Lettres de Darby J.N.

 

Lettres de Darby J.N. 1

Lettre de J.N.D. no 305 – ME 1903 page 39. 1

Lettre de J.N.D. no 306 – ME 1903 page 119. 2

Lettre de J.N.D. no 307 – ME 1903 page 179. 2

Lettre de J.N.D. no 308 – ME 1903 page 219. 3

Lettre de J.N.D. no 309 – ME 1903 page 220. 4

Lettre de J.N.D. no 310 – ME 1903 page 259. 4

Lettre de J.N.D. no 311 – ME 1903 page 279. 5

Lettre de J.N.D. no 312 – ME 1903 page 317. 6

Lettre de J.N.D. no 313 – ME 1903 page 318. 7

Lettre de J.N.D. no 314 – ME 1903 page 336. 7

Lettre de J.N.D. no 315 – ME 1903 page 355. 9

Lettre de J.N.D. no 316 – ME 1903 page 475. 11

 

Lettre de J.N.D. no 305 – ME 1903 page 39

à Mr P.S.

Great Malvern, avril 1880

Bien cher frère,

Je vous renvoie vos notes sans retard. Quoique je ne puisse pas encore chausser un soulier, je suis en tournée. Je trouve partout — et d'autres avec moi — un grand désir d'entendre et d'étudier la Parole. Naturellement cela encourage les frères; Dieu est plein de bonté.

Je crois, cher frère, qu'il vous faut considérer comme très sérieux l'état de Madame S. Ce n'est pas que vous ne l'ayez déjà fait. Quant à moi, j'ai toujours eu ce sentiment, mais je savais que la chose était entre les mains de Dieu. Je crois que son âme a fait beaucoup de progrès pendant cette maladie.

Quel bonheur de penser qu'Il s'occupe toujours de nous pour nous bénir, et qu'on peut toujours compter sur sa bénédiction. Je sens davantage, lorsque je puis m'acquitter du devoir du moment, que tout le reste est rempli de la grâce et des pensées de Dieu — quelle grâce et quelles pensées! Je ne sais si je vous ai dit que mes exercices à l'égard des cantiques adressés au Père, quoique rien de ce que j'ai écrit n'ait pu me plaire, m'ont fait beaucoup de bien.

Il me vient la pensée d'écrire à Mme S., mais il me faut encore la soumettre à Dieu.

Saluez affectueusement tous les frères.

Votre toujours affectionné.

 Lettre de J.N.D. no 306 – ME 1903 page 119

à Mr P.S.

Londres, fin 1880

Merci, bien-aimé frère, de votre bonne petite lettre, ce serait un soulagement pour moi de me trouver chez vous dans ce moment, et jouissant des bons soins que j'y rencontrerais; la distance présente un obstacle pour le moment, quoique je ne sois pas sûr que le déplacement, si la course n'était pas trop longue, ne me fit pas du bien. Mais j'espère pouvoir me mettre en route avant la fin de janvier. Dieu le sait. Mes nuits sont meilleures et je fais du progrès, mais un progrès bien lent. Le médecin (car j'en ai eu une demi-douzaine au moins!) m'a défendu de monter et même de descendre l'escalier, à cause de l'état de mon coeur, défense toutefois que j'ai violée tous les jours. Cela va mieux, mais je savais que mon état était très précaire, et je montais très doucement. Je suis décidément mieux, mais pas encore bien. Je n'ai guère de respiration. Un autre a dit que je ne devais travailler que trois ou quatre minutes tout au plus. Mais c'est Dieu qui décide et qui fait les choses. En attendant, je vous envoie ce qui me restait de vos notes, auxquelles j'ai travaillé plus de quatre minutes. Je suis très heureux, et laisse tout entre les mains de Dieu. Dans le pays, en général, il y a de la bénédiction, à Londres toutefois il y a un parti qui voudrait le devenir formellement, mais les frères sont tranquilles.

Merci encore, cher frère, de votre lettre. J'aimerais bien être auprès de vous; peut-être que Dieu me le permettra.

