Le lépreux - Lévitique 14

 ME 1902 page 189

 

Dans la purification du lépreux, nous avons l'histoire d'un pécheur qui entre dans la communion de Dieu.

Celui qui était atteint de la lèpre était séparé de la communion avec Dieu et son assemblée. Rien de souillé n'entre en la présence de l'Eternel. Le péché éloigne de cette présence, soit quant à la conscience, soit quant à Dieu lui-même. Après son péché, Adam ne put se trouver satisfait de la compagnie de Dieu; sa conscience était mal à l'aise, c'est pourquoi quand il l'aperçut, il s'enfuit. De son côté, Dieu aussi ne put le supporter en sa présence et le chassa. Dieu peut aimer le pécheur, mais il ne peut avoir de communion avec lui aussi longtemps qu'il reste dans cet état. Aussi, quand il s'approche de lui, il le purifie, comme Jésus, en touchant le lépreux, le guérit entièrement (Luc 5: 13).

Rien parmi les hommes ne pouvait guérir le lépreux; Dieu seul pouvait le nettoyer par un acte de sa puissance. Les hommes peuvent essayer d'arrêter les effets du péché, comme ils ont pu lier de chaînes le démoniaque (Luc 8), mais il est au-dessus de leur puissance de le guérir. Toutefois Dieu ne prend point à honte de s'approcher de nous au milieu même de nos misères; il y a assez de gloire en Lui pour cela.

Le lépreux devait porter sur sa lèvre le signe de son humiliation (Michée 3: 7; Ezéchiel 24: 17), et s'écrier: le souillé, le souillé! — Hypocrisie du pécheur aussi longtemps qu'il ne reconnaît pas son état; le fidèle le reconnaît: voilà la différence. Nous sommes hypocrites tant que nous ne disons pas de nous-mêmes: le souillé! le souillé! Quand la maladie avait atteint sa dernière période, le lépreux était entièrement blanc et, dans cet état, il était réputé pur. Il était souillé aussi longtemps que la maladie travaillait intérieurement; mais dès qu'elle était toute à la surface de la peau, alors il était net. C'est que Dieu juge du péché autrement que nous. Jésus ne pouvait se plaire au milieu des pharisiens, sépulcres blanchis, tandis qu'il vivait volontiers au milieu des pécheurs et des gens de mauvaise vie, gens dont la lèpre était pleinement manifestée et qui entraient les premiers dans le royaume de Dieu.

Après la guérison, il fallait introduire le lépreux dans l'assemblée de Dieu, avec la conscience de sa guérison. C'est à quoi servaient les cérémonies ordonnées pour sa purification. Pour être en communion avec Dieu, il faut que nous soyons pardonnés et lavés, et que nous le sachions. La communication de la vie à nos âmes illumine notre intelligence; mais cette lumière nous fait crier: impur! impur! «Retire-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur!» (Luc 5: 8). Il faut de plus une réponse de la part de Dieu dans le coeur. C'est alors l'oeuvre de Christ qui, appliquée à la conscience, met le coeur au large avec Dieu et l'introduit dans sa communion.

Le lépreux rentrait dans l'assemblée avec l'offrande de deux pigeonneaux; figures, l'un de la mort de Christ, l'autre de sa résurrection (celui qui s'envolait). Ils étaient identifiés par le fait qu'on les plongeait dans le même sang. Celui des deux qui était pour la mort, était égorgé sur de l'eau vive, figure de l'Esprit Saint ayant sa part dans les actes de Christ en rédemption; car par l'Esprit éternel, Jésus s'est offert sans tache à Dieu.

Touchant le deuxième pigeonneau, type de la résurrection de Christ, remarquons qu'il n'est pas possible à celui dont la foi ne considère pas la résurrection de Christ, de comprendre sa justification et sa parfaite acceptation de la part de Dieu. «Notre foi est vaine, dit Paul, si Christ n'est point ressuscité». En Christ, par la foi, le chrétien est mort et ressuscité avec Lui; il peut dire de lui-même tout ce qui est arrivé à Christ. Si Jésus, après avoir reçu le pouvoir de juger, parce qu'il est le fils de l'homme (Jean 5: 27), venait à le condamner en lui imputant des péchés qu'il a portés lui-même, il jugerait par là que Son oeuvre était imparfaite. Or elle est parfaite et nous le savons, parce que le Père lui a rendu selon la justice en le plaçant à sa droite (Jean 16: 10; Actes des Apôtres 7: 55).

