La volonté de Dieu (Prod'hom S.)

Romains 12 v.1-2

ME 1903 page 391

 

Avec ce chapitre 12, commencent les exhortations pratiques. Elles découlent des enseignements des onze chapitres précédents, où nous est exposé le déploiement des compassions de Dieu dans l'oeuvre de la rédemption, s'appliquant à l'homme quel qu'il soit, Juif ou gentil, dégradé par le péché. Dans la première partie de l'épître, chapitres 1 à 5: 11, nous avons la justification des péchés par la mort de Christ pour nous, Dieu ayant présenté son propre Fils comme propitiatoire par la foi en son sang. Dans la deuxième partie, du chapitre 5: 12 au chapitre 8, l'apôtre présente, non point la justification des péchés, mais la délivrance de notre état en Adam, par notre mort avec Christ à la croix; ce qui place le croyant dans un état nouveau dans lequel il est affranchi du péché dont il était esclave, et libre pour mettre au service du Seigneur ses membres par lesquels il servait autrefois le péché (Romains 6). Dans une troisième partie de l'épître, qui est comme une sorte d'appendice, chapitres 9 à 11, l'apôtre répond à l'objection que pourrait faire un Juif sur ce qui est présenté dans les premiers chapitres, où tous, Juifs et gentils, sont devant Dieu sur le même pied de perdition. Les Juifs ayant violé la loi, les gentils ayant abandonné Dieu pour l'idolâtrie, se trouvent maintenant les objets de la même grâce. Que faire alors des promesses inconditionnelles faites aux pères? Comment les concilier avec la grâce qui règne pour tous dans l'économie actuelle? L'apôtre montre que si, sur le pied de la responsabilité, les Juifs ont perdu tout droit à l'accomplissement des promesses, Dieu saura les accomplir sur le pied de la rédemption: Christ étant mort pour la nation, son oeuvre à la croix est la base de l'accomplissement des promesses. A la fin du chapitre 11, l'apôtre termine par ces mots l'exposition de la miséricorde et des compassions de Dieu envers tous: «Car Dieu a renfermé tous, Juifs et nations, dans la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous. O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu!»

Ayant donc considéré, dans les onze premiers chapitres, les richesses de la sagesse et de l'amour de Dieu dans ses voies et dans l'accomplissement de ses pensées de grâce envers nous et envers Israël par l'oeuvre de la rédemption, l'apôtre peut exhorter les croyants «par les compassions de Dieu, à présenter leurs corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est leur service intelligent».

Quels motifs plus puissants pourraient nous faire agir, que le déploiement des compassions de Dieu envers nous? Par nos péchés, nous avions attiré sur nous le jugement de Dieu; selon la grandeur de ses compassions, il nous a pardonnés, justifiés. Nous avions une nature rebelle, foncièrement mauvaise, qui ne se soumettait pas à la volonté de Dieu; Dieu nous en a délivré, et il nous a donné la vie, et le Saint Esprit comme puissance de cette vie, afin que nous puissions le servir. Que ferions-nous de cette vie, sinon de l'employer pour Dieu, Lui offrant non plus des sacrifices morts imposés par la loi, mais nos corps, nos facultés, notre personne tout entière. Nos membres, qui étaient autrefois les instruments dociles du péché, peuvent être maintenant des instruments de justice (chapitre 6: 13). Un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu; et c'est ce qu'a été la vie tout entière de notre précieux Sauveur ici-bas. C'est un service intelligent; ce n'est plus une observance servile de commandements formulés à l'avance, dont on ne peut éviter l'accomplissement sous peine de jugement. Participants de la vie de Christ, possédant le Saint Esprit, nous pouvons, dans la communion du Seigneur, «éprouver ce qui lui est agréable» (Ephésiens 5: 10), «et discerner les choses excellentes» (Philippiens 1: 10).