Saluez Madame, que Dieu la soutienne, car cela est bien nécessaire. Saluez aussi tous les frères. L'argent pour mon voyage est dans mon tiroir.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 307 – ME 1903 page 179

à Mr P.S.

Londres, janvier 1881

Bien cher frère,

Je vous envoie trois feuilles (moins une page) de notes sur Jean (*). Je puis travailler davantage, mais je n'appelle pas cela du travail. Quand je suis fatigué de l'exactitude de votre langue, le soir je me tourne vers la Parole qui nourrit et met le coeur en ordre, par les communications de Dieu lui-même. Je ne sais si je ne suis pas trop heureux, si je me juge assez et si j'adore assez; toutefois l'adoration est le bonheur, et grâce à Dieu le sera pour toujours.

(*) Etude sur l'Evangile de Jean.

Je m'occupe aussi, comme repos, de la nouvelle édition de nos Cantiques, en les refondant quelquefois, et en ajoutant de nouveaux cantiques venus de tous les côtés.

Grâce à Dieu, je suis beaucoup mieux, mais je ne puis pas m'étendre toute la nuit. Après m'être réveillé deux fois, je m'assieds dans mon lit; ici aussi j'ai fait du progrès, car je dors assis.

Je crois que Dieu m'a retenu ici, car, bien que mes poumons, voire ma tête, ne s'y plaisent guère, les frères, dans leurs difficultés, viennent auprès de moi de diverses localités; mais je n'agis pas et même ne conseille pas, si je ne suis pas tout à fait au clair devant Dieu.

J'espère que Madame est toujours soutenue, car je sais qu'une douleur continuelle, bien qu'elle soit petite, ce que la sienne n'est pas, fatigue beaucoup. J'en ai constamment depuis au moins deux mois, mais cela aussi, grâce à Dieu, diminue.

Saluez tous les frères. Que Dieu soit avec vous tous.

Votre affectionné.

Lettre de J.N.D. no 308 – ME 1903 page 219

à Mr P.S.

Londres, mars 1881

Bien cher frère,

Je vous envoie enfin ce que j'ai écrit sur Jean 17. Cela est obscur, je le crains, mais a été pour moi d'une instruction immense et, je l'espère, d'un profit permanent pour d'autres. Ayant un moment pour le relire, je ne l'ai pas trouvé clair, loin de là, car j'étais fatigué en l'écrivant; je n'ai pas relu du tout les autres feuilles. C'est tout au plus si je puis compléter vos notes. Dites, s'il vous plaît, à L. que M. J., etc., vont rompre le pain, encouragés par sa lettre. Je ne m'y suis pas opposé, je n'avais pas de lumière de la part de Dieu quant au moment opportun; je ne crois pas qu'il y aurait eu du profit à retarder encore, mais cela amènera probablement de grandes questions. Dieu agit et met en lumière l'esprit et le caractère de ceux qui s'opposent à la vérité. On est d'une hardiesse inconcevable, on est venu, ayant été excommunié, rompre le pain, malgré l'assemblée; mais Dieu y mettra ordre, je n'en doute pas.

En attendant, il y a grand appétit pour la Parole, et en général un progrès évident dans les âmes. Je crois qu'il résultera beaucoup de bien de la lutte locale dont j'ai parlé. Mais l'esprit de volonté propre, puissant dans le monde, s'infiltre dans l'Eglise, et l'esprit de «revival» avait introduit bien des âmes dont la présence était loin d'être désirable. Maintenant tout cela se crible, et je n'en suis pas fâché. Au reste, sauf dans une localité, nous sommes extérieurement en paix, et ceux qui cherchent à suivre le Seigneur, le laissent agir.

Grâce à Dieu, je suis mieux. La nuit passée, j'ai dormi jusqu'à quatre heures du matin, ce que je n'ai pas fait depuis quatre mois; et par sa grâce, je suis plein de joie.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 309 – ME 1903 page 220

à Mr P.S.

