Simples remarques sur l'état futur, les peines éternelles, et la divinité de Christ

Burkitt F.G.  -  ME 1904 page 332

 

Simples remarques sur l'état futur, les peines éternelles, et la divinité de Christ 1

Esprit, âme et corps. 2

Enfer. 8

Destruction. 9

Résurrection et jugement 10

Eternité et Eternel 11

Immortalité et vie éternelle. 13

Le rétablissement de toutes choses. 15

Dieu est amour. 17

La divinité de Christ 19

«La Parole était Dieu». 19

«La Parole devint chair». 21

 

Les diverses formes de la doctrine qui rejette la vérité des peines éternelles, bien que ce ne soit pas une erreur nouvelle se répandent abondamment par le moyen de livres, de traités et de sermons, tant en Europe qu'en Amérique. Il est donc extrêmement important que les chrétiens qui désirent maintenir la foi de l'Ecriture soient mis en garde contre ces enseignements.

Les divers systèmes de la doctrine en question — Annihilationisme, Universalisme, etc. — déclarent s'appuyer sur l'Ecriture, et même se prouver par elle: mais, quand ils sont soumis à un sérieux examen, on voit que c'est l'Ecriture mal appliquée et accommodée de manière à satisfaire les théories de chaque école particulière. Les auteurs de ces doctrines et ceux qui les propagent prétendent généralement parler avec la plus grande certitude et la plus grande autorité, même sur les points les plus difficiles de la Révélation: et ils se présentent comme possédant la lumière, tandis que tous les autres qui ne pensent pas comme eux sont dans les ténèbres.

Un trait caractéristique de ces opinions, c'est qu'elles sont souvent liées à une certaine somme de vérités, et peut-être à quelque vérité plus ou moins négligée, et généralement oubliée, sur laquelle on insiste beaucoup et que l'on met en avant. Le résultat en est que les gens sont attirés par la vérité, et par conséquent plus aisément pris au piège en acceptant le mensonge de Satan qui l'accompagne.

On verra souvent aussi que ceux qui défendent les doctrines dont il s'agit, sont dans l'erreur quant à la personne de Christ, son expiation et la responsabilité de l'homme: la question est donc des plus solennelles, car elle embrasse les vérités les plus vitales du christianisme.

Le but de ces pages est de montrer brièvement quelques-uns des points en question, et de les examiner à la lumière des Ecritures.

Esprit, âme et corps

Les mots ont, dans les langues, un sens primitif ou essentiel aussi bien que secondaire ou dérivé, oui bien encore des sens secondaires variés. Ainsi le mot «âme» ne signifie pas seulement «la partie spirituelle, raisonnable et immortelle de l'homme, laquelle fait de lui le sujet d'un gouvernement moral», ou simplement «le principe intellectuel ou intelligence», mais il est constamment employé dans le sens d'«une personne».

Cette variété dans l'emploi du mot ne donne lieu à aucune difficulté réelle, parce que si l'on comprend le contexte, le vrai sens du mot apparaît tout d'abord. Il est donc très important de comprendre ce que veut réellement dire le contexte, afin de ne pas être conduit à croire qu'un mot signifie quelque chose qui diffère de son vrai sens, dans un passage particulier quelconque.

Nous pouvons prendre, comme exemple, certains mots sur lesquels on s'appuie pour prouver que l'âme meurt: en Ezéchiel 18: 20: «L'âme qui a péché, celle-là mourra». Or, l'Ecriture ne parle jamais de la mort de l'âme, quand le mot «âme» est employé dans son sens primitif de partie immortelle de l'homme. Le mot «mortel» s'applique invariablement au «corps». Mais citons en entier le passage auquel il est fait allusion: «L'âme qui a péché, celle-là mourra. Le fils ne portera pas l'iniquité du père, et le père ne portera pas l'iniquité du fils; la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui».

Israël se plaignait que Dieu le punît à cause des péchés des pères, disant: «Les pères ont mangé du raisin vert, et les dents des fils en sont agacées». Le prophète leur montre qu'il n'était pas question que le fils portât l'iniquité du père, comme ils prétendaient que ce fût le cas; chacun mourrait pour ses propres péchés. La force de l'expression se trouve sur le mot «celle-là», en dehors de la question de savoir ce que devient le pécheur après la mort. Quant à cela, notre Seigneur lui-même lève le voile en Luc 16. C'est la personne qui pèche qui mourra; le jugement est individuel. C'est là qu'est la force évidente du passage.

Dans le Testament grec, le mot «âme» (Psuchè), est employé de diverses manières — nous pouvons remarquer les suivantes:

(1) Partie intérieure, spirituelle et morale de l'homme mise en contraste avec le corps et étroitement liée à «l'esprit». «Tu ne laisseras pas mon âme en hadès» (Actes des Apôtres 2: 27). «Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent pas tuer l'âme; mais craignez plutôt celui qui peut détruire et l'âme et le corps dans la géhenne» (Matthieu 10: 28). «Je prie Dieu que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche» (1 Thessaloniciens 5: 23).

(2) Siège des affections, des désirs du coeur etc. «Mon bien-aimé, en qui mon âme a trouvé son plaisir» (Matthieu 12: 18). «Mon âme est saisie de tristesse» (Matthieu 26: 38). «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, et de toute ton âme» (Marc 12: 30).

(3) Esprit. «Ils étaient tous un coeur et une âme» (Actes des Apôtres 4: 32). «Irritèrent leurs esprits contre les frères» (Actes des Apôtres 14: 2).

(4) «Vie». Très fréquemment.

(5) Personnes. «Trois mille âmes» (Actes des Apôtres 2: 41). «Toute âme avait de la crainte» (Actes des Apôtres 2: 43).

«L'âme» étant étroitement liée au corps comme ce qui le fait vivre, est, ainsi qu'on la justement remarqué, très employée pour la vie (*) elle-même. L'esprit, l'âme et le corps, sont dans un rapport intime. L'«esprit» est, pouvons-nous dire, la partie la plus élevée, intellectuelle, énergique; l'«âme» se rattachant plutôt aux affections.

(*) C'est la vie du corps non la vie dans son sens spirituel — la vie éternelle — pour laquelle un tout autre mot est employé, savoir zôè.

