Lettres de Darby J.N.

 

Lettres de Darby J.N. 1

Lettre de J.N.D. no 284 – ME 1902 page 19. 1

Lettre de J.N.D. no 285 – ME 1902 page 39. 2

Lettre de J.N.D. no 286 – ME 1902 page 57. 3

Lettre de J.N.D. no 287 – ME 1902 page 58. 3

Lettre de J.N.D. no 288 – ME 1902 page 120. 5

Lettre de J.N.D. no 289 – ME 1902 page 137. 5

Lettre de J.N.D. no 290 – ME 1902 page 159. 7

Lettre de J.N.D. no 291 – ME 1902 page 177. 8

Lettre de J.N.D. no 292 – ME 1902 page 216. 9

Lettre de J.N.D. no 293 – ME 1902 page 238. 11

Lettre de J.N.D. no 294 – ME 1902 page 257. 12

Lettre de J.N.D. no 295 – ME 1902 page 279. 14

Lettre de J.N.D. no 296 – ME 1902 page 297. 14

Lettre de J.N.D. no 297 – ME 1902 page 339. 16

Lettre de J.N.D. no 298 – ME 1902 page 359. 17

Lettre de J.N.D. no 299 – ME 1902 page 360. 18

Lettre de J.N.D. no 300 – ME 1902 page 379. 18

Lettre de J.N.D. no 301 – ME 1902 page 417. 19

Lettre de J.N.D. no 302 – ME 1902 page 419. 20

Lettre de J.N.D. no 303 – ME 1902 page 439. 21

Lettre de J.N.D. no 304 – ME 1902 page 460. 21

 

Lettre de J.N.D. no 284 – ME 1902 page 19

à Mr P.S.

Londres, janvier 1871

Bien-aimé frère,

Il n'y a pas, que je sache, d'autre passage, ou plutôt aucun dans l'Ancien Testament, qui parle explicitement comme Hébreux 9: 21. Je crois que votre application du passage est juste, mais si Christ remet le royaume, la stabilité de toutes choses en bénédiction repose sur son sang et sur son oeuvre. Ces mots: «L'agneau de Dieu qui ôte le péché du monde», vont, je n'en doute pas, jusqu'aux nouveaux cieux et à la nouvelle terre, même les mots «abolir le péché»; car si les cieux ne sauraient être coupables, ils ont été souillés.

Nous venons d'envoyer un millier de francs aux frères de Paris. — Un excellent frère a trouvé qu'une masse de ballots de comestibles qu'on avait expédiés, avaient été pris par les autorités pour les distribuer et n'étaient pas parvenus à leur destination. Un frère se rendait à Paris pour les affaires de sa maison, et s'est chargé de l'argent. Nous ne savons pas encore, mais on pense faire une collecte générale, et je crois que les frères campagnards, soit du côté d'Orléans, soit dans les contrées de Montbéliard, seraient tout autant dans le besoin que ceux de Paris. Puisque S. est en Suisse, peut-être pourriez-vous, par son moyen, nous informer si l'on peut faire parvenir des secours ou s'il vaut mieux attendre que la paix soit conclue, et puis chercher à les remonter un peu, quoique ce ne soit que peu de chose.

Nous avons des nouvelles d'Orléans, au moins d'un frère; je pense qu'il en est à peu près de même pour tous. Il a perdu toutes ses bêtes, au moins onze vaches, chevaux, poules, avoine, foin.

Mlle H. est en relation avec quelqu'un de ces côtés-là. Elle avait demeuré à Paris et y avait été active.

Votre tout affectionné.

Lettre de J.N.D. no 285 – ME 1902 page 39

à Mr P.S.

Angleterre, février 1871

Bien cher frère,

Voici la onzième lettre que j'écris aujourd'hui, et de plus des épreuves pour l'imprimeur. Grâce à Dieu, nous cheminons tous en paix et unis; il y a faim et soif de la Parole, en sorte que, quoique le travail ne discontinue pas, on est encouragé.

Votre pauvre France! J'ai vu A. P. aujourd'hui, il a l'air de croire qu'on n'est pas encore au bout, je ne sais, moi, mais j'espère qu'on n'en est pas loin; il se peut bien que ce soit le commencement de la fin, mais que pour le moment on rentrera dans la tranquillité, et ce serait un soulagement. On pensait ici qu'on allait être énormément occupé à Paris, et voici que tout est de nouveau troublé. Quant au résultat, il est entre les mains de Dieu qui dirige tout. Tous les rois du monde ne peuvent faire un cheveu noir ou blanc sans Lui, et il gardera les siens. Il est de toute importance pour les frères français de sentir maintenant qu'ils sont du ciel, de ne pas permettre que les maux qui sont venus sur eux les aigrissent, et qu'ils regardent vers Dieu au lieu de se passionner contre les hommes. Je comprends combien tout cela doit leur être pénible comme hommes, mais la grâce peut tout, et si les coeurs sont dirigés vers Dieu, on sentira Sa main, «la verge» à coup sûr, et «qui l'a ordonnée», et non la main de l'homme qui n'est après tout que la verge sans connaissance. Notre «bourgeoisie» est dans les cieux. Le monde est tellement loin de Dieu, que rien ne m'étonne. Je crois, d'après ce que A. P. me dit (il n'est pas converti), que les protestants en France un peu sensés, sentent la ruine morale dans laquelle on était tombé avant la ruine extérieure. Certes, si nous avons été épargnés, c'est la pure bonté de Dieu. Quoiqu'il en soit, nos frères en France nous sont plus chers que jamais, parce qu'on a pensé à eux et prié pour eux dans le jour de leur détresse. Mais cela a pour moi l'effet de renvoyer un peu l'attente du Seigneur. Le bois est plus long quand on s'y trouve, que quand on le voit du dehors comme un tout.

J'ai dit ce qu'était Brix. C'est le manuscrit d'une assez ancienne version latine, mais qui est toujours en accord avec T. R. La comparaison exacte de tous les versets vous met bientôt un peu au courant de ces choses. C'est un fait inexplicable selon les systèmes critiques, aussi ne suis-je nullement satisfait de ce qu'on dit sur les manuscrits les plus vantés.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 286 – ME 1902 page 57

à Mr P.S.

Angleterre, 1872

Bien cher frère,

Je ne savais pas si la demande d'avoir des données sur les frères pouvait être un piège, car c'est ce que Mr B. m'avait demandé, peut-être pour s'occuper d'eux en France. Il m'avait demandé de communiquer avec son journal. Là-dessus j'ai prié le Seigneur, et après avoir hésité, je lui ai répondu, mais en lui disant quels étaient les principes chrétiens sur lesquels nous nous fondions; ajoutant que je comprenais bien que cela n'allât pas pour un article de journal, mais que les articles de journaux n'étaient pas mon affaire, et qu'il s'agissait de vivre pour Christ, que le monde avait rejeté; je lui avais donc communiqué en toute simplicité ce qu'il m'avait demandé.

Il s'avouait catholique, et dévoué au catholicisme; sa lettre était simple et honnête. Je lui ai répondu en chrétien. J'aimerais bien vous montrer ma lettre; j'en ai conservé une copie. Il demandait que je le misse en relation avec quelqu'un en France qui pût le renseigner sur les frères; j'ai senti que ma part était d'être chrétien là comme ailleurs.

Lettre de J.N.D. no 287 – ME 1902 page 58

à Mr P.S.

Londres, mai 1872

Bien-aimé frère,

Ma réponse à votre lettre a été retardée par une visite en province, décidée avant mon départ pour le continent, mais réalisée seulement maintenant. Grâce à Dieu, j'ai passé un temps heureux, et trouvé les coeurs ouverts à la Parole. J'espère qu'il y aura de la bénédiction.