Londres, septembre 1881

Cher frère,

J'ai eu une très légère attaque de paralysie qui n'a atteint que la joue droite, mais qui me faisait perdre l'équilibre en marchant. Je suis beaucoup mieux sous ce rapport. Grâce à Dieu, mon esprit reste intact.

J'ai presque achevé Job.

J'ai été bien réellement en présence de l'éternité, et je suis profondément heureux, tout en restant le pauvre être que j'ai toujours été.

Saluez tous les frères.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 310 – ME 1903 page 259

Londres, septembre 1881

Bien cher frère,

Je vous envoie les derniers cahiers de Mr R., et avec ceux-là, ci-incluse, la dernière feuille des «Notes sur Jean». J'ai beaucoup profité du travail, en tout cas, je l'espère. J'ai été instruit, oui, mais j'en ai profité. Nous sommes de pauvres créatures et nous pouvons beaucoup recevoir sans en avoir beaucoup profité; mais la révélation du Père dans le Fils, nous-mêmes aimés comme Lui a été aimé; l'immense plénitude de ce que le Père est, révélée, et se révélant, tout près de nous; toutefois le Père saint, mais révélé dans le précieux Sauveur; tout cela nourrit et console, et tout est à nous, à nous pour toujours! Et c'est la joie du Père de nous combler de ces bienfaits. Quelle chose pour nous, pauvres créatures, que nous puissions parler de la joie du Père et de ses affections envers nous. Toutefois, c'est à notre égard qu'elles ont été en exercice. Christ en est la preuve. Le Père lui-même vous aime, dit le Sauveur, parce que vous m'avez aimé et que vous avez cru que je suis issu de Lui. Puis nous n'avons pas d'autre mesure de son amour que l'amour qu'il a eu pour Christ. Il y a une autre chose, l'amour de Christ lui-même, qui, tout en étant pleinement divin, entre sympathiquement dans toutes nos faiblesses et toutes nos peines, et nous fait monter en esprit là où il est monté comme homme glorifié… mais bientôt nous connaîtrons mieux ces choses.

Quant à nos affaires ici, Dieu a été merveilleusement avec nous; le jugement de Park Street a été accepté presque partout à Londres et dans tout le pays; mais il y a un parti baptiste et très mondain, connu depuis longtemps, qui tend à se détacher de nous d'une manière hautaine. J'ai averti Mr M., il y a quelques mois, que cela tendait à ce résultat, mais la main et la direction de Dieu ont été si manifestes que cela a beaucoup encouragé les frères. Si cette classe s'en va, c'est de leur propre fait. Quant à eux, ce sera pour nous un sujet d'affliction; mais pour l'unité et le progrès spirituel ce serait un gain. On ne précipite rien; on laisse agir Dieu, seulement ces jours-ci cela est venu à la surface. La chose est très triste, mais bien qu'il n'y eût pas jusqu'à présent d'acte extérieur, cela existe moralement depuis très longtemps. L'unité de l'Esprit n'existait pas, mais une mondanité qui nous troublait tous.

Votre toujours affectionné.

Lettre de J.N.D. no 311 – ME 1903 page 279

à Mr P.S.

Ile de Wight, Ventnor, 9 novembre 1881

Bien cher frère,

Je me suis bien réjoui lorsque P. m'a écrit (ce dont vous me parlez aussi) du réveil qui a eu lieu à Orthez, et même à Bellocq, car il y a longtemps qu'Orthez du moins a été un peu assoupi. Dieu soit béni de cette oeuvre.

La pensée d'une préface à la Bible me préoccupe, et je crains d'entreprendre cette tâche. Il me faudra en tout cas un peu de temps pour «summon up» courage pour le faire. Faire tout ce que je puis pour compléter ce travail, cela va sans dire, mais je sens que c'est une chose bien sérieuse que d'y ajouter une préface. Apprendre de la Parole, est une joie, mais dire ce qu'on pense de la Parole est autre chose. Je ne saurais le dire comme je le voudrais. Pour les détails, il n'y a pas grand-chose à dire et ce serait bientôt fait. Il parait que les frères se réjouissent beaucoup du projet de publier la Bible par livraisons. On me l'avait déjà demandé je ne sais où. Si je peux me décider à entreprendre cette préface, je vous en écrirai; cela se décidera sous peu, si j'ose; voilà le vrai mot.

