Notes sur la seconde épître aux Corinthiens

ME 1904 page 141

 

Notes sur la seconde épître aux Corinthiens. 1

Chapitre 1. 1

Chapitre 2. 8

Chapitre 3. 11

Chapitre 4. 16

Chapitre 5. 20

Chapitre 6. 29

Chapitre 7. 32

Chapitres 8-9. 33

Chapitre 10. 35

Chapitre 11. 36

Chapitre 12. 38

Chapitre 13. 42

 

Chapitre 1

On pourrait donner pour titre à la première épître aux Corinthiens: L'ordre dans la maison de Dieu. Comme il s'agit de cette maison, toute la profession chrétienne y est comprise en même temps que l'assemblée de Corinthe; aussi avons-nous vu, dans la première épître (*), que l'apôtre Paul, s'associant le frère Sosthène, s'adresse à cette assemblée «avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre» (1 Corinthiens 1: 2). Tous ceux-là sont responsables de suivre les directions données par l'épître.

(*) Notes sur 1 Corinthiens, Messager Evangélique, années 1900 et 1901.

Quant à la seconde épître, on pourrait l'intituler: Le ministère. L'apôtre associant avec lui Timothée, et s'adressant de nouveau «à l'assemblée de Dieu qui est à Corinthe», ajoute: «Avec tous les saints qui sont dans l'Achaïe tout entière». Le ministère concerne donc tous les saints et non pas seulement une assemblée locale.

Paul écrit cette seconde épître sous l'impression de la consolation dont il a été rempli en apprenant par Tite que sa première lettre avait produit ses fruits au milieu des Corinthiens (versets 2, 3; conf. 2: 13; 7: 13). Il avait été dans une grande affliction, causée par l'état de l'assemblée de Corinthe, état dont nous trouvons l'exposé dans la première épître.

«Mais dès lors il avait traversé les terribles persécutions d'Ephèse après que le secrétaire de la ville eut congédié l'assemblée (Actes des Apôtres 19: 23-41). Ces persécutions semblent avoir dépassé de beaucoup le détail qui nous en est donné dans les Actes, car l'apôtre avait désespéré même de vivre. Les choses qu'il avait traversées l'avaient amené à éprouver que la vie était en Dieu qui ressuscite les morts et que la chair était morte, fait qu'il met en lumière dans sa seconde épître. L'épître aux Romains présente la même vérité: morts avec Christ. Les hommes sont considérés dans la Parole sous deux aspects: comme vivants dans leurs péchés (ou si vous le préférez, vivant au péché) et comme morts dans leurs péchés. C'est le même état, mais vu de deux manières différentes. Si je considère l'homme comme vivant dans ses convoitises et dans les plaisirs, comme accomplissant les désirs de la chair et de ses pensées, il est à la fois vivant dans ses péchés et mort à Dieu. Je puis, le considérant sous ces deux aspects, lui dire: Vous êtes un homme vivant dans vos péchés; il vous faut mourir — ou, le tenant pour mort dans ses péchés, lui dire: La vie est le don de Dieu; sans elle vous ne pouvez ni jouir de Lui, ni le connaître, car vous êtes mort. La mort est présentée à un homme vivant dans le péché, et la nouvelle créature à un homme mort. Si l'homme est mort, comme dans l'épître aux Ephésiens, nous trouvons tous les conseils de Dieu et une création entièrement nouvelle de toutes choses aussi bien que de l'homme, et telle est la vérité que l'on trouve aussi dans notre épître. Ce n'est pas seulement que l'homme est une nouvelle créature, mais il y a une nouvelle création. Vous trouvez, dans cette épître, l'homme réalisant pratiquement la mort, étant déjà mort, et vous y avez l'introduction d'une nouvelle création».

«L'arrivée de Tite est le point de départ de la seconde épître. C'est par elle que Dieu avait consolé Paul au sujet de Corinthe, et après toute son affliction à Ephèse, dont il dit: «Notre affliction qui nous est arrivée en Asie». Quand il se rendit en Macédoine, il avait «au dehors des combats, au dedans des craintes»; avant l'arrivée de Tite, l'état des Corinthiens pesait sur son âme, et non seulement leur état, mais la tristesse d'avoir écrit sa première épître, car il craignait de s'être aliéné par elle ses chers Corinthiens». (J.N.D.)

Un principe pratique très précieux ressort du verset 4. La consolation du serviteur de Dieu n'est pas seulement personnelle; elle le rend capable de consoler les autres dans leurs afflictions, quelles qu'elles soient. Cette consolation vient de Dieu; elle consiste dans l'expérience de son amour et de sa miséricorde quand nous traversons l'affliction. Quand nous avons fait personnellement l'expérience de ce que Dieu est, nous pouvons répondre de Lui vis-à-vis des autres, et dire comme Paul aux Philippiens: «Mon Dieu suppléera à tous vos besoins, selon ses richesses en gloire, par le Christ Jésus» (Philippiens 4: 19).

Le verset 5 est comme l'explication de ceux qui précèdent, seulement l'apôtre donne ici aux souffrances qu'il endure dans son ministère le nom de «souffrances du Christ». Il souffrait comme étant à Christ et comme son serviteur. Dès lors la consolation abondait aussi par le Christ.

«Les souffrances du Christ abondent à notre égard»; cela veut dire que les souffrances de Paul avaient le même caractère que celles de Christ. C'est ainsi qu'il dit aux Colossiens (1: 24): «J'accomplis dans ma chair ce qui reste encore à souffrir des afflictions du Christ». La tête du corps avait souffert, et Paul souffrait aussi pour l'amour des élus dans la sphère qui lui était assignée. L'on voit par leurs prières qu'ils étaient tous intéressés aux choses que Paul avait reçues de Dieu; ils en jouissaient aussi, quoique la tâche lui fût confiée. Nous faisons de même aujourd'hui en priant pour un frère qui travaille dans l'oeuvre. «Ce qui reste encore à souffrir» signifie qu'il restait encore quelque chose à faire. La tête, Christ, avait fait sa part, cela va sans dire, et la part de Paul n'était pas l'expiation. Mais je pense qu'il s'agit ici de la part spéciale de l'apôtre. Pierre et les autres apôtres n'ont jamais souffert pour l'Eglise, quoiqu'ils aient souffert pour l'amour de Christ; Paul a souffert de la part des Juifs, ce qui n'a jamais eu lieu pour Pierre. Paul était serviteur de l'Evangile pour toute la création qui est sous le ciel, et serviteur de l'Eglise pour «compléter la parole de Dieu»; cela n'est dit d'aucun autre. Je ne veux pas dire que nous ne devions pas souffrir, bien au contraire, mais une administration était confiée à Paul, ce que nous ne pourrions dire de nous-mêmes. Nous pouvons avoir une part dans ce privilège; comme, dans une émission, un grand banquier prend pour lui la plus large part, et distribue aux autres une petite participation, en sorte que chacun de ceux qui dépendent de lui a sa part». (J.N.D.)

Aux verset 6-7, il résume ce qu'il vient de dire. Les afflictions de l'apôtre servaient à la consolation des frères, et c'était une consolation à salut, c'est-à-dire pour leur délivrance quant à leur marche ici-bas. Paul était certain, par sa propre expérience, qu'en avant part aux souffrances, on ne pouvait manquer d'avoir part à la consolation, c'est pourquoi il ajoute (verset 6): «Notre espérance à votre égard est ferme». L'apôtre ne veut pas laisser ignorer aux Corinthiens (verset 8), que l'affliction endurée par lui en Asie (*) avait eu une telle intensité, qu'il avait été près d'être mis à mort.

(*) Le pays appelé Asie, dans l'Ecriture, est l'Asie proconsulaire, le coin sud-ouest de l'Asie-Mineure. Je ne sais si toute l'Icarie y était comprise. Au-dessus se trouvaient la Bithynie, la Cappadoce, la Galatie, l'Arménie, etc. Je crois que la Lydie en faisait aussi partie. Quand l'apôtre dit: «Tous ceux qui sont en Asie» (2 Timothée 1: 15), il parle de ce pays-là. Ephèse était alors un grand centre avec le temple d'Artémis ou de Diane, «que toute la terre habitée révérait», l'une des sept merveilles du monde.

 «Au verset 9, il exprime une chose d'une grande importance: «Mais nous-mêmes nous avions en nous-mêmes la sentence de mort, afin que nous n'eussions pas confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts». La sentence de mort était écrite sur lui, et il se tenait lui-même pour mort, en sorte qu'il n'avait aucune confiance dans une vie qu'il eût possédée comme homme, mais sa confiance était dans le Dieu qui ressuscite les morts. Il réalisait Romains 6: 11: «Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché»; il se tenait pour mort. Trois choses nous sont dites: 1° Dieu nous voit comme morts; 2° vous êtes morts; 3° vivez comme tels. La foi dit: Je me tiens moi-même pour mort; Paul faisait ainsi et est amené à le réaliser. Dans l'épître aux Romains, cela s'applique au péché, ici à tout. Sa confiance est en Dieu qui l'a délivré et n'a pas permis qu'il fût tué, quoiqu'il désespérât de vivre». (J.N.D.)

Dans les chapitres suivants, surtout au 4e et au 5e, nous trouverons le développement de ce que l'apôtre présente ici d'une manière sommaire.

(Verset 10). — Ce Dieu qui ressuscite les morts l'avait délivré du danger de perdre la vie; non pas que l'apôtre craignît personnellement la mort pour lui-même, mais il pensait à l'Eglise; il désirait achever sa course et le ministère que le Seigneur lui avait confié (Actes des Apôtres 20: 24). Ayant fait en Asie l'expérience de la puissance de Dieu pour le délivrer de la mort, il continuait encore à faire celle de ses soins présents; c'est pourquoi il ajoute: «Et qui nous délivre»; puis il mettait son assurance en Lui pour l'avenir: «En qui nous espérons qu'il nous délivrera aussi encore». Il savait qu'il en serait ainsi jusqu'à l'achèvement de son ministère.

Paul comptait (verset 11) qu'un grand nombre coopéraient par leurs prières et leurs supplications aux délivrances qui lui avaient été accordées à Ephèse, et qu'ils avaient aussi des sujets d'actions de grâces à son égard. Au verset 12, il montre la raison pour laquelle il pouvait ainsi compter sur les prières des saints: il avait une bonne conscience. Hébreux 13: 18, nous présente la même pensée. Quelle chose, lorsqu'un serviteur de Dieu peut dire: «Car notre gloire est celle-ci, savoir le témoignage de notre conscience, qu'avec simplicité et sincérité de Dieu, non pas avec une sagesse charnelle, mais par la grâce de Dieu, nous nous sommes conduits dans le monde, et plus encore envers vous». Sa sincérité et sa simplicité étaient divines dans leur caractère, n'est-ce pas pour nous une grande chose à imiter?

Les Corinthiens connaissaient bien (versets 13, 14) quelles avaient été la marche et la doctrine de Paul au milieu d'eux, et comment il les avait enseignés; cependant il est obligé de leur dire: «Vous nous avez reconnus en partie». Hélas! on avait été jusqu'à mettre en doute son ministère. S'ils avaient apprécié le don du Seigneur qui leur avait envoyé un serviteur tel que Paul, ils auraient reconnu pleinement qu'il était leur sujet de gloire. Mais Paul savait, lui, que les Corinthiens seraient son sujet de gloire «dans la journée du Seigneur Jésus». Il y aura dans la gloire un lien entre l'ouvrier du Seigneur et ceux dont il s'est occupé dans son ministère (1 Thessaloniciens 2: 19, 20).

Comme il le leur avait dit dans sa première épître (16: 5-7), Paul s'était d'abord proposé de se rendre à Corinthe et même d'y passer l'hiver. Cette seconde visite ajoutée à la première, devait être une seconde grâce (verset 15), et nous pouvons nous représenter ce qu'était comme grâce de la part du Seigneur, la visite d'un apôtre tel que Paul.

Aux versets 17-18, il demande si, se proposant d'abord de visiter Corinthe, et y ayant renoncé ensuite, il aurait usé de légèreté comme un homme incertain dans ses pensées et inconstant dans ses voies (Jacques 1: 8), disant une fois «oui» et une autre fois «non». Mais avant de donner (versets 23, 24) les raisons de son retard, il établit, avec une grande beauté, le caractère immuable de la Parole qu'il leur avait adressée, et c'était la fidélité de Dieu qui avait produit cela. Or ce qui avait été prêché parmi eux, par Paul, Silvain et Timothée, n'était rien moins que le Fils de Dieu, Jésus Christ, le Seigneur, parfait dans tous ses caractères, présenté dans toute sa plénitude. En Lui, certes, il n'y a pas oui et non, mais il y a oui en Lui. La constatation de toute la vérité divine est effectuée dans la personne de Christ. «Car autant il y a de promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l'amen», la certitude et la réalisation, «à la gloire de Dieu par nous». Tout est parfait, stable, immanquable en Christ. Et lorsque tous les conseils de Dieu en Lui à notre égard seront accomplis dans la gloire, tout sera à la gloire de Dieu et cela par nous, notre position glorieuse par grâce en étant la manifestation. Ephésiens 1 nous parle de la louange de la gloire de sa grâce, d'être à la louange de sa gloire, de la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire, des richesses de la gloire de son héritage dans les saints; et il est dit du Seigneur (2 Thessaloniciens 1: 10) qu'il sera glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru; et encore (Ephésiens 2: 7) que Dieu montrera dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous, dans le Christ Jésus. Combien cela repose le coeur, de penser que Dieu sera glorifié dans sa grâce envers nous, par nous!

«Au verset 20, «les promesses» sont toutes faites à Christ et non pas directement à l'Eglise. Il y a des promesses occasionnelles, telles que: «Je ne te laisserai pas et je ne t'abandonnerai pas», mais toutes les promesses absolues sont faites à Christ. Jamais une promesse n'a été faite à l'homme pécheur. Il n'y a pas de promesse à Adam en chute, et s'il n'était pas tombé il n'en aurait pas eu besoin. Dieu lui a fait une révélation concernant le second Adam, révélation à laquelle sa foi pouvait s'attacher, c'était le jugement du serpent et que Christ, la semence de la femme, lui briserait la tête, mais ce n'était pas une promesse à Adam. La «semence de la femme» n'était pas Adam, mais Christ. «La promesse dans le Christ Jésus» (Ephésiens 3: 6), signifie tout ce que Dieu a promis: la vie éternelle et spécialement le Saint Esprit. «Afin que nous reçussions par la foi l'Esprit promis» (litt.: la promesse de l'Esprit) (Galates 3: 14). Cela comprend aussi toutes les autres choses en Christ.

»Il n'y a pas de promesse aux gentils, mais une révélation qui leur est faite au sujet des promesses, quand il est dit: «A vous est la promesse et à vos enfants, et à tous ceux qui sont loin, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera à lui» (Actes des Apôtres 2: 39); l'apôtre fait aux Juifs et aux gentils une révélation au sujet des promesses, en montrant que pour eux tout était en Christ.

»Dans l'épître aux Galates, nous voyons que les promesses à Abraham étaient faites à Christ et à Christ seul; c'est là tout l'argument de l'apôtre. Il y avait deux classes de promesses et toutes deux sont liées avec Abraham. Abraham est le commencement de la promesse. Il n'y avait pas de voies de Dieu avant le déluge. Dieu a chassé l'homme d'Eden, si vous voulez appeler cela une voie de Dieu, mais il n'y en a aucune entre l'expulsion de l'homme et le déluge. Du déluge Dieu fait sortir un monde renouvelé et introduit avec Noé le gouvernement, la puissance de l'épée confiée à l'homme, pour réprimer l'homme.

»Après cela, pour montrer que tout est pure grâce, Dieu introduit la promesse. Le jugement était venu par le déluge. Là-dessus Satan intervient et dit: C'est moi qui gouverne le monde, et il induit les hommes à se faire des idoles. Alors Dieu divise le monde en nations, puis nous trouvons en Abraham, qui devient la souche des voies de Dieu, les promesses, l'élection et l'appel.

»Abraham est la racine de l'olivier: les promesses lui sont données; il est l'élu et l'appelé. En lui, Dieu nous montre le principe de toute vie divine, la foi par laquelle Abraham est appelé à sortir du milieu des nations. Dieu dit: J'avais divisé le monde en nations, mais il est tombé dans l'idolâtrie et a pris le diable pour dieu, et maintenant il vous faut en sortir afin de m'appartenir. Abraham est le premier homme qui devient le chef d'une famille; Adam était le chef d'une race maudite: l'homme. Nous rencontrons avant Abraham beaucoup de saints, mais pas de chefs; tandis qu'Abraham est le père des croyants. Dieu appelle cet individu, ce personnage distinct, à être un étranger et un voyageur.

»Il y a deux classes de promesses. Dans le 12e chapitre de la Genèse, la promesse est donnée à Abraham; dans le 22e chapitre elle est confirmée à sa semence, c'est-à-dire à Isaac, qui est une figure de Christ mort et ressuscité. La promesse étant confirmée à Christ, la loi, survenue si longtemps après, ne pouvait ni l'annuler, ni y ajouter. Il n'y avait donc qu'une semence, Christ. Les Juifs étaient la semence naturelle, mais l'apôtre dit: La promesse de la bénédiction était faite à une personne: Christ. Je suis en Christ; j'ai donc la promesse. «Vous tous», dit-il, «vous êtes un dans le Christ Jésus. Or si vous êtes de Christ, vous êtes donc la semence d'Abraham, héritiers selon la promesse» (Galates 3: 29). C'est la manière dont il introduit les gentils». (J.N.D.)