Le passage de Colossiens 2: 12, présente des difficultés dans le grec, c'est-à-dire dans la ponctuation et la construction de la phrase. Il y en a qui placent une virgule après «baptême», lisant tout le reste ensemble et rapportant le «dans lequel» au «en qui» du verset 11; d'autres qui le rapportent à «baptême». Dans le premier cas, le «étant ensevelis», etc., est une espèce de parenthèse se rapportant au verset qui précède, et le confirmant par l'idée de l'ordonnance du baptême, et il me semble dans ce cas que «vous avez été ressuscités ensemble» peut facilement représenter la même pensée que Ephésiens 2: 6. Il serait difficile de lier «dans lequel vous avez été ressuscités ensemble» à la même personne. Quoi qu'il en soit, évidemment le «ressuscités ensemble» se rapporte à «qui l'a ressuscité», et si le «ressuscités ensemble» se rapporte à la sortie de l'eau qui se rattache avec le mot «aussi» à l'idée principale, il me semble que c'est plutôt avec Christ, et le «dans lequel» se lierait à «baptême», mais en tout cas, l'apôtre n'a en vue dans cette résurrection que les croyants. Il passe de l'idée propre du baptême à la pensée qu'il représente, et si le corps de la chair est dépouillé, et l'homme ressuscité avec Christ, la réalité est, par la foi, dans la résurrection de Christ. Le baptême signifie la mort et l'enterrement du vieil homme; mais si l'on revit, c'est par la foi en Celui qui est ressuscité. Ce qui a fait ici la difficulté, c'est la confusion très ordinaire entre le signe et la chose signifiée; signe que la chrétienté a pris pour l'accomplissement de la chose signifiée. L'idée du baptême est la mort, la profession, mais si l'on pense à la réalité, cela, sans la résurrection, est la ruine, la domination de la mort. Aussitôt donc qu'on pense à la résurrection, on pense à la réalité, car le baptême, en tant que baptême, ne signifie pas la vie, mais la mort. Je ne sais si j'ai rendu ce verset plus clair qu'il ne l'était avant mon explication; mais je pense que l'idée est juste.

Je suis revenu du midi, heureux d'avoir vu les frères, et avec le sentiment que le Dieu de toute grâce avait été avec moi dans mon voyage. Qu'il daigne stimuler les siens à plus d'énergie et de dévouement. J'espère qu'ils l'auront été un peu. Ici, les frères vont bien. Dieu suscite quelques nouveaux ouvriers. Je pars, Dieu voulant, le 30, pour Boston. Les frères à Paris vont bien. Il est étonnant de voir comment le peuple dans les faubourgs reçoit des traités, et les lit. Il y avait foule, et grande foule pour en avoir, là où on les distribuait. J'ai vu l'abbé Michaud, homme respectable et qui m'a plu; mais ils ne vont pas au delà d'une réforme pour écarter le despotisme du pape et des évêques, et rester prêtres avec la doctrine romaine au fond, peut-être modifiée à quelques égards pour les ramener aux premiers siècles, mais ils n'ont aucune idée de revenir à la Parole et à la foi. Dieu peut faire du bien par ce moyen, mais je ne compte pas sur un grand résultat de ce mouvement. Cela peut affranchir des âmes, mais il y a trop d'indifférence, et ce n'est pas ce dont les âmes ont besoin parmi le peuple que l'Evangile attire davantage. Puis ces gens sont libéraux, radicaux, tout en étant des hommes d'ordre, quant à la politique, et passablement basés sur ce principe. Ainsi les Gallicans ne les aimeraient pas. Et encore dans toute la classe «Eglise», on a besoin d'unité, de tranquillité, de repos. J'espère toutefois que cela fera quelque bien, que ce sera une porte ouverte pour ceux que l'immoralité du papisme dégoûte. L'effet sur ceux qui restent est déplorable. Ils maintiennent l'unité et la soumission, en avouant qu'ils n'y croient pas du tout. Cela démoralise horriblement; on est par principe hypocrite. C'est un terrible avenir pour les papistes.

Votre affectionné.

Lettre de J.N.D. no 288 – ME 1902 page 120

à Mr P.S.

Londres, 1872

Bien-aimé frère,

… J'ai de bonnes nouvelles de la Hollande. Un frère y est allé d'ici pour les intéresser au Cap de Bonne-Espérance, autrefois hollandais, où nous avons deux frères, celui dont je parle, et un autre; il voudrait avoir des traités hollandais et allemands.

Nous avons par lui des nouvelles très encourageantes du Cap; certainement Dieu y agit d'une manière remarquable. Le directeur général des Postes aux Indes, représentant de l'Angleterre auprès des autres puissances pour organiser la poste internationale, homme très intelligent, est au milieu des frères. Il est très actif même aux Indes, pays très difficile, les chrétiens y étant si peu nombreux qu'ils aiment à recevoir ceux qui font profession du christianisme, quels qu'ils soient.

Il y a aussi une oeuvre à Port-Mahon, Majorque. Le consul péruvien, ancien catholique, agit parmi eux; il jouit de ce qu'il a appris au milieu des frères. Mais aussitôt que la dame d'Amsterdam qui l'aidait pécuniairement, a su qu'il était en relation avec les frères, influencée par un ministre espagnol qui se trouvait là, elle ne voulut plus rien lui donner.

Votre affectionné… à la hâte.

Lettre de J.N.D. no 289 – ME 1902 page 137

à Mr P.S.

Etats-unis, 1872

Bien cher frère,

Je vous renvoie vos notes. Je ne suis pas en état de vous satisfaire tout à fait à l'égard de la mer Rouge et du Jourdain; mais je puis vous donner quelques remarques que j'ai faites. Quant aux épîtres, celle aux Romains envisage les croyants comme des hommes vivant de fait sur la terre, mais justifiés, morts au péché (il n'est pas dit ici au monde), vivants en Christ. Ainsi ils sont appelés à se consacrer à Dieu comme des sacrifices vivants. Dans les Colossiens, ils sont ressuscités, mais sur la terre; la vie chrétienne, en tant que celle d'hommes morts et ressuscités avec Christ, est pleinement développée. L'Esprit n'y paraît pas, mais Christ ressuscité, notre vie. Ensuite ils sont aussi envisagés comme morts dans leurs fautes, et renouvelés en connaissance selon l'image de Celui qui les a créés. Dans les Ephésiens, ils sont envisagés comme morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, et créés de nouveau. Tous les conseils de Dieu y sont aussi pleinement développés. Dans l'épître aux Romains, c'est la responsabilité de l'homme; les conseils de Dieu ne sont touchés qu'en nommant le fait, au chapitre 8.