Ce service s'accomplit dans ce présent siècle mauvais, où les hommes sont gouvernés par les principes qui le caractérisent, conduits par Satan, le prince de ce monde, dans un courant tout opposé à celui de Dieu dans lequel se trouve le croyant. Ce dernier n'est plus de ce monde, tout en ayant encore en lui la mauvaise nature qui s'accommoderait toujours aux principes de ce siècle, s'il ne la tenait pas constamment dans la mort. Ce n'est donc plus la vieille nature qui caractérise le croyant, son entendement a été renouvelé, il est en état de juger des choses selon la pensée de Dieu, et cette capacité, sous l'action de l'Esprit, doit le transformer pratiquement. Elle doit faire de lui un Christ ici-bas, au lieu d'un homme en Adam, ayant pour centre d'action lui-même, et pour sphère d'activité les ténèbres morales dans lesquelles gît ce pauvre monde. Le croyant reçoit donc par l'entendement renouvelé, dirigé par la Parole, la capacité de discerner quelle est la volonté de Dieu, afin d'y conformer sa vie tout entière, car le propre de cette nouvelle vie, c'est l'obéissance. «Sanctifiés pour l'obéissance de Jésus Christ» (1 Pierre 1: 2). C'est la vie de Celui qui, en entrant dans ce monde comme homme, dit: «Je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté» (Hébreux 10: 7), en contraste avec le premier Adam qui n'a fait que sa volonté propre. Le bonheur du racheté est de faire la volonté de Dieu; il a assez fait la sienne, lorsqu'elle ne produisait que du fruit pour la mort (Romains 6: 16, 21, 23). Il est maintenant libre pour obéir, car la vraie liberté se trouve dans l'obéissance. L'obéissance se réalisant dans la dépendance, nous aurons besoin de connaître la volonté de Dieu pour l'accomplir. Dans ce but, nous nous détournerons de tout ce qui gouverne et caractérise l'esprit de ce siècle, d'où Christ est rejeté, et au travers duquel nous avons à manifester les caractères de l'Homme obéissant, de l'Homme parfait. Si nous nous laissons influencer par l'esprit de ce siècle, caractérisé par la recherche du bien-être matériel et du plaisir sous tant de formes, dans l'indépendance de Dieu, comment connaîtrons-nous la volonté de Dieu? Si nous avons devant les yeux autre chose que la parole de Dieu comme guide, nous ne pourrons pas servir avec intelligence, présentant nos corps en sacrifice vivant, entièrement dévoués à Dieu, comme «morts au péché et vivants à Dieu». Nous faisons souvent une chose, parce que d'autres l'ont faite, ou parce qu'une telle manière d'agir nous a réussi une fois. Ou bien, nous nous laissons diriger par nos goûts; nous prenons en considération les liens naturels, l'opinion du monde, ou celle des frères qui ne sont pas toujours conduits par la parole de Dieu, etc., etc. En tout cela, il n'y a pas d'intelligence spirituelle; ce service n'est pas intelligent. C'est une conformité à ce siècle qui nous empêche de discerner quelle est la volonté de Dieu. «Ne soyez pas sans intelligence, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur» (Ephésiens 5: 17). «Nous appliquant avec ardeur à lui être agréables» (2 Corinthiens 5: 9); imitant le Seigneur, notre parfait modèle, qui pouvait dire: «Je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 8: 29).

Quel bonheur lorsqu'ayant mis de côté tout ce qui est du moi et du monde, nous pouvons discerner ou éprouver la volonté de Dieu pour l'accomplir et apprécier ce qu'elle est: bonne, agréable et parfaite.