L'apôtre, embrassant l'homme tout entier, prie que l'esprit, et l'âme, et le corps tout entiers soient conservés sans reproche. L'homme est donc composé de trois parties — le corps étant naturellement une chose matérielle que nous pouvons voir; l'âme et l'esprit, intangibles et invisibles pour nous. Ils existent cependant et ne sont pas moins réels, selon l'Ecriture.

Or, commençant tout d'abord par l'«âme», nous attirons l'attention du lecteur sur le fait que notre Seigneur, en prémunissant ses disciples contre ceux qui les persécutaient, leur dit de ne pas craindre ceux qui ne pouvaient tuer que le corps, et ne pouvaient pas atteindre l'âme. L'âme était-elle donc moins réelle, dans ce cas? Nullement. Notons aussi l'ordre des mots dans ce passage déjà cité, «l'esprit, et l'âme, et le corps»; et c'est ainsi aussi que notre Seigneur parle de détruire et «l'âme et le corps» dans la géhenne; l'«âme» est mise avant le «corps». Il est clair que c'est après la mort que l'âme et le corps se trouvent dans la géhenne, — de sorte qu'il y a ce qui existe après la mort, même pour le méchant. «Détruire» ne signifie pas «anéantir», comme nous le verrons amplement plus tard. «Il est réservé aux hommes de mourir une fois», dit l'apôtre, en Hébreux 9: 27, mais «après cela le jugement». La mort, et «après la mort», le jugement, c'est le commun lot de l'homme pécheur et impénitent: il y a donc ce qui survit à la mort et est sujet au jugement.

Quelques-uns prétendent que l'âme cesse d'exister, mais que le corps ressuscitera. Or, ce qui a cessé d'exister ne peut jamais être ressuscité, et s'il y a une cessation d'existence à la mort, il faut que Dieu crée un nouvel être à la résurrection; ainsi l'identité a disparu et avec elle la responsabilité attachée à l'homme dans ce monde.

Nous trouvons à ce sujet un passage très frappant dans Job 19: 25-27: «Et moi, je sais que mon Rédempteur est vivant, et que, le dernier, il sera debout sur la terre; et après ma peau, ceci sera détruit, et de ma chair je verrai Dieu, que je verrai, moi, pour moi-même; et mes yeux le verront, et non un autre». Ainsi, dans ces premiers âges, il y avait la connaissance donnée de Dieu que Job verrait le Rédempteur, pour lui-même. Ce n'est pas un nouveau Job remplaçant l'ancien, car il dit: «non un autre», mais l'homme identique dans une position et un état nouveau.

Les preuves de l'existence de l'âme après la mort abondent dans l'Ecriture, et sont parfaitement claires pour tous, excepté pour ceux qui sont aveuglés par leur désir de soutenir une théorie. Nous apprenons, par le Psaume 16, quant à notre Seigneur lui-même, que son âme n'a pas été laissée au hadès, c'est-à-dire dépouillée du corps: et quant au corps, il ne vit pas la corruption.

Plusieurs fausses conclusions ont été tirées du fait qu'en Genèse 1, l'expression «âme vivante» est appliquée aux animaux aussi bien qu'à l'homme. Il est certes vrai qu'ils ont une vie liée au corps, mais celui qui nie la différence entre l'homme et les animaux, ravale l'homme au niveau des bêtes qui sont «nées pour être prises et détruites». Si l'on pose la question comme l'a fait un autre écrivain, on verra toujours que l'Ecriture, étudiée avec patience sous la direction du Saint Esprit, parle d'une manière qui, en peu de mots, annule toutes les spéculations des hommes. Dans le texte principal qui donne la révélation de Dieu sur ce sujet, nous lisons que Dieu forma l'homme de la poussière du sol et souffla dans ses narines une respiration de vie, et l'homme devint une âme vivante. Nous voyons donc que ce fut par le souffle de Dieu, cette très haute puissance de vie provenant de Lui-même, que l'homme devint une «âme vivante». Dieu avait premièrement formé son corps comme il le jugea convenable, et ce fut par la communication de la vie tirée de Lui-même qu'il anima la forme qu'il avait faite. Les animaux étaient sortis de la terre à sa volonté et par la parole de sa puissance. Il avait dit: «Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce», et il en fut ainsi: les créatures, vivantes parurent. Il n'en est pas de même de l'homme. Dieu se consulta solennellement quant à sa création et décida de faire l'homme à son image, selon sa ressemblance. Ainsi Dieu créa l'homme à son image, lui remit la domination, et le bénit. Dieu lui parla aussi et lui fit connaître sa place, sa nourriture, aussi bien que la nourriture des animaux, etc. Objet des conseils de Dieu et ayant reçu le souffle divin de vie, il était aussi le vase des communications divines. Mais il y a plus que cela, Dieu le place dans une relation consciente avec un Créateur connu, de manière qu'il puisse apprendre sa responsabilité. Il lui enseigne l'obéissance en lui commandant de ne pas manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Il est dit de l'homme qu'il est de la race de Dieu (Actes des Apôtres 17: 28), et Adam, comme être créé, est même appelé «fils de Dieu» (Luc 3: 38). «En Lui nous vivons et nous nous mouvons et nous sommes» (Actes des Apôtres 17: 28), et, quoique déchus, nous sommes encore reconnus comme faits à l'image de Dieu (Jacques 3: 9).

Or, il est incontestable que la création de l'homme ne fut pas seulement entièrement distincte de celle des animaux, mais que l'homme fût placé dans une position de relation avec Dieu et de responsabilité envers Lui, position que certes jamais aucun animal n'occupa.

Les fausses théories sur ce sujet changent toute la vérité de l'Ecriture, et mettent de côté l'expiation elle-même. Si l'homme n'est qu'une espèce plus élevée d'animal, sans un esprit immortel ou âme, alors l'expiation ne compte pour rien, parce que les effets en seraient limités aux choses faites dans le corps; conséquemment la responsabilité humaine, si ce système était vrai, ne différerait pas d'une manière essentielle de celle d'une bête, si même il y en avait une.

D'autre part, en Apocalypse 6: 9, il nous est parlé des «âmes de ceux qui avaient été égorgés pour la parole de Dieu et pour le témoignage qu'ils avaient rendu»; et, au chapitre 20: 4, des «âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus», etc. Il est vrai que c'est une vision, mais elle nous présente la réalité de l'existence de l'âme après la mort, et ce fait que ceux qui avaient souffert le martyre attendaient le moment de «la première résurrection», quand le corps et l'âme seront unis et auront part aux bénédictions du règne millénaire.