J'en viens maintenant au désert: la mer Rouge et le Jourdain sont en relation (coalesce) l'un avec l'autre, mais dans un certain sens tout était terminé à la mer Rouge. Les Egyptiens jugés, Israël amené à Dieu même; comme le brigand s'en allant tout droit en paradis, sans question de progrès, et comme nous, rendus propres pour l'héritage des saints dans la lumière. Le désert ne faisait pas partie des conseils de Dieu (Exode 15, comme 3: 16, 17; 6: 6-8). La mer Rouge est la rédemption, la mort et la résurrection de Christ, et tout est accompli. En laissant de côté le désert, le Jourdain représente notre mort et notre résurrection avec Christ qui se lie à l'expérience, bien que ce soit un fait pour la foi. A la mer Rouge, on sort, on est libéré, affranchi; au Jourdain, on entre. L'arche est dans le fleuve. Chacun est mort, mais meurt avec Christ d'une manière expérimentale, quand il le reçoit par la foi, quand il a reçu le Saint Esprit (Romains 8). Après cela vient Guilgal, la circoncision (voir Colossiens 2). Quand on est mort, l'opprobre d'Egypte est ôté, mais on revient constamment à Guilgal où la force réelle se trouve. Sans cela on va à Bochim. Tout ceci, remarquez-le, est de l'expérience. Le désert n'entre pas dans les conseils de Dieu; il appartient à ses voies; nous faisons la connaissance de nous-mêmes, de la patiente bonté de Dieu qui nous éprouve pour nous faire voir ce qui est dans notre coeur, mais pour nous faire du bien à la fin. Ceci se rattache plutôt à l'épître aux Romains. Là, la vie est la vie vers Dieu, devant Lui. Dans l'épître aux Ephésiens, c'est la vie de Dieu manifestée ici-bas comme en Christ, car nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ. C'est en tant que trouvés en Canaan que nous avons besoin de toutes les armes de Dieu. On ne peut pas identifier précisément avec ces épîtres, celle aux Colossiens qui est entre deux. Là on est ressuscité sans être dans le ciel, renouvelé en connaissance selon l'image de Celui qui nous a créés, sans qu'il soit dit que nous sommes créés de nouveau, car alors il faudrait nous placer dans le ciel. Aussi l'épître aux Colossiens est-elle adressée aux gentils. Celle aux Ephésiens, parle de l'union des gentils et des Juifs en Christ et de la position parfaite de l'individu. Dans les Colossiens, nous avons la vie développée; dans les Ephésiens, le contraste entre les deux états, par conséquent les choses les plus grossières à côté des choses les plus excellentes et les plus élevées. Le chapitre 1 donne les conseils de Dieu; les derniers versets y ajoutant Christ déjà dans sa gloire. Chapitre 2, l'opération de Dieu qui nous y a placés, et avec cela l'union des deux en Christ en y ajoutant le résultat, l'habitation de Dieu par l'Esprit. Chapitre 3, l'administration de la chose, confiée à Paul, avec, la présence de Christ en nous, non pas de nous en Christ qui se rattache ici aux conseils de Dieu, bien que ce soit un fait, mais là (1: 17) il désire que nous le connaissions; au chapitre 3, que la chose se réalise.

Voilà, cher frère, quelques données sur ce large et instructif sujet; vous pourrez tisser entre deux bien des pensées tirées de la Parole. Les faits, dans notre vie d'ici-bas, sont la chose capitale. Le dévouement, voilà ce qui doit caractériser les frères dans ces derniers jours. Sans doute la connaissance de la Parole est d'une immense importance; elle ferme toutes les bouches, comme elle instruit si précieusement les simples.

Les Etats-Unis sont foncièrement démoralisés; on fait du mal partout, mais ici on n'en a guère honte. Je crois pourtant qu'on commence à sentir un peu que cela ne peut pas aller. Vous serez heureux de savoir que Dieu bénit l'oeuvre à New York; à Brooklyn il y a progrès et on y est heureux. A Boston, où en apparence je semais pour que d'autres moissonnent, il y a déjà une jolie petite récolte, et les nouvelles que j'en reçois sont bonnes. Dieu nous a aussi accordé deux ou trois nouveaux ouvriers, chose dont je le bénis beaucoup…

Lettre de J.N.D. no 290 – ME 1902 page 159

à Mr P.S.

Boston, mars 1873

Bien cher frère,

Ma visite à Boston a eu un caractère un peu particulier; peu de méditations et d'évangélisation, bien que j'aie fait les deux, mais des «Bibelstunden» deux fois par jour. Des ministres, et de toute sorte, sont venus, mais je crois que ce genre de travail a fini son temps, et qu'il faut annoncer la Parole plus directement aux âmes, une oeuvre positive. Au moins j'ai eu assez de l'autre. Toutefois plusieurs ont trouvé la paix, et la vérité a été passablement répandue; mais quelle olla-podrida! C'est affreux, et entre autres des vues très fâcheuses; l'indifférence à la vérité, et une certaine recherche d'union par ce moyen; échange de chaires, de sorte que la vérité et la négation de la vérité valent la même chose; on est libéral; des opinions d'homme, pas de vérité de Dieu; puis un relâchement dans la manière d'agir qui choque les âmes sincères, et dont le monde se moque. Tout pour avoir de l'argent. Que j'ai été heureux d'être hors du camp! La présence aussi du Saint Esprit est inconnue, la venue du Seigneur un peu moins. Les perfectionnistes prennent la délivrance du 8e aux Romains comme un état extraordinaire, et ne sont pas loin d'admettre la peccabilité de Christ, doctrine venue avec d'autres erreurs, de Lange, Ullmann, Erhard, en Allemagne, et qui se répand beaucoup. La rédemption est par l'incarnation, non par le sang de Jésus! Cela, et le péché qui y a donné lieu, est une espèce d'accident! Quel état que celui de l'Eglise! Toutefois Christ est au-dessus de tout, et rassemblera les siens; et ce dévergondage d'idées sert à cribler et à détacher de tout ce faux dehors ceux qui sont sous la puissance de la vérité; mais cela se fait peu à peu. Il fait coopérer toutes choses au bien de ceux qui aiment Dieu.

Je me réjouis de coeur de la conversion de cette jeune catholique romaine: Dieu peut tirer les siens de partout.

Saluez bien affectueusement tous les frères.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 291 – ME 1902 page 177

à Mr P.S.

Londres, juin-juillet 1873

Bien cher frère,

Il me semble qu'il y a bien longtemps que je n'ai reçu de vos nouvelles ou que je ne vous ai écrit; je pensais toujours le faire, quand votre lettre est arrivée.

Je bénis Dieu des bonnes nouvelles que vous me donnez du Béarn et de ces côtés-là. J'en ai de bonnes de l'Ardèche.

Evidemment Dieu agit partout, et les temps se hâtent. Mes mouvements ont été incertains, parce que je pensais aller en Nouvelle-Zélande, puis presque au moment de mon départ on a supprimé le service. J'attendais encore pensant qu'il serait rétabli, mais il n'en était rien, et j'ai dû mettre à exécution l'intention que j'avais, si ce voyage n'avait pas lieu, de revenir en Europe. Jamais, je le crois, je n'ai été plus sensiblement conduit par le Seigneur que pendant mon séjour aux Etats-Unis. J'ai été très peu dans le Canada. L'état religieux des Etats-Unis est des plus déplorables; l'immoralité et les hérésies sont acceptées sans question dans ce qu'ils appellent les églises. C'est un désordre, un dévergondage dont on ne se fait pas une idée, mais Dieu agit. Les vrais chrétiens s'occupent de la Parole. Les écrits des frères sont lus; ceux qui prêchent l'Evangile débitent leur contenu, et même l'avouent. Deux chrétiens disséminaient les lumières qu'ils y avaient puisées, mais en faisant leur possible pour qu'on ne rompît pas avec le mal. C'était une difficulté sentie sur le chemin; je n'avais qu'à présenter la chose à Dieu. Eh bien malgré tout, bien des consciences se sont réveillées; quatre ou cinq réunions nouvelles se sont formées; deux ministres très actifs dans la Parole sont venus au milieu de nous, et dans des contrées où je ne connaissais personne et que précédemment je n'avais jamais visitées; ailleurs encore un autre ministre baptiste. Puis un ministre épiscopal a trouvé la paix, et je crois qu'il en a fini avec son système; les trois autres sont au milieu des frères. Un autre encore, missionnaire en Egypte, est au fond avec les frères et nous a déclaré qu'il ne lui est plus possible de marcher avec le système où il se trouve placé. Des questions de convenance qui montrent de la délicatesse morale, le retiennent encore de peur de nuire à l'oeuvre où il se trouve, et le fait que le corps auquel il appartient a fait les frais de son éducation et de son voyage. Un de ceux dont j'ai parlé pense le rejoindre; il sait très bien l'arabe, et j'ai quelque espoir d'une oeuvre en Orient. Que Dieu nous accorde ce privilège! Les frères ont été davantage appelés à travailler au milieu des systèmes corrompus, mais les Coptes, à leur manière, appartiennent à ces systèmes. Toute cette oeuvre (sauf le dernier cas) s'est faite parmi les Américains, ce qui dans une mesure a ajouté à l'intérêt de l'oeuvre. Ce sont des semailles, mais cela réveille partout bien des âmes; puis on voit que l'on peut agir selon des principes purs, au milieu du mal. Dans le Canada il y a du bien; je n'ai fait que le traverser. P. a été très utile; il y a deux réunions nouvelles de Français ou de Suisses français; les Français viennent presque tous du côté de Montbéliard. J'ai eu une bonne traversée, pouvant lire avec les matelots (le capitaine en avait l'habitude) et prêcher, sur demande, au salon le dimanche soir.