Le lépreux, une fois aspergé du sang des pigeonneaux, rentrait donc dans le camp; cependant il devait rester à l'entrée de sa tente pendant les sept jours de sa purification. Au huitième, il y avait trois offrandes: un agneau pour le délit, un agneau pour le péché, une brebis et un gâteau pour l'holocauste. Le sang de l'agneau pour le délit était mis sur lui, c'est-à-dire sur l'oreille, la main et le pied. Ensuite, le sacrificateur l'oignait d'huile, d'abord sur l'oreille, la main et le pied, puis sur la tête. Cela fait, il pouvait quitter l'entrée de sa tente et rentrer dans la condition ordinaire de tous les autres Israélites.

Les deux pigeonneaux représentent l'oeuvre de Christ dans son application à la conscience. Les offrandes et les aspersions du huitième jour représentent également l'oeuvre de Christ, mais dans son application à la conduite. — Le pécheur, une fois placé sous l'efficace du sang de Christ, a le droit d'entrer en la présence de Dieu. Le sang de Christ a tranché cette question-là pour toujours. Voilà quant à Dieu, mais quant au pécheur, Dieu veut bien le mettre au large avec Lui en appliquant l'oeuvre de Christ à sa conscience — application qui présente trois effets généraux:

1° Le discernement spirituel; c'est le sang de l'agneau mis sur l'oreille, la main et le pied. Intelligence de Christ pour marcher selon Lui (1 Corinthiens 2: 15, 16).

2° L'Esprit de puissance et de force pour agir selon ce discernement, c'est l'huile mise sur l'oreille, la main et le pied.

3° L'Esprit de joie, c'est l'huile répandue sur la tête (Psaumes 133: 2).

Remarquons deux différences entre la purification du lépreux et la consécration du sacrificateur. 1° Le premier restait en dehors de sa tente pendant sept jours, c'est-à-dire aussi longtemps que le second demeurait dans l'intérieur du parvis.

2° Le lépreux était oint d'huile ordinaire; le sacrificateur était oint de l'huile aromatique du sanctuaire (Exode 30: 22-25). L'identité des jours montre assez que ce sont deux choses qui se trouvent réunies dans l'enfant de Dieu. La séance du lépreux devant sa tente pendant sept jours, répond au témoignage public du chrétien et à ses relations avec les saints. Le séjour du sacrificateur dans le parvis répond aux communications intimes du fidèle avec son Dieu. L'huile sur le premier représente un effet de puissance du Saint Esprit pour l'accompagner dans sa vie publique. L'onction de bonne odeur sur le second représente la bonne odeur de Christ que le chrétien exhale devant Dieu par le Saint Esprit qui habite en lui. «Ton nom est comme un parfum répandu» (Cantique des Cantiques 1: 3).

(Verset 5). Le vaisseau de terre dans lequel était l'eau vive représente probablement l'humanité de Christ.

(Verset 9). Par le rasement de son poil, le lépreux guéri perdait les signes de l'homme fait. Il faut devenir comme un enfant pour entrer dans le royaume des cieux. Quand Naaman fut plongé dans l'eau du Jourdain, sa chair lui revint comme à un petit enfant (2 Rois 5: 14). Ce n'est qu'après l'établissement de la sacrificature que Dieu a parlé du cas du lépreux et de la distinction des choses nettes et souillées, dont le sacrificateur seul peut juger. Le fidèle en qualité de sacrificateur juge aussi de toutes choses (1 Corinthiens 2: 5, 16).

La lèpre dans les vêtements. — Si c'est par grâce que le chrétien a trouvé la purification de ses péchés, son trajet dans ce monde ne se fait pourtant pas sans sacrifice. Il peut se trouver dans sa position humaine des choses que la grâce ne tolère pas. Il faut qu'il s'en nettoie. Le vêtement, dans ce sujet, correspond aux choses qui nous représentent extérieurement, à notre position temporelle, par exemple. Comme Satan a arrangé ce monde pour le monde et non pour le chrétien, celui-ci doit nécessairement rencontrer des difficultés dans ses transactions. Mais que le mal soit dans la chaîne ou dans la trame, il doit agir de manière à conserver une bonne conscience. Quelquefois il lui suffira d'ôter le morceau souillé du vêtement; peut-être aussi lui faudra-t-il jeter le vêtement tout entier. En tout cas, s'il a besoin de conseils, qu'il n'aille point les chercher vers l'homme du monde, car il n'est point sacrificateur, et qu'entre les frères il choisisse le sacrificateur qui n'a bu ni vin, ni boisson forte (Lévitique 10).

La lèpre dans la maison. — Discipline.

L'Eglise a été organisée sur la terre pour être la maison de Dieu (1 Timothée 3: 15). Dans le cas de la lèpre, et selon le jugement du sacrificateur, il fallait d'abord racler l'enduit; puis ôter celles des pierres qui conservaient de la lèpre, et enfin renverser la muraille s'il y avait lieu. Dans l'Eglise, le soin des deux premiers cas est confié aux saints, le Seigneur se charge du troisième. «J'ôterai le chandelier de son lieu» (Apocalypse 2: 5).