(Versets 21, 22) — Nous trouvons dans ces deux versets quatre choses précieuses qui sont les résultats de la présence du Saint Esprit sur nous et en nous. Peut-être ces mots: «Celui qui nous lie fermement avec vous à Christ», font-ils allusion au baptême du Saint Esprit dont il est dit: «Nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps», et: «Ainsi aussi est le Christ» (1 Corinthiens 12: 12, 13). Le baptême du Saint Esprit est un fait collectif qui eut lieu le jour de la Pentecôte (Actes des Apôtres 2: 1-4). Le souffle «remplit toute la maison», et les disciples y étaient comme plongés. Tous ceux qui depuis sont devenus membres du corps de Christ, ont part à ce grand fait.

Nous trouvons ensuite l'onction, le sceau et les arrhes. Ces trois faits concernent chacun les saints individuellement. L'onction a le sens d'une consécration pour un service, et est envisagé ainsi dans l'Ancien Testament. La même chose est dite du Seigneur Jésus, en Actes 10: 38. Mais pour nous, elle a aussi le sens d'une capacité d'intelligence pour recevoir et comprendre les choses de Dieu. C'est ainsi que l'apôtre Jean écrit aux petits enfants: «Vous avez l'onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses» (1 Jean 2: 20).

Le sceau est le cachet de Dieu, apposé sur le croyant comme étant Sa propriété, qu'il reconnaît, pour avoir part à toute l'efficace de l'oeuvre de la rédemption. Ce n'est pas ma foi qui est scellée, c'est moi-même, un croyant, qui ai saisi cette efficace par la foi. En Ephésiens 1: 13, nous sommes scellés pour avoir cru à l'oeuvre de Christ; et au chapitre 4: 30, nous sommes scellés en vue de la rédemption de nos corps.

Les arrhes de l'Esprit nous donnent la certitude des choses qui sont encore à l'état d'espérance, et cette certitude a pour effet la jouissance actuelle des choses futures, jouissance qui nous fait abandonner les choses visibles qui ne sont que pour un temps. En Ephésiens 1: 14, l'Esprit est les arrhes de notre héritage, et en 2 Corinthiens 5: 5, il est les arrhes de ce pour quoi Dieu nous a formés, Lui qui veut nous revêtir d'un corps glorieux.

«Toutes les promesses de Dieu sont oui et amen à la gloire de Dieu, mais c'est par nous, et au verset 21, il va nous montrer comment cela peut avoir lieu. C'est parce que nous sommes établis en Christ par Dieu, qui nous scelle de son Esprit. Le sceau est une chose additionnelle qui est par l'onction. L'onction est un exemple très précieux de la manière dont Christ nous a associés avec Lui. L'onction de Christ au baptême de Jean, est le témoignage que nous serons baptisés du Saint Esprit. «Celui sur lequel tu verras l'Esprit descendre, et demeurer sur lui, c'est celui-là qui baptise de l'Esprit Saint. Et moi, j'ai vu et j'ai rendu témoignage que celui-ci est le Fils de Dieu» (Jean 1: 33, 34). Le moyen pour nous de recevoir le Saint Esprit en nous, c'est que Christ l'a reçu. Le premier élément du témoignage de Jean à son égard est qu'il est l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde; le second qu'il baptise du Saint Esprit.

»Il y a ici un troisième élément digne de remarque: Christ a reçu le Saint Esprit en vertu de l'accomplissement de son oeuvre. «Ayant été exalté par la droite de Dieu, et ayant reçu de la part du Père le Saint Esprit promis, il a répandu ce que vous voyez et entendez» (Actes des Apôtres 2: 33). Christ étant parfait, Dieu met son sceau sur lui, «Jésus de Nazareth, oint du Saint Esprit et de puissance». Ensuite a lieu la rédemption et, comme conséquence de cette oeuvre, il reçoit du Père le Saint Esprit pour nous le donner. Ce fait a un caractère céleste, car il nous unit avec Christ, tandis qu'il est en haut, et c'est la raison de notre assurance. Christ est remonté au ciel; alors la question se pose: Dieu a-t-il accepté son sang? Les Juifs ne peuvent répondre affirmativement, avant que Jésus soit sorti du sanctuaire; mais nous n'avons pas à attendre ce moment, parce que le Saint Esprit en est sorti et, descendant ici-bas, nous a unis avec Christ dans le ciel. Dieu nous place en Christ et nous donne le Saint Esprit et la conscience d'être en Christ, et c'est ce que signifie: être scellé. J'ai les arrhes de l'Esprit dans mon coeur, ce qui signifie que je vais posséder la gloire.

»Le baptême du Saint Esprit et l'onction sont en substance la même chose, sauf que l'onction est plutôt un fait général dont l'action se continue. Le sceau est personnel. Il est l'acte de donner le Saint Esprit. Je mets un sceau sur un document. Le sceau est l'effet de l'onction sur l'individu. Quand je suis oint, je puis dire que Dieu m'a scellé pour le jour de la rédemption. Il y a plus encore, car non seulement le Saint Esprit me scelle et me confère un droit, mais il est aussi les arrhes, le gage de mon héritage, et comme tel il est en moi. L'onction vient en premier lieu, parce que nous avons besoin de sécurité et qu'il nous faut en être sûrs, et nous l'avons par ce fait unique que le Saint Esprit nous est donné de cette manière comme conséquence de la séance de Christ à la droite de Dieu.

»Les promesses de Dieu sont en Christ à la gloire de Dieu «par nous», et la raison que c'est par nous est que Dieu nous a liés fermement à Christ, et nous a aussi oints et scellés. Ce même Esprit qui est le sceau, est les arrhes des choses pour lesquelles je suis scellé. Les arrhes montrent que notre relation actuelle est établie, nous donnant la jouissance de l'amour de Dieu, et nous connaissons notre relation avec le Père comme ses enfants, mais nous ne possédons pas un atome de l'héritage, nous n'en avons maintenant que les arrhes.

»Le Saint Esprit n'abandonnera jamais les héritiers. Nous en avons le témoignage en Actes 1, où il est dit que, «par l'Esprit Saint», Christ donna des ordres à ses apôtres, après sa résurrection. Il n'avait pas perdu comme homme le Saint Esprit par sa résurrection. Cela m'a amené à cette pensée heureuse et très précieuse, qu'il en était de l'Esprit comme de la vapeur dans une locomotive. La moitié de sa force est employée maintenant à faire marcher la machine; mais lorsque nous serons dans le ciel, il n'y aura plus d'obstacles à vaincre, plus de force perdue». (J.N.D.)

Aux versets 23-24, l'apôtre donne aux Corinthiens les raisons du retard de sa visite. Il lui répugnait d'être obligé d'employer son autorité apostolique. Elle n'était pas une domination sur leur foi, car ils ne pouvaient être debout que par la foi. Son service d'amour à leur égard était plutôt de coopérer à leur joie.

Chapitre 2

 (Versets 1-4) — Suivant la pensée qu'il coopérait à la joie des Corinthiens (1: 24), l'apôtre leur déclare qu'il ne veut pas retourner auprès d'eux avec de la tristesse. Il ne pouvait le faire avec joie que si celui qu'il avait été obligé d'attrister le réjouissait; et il ne voulait pas être attristé par ceux dont il comptait se réjouir. Il espérait qu'en cela sa joie était aussi celle d'eux tous. Il voulait que les Corinthiens sussent qu'il leur avait écrit sa première épître dans une grande affliction, avec serrement de coeur et beaucoup de larmes, et qu'il n'avait pas pour but de les attrister par sa lettre, mais de leur faire connaître l'amour qu'il avait si abondamment pour eux. Tels étaient les sentiments délicats du coeur d'un apôtre qui avait conscience de l'autorité à lui conférée par le Seigneur, mais dont il ne voulait se servir qu'après avoir épuisé toutes les ressources de son amour.

(Versets 5-11) — Paul revient ici (il y reviendra encore au chapitre 7: 11, 12) au fait mentionné en 1 Corinthiens 5, et l'on voit quelle affliction l'affreux péché qui avait eu lieu dans l'assemblée, avait causée à son coeur. Il exprime sa confiance que cette affliction a été partagée par eux tous. Il les aurait surchargés maintenant en les reprenant de leur conduite, eux qui étaient affligés comme lui. Quand ils n'étaient pas attristés, il n'avait pas craint de les charger; attristés, il les aurait surchargés en continuant à les reprendre.

L'exclusion du coupable, prononcée par l'assemblée, avait produit son effet. Il était maintenant restauré, en sorte que l'apôtre qui avait dû exhorter l'assemblée à se purifier en ôtant le méchant dû milieu d'elle, l'exhorte ici à pardonner, à consoler, à ratifier son amour envers celui qui avait péché. L'apôtre le considère comme pouvant être réintégré, mais aussi longtemps que l'assemblée n'a pas pris cette décision, il ne lui donne pas le nom de frère; il l'appelle «un tel homme» (versets 6, 7).

Il est important de remarquer que nous avons, en 1 Corinthiens 5, le principe de l'exclusion par l'assemblée, et ici celui de la réception ou plutôt de la réintégration par l'assemblée. C'est donc l'assemblée qui reçoit ou exclut.

(Versets 10, 11) — L'apôtre tient à ce que les Corinthiens sachent qu'il est d'accord avec eux pour cette réintégration du coupable. S'ils avaient été lents à le juger, ils pouvaient aussi être lents à le recevoir, et dans les deux cas le Seigneur emploie son serviteur pour ranimer l'activité de l'assemblée. Il ajoute: «Si j'ai pardonné quelque chose, je l'ai fait à cause de vous, dans la personne de Christ», comme si Christ était là sanctionnant cet acte de son autorité. L'apôtre veut ôter ainsi l'occasion à Satan d'employer ce cas de discipline pour créer une division entre les Corinthiens et lui, car, dit-il, «nous n'ignorons pas ses desseins».

«On trouve parmi nous peu de puissance pour la restauration des âmes, parce que nous manquons de spiritualité et de cet amour qui a soin des membres de Christ. On rencontrera plutôt la justice pratique qui ne supporte pas le mal, et je n'ai pas remarqué qu'il y ait manquement sous ce rapport, mais je crois que ce qui manque, c'est l'amour envers les membres de Christ et la sollicitude pour eux. Quand l'état général d'une assemblée est faible, le fait qu'une personne est laissée hors de communion, peut être une preuve de cette faiblesse, car s'il y avait plus de puissance spirituelle, cette âme serait humiliée et réintégrée. L'homme dont il est question ici, était affligé de son péché au moment où Paul écrivait; de fait, il était restauré dans son âme, mais ne l'était pas officiellement. Il faut de la puissance spirituelle pour savoir quand une âme est restaurée.

»Ce que nous devons faire, c'est de prendre sur nous le péché des autres et d'agir comme le sacrificateur qui mangeait le sacrifice pour le péché (Lévitique 6: 19); avec plus de puissance bien des péchés seraient prévenus, quoique nous ne puissions toujours les empêcher. Les Corinthiens n'auraient pas agi comme sacrificateurs, si Paul ne les y avait forcés. L'assemblée devrait s'identifier avec le péché devant Dieu. C'est là qu'on voit un vrai pasteur; quand il y a du mal, il le prend sur lui; il s'accuse de ne pas s'être assez occupé de la personne en faute, ou du moins de ne pas s'en être occupé comme il aurait fallu». (J.N.D.)

 (Versets 12, 13) — Paul venant probablement d'Ephèse (Actes des Apôtres 20: 1), arrive dans la Troade et trouve une porte ouverte pour l'Evangile, mais ne rencontrant pas Tite qui devait lui apporter des nouvelles de Corinthe, il ne peut profiter de cette occasion que le Seigneur met devant lui. Sa sollicitude pour les Corinthiens l'en empêche; il n'a point de repos dans son esprit, et part pour la Macédoine afin d'y trouver Tite. C'était une chose grave que d'abandonner une oeuvre qui lui était préparée par le Seigneur, mais l'évangélisation n'était pas le tout de l'apôtre; il fallait que les Corinthiens comprissent sa sollicitude pour eux ainsi que pour toutes les autres assemblées (11: 28). Cela devait toucher leur coeur. Où auraient-ils trouvé un autre serviteur abandonnant une porte ouverte pour s'occuper d'une assemblée en mauvais état, où son ministère était même mis en question?

Ces deux épîtres aux Corinthiens nous montrent l'apôtre non dans sa puissance, mais dans sa faiblesse. Il est dans la crainte, dans un grand tremblement, dans l'angoisse, dans l'infirmité; mais avec la conscience de la force de Dieu qui s'accomplit dans la faiblesse. Il offre un contraste complet avec l'état des Corinthiens; sa faiblesse était loin de l'accréditer auprès d'eux, mais quelle leçon pour eux qui s'enorgueillissaient malgré leur mauvais état! Mais il peut dire après tout: «Grâces à Dieu qui nous mène toujours en triomphe dans le Christ et manifeste par nous l'odeur de sa connaissance en tout lieu». Ce n'est pas: «nous a menés» ou, avec quelques traducteurs: «nous fait triompher»; mais partout où il passait, Dieu le menait en triomphe comme le porteur du parfum de Christ. Il aurait pu dire: «Si j'avais un peu plus de foi, je serais resté dans la Troade et j'y aurais prêché l'Evangile», mais il se console par la pensée que partout il était mené en triomphe. Il fait allusion ici à la procession triomphale en l'honneur d'un vainqueur. Celui-ci marchait en tête; après lui le butin pris à l'ennemi, et les captifs. Paul était le prisonnier de Jésus Christ. L'encens que l'on brûlait aux dieux en l'honneur du vainqueur était le signal de mort pour les uns — car on avait l'habitude en ces occasions d'immoler un certain nombre de captifs — et le signal de vie pour ceux qui étaient épargnés. L'apôtre applique cette figure à l'Evangile; il était pour ainsi dire le porteur de l'encens de Christ victorieux; l'Evangile était porté par lui en tous lieux, et ce parfum était un témoignage de la victoire remportée par Christ à la croix; c'était l'odeur de Christ pour Dieu. Il montait devant Lui par le porteur de cette bonne nouvelle, odeur de vie pour ceux qui l'acceptaient, odeur de mort pour ceux qui le rejetaient, la mort étant la conséquence de leur refus.

Mais qui est suffisant pour accomplir une telle oeuvre? (verset 16). En Dieu est la ressource; c'est pourquoi l'apôtre peut dire au chapitre suivant: «Notre capacité vient de Dieu».

(Verset 17) — Il y avait des hommes auxquels les Corinthiens prêtaient l'oreille; ceux-là ne présentaient pas la bonne odeur de Christ; ils frelataient la parole de Dieu et en faussaient le sens; mais Paul parlait en Christ avec sincérité comme de la part de Dieu, devant Dieu. Non seulement il communiquait les pensées de Dieu, mais il était en sa présence pour le faire. C'est là le ministère dans son caractère normal. Tout ce qu'était et faisait l'apôtre était en Christ (versets 10, 14, 16); toute son activité avait lieu en Lui, et son état pratique répondait à sa position.

«Paul avait été auparavant dans la Troade, se rendant à Ephèse; c'est là, qu'il eut la vision qui l'appelait en Macédoine (Actes des Apôtres 16: 9). Maintenant il y retournait après un séjour à Ephèse. On ne peut mettre en question que les serviteurs du Seigneur ne puissent recevoir des directions immédiates; et quand elles leur sont données, on ne peut les accuser de fanatisme. Mais nos impressions quant à notre conduite dépendent de notre proximité du Seigneur. Jean ne cherchait pas la proximité de Christ afin de connaître ses secrets; mais c'est parce qu'il occupait cette place que les secrets lui étaient confiés. Vous ne pouvez aller à Christ, comme Jean, pour lui faire des demandes, si vous ne vivez pas près du Seigneur. S'il n'en est pas ainsi, vous ne pouvez compter d'être bien conduits. La grâce de Dieu peut intervenir en tout temps, mais «le secret de l'Eternel est avec ceux qui le craignent». Nous devrions être remplis de la connaissance de sa volonté et de toute intelligence spirituelle». (J.N.D.)

Chapitre 3

En parlant de la sincérité avec laquelle il accomplissait son oeuvre (2: 17), l'apôtre se donnait l'apparence de se recommander lui-même, mais de fait il devait être recommandé par la conduite des Corinthiens. Avait-il donc besoin de se faire recommander par eux comme un inconnu? Non, l'assemblée de Corinthe elle-même était sa lettre de recommandation; la lettre de Christ dont Paul était l'écrivain, dont l'encre était l'Esprit du Dieu vivant, dont le papier était le coeur des Corinthiens. L'Assemblée n'avait pas été formée ici-bas dans un autre but que de représenter Christ devant le monde. Nous sommes la lettre de Christ, nous ne devons pas chercher à le devenir, mais toute notre vie doit être le déploiement de cette lettre devant le monde. Les tables de chair du coeur présentent Christ au monde, comme les tables de pierre avaient présenté la pensée de Dieu à Israël.

«Ecrite dans nos coeurs»: ce mot prouve qu'il les aimait. Si quelqu'un était venu demander: Qui est donc ce Paul? Où est sa lettre de recommandation? Quelle espèce d'homme est-il? Il n'est pas venu de Jérusalem comme les autres apôtres — on aurait pu lui répondre: Voyez les Corinthiens, et vous connaîtrez cet homme. Il a été béni pour toutes ces âmes, et de plus, leur marche est bonne. Une des premières choses qu'il leur dit, c'est qu'il les porte dans son coeur, et il en donne une raison qu'il n'aurait pu donner dans sa première épître: «Vous êtes ma lettre, parce que vous êtes la lettre de Christ»; ils étaient une recommandation de Christ. C'est une grande chose de dire que les saints sont la lettre de recommandation de Christ au monde. «Non sur des tables de pierre». Cette oeuvre est écrite au dedans, sur le coeur de l'homme: la loi était une exigence s'adressant du dehors à l'homme. C'est une comparaison par opposition; — au lieu d'exigences adressées du dehors à l'homme dans la chair, c'est Christ gravé au dedans de l'homme dans la puissance de l'Esprit. La loi écrite sur des tables de pierre est mort et condamnation, et Christ gravé sur le coeur est le ministère de la justice.