J'ai oublié d'ajouter que les deux qui disséminaient les vérités propagées par les frères en essayant d'empêcher les âmes de se séparer du mal, et qui s'opposaient aux frères, sont morts tous deux dans l'année qui vient de s'écouler, ce qui a beaucoup frappé ceux qui s'occupent de la vérité; leurs journaux ont cessé de paraître. Les frères en ont deux dans les Etats-Unis, et je crois deux, mais certainement un, dans le Canada. Je ne sais si l'on continue celui pour les enfants. L'Amérique est un vaste champ plus jeune que le nôtre; j'y penserai encore beaucoup, et je me sens vraiment plus fort d'âme et de corps pour l'oeuvre. Où j'irai, sera je l'espère où Dieu me conduira. Je n'ai pas encore renoncé à la Nouvelle-Zélande. C'est le temps que cela prend qui fait la difficulté, une année, à mon âge, est beaucoup. Enfin, Dieu me montrera le chemin, je m'attends à Lui.

Je me sens plus libre, plus détaché de ce monde que jamais; je sens plus que jamais que le chrétien n'en est pas; qu'il est en voyage comme étranger et pèlerin, une épître de Christ ici-bas, en attendant que le Seigneur vienne nous prendre. C'est quand le cri de minuit a réveillé les âmes, que la séparation entre les professants a lieu, l'existence de la vie de la grâce étant mise a l'épreuve. Que Dieu fasse de nous de vraies épîtres de Christ, marchant dans une liberté qui jouit de la faveur de Dieu, sans nuage, non seulement dans l'assurance, mais dans la clarté de sa face…

Saluez affectueusement tous les frères.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 292 – ME 1902 page 216

à Mr P.S.

Londres, septembre 1873

Bien cher frère,

On me dit que vous êtes à Vevey où Mme S. est bien malade. Eh quoi! c'est un monde de peine; je n'ai pas vécu, cher frère, jusqu'à aujourd'hui sans le savoir, mais quand les liens se rompent, on a la conscience de cela, car Dieu avait formé ces liens, avait planté dans la nature humaine les affections qui s'y rattachent. Et si d'une part le péché a tout gâté, a fait de ce qui était une source de joie, une source de peine et de douleur, si d'autre part Dieu a envoyé une grâce qui domine ces liens ainsi que la douleur qui en découle quand nous sommes frappés, s'il a même introduit dans cette scène ruinée par le mal un principe et une puissance qui sont entièrement au-dessus de tout cela: il n'en est pas moins vrai que ces liens sont des principes de notre nature, et quand la mort les effleure de son doigt, cela nous est bien sensible, mais cela est bon. Combien peu, cher frère, nous réalisons que la mort est entrée dans la scène où nous aurions dû vivre, et hélas! où nous cherchons trop souvent à vivre encore, et quand même nous ne le chercherions pas, nous nous y trouvons comme si nous étions vivants. J'accepte pleinement que nous sommes entourés de toute sorte de bienfaits de la part de Dieu et que la piété a la promesse de la vie présente comme de celle qui est à venir; je le sais, bien plus heureux ainsi que si j'étais du monde. Mais il n'en est pas moins vrai que notre Dieu, toujours fidèle, et qui pense avec une constance ineffable à notre bonheur éternel, est obligé souvent de nous souffler à l'oreille la parole du prophète. «Levez-vous et allez-vous-en! car ce n'est pas ici un lieu de repos, à cause de la souillure» (Michée 2: 10), et quelle parole! ce lieu ne nous convient pas (sinon pour le traverser), parce qu'il est souillé. Quel encouragement! Dieu nous tient pour saints, nous appartenons au Saint des saints. Quel bonheur! Nous revêtons le caractère de Christ, comme des élus, saints et bien-aimés!

Il est très bon de demander les prières des frères; Paul le fait si bien, qu'il dit que les actions de grâces de plusieurs abondent pour la gloire de Dieu, à cause du don qui lui a été départi par le moyen de ces prières. C'est aussi un lien des membres du corps, un vrai aliment de l'amour fraternel.

Si, en parlant de «l'autel d'or», vous voulez dire l'autel de l'encens, n'est-ce pas que le verset 18 s'y rapporte? l'autel qui est devant l'Eternel (comparez Exode 30: 10). Je ne sache pas que, «devant l'Eternel», soit employé pour un autre autel que celui où l'on offrait l'encens, comme Lévitique 4;7, 18, passages dont vous parlez.

Saluez beaucoup Mme S. J'espère qu'elle trouvera la présence du Seigneur dans son âme, une force plus grande que toutes ses souffrances, de sorte qu'elle pourra en toute patience et paix jouir de Lui, et se réjouir, tout en étant soutenue à l'égard de la maladie et de la faiblesse. Si Christ demeure dans le coeur, par la foi, nous sommes comblés de bonheur, même dans les peines. Je ne sache pas qu'il nous soit dit que Paul ait chanté des cantiques, sinon dans les ceps au fond de la prison, le dos excorié par le fouet; mais quand nous sentons la faiblesse qui cause la maladie, c'est une paix profonde qui domine.

… J'ai été interrompu, cher frère, et je dois terminer ma lettre. Ici tous les frères vont bien. Il n'y a rien de bien nouveau, sinon qu'un ministre indépendant a donné sa démission; il a une femme hostile et neuf enfants; c'était abandonner 15.000 francs par an, et il n'a rien. Ce frère sera utile. J'ai toujours de bonnes nouvelles de l'Amérique.

Le fait que le frère P., autrefois ministre, va en Egypte, et qu'un autre qui y était allé en est revenu, remue assez le corps ecclésiastique dont ils faisaient partie. Il y a plus d'opposition à attendre. Ici tout va dégringolant du côté du papisme et de l'incrédulité. Le fait est, je le vois plus clairement tous les jours, que ce qui s'appelle Eglise n'a jamais été, dans ses principes, ce que le Seigneur avait établi. Sans doute l'institution était là, mais dès l'origine, on a abandonné les principes fondamentaux de Dieu.

Lettre de J.N.D. no 293 – ME 1902 page 238

à Mr P.S.

Londres, septembre 1873

Bien cher frère,

Vous aurez reçu, je l'espère, ma lettre longtemps retardée en réponse à la vôtre.

Je rends grâce à Dieu que Mme S. soit mieux. Tout change et tout passe ici-bas, il n'y a qu'une seule chose qui reste: la vie que nous avons en Christ avec tout ce qui lui appartient, mais aussi la miséricorde de Dieu, et ses tendres soins s'étendent à cette vie d'ici-bas, et nous devons en remercier Dieu.