Je bénis Dieu de ce que Mme S. est un peu soulagé. Les voies de Dieu sont toujours bonnes et parfaites, et parfaites en amour et en sagesse. Quoi qu'il en soit on peut compter sur Lui.

Je suis mieux, mais brisé et très heureux. Je dors bien aussi; mon esprit est dégourdi, mais je ne peux travailler autant d'heures de suite sans fatigue.

Quant à l'état de choses, c'est le moment du crible que j'attendais; le mal se montre, mais Dieu se montre aussi. M. qui a toujours hésité est parfaitement au clair et le dit. La visite des frères américains a beaucoup réjoui les frères, et eux en ont beaucoup joui de leur côté; la main de Dieu a été évidente. Trois ministres nationaux sont venus au milieu des frères, frères selon la chair, très simples et pieux, et deux au moins sont doués. Tout cela encourage les frères, et je crois qu'on s'attend à de la bénédiction. Pourquoi pas si l'on s'attend à Dieu? Il est toujours fidèle, mais il est pénible de voir le mal se montrer.

Il faut que je m'arrête. J'ai été interrompu, on veut que je me repose, et l'on vient me voir.

Votre frère affectionné.

Lettre de J.N.D. no 312 – ME 1903 page 317

à Mr P.S.

Londres, 15 décembre 1881

Cher frère,

J'ai eu du plaisir à recevoir quelques mots de Pau, bien qu'ils fussent accompagnés de ces questions épineuses qui me tourmentent. Je ne sais que dire de la préface (*). J'ai pris courage, et j'ai commencé, me fiant à la bonté de Dieu, et cela m'a profondément intéressé; c'est ma consolation, quand je suis fatigué de ces questions de Ramsgate, bien que Dieu agisse et qu'en général cela aille bien. Mais cela ne nourrit pas, tandis que ma préface étant devenue une espèce d'analyse de toute la Bible, me nourrit et m'intéresse. J'ai fini l'analyse du Pentateuque, qui contient presque tous les grands principes des voies de Dieu. Le reste sera beaucoup plus court proportionnellement, parce qu'une préface n'est ni exégétique, ni homilétique. Mais je crains bien que ce ne soit trop long pour une préface, Quoiqu'il en soit, lorsque je l'aurai achevée et que je l'aurai fait copier, je vous l'enverrai, et vous en ferez ce que vous voudrez. Je me mettrai aussi à l'oeuvre sur les notes (**), mais un travail prend le temps de l'autre, de sorte qu'il vous faudra peut-être attendre les deux s'ils vont pari passu. Puis tout dépend de Dieu. Les interruptions à mon travail sont incessantes et fatigantes. Toutefois la bonté de Dieu a été très grande pour nous. Nous trouvons que toutes nos épreuves ici ont déjà été en bénédiction, et nous arrivons, Dieu voulant, vers la fin. On dit en anglais: Il ne faut pas crier avant d'être hors de la forêt; je ne dis pas que nous en soyons là, mais je vois au moins quelque lumière à travers les troncs.

(*) Introduction écrite pour la Bible imprimée à La Haye en 1882.

(**) Corrections à la traduction de la Bible.

Je suis mieux, et j'ai comparativement un bon sommeil, mais ma respiration est très courte. Cependant je fréquente les réunions. L'hiver a été très doux mais humide.

Saluez bien tous les frères.

Ma nouvelle édition des cantiques fait plaisir aux frères, et l'on sent que les cantiques nous conduisent plus près de Dieu. J'ai été étonné de trouver que nous en avions cent vingt-cinq nouveaux.

Votre frère affectionné.

