé de la rédemption, il est conduit à présenter la personne de Christ, au verset 15. Il parle de «Christ en nous» (verset 27). Les prophètes avaient annoncé le Messie et la gloire. Pour les Juifs, sa présence était la gloire même. Mais Christ est venu, et nous ne sommes pas dans la gloire. Il y avait un mystère pour les gentils: «Christ en vous, l'espérance de la gloire». Avoir le Messie promis et non la gloire, c'était en effet un mystère. Par la puissance, en Esprit, de Christ demeurant en nous, tout ce que Dieu lui a donné, nous l'avons en espérance. Paul suppose que nous sommes rachetés et que nous comprenons le salut de nos âmes. Il ne s'agit pas ici de progrès, mais de tous les chrétiens qui sont rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière, ayant Christ en eux, l'espérance de la gloire.

Au verset 15, Christ est présenté comme l'image du Dieu invisible. Personne n'a jamais vu Dieu, si ce n'est en Celui en qui Dieu a été manifesté en chair, glorifié en Esprit, vu des anges. En voyant le Seigneur Jésus, j'ai vu Dieu; en connaissant ses voies, sa gloire, je connais Dieu. Dieu est avec moi dans ma nature humaine; ce sont des choses dans lesquelles les anges désirent regarder de près. Ayant trouvé le Seigneur, j'ai trouvé Dieu dans toute sa gloire; Dieu en amour, Dieu près de moi, dans ma nature, et j'ai trouvé mon repos en la présence de Dieu lui-même. Qu'est-ce qui peut troubler la présence de Dieu? Et si j'ai Dieu, qui est-ce qui me jugera, puisqu'il m'a déjà conduit dans la demeure de sa sainteté? L'âme trouve un repos et une puissante énergie dans la conscience qu'elle possède, en Jésus, Dieu dans toute sa gloire, et le porteur de cette gloire a anciennement expié mes péchés. Nous avons, en Jésus, la certitude de voir Dieu: «Il est l'image du Dieu invisible». Jésus est aussi le premier-né de toute la création, en tant qu'il a pris la forme humaine comme chef de la création et médiateur, comme second Adam. Il s'est fait homme pour nous et toutes choses ont été créées par lui et pour lui. Il est le chef de toute la création; il en est le centre de bénédiction et de gloire (Hébreux 1: 1, 2).

On trouve encore une autre primauté de Christ au verset 18. Il est le chef du corps, de l'Eglise. Il existe une relation spéciale entre la Tête et le corps. Il dirige, gouverne, vivifie l'Eglise qui, comme corps, est le complément de la Tête. Elle est «la plénitude de Celui qui remplit tout en tous». Etant identifiée avec le Seigneur Jésus, l'Eglise est établie sur toutes choses, Jésus comme Tête, l'Eglise comme corps. Ce sont donc trois aspects sous lesquels Jésus nous est présenté: Image de Dieu, Chef de la création, Chef de l'Eglise qui jouit avec Lui de la suprématie sur toutes les choses qu'il a créées.

Dans ce but, Jésus a dû être couché parmi les morts, expier nos péchés, purifier l'Eglise pour se la présenter sans tache. Etant ressuscité, il communique la puissance de la résurrection à tous les membres de son corps.

(Verset 20). Dieu veut réconcilier toutes choses avec Lui. Quant à nous qui croyons, il nous a maintenant réconciliés. L'Eglise est réconciliée, «les choses» ne le sont pas encore. La création n'était pas tombée de sa propre volonté, mais bien l'homme; il était par conséquent plus éloigné de Dieu qu'elle. Jésus commence par réconcilier ce qui était le plus éloigné, et l'effet de cette oeuvre est de nous faire paraître irrépréhensibles aux yeux de Dieu.

L'apôtre était serviteur de l'Evangile, pour prêcher à toute la création sous le ciel (verset 23), et serviteur de l'Eglise pour révéler pleinement et en détail la gloire de Christ et accomplir la Parole pour qu'aucune des révélations de Dieu ne reste cachée à l'Eglise. Il voulait remplir les coeurs de l'espérance de la gloire de Dieu. C'est cette espérance qui agit sur nos affections. Il faut l'espérance pour marcher en avant et nous donner de l'activité et du courage. Dieu nous sauve en espérance, pour nous donner des motifs qui agissent sur nos coeurs et les détachent du monde. La croix arrête les accusations de Satan; mais Christ dans la gloire nous conduit en avant par son Esprit habitant en nous, qui prend les choses de Christ pour nous les communiquer.

La gloire de Christ n'est pas une chose effrayante; c'est la gloire d'un homme que nous connaissons, qui nous aime, s'occupe de nous et a été plus familier avec les pauvres pécheurs que les pécheurs même.

Que Dieu nous donne la capacité spirituelle de regarder à Jésus pour nous sortir de la mauvaise atmosphère qui nous environne et qu'il nous fortifie en toute force selon la puissance de sa gloire.