Quant à l'«Echo du témoignage», j'ignore ce qui en est. C. s'en était chargé avec quelque hésitation; s'il cesse de paraître, vous pourrez naturellement avoir la continuation de Matthieu. Je ne me rappelle pas trop où j'en étais de ces articles. Je n'ai jamais lu les Notes sur Luc, mais on en a joui; on vient de me les envoyer pour que je les révise.

Je n'ai pas non plus vu la Genèse. Ce sont des notes qu'on a prises à la conférence de Belfast, si je ne me trompe.

Quant aux Etudes, nous sommes en Angleterre à la troisième édition, sans parler de la première publication dans le «Present testimony». Le premier volume (le Pentateuque, si je ne me trompe) est sous presse, et va paraître, et je crois que vous feriez bien de le comparer avec le texte français. J'ai fait des additions à l'holocauste et à d'autres parties que j'ai trouvées défectueuses; on va le reproduire en Allemagne, où on n'en avait traduit que quelques parties.

Je pense que je saurai bientôt si l'Echo du témoignage a été discontinué; dans ce cas vous me direz ce que j'ai à faire, et où je dois commencer le travail.

Pour ma part, je trouve les évangiles toujours plus précieux, et même toute la Parole, mais il me semble qu'elle déploie plus que jamais toutes les richesses des voies de Dieu devant moi.

Je ne sais ce que je puis faire en vue de l'incrédulité qui lève partout la tête. Le monde est abandonné à cette invasion ainsi qu'à celle du papisme. Mais l'Esprit de Dieu agit et il importe de bien diriger l'esprit des chrétiens. Je m'en occupe un peu. Là où un Evangile clair, où la grâce et le salut sont présentés d'une manière positive, on ne manque pas d'auditeurs, grâce à Dieu, et la différence entre le christianisme de la Bible et tout le système ecclésiastique se fait comprendre, et commence à se faire sentir. Le système actuel est jugé de plusieurs, mais ils tiennent à une église organisée. Pour ma part, je crois que tout ce qui s'appelle «église» maintenant, est un abandon du christianisme du Nouveau Testament, et en particulier de la doctrine de Paul. J'ai un petit écrit en préparation là-dessus, pour montrer non seulement qu'il y a eu corruption, mais que la chose elle-même est l'abandon de l'Evangile de la grâce de Dieu. J'ai un profond mépris pour la superficialité du rationalisme, mais si la conscience n'est pas réveillée par la grâce et placée en présence de Dieu, la faculté pour comprendre la Parole manque totalement. Dieu sépare les siens, voilà ce qui est évident; ce ne sera qu'un résidu, mais se trouver dans le chemin étroit marqué dans la Parole et où la Parole nous conduit, donne une paix immense au coeur, au milieu de tout le désordre et de toute la confusion qui existent. On ne peut avoir aucune confiance dans les «évangéliques». La Parole est tout, avec la grâce. Le cri: L'Epoux va venir, sépare dans le délai qui a lieu les vierges qui ont de l'huile dans leurs vaisseaux, et celles qui n'en ont point.

Salutations affectueuses à tous les frères.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 294 – ME 1902 page 257

à Mr P.S.

Boston, novembre 1876

Bien cher frère,

Combien de temps s'est passé depuis que j'ai reçu de vos nouvelles! Aux antipodes cela ne m'étonnait pas, mais maintenant que je suis un peu plus rapproché de l'Europe, il me semble étrange de ne presque plus savoir si vous vivez encore, et je viens vous demander comment vous êtes vous-même, ainsi que ceux qui vous entourent…

Voilà ce que j'avais écrit hier, et aujourd'hui je reçois vos deux lettres! Je vous remercie beaucoup de votre «gazette», c'est justement ce que je voulais savoir: tout ce qui regarde ces chers frères. La distance n'a en aucune manière éloigné d'eux mon coeur; au contraire, plus j'avance en âge, plus le Seigneur, et tout ce qui le regarde, me sont précieux. Tous les frères et tous les endroits où j'ai travaillé, sont plus près de mon coeur que jamais. Il est doux de se confier au Seigneur. Le combat, nous l'aurons toujours, jusqu'à ce que le Seigneur vienne. Mais il nous l'a dit: «Je vous ai dit ces choses, afin qu'en moi vous ayez la paix»; puis il a vaincu le monde; nous ne pouvons pas nous plaindre de ce côté.

Dans le Canada, les conversions ne manquent pas, et la paix règne dans les assemblées. Mes visites, grâce à Dieu, ont été en bénédiction dans quelques endroits, de manière à produire bien des actions de grâce.

L'oeuvre s'étend aussi au midi des Etats-Unis. Plusieurs nouvelles âmes sont venues à la conférence du Canada, soit de la Pennsylvanie, soit du Maryland, et ont beaucoup joui de l'amour et de la communion des frères; elles n'avaient jamais eu d'expériences pareilles.

Ici il y a du bien. Un nouvel ouvrier, venu au milieu de nous quand j'étais ici il y a deux ans, versé dans la Parole et très dévoué, a été béni à New York. Par les travaux du frère T. et de plusieurs jeunes frères, l'oeuvre s'est aussi passablement étendue.

A Boston, les «loose brethren» émigrés nous gênent un peu, mais je crois que Dieu y agit et les bases de notre oeuvre sont mieux connues. En bien des endroits, l'oeuvre se consolide aussi; mais je sens que ma place est maintenant en Europe. J'espérais y arriver avant l'hiver; maintenant j'attends un peu le beau temps, si quelque devoir ne m'appelle pas, car j'ai encore New York, Philadelphie et peut-être Baltimore, sur mon carnet et sur mon coeur.

Dieu soit béni de ce qu'il ait daigné se révéler à votre beau-frère. Je m'en réjouis. Avec le danger d'une grande fortune, il avait bien des qualités propres a attirer les coeurs; mais la grâce fait tout et est tout pour l'éternité. Vie, justice, tout est nouveau et, par-dessus tout, Dieu est connu; puis nous sommes connus de Lui.

Dites, s'il vous plaît, à votre soeur combien je prends part à sa douleur, mêlée toutefois de tant de grâce de la part de Dieu et des souvenirs des derniers jours de son mari, pleins de douceur pour elle.

Le cher E. aussi est parti, puis un ouvrier si utile, perdu pour la Suisse allemande, dans la personne de notre cher R. La mort passe et moissonne, et les âmes ne se remplacent pas. A mon âge, tout vert que je sois, on a de la peine à faire de nouvelles connaissances, tout joyeux que l'on soit de voir de nouveaux frères. Il n'y a plus l'élasticité qui s'adapte à cela, mais on s'approche toujours plus du Seigneur, de la fin, ou plutôt du commencement. On le verra tel qu'Il est. Quelle joie immense, de voir Celui qui a été honni, et qui a souffert pour nous! Oui, quelle joie!

Eh bien, il nous faut avoir patience. Nous l'attendons et le retardement est le salut des autres.

Saluez affectueusement tous les frères. Saluez aussi B.; puisqu'il s'en va, ma salutation est peut-être un adieu…

Voilà le cher W. qui est aussi parti, mais on me dit que son fils va bien.

La traduction de l'Ancien Testament est une grande oeuvre; je regarde en arrière avec étonnement en pensant à la traduction allemande. Je l'ai entreprise seulement parce qu'on ne s'occupait pas assez de l'Ancien Testament.

Que Dieu daigne se servir de tout ce qui a été fait à cet égard; ce n'a été qu'un travail de coupeur de bois, mais au moins, comme matériaux, cela sert à faire le feu, et je bénis Dieu qu'il m'ait été permis de travailler à cette précieuse Parole. Paix vous soit, bien-aimé frère.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 295 – ME 1902 page 279

à Mr P.S.