Lettre de J.N.D. no 313 – ME 1903 page 318

à Mr P.S.

Sundridge House, Gevres Road, Bournemouth, 11 mars 1882

Bien cher frère,

J'ai souvent pensé à vous écrire; mais j'en ai été empêché. Actuellement je dois employer la main d'autrui pour vous annoncer que je ne le puis pas; je veux seulement vous rappeler la longue traversée que nous avons faite ensemble, et reconnaître l'affection fidèle que j'ai éprouvée en vous et dans la bienveillance de Mme S. Maintenant, c'est la fidélité éternelle du Christ qui doit être mon appui, et qui me rend, grâces à Dieu, heureux, béni, et soutenu de la part de Dieu.

Je vous souhaite la bienvenue dans l'autre monde.

Saluez très affectueusement tous les frères.

Votre tout affectionné (*).

 (*) Dernière lettre écrite à Mr P.S.

Lettre de J.N.D. no 314 – ME 1903 page 336

à Mme P.S.

En tournée, Worcester, 15 avril 1880

Chère Madame S.,

Connaissant depuis si longtemps votre bienveillance à mon égard, je vous écris quelques mots pour vous consoler et vous rappeler la grâce du Seigneur dans vos souffrances; puisque je ne peux vous voir et le faire de bouche. Tout le temps de mon séjour à P., je sentais que votre état ne s'améliorait pas, chose qui ne peut que nous être sensible quand nous avons connu quelqu'un depuis longtemps, et spécialement quand on a vécu dans son intimité. A mon âge, on a nécessairement vu s'en aller presque toutes les personnes avec lesquelles on a été en relation, sans que le vide puisse être humainement rempli. J'y suis habitué, et Christ me suffit; mais ainsi voyant défaillir tout ce qui est ici-bas, la question se présente à nous d'une manière à laquelle nous n'échappons pas: Est-ce que Christ nous suffit? Le passé se présente d'une tout autre manière que lorsque nous le traversions. Des choses toutes naturelles pour le coeur humain passent devant nous quand nous sommes dans un état qui demande que Christ soit tout, et dans lequel aucune affection humaine ne peut donner une réponse au coeur, ni satisfaire à l'intelligence spirituelle. Nous sommes, malgré nous, seuls avec Dieu, tels que nous sommes à ses yeux. Mais c'est un grand bien que d'être ainsi sondé. On aurait dû toujours marcher ainsi devant Dieu. C'est ce dont l'apôtre parle, quand il dit: «Je suis manifesté à Dieu». Il n'attendait pas le moment d'être devant le tribunal de Christ pour être manifesté ainsi. Il ne s'agit pas précisément d'être justifié, ni de doutes à l'égard de l'amour de Dieu; si je ne suis pas affranchi, cela peut s'y mêler sans doute; mais si j'ai blessé un ami, ce n'est pas que je doute de son affection; c'est parce qu'il m'aime, que cela me fait de la peine. Je ne sais peut-être pas quels seront ses sentiments à mon égard; à cause de son affection pour moi, il s'attendait à autre chose. Ne cherchez pas à vous soustraire à cette opération de sondage; je crois que vous y avez un peu passé pendant vos souffrances de l'année présente. Dieu, comme Dieu de sainteté, veut que tout soit tiré au clair dans nos coeurs, afin que son amour ait libre cours, et le nôtre aussi envers Lui. Il faut que la conscience soit parfaite à son égard, afin que le coeur soit libre. Mais son amour, quoiqu'il sonde la conscience dans ce but à cause de ce que nous sommes, est au-dessus de tout, et indépendant de tout motif. Il faut que nous soyons ainsi sondés, afin que nous jouissions de cet amour; pour jouir de Lui, il faut que ce soit selon sa nature; il ne peut en être autrement. Il ne s'agit pas ici ni de crimes, ni de péché dans le sens ordinaire, mais de notre état à Son égard.