Voyons maintenant le mot «esprit». — L'esprit est distinct du corps et de l'âme, et est énoncé le premier dans le désir qu'exprime l'apôtre pour les Thessaloniciens: il demande que «l'esprit et l'âme et le corps tout entiers, soient conservés sans reproche». Distingué de l'«âme», l'«esprit», est la partie qui donne l'énergie et dirige, si nous pouvons ainsi parler. Ainsi la parole de Dieu pénètre «jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit» (Hébreux 4: 12). Ce qui est des sentiments et des affections, de la pensée et de la volonté; ce qui peut être et souvent est le fruit de l'oeuvre de Dieu dans l'homme.

En 1 Corinthiens 2: 11, nous lisons: «Qui des hommes connaît les choses de l'homme, si ce n'est l'esprit de l'homme qui est en lui?» Evidemment, ici, l'esprit est considéré comme une entité distincte; différente du corps qui en est le vase. Semblablement, en 1 Corinthiens 7: 34, nous avons «saint et de corps et d'esprit», autre preuve que l'«esprit» est une partie définie de la personne; distincte du corps et de l'âme.

Or il est faux de dire que la mort peut atteindre l'esprit — le corps est mortel, mais cela n'est jamais dit de l'esprit. Nous entendons Etienne dire en mourant: «Seigneur Jésus, reçois mon esprit» (Actes des Apôtres 7: 59); et notre Seigneur lui-même «rendit son esprit» (Matthieu 27: 50), et dit: «Père! entre tes mains je remets mon esprit» (Luc 23: 46). Il pouvait dire au brigand: «Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis». C'est en vain qu'on essaye d'annuler la force de ce passage en changeant la ponctuation et en plaçant la virgule après «aujourd'hui». Il y a manifestement un contraste entre ce fait que le brigand avait à attendre le royaume, et sa présence avec le Seigneur dans le paradis, ce jour même. «Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume», s'écrie le brigand; et notre Seigneur, dans sa réponse, semble lui dire: «tu n'auras plus à attendre le royaume, tu seras avec moi aujourd'hui dans le paradis». Or, évidemment le brigand ne s'en alla pas avec Jésus dans son corps, mais son esprit se trouva dans le Paradis, aussitôt que la mort l'eut dégagé du corps, ce jour-là, comme ce fut le cas pour le Seigneur lui-même. Et, remarquez que l'«esprit» est si étroitement identifié avec la personnalité, que le Seigneur peut employer les termes «tu» et «moi».

Nous pouvons maintenant examiner un passage de l'Ancien Testament mis en avant par ceux qui, pour défendre leur théorie, nient l'immortalité de l'âme. «Car ce qui arrive aux fils des hommes est aussi ce qui arrive aux bêtes; il y a pour tous un même sort: comme celle-ci meurt, ainsi meurt celui-là; et ils ont tous un même souffle, et l'homme n'a point d'avantage sur la bête, car tout est vanité. Tout va dans un même lieu, tout est de poussière, et tout retourne à la poussière. Qui est-ce qui connaît l'esprit des fils des hommes? Celui-ci monte-t-il en haut, et l'esprit de la bête descend-il en bas dans la terre?» (Ecclésiaste 3: 19-21).

Tout lecteur impartial doit savoir, que le livre de l'Ecclésiaste n'a pas pour objet de s'occuper de la destinée éternelle de l'âme. Le Prédicateur regarde les choses «sous le soleil», et il nous communique, par l'inspiration sans doute, sa propre expérience sur l'incapacité des ressources de ce monde de donner une satisfaction durable. Dieu lui a permis de faire l'épreuve des choses d'ici-bas et de rapporter son expérience pour notre instruction, et ainsi il dit: «J'ai dit en mon coeur», etc. Devons-nous conclure que tout ce qu'il «a dit en son coeur», dans sa recherche de quelque chose de satisfaisant qui conduise à la découverte que tout est vanité, fût juste? Certainement non. Le «qui est-ce qui connaît», du verset 21, n'est pas le langage de la foi, mais celui de l'incertitude. Plus loin, dans ce même livre, il indique le véritable état des choses, quand il dit: «Il n'y a point d'homme qui ait pouvoir sur l'esprit pour emprisonner l'esprit» (8: 8), et à la fin: «La poussière retourne à la terre, comme elle y avait été, et l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné» (12: 7). Or, si l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné, il ne cesse pas d'exister avec la mort du corps.

Nous trouvons, en Zacharie 12: 1, la preuve certaine que l'esprit est ce que Dieu a placé dans l'homme. «Ainsi dit l'Eternel, qui a étendu les cieux, et qui a fondé la terre, et qui a formé l'esprit de l'homme au dedans de lui». Ce qui est établi ici ne concerne pas seulement les croyants, mais l'homme en général: il y a au dedans du corps ce que Dieu a formé. Ce ne sont pas simplement des émotions, comme le prétendent quelques-uns, ou quelque chose que l'homme a de commun avec les animaux inférieurs, c'est une individualité distincte formée par Dieu lui-même.

Tout le témoignage de l'Ecriture sur ce point est des plus expressifs, non seulement quant aux sauvés, mais aussi quant à ceux qui ne le sont pas. Pour ce qui est des premiers, l'apôtre Paul dit, en établissant un contraste entre son état actuel dans le corps et sa condition hors du corps: «Ayant le désir de déloger et d'être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur» (Philippiens 1: 23). Cela n'atténuait pas l'espérance qu'il avait de la résurrection, qui était encore meilleure, ainsi que le prouve le chapitre 3: 11. De plus, il regarde ce corps comme une «tente» dans laquelle nous «gémissons», désirant d'être «revêtus» du corps de gloire que le chrétien recevra à la venue de Christ. Mais, en même temps, il affirme que pendant que nous sommes «présents dans le corps, nous sommes absents du Seigneur». Ici l'Ecriture ne nous laisse aucun doute, car l'apôtre ajoute: «Nous aimons mieux être absents du corps et être présents avec le Seigneur» (2 Corinthiens 5: 8). Il n'est pas possible de contredire un tel passage. Il prouve incontestablement que la condition d'être «absent du corps», bien que n'étant pas définitive, vaut néanmoins infiniment mieux que d'être ici-bas. Et être «absent du corps» n'est en aucune manière la cessation de l'existence, ou «le sommeil de l'âme», comme on le dit; c'est être «présent avec le Seigneur».

