Plusieurs demeures

ME 1902 page 118

 

Jean 14: 2-23, établit un parallèle dont le Seigneur se sert à la fois comme comparaison et contraste.

Parlant aux disciples de son départ, il les instruit du caractère qu'il va prendre d'objet invisible de leur foi, invisible comme le Dieu adoré par leurs pères. L'Etre mystérieux habitant entre les chérubins de gloire ne s'était jamais montré à leurs yeux, néanmoins ils croyaient en Lui, ainsi «croyez aussi en moi», leur dit Jésus. Il emprunte ici l'image suggérée par l'invisibilité du Dieu d'Israël — l'image du temple — employant même l'expression appliquée à celui d'Hérode: «la maison de mon Père» (Jean 3: 16), pour traduire les célestes vérités dont il était le messager. «Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit». «Plusieurs demeures» devaient nécessairement arrêter l'esprit d'un Israélite, le temple ne contenant que peu de chambres toutes affectées au service de la famille sacerdotale et aux Lévites (1 Chroniques 28: 11-13; 2 Chroniques 31: 11; Néhémie 13: 9; Jérémie 35: 1, 2; 36: 10). Mais ici nous trouvons en même temps l'assurance de beaucoup de place et d'une merveilleuse proximité de Dieu, dont peuvent jouir, en l'absence du Sauveur, ceux qui croient en Lui; précieuse révélation de ce qu'est la présence de Dieu dans laquelle Christ nous introduit par sa croix et son entrée en gloire comme notre précurseur. «Mon Père et votre Père» (Jean 20: 17), redisent le caractère de la place préparée pour nous comme fils devant le Père, dont Lui est le premier-né (Romains 8: 29). Il nous y introduit en personne, ne voulant pas même confier ce service à un archange. «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin là où je suis, moi, vous, vous soyez aussi». Son amour et ses soins ne se bornent point à «préparer la place», mais dispensent tous les biens qu'il est possible à une créature de recevoir de la part de Celui qui les possède (Luc 7: 22, 23).

Au verset 23, nous trouvons une autre «demeure». Les versets intermédiaires indiquent la mission du Saint Esprit venant combler le vide laissé par l'absence de Christ, non point comme l'hôte d'un moment, mais comme «le consolateur pour demeurer éternellement» (versets 16, 17). C'est Lui qui nous révèle notre caractère de fils (Galates 4: 6) et nous fait prendre la place d'obéissance, de dépendance, que Christ caractérise par le fait de garder ses commandements, qui n'ont aucun rapport avec la loi. — Les exigences et les défenses du décalogue ne peuvent certes pas s'appliquer à Christ, l'homme parfait, mais la connaissance de ses «commandements» s'acquiert en s'attachant à ses «paroles», et pour qui s'y conforme, une manifestation spirituelle de Christ, de sa présence et de sa faveur, en sera la conséquence sentie et réalisée. Cette âme devient alors une «demeure» que le Père et le Fils peuvent déjà habiter, ainsi qu'il est écrit: «J'habiterai au milieu d'eux, et j'y marcherai» (1 Corinthiens 6: 16).

Plût à Dieu qu'il y eût beaucoup de «demeures» pareilles!