Mais une fois sondés et exercés pour être capables de jouir de Lui, il s'agit de Lui et non pas de nous. Son amour est au-dessus de tout; la croix l'a démontré; c'est lorsque nous n'étions que pécheurs qu'il a constaté son amour ainsi, amour sans motif, si ce n'est dans son propre coeur. Mais il y a plus. Dans l'oeuvre qui nous a donné la preuve de son amour infini en n'épargnant pas son Fils, il a effacé toute trace de péché; vous le savez bien; mais j'en parle maintenant comme montrant le caractère de cet amour qui subsiste toujours dans toute sa perfection, nous lave les pieds, car les cendres de la génisse (preuve que le péché a été déjà consumé, comme le sang était toujours à la porte du tabernacle, où le peuple se rencontrait avec Dieu selon sa responsabilité, étant toujours au bénéfice du jour des expiations), les cendres, dis-je, étaient mêlées à l'eau de séparation, de sorte que le péché est estimé selon ce qu'il a coûté à Christ pour l'ôter; mais, dans ce cas, afin de rétablir en pleine communion celui qui était souillé par un mort. Ainsi, par ces exercices, Christ nous fait jouir de l'amour infini de Dieu qui l'a donné. Ce n'est pas seulement la justification, c'est la communion; le coeur jouissant de cet amour qui a donné Jésus pour l'accomplir, sans question d'autre chose que de sa bonté et de sa sainteté. Ainsi purifié, non seulement par son sang, mais par l'eau qui constatait également la mort au péché, nous jouissons, selon sa sainteté qui y ajoute beaucoup, d'un amour sans bornes. Nous sommes à Lui, il trouve ses délices en nous en Christ; ce que nous étions étant comme mis de côté, pareils au prodigue une fois arrivé auprès du Père, nous n'entendons que ce que le Père était. La meilleure robe convenait au Père; tout ce qu'était le fils, était ce que le Père était dans son amour. Ainsi il nous aime comme il aime Jésus; merveilleuse parole, mais intelligible quand nous pensons que c'est ce qu'il est, Lui. Alors nous jouissons pleinement de son amour dans la lumière, blancs comme la neige aux yeux de Dieu par l'efficace du sang du Sauveur, ne pensant plus à nous-mêmes (si ce n'est un moment pour reconnaître la grandeur de son amour), mais à Lui, dans une entière confiance, heureux d'être avec Lui, heureux de savoir ce qu'Il est, et ce qu'il est pour nous, Christ étant le pain dont nous vivons, et son amour, la joie de nos coeurs, sachant que nous serons avec Lui et comme Lui. Au reste, il est notre force et notre soutien tout le long du chemin, soutien puissant et senti.

Que Dieu vous garde dans la paix auprès de Lui.

Avec mes remerciements pour vos bontés envers moi.

Votre affectionné frère en Christ.