»Mais pour produire le bien, Dieu ne se place pas en dehors de l'homme, exigeant le bien de la part d'êtres mauvais; Dieu leur apporte une nature nouvelle qui produit le bien. L'homme a la chair, mais elle ne se soumet pas à la loi de Dieu et ne le peut pas. Dieu donne une nouvelle nature qui trouve ses délices dans ce qui est saint; il écrit Christ dans nos coeurs, et c'est ce qui fait de nous l'épître de Christ.

»La lettre tue toujours, l'Esprit vivifie. Quand un Israélite apportait au sacrificateur un agneau avec une tare, il attirait la malédiction sur lui. C'était la lettre. Le chrétien peut dire: J'ai apporté un agneau sans tache, et il en reçoit la bénédiction. C'est l'esprit. L'esprit signifie ici la pensée du Saint Esprit dans la lettre. Vous aviez la lettre qui, somme toute, était la lettre de la loi, mais le Seigneur est l'esprit, même de cela, car, lorsque la loi dit: Il te faut un agneau sans défaut, — moi j'ai cela en Christ. Il est souvent difficile, dans le Nouveau Testament, de distinguer entre l'esprit d'un chrétien et l'Esprit de Dieu, et par conséquent s'il doit être écrit avec ou sans majuscule, parce que l'Esprit est en connexion intime avec ce qui est mis dans nos coeurs». (J.N.D.)

Après la parenthèse de ce chapitre, l'apôtre fait connaître, au verset 18, le secret par lequel nous pouvons être pratiquement la lettre de Christ devant le monde. C'est de contempler à face découverte la gloire du Seigneur pour être transformés à son image. C'est la sanctification pratique; la lettre est écrite, mais doit être connue.

Paul (verset 4) avait confiance dans le Dieu qui l'avait rendu capable d'accomplir un tel service. Malgré l'état des Corinthiens, il avait confiance en Dieu quant à l'oeuvre qu'Il avait accomplie en eux, car il avait été rendu propre pour être ministre de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'Esprit.

La mention de la nouvelle alliance dans ce passage pouvait provenir de la tendance des Corinthiens à accréditer de faux docteurs, dont l'enseignement mêlait la loi et les ordonnances avec le christianisme pour le corrompre. Il est évident que la nouvelle alliance a trait à Israël lors de sa restauration et non pas à l'Eglise; le chapitre 31 de Jérémie, versets 31-34, en est le témoin suffisant et positif; mais l'oeuvre de Christ à la croix, base de la nouvelle alliance avec Israël, est nécessairement aussi le fondement de toutes les bénédictions de l'Eglise. Le sang de Christ, répandu sur la croix, est bien le sang de la nouvelle alliance avec Israël, mais c'est dans ce même sang que nous, chrétiens, nous sommes lavés.

«Une alliance ne suppose pas toujours deux parties. On n'en trouve qu'une dans l'épître aux Galates. Une alliance signifie une condition selon laquelle Dieu nous met en relation avec Lui. L'argument dans les Galates est que «le médiateur n'est pas médiateur d'un seul, mais que Dieu est un seul» (Galates 3: 20). Or la loi a été ordonnée par des anges, par la main d'un médiateur, et si vous avez un médiateur il vous faut deux parties. Mais ici vous en avez une seule. Ainsi maintenant tout dépend de la souveraineté de Dieu, seul, et par conséquent tout est infaillible.

»L'alliance dépendant maintenant entièrement de la grâce, sur le fondement des conseils de Dieu, prend le caractère d'une «alliance éternelle» (Hébreux 13: 20). Sous l'ancienne alliance, Dieu mettait l'homme à l'épreuve, et ce mot «ancienne» signifie qu'elle était près de disparaître. Alors nous entendons parler d'une nouvelle alliance, nouvelle, parce qu'il y en a une autre avant elle; éternelle parce que, sans mettre l'homme à l'épreuve, elle était établie dans les conseils de Dieu lui-même. David dit bien clairement: «Il a établi avec moi une alliance éternelle, à tous égards bien ordonnée et assurée» (2 Samuel 23: 5), parce qu'elle reposait entièrement sur la grâce. Nous lisons dans l'épître aux Hébreux: «Nous avons un autel dont ceux qui servent le tabernacle n'ont pas le droit de manger». Les «nazaréens» n'avaient pas le droit de venir à l'autel des Juifs quand les Juifs avaient un autel, et maintenant nous en avons un dont les Juifs n'ont pas le droit de manger. C'est le contraste simple, mais absolu, entre le judaïsme et le christianisme, entre la chose ancienne et la nouvelle». (J.N.D.)

Ce qui était maintenant révélé par l'Esprit et faisait le sujet du ministère de l'apôtre, était la réalité préfigurée par les ombres de la loi. La lettre, comme telle, tue; elle est la rigueur de l'ordonnance, mais l'Esprit révèle la consommation de tout ce qui se trouve caché sous la lettre, et de bien plus encore.

(Verset 7). — La loi, la lettre, était un ministère de mort, car elle réclamait la mort du coupable. Cependant l'apôtre fait ressortir ici que le ministère avait été introduit avec gloire, mais cette gloire n'était pas l'aspect que présentait la montagne de Sinaï en Exode 19-20; c'était la gloire du visage de Moïse la seconde fois qu'il descendit de la montagne (Exode 34). En suite de l'intercession de Moïse, Dieu avait consenti à donner une seconde fois la loi à Israël avec un mélange de miséricorde. Au lieu de consumer le peuple à cause du veau d'or, il usait de sa souveraineté pour lui faire miséricorde (Romains 9: 15; Exode 33: 19). La seconde fois que Moïse monta sur la montagne et dit: «Fais-moi voir ta gloire», l'Eternel fit passer toute sa bonté devant lui» (Exode 33: 18-20). Or le visage de Moïse reflétait cette miséricorde (34: 6-8), mais comme elle était liée au régime de la loi, le peuple ne pouvait en supporter l'éclat; il fallait que Moïse en voilât le reflet, et le peuple tombait ainsi sous la lettre de la loi. Or, étant mêlée avec la loi, cette gloire même devait prendre fin. En Jean 5: 1-9, le Seigneur met de côté les ressources de miséricorde que pouvait contenir la loi. Il ne facilite pas au paralytique l'accès au réservoir de Béthesda, mais, agissant en grâce souveraine, entièrement en dehors de la loi, il lui dit: «Lève-toi, prends ton petit lit, et marche».

 (Versets 8-11) — Le ministère de la mort est en contraste avec le ministère de l'Esprit, et le ministère de la condamnation avec celui de la justice. La loi, la mort et la condamnation étaient inséparables, à cause du péché de l'homme; maintenant la grâce, la justice et la vie, le sont, en vertu de l'oeuvre de Christ. Par cette oeuvre, accomplie à la croix, il y a une justice qui subsiste devant Dieu (Romains 3-5). La gloire du ministère de la justice, fondé sur la mort, la résurrection et la glorification de Christ, éclipsait le reflet passager que la vue de «toute la bonté», c'est-à-dire de la gloire de l'Eternel, faisait briller sur le visage de Moïse, reflet dont les fils d'Israël ne pouvaient supporter l'aspect.

(Verset 12) — En contraste avec Moïse, l'apôtre usait d'une grande liberté, donnée par l'Esprit du Seigneur (verset 17). On pouvait contempler la gloire du Seigneur à face découverte, et l'Evangile annoncé par Paul était l'Evangile de la gloire du Christ qui est l'image de Dieu. Dieu avait relui dans le coeur de l'apôtre pour faire luire la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ (4: 6).

(Verset 13) — Selon les voies de Dieu, Moïse devait voiler sa face, afin que le peuple n'arrêtât pas ses yeux sur la consommation de ce qui devait prendre fin et ne vit dans ce qui était caché sous ces ombres l'indice qu'il y avait moyen d'échapper à la rigueur de la loi. Il était, selon la sagesse de Dieu, qu'il en fût ainsi, car de cette manière toute la portée de la loi sur le coeur et la conscience de l'homme a été pleinement développée. En somme, ce qui devait prendre fin, c'était le régime de la loi et des ordonnances. La consommation en était Christ. «Christ est la fin de la loi, pour justice à tout croyant» (Romains 10: 4).

«Moïse mettait un voile sur son visage (verset 7), parce que le peuple ne pouvait en supporter la vue. Il n'y a pas de voile maintenant; mais eux étaient effrayés de la gloire. La loi était un ministère de mort et de condamnation, et ils ne pouvaient supporter de la regarder. Si vous associez avec la loi le moindre aperçu de la gloire de Dieu, c'est-à-dire de sa miséricorde, l'homme est incapable d'en soutenir l'éclat. Quand Dieu s'était adressé à eux du haut de Sinaï, ils avaient déjà dit à Moïse: «Que Dieu ne parle point avec nous, de peur que nous ne mourions» (Exode 20: 19). L'apôtre traite ici la loi, d'une manière absolue comme loi, mort et condamnation; mais la manière dont elle agissait alors en Israël les empêchait d'arrêter «leurs yeux sur la consommation de ce qui devait prendre fin», (verset 13). Aussi Moïse se couvrit-il le visage d'un voile, afin qu'ils ne vissent pas la gloire elle-même. Cela avait lieu avant d'entrer devant l'Eternel pour parler avec lui. «Et il arriva que lorsque Moïse descendit de la montagne de Sinaï (et les deux tables du témoignage étaient dans la main de Moïse lorsqu'il descendit de la montagne), Moïse ne savait pas que la peau de son visage rayonnait, parce qu'il avait parlé avec Lui. Et Aaron et tous les fils d'Israël virent Moïse, et voici, la peau de son visage rayonnait, et ils craignirent de s'approcher de lui; et Moïse les appela, et Aaron et tous les princes de l'assemblée revinrent auprès de lui, et Moïse leur parla. Et après cela, tous les fils d'Israël s'approchèrent, et il leur commanda tout ce que l'Eternel lui avait dit sur la montagne de Sinaï. Et Moïse cessa de parler avec eux: or il avait mis un voile sur son visage» (Exode 34: 29-33). La raison pour laquelle ils craignaient de regarder Moïse, c'est que la gloire était là. Ils ne pouvaient regarder à sa consommation; quand ils offraient un sacrifice, ils ne savaient pas qu'il était un type de Christ. La «consommation» est évidemment le dessein de Dieu caché sous les types de la loi, et c'était ce sur quoi ils ne pouvaient pas arrêter leurs yeux. C'était aussi une gloire qui venait à eux, réclamant la justice, et ils ne pouvaient pas non plus la supporter.

»Nous avons en Christ l'explication de toutes ces images de la loi. Le voile est ôté maintenant, mais il demeure sur le coeur d'Israël. Quand Moïse entrait vers l'Eternel, il ôtait le voile de son visage, et il en sera ainsi de leur coeur quand ils se tourneront vers le Seigneur. «Quand il se

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tournera», a trait au coeur d'Israël. La première fois que Moïse monta vers l'Eternel, il n'y avait pas de gloire sur sa face, parce qu'il n'avait pas été dans une relation aussi intime avec Dieu. Toute cette scène est un beau tableau de la grâce et de la loi, car Moïse lui-même était sous la grâce. Dieu lui dit: «Tu as trouvé grâce à mes yeux» (Exode 33: 17). (J.N.D.)

(Versets 14-16) — Nous avons vu que la face de Moïse, reflétant la miséricorde de Dieu associée à la loi, devait être voilée aux yeux des fils d'Israël. Cet état demeure tant que le peuple reste éloigné de Christ. «Aujourd'hui encore», dit l'apôtre, «dans la lecture de l'ancienne alliance, ce même voile demeure sans être levé, lequel prend fin en Christ». Même depuis que, par la mort de Christ, toutes les figures de la loi avaient trouvé leur accomplissement, l'état des Juifs qui avaient rejeté le Sauveur restait sans changement. Leurs entendements étaient obscurcis, en sorte que, lorsqu'ils lisaient Moïse, le voile demeurait sur leur coeur; il y avait ainsi une totale obscurité pour eux quand il s'agissait de comprendre ses écrits. Mais dès qu'Israël se tournera vers le Seigneur, tout voile sera ôté, puisque le voile prend fin en Christ.

(Versets 17, 18) — L'apôtre, après la parenthèse des versets 7 à 16, reprend ici la pensée du verset 6. Il avait dit: «Non de la lettre, mais de l'esprit, car la lettre tue, mais l'Esprit vivifie». Il ajoute maintenant: «Or le Seigneur est l'esprit», c'est-à-dire que le Seigneur, mort, ressuscité et glorifié, est la vraie pensée de l'Esprit au sujet de ce que renfermaient les figures des ordonnances, pensée qui restait cachée aux sectateurs de la lettre et de la loi. L'apôtre ajoute: «Mais là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté». «Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres» (Jean 8: 36); libres de l'esclavage du péché et de la loi, qui était un ministère de mort et de condamnation. Maintenant, c'est la liberté qui caractérise le racheté, liberté dans la puissance du bien, liberté de s'approcher de Dieu dans le sanctuaire, liberté de contempler à face découverte dans la gloire, le Sauveur qui s'y trouve pour avoir porté sur la croix les péchés de ses rachetés.

Un Christ élevé à la droite de Dieu dans la gloire est la preuve de la pleine satisfaction offerte par Lui aux droits de Dieu à l'égard du péché. La contemplation du Sauveur glorifié produit dans le racheté une pleine assurance quant à la solution de la question du péché, mais elle a aussi, sur lui, un effet subjectif: il est pratiquement transformé à la même image de gloire en gloire par la puissance du Saint Esprit.

Il est bon de remarquer que la contemplation de la gloire du Seigneur ne s'effectue pas par une espèce d'élan mystique ou d'effort d'intelligence, cherchant à se représenter ce que doit être cette gloire. C'est l'Esprit qui nous met en rapport avec elle par la Parole. Au chapitre 7 des Actes, Etienne eut le privilège d'une vraie vision du Seigneur dans la gloire. Il n'en est pas de même pour nous, car cette contemplation est l'effet de l'Esprit et de la Parole sur nos coeurs, et nous sommes mis de cette manière en contact avec Sa gloire.

Le résultat de cette contemplation est que nous sommes transformés graduellement en la même image. C'est autre chose que de lui être rendus conformes; nous ne le serons qu'à sa venue. «Il transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire» (Philippiens 3: 21). «Il nous a prédestinés à être conformes à l'image de son Fils» (Romains 8: 29).

Lorsque nous contemplons (objectivement) la gloire du Seigneur, l'effet subjectif est que nous Lui ressemblons en portant quelque reflet de ce qu'il a été sur la terre: abnégation, humilité, patience, bonté, support à l'égard des hommes, obéissance et dépendance vis-à-vis de Dieu. Nous devenons ainsi pratiquement la lettre de Christ devant les hommes, et c'est une gloire, mais une gloire morale qui ne produit pas publiquement de l'éclat.

On a trop l'habitude en pensant à la gloire, de se la représenter comme un lieu de lumière, ce qu'elle est sans doute, mais elle est bien davantage. Quelqu'un a dit: «La gloire est la perfection mise en évidence».

Chapitre 4

Après avoir décrit, au chapitre 3, son ministère et ce qui le caractérise, l'apôtre, au chapitre 4, en montre l'influence sur sa conduite. Il rappelle (verset 1) qu'il l'a reçu «comme ayant obtenu miséricorde». Si son ministère était glorieux, lui-même, comme ministre, n'était qu'un vase de miséricorde (versets 2-6). Donc, dans l'accomplissement de son ministère, il ne se lassait point, malgré l'opposition qu'il pouvait rencontrer; il présentait ouvertement toute la vérité de l'Evangile; il n'avait nullement besoin de prendre des précautions pour exposer sa doctrine, mais il la présentait nettement et publiquement, car elle pouvait supporter le grand jour. Dès le début de sa carrière, il avait entièrement renoncé à la manière d'agir des faux docteurs, qui commencent par émettre leurs doctrines clandestinement, ayant encore soin d'en cacher la partie la plus dangereuse. Il ne falsifiait point la parole de Dieu, car l'erreur le fait toujours. L'apôtre avait donc renoncé à ces choses honteuses; sa doctrine étant la franche manifestation de la vérité, il se recommandait de la sorte à toute conscience d'homme devant Dieu. Un tel ministère se légitimait à la conscience dès qu'elle se trouvait placée en présence de Dieu. L'Evangile enseigné par l'apôtre — notre évangile, dit-il — l'était avec une telle clarté et une telle puissance que ce ne pouvait être que l'oeuvre directe de l'ennemi, s'il ne pénétrait pas par la porte de la conscience. S'il y avait un voile sur le coeur des Juifs (3: 16), on trouve ici l'action de Satan, du dieu de ce siècle, pour mettre aussi un voile sur le coeur des gentils.

«En ceux qui périssent» (verset 4). Quelle qualification solennelle! Nous avons déjà rencontré cette expression, au chapitre 2: 15: «A l'égard de ceux qui sont sauvés, et à l'égard de ceux qui périssent». On ne trouve que ces deux classes, et il n'en existe pas une troisième! Il est dit aussi de la venue de l'Antichrist, qu'elle est «en toute séduction d'injustice pour ceux qui périssent» (2 Thessaloniciens 2: 10).

