La position du croyant en Christ

 ME 1904 page 50

 

Ce sujet est de la plus haute importance. Aussi longtemps qu'un chrétien ne l'a pas bien compris, il ne peut avoir une idée juste de ses relations, ni de sa responsabilité. Il est certain que la faiblesse, de la vie chrétienne chez beaucoup de croyants, l'incertitude de leur marche et le manque de séparation du monde, que l'on a à déplorer chez un grand nombre de ceux qui professent être chrétiens, proviennent d'une connaissance imparfaite de la position que le croyant occupe devant Dieu en Christ.

Nous lisons dans l'épître aux Romains: «Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ». Ainsi la paix avec Dieu est la possession inaliénable de chacun de ceux qui sont justifiés; car c'est la paix qui a été faite «par le sang de sa croix» (Colossiens 1: 20). Ce n'est donc pas une expérience ou le résultat d'un progrès accompli; c'est ce qui appartient à tout croyant, quels que soient ses sentiments, du moment qu'il est justifié. Si donc nous n'entrons pas dans la jouissance de cette paix, cela est dû à notre imparfaite connaissance de la grâce de Dieu, qui peut provenir soit d'un mauvais enseignement, soit de notre incrédulité. Mais il est très important que chaque croyant, quelle que soit, sa faiblesse ou sa timidité, sache qu'une paix éternelle avec Dieu est sa portion par le précieux sang, de Christ.

Mais il y a plus que cela. Nous lisons ensuite: «Par lequel nous avons trouvé aussi accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes». Remarquez encore ici que ce n'est pas une expérience, mais la position dans laquelle chaque croyant est amené en Christ, position d'acceptation parfaite, dans laquelle la pleine faveur de Dieu repose sur lui, non à cause de ce qu'il est en lui-même, ni d'aucune expérience ou d'aucun progrès qu'il puisse avoir fait, mais uniquement à cause de ce que Christ est et a fait pour lui.

Cette vérité sera saisie plus distinctement, si l'on considère un autre passage. Nous trouvons dans l'épître aux Colossiens: «Et vous, qui étiez autrefois étrangers et ennemis quant à votre entendement, dans les mauvaises oeuvres, il vous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort, pour vous présenter saints et irréprochables et irrépréhensibles devant lui» (Colossiens 1: 21, 22). Remarquez maintenant deux choses: premièrement, Dieu avait réconcilié ces croyants (il vous a réconciliés); et secondement, le caractère parlait de cette réconciliation est indiqué, par trois mots. Le premier est «saint», ce qui exprime de la manière la plus forte possible que le croyant est parfaitement propre pour la présence de Dieu. Ensuite, nous avons le mot «irréprochable», dont nous comprendrons mieux la portée par un autre passage dans l'épître aux Hébreux, nous lisons: «Combien plus le sang du Christ qui, par l'Esprit éternel, s'est offert lui-même à Dieu sans tache». Or le mot traduit ici «sans tache» est le même «qu'irréprochable», dans les Colossiens; nous pouvons donc en conclure que le croyant, quant à sa position, est devant Dieu ce que Christ était quand il s'est offert lui-même à Dieu, c'est-à-dire «sans tache». En dernier lieu; nous avons «irrépréhensible», ce qui signifie plus exactement quelqu'un sur lequel ne pèse aucune accusation, selon ce que dit l'apôtre dans un autre endroit: «Qui intentera accusation contre des élus de Dieu?» (Romains 8: 33).

Ce passage des Colossiens nous enseigne donc que la position du croyant devant Dieu, est absolument parfaite, car il nous montre que Dieu regarde son peuple en Christ comme saint, sans tache, et tel que toute question qui pourrait être soulevée à son égard, est si entièrement réglée qu'aucune accusation ne peut être portée contre lui. Or cette position est celle de chaque croyant; ce n'est pas du tout une question d'expérience ou de progrès; elle appartient aux petits enfants en Christ, aussi bien qu'aux jeunes gens et aux pères (1 Jean 2), parce que, dès que nous croyons, nous nous trouvons devant Dieu dans toute la perfection, la bonne odeur et l'acceptation de Christ. C'est donc ce qu'il est et non ce que nous sommes, qui fait notre position; ce qu'il est, c'est ce que nous sommes en Lui devant Dieu.