On entend souvent ceux qui traversent une épreuve douloureuse, renfermant ce qu'il y a de plus mystérieux quant aux dispensations de Dieu, citer ce verset 2 en disant: «Nous avons à éprouver que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite». Ils pensent que pour réaliser cela, il faudrait que toute la douleur causée par l'épreuve fit place à un sentiment agréable, produit par le fait que la volonté de Dieu est telle. Ce n'est point là ce que veut dire ce passage. D'autres passages montrent au contraire que nous avons à sentir l'épreuve, afin qu'elle porte ses fruits. Mais, transformés par le renouvellement de notre entendement, étant du côté de Dieu pour considérer toutes choses, sachant que tout est le résultat de sa volonté, malgré ce qu'il peut y avoir de douloureux dans nos circonstances, soit pour la chair, soit pour la nature humaine, notre coeur renouvelé discerne que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite; elle est cela pour Dieu, elle est cela aussi pour le nouvel homme, car il regarde aux résultats glorieux qui seront produits, et se repose, au milieu des souffrances, sur le fait que tout provient de cette volonté de Dieu. C'est ce que le Seigneur réalisait, lorsqu'il dit en Matthieu 11: 26: «Oui, Père, c'est ce que tu as trouvé bon devant toi»; et cela, dans le moment infiniment douloureux pour son âme, où il constatait son rejet par son peuple bien-aimé, rejet qui devait aboutir à sa mort sur la croix. De même l'apôtre Paul, après avoir supplié trois fois le Seigneur pour que l'écharde se retirât de lui, peut dire: «Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur moi. C'est pourquoi je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités, dans les persécutions, dans les détresses pour Christ: car quand je suis faible, alors je suis fort» (2 Corinthiens 12: 8-10).

Si l'on considère simplement quelques passages où l'expression «la volonté de Dieu» se trouve, on est frappé de cette vérité, que la volonté de Dieu est nécessairement bonne, agréable et parfaite en elle-même. En Ephésiens 1: 5: «Nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté» (Galates 1: 4): «Jésus Christ qui s'est donné lui-même pour nos péchés, en sorte qu'il nous retirât du présent siècle mauvais, selon la volonté de notre Dieu et Père», (Jacques 1: 18): «De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité». Paul s'appelle plusieurs fois: «Apôtre appelé par la volonté de Dieu». Dans tous ces cas, et bien d'autres, il nous est facile de discerner que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite. Mais Dieu a voulu qu'étant transformés par le renouvellement de notre entendement, nous puissions la discerner telle dans toutes les circonstances que nous rencontrons sur notre chemin. Cependant, il y aurait une perte pour l'âme à ne voir dans ce passage de Romains 12: 2, qu'une exhortation à éprouver la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite, dans les circonstances pénibles que Dieu trouve bon de nous faire traverser, car il ne s'agit pas seulement de cela; le passage nous montre aussi qu'en ne nous conformant pas à ce siècle, nous pourrons discerner au travers de tout le dédale ténébreux de ce monde et de nos coeurs naturels, quelle est la volonté de Dieu pour l'accomplir et offrir nos corps en sacrifice vivant, ce qui est notre service intelligent, étant mus par les compassions de Dieu et transformés par le renouvellement de notre entendement. Cette volonté de Dieu que nous accomplirons est bonne, agréable et parfaite. Elle était cela pour notre bien-aimé Sauveur: «C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au dedans de mes entrailles» (Psaumes 40: 8). «Les ordonnances de l'Eternel sont droites, réjouissant le coeur; le commandement de l'Eternel est pur, illuminant les yeux» (Psaumes 19: 8). Quel bonheur et quel repos pour l'âme de pouvoir discerner la volonté de Dieu, et marcher dans les bonnes oeuvres que Dieu nous a préparées à l'avance…

Au tribunal de Christ, nous comprendrons les dispensations mystérieuses devant lesquelles nous nous inclinons, sachant que «toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu». En attendant ce jour-là, ne nous conformons pas à ce siècle, laissons-nous transformer par le renouvellement de notre entendement, sous l'action de la Parole qui nous présente les motifs les plus puissants pour gouverner nos coeurs et nous garder dans la pensée de Dieu en toutes choses. C'était le désir de l'apôtre pour les Philippiens quand il disait: «Je demande ceci dans mes prières, que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et toute intelligence, pour que vous discerniez les choses excellentes, afin que vous soyez purs et que vous ne bronchiez pas jusqu'au jour de Christ, étant remplis du fruit de la justice qui est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu» (Philippiens 1: 9-11).