Londres, 1877

Bien cher frère,

J'ai lu le traité «La sanctification sans laquelle il n'y a pas de christianisme», et je le trouve bon, il a un peu de la fraîcheur des premiers. Je l'ai corrigé par-ci par-là. Je ne savais pas que vous fissiez une édition du Nouveau Testament in-8°; j'ai vu la petite de Claye. La nouvelle édition anglaise des Etudes, un peu plus petite, mais plus commode quant au format, se vend mieux que les précédentes, et, en général, la vente des livres des frères augmente assez. Tout se remue. Les anciennes bornes de la doctrine croulent; on ne sait que croire. Aussi la vérité positive a une certaine puissance et de l'attrait pour les âmes sincères. On craint les frères. C'est un changement dans notre position. Il en est de même en Amérique où plusieurs des dénominations se sont consultées pour savoir comment leur tenir tête, bien que numériquement, ils soient une goutte d'eau dans ce pays; mais le témoignage et le progrès se font sentir. Pour ma part, je crains pour les frères: l'accroissement de leur nombre, la manière dont le monde, très opposé il est vrai, a pris son parti de recevoir d'eux, tend à détruire la barrière entre le monde et eux. Toutefois, grâce à Dieu, ils vont bien en général. Dans l'ensemble, les frères à Londres sont solides et pieux, et l'on est heureux avec eux.

J'ai dû m'arrêter un moment dans mes travaux. Après des conférences où j'ai dû parler presque tout le jour, et des travaux plus ordinaires pendant un temps, ma tête n'y tenait plus. Maintenant j'ai repris les travaux ordinaires, non pas tout à fait comme précédemment, mais je travaille.

Ce serait une grande joie pour moi de voir de nouveau les frères en France. Dieu sait s'il m'accordera cette grâce. Je ne suis plus jeune. On m'attend à Elberfeld pour la fin d'octobre, moi je m'attends au Seigneur pour que cela ait lieu ou non.

L'incrédulité ouverte et ce qui nie le christianisme s'étendent immensément.

Saluez tous les frères. Que Dieu les garde dans la paix et dans l'humilité. Qu'il soit abondamment avec vous, cher frère.

Votre toujours affectionné en Lui.

Avez-vous vu mon article: «Avons-nous une révélation de la part de Dieu», en réponse à un professeur de l'Eglise libre d'Ecosse qui a arboré le drapeau de l'incrédulité allemande, soutenue par la partie jeune de ce corps?

Lettre de J.N.D. no 296 – ME 1902 page 297

à Mr P.S.

Londres, 7 avril 1878

Bien cher frère,

Je me suis fort réjoui en recevant les nouvelles que vous m'envoyez. Je n'ai pas de plus grande joie que d'apprendre que les enfants de Dieu marchent devant Sa face dans la joie, et encore plus quand on a été étroitement lié avec eux, comme je l'ai été dans le Béarn. Dieu en soit béni! Pauvre E.! la position de son fils est jusqu'à un certain point le fruit de sa marche. Toutefois Dieu nous tient dans l'humilité en agissant en dehors de nous. Je sais qu'il n'a pas besoin de nous, mais là où les frères ont travaillé et ont été bénis, je trouve que c'est toujours une humiliation quand il laisse entrer une activité étrangère à l'oeuvre déjà faite. Cela est déjà arrivé, mais en général il y avait décadence dans l'énergie spirituelle des frères, ou de l'ouvrier qui y avait travaillé.

Mais quel bonheur quand Dieu restaure les choses, quand on voit sa bonne main intervenir et faire revivre et fleurir son oeuvre. Il n'y a rien de si heureux dans ce monde que de voir l'activité de Dieu en grâce, et cette activité se reproduisant dans les âmes et dans la marche de ses enfants.

Nous ne pouvons nous plaindre ici; il y a plusieurs jeunes gens à Londres qui, sans prétention, consacrent tout leur loisir à l'oeuvre, et il y a confiance et affection parmi les frères. Je crains l'influence du monde, mais deux frères m'ont dit qu'en passant par divers endroits, ils avaient trouvé les frères beaucoup plus spirituels et dévoués qu'ils ne l'étaient il y a dix ans. J'en bénis Dieu, mais à la campagne, les ouvriers sont en petit nombre. Quant à faire une visite à Pau, je ne sais trop que dire. Cela me ferait le plus grand plaisir; mais je ne cours plus comme j'ai couru dans le temps. Cependant j'espère me rendre à Elberfeld dans une dizaine de jours, puis je verrai ce que je serai à même de faire. Car je compte, si possible, voir la Suisse. Nous sommes en bataille rangée ici avec l'incrédulité et le papisme; il n'y a guère que les frères qui aient le courage de les combattre. On voudrait garder une espèce d'unité (quelle que soit l'opinion d'un ministre de la secte), tandis que les incrédules nous inondent de leurs écrits. Le frère S. a découvert une chambre à volets fermés où l'on se réunissait pour une espèce de culte catholique; c'étaient des membres d'une société secrète bien organisée, évêque en tête et 2600 membres du clergé pour ramener les anglicans à Rome; un des membres a été converti par son moyen, et lui a tout révélé; il en a publié un récit. J'ai écrit un article sur un sermon écossais qui s'attaque à l'inspiration de tout ce qui est historique dans la Parole, où j'ai présenté la vue des Allemands Ewald, Bleek, etc., pour montrer le vrai caractère de ces doctrines. Pour pouvoir le faire, j'ai lu ces messieurs allemands et quelques-uns de plus hardis encore. J'écris aussi sur la transsubstantiation. Tout ceci avec des réunions tous les jours, puis des malades à voir, me donne assez à faire, cela se comprend, mais je suis préoccupé de la lutte avec l'incrédulité. Nous avons eu des frères de tous côtés, invités par M. B. pour passer une semaine ensemble à l'étude de la Parole; une excellente réunion où le caractère pratique de la mer Rouge, et du Jourdain, et le désert, ont été examinés, en les comparant avec les épîtres aux Romains, aux Colossiens et aux Ephésiens. Je me suis mis ensuite à sonder la Parole là-dessus, et j'y ai beaucoup gagné; je m'en étais déjà occupé, mais je n'étais pas tout à fait au clair quant aux Romains et à Guilgal, en rapport avec la position du chrétien, et cela m'a été très profitable.

La marche des frères est tranquille, mais les conversions ne manquent pas. Vous aurez eu des nouvelles d'Allemagne, où il y a eu extérieurement un progrès remarquable dans l'oeuvre; les frères y vont bien. En Amérique, il y a aussi des progrès. L'oeuvre s'étend continuellement, et les Anglais commencent à s'aventurer dans les Etats-Unis. Pendant longtemps j'y avais été seul. Mais combien tout cela est peu de chose en présence de l'activité de l'ennemi! Ce qui était mort est maintenant incrédule ou bien papiste, et toutes les doctrines mauvaises sont reçues et avalées comme s'il n'y avait plus de bon sens dans le monde. Mais Dieu est fidèle, et le bon Berger aura quand même ses brebis. Vous êtes habitués en France à voir ces choses autour de vous; nous ne le sommes pas; c'est une invasion, un torrent, non pas une mer stagnante. Heureusement, celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage en lui-même. Je n'ai jamais été plus heureux. La conscience de posséder Christ, d'être en Lui, d'appartenir à la nouvelle création et la grâce souveraine qui nous a accordé une part à tout cela; la conscience d'y être par l'Esprit, octroyé afin que nous connaissions les choses qui nous sont gratuitement données de Dieu, puis la pensée que nous ne sommes rien, tout cela donne à travers bien des travaux et bien des faiblesses senties, une joie ineffable et pleine de gloire. Je vous dirai que je corrige ma traduction anglaise du Nouveau Testament; ce ne sont que quelques leçons changées, et par-ci par-là un mot plus clair ou quelques petites fautes corrigées. Je vous le dis, parce que cela vous regarde en vue du français.