«En lesquels», dit l'apôtre, «le dieu de ce siècle a aveuglé les pensées des incrédules». «Le dieu de ce siècle», celui qui est tacitement et sera bientôt ouvertement adoré par cette génération (Apocalypse 13: 3, 4). Pour les incrédules, l'Evangile est voilé; leurs pensées sont aveuglées, en sorte qu'ils sont dans l'obscurité la plus complète à l'égard de ce qu'il y a de plus beau, de plus glorieux, de plus éclatant de lumière; mais la lumière de l'Evangile de la gloire du Christ, qui est l'image de Dieu, resplendit pour ceux qui reçoivent cet Evangile. Il est dit de Dieu qu'il habite la lumière inaccessible et qu'aucun des hommes ne l'a vu, ni ne le peut voir (1 Timothée 6: 16). Mais Christ «est l'image du Dieu invisible» (Colossiens 1: 15); il rend Dieu visible.

(Verset 5) — Paul «ne se prêchait pas lui-même»; il n'attirait pas les âmes à lui, mais au contraire, en s'effaçant, il mettait les âmes en relation avec le Seigneur, n'étant que l'esclave des autres pour l'amour de Jésus. Nous avons ici le principe de tout vrai ministère: qu'il s'agisse de l'évangéliste qui amène des âmes à Jésus, du pasteur et docteur qui les enseigne, le vrai serviteur du Seigneur prendra un soin tout particulier pour attacher à Christ et non pas à lui-même les âmes dont il s'occupe.

(Verset 6) — Le Dieu qui, faisant resplendir la lumière du sein des ténèbres, avait, dans la première création, tiré les choses du chaos (Genèse 1: 2, 3), est le même Dieu qui, en rapport avec la nouvelle création, avait maintenant relui dans le coeur de l'apôtre, pour projeter par lui au dehors la lumière de la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ.

«Car c'est le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres la lumière resplendît, qui a relui dans nos coeurs». Nous trouvons ici une chose très importante, la différence entre le caractère de l'Evangile et celui des prophètes. Même quand il s'agit d'une communication à faire, le Saint Esprit reluit ici dans le coeur de l'apôtre et lui donne d'abord pour lui-même le sentiment de la valeur de toutes ces choses, mais en sorte qu'il les communique à d'autres. Il dit aux Galates: «Quand il plut à Dieu, qui m'a mis à part dès le ventre de ma mère, et qui m'a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l'annonçasse parmi les nations» (Galates 1: 15). Nous trouvons là une révélation de Christ à Paul et pour Paul, mais il avait à la communiquer. Il en est de même dans notre passage: «Dieu a relui dans nos coeurs pour faire luire la connaissance…» Il y avait plus de puissance quand la révélation était faite en Lui que lorsqu'elle était faite à lui, car il s'agissait non seulement des autres, mais de sa propre âme. Il en est de même en Jean 7: Un homme a soif et vient à Christ pour boire, et alors «des fleuves d'eau vive coulent de son ventre». Cet homme n'a pas soif en vue des fleuves d'eau vive, mais il a soif pour boire, et ce qu'il a bu devient des fleuves». (J.N.D.)

Christ est le resplendissement de la gloire de Dieu (Hébreux 1: 3). S'agissait-il de Christ sur la terre, de la Parole faite chair, sa gloire morale brillait pour ceux qui avaient des yeux pour la voir. «Et nous vîmes sa gloire, une gloire comme d'un fils unique de la part du Père» (Jean 1: 14). Il était Dieu manifesté en chair (1 Timothée 3: 16). S'agit-il de le contempler à la droite de Dieu, couronné de gloire et d'honneur, sa face est le resplendissement de la gloire de Dieu. En sorte que, de toute manière, la gloire de Dieu brille dans la face de Christ. Ce n'était rien moins que la connaissance de cette gloire qui se projetait au dehors par le moyen de l'apôtre.

Remarquons en passant que si ces chapitres s'appliquent littéralement au ministère, le principe en est pratiquement applicable à tout chrétien.

Ce trésor que Dieu avait ainsi placé dans le coeur de l'apôtre (verset 7), était contenu dans un vase de terre. Pareil aux cruches des compagnons de Gédéon (Juges 7: 15-22), il fallait que le vase fût brisé, pour que la lumière resplendît au dehors, et aussi afin que l'excellence de la puissance fût de Dieu et non pas du vase. La puissance qui le soutenait et par laquelle l'oeuvre s'accomplissait malgré tout, devait donc être entièrement attribuée à Dieu.

«Le trésor est la lumière de la connaissance de l'amour de Dieu; il est dans un vase de terre, afin que l'excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous. Il place cette gloire merveilleuse dans un tel vase, afin que toute la puissance soit de Dieu. Il n'y a pas conformité entre le vase et l'objet qu'il contient; c'est pourquoi Dieu et le vase entrent en conflit (versets 8, 9). Le vase est brisé, discipliné de toute manière, et cependant Dieu y est tout du long. Toute cette gloire est mise dans un tel vase, tenu pour rien, mais soutenu par une autre puissance, qui n'est ni le trésor, ni le vase — et ainsi l'homme est gardé dans la dépendance». (J.N.D.)

(Versets 8-10) — Le vase était constamment et en toute chose tenu dans l'affliction, mais non pas réduit à l'étroit, de manière à ne plus pouvoir agir, il était dans la perplexité, mais non pas sans issue; il subissait la persécution, jusqu'à être laissé pour mort, mais la puissance de Dieu qui le soutenait, ne l'abandonnait pas. Le vase était abattu, et pourtant il était maintenu debout et ne périssait pas. Et toutes ces choses avaient pour résultat de faire luire au dehors la lumière intérieure.

Au verset 10, nous trouvons un fait tout particulier et qui a un caractère de grandeur selon Dieu. Paul consentait librement, de son propre chef et résolument, à porter toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus. Il avait non seulement compris et cru qu'il était mort avec Christ, crucifié avec Lui, mais il le réalisait pratiquement et de bon gré: il avait en lui-même la sentence de mort (1: 9); mais c'était «la mort de Jésus» qu'il portait ainsi dans son corps, non pas la mort de Paul, sans qu'il eût part à la vie de Jésus, car c'eût été un supplice continuel, mais c'était «la mort de Jésus». On trouve ici l'intimité de Paul avec la personne du Sauveur qu'il nomme ici par son nom. Mais cet état de mort était une délivrance pratique continuelle pour l'apôtre, afin que la vie de Jésus qu'il possédait fût manifestée sans entrave dans sa chair mortelle.

(Verset 11) — Bien que Paul entrât lui-même, délibérément, dans le chemin de la réalisation de la mort, il n'y serait cependant, tout sincère qu'il fût, jamais entré assez avant. Alors Dieu intervient, en maintenant les circonstances difficiles et affligeantes qui accompagnaient son ministère, et ces circonstances ont aidé puissamment l'apôtre, à réaliser pratiquement la mort. Il était constamment livré à la mort par les tribulations qui pesaient sur lui. Le chapitre 11: 23-27, de cette épître peut nous en donner une idée.

«Nous avons donc ces deux choses: d'abord Paul, serviteur fidèle, ne permettait jamais au vase d'avoir, même pour un instant, une volonté ou une pensée propre. Comme Christ était mort, et mort complètement, de même Paul portait partout la mort avec lui. Il disait: Maintenant tu es aussi mort que Christ l'était. Ensuite, bien que Paul fût en cela très fidèle, le Seigneur lui venait en aide en lui faisant traverser des circonstances difficiles, en sorte qu'il désespérait même de vivre. Ce n'était pas un châtiment, mais il avait la sentence de mort écrite en lui-même. Il se tenait pratiquement pour un homme mort, et le Seigneur dit: «Eh bien! il me faut maintenant t'apporter directement la mort, et ainsi tu seras un homme mort». Les afflictions qu'il traversait en fournissaient la preuve, afin que la vie de Christ seule pût se montrer au dehors. Le Seigneur dit: «Je vais faire la chose à fond, afin que mon serviteur puisse la réaliser pleinement en lui-même»; et Paul la résume, en disant: «Ainsi donc la mort opère en nous, mais la vie en vous»; c'est-à-dire que Paul était si entièrement un homme mort, que rien d'autre que la vie de Christ n'opérait en lui, envers les Corinthiens. Quel merveilleux tableau! Si le vase pense ou agit, l'oeuvre est gâtée. Il faut que la gloire de Dieu dans la face de Jésus Christ resplendisse; dans la mesure où le vase est quelque chose, la lumière est obscurcie; mais si le vase est gardé dans la mort, rien ne peut en sortir que la vie de Christ. Mais ce n'est pas tout. Nous trouvons encore ici la puissance positive de Dieu. Il faut que le vase soit anéanti pour qu'il ne gâte pas le trésor, et lorsque cela a lieu, une autre puissance entre dans le vase et y déploie son action. Le résultat est que Paul devient un vase de vie absolue pour d'autres». (J.N.D.)

Mais c'était «pour l'amour de Jésus» qu'il marchait dans cette voie. Sans la vie de Christ, sans le ministère qui lui était confié, il n'aurait pas suivi un tel chemin.

(Verset 12) — La Parole nous présente ici le bénéfice que d'autres en tiraient. La mort opérait en Paul pour tenir en échec tout ce qui se serait élevé contre la manifestation de la vie de Christ en bénédiction envers les autres. Les Corinthiens étaient appelés à en profiter.

Les versets 13-14 considèrent l'issue glorieuse de ce chemin où l'on réalise la mort, car le voyage ne durera pas toujours. Paul s'applique la parole du Psaume 116, en disant: «Nous aussi nous croyons, c'est pourquoi aussi nous parlons». Mais si parler au nom du Seigneur l'exposait continuellement à la mort, pour lui la fin était la résurrection et la gloire. Il savait que «Celui qui avait ressuscité le Seigneur Jésus, le ressusciterait aussi avec Jésus». Il était lié à Celui pour lequel il endurait la mort de toute manière; il lui serait aussi lié en résurrection. Il avait non seulement cette assurance pour lui-même, mais il voyait comme récompense de ses travaux, la présence avec lui de ceux pour lesquels il s'était dévoué: «Et nous présentera avec vous» (conf. 1 Thessaloniciens 2: 19, 20). En attendant ce résultat glorieux, le bien que les saints recevaient par le ministère, produisait un résultat actuel et immédiat, «des actions de grâces à la gloire de Dieu» (verset 15).

(Verset 16) — Comme conclusion de tout ce qui précède, l'apôtre dit: «C'est pourquoi nous ne nous lassons point». Il marchait en avant, plein de courage, à travers tout; et si même l'homme extérieur, ce pauvre vase mortel, dépérissait, il y avait en opposition avec lui un homme intérieur qui n'avait pas à faire avec ce déclin, mais était renouvelé de jour en jour, maintenu dans sa jeunesse et sa fraîcheur, au milieu de la décrépitude de l'homme extérieur.

(Verset 17) — Ayant la gloire en vue, l'apôtre pouvait considérer ses grandes, longues et continuelles afflictions, comme une tribulation légère et «d'un moment». Mais, quoique légère et passagère, elle opérait pour lui, «en mesure surabondante, un poids éternel de gloire». Il y a une différence entre notre passage et ce que Paul dit des tribulations, en Romains 5: 3-5. Là nous trouvons ce que la tribulation produit en nous; ici, ce qu'elle opère pour nous, pour un résultat dans la gloire. En Romains 5, le résultat est actuel; ici, il est futur. Ici tous les contrastes sont remarquables: contraste entre l'homme extérieur et l'intérieur, entre l'extérieur qui dépérit et l'intérieur qui est renouvelé; entre la tribulation légère et le poids de gloire; entre la tribulation d'un moment et le poids de gloire éternel. Mais ce dernier est en mesure surabondante; comme il est dit aussi en Romains 8: 18: «Les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d'être comparées avec la gloire à venir».

(Verset 18) — Dans tout ce qui précède, l'apôtre a montré que l'énergie spirituelle, agissant en lui, le faisait vivre moralement dans l'avenir glorieux et certain qui s'ouvrait devant lui. Ses regards étaient fixement attachés aux choses éternelles, certaines, bien que pour le moment invisibles; mais tout ce qui était visible ne faisait que passer, n'était que pour un temps.

Chapitre 5

«Les chapitres 3 et 4 nous ont présenté le sujet du ministère et le vase préparé pour l'exercer. Nous trouvons au chapitre 5, en premier lieu, les conseils de Dieu qui nous amènent au «poids éternel de gloire», mentionné dans le chapitre 4: 17; c'est le dessein de Dieu quant à son ministre. En second lieu, la manière dont ces choses agissent sur nous, en les considérant au point de vue de notre responsabilité; en troisième lieu, l'amour de Christ étreignant l'apôtre. Tout lien avec ce monde est brisé par la mort de Christ; et, à la fin du chapitre, l'Evangile de Sa mort est le fondement et la base de tout ce qui précède. Ce n'est pas l'Evangile de la gloire que l'on trouve ailleurs; l'incarnation et la mort étant les deux grands faits présentés ici». (J.N.D.)

Le dépérissement de l'homme extérieur peut aboutir à la destruction du corps mortel; l'apôtre en avait fait l'expérience dans les persécutions où, plus d'une fois, il avait été exposé à la mort; mais il avait une certitude absolue quant au changement qui aurait lieu dans son état. Nous savons, dit-il: c'est là l'expression technique de la foi et du christianisme. Il considère son corps mortel comme une tente, le faible abri d'un voyageur. C'est une maison terrestre. Le corps glorieux est un édifice de la part de Dieu, venant de Lui; un édifice en contraste avec la tente; une maison éternelle dans les cieux, en contraste avec la maison terrestre. «Nous avons un édifice», car la foi réalise la certitude de sa possession. Mais il faut remarquer que le corps mortel du racheté loge ici un être spirituel. Ce dernier habite pour le moment la tente, mais à la résurrection de vie il obtiendra son domicile qui est du ciel, le corps glorieux. Ce dernier (verset 2) sera pleinement adapté à l'être spirituel, au nouvel homme. C'est pourquoi l'apôtre gémissait de se trouver dans un corps non approprié à la vie en Christ qu'il possédait déjà, et il soupirait après le moment où corps et âme seraient de même nature. On a dit qu'il gémissait de se trouver avec une vie ressuscitée dans un corps qui ne l'était pas.

(Verset 3) — Les pensées de l'apôtre se portent donc sur le fait de la résurrection du corps, et il mentionne ici la possibilité d'être vêtu d'un corps en résurrection et non revêtu de Christ. «Vêtus et trouvés nus»; telle sera la part des méchants; nus, comme Laodicée (Apocalypse 3: 17).

Le «nous» du verset 3, celui du verset 10, et le «tous» du verset 14, comprennent tous les hommes.

(Verset 4) — L'espérance propre du chrétien n'est pas de mourir, mais d'atteindre le moment de la venue du Seigneur, où nous serons transformés en la ressemblance du corps de sa gloire, sans qu'il y ait un seul instant de séparation entre l'âme et le corps. C'est ce que dit l'apôtre aux Philippiens (3: 20, 21). C'est aussi ce que le Seigneur dit à Marthe: «Celui qui vit et croit en moi ne mourra point, à jamais» (Jean 11: 26). Si, jusqu'à la venue du Seigneur rien ne peut, individuellement, nous arriver de meilleur que de déloger pour être avec Lui, ce dernier événement ne fait cependant nullement partie de l'espérance chrétienne. Dans notre passage, cette espérance consiste à échanger la tente contre le corps glorieux, sans que l'âme et le corps soient séparés seulement une seconde. Nous désirons, non pas être dépouillés du corps mortel, mais être revêtus de notre corps glorieux. A ce moment-là, l'instrument pour nous délivrer de ce qui est mortel, ne sera pas la mort, mais la vie: «Afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». La puissance de cette vie est en Christ, et c'est par elle qu'il peut s'assujettir toutes choses (Philippiens 3: 21). Ce corps mortel sera absorbé sans laisser de dépouille.

(Verset 5) — «Celui qui nous a formés à cela même, c'est Dieu, qui nous a aussi donné les arrhes de l'Esprit». En recevant une vie nouvelle, nous passons, pour ainsi dire, dans un nouveau moule pour une destination toute nouvelle. Déjà nous avions été prédestinés à être conformes à l'image de son Fils (Romains 8: 29); en recevant la vie nouvelle, nous sommes formés à cela, et nous en avons les arrhes par l'Esprit. Nous ne sommes pas formés pour la mort, mais pour la résurrection et la transmutation.

 «Dieu nous a tous formés, nous chrétiens, pour la «maison qui n'est pas faite de main, éternelle, dans les cieux». Il ne nous l'a pas encore donnée, mais nous a formés pour elle et «nous a aussi donné les arrhes de l'Esprit». C'est ce qui me donne confiance. Il l'appelle ici «notre maison», non pas ma maison. Ainsi je possède deux vérités certaines: la première, c'est que je suis «formé à cela même»; la seconde, c'est que je connais cette maison dès ici-bas, car Dieu m'a donné le Saint Esprit. Supposons maintenant que la mort vienne; eh bien! «nous avons toujours confiance, et nous savons qu'étant présents dans le corps, nous sommes absents du Seigneur», quoique «nous aimions mieux être absents du corps et être présents avec le Seigneur»: tant est absolue la certitude d'être revêtus de gloire». (J.N.D.)