Lettre de J.N.D. no 315 – ME 1903 page 355

à Mrs A.G. et L.F., à Vernoux

Lausanne, 1840

Bien-aimés frères,

Dieu est plein de bonté à votre égard en vous ouvrant des portes et en vous permettant de travailler tranquillement à son règne. Puissiez-vous y abonder toujours plus. Quel privilège, chers frères, qu'il nous soit permis dans ce monde, dans ce pauvre monde perdu, de travailler à l'oeuvre de la grâce de Dieu, de sa bonté envers les pécheurs! Quel privilège de présenter à ces pauvres ruinés, du sein de sa communion et de la joie de sa sainteté, les richesses consolantes de sa grâce, puissante pour les relever de leur état! Quelle jouissance cela nous donne de sa grâce pour nous-mêmes! Je ne dis pas, et vous le savez aussi bien que moi, chers frères, qu'on ne puisse pas être abattu dans cette oeuvre, en présence de la contradiction et de l'indifférence des pécheurs, car nous avons nous-mêmes cette grâce dans des vases d'argile; mais, si nous nous en rapportons à Lui, Dieu «console ceux qui sont abattus», et nous fait voir que la force est en Lui. Il nous fait honte de notre abattement, en nous donnant de nouvelles preuves que Lui ne se lasse pas et qu'il ne se fatigue pas, et en nous envoyant, au moment où nous sommes prêts à nous relâcher, des évidences qu'il agissait en notre faveur et pour sa gloire, et que ce n'étaient que nos misérables coeurs qui succombaient en perdant courage. Nous sommes dans des temps solennels, chers frères. Quoique l'iniquité de l'homme soit grande, Dieu attend dans sa grande et charitable patience, afin de rassembler ceux qui ont des oreilles pour écouter. Le mal se manifeste toujours plus; n'en soyez pas étonnés. Quelle consolation de lui entendre dire: «Tu as peu de force; j'ai mis devant toi une porte ouverte. Parce que tu as gardé la parole de ma patience, je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière, pour éprouver ceux qui habitent sur la terre». C'est donc le moment de travailler, mais en vivant dans Sa communion, afin que nous ayons le discernement et la charité nécessaires pour travailler selon sa volonté, et que nous évitions les pièges de l'ennemi. Les temps se hâtent, chers frères; travaillons pendant qu'il fait jour; la nuit viendra où personne ne pourra travailler. Renoncer pour un peu de temps à nous-mêmes, tout en ayant présentement cent fois plus, et dans le siècle qui vient, tout ce que le coeur de Christ pourra nous donner, telle est notre portion, la portion de la foi. Chaque jour, chaque événement, me confirme dans la vérité dont Dieu m'a convaincu lui-même, sans employer un événement quelconque. Mais tout ce que nous avons à faire, c'est de marcher en simplicité, faisant tout ce que le Saint Esprit nous rend capables de faire, mais n'étant jamais tentés de suivre l'apparence du bien au delà de ce qui nous est donné, et ainsi de quitter le chemin étroit de la foi, renonçant à la conduite de Dieu lui-même. C'est ce que firent les Israélites qui voulurent avoir un roi quand Dieu était leur Roi, parce que les nations qui ne connaissaient pas Dieu en avaient un. Le chemin de la foi est plus difficile et la chair y est mise à découvert, mais Dieu sait mieux que nous diriger son Royaume. C'est le chemin le plus béni; quand on suit les apparences, on s'en trouve mal à la fin, car on est mêlé avec tout ce que Dieu jugera, et jugera bientôt. En attendant, travaillons en vue de la journée de Christ et en puisant dans sa communion la force et la joie.

On voit, dans l'épître aux Philippiens, d'une manière particulière, l'esprit qui doit régner dans les chrétiens et entre eux, lorsqu'ils sont privés des soins apostoliques si précieux pour ceux qui désirent marcher selon Christ. Christ s'est anéanti: voilà le grand principe; il s'est humilié: c'est là aussi le secret de notre force, de toute notre force, car notre force c'est Dieu, mais Dieu résiste aux orgueilleux et fait grâce aux humbles. C'est pourquoi, est-il dit, Dieu l'a souverainement exalté. Dans son temps il attendait pleinement le temps de Dieu; c'est ce qui pour nous est difficile. La chair peut bien attendre quelque temps, mais attendre l'intervention de Dieu, «cesser et connaître qu'il est Dieu», c'est là l'épreuve de notre spiritualité. Etre content que Dieu soit tout et compter sur sa bonté en se confiant entièrement à Lui; la bénédiction et la conscience que Dieu est avec nous, sont en proportion de cela.

Agréez ces quelques lignes, bien-aimés frères. J'ai beaucoup à coeur tout ce qui vous concerne. Je n'ai que quelques moments pour vous écrire.