Je vous prie de bien saluer Mme S. Mes vœux et mes prières sont pour elle, afin qu'elle soit soutenue et bénie. Ce n'est que le désert que nous traversons, et je ne sens pas que ce soit un mal que d'être arrivé près du port. Toutefois j'espère que Dieu fortifiera même son corps.

Lettre de J.N.D. no 297 – ME 1902 page 339

à Mr P.S.

Elberfeld, mai 1878

Bien-aimé frère,

Je n'ai pas répondu à votre question sur les autels. Je n'ai pas ici le «Bible treasury», mais l'article, publié comme traité, m'est tombé entre les mains d'une manière inattendue. J'avais entièrement oublié cet article, et en le relisant, il m'a vivement intéressé. Ainsi qu'il est dit au commencement, le sujet n'est guère traité foncièrement et clairement.

Je me rappelle bien avoir beaucoup considéré la question duquel des deux autels il s'agissait en Lévitique 16; mais je ne puis pas avoir ici l'autre article, ni me rappeler les motifs qui m'ont fait croire que ce fût l'autel des holocaustes. Présentement, il me semble que ce doit être l'autel de l'encens. Ce qui me confirme dans cette pensée, c'est Exode 30: 10, où il est parlé de cette aspersion, tandis que rien n'en est dit par rapport à l'autel des holocaustes. Je doute même que cela convint. Lorsque le peuple, ou du moins les sacrificateurs, venaient par l'autel d'encens, la souillure s'y trouvait, et il fallait le purifier; il était aussi dans la maison de Dieu, qui habitait au milieu du peuple, tandis qu'à l'autel des holocaustes on s'approchait, avec du sang sans doute, mais à cause des souillures, c'est là que l'expiation en avait été faite. L'expression de sortir (verset 18), semble parler de ce qui était en dehors de la maison, mais cela peut se rapporter au moment où le souverain sacrificateur sortait du tabernacle, après y être entré pour faire propitiation; son oeuvre d'alors était dans le lieu très-saint. Telle est l'impression que j'ai à présent, mais il faut que je voie ce que J. D., auteur de l'autre article, a pu dire, si l'article est de lui. Quand je l'aurai lu, je tâcherai, Dieu voulant, de vous dire ce qui en est.

Notre hiver a été rude; le 2 mai, la terre était couverte de neige, et il gelait. Les fruits sont détruits; «alles verbrannt und schwarz», et on dit encore que le froment est ruiné.

Votre affectionné frère.

Lettre de J.N.D. no 298 – ME 1902 page 359

à Mr P.S.

Londres, 26 août 1878

Bien cher frère,

Je suis arrivé en très bonne santé vers les six heures à Lonsdale Square, on du moins à la station. J'avais assez dormi dans mon wagon-lit pour pouvoir travailler ici à mes lettres jusqu'à 11 heures.

Je crois que mon voyage a été dirigé de Dieu, et j'espère que Dieu l'aura béni pour les âmes en y faisant pénétrer la Parole. J'ai l'idée de m'occuper des livres difficiles de l'Ancien Testament, car je puis examiner ici tranquillement toutes les questions qui s'y rattachent (*). J'ai commencé aujourd'hui Job, le plus difficile de tous. La partie historique ne présente aucune difficulté importante; quelques-uns des prophètes n'en manquent pas. Avec Dieu, tout peut se faire. Seul ici je puis faire beaucoup plus qu'en voyageant, et quoique je sois avec joie le serviteur de tous les frères, je trouve que la solitude avec Dieu est un grand repos. Je n'ai vu encore personne; bon nombre de frères sont absents…

Je crois que j'ai bien fait de ne pas visiter la France dans ce moment, toutefois, si Dieu le permet, j'essayerai, de voir les frères encore une fois. Mais mon esprit tend vers le ciel, tout en sentant que mon séjour ici-bas durera juste aussi longtemps qu'Il le voudra, et désirant seulement d'achever ce qu'Il m'a donné à faire: «Meinen Lauf mit Freude vollenden», dit l'apôtre. Un pauvre ouvrier, je le suis, mais qui ne désire pas faire autre chose.

(*) Il s'agit de la traduction française de la Bible.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 299 – ME 1902 page 360

à Mr P.S.

Londres, octobre 1878

Bien cher frère,

La phrase est exactement l'opposé de ce que j'ai écrit; B. ne l'a pas comprise, et l'a changée en l'arrangeant pour la presse; heureusement, car je n'ai pas le temps nécessaire pour relire ces articles; je m'en suis aperçu et la faute a dû être corrigée dans un numéro subséquent. C'est ce dont vous avez été frappé dans le temps, que ni le Seigneur, ni les apôtres, n'ont jamais parlé de la venue du Sauveur comme d'un événement qui pourrait être renvoyé à plus tard que la vie de ceux auxquels ils parlaient, et ce qui suit explique cette pensée.

J'ai à peu près achevé Job. J'écris à la hâte.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 300 – ME 1902 page 379

à Mr P.S.

Londres, 3, Lonsdale Square, 6 juillet 1879

Bien cher frère,

Je vous écris quelques mots, non que j'aie beaucoup de nouvelles à vous donner, mais je sais que votre amour désirera savoir que je suis arrivé ici en paix. J'ai passé la nuit en voiture ou sur le bateau, ayant quitté la Charente à sept heures et étant arrivé à Londres à six heures du matin. Je suis resté deux heures à Paris, n'ayant eu que le temps de manger sans voir personne. La mer était superbe. Je suis resté un jour de plus dans la Charente, ce qui m'a empêché de m'arrêter à Paris. J'ai répondu à douze lettres aujourd'hui, ce qui vous montre que je n'étais pas trop fatigué.

Il n'y a rien de nouveau ici, et je suis en paix. Dans la Charente, Dieu agit encore; les frères sont venus de tous les côtés, et nous avons eu de très bonnes réunions; vendredi et samedi, une conférence qui, j'espère, aura été utile. Dimanche, trois réunions, où je sentis la présence de Dieu dans sa grâce. Les deux fils de Mme G. étaient là; le plus jeune est resté tout le temps, puis est revenu exprès pour demander une méditation sur la venue du Seigneur. Il a dit qu'il était chrétien et qu'il croyait être sauvé, tout en faisant quelquefois de l'opposition pour ne pas avoir l'air de marcher avec nous: au reste un très aimable jeune homme. L'aîné, auparavant plus hostile, est venu; il a assisté au culte et à la prédication avec la plus grande attention, a reconnu que c'était vrai: «L'idéal», disait-il, «mais où est la pratique de tout cela?» Sa femme qui a assisté tout le temps aux réunions a été pénétrée, je l'espère, par la vérité. Elle avait été dissidente; son père était ministre. Elle a parlé ouvertement, disant qu'il lui fallait plus de nourriture. La pauvre Mme G. a été toute réjouie de l'effet de la vérité sur sa famille, et m'a prié de revenir si possible. Reste à savoir si la vérité s'enracinera, mais il faut l'espérer. Les frères et les soeurs s'en sont allés réjouis. Je crois que par la grâce de Dieu il y a eu du bien.

Maintenant je suis rentré dans mon ornière habituelle, et j'ai une entière confiance dans le Seigneur pour les circonstances où je me trouve; c'est ainsi qu'il vous faudra marcher, cher frère. L'atmosphère d'en haut est toujours bonne et donne de la force; ce que nous sommes est mesuré, non par nous-mêmes, mais par Christ, et de toute manière; et sa force s'accomplit dans notre infirmité, puis son amour est toujours plein de douceur.