Les versets 2 à 5 avaient présenté le contraste entre le corps mortel et le corps glorieux, et parlé du désir de revêtir ce dernier sans avoir à passer par la mort. La difficulté était alors de se trouver avec une vie ressuscitée dans un corps qui ne l'est pas. Au verset 6, une autre difficulté surgit: tant que nous habitons ce corps mortel, nous sommes absents du Seigneur. Cette difficulté est levée dès que nous sommes absents du corps, avant même d'avoir revêtu un corps glorieux, car alors nous sommes présents avec le Seigneur. Quoique moins excellent que la vie dans le corps glorieux, cela est meilleur que la vie dans le corps mortel, et à ce point de vue (verset 8), nous aimons mieux être absents du corps et être présents avec le Seigneur. Tout précieux que cela soit, c'est un état intermédiaire, provisoire, et pourtant un gain positif, même devant le fait que pour moi, vivre ici-bas c'est Christ (Philippiens 1: 21). Ce bonheur immense pour l'âme, d'être avec le Seigneur dans le paradis, est toujours présenté dans la Parole comme une chose individuelle, et rien ne peut laisser penser à une relation mutuelle entre ceux dont l'âme est séparée du corps; cette relation n'existe qu'avec des corps glorieux. Même pour voir le Seigneur comme il est, il faut les yeux du corps glorifié (1 Jean 3: 2). Mais, répétons-le, le bonheur d'être absent du corps et présent avec le Seigneur est immense pour l'âme. Individuellement il ne peut rien nous arriver de meilleur en attendant la gloire.

(Verset 9) — Dans ce verset, l'apôtre sous-entend le moment glorieux de la venue du Seigneur. A ce moment, il trouvera les siens séparés en deux classes: les «présents» dans le corps qui seront transmués, les «absents du corps» qui seront ressuscités. L'apôtre s'appliquait à être agréable au Seigneur, soit qu'il eût à passer par l'une ou l'autre alternative. Comme nous allons le voir, il y a une liaison morale entre ce verset et le suivant.

(Verset 10) — «Car il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ». Le mot «tous» comprend, comme nous l'avons fait remarquer plus haut, tous les hommes, y compris les rachetés. Le fait que tous, justes et injustes, y paraissent, explique pourquoi ce passage ne mentionne pas la condamnation de ceux qui sont manifestés devant le tribunal. En Matthieu 25: 31-46, où nous voyons le tribunal de Christ pour le jugement des vivants, une condamnation éternelle est prononcée sur ceux que le Seigneur met à sa gauche. En Apocalypse 20: 11-15, où nous trouvons le tribunal de Christ pour le jugement des morts, une condamnation éternelle est prononcée sur tous ceux qui y comparaissent, parce qu'ils seront trouvés nus, non revêtus de Christ, quoique vêtus d'un corps en résurrection.

Ce verset 10 renferme deux grandes idées: celle de la manifestation et celle de la rétribution. Quant à la manifestation, c'est celle de l'homme tout entier, de toute sa vie, depuis la naissance jusqu'à la fin. La rétribution consiste à recevoir les choses accomplies dans le corps il s'agit donc, là aussi, de toute la durée de la vie. Cela implique la résurrection, car c'est dans le corps ressuscité que chacun recevra les choses accomplies dans le corps mortel. Telle est la pensée générale du passage.

Mais, si les rachetés se trouvent compris dans ces «tous», que signifie pour eux la manifestation, et la rétribution? La manifestation, nous l'avons dit, est celle de tout le cours de notre vie dans le corps. Il est nécessaire que nous connaissions et que tous connaissent à ce moment les voies de Dieu à notre égard, et l'action de sa grâce envers nous, soit avant, soit après notre conversion, et comment il nous a prévenus, suivis, conduits dans sa miséricorde. D'autre part, il est nécessaire pour la pleine révélation de Ses voies, que nous ayons sous les yeux toute la méchanceté de nos coeurs naturels, nos rébellions, nos souillures et leurs causes. Quelqu'un a dit: «Ce n'est qu'à ce moment-là que nous connaîtrons la perfidie de notre chair et l'étendue de la grâce de Dieu». Oui, cette entière manifestation est nécessaire pour que nous sortions de ce spectacle avec une provision éternelle d'actions de grâces envers Celui qui aura sauvé et amené dans la gloire des êtres qui se connaîtront alors aussi complètement qu'ils connaîtront le Seigneur et ont été connus de Lui.

Rappelons-nous que nous verrons ce tableau de notre vie avec les yeux de nos corps glorifiés. Nous serons semblables à notre Sauveur, et nous acquiescerons pleinement et sans effroi au jugement prononcé sur le mal, un mal que le Sauveur dans sa grâce a pris complètement sur Lui à la croix.

On trouve une quantité d'âmes qui, regardant au Sauveur à la fin de leur vie, meurent en paix, sans que, pour la plupart d'entre elles il y ait un travail de conscience sérieux au sujet de leur vie entière. On a vu des personnes âgées de quatre-vingt-dix ans recevoir le Sauveur comme de petits enfants, et s'en aller en paix, sans que leur passé semble les préoccuper. Eh bien! la manifestation de leur existence tout entière leur apprendra de quoi elles ont été sauvées et leur fournira des actions de grâces éternelles. On peut affirmer qu'il manquerait pour les rachetés quelque chose au ciel, si cette manifestation devant le tribunal de Christ n'avait pas lieu.

L'idée de rétribution ne se rapporte pas, pour les croyants, à cette face de la culpabilité qui encourt le jugement de Dieu en condamnation. Ce jugement, notre adorable Sauveur l'a subi, par la grâce de Dieu, à notre place sur la croix.

Pour ceux des rachetés qui ont un certain chemin à parcourir ici-bas entre leur conversion et la fin de leur carrière, il y a, dès leur point de départ, un contrôle du Seigneur relativement à la responsabilité, à la marche, au service et au témoignage. La manifestation devant le tribunal de Christ leur montrera la cause des pertes qu'ils ont éprouvées, pour n'avoir pas assez profité des secours de l'Esprit et de la Parole qui étaient à leur portée, et par lesquels ils auraient tenu en échec les tendances de leur nature et auraient glorifié davantage le Seigneur. A ce point de vue, la pensée du tribunal de Christ devrait avoir chaque jour une action solennelle sur notre conscience. Tout en bannissant toute pensée de crainte au sujet d'une condamnation, il est bon pour l'âme de maintenir la vérité qu'un tribunal est un tribunal, et que ce mot emporte avec soi l'idée de juge et de jugement. Il n'y a que trop de chrétiens qui résument sommairement ce passage en ces termes: «Quant au mal, Christ s'en est chargé; quant au bien, il le récompensera». La pensée du tribunal de Christ doit exercer son action solennelle sur nos âmes pendant que nous sommes ici-bas, en vue de notre marche dans ce monde. S'il en est ainsi, toute appréhension quant à ce moment disparaît, pour faire place à la confiance et à l'assurance.

La rétribution, pour les rachetés, comprend sans doute la récompense que Dieu donnera pour tout le bien que sa grâce aura produit en nous et par nous, mais l'idée d'une récompense n'est jamais le motif de la marche; elle en est le précieux encouragement. Cet encouragement, l'apôtre l'avait dans son service à travers toutes ses épreuves. Il soutenait par cette pensée même les pauvres esclaves, en leur disant: «Sachant que chacun, soit esclave, soit homme libre, quelque bien qu'il fasse, le recevra du Seigneur» (Ephésiens 6: 8).

(Verset 11) — Nous voyons ici que l'apôtre n'éprouvait, pour son propre compte, aucune crainte à la pensée du tribunal de Christ. Il était manifesté à Dieu; sa conscience était en règle avec Lui relativement à tout ce qu'elle était capable de contrôler. Cependant, en 1 Corinthiens 4: 3, 4, il montre qu'il ne prend pas sa conscience comme la mesure divine du mal. Il s'en remet au jugement du Seigneur; sans savoir si le Seigneur ne connaît pas des choses que sa conscience à lui était incapable de juger. Mais l'apôtre, bien tranquille pour son propre compte, connaît, en rapport avec le tribunal, «combien le Seigneur doit être craint». Il pense aux hommes qui n'ont pas le salut, et vont aveuglément à la rencontre de la condamnation éternelle et au-devant de leur juge. Aussi cherche-t-il à les persuader du danger qu'ils courent.

Le fait qu'il était manifesté à Dieu, remplissait l'apôtre de l'espoir qu'il l'était aussi dans la conscience des Corinthiens. Malgré tous les efforts de l'ennemi, il est impossible que l'on soit manifesté à Dieu sans l'être, tôt ou tard, dans la conscience des frères.

«Le jugement m'ôte-t-il ma confiance? En aucune manière; il stimule mon zèle, car à ce sujet je n'ai pas à penser à moi-même, mais seulement à d'autres. Ils sont tous morts dans leurs péchés, aussi l'apôtre dit-il: «Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes», «car il nous faut tous être manifestés devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive les choses accomplies dans le corps, selon ce qu'il aura fait, soit bien, soit mal». Le jugement produira son effet sur eux, cependant les chrétiens aussi seront manifestés, et moi, dit l'apôtre, je suis manifesté. Ce passage a trait à tous les hommes. Nous recevrons les choses accomplies dans le corps. Si Paul (je le dis seulement comme illustration) a édifié du bois, du foin, du chaume, il aura gagné une perte. Les méchants recevront le mal et si, comme chrétien, j'ai marché misérablement, j'en porterai la conséquence. Tout cela n'a rien à faire pour moi avec la justice, car Christ est déjà ma justice. Le bois, le foin, le chaume seront brûlés, ce qui lui fait dire: «C'est pourquoi aussi, que nous soyons présents, ou que nous soyons absents, nous nous appliquons avec ardeur à lui être agréables».

»Nous sommes ici sur le terrain de la responsabilité. Paul dit: «Que je sois mort ou vivant, nous allons tous paraître devant Christ». Nous avons vu, au commencement du chapitre, le conseil, et maintenant nous avons la responsabilité, mais elle ne détruit nullement la confiance de l'apôtre. Il ne cherche pas à Lui être «agréable» pour échapper au jugement, «Nous nous appliquons avec ardeur»: voilà ce que Paul s'attache à faire. Nous avons une chose complète, la sécurité et la confiance, et nous sommes heureux de nous appliquer et de nous donner de la peine parce que nous l'avons, et non pour l'obtenir». (J.N.D.)

(Verset 12) — L'apôtre se réfère ici aux premiers versets du chapitre 3. Il n'avait nul besoin de se recommander aux Corinthiens; car par son ministère et sa marche, il se recommandait à toute conscience d'homme devant Dieu (4: 2, 3). Ceux qui se glorifiaient extérieurement et non pas du coeur, étaient les hommes qui cherchaient à gagner les Corinthiens pour eux, en détruisant leur confiance à l'égard de l'apôtre. Seulement, cette seconde épître ne parle d'eux que d'une manière détournée.

(Verset 13) — Paul comprend ici toute sa vie sous deux chefs: ou il était en extase, ou bien de sens rassis. Un frère a écrit à ce sujet: «Il était comme hors de sens quant aux pensées humaines en réalisant la présence de Dieu par l'Esprit. S'il oubliait le bienheureux calcul de l'amour qui traçait son chemin vers les hommes, c'était pour être hors de lui-même avec Dieu et pour Dieu: bienheureuse alternative! Son extase n'était pas excitation ou folie, mais, hors de lui-même, il était avec Dieu de sens rassis, le calcul de l'amour pour le bien des saints le remplissait».

 (Versets 14, 15) — Ce dévouement pour les autres avait sa source dans l'amour de Christ pour les pécheurs. Cet amour étreignait Paul. Le Sauveur a vu tous les hommes morts dans leurs fautes et leurs péchés, et son amour l'a porté à descendre jusque dans la mort pour les délivrer. Il est mort pour tous. Nous avons ici la propitiation, non l'expiation. Il est mort à l'intention de tous, et personne n'est exclu. C'est envers tous (Romains 3: 22). Le Seigneur a dit: «Quand j'aurai été élevé de la terre (sur la croix), j'attirerai tous les hommes à moi-même» (Jean 12: 32). «Il est la propitiation pour le monde entier» (1 Jean 2: 2). «Il s'est donné lui-même en rançon pour tous» (1 Timothée 2: 6).

Mais tous ne veulent pas de ce Christ mort à leur intention. C'est pourquoi, lorsqu'il s'agit de l'application de son oeuvre aux âmes, il ne parle plus de tous, mais de «ceux qui vivent» (verset 15). Ce sont les croyants. L'intention est envers tous, mais l'application de la chose est «sur tous ceux qui croient». Il y en a donc qui vivent, comme résultat de la mort de Christ pour tous. Ils étaient morts et vivent maintenant d'une vie nouvelle. Celui qui leur a acquis cette vie est non seulement mort pour eux, mais il est ressuscité. Sa résurrection est aussi bien la preuve de leur justification, que le point de départ de leur nouvelle vie. Lui est l'objet de cette vie: «Afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité». Ils vivent donc pour cet objet, pour Celui auquel ils doivent tout. Cette vie nouvelle n'a d'expression que pour Lui; ils ne vivent plus pour eux-mêmes, c'était ce qui caractérisait le vieil homme, mais pour Celui qui pour eux est mort et a été ressuscité. Tel est son but en mourant pour nous; mais nous avons à nous demander jusqu'à quel point nous répondons pratiquement à ce but.

(Verset 16) — Tous les hommes étant morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, et l'histoire de l'épreuve de l'homme étant close, l'enfant d'Adam, l'homme dans la chair, n'est plus reconnu de Dieu. Il est perdu et condamné, mais susceptible d'être sauvé, s'il reçoit le Sauveur, sinon son procès est terminé; Dieu n'a plus de relation avec lui, car le jugement n'est pas une relation. Si donc l'homme n'est plus reconnu de Dieu, les enfants de Dieu ne peuvent pas non plus le reconnaître. «Nous ne connaissons personne selon la chair». Un chrétien qui voudrait conserver des relations d'amitié avec un ancien ami mondain, sans lui montrer son état de perdition et le Sauveur comme ressource, serait très coupable, et se mettrait en contradiction avec la pensée de Dieu.

Même ceux qui avaient connu Christ selon la chair, comme le Messie présenté à Israël, ne le connaissaient plus ainsi, car le Christ des chrétiens est un Christ mort, ressuscité et glorifié. Paul ne l'a connu que dans ce caractère; la vue d'un Christ glorifié l'a arrêté, renversé, converti et mis en chemin vers la gloire.

(Verset 17) — «En sorte que si quelqu'un est en Christ», — s'il est dans ce nouvel état, en contraste avec son état ancien en Adam, — «c'est une nouvelle création». Quant à sa personne, il n'est pas encore une nouvelle créature, car il est encore un homme sur la terre, mais il est en Christ dans ce nouveau domaine; les choses vieilles sont passées (à la croix), et toutes choses sont faites nouvelles par la mort, la résurrection et la glorification de Christ auquel nous sommes unis.

(Verset 18) — Toutes ces choses nouvelles sont nécessairement de Dieu; l'homme en est exclu, mais ce Dieu est Celui qui nous a réconciliés avec lui-même par Jésus Christ. Etre réconcilié, c'est être amené à un état capable d'entrer en relation avec Dieu, tel qu'il est. La réconciliation suppose un état antérieur faisant contraste avec l'état nouveau. Il est dit (Romains 5: 10): «Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie». Et encore: «Vous qui étiez autrefois étrangers et ennemis quant à votre entendement, dans les mauvaises oeuvres, il vous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort» (Colossiens 1: 21).

Une réconciliation entre deux personnes ici-bas, est la reconnaissance et l'oubli de torts réciproques égaux ou inégaux; il en est certes autrement pour Dieu; il n'a jamais eu de torts envers l'homme, il est toujours resté Lui-même. Dès lors, c'est Lui qui, par Christ, a opéré la réconciliation de l'homme avec Lui, comme disent les deux passages cités plus haut: «Il nous a réconciliés avec lui-même par Christ». Une fois cela opéré, il nous a, dit l'apôtre, donné le service de la réconciliation. Les réconciliés seuls peuvent avoir ce service.

(Verset 19) — Pendant le ministère de Christ, Dieu était en lui, ayant vis-à-vis du monde le caractère d'un Dieu qui réconcilie et n'impute pas les fautes; comme Jésus lui-même le dit: «Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu'il jugeât le monde, mais afin que le monde fût sauvé par lui» (Jean 3: 17). Mais ce dernier a rejeté Christ et n'a pas voulu du Dieu qui réconcilie, ni du ministère du Seigneur. Devant ce mépris de sa grâce, Dieu n'a cependant pas rompu avec les hommes; il leur a envoyé le ministère des apôtres: «Mettant en nous la parole de la réconciliation».

«Quelle différence y a-t-il entre l'Evangile de la gloire et l'Evangile de l'humiliation? Ce dernier est la pure grâce de Dieu, manifestée en Christ ici-bas. Les écrits de Jean nous présentent Dieu se révélant à l'homme, dans la vie de Christ ici-bas. Dans les écrits de Paul, nous trouvons habituellement l'homme manifesté en justice devant Dieu. L'Evangile de l'humiliation est la grâce parfaite; c'est Dieu descendant jusqu'à l'homme, et le visitant dans la condition où il se trouve sur la terre. En Philippiens 2, toute cette histoire se déroule depuis le temps où il était en forme de Dieu jusqu'à la croix où, étant trouvé en figure comme un homme, il s'est abaissé lui-même et est devenu obéissant jusqu'à la mort. C'est la manifestation de Dieu ici-bas au milieu des hommes, en tant que pécheurs; de Dieu descendu jusqu'à moi en amour, et si je ne puis me fier à qui que ce soit dans le monde, il faut maintenant que je me fie à Dieu. La femme pécheresse a beaucoup aimé; elle ne savait pas que ses péchés étaient pardonnés et n'aurait pu expliquer théologiquement la chose, mais elle s'est fiée à Christ et l'a beaucoup aimé; elle a compris la portée de l'humiliation de Christ.