En général, Dieu nous bénit ici, mais c'est encore peu de chose en comparaison de ce que plus de foi et une vie plus près de Dieu pourraient faire. Cependant Dieu opère; lui-même a manifesté, d'une manière très remarquable, des individus, autrefois incrédules avoués. Les frères aussi marchent bien, et il y a un mouvement général dans les esprits, mêlé à de l'opposition. La réunion de Saint-Pierre a renoncé à s'appeler une église, et Mr H. O. a renoncé au pastorat en titre. Nous nous réunirons ensemble, s'il plaît à Dieu, le 16 de ce mois, dans un autre local. Il n'y a point eu de transaction; Dieu les y avait préparés, et Mr H. O. y a beaucoup insisté. Je n'ai fait que chercher à dissiper les préventions et à exercer la foi en vue des difficultés que je voyais comme les autres et même davantage, mais Dieu saura les aplanir et peut-être ne paraîtront-elles jamais de fait. Quand un devoir est évident, Dieu suffit à tout.

Saluez tous les frères. Je bénis Dieu de ce qu'il étend votre oeuvre. Que la patience et la grâce signalent toute votre marche. Vous aurez des difficultés; il vous faudra passer par la mauvaise comme par la bonne réputation. Peu importe, si nous nous remettons à Dieu.

J'ai quelque espérance de vous voir avant de quitter ce pays. C'est un moment critique; je ne quitte guère Lausanne.

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 316 – ME 1903 page 475

à Mrs A.G. et L.F., à Vernoux

Lausanne, 15 août 1840

Chers frères,

J'ai reçu aujourd'hui des nouvelles de l'Ardèche. Elles me font vous écrire pour vous demander tous les renseignements que vous pourrez me donner et vous présenter ce qu'on dit à votre égard, afin que vous puissiez me répondre, si Dieu vous pousse à le faire. Il paraît que quelques réunions ont été ou moins fréquentées ou dispersées. Est-ce que quelque préjugé s'est élevé contre G. là où il a travaillé, et à quoi attribuez-vous cette interruption des réunions? Y a-t-il eu des discussions ou des différends? D'après ce que j'ai vu de vos lettres, il n'y a rien qui m'ait étonné, bien au contraire, mais comme on se plaint et qu'on est venu m'en parler, j'aimerais savoir ce qu'il en est pour pouvoir répondre. Comme vous pouvez bien le croire, je ne dis nullement ces choses pour vous décourager. G. croit-il que quelque imprudence de sa part aurait pu nuire? Est-ce que, sauf l'effet naturel des persécutions, il y a un scandale ou quelque chose qui empêche les réunions? Est-ce que la vérité fait des progrès, ou le réveil est-il arrêté? J'ai l'espérance de vous voir bientôt et de savoir tout moi-même, avec beaucoup plus de joie en vous voyant, mais il ne s'agit pas maintenant de moi, car en réalité je ne suis pas inquiet. Je ne voyais dans ce que vous m'avez dit qu'un effet universel de la vérité et de la fidélité. Dans ce qui m'a été raconté, rien ne m'a frappé, sinon qu'il y avait des préventions contre certaines vues, mais il est aussi possible, car nous sommes tous dans la chair, qu'il y ait eu des imprudences. Que Dieu, chers frères, vous justifie et vous console lui-même. Travailler sans reproche, n'est pas le travail des chrétiens fidèles; il faut passer par la bonne et la mauvaise réputation. Nous sommes heureux si Dieu et notre conscience ne nous font point de reproche. Malheur à vous si tout le monde dit du bien de vous. Que Dieu vous fasse souvenir que, dans tous les cas, nous devons surmonter le mal par le bien, tenir ferme pour la vérité de Dieu, mais être doux et tranquilles pour l'homme. C'est la communion de Dieu seul qui peut nous faire réaliser ces deux choses, et nos épreuves doivent toujours nous y pousser. Puissions-nous seulement dire à Dieu: «Connais que j'ai souffert l'opprobre pour l'amour de toi. Tes paroles se sont-elles trouvées, je les ai aussitôt mangées, et ta parole m'a été en joie» (Jérémie 15: 15, 16), mais elle a bientôt conduit Jérémie dans l'épreuve.

Ici, il y a eu certainement de la bénédiction, mais extérieurement les choses sont encore dans un état de dissolution.

Votre toujours affectionné.