Il n'est absolument pas question, dans l'Ecriture, du sommeil de l'âme: le mot «sommeil» est souvent employé pour désigner l'état du vrai chrétien après la mort, et il est régulièrement appliqué au corps. Notre Seigneur l'emploie dans le cas de la fille de Jaïrus: «Elle n'est pas morte, mais elle dort». Les Juifs ne comprirent pas, car «ils se riaient de lui, sachant qu'elle était morte». Dans le cas de Lazare, le Seigneur s'en sert pour expliquer aux disciples ce qu'il allait faire. Pas plus que les Juifs, ils ne comprirent; et Jésus annonce alors explicitement que c'était de la mort qu'il parlait: «Lazare est mort». Dans les épîtres, il est employé pour «dormir en Jésus» ou «par Jésus»: et ceux qui meurent ainsi sont appelés les «morts en Christ». A la mort, nos rapports avec ce monde cessent pour le temps actuel; mais notre esprit est «présent avec le Seigneur».

L'Ecriture montre donc clairement qu'il n'y a pas cessation d'existence après la mort, dans le cas des saints, et, quand il s'agit des méchants, la Parole est juste autant qu'explicite.

Le Seigneur Jésus, qui savait tout ce qui se passe dans l'autre monde, tire le voile, dans la parabole du riche et Lazare, en Luc 16, et nous permet d'y regarder. On allègue que ce n'est qu'une parabole; que ce soit une parabole, d'accord! mais il faut admettre que toutes les paraboles proposées par le Seigneur étaient destinées à nous présenter une instruction déterminée, et l'on ne peut contredire les conclusions suivantes: 1° Qu'il y a un état de bénédiction et de tourments après la mort: le pauvre «mourut», le riche aussi «mourut et fût enseveli». 2° Il n'est fait aucune allusion à une cessation d'existence après leur mort, mais l'un est dans un lieu de bonheur, et l'autre dans un lieu de tourments. 3° Il n'y a aucune possibilité de passer d'un lieu à l'autre. 4° Il y a la conscience et le souvenir de la condition perdue. 5° La parole de Dieu est un témoignage suffisant et complet pour l'homme pendant sa vie sur la terre. C'est, en vérité, un témoignage très solennel de la part de Celui qui seul était capable de dévoiler l'état de l'homme après la mort.

Voyons maintenant le chapitre 20 de ce même évangile, où nous trouvons un exposé complet fait par notre Seigneur en réponse aux sadducéens, qui non seulement niaient l'existence de l'esprit après la mort, mais aussi la résurrection. Comme démonstration concluante de leur erreur, le Seigneur cite ces mots: «Le Dieu d'Abraham, et le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob». Ils étaient morts depuis des centaines d'années, comme nous savons, mais la force de l'argument se trouve dans l'exposé parfait qui suit, amené par le mot «car» — «car pour Lui tous vivent». Or notre Seigneur dit: «Dieu n'est pas le Dieu des morts, mais des vivants». Il ne dit pas «n'était pas», comme s'il faisait allusion au temps passé de leur existence sur la terre; mais il insiste sur le fait qu'il est le Dieu des vivants pour prouver que, quoique morts pour les hommes, ils vivaient toujours quant à Dieu. Conséquemment, tous, soit méchants, soit justes, vivent pour Lui. Les hommes meurent, cela est vrai, leur état est changé; mais leur existence n'est pas annulée, car ils «vivent pour Dieu». Est-il possible d'avoir une preuve plus concluante que, tandis que la mort atteint le corps, comme tous l'admettent, elle ne peut toucher l'âme ou l'esprit immortel qui doit vivre pour Dieu? A la mort, l'esprit retourne à Dieu qui l'a donné.

Enfer

Il y a deux mots traduits par «enfer» dans le Nouveau Testament: «hadès» répondant au mot hébraïque «shéol», et «géhenne». Hadès, qui signifie «invisible», désigne la place ou l'état des esprits délogés, le monde invisible. Il est temporaire, parce que, comme nous l'apprenons par Apocalypse 20, «la mort et le hadès sont jetés dans l'étang de feu». La scène décrite là se déroule à la fin de l'histoire du monde, quand les méchants qui sont morts ressuscitent pour se tenir devant le «grand trône blanc»; et que les derniers de ceux qui étaient dans la condition hors du corps ont reçu un corps de résurrection; le hadès qui représente cette condition, cesse d'exister, et étant considéré ici comme personnifié, il est jeté dans l'étang de feu (*).

(*) Dans l'Ecriture, la cessation de l'existence n'est jamais appliquée à une personne: elle peut naturellement s'appliquer à un état ou à une condition dans laquelle se trouvent les personnes pour une certaine période de temps.

L'autre mot, «géhenne», traduit aussi par «enfer», n'est jamais confondu avec hadès, dans l'Ecriture. Sur les douze fois qu'on le rencontre, il est employé onze fois par notre Seigneur lui-même. Le mot tirait son origine de «la vallée de Hinnom» ou Topheth, dans laquelle les Juifs offraient leurs enfants à Moloc et où l'on entretenait un feu continuel pour consumer les rebuts et les souillures hors de Jérusalem. De cette manière elle devint une figure du jugement à venir des méchants. Le prophète Esaïe y fait plusieurs fois allusion. Dans le chapitre 30: 33: «Car Topheth est préparé depuis longtemps pour le roi aussi il est préparé. Il l'a fait profond et large; son bûcher est du feu et beaucoup de bois: le souffle de l'Eternel, comme un torrent de soufre, l'allume»; et au chapitre 66: 24: «Et ils sortiront, et verront les cadavres des hommes qui se sont rebellés contre moi; car leur ver ne mourra pas, et leur feu ne s'éteindra pas, et ils seront en horreur à toute chair».