Mais nous pouvons aller plus loin. Dans l'épître aux Romains, Paul dit: «Or vous n'êtes pas dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous» (Romains 8: 9). Il faut noter avec soin ces paroles: «Vous n'êtes pas, dans la chair». A quoi se rapportent-elles? A la position du croyant, au résultat de sa mort et de sa résurrection avec Christ. Si nous lisons attentivement depuis le chapitre 6, nous verrons que les croyants sont regardés comme étant morts avec Christ quant à leur vieille nature. C'est ce que nous disent, entre autres, les, passages suivants: «Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort?» (6: 3). «Sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec lui» (6: 6); «Or si nous sommes morts avec Christ…» (6: 8). Comme il nous est dit ailleurs, ils sont considérés comme «ressuscités avec Christ» (Colossiens 3: 1); de là vient que l'apôtre leur rappelle qu'ils ont «dépouillé le vieil homme avec ses actions», et «revêtu le nouvel homme» (Colossiens 3: 9, 10). Ainsi la vérité qui nous est enseignée est que, pour ce qui concerne notre position devant Dieu, nous sommes, non dans la chair, puisque notre vieil homme a été jugé et crucifié sur la croix, mais dans l'Esprit. C'est donc l'Esprit qui caractérise notre position devant Dieu. A ses yeux et devant Lui, nous ne sommes pas dans la chair. Cela suppose, il est vrai, l'existence de la chair; mais ayant reçu le Saint Esprit, et ayant la vie du Saint Esprit, c'est Lui qui forme notre relation avec Dieu. Notre existence morale devant Dieu est dans l'Esprit, non pas dans la chair, ou l'homme naturel. En d'autres termes, quant à la position, nous ne sommes plus du tout en Adam, et (en allant au delà du passage que nous venons de considérer) nous pouvons ajouter que nous sommes en Christ, et en Christ là où il est.

Ce que nous venons de voir est confirmé par d'autres passages, Paul écrivait aux Ephésiens; «Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce), et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Ephésiens 2: 4-6). Tous les verbes employés ici sont au passé: Dieu nous a vivifiés, il nous a ressuscités, il nous a fait asseoir; tout cela nous montre donc quelque chose qui a été accompli en notre faveur. Qu'est-ce donc? C'est notre parfaite position en Christ. Oui, nous apprenons que déjà en Christ nous sommes assis dans les lieux célestes, et que c'est notre vraie place devant Dieu. Si nous étions dans la chair, la scène sur laquelle nous nous mouvons serait notre place, mais puisque, en Christ, nous y sommes morts, et que nous avons été ressuscités ensemble avec Christ, notre vraie place est en Christ où il est, dans les lieux célestes. C'est pour cela que l'apôtre dit ailleurs: «Si quelqu'un est en Christ, c'est une nouvelle création» (2 Corinthiens 5: 17). Car, en Christ, nous sommes morts à l'ancienne, nous en avons été entièrement sortis, et nous sommes ressuscités avec Lui dans la nouvelle, où tout est parfait selon la perfection de Dieu, en sorte que l'apôtre Jean peut dire: «Comme il est, Lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde»; cela veut dire: tel que Christ est devant Dieu, tels nous sommes en Lui, bien que nous trouvant encore dans ce monde, parfaitement agréés de Dieu, parce que l'acceptation de Christ est la nôtre.

Il faut bien se rappeler que nous nous sommes occupés de la position du croyant. Naturellement notre place de service est ici-bas dans le désert, mais si vrai que cela soit, n'oublions jamais que nous appartenons à une autre création que celle-ci, puisque nous sommes assis en Christ dans les lieux célestes. «Notre bourgeoisie est dans les cieux, d'où aussi nous attendons le Seigneur Jésus Christ comme Sauveur» (Philippiens 3: 20), et quand il viendra, il nous prendra auprès de Lui, afin que là où il est, étant rendus semblables à Lui, conformes à Lui dans la gloire, nous y soyons aussi.

Il est d'autant plus nécessaire de bien saisir ces vérités, qu'elles ont une influence très marquée sur notre marche et notre conduite. Si nous discernons bien que nous sommes un peuple céleste, nous verrons aussi que notre vraie place et notre position devant Dieu doivent déterminer le caractère de notre marche; en un mot, que notre marche doit être en harmonie avec notre position en Christ, que le mot «séparation» — une séparation pour Dieu — doit se lire dans tout ce que nous sommes et sur tout ce que nous faisons. Si les croyants étaient plus familiers avec le caractère de leur position, ils verraient l'absolue incompatibilité de la plupart de leurs associations avec cette position; ils ne pourraient se joindre aux hommes du monde dans les affaires et les mouvements politiques et philanthropiques, comme on les nomme; ni prendre part à tant de choses qui attristent l'Esprit de Dieu, mais ils entreraient dans la pensée de l'apôtre, quand il dit: «Désormais nous ne connaissons personne selon la chair; et, si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi» (2 Corinthiens 5: 16); ils comprendraient son appel: «Ne vous mettez pas sous un joug mal assorti avec les incrédules; car quelle participation y a-t-il entre la justice et l'iniquité? ou quelle communion entre la lumière et les ténèbres?… C'est pourquoi sortez du milieu d'eux, et soyez séparés, dit le Seigneur, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi, je vous recevrai; et je vous serai pour père, et vous, vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur, le Tout-Puissant» (2 Corinthiens 6: 14-18); et ils chercheraient, jour après jour, la grâce nécessaire pour se conformer à cette exhortation: «Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu, pensez aux choses qui sont en haut, et non pas à celles qui sont sur la terre; car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu» (Colossiens 3: 1-3).