»Dans l'Evangile de la gloire, l'homme est considéré comme le vieil homme, entièrement mis de côté, et cependant l'homme est dans la gloire en vertu d'une oeuvre parfaite qui nous rachète, nous justifie, et nous y donne une place. La gloire est le témoignage de l'efficace de l'oeuvre; l'humiliation, le témoignage de la grandeur de l'amour. Il va sans dire que ces deux côtés de l'Evangile sont le même Evangile, celui de la gloire de Christ et celui de la grâce de Dieu. C'est la grâce qui revêt le fils prodigue de la plus belle robe et l'introduit dans la maison. L'Evangile n'est donc pas seulement que Christ est dans la gloire, mais que Dieu, selon les richesses de sa grâce m'a visité comme pécheur. La personne de Christ ressort grandement de tout cela. Je ne dis pas simplement au pécheur: Il y a pardon pour toi, mais: Dieu était en Christ, dans sa personne, te réconciliant avec lui-même.

»L'Evangile de l'humiliation, ainsi nommé, a un caractère que ne possède pas l'Evangile de la gloire. Le premier est Dieu en grâce, le second est l'homme en gloire — sans doute, comme fruit de la grâce. Les chapitres 5 et 8 aux Romains ont beaucoup d'analogie avec ces deux caractères de l'Evangile. Au chapitre 5, c'est la grâce de Dieu, la révélation de ce que Dieu est et de notre joie en Lui; il présente des choses plus élevées que le chapitre 8, jusqu'à se glorifier en Dieu, mais au chapitre 8, l'homme est élevé plus haut en Christ. Ces deux passages nous montrent les bénédictions qui appartiennent aux chrétiens. Au chapitre 8, nous trouvons ce fait de l'Evangile que l'homme est en Christ devant Dieu, mais la première partie du chapitre 5 nous parle bien davantage de Dieu. Dans un certain sens, elle présente une part inférieure de l'oeuvre, car il ne s'agit là que de ce qui répond aux besoins du pécheur par Christ, «livré pour nos fautes et ressuscité pour notre justification». Je trouve dans les cinq premiers versets de ce chapitre 5, ce qui fait dire à l'apôtre dans notre chapitre: «Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant point leurs péchés»; tandis que, dans la seconde partie de Romains 5, je trouve ce qui conduit l'apôtre à dire ici: «Celui qui n'a pas connu le péché, il l'a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui». Dans l'Evangile de l'humiliation, nous avons Dieu en Christ; dans l'Evangile de la gloire, nous avons l'homme en Christ. Sans doute, le second est un résultat glorieux du premier, mais c'est un aspect différent de l'Evangile» (J.N.D.).

(Verset 20) — Christ, dont le ministère a été rejeté, étant absent, envoie des ambassadeurs dans ce monde. Dieu exhorte, pour ainsi dire, par leur moyen; ils supplient pour Christ: «Soyez réconciliés avec Dieu». Mais cette réconciliation ne peut être basée que sur le sacrifice de Christ. Si, par la foi, l'homme accepte ce sacrifice, il devient un de ceux que Dieu a réconciliés avec lui-même par Christ.

(Verset 21) — Ici, l'apôtre se comptant au nombre des réconciliés («nous»), montre ce qu'ils ont coûté à leur Sauveur et comment, sous le jugement de Dieu, il a pris sur Lui à la croix leur état d'inimitié et tous leurs péchés. «Il a été fait péché pour nous». Sur la croix, Dieu ne voyait que le péché porté par Christ, et sa justice le frappait là. Les péchés devaient être jugés, le péché dans la chair devait être condamné (Romains 8: 3).

Dans ce verset 21, on trouve comme conséquence l'une de l'autre, les deux choses les plus opposées: Christ fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui. La question de la justice de Dieu est traitée par l'apôtre dans l'épître aux Romains. Au chapitre 1: 17, il dit que la justice de Dieu est révélée dans l'Evangile, sur le principe de la foi, pour la foi. Au chapitre 3: 21-26, il montre que maintenant la justice de Dieu est manifestée. Cette «justice de Dieu, par la foi de Jésus Christ, est envers tous et sur tous ceux qui croient». Les croyants sont justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus. Dieu a montré sa justice, à cause du support des péchés précédents, dans la patience de Dieu; il l'a montrée dans le temps présent, «en sorte qu'il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus».

La justice de Dieu, maintenant manifestée, est une justice qui, en vertu du sacrifice de Christ, justifie le coupable. La majesté, la sainteté, la justice de Dieu, réclamaient le jugement sur les péchés. Christ les ayant pris sur Lui à la croix, comme répondant pour les croyants, la justice de Dieu a sévi contre le péché et, pleinement satisfaite par cette oeuvre, elle devient, à cause de Christ, une justice justifiante envers celui qui croit. La justice rétributive est devenue pour nous une justice justifiante. Dieu est juste envers Christ en nous justifiant.

Dieu avait supporté les péchés des justes de l'Ancien Testament; il les avait introduits dans le repos du ciel avant que leurs péchés eussent été expiés de fait; il leur avait, pour ainsi dire, donné un acompte sur l'oeuvre de Christ. Mais, au jour de la croix, il a montré sa justice en demandant compte au Sauveur de tous les péchés de ceux qui étaient depuis longtemps dans le repos, en sorte que Dieu est juste, en justifiant les croyants de tous les temps.

En Romains 10, l'apôtre montre que les Juifs, «ignorant la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ne se sont pas soumis à la justice de Dieu; car Christ est la fin de la loi en justice à tout croyant». Le croyant se soumet à la justice de Dieu, en reconnaissant son état naturel de perdition et en acceptant Christ qui y a pourvu.

Que signifie cette expression du verset 21: «Afin que nous devinssions justice de Dieu en Christ»? Considérons ce qui est dit du Saint Esprit, en Jean 16: 8-10: «Et quand celui-là sera venu, il convaincra le monde de péché, et de justice, et de jugement». Le Seigneur ajoute: «De justice, parce que je m'en vais à mon Père, et que vous ne me voyez plus». Ces paroles abstraites signifient que la glorification de Christ à la droite de Dieu est l'expression de la justice de Dieu. Le Saint Esprit descendu ici-bas en vertu de la glorification de Christ, est la démonstration, vis-à-vis du monde, que la justice de Dieu a glorifié Celui que l'injustice du monde avait condamné. Au jour du supplice du Fils de Dieu, on ne pouvait, en apparence, trouver la justice nulle part. Le seul vrai juste pendait à un gibet, et Dieu laissait faire. Et quand le monde, conduit par son prince, avait épuisé toute sa haine contre cette victime, Dieu l'abandonne. Où était la justice? Mais voici que Dieu le ressuscite et l'exalte dans la gloire, lui donne un nom au-dessus de tout nom, et l'élève souverainement à sa droite en le couronnant de gloire et d'honneur! Vous cherchiez la justice de Dieu? La voilà!

Mais le Rédempteur était digne d'avoir ses rachetés, pour lesquels il avait souffert, avec Lui dans la gloire où la justice de Dieu le plaçait. Ils sont unis avec Lui, là où il se trouve, assis en Lui dans les lieux célestes (Ephésiens 2: 6). C'est donc par cette union avec Lui qu'ils sont devenus «justice de Dieu en lui». Ils seront plus tard personnellement avec Lui, selon ce qu'il dit en Jean 17: 24: «Père, je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi».

On trouve donc ces deux choses: 1° Nous sommes justifiés par la justice de Dieu à cause de Christ; 2° étant unis à Lui, là où cette justice l'a placé, nous sommes devenus justice de Dieu en Lui.

Chapitre 6

L'apôtre, comme «ouvrier avec Dieu», exhortait les hommes (5: 20); travaillant à cette même oeuvre, il exhorte maintenant les chrétiens à n'avoir pas reçu la grâce de Dieu en vain. Cette question est très solennelle et s'adresse à notre responsabilité, aussi bien qu'à celle des Corinthiens, afin que nous en fassions notre profit. De fait, hélas! beaucoup de professants sans vie, seront trouvés en fin de compte avoir reçu en vain l'Evangile de la grâce de Dieu.

«Tous avaient reçu la grâce, mais la question est s'ils l'avaient tous reçue dans leurs coeurs. Il les considère comme chrétiens, mais il avait éprouvé du malaise à leur sujet, en voyant leur mauvaise conduite. Il n'est d'aucune utilité de chercher à affaiblir des déclarations comme celle-ci, qui se rencontrent souvent dans l'Ecriture. Il ne s'agit pas seulement ici de porter du fruit; car s'ils avaient reçu la grâce de Dieu en vain, ils n'étaient pas régénérés du tout. Si je suis sauvé, comment pourrait-on dire de moi que j'ai reçu la grâce de Dieu en vain? Le résultat de l'Evangile est immense, quand je l'ai reçu pour aller au ciel. La grâce de Dieu vient aux hommes, ils goûtent, comme en Hébreux 6, la bonne parole de Dieu, et l'on voit ensuite qu'il n'y a plus pour eux possibilité de salut, précisément à cause des privilèges qui leur avaient été accordés. Dans la parabole du semeur, il est parlé de ceux qui non seulement entendent la Parole, mais la reçoivent. Un homme peut recevoir un traité, le déchirer et le jeter, un autre le lira et traitera de même la vérité qu'il contient. Tous deux ont reçu la grâce de Dieu en vain». (J.N.D.)

(Verset 2) — Paul cite ici en parenthèse Esaïe 49: 8: «Au temps agréé je t'ai exaucé, et en un jour de salut je t'ai secouru». Ce passage s'adresse au Messie, rejeté par les Juifs, mais devenant la lumière et le salut des nations, jusqu'au bout de la terre. L'apôtre applique la chose aux Corinthiens qui étaient d'entre les nations, et leur dit: «Voici, c'est maintenant le temps agréable; voici, c'est maintenant le jour du salut».

Aux versets 3-10, l'apôtre prouve, à travers toutes les difficultés, qu'il est un vrai serviteur de Dieu. Il en a les caractères pratiques, caractères qui ont été vus en perfection dans le Seigneur lui-même. C'était un grand honneur pour Paul de se conformer ainsi à son Maître en endurant tant de souffrances. Il se recommandait comme serviteur de Dieu, d'abord par une grande patience dans les tribulations, les nécessités et les détresses; puis, par la pureté, la connaissance, la longanimité, la bonté. Il peut ajouter: par l'Esprit saint, par un amour sans hypocrisie, par la parole de la vérité, par la puissance de Dieu. Enfin, par cette justice pratique qui lui permettait de manier des deux mains les armes offensives et défensives. Il se maintenait dans ce caractère avec Dieu, n'importe ce que les hommes et même les chrétiens pouvaient penser de lui (versets 8-10).

«Paul avait à représenter Dieu dans son ministère, et il se conduisait de telle manière que personne n'eût rien à redire. Une marche inconséquente aurait attiré de l'opprobre sur le ministère. Mais il avait à lutter en vue de cela, car il avait le diable pour adversaire et toutes choses contre lui.

»Quelques-uns le considéraient comme un séducteur, d'autres comme véritable; il était inconnu des uns, bien connu des autres, il était comme mourant et cependant il vivait. Nous trouvons le Saint Esprit au verset 6, et la puissance de Dieu au verset 7. Dieu agit par le Saint Esprit, mais le Saint Esprit était une manifestation directe de puissance et de grâce, et cependant il peut diriger et guider sans puissance apparente. De nos jours, on est complètement dans l'erreur sur la question du Saint Esprit. Dans l'épître aux Galates, l'apôtre en appelle à tous les chrétiens: «Avez-vous reçu l'Esprit», leur dit-il, «sur le principe des oeuvres de loi ou de l'ouïe de la foi?» Au lieu d'avoir devant lui des personnes qui se demandent si elles ont le Saint Esprit, il admet que les Galates savent qu'ils le possèdent; il ne parle pas de dons miraculeux comme les langues, etc., mais de ce que l'on devrait rencontrer aujourd'hui où l'on n'a pas les signes visibles de sa présence. Je ne doute pas qu'il n'y eût en Paul un déploiement du Saint Esprit tout autre que parmi nous, mais nous avons contristé le Saint Esprit, en sorte qu'on rencontre la conscience de sa présence d'une manière beaucoup moins sensible qu'alors. Pourriez-vous demander aujourd'hui à un certain nombre de personnes, comme Paul autrefois: «Comment avez-vous reçu l'Esprit Saint?» quand ils ne savent pas même s'ils l'ont ou ne l'ont pas. (J.N.D.)

(Versets 11-13) — L'état actuel des Corinthiens, en contraste avec la première épître, permettait à l'apôtre de donner essor à toute son affection pour eux; sa bouche était ouverte, son coeur élargi; ils n'étaient pas à l'étroit en lui et, comme une juste récompense qui lui était due, il leur demandait en retour de s'élargir, eux aussi.

(Versets 14-16) — Sa sollicitude paternelle pour eux le portait à les exhorter. Il s'agissait de prendre une position franche de séparation pour Christ au milieu du monde, non pas selon le principe de séparation monacale, mais il fallait, soit individuellement, dans les détails de la vie, soit collectivement, comme étant la demeure de Dieu et son temple, montrer ouvertement que l'on était sanctifié pour Lui.

L'enfant de Dieu ne peut être associé aux enfants du monde en portant avec eux un joug mal assorti. Quand le Seigneur nous dit: «Prenez mon joug sur vous», c'est un joug aisé, la parfaite dépendance de son Père. Se placer sous le même joug avec les mondains rend au contraire cette libre dépendance impossible dans les affaires de la vie. La recommandation de l'apôtre condamne, à sa base même, toute association quelconque avec le monde, de quelque nature qu'elle soit. Le principe d'association du monde a pour origine la tour de Babel; c'est là qu'apparaissent les motifs qui poussent les hommes à s'unir, c'est la aussi qu'on voit la pensée de Dieu en les dispersant. Si le monde croit que dans les affaires de la vie l'union fait la force, le chrétien doit se pénétrer de cette vérité que la force individuelle se trouve dans la dépendance de Dieu.

Les motifs donnés par l'apôtre pour montrer la nécessité de la sainteté, c'est-à-dire de la mise à part pour Dieu, sont de toute beauté. Il ne peut y avoir de participation entre la justice et l'iniquité, car le contraste est absolu; la communion entre la lumière et les ténèbres est impossible, car l'une exclut l'autre. Comment accorder Christ, l'amour, avec Bélial, la méchanceté? La foi peut-elle avoir aucune part avec l'incrédulité? Quelle convenance peut-il y avoir entre le temple où Dieu demeure et les idoles? Il est frappant de remarquer que les expressions employées ici sont attribuées aux chrétiens dans d'autres passages. Ils sont justice de Dieu (5: 21), lumière dans le Seigneur (Ephésiens 5: 8), le temple de Dieu (verset 16), et même, en tant que le corps de Christ, uni à la Tête, ils sont appelés du nom de Christ (1 Corinthiens 12: 12).

La citation de Lévitique 26: 11, 12: «J'habiterai au milieu d'eux, et j'y marcherai, etc.», est une promesse, conditionnelle, dépendant de l'obéissance du peuple; il en est de même ici pour nous. Tout est pratique ici (versets 17, 18), tout nous est présenté comme la conséquence d'une vraie sainteté, «Sortez du milieu d'eux, et soyez séparés, et ne touchez pas à ce qui est impur, et moi je vous recevrai, etc.». De même aussi, le verset 18 n'est pas l'affirmation de notre relation avec le Père, mais il déclare que, si nous marchons dans la sainteté, Dieu pourra nous reconnaître comme ses fils et ses filles. C'est précieux: le Tout-puissant d'Abraham, le Jéhovah d'Israël, tout en restant aussi cela pour nous, prend à notre égard un nom, infiniment plus béni, celui de Père.

Chapitre 7

Le verset 1 se lie à la fin du chapitre 6 et confirme ce que nous avons dit, que tout est pratique dans ce passage. «Ayant donc ces promesses» — que Dieu veut habiter au milieu de nous et y marcher, et qu'il veut nous reconnaître pour ses fils et ses filles — «purifions-nous de toute souillure de chair et d'esprit, achevant la sainteté dans la crainte de Dieu». Il s'agit de toute souillure extérieure dans la marche, et intérieure, dans les pensées.

Il y a donc une sainteté pratique individuelle et une sainteté pratique collective. Beaucoup de chrétiens, liés aux systèmes humains, insistent avec raison sur la sainteté individuelle, mais estiment la sainteté collective impossible; tandis qu'aux yeux du Seigneur, il est de la plus haute importance de se séparer collectivement de tout mal doctrinal, aussi bien que de tout mal moral. Quand ces deux formes de la sainteté sont unies, on connaît la vraie sainteté pratique devant Dieu.

(Versets 2-7) — Peut-être la pensée de l'apôtre se reporte-t-elle ici au commencement du chapitre 3. Il reviendra encore sur ce point, aux chapitres 10 et 11. Il laisse insensiblement échapper quelque chose de ce qu'il avait sur le coeur, au sujet de ceux qui avaient travaillé les Corinthiens pour les détacher de l'apôtre à leur profit. L'apôtre peut toucher cette corde, maintenant que les Corinthiens montrent un retour au bien; il leur ouvre son coeur, rempli d'affection pour eux. Si, dans les chapitres précédents, il a établi les caractères du ministère, il montre ici, comme quelqu'un l'a dit, le coeur du ministre. Il est rempli de joie, en apprenant par Tite, le bon résultat produit par sa première lettre. Il leur répète dans quelle grande affliction il se trouvait, avant de recevoir ces réjouissantes nouvelles et quelle consolation l'arrivée de Tite lui avait apportée. Son absence avait duré si longtemps, que Paul, aux prises avec son propre coeur, pensait que les Corinthiens ne voulaient plus de lui; mais Tite avait pu lui parler de leurs larmes, de leur affection ardente pour lui, de sorte, ajoute l'apôtre, que je me suis d'autant plus réjoui.