Le langage tenu ici a évidemment pour but d'exprimer la pensée d'un châtiment qui dure mais sa signification devient encore plus claire à une date postérieure au prophète Esaïe. D'après le professeur Barrows, d'Andorer en Amérique, «le mot grec géhenne — par un usage théologique bien établi, probablement longtemps avant le commencement de l'ère chrétienne — en était venu à signifier enfer, c'est-à-dire lieu de tourment pour les méchants; et c'était le seul sens du mot». Lightfoot, se rapportant au synonyme hébraïque, dit: «Les Juifs expriment ordinairement l'enfer ou le lieu des damnés, par ce mot, ce qui pourrait être démontré par d'innombrables exemples».

La manière dont le terme est employé par notre Seigneur lui-même produit l'impression d'une durée éternelle; et vraiment son langage quant aux peines est décisif. A la fin du chapitre 9 de Marc, il parle trois fois du danger d'être «jeté dans la géhenne, dans le feu inextinguible» (versets 43, 45, 47). «Le feu éternel» était, dit-il, «préparé pour le diable et ses anges». Il ne dit pas «préparé» pour les hommes, quoique, vraiment, nous lisions que deux hommes doivent y être jetés les premiers, savoir: la bête et le faux prophète (Apocalypse 19: 20). Mais il parle du «feu éternel» et «des tourments éternels», dans la même partie du chapitre, comme il parle de la «vie éternelle»; et il donne la même force au mot «éternel» dans les trois cas.

Les diverses écoles de ceux qui nient les peines éternelles peuvent essayer de faire disparaître les Ecritures à force d'explications, mais pour un esprit honnête il n'est pas possible d'échapper à la signification évidente de déclarations telles que celles-ci: «une fournaise de feu, là seront les pleurs et les grincements de dents» (répété en Matthieu 13: 42, 50); «le feu éternel» (Matthieu 18: 8; 25: 41); «le feu inextinguible» (Marc 9: 43, 45). «Les cieux et la terre de maintenant sont réservés par la même parole pour le feu, gardés pour le jour du jugement et de la destruction des hommes impies» (2 Pierre 3: 7). Solennel comme est le fait, il serait difficile de trouver un langage qui présentât à l'esprit, d'une manière plus concluante, la pensée des peines éternelles.

Destruction

Les annihilationistes ont fait beaucoup d'efforts pour essayer de prouver que «destruction» est synonyme d'«annihilation» ou cessation d'existence, et la plupart de leurs citations sur ce sujet sont tirées de l'Ancien Testament. Nous ferons maintenant quelques citations en substituant le mot «annihilation» à celui de «destruction», afin que le lecteur puisse voir combien sont insoutenables de tels arguments. Les serviteurs du Pharaon disent: «Ne sais-tu pas que l'Egypte est anéantie?» (Exode 10: 7). «Mon peuple est anéanti faute de connaissance» (Osée 4: 6). «Dans ton pays anéanti, tu seras maintenant à l'étroit à cause des habitants» (Esaïe 49: 19). «C'est ton annihilation, Israël, que tu aies été contre moi, contre ton secours» (Osée 13: 9). Il est tout à fait clair que la cessation de l'existence n'est pas la pensée qu'on a en vue: en vérité, «destruction» ou «détruire», est largement employé dans l'Ancien Testament pour un jugement temporel sur la terre, ou un retranchement de la terre d'Israël, mais la question de la destinée éternelle de l'âme n'y est pas du tout soulevée. Il est très important de ne pas l'oublier. Le courroux et le jugement de Dieu dans ce monde sont vraiment une chose très solennelle; et c'est habituellement là la force qu'ont la mort et la destruction dans l'Ancien Testament. C'est le jugement actuel dans ce monde, impliquant, sans doute, une éternelle misère, mais sans soulever la question de ce qui arrive après la mort. C'est par le mauvais emploi de ces passages que beaucoup d'erreurs ont été commises.

Dans le Nouveau Testament, plusieurs mots ont été traduits par «destruction» ou «détruire». Le plus fréquemment employé (apollumi) est souvent traduit par «péri» ou «perdu» — par exemple: «Les brebis perdues de la maison d'Israël»; «le Fils de l'homme est venu sauver ce qui était perdu». On pourrait citer ces passages et plusieurs autres pour montrer qu'il ne s'agit pas de cessation d'existence; le mot est traduit par «perdues» dans le passage: «Les outres sont perdues» (Marc 2: 22).

Un très profond écrivain dit à ce propos: «Destruction ne signifie pas cesser d'exister, mais ruine, quant à l'état dans lequel on vivait». Et encore: «Non seulement les deux systèmes du destructionisme et de l'universalisme se déclarent l'un l'autre absolument contraires à l'Ecriture, mais il y a deux partis parmi les destructionistes. L'un tient la mort pour la mort, et considère la fin de l'homme comme celle d'une bête. Ils sont conséquents, quoi qu'il en soit; car si nous cessons d'exister, nous cessons d'exister. Mais alors, si l'Ecriture doit être tenue pour quelque chose, nous y lisons: «après cela le jugement». Et l'autre parti aussi, tout en disant que mourir c'est cesser d'exister, fait revenir les morts pour les détruire alors graduellement par le feu; cependant, comme je l'ai dit, cela est difficile à dire, si l'on n'a qu'une vie animale; ou il est difficile de dire qui ressuscite, si l'on a cessé d'exister. Mais il y a le jugement après la mort; c'est-à-dire qu'on n'a pas du tout cessé d'exister. L'âme, est une chose distincte; elle survit au corps: «Pour Lui tous vivent».

Résurrection et jugement

En Jean 5, notre Seigneur parle de deux résurrections: la résurrection de vie, et la résurrection de jugement. Elles diffèrent entièrement de caractère; et, comme nous l'apprenons par Apocalypse 20, elles sont distinctes quant au temps. Tous doivent participer à l'une ou à l'autre de ces deux résurrections. Or, il est parfaitement clair qu'il n'y a aucune possibilité, ni aucun moyen, d'être sauvés après la mort pour ceux qui participent à une résurrection de jugement, entièrement distincte de la résurrection de vie, et même formant contraste avec elle et séparée d'elle par une période de mille ans au moins.