Merci, cher frère, pour toute votre bienveillance envers moi, et votre patience à mon égard tout le temps que j'ai passé à Pau, car je suis un pauvre journalier dans les choses de Dieu. Merci aussi à Mme S. qui, je l'espère, souffre moins par le beau temps, si on peut l'appeler beau, car le soleil est un étranger, au moins ici.

Lettre de J.N.D. no 301 – ME 1902 page 417

à Mr P.S.

Au Buisson, près les Ollières (Ardèche), 10 septembre 1879

Bien-aimé frère,

Tout a été retardé dans la Haute-Loire, comme du reste en Angleterre et partout, aussi je ne serai guère libre avant une semaine; il me faudra une semaine de plus pour visiter quelques endroits, Livron compris, et je serai, s'il plaît à Dieu, dans le Gard, en route pour Pau; ce qui fera qu'avec le voyage et les visites, j'espère être à Pau dans trois semaines à peu près.

J'ai été un peu retardé par les affaires de Londres, qui sont arrivées au point où la fin, ou du moins le moment critique pour la fin, se faisait voir. Mais Dieu, tout en humiliant les frères, y a mis sa bonne main. Sauf à la dernière réunion, je ne me suis pas mêlé de ce qui se passait; je ne suis allé à aucune réunion, sinon de culte ou de prédication. — Au nord de l'Angleterre, tous, je le crois, sont au clair, même ceux qui ne l'étaient pas auparavant. Nous avons eu une conférence à Rochdale, dont les frères ont beaucoup joui. J'ai formellement refusé d'aborder cette question, mais naturellement ils en ont parlé ensemble entre les réunions, et cela a fait du bien. On a visité Mr X. Je ne m'en suis pas mêlé. Pour moi, l'existence des frères était en question, et tout ce que je pouvais faire était de regarder vers Dieu. Une chose m'a frappé, c'est que Dieu se servait aussi bien du manque de sagesse des frères, que de leur sagesse, pour mener les choses, me montrant que Lui agissait. En deux ou trois endroits, il me semble qu'ils ont agi un peu précipitamment, tout en rejetant le mal, et là il faudra du temps pour raccommoder leur position. Il y a déjà sous ce rapport quelque chose de fait. Dieu a été bien bon pour nous. Maintenant il reste à savoir jusqu'à quel point les frères en profiteront, car les consciences ont été pleinement réveillées. Quant à la position publique, sauf ce que j'ai indiqué plus haut, on est rentré dans l'ordre, et il y a bien des esprits soulagés; je les place devant Dieu pour un vrai travail d'âme; c'est la grande question maintenant. Si les frères en profitent pour être plus spirituels, plus humbles, plus en présence de Dieu pour toutes choses, tout ira bien, sinon l'écrasement serait plus complet, et plusieurs le sentent bien. Dieu gouverne, quoi qu'il en soit. Vous en savez assez, pour que je vous envoie tous ces détails.

Je me réjouis de vous revoir, cher frère.

Votre toujours affectionné.

Lettre de J.N.D. no 302 – ME 1902 page 419

à Mr P.S.

Londres, janvier 1880

Bien cher frère,

Il ne vous faut pas penser, cher frère (bien que je ne sois rien moins que démonstratif), que je sois insensible à tous les soins que vous m'avez prodigués.

Je suis arrivé ici, grâce à Dieu, sans mésaventure, ayant couché à Libourne. Il aurait peut-être mieux valu persister jusqu'à Angoulême. Le lendemain de mon arrivée, sept personnes ont été tuées et beaucoup blessées par je ne sais quel convoi, mais Dieu nous garde. Je suis resté à Paris jusqu'à mardi. J'espère que ma visite leur aura été utile, car ils étaient occupés d'un point, la force du 1er verset du Psaume 22. Au reste, j'ai été très heureux avec ces frères et j'ai senti la présence de Dieu…

J'ai pris de nouveau une forte toux dans les brouillards de Paris; nous avons eu de la peine à traverser la Manche, mais tout est bien allé — temps superbe à Londres, mais hier, brouillard partiel à ne pas trouver son chemin.

Ici, il n'y a rien de bien nouveau; les frères sont tranquilles, très désireux, à ce qu'il paraît, d'être nourris de la Parole. Les remuants font pitié. Je ne crois pas que cela aille trop mal en Kent; j'y irai, Dieu voulant, la semaine prochaine.

Je ne sais, cher frère, si vous avez fait la découverte que, quoique excessivement lent à aborder un étranger, quand il est seul avec moi, sauf pour l'Evangile, une fois que j'ai acquis de la confiance en lui, je suis comme si j'appartenais à la maison, un peu comme un chat domestique. Eh bien! c'est votre faute si je le suis trop; au reste, tout le temps que j'ai été chez vous, spécialement cette première fois, j'étais non accablé, car je regardais vers Dieu, et jamais je n'ai été plus heureux, mais du moins si concentré que je doute que je devienne jamais de nouveau «cheerful». Je ne m'en plains pas; je tends vers la fin où le bonheur ne manquera pas, et où tout sera oublié, sauf sa grâce.

Saluez bien toute votre maison, et cordialement aussi tous les chers frères… Hier il faisait une telle journée de brouillard que je ne suis pas sorti; aujourd'hui il fait beau, mais je tousse terriblement.

Votre tout affectionné.

Lettre de J.N.D. no 303 – ME 1902 page 439

à Mr P.S.

Londres, février 1880

Bien cher frère,

Je vous envoie encore une feuille de la traduction (*), elle m'éclaire toujours plus moi-même et je trouve davantage les trésors de la Parole.

J'ai été retenu à la maison depuis mon arrivée, sauf les deux premiers jours. J'étais éreinté de fatigue et les brouillards m'ont saisi, en traversant la Manche, de sorte que j'ai eu une bronchite, puis la goutte; je n'ai pas encore chaussé un soulier. Maintenant, quoique déchaussé, je puis travailler à peu près comme de coutume. Mais mon système s'est remonté et le repos m'a été bon, repos que je désirais beaucoup. Bien que mes cantiques, ceux adressés au Père, m'aient paru fades et pauvres, l'exercice d'âme qui s'y rattachait en relation avec Lui, a laissé un très heureux effet sur mon âme.

(*) Traduction de l'Ancien Testament en français.

Mon frère aîné s'en est allé au ciel. Il était dans sa 90e année, depuis longtemps chrétien, l'homme le plus aimable possible; je l'aimais beaucoup. Il manquait de fermeté de caractère, mais il n'en aura pas besoin dans le ciel. C'est une joie pour moi de le sentir là.

Ici nous sommes en paix, et il y a un vrai désir d'entendre la Parole. J'ai une quarantaine de jeunes gens pour la lire, le samedi soir, et ils paraissent en jouir. Le jeune T. vient à ces réunions, mais ils sont en général convertis et en communion. J'espère avoir de vos nouvelles. Saluez bien affectueusement tous les frères.

Votre toujours affectionné.

Lettre de J.N.D. no 304 – ME 1902 page 460

à Mr P.S.

Londres, mars 1880

Bien cher frère,

Il y a, Proverbes 18: 24, un verset tout différent de l'anglais; je ne sais comment nous l'avons traduit. Le sens est, je le pense: «Celui qui a beaucoup de compagnons se ruine», mais, etc. Litt.: Un homme de compagnons se ruine, etc., peut-être est-ce ainsi que nous l'avons, mais le verset anglais est presque passé en proverbe.

J'ai une petite rechute de ma goutte, et je boite beaucoup; je suis étendu sur le canapé toute la journée, mais trois fois par semaine des réunions de lecture qui intéressent beaucoup les frères; nous sommes deux cents personnes environ.

Votre toujours affectionné.