(Versets 8-10) — Il est important de constater ici la différence entre l'apôtre inspiré et le coeur de Paul. Il avait dû leur écrire une lettre inspirée pour les reprendre sévèrement au sujet du mal qu'ils supportaient au milieu d'eux, mais lorsqu'il pensait à la tristesse que cette lettre avait dû produire, son coeur l'aurait poussé à regretter de leur avoir écrit. Quel coeur que celui de l'apôtre! Mais maintenant il pouvait se réjouir de ce qu'ils avaient été attristés selon Dieu, d'une tristesse qui opère une repentance à salut, dont on n'a pas de regret.

Le verset 11 nous montre l'effet de cette repentance. Toutes ces choses extérieures par lesquelles elle se manifeste, montrent sa réalité. Si au commencement ils s'étaient montrés indifférents au mal affreux qui avait surgi au milieu d'eux, maintenant, par la lettre de l'apôtre, ils avaient été réveillés à cet égard, et avaient jugé sévèrement le mal, montrant, par la manière dont ils s'en étaient purifiés, qu'ils étaient «purs dans l'affaire».

De son côté, l'apôtre peut leur dire (verset 12) que sa lettre n'avait été motivée, ni par sympathie envers celui qui avait subi le tort, ni par antipathie envers celui qui l'avait fait, mais afin que le zèle qu'il avait pour eux, leur fût manifesté devant Dieu.

(Versets 13-16) — Il peut donc se réjouir pleinement; il est abondamment consolé. En encourageant Tite à se rendre vers eux, en lui disant qu'il trouverait à Corinthe des coeurs disposés au bien, il n'a pas été confus. L'apôtre trouve ici un second sujet de joie, car le coeur de Tite s'était trouvé lié aux Corinthiens par le bien qu'il avait trouvé au milieu d'eux. «Son coeur», dit l'apôtre, «se porte plus abondamment sur vous, quand il se souvient de l'obéissance de vous tous, comment vous l'avez reçu avec crainte et tremblement». Puis il termine par ces paroles d'effusion et de confiance: «Je me réjouis de ce qu'en toutes choses j'ai de la confiance à votre égard» (verset 16).

Chapitres 8-9

Maintenant que le coeur de l'apôtre a pu s'élargir envers eux, il est libre de revenir sur une chose restée en suspens depuis l'année précédente. Il s'agissait de compléter leur part à la collecte qui se faisait dans la Macédoine et l'Achaïe en faveur des pauvres saints de Jérusalem. Dans la première épître (16), Paul leur en avait déjà parlé, il la mentionne aussi en Romains 15: 25-28.

Avec quelle délicatesse l'apôtre fait vibrer les cordes sensibles dans le coeur des Corinthiens! Il ne leur commande rien; il ne fait pas valoir auprès d'eux qu'ils sont plus à l'aise que d'autres. Il présente la chose comme étant tout entière une affaire de grâce et d'amour. Le résumé de l'enseignement de ces deux chapitres, c'est que tout est grâce, que tout provient de Dieu, que tout retourne à Dieu, C'est une grâce de subvenir aux besoins des saints. Voyez combien souvent l'apôtre revient sur cette grâce: versets 1, 4, 7, 9, où la grâce de notre Seigneur Jésus Christ vient à l'appui de ce qui précède (verset 19; 9: 8, 12, 14).

Au chapitre 8: 1-5, Paul fait connaître aux Corinthiens l'esprit dans lequel les frères de la Macédoine qui étaient très pauvres, avaient participé à cette collecte. Au milieu de la tribulation et de la pauvreté, ils avaient fait au delà de leur pouvoir et avaient demandé à l'apôtre d'être lui-même leur messager et leur instrument pour ce service (voir la note du verset 4 dans le N.T. de 1872). Paul pouvait dire d'eux au sujet de la grâce de ce service: «Ils se sont donnés eux-mêmes premièrement au Seigneur, et puis à nous, par la volonté de Dieu». Après avoir mis en lumière la grâce qui avait agi chez les Macédoniens, l'apôtre l'appuie par la grâce du Seigneur Jésus lui-même. Il a vécu en pauvre, afin que, par la pauvreté de Celui qui possédait de telles richesses, nous fussions enrichis.

Aux versets 10-11, il les stimule pour qu'ils achèvent maintenant de faire, eux qui l'année précédente avaient montré le vouloir. Les pauvres Macédoniens avaient donné spontanément, les riches Corinthiens devaient maintenant ajouter le fait à l'intention. Il leur dit, au verset 12: «En prenant sur ce que vous avez»; c'est une indication très simple pour tous les temps.

(Versets 14, 15) — L'égalité dont il est question ici se trouve exprimée en Romains 15: 25-28. Beaucoup de dons spirituels étaient venus de Judée aux gentils, et maintenant des dons temporels allaient des gentils aux Juifs. Il y avait ainsi égalité. C'est aussi ce qu'expriment les versets 13-14: «Que dans le temps présent, votre abondance supplée à leurs besoins, afin qu'aussi leur abondance supplée à vos besoins». Quand Israël, recueillait la manne, il y avait égalité: «Celui qui recueillait beaucoup n'avait pas de superflu, et celui qui recueillait peu n'avait pas moins».

Aux versets 16-24, nous trouvons des principes importants. L'administration des secours est une chose très délicate; ce sont des frères de toute confiance qui doivent en être chargés. C'est ce qu'on trouve déjà en Actes 6: 3. Dans notre chapitre, il est question de deux frères très distingués que Paul envoie avec Tite. L'un de ces frères est mentionné au verset 18, l'autre au verset 22. Leur honorabilité est telle qu'il est dit d'eux, au verset 23, qu'ils sont les envoyés des assemblées, la gloire de Christ. C'est beaucoup dire, et c'est peut-être la raison même pour laquelle la Parole nous a caché leurs noms. En tout cas, ils ont échappé de cette manière à la canonisation.

Au chapitre 9: 2, Paul rappelle avec une grande délicatesse aux Corinthiens, qu'il s'était glorifié d'eux auprès des frères de Macédoine, en leur disant que l'assemblée de Corinthe était prête dès l'année précédente. Ils devaient maintenant agir de manière à ce que l'apôtre ne fût pas rendu confus après s'être glorifié d'eux. Il y a des conséquences de la fidélité dans un service pécuniaire: celui qui sème libéralement moissonnera libéralement, tandis que celui qui sème chichement, moissonnera de même. Et encore: «Dieu aime celui qui donne joyeusement». Ensuite, versets 8-9, Dieu est puissant pour bénir celui qui donne. Enfin vient la citation du Psaume 112: «Il a répandu, il a donné aux pauvres, sa justice demeure éternellement». Il s'agit ici du juste qui donne; sa justice pratique demeure à perpétuité.

Les versets 10-15 sont la belle conclusion du sujet de ces deux chapitres. Comme nous l'avons déjà dit: tout est grâce, tout vient de Dieu, et tout retourne à Dieu. La libéralité est un fruit de la grâce de Dieu en ceux qui l'exercent. Elle est reçue comme une grâce par ceux qui en profitent. Ces derniers rendent grâces à Dieu et prient pour les donateurs, et tout cela resserre entre les saints les liens fraternels. Il y a ainsi des prières pour les saints et des actions de grâces rendues à Dieu. Tous les effets de la grâce se combinent pour former un rouage merveilleux. L'apôtre en est ému et termine par cette exclamation: «Or, grâces à Dieu pour son don inexprimable!» On peut penser que les Corinthiens, à la lecture de cette partie de l'épître, auront mis un joyeux empressement à activer leur offrande.

Chapitre 10

Une nouvelle et dernière division de l'épître commence ici. Les cinq premiers chapitres nous ont présenté le ministère, ses différents aspects et les sujets dont il s'occupe; les chapitres 6 à 9 nous ont montré les fruits de ce ministère; aux chapitres 10 à 13, nous trouvons, dans l'exemple de Paul, la personne même du ministre, en contraste avec les faux docteurs. L'apôtre montre que l'activité de ces hommes tendait à séparer les Corinthiens de la personne de Christ, et il donne le moyen de les reconnaître.

Paul exhorte les Corinthiens (verset 1) «par la douceur et la débonnaireté du Christ»; c'est ce que lui-même avait manifesté au milieu d'eux, mais il fait abstraction de lui-même, car son ministère ne leur présentait pas autre chose que Christ. Paul était chétif quant à l'apparence; sa personne n'en imposait pas; il était un vase brisé, souffleté par Satan, afin que la puissance de Dieu pût se manifester par lui. Qu'il fût chétif parmi eux, ou hardi après les avoir quittés, son ministère était de Dieu.

Il les supplie, au verset 2, d'écouter son exhortation, afin qu'il ne soit pas obligé d'user de son autorité envers eux, autorité dont il comptait user contre ceux qui le représentaient comme marchant selon la chair, afin d'usurper sa place. Bien loin de cela (versets 3, 4), les armes de l'apôtre n'étaient pas charnelles, car il abattait les forteresses que Satan oppose à la connaissance de Dieu, pour amener les âmes à la soumission de Christ. L'exemple de Jéricho montre qu'il faut la puissance de Dieu pour renverser l'opposition de l'ennemi.

Les versets 5 et 6 nous présentent les trois résultats obtenus par «les armes de la guerre» de l'apôtre. 1° Elles détruisaient «les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu»; tout orgueil de l'homme qui se substitue à Dieu, pour amener les âmes à lui-même en les empêchant d'arriver à la connaissance de Dieu par Christ. 2° Elles «amenaient toute pensée captive à l'obéissance de Christ», en contraste avec les faux docteurs qui cherchaient à amener les âmes à se soumettre à eux pour leur obéir. 3° Elles «tireraient vengeance de toute désobéissance après que l'obéissance des Corinthiens aurait été rendue complète». Lorsque les Corinthiens, ayant reçu les encouragements et les exhortations de l'apôtre, auraient montré l'esprit qui les animait, ceux qui les détournaient étant par là même isolés, Paul agirait contre eux selon son autorité apostolique, parce qu'ils s'élevaient contre les droits de Christ. Rien de plus touchant que ce travail de l'apôtre pour produire le bien et chercher à ramener à Christ les âmes qui s'égarent, usant de grâce et de patience avant d'agir en jugement. Quel exemple à suivre dans un temps où les difficultés abondent dans les assemblées!

(Versets 7-9) — Paul devait-il donc être considéré par les Corinthiens selon son apparence? Non, mais comme ils pensaient être à Christ ils devaient considérer Paul comme étant aussi à Christ. Et s'il ne se glorifiait pas en usant de son autorité, mais demeurait chétif à leurs yeux, c'est qu'il cherchait, non à les effrayer, mais à les édifier; et toutefois il avait reçu son autorité de la part du Seigneur.

C'était par la médisance (versets 10, 11), que ces hommes cherchaient à détruire la confiance des Corinthiens dans l'apôtre. Ils prenaient occasion de son apparence chétive pour chercher à montrer le désaccord entre ses lettres graves et fortes quand il était à distance, et sa parole méprisable quand il était personnellement présent dans la faiblesse au milieu d'eux. Mais l'apôtre affirme le contraire. Sa parole avait la même puissance, qu'il fût absent ou présent, car c'était la parole de Dieu.

(Verset 12) — Paul ne se range pas parmi ceux qui se recommandent eux-mêmes et ne se compare pas à eux. Eux n'ont pas d'autre mesure qu'eux-mêmes; ils ne trouvent personne avec qui se comparer, car leur orgueil les place au-dessus de tout et tous sont au-dessous d'eux. C'est une grande preuve d'inintelligence.

(Verset 13) — «Nous ne nous glorifierons pas dans ce qui est au delà de notre mesure, mais selon la mesure de la règle que le Dieu de mesure nous a départie».

«Ces faux docteurs étaient venus et avaient agi comme si, dès l'origine, ils y étaient autorisés tandis que Dieu ne leur avait donné aucune «mesure». Paul avait traversé toutes les difficultés, subi la persécution et les dangers, tandis qu'il était bien aisé pour ces hommes d'entrer dans son oeuvre pour chercher à la détruire. L'apôtre n'avait pas dépassé sa mesure. D'autres apôtres pouvaient sans doute arroser selon Dieu là où Paul avait planté, mais ceux-ci s'introduisaient sans y être autorisés, et cela pour gâter l'oeuvre. Paul ne se glorifiait pas dans ce qui était «au delà de sa mesure», c'est-à-dire de choses qui étaient le fruit du travail des autres. (J.N.D.)

Les faux docteurs ne peuvent trouver en effet leur champ d'activité que là où la vérité a déjà été prêchée. Mais l'apôtre, en demeurant dans la mesure à lui départie, était arrivé jusqu'aux Corinthiens. Il espérait maintenant que, revenant à un meilleur état, «leur foi s'accroissant», ils l'aideraient à se rendre en d'autres lieux. C'est ce que signifient ces mots: «Etre abondamment agrandis au milieu de vous». Les Corinthiens restaurés pourraient contribuer, soit par la prière soit en lui faisant la conduite, ou par tout moyen, à agrandir le cercle de son activité pour évangéliser là où l'Evangile n'avait pas encore été prêché (conf. Romains 15: 20-25). Les versets 17-18 nous montrent que le vrai serviteur de Dieu n'a qu'un seul sujet de se glorifier: le Seigneur, et que sa seule vraie recommandation est l'approbation du Seigneur et non celle de l'homme.

Chapitre 11

 (Versets 1-3) — Les Corinthiens ayant été restaurés l'apôtre peut leur dire tout ce que son coeur ressent au sujet des hommes qui avaient cherché à les troubler. Paul était jaloux à leur égard, mais d'une sainte jalousie. Il les avait amenés à Christ, non à lui-même; il les avait fiancés à Christ pour les Lui présenter comme une vierge chaste, et il craignait que les agissements des faux docteurs ne leur fissent perdre ce caractère. Il compare ces hommes à Satan, le serpent ancien, qui séduisit Eve par sa ruse. Cette ruse ne consistait pas à nier que Dieu eût parlé, mais à insinuer que les paroles employées par Lui ne signifiaient pas ce qu'Eve pensait. Il en est toujours ainsi des fausses doctrines. Elles corrompent les pensées en y introduisant de l'ambiguïté et de l'équivoque, afin que l'âme ne soit pas frappée par la simplicité avec laquelle la Parole rend témoignage de tout ce qui se rapporte à Christ. La vérité est toujours simple et gagne le coeur à Christ.

(Versets 4-6) — Si les Corinthiens étaient disposés à supporter ces séducteurs, il fallait qu'ils supportassent l'apôtre quand il semblait être un insensé, car il était forcé de revendiquer lui-même auprès d'eux sa dignité comme ministre le Christ. Et pourtant les Corinthiens auraient bien dû connaître et ce ministère et ce ministre! Il leur dit: «Nous avons été manifestés de toute manière, en toutes choses, envers vous».

(Versets 7-15) — L'apôtre donne clairement, au verset 12, son motif pour ne rien recevoir des assemblées de l'Achaïe. Les faux docteurs se présentaient comme travaillant gratuitement et ne voulant être à charge à personne. Si Paul avait accepté des secours, ils en auraient pris occasion pour le représenter comme mû par des intérêts pécuniaires. Eh bien! dit-il, ils seront «trouvés tels que nous», et non pas au-dessus de nous. Ensuite, dans les versets 13 à 15, il les démasque sans les ménager: Ce sont de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, des ministres de Satan, dont la fin sera selon leurs oeuvres.

(Versets 16-22) — Les Corinthiens supportaient volontiers les insensés qui se glorifiaient selon la chair; il leur fallait donc supporter aussi l'apôtre, quand il était obligé de parler en insensé et de se glorifier, quoique ce fût avec assurance (verset 17). Lui aussi pouvait «être osé» comme eux. Se vantaient-ils d'être Hébreux, Israélites, semence d'Abraham? — moi aussi je suis tout cela, dit l'apôtre; ils ne me surpassent point.

Mais quand il en vient à dire: «Sont-ils ministres de Christ?» la comparaison ne peut se supporter et l'égalité ne subsiste plus. Ils prétendaient être ministres de Christ, mais étaient au fond des ministres de Satan. Quant à l'apôtre, les Corinthiens devront le supporter lorsque, comme un insensé, il leur fera connaître les souffrances inouïes qu'il a endurées en accomplissant son ministère, souffrances pour la plupart inédites, la Parole les ayant passées sous silence quand elle nous donne l'histoire de ce cher serviteur de Dieu. Cinq fois il avait reçu des Juifs les quarante coups permis par la loi (Deutéronome 25: 1-3), réduits à trente-neuf pour ne pas dépasser la limite. Trois fois les gentils l'avaient battu de verges (une fois à Philippes, Actes des Apôtres 16), etc. Quelle honte pour les Corinthiens qui, cédant à de mauvaises influences, avaient permis de mettre en question le ministère d'un tel serviteur!

Outre ces choses exceptionnelles, il y avait pour lui une souffrance habituelle et intérieure, qui le tenait assiégé tous les jours, c'était sa sollicitude pour toutes les assemblées. Les peines extérieures étaient peu de chose, en comparaison des peines morales.

Paul avait paru insensé en se glorifiant, mais quant à lui il préférait se glorifier dans ce qui était de son infirmité (verset 30), comme il le montrera au chapitre suivant; cependant, en tout ce qu'il racontait de ses souffrances, le Dieu et Père du Seigneur Jésus savait qu'il ne mentait pas.

Dans les deux derniers versets (32, 33), il rappelle ce qui lui était arrivé au début de sa carrière, alors qu'à Damas les Juifs voulaient le tuer. Les disciples l'avaient dévalé dans une corbeille, par une fenêtre à travers la muraille (Actes des Apôtres 9: 23-25). Nous apprenons ici que l'ethnarque du roi Arétas était au service des Juifs pour se saisir de lui. S'il y avait un fait peu glorieux dans sa carrière, c'était bien celui-là, mais Paul aimait à se glorifier dans sa faiblesse.