Le chapitre 20 de l'Apocalypse établit que ceux qui ont part à la «première résurrection» (appelée ailleurs «la résurrection de vie», et «la résurrection des justes»), vivent et règnent avec Christ mille ans. Que devient le «reste des morts» qui «ne vécut pas jusqu'à ce que les mille ans fussent accomplis?» (verset 5). La réponse est donnée au verset 12: «Et je vis les morts, les grands et les petits, se tenant devant le trône». Ils ont certainement continué à exister, puisqu'ils sont ressuscités et jugés. Ils sont responsables et, comme tels, jugés d'après les choses qui sont écrites dans les livres, «selon leurs oeuvres». Finalement, l'issue de ce jugement c'est «l'étang de feu». Il est bon de noter que la «seconde mort» dont il est parlé ici, n'implique en aucune manière une cessation d'existence. Les sept premiers versets du chapitre 21, nous donnent l'état éternel de bénédiction pour les sauvés; le verset 8 montre l'état éternel de tourments pour les perdus: «Mais quant aux timides et aux incrédules… leur part sera dans l'étang brûlant de feu et de soufre, qui est la seconde mort». Remarquez qu'il n'est pas dit: «Qui cause la seconde mort», mais qui est la seconde mort: ou, comme nous lisons an chapitre 20: 14: «C'est ici la seconde mort, l'étang de feu». Ce n'est pas l'annihilation ou cesser d'exister, mais un châtiment éternel.

Eternité et Eternel

On a dit beaucoup de choses quant aux mots traduits par «éternité» et «éternel», dans le Nouveau Testament, aiôn et aiônios, pour montrer qu'ils ne signifient pas réellement «éternel» au sens ordinaire de ce terme, mais «pendant longtemps», ou «pour une période».

Or des autorités bien dignes d'être entendues, ont montré que ces expressions ont été employées dans le sens le plus illimité par des écrivains grecs contemporains des apôtres, et qu'aucun autre mot de cette langue n'aurait aussi bien convenu pour rendre cette signification.

Nous n'avons pas ici l'intention de faire autre chose que d'énoncer le sujet, car il a été traité par des autorités compétentes, mais nous désirons attirer l'attention du lecteur sur quelques passages de l'Ecriture dans lesquels ces mots sont employés.

Eternité, ce qui est immuable, n'impliquant ni «était», ni «sera», est la force propre du mot aiôn. Qu'il puisse s'appliquer à l'existence entière d'une chose, de façon que rien de sa nature ne pût être connu, ni vu, avant ou après, cela est vrai; mais son sens régulier, c'est éternité et éternel. Dire qu'il ne signifie pas cela en grec, comme l'affirment Jukes et Farrar et S. Cox, et ceux qu'ils citent, c'est nier les déclarations des meilleures autorités que nous ayons sur ce sujet. Si Platon et Aristote et Philon savaient le grec, ce que disent ceux-là est donc faux. Que «éternel» soit le sens propre de aiônios dans les Ecritures, cela est aussi certain qu'évident. Nul, qui a examiné l'emploi de aiôn en grec, ne met en doute qu'il soit employé pour vie, ou pour toute la période de l'existence d'un homme jusqu'à son dernier soupir; ni qu'il puisse s'appliquer à âges ou périodes, considérés comme un tout. La question est celle-ci: ce mot ne signifie-t-il pas proprement éternel ou pour toujours, et cela dans des cas où âge ou longtemps n'auraient aucun sens? Y aurait-il un sens à traduire par le mot «pour une période» le passage suivant, qui se rapporte au figuier: «Que pour une période aucun fruit ne naisse plus de toi»; ou quand il s'agit du blasphème contre l'Esprit Saint: «N'aura point de pardon pour une période»; ou encore, pour celui qui boit de l'eau de la vie, donnée par Christ: «N'aura plus soif pour une période» et en Jean 10: 28: «Elles ne périront pas pour une période»; ou en 1 Pierre 1: 23, 25: «La parole de Dieu qui vit et demeure pour une période»? Dans ces exemples, comme dans plusieurs autres, «pour une période», n'aurait aucun sens.

On trouve dans une série d'articles écrits par d'éminents savants et publiés en Amérique, les remarques suivantes sur ce point: «Les orateurs et les historiens, dans leur style le plus populaire et écrivant sur des sujets politiques, emploient tèn a¸òna et e¸v tèn a¸òna, tout comme nous employons pour toujours, pour exprimer une durée sans aucune fin assignable ou convenable». «Je trouve aiôn et sa forme adjective aiônios employés cent soixante-dix-neuf fois dans le Nouveau Testament. Un mot qui se rencontre si souvent, doit devenir familier, et sa signification doit être clairement établie. Que signifie-t-il donc réellement? Que qui que ce soit prenne le mot «éternel» ou «perpétuel», ou la phrase «pour toujours», ou «à tout jamais», et il verra dans chaque exemple que l'idée représentée par ces expressions, est rendue en grec, avec de légères variations, par aiôn ou aiônios. Je ne trouve, dans le Nouveau Testament, aucun mot qui marque strictement et spécialement l'idée d'»éternel» ou d'»éternité», sauf aiôn et ses dérivés. La forme d'expression la plus forte dans le Nouveau Testament, et de fait dans la langue grecque, toujours employée pour marquer une existence sans fin, est cette combinaison de aiôn traduite par «au siècle des siècles». Je ne puis concevoir un mot, ou une combinaison de mots, dans le grec ou dans toute autre langue, qui présente l'idée d'une durée éternelle dans l'avenir, avec moins d'ambiguïté ou avec plus d'emphase que celui-là».

Quant à l'adjectif aiônios, nous citerons un autre écrivain déjà mentionné: «Le mot aiônios est tout aussi fort. Il est employé soixante-onze fois dans le Nouveau Testament. Sur ce nombre on le trouve quarante-quatre fois en rapport avec la vie, quand: «pour une durée», ou «longtemps» seraient un non-sens; comme s'il était dit: Les croyants doivent vivre longtemps et ne périront pas… Il est employé cinq fois, peut-être même six, avec «feu éternel» ou «tourment éternel». Les mots: gloire, salut, rédemption, héritage, Esprit, Dieu lui-même, se rencontrent en rapport avec aiônios. Mais aucune de ces choses ne serait éternelle! — toutes appartiennent à ce merveilleux âge inconnu, et rien de plus!» Telle serait la conclusion à laquelle nous arriverions, si les théories de ceux qui essayent de faire disparaître à force d'explications la valeur de ces mots étaient vraies.

Nous trouvons ce mot (aiônios) appliqué à Dieu dans plusieurs passages. Dans les Septante, ou traduction grecque de l'Ancien Testament, nous lisons en Genèse 21: 33: Abraham invoqua le nom de l'Eternel, «le Dieu d'éternité». Dans Esaïe aussi 11: 28: «Le Dieu d'éternité, l'Eternel, créateur des bouts de la terre, ne se lasse pas et ne se fatigue pas. On ne sonde pas son intelligence». Dans le Nouveau Testament, nous trouvons: «Selon le commandement du Dieu éternel» (Romains 16: 26); et en Hébreux 9: 14: «L'Esprit éternel». Appliqué aux personnes de la divinité, on ne peut évidemment y apporter de restriction: le terme doit signifier «éternel» dans le sens le plus complet. Au Psaume 90, nous lisons: «D'éternité en éternité tu es Dieu», ce que nous pouvons comparer avec l'attribution de la louange à Dieu à la fin de Jude: «Gloire, majesté, force, et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles»; et en Apocalypse 15: Dieu vit «aux siècles des siècles», oui pour l'éternité.

Afin de montrer que le même mot «éternel» s'applique à la fois aux bénédictions des sauvés et à la punition de ceux qui ne sont pas sauvés, nous disposons, en colonnes parallèles, quelques exemples de passages, ainsi qu'il suit:

 

Vie éternelle.

Feu éternel.

 

Demeures éternelles

Tourments éternels.

 

Poids éternel de gloire.

Jugement éternel.

 

Salut éternel.

Destruction éternelle.

 

Gloire éternelle.

 

 

Rédemption éternelle.

 

Héritage éternel.

 

Royaume éternel.

 

Est-il possible d'assigner, d'une manière compatible avec une exposition honnête et juste, une force limitée à un mot dans une classe de passages et non dans l'autre? «Les choses qui se voient sont pour un temps, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles» (2 Corinthiens 4: 18). En vertu de la force du contraste qu'il y a entre les mots «pour un temps» et «éternel», ce passage suffit à lui seul pour montrer qu'incontestablement le dernier mot est employé dans le sens le plus large. La seule conclusion possible est que, s'il n'y a pas de peines éternelles, il n'y a pas non plus de vie éternelle; et de fait, il n'y aurait absolument rien d'éternel, et dans ce cas tout l'édifice du christianisme s'écroulerait.

Immortalité et vie éternelle

La doctrine de «l'immortalité conditionnelle», comme on l'appelle, est en grande partie fondée sur la confusion qui naît de ce qu'on ne voit pas la différence entre les deux choses inscrites en tête de ce paragraphe. La vie éternelle n'est pas seulement l'existence éternelle, et elle n'est pas une perpétuation de la vie avec laquelle l'homme est né dans ce monde. De fait, le croyant qui reçoit la vie éternelle est tout aussi mortel après qu'il l'a reçue qu'avant; si Christ ne vient pas, il peut mourir à tout moment. D'un autre côté, quand il meurt, il ne peut perdre la vie éternelle qu'il a, et ce qui ne meurt pas, cesse encore bien moins d'exister; la vie ne serait pas éternelle s'il en était ainsi.

La vie éternelle, comme l'Ecriture la présente, bien loin d'être une simple perpétuation de notre vie naturelle, est une chose entièrement nouvelle et distincte, qui nous est donnée en Christ; elle est la possession actuelle de tous ceux qui croient en Lui, selon sa propre parole: «En vérité, en vérité, je vous dis: Celui qui croit en moi, a la vie éternelle» (Jean 6: 47). «Celui qui entend ma parole, et qui croit celui qui m'a envoyé, a la vie éternelle et ne vient pas en jugement; mais il est passé de la mort à la vie» (Jean 5: 24). La vie éternelle n'est pas un prix proposé qu'il faille atteindre, c'est «le don de Dieu», et un don n'est jamais une chose d'acquisition. C'est réellement la vie qui a toujours habité dans la parole éternelle, et qui était «promise avant les temps des siècles» (Tite 1: 2); il faut la distinguer absolument de l'immortalité.

Il est ici nécessaire d'attirer l'attention sur le fait que deux mots sont traduits par «immortalité» dans les Versions ordinaires (Aphtharsia et Athanasia): le premier a été rendu correctement par «incorruptibilité». Or, quand il est dit, en Romains 2: 7, que Dieu «rendra à ceux qui, en persévérant dans les bonnes oeuvres, cherchent la gloire et l'honneur et l'incorruptibilité, — la vie éternelle», ce n'est pas du tout la même chose que de dire que nous devons chercher l'immortalité, comme les philosophes païens et autres étaient habitués à le faire, selon le sens qu'ils y attachaient; mais nous avons à attendre le changement dont l'apôtre parle, quand ce «corps corruptible revêtira l'incorruptibilité et ce mortel l'immortalité». Il est dit aussi, en 2 Timothée 1: 10, que Christ «a fait luire la vie et l'incorruptibilité (non l'immortalité) par l'évangile».

La distinction entre l'immortalité et la vie éternelle a été parfaitement mise en évidence par un écrivain compétent, et peut être résumée ainsi: Excepté l'immortalité de Dieu, à laquelle la Parole déclare naturellement que la mort n'a aucune part, les expressions mortalité et immortalité quant aux hommes, s'appliquent seulement au corps, et n'ont rien à faire avec la vie éternelle. La vie éternelle est ce que nous avons dans le second homme (Christ): la question porte sur notre condition comme descendants du premier homme, Adam. Ainsi nous lisons que ce «mortel» revêtira «l'immortalité»; nous trouvons encore «mortel» appliqué à notre existence ici-bas dans la chair, «la vie de Jésus Christ dans notre chair mortelle». Les autres endroits où le mot se trouve, sont: Romains 6: 12, «le corps mortel»; 8: 11, «les corps mortels» ; 1 Corinthiens 15: 53, «ce mortel» (aussi au verset 54), où il est en rapport avec la résurrection du corps on sa transmutation; 2 Corinthiens 4: 11, «notre chair mortelle»; au chapitre 5: 4, nous avons «afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie». L'apôtre parle ici de la tente dans laquelle nous gémissons — le corps. La mortalité est toujours appliquée au corps; l'immortalité est mise en contraste avec la mortalité ou la condition mortelle actuelle. La mortalité de l'âme n'existe pas. 1 Corinthiens 15: 53, 54, parle du passage d'un état mortel à un immortel — «ce mortel doit revêtir l'immortalité». En dehors de cela, le mot n'est employé que pour Dieu, en 1 Timothée 6: 16; il est immortel dans sa nature. Mortel s'applique à notre état présent, mais non point à l'âme. Que Dieu seul possède l'immortalité, cela n'empêche pas qu'une existence immortelle soit conférée; car les anges ne sont point mortels, comme tous l'admettent, et comme le montre Luc 20: 36.