Chapitre 12

Si je me glorifie, dit l'apôtre (verset 1), «j'en viendrai à des visions et à des révélations du Seigneur». Il avait eu des visions et des révélations ordinaires, des communications du Seigneur pour les transmettre à d'autres. Il communique, par exemple, à Agrippa ce que le Seigneur lui avait dit à sa conversion: «Car je te suis apparu, afin de te désigner, pour serviteur et témoin, et des choses que tu as vues, et de celles pour la révélation desquelles je t'apparaîtrai» (Actes des Apôtres 26: 16-18). Il dit aussi, relativement à la cène: «J'ai reçu du Seigneur ce qu'aussi je vous ai enseigné» (1 Corinthiens 11: 23-25). L'évangile qu'il a annoncé, il l'a reçu par la révélation de Jésus Christ (Galates 1: 11, 12). Nous ignorons combien de fois il a reçu directement du Seigneur les révélations concernant l'Eglise, l'enlèvement des saints, etc. Quant aux visions, il a été arrêté, et converti sur le chemin de Damas par une vision du Seigneur (Actes des Apôtres 9; 12; 26). Le Seigneur lui est apparu à Jérusalem, lorsqu'il priait dans le temple (Actes des Apôtres 22: 17, 18, et aussi 23: 11). Mais ces visions et ces révélations du Seigneur étaient des directions pour Paul, ou des communications qu'il avait à transmettre à d'autres. Il faut les distinguer du fait exceptionnel qui nous est présenté ici (versets 2-4).

Il y avait quatorze ans que cet événement avait en lieu, et l'apôtre n'en avait point parlé, portant son écharde dans la chair sans en dire la cause. Il avait été ravi au troisième ciel, dans le paradis, et y avait entendu des paroles ineffables. Ces paroles, il les avait comprises, et en avait jouit; pour nous elles seraient incompréhensibles, pour lui elles étaient une communication personnelle, destinée à l'encourager dans sa carrière chrétienne, et nullement à être communiquée à d'autres. Et même il lui aurait été impossible de le faire, l'esprit et le langage humain ne pouvant formuler ce qu'on entend dans le paradis.

«Le troisième ciel et le paradis sont deux notions différentes. Le troisième ciel, c'est le lieu où l'on monte, un degré d'exaltation; le paradis est plutôt le caractère de ce lieu; c'est un jardin de délices. Le tabernacle était un type des cieux. Le camp était le monde; le parvis, le premier ciel; le lieu saint, le second; le lieu très saint, où se trouvait l'arche, représentait le troisième ciel avec le trône de Dieu. L'autel d'airain dans le parvis n'était pas dans le monde, parce que Christ a été élevé «hors du monde». L'expression «les cieux des cieux» a plutôt une portée générale; on trouve aussi constamment l'expression «les cieux», en contraste avec la terre; mais nous avons dans le tabernacle quelque chose de plus spécifique; les Juifs l'employaient constamment dans ce sens, et parlaient de trois ciels. Il était très naturel de donner ce nom aux trois parties du tabernacle, car Dieu avait dit à Moïse de faire ces choses selon le modèle des choses célestes (Hébreux 8: 5).

»Le tabernacle représente trois choses: d'abord Christ lui-même; ensuite l'Eglise, car Dieu y demeure; enfin la création ou les cieux créés. En premier lieu Christ lui-même, car le voile déchiré est sa chair; ensuite, Christ comme Fils sur sa maison, et «nous sommes sa maison» (Hébreux 3: 6); enfin, comme nous l'avons vu, les trois cieux en rapport avec la création.

»C'est quand il parle du paradis que Paul dit avoir entendu des paroles qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer. C'est là que se trouve la bénédiction. Le paradis de Dieu et «la maison de mon Père» sont deux idées très différentes. Nous ne trouvons pas le Père dans l'Apocalypse, sauf au chapitre 14, où les 144 milliers ont «le nom de son Père écrit sur leurs fronts». On trouve dans ce livre la joie et les bénédictions, mais non pas exactement la communion avec le Père. On trouve la description complète de la gloire et de la bénédiction, de la beauté et de la sainteté, etc. — des rues d'or et de verre, et la peinture d'une multitude de choses que nous sommes en état de comprendre en comparant l'Ecriture avec l'Ecriture. Nous y trouvons la capitale de la domination de Dieu, où il a le jardin de ses délices, mais c'est une idée qui diffère de la relation du Fils avec le Père. L'une embrasse les délices assurées avec Dieu, dans l'autre la scène est avec le Père, et c'est la sphère la plus élevée de bénédiction.

»La «place» dont il est parlé en Jean 14, est une place dans les demeures de la maison de son Père. Ce n'est pas seulement une place pour le souverain sacrificateur, mais pour les sacrificateurs, pour vous tous, dit Jésus à ses disciples, et je vais vous la préparer. La localité de la maison du Père n'est pas mise en question ici, mais c'est la maison du Père. Nous ne savons réellement rien sur le lieu où elle se trouve. Dans un sens, il n'y a pour Dieu ni lieu, ni temps, mais nous parlons comme des hommes. Dieu est: «Je suis», Celui qui existe par lui-même. Cependant toutes ces choses sont réelles, en vérité très réelles, quand il est question de la relation morale. Les cieux ou les lieux célestes sont les endroits où sont nos bénédictions, et cela signifie tout simplement qu'elles ne sont pas sur la terre. Nous serons d'abord enlevés en l'air à la rencontre du Seigneur, ensuite nous serons dans la maison du Père, et alors il ne s'agira plus pour nous des cieux, car la maison du Père est la notion la plus élevée que nous puissions en avoir». (J.N.D.)

Il y a tout un enseignement dans la distinction que fait l'apôtre entre «un homme en Christ» et «moi-même». Au verset 5, cet homme en Christ était bien Paul, et non Pierre ou Jean, mais ravi au troisième ciel il était là, absolument séparé de tout ce qui tenait chez Paul à la vieille nature. Il ne savait s'il était monté là avec ou sans son corps, car à un certain moment il avait perdu la conscience d'être présent dans le corps, et la toute science de Dieu seule pouvait le dire. Tel est l'homme en Christ, l'homme nouveau, distinct de tout ce qui n'est pas lui; il est toujours propre pour le troisième ciel.

On comprend que Paul dise: «Je me glorifierai d'un tel homme» (verset 5). Cette gloire est la part de tout enfant de Dieu. Mais il ajoute: «Je ne me glorifierai pas de moi-même, si ce n'est dans mes infirmités». Ce «moi-même» était la personne de Paul, telle qu'on la voyait ici-bas: il y avait dans cette personne non seulement un corps mortel, mais d'un côté un homme en Christ, le nouvel homme, de l'autre, la vieille nature, la chair, dans laquelle se trouve le péché. C'est en principe le «moi-même» de Romains 7: 25.

S'il s'était glorifié (verset 6), Paul n'aurait dit que la vérité, mais il ne voulait pas attirer l'attention sur lui; il aurait craint qu'on ne l'estimât au-dessus de ce qu'on voyait en lui, ou de ce qu'on entendait dire de lui; il voulait donc se glorifier plutôt dans ses infirmités.

Il avait fallu, à cause de ce moi dans lequel se trouve la chair, que Dieu vînt au secours de Paul, par des soins préventifs, douloureux pour lui, mais le mettant à l'abri de l'orgueil qui aurait pu s'emparer de lui, à la pensée que seul il avait eu un aussi extraordinaire privilège. Car la chair est incorrigible. En présence de Dieu, dans le troisième ciel, il n'y avait point de danger pour l'apôtre, mais ce danger existait du moment qu'il retrouvait la conscience de sa présence dans le corps. Pour le prévenir, il lui fallait un ange de Satan pour le souffleter. C'était une écharde pour la chair, et une écharde est une cause de souffrance.

Paul avait pensé d'abord que cette affliction était une entrave à son ministère et avait supplié par trois fois le Seigneur de l'en délivrer. Le Seigneur lui avait montré la nécessité de la chose, pour qu'il pût continuer son service sans danger; il avait tout le secours de Sa grâce pour porter cette épreuve, et ainsi la puissance du Seigneur aurait l'occasion de s'accomplir dans l'infirmité. Paul est satisfait, tout en étant humilié de ce que la chair incorrigible nécessite une telle discipline, mais si cela est nécessaire pour que la puissance de Christ demeure sur lui, il se glorifiera volontiers dans ses infirmités.

Au verset 10, il montre qu'il en était venu à prendre plaisir à tout ce qui entravait cette chair perfide, car, quand il n'avait point de force propre, il était fort de celle du Seigneur. Ce dernier ne peut faire de sa force un auxiliaire de celle de la chair qui doit être pratiquement annulée pour que la puissance du Seigneur agisse seule et que le serviteur en soit simplement l'instrument.

«Notons en passant une chose en rapport avec ce qui vient d'être dit. Nous trouvons, dans le cas de Paul, une preuve que nul degré de communication divine ne corrige jamais la chair, même la plus sérieuse. La chair est une chose jugée, et une chose désespérément mauvaise. Prise en elle-même, elle est sans loi, en sorte que Dieu est obligé de la détruire par le déluge. Prise sous la loi, elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et aussi ne le peut-elle pas. Placez-la en présence de Christ (de Dieu venu en grâce), elle le crucifie; en présence du Saint Esprit, elle lui résiste; faites-la monter dans le troisième ciel, elle s'enorgueillit, et s'il y avait un quatrième ciel pour l'y placer, elle s'enorgueillirait encore davantage. Tel est son caractère: la surabondante grâce et la gloire ne peuvent que le faire ressortir. Ici le Seigneur, ayant à mettre Paul en danger, lui donnait un remède. Il ne s'agissait pas précisément d'une correction infligée à la chair, mais tout ce que le Seigneur pouvait faire moralement pour Paul était de rendre sa chair impuissante. Paul était un homme et devait être traité comme homme dans sa responsabilité, car le temps n'était pas encore venu de lui donner la gloire en place de la chair. Il fallait donc que Dieu le traitât pour ce qu'il était.

»Pour revenir à l'écharde dans la chair, elle est appelée «un ange de Satan», parce qu'elle était un instrument de Satan. Il en fût de même dans le cas de Job, lorsque Satan, avec la permission de l'Eternel, le frappa d'un ulcère malin; la maladie était aussi le messager de Satan pour souffleter Paul. C'est une preuve additionnelle que jamais la grâce ne corrige la chair; tandis que tout moyen est utile pour rendre la chair impuissante. Dieu la rendait impuissante en faisant de Paul un objet méprisable; c'était une espèce de contrepoids à «l'extraordinaire des révélations». L'apôtre avait supplié trois fois le Seigneur, afin que l'écharde se retirât de lui, mais il fallait que la chair fût annulée. «Aie confiance en ma grâce», dit le Seigneur, «le caractère de ma grâce est que ma puissance s'accomplit dans l'infirmité; et si c'est ma puissance, elle ne s'accomplit pas dans la force de l'homme». Tout cela est très instructif par rapport au ministère, car la puissance du ministère est l'annulation de l'homme, afin de faire place à la puissance de Christ».  (J.N.D.)

(Versets 11-13) — Ici, l'apôtre s'adresse de nouveau à la conscience des Corinthiens, leur montrant combien il était étrange qu'il dût paraître un insensé en se recommandant lui-même, lorsqu'il aurait dû être recommandé par eux. Car il avait été à la hauteur des plus excellents apôtres, et les signes d'un apôtre avaient été opérés au milieu d'eux. Le premier de ces signes était «une grande patience». Eux n'avaient pas été inférieurs aux autres assemblées, sinon qu'il ne leur avait pas été à charge. Comme ce «sinon» devait les atteindre! Si c'est un tort, vous en êtes la cause.

(Versets 14, 15) — Cette troisième fois il était prêt à aller à Corinthe; il avait parlé de la seconde dans les deux premiers chapitres et expliqué pourquoi il avait renvoyé sa visite. Cette fois, il ne voulait pas davantage leur être à charge, car c'était eux qu'il voulait, et non leurs biens. Il agit envers eux comme les parents qui amassent pour leurs enfants. Il voulait être entièrement dépensé pour leurs âmes, si même, les aimant beaucoup plus, il devait être moins aimé. Un tel dévouement ne devait-il pas toucher leur coeur?

(Versets 16-18) — Sa persistance a ne point leur être à charge, s'explique quand on apprend qu'on l'avait accusé de ruse, ne voulant rien recevoir lui-même, mais leur soutirant de l'argent par les frères qu'il leur avait envoyés. Il en appelle à la conscience des Corinthiens; eux avaient à témoigner si les frères, envoyés de sa part, n'avaient pas marché sur les mêmes traces que lui.

(Versets 19-21) — Paul peut affirmer qu'il parle devant Dieu en Christ, pour l'édification des Corinthiens; mais il craint qu'arrivant au milieu d'eux, il ne trouve les fruits de la chair énumérés au verset 20, le forçant à agir à l'égard de péchés qui n'avaient pas été jugés à mesure qu'ils avaient été commis. Ces choses se produisent dans l'assemblée quand le mal est toléré; ne l'ayant pas jugé à temps, elle est sans force pour s'en purifier.

Quelqu'un a dit que le commencement de ce chapitre nous présente le chrétien dans l'état le plus élevé de bénédiction, la fin du chapitre des chrétiens dans le plus bas état moral, et entre deux la ressource pour marcher dans le bien, malgré la chair, celle-ci étant tenue dans la mort.

Chapitre 13

Paul était prêt, pour la troisième fois, à se rendre à Corinthe. La première fois, il y avait annoncé l'Evangile, et le Seigneur l'avait encouragé à continuer en lui disant qu'il avait un grand peuple dans cette ville. Les Corinthiens avaient donc été convertis et rassemblés par le ministère de l'apôtre. Quand il avait voulu les visiter une seconde fois, leur état l'en avait empêché. Il s'y rendait maintenant une troisième fois, et par la bouche de deux ou trois témoins toute parole serait établie. Lorsque Paul arriverait au milieu d'eux, ils auraient déjà trois témoignages irrécusables: sa première visite, sa première et sa seconde épître. Sur ces témoignages toute parole pouvait être établie; cette troisième fois, l'apôtre n'épargnerait pas.

Ensuite (versets 3-6), l'apôtre leur pose une question qui devait atteindre profondément leurs consciences. Ils avaient été assez insensés pour mettre en doute le ministère de l'apôtre, et cependant ce ministère les avait convertis et rassemblés. Aussi leur dit-il: Vous cherchez une preuve que Christ parle en moi? Cherchez-la en vous-mêmes. Etes-vous des chrétiens ou des réprouvés? Si vous êtes des chrétiens, Christ a parlé par moi. Si vous êtes des réprouvés, je consentirai aussi à n'être pas ministre de Christ.

La parenthèse des versets 3 et 4 contient le principe développé dans le chapitre précédent; c'est que la vraie faiblesse est le secret de la puissance. On se trouve ainsi dans le chemin de Christ, car s'il a été crucifié en infirmité au point de vue de l'homme, il vit cependant par la puissance de Dieu.

(Versets 7-9) — Si les Corinthiens s'éloignaient du mal et faisaient ce qui est bon, l'apôtre ne s'embarrasserait pas de la question d'être approuvé ou réprouvé quant à son service. Il ne pouvait rien contre la vérité, mais pour la vérité. Le vrai serviteur de Christ n'a reçu de Lui un don que pour la vérité, pour la cause du Seigneur. Si les faux docteurs veulent essayer de la force contre la vérité, ils feront l'expérience qu'il n'en existe point.

Paul demandait le perfectionnement des Corinthiens. Il est bon de remarquer à ce sujet que la Parole nous parle d'une perfection positive que nous atteindrons lorsque nous serons semblables à Christ dans la gloire. C'est à quoi Paul tendait, comme il le dit en Philippiens 3: 12-14. Il y a aussi la perfection de notre position en Christ, son oeuvre nous rendant parfaits à perpétuité (Hébreux 10: 14). Etant unis à Lui dans la gloire, nous sommes justice de Dieu en Lui (2 Corinthiens 5: 21), accomplis en Lui (Colossiens 2: 10).

Il y a encore une perfection que la Parole appelle «l'état d'homme fait» ou parfait, en contraste avec l'état d'enfance. Un homme fait a saisi, non seulement la justification, mais la position d'union avec Christ mort, ressuscité et glorifié ce qui est appelé «la Parole de la justice» (Hébreux 5: 12-14. Voyez aussi 1 Corinthiens 2: 6; Ephésiens 4: 13; Philippiens 3: 15). Ici enfin (verset 9), il s'agit d'un perfectionnement pratique, non pas celui de la chair qui consisterait à arriver ici-bas, comme le disent certains rêveurs, au point de ne plus pécher — mais une voie de progrès dans la piété, une marche dans la puissance du bien par l'action du Saint Esprit, par la Parole, sur le terrain de la mort et de la résurrection avec Christ, la chair étant tenue dans la mort.

Au verset 10, l'apôtre espère que sa lettre agira sur leurs consciences, en sorte que lorsqu'il arrivera, il n'use pas de sévérité, selon l'autorité qu'il avait de la part du Seigneur, pour l'édification et non pour la destruction.

Il termine (versets 11-13) par quelques exhortations, en répétant: «Perfectionnez-vous». Dans cette marche du bien, «le Dieu d'amour et de paix sera avec vous» (conf. Philippiens 4: 8, 9). Il les salue de la part de tous les saints et leur souhaite que la grâce venue par le Seigneur Jésus Christ, l'amour de Dieu qui nous l'a donné, et la communion que procure l'action du Saint Esprit, soient avec eux tous.