On a beaucoup abusé des mots auxquels nous venons de faire allusion, en 1 Timothée 6: 16: «Qui seul possède l'immortalité», pour prouver que personne ne la possède, excepté Dieu. Or, ce n'est pas du tout ce que ces mots veulent dire. L'apôtre parle de Dieu dans sa nature même et dans son Etre. — Il possède seul l'immortalité en lui-même, d'une manière inhérente et comme une source pour d'autres; mais il peut la conférer, et il le fait, aux créatures qu'il a formées. Si ce terme signifie ce qu'enseignent ceux qui font une mauvaise application des mots, alors ni l'apôtre lui-même, ni personne des sauvés, ni les anges, ni d'autres êtres ne seraient immortels: ce qui, nous le savons, n'est pas vrai.

Un autre passage sur ce sujet appliqué faussement, c'est 2 Timothée 1: 10. Ce qui y est établi, c'est que la vie et l'incorruptibilité (non l'immortalité), ont été mises en lumière par l'Evangile. Dans les temps dont parle l'Ancien Testament, l'homme étant encore à l'épreuve, pour ainsi dire, le moment n'était pas encore venu de produire toute la vérité quant à sa ruine totale et à la perfection du remède divin. Mais, Christ étant mort et ressuscité, tout fut pleinement déclaré dans l'Evangile. La vérité de la vie, pour l'âme, existait précédemment; mais «l'incorruptibilité a été manifestée dans la mort et dans la résurrection de Christ, en ce que Lui, quoique mort, n'a pas vu la corruption; et dans sa Personne cela devint, comme résultat de sa mort (Jean 12: 24), la part de tous ceux qui, par Lui, entrent dans la vie, le chemin de la vie qui était alors ouvert pour Lui (Psaumes 16: 11). Cela est pleinement proclamé dans l'Evangile. Le passage de 2 Timothée ne dit donc rien, sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit, qui puisse donner un prétexte à la fausse notion que l'âme n'est pas immortelle.

Le rétablissement de toutes choses

Les universalistes citent un certain nombre de passages comme preuve que tous les hommes seront à la fin sauvés. Dans ces cas, comme en d'autres, il est important d'examiner le contexte, et de voir ce qu'est le sujet en question.

Dans le chapitre, duquel sont tirés les mots de notre titre, l'apôtre Pierre invite les Juifs à la repentance et à la conversion, pour que leurs péchés soient effacés, en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la présence du Seigneur, et qu'il envoie Jésus Christ, lequel il faut que le ciel reçoive, jusqu'au temps du l'établissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps (Actes des Apôtres 3: 19-21). Moïse avait dit: «L'Eternel, ton Dieu, te suscitera un prophète comme moi, du milieu de toi d'entre tes frères», etc… Toute personne intelligente qui étudie l'Ecriture, peut voir que ces prophètes de l'Ancien Testament faisaient allusion comme Moïse, à la bénédiction future d'Israël sous le Messie. La prophétie n'avait ni pour fonction, ni pour objet, de s'occuper de la condition finale des choses: nous ne trouvons sur ce sujet que de simples allusions dans le prophète Esaïe.

Un autre texte, souvent mal appliqué aussi, est 1 Timothée 2: 6: «Qui s'est donné lui-même en rançon pour tous, témoignage qui devait être rendu en son propre temps».

L'Ecriture enseigne qu'il y a deux aspects de l'oeuvre de Christ: nous les voyons figurés dans les deux boucs qu'il avait été ordonné à Aaron de prendre au grand jour des expiations (Lévitique 16). Aaron devait jeter le sort sur ces deux boucs; un sort pour l'Eternel et l'autre pour azazel. Celui sur lequel tombait le sort de l'Eternel devait être tué, et son sang porté au dedans du voile et répandu une fois sur le propitiatoire et sept fois devant lui. C'était le bouc pour l'expiation, ou la propitiation, pour employer un mot du Nouveau Testament. Après cela, Aaron devait prendre le bouc vivant, poser ses deux mains sur sa tête et confesser sur lui toutes les iniquités des fils d'Israël et toutes leurs transgressions, selon tous leurs péchés, les mettant sur la tête du bouc qui devait être envoyé au désert, emportant sur lui toutes leurs iniquités dans une terre inhabitée.

Cette ordonnance nous présente dans le bouc qui était le sort de l'Eternel, un type remarquable de l'oeuvre de propitiation du Seigneur Jésus; son sang a été offert devant Dieu, devant le trône de Dieu et, en vertu de ce sang, la majesté divine a été satisfaite et justifiée entièrement quant à la question du péché. Comme conséquence, Dieu est maintenant libre de bénir selon l'amour de son coeur, et l'évangéliste a le droit de porter le message de la bonne nouvelle à toute âme vivante sans distinction aucune.

Le bouc azazel, nous présente une tout autre chose — c'est, pouvons-nous dire, le bouc de substitution, emportant dans une terre étrangère les pêchés qui ont été placés sur lui. Ainsi Christ a porté les péchés — non de «tous» — mais de ceux qui Le reçoivent par la foi. Comme le dit Pierre, en écrivant aux croyants d'entre les Juifs, «qui lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois». Et en Hébreux 9: 28, nous lisons: «Ainsi le Christ aussi a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs». Il n'est pas dit ici «de tous», mais «de plusieurs».

Dans 1 Timothée 2: 6, nous avons l'aspect de l'oeuvre pour le monde entier: c'est une rançon pour tous — valable pour tous, mais dont tous, hélas! ne se servent pas. En Matthieu 20: 28, Christ dit qu'il «n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour plusieurs». Or ici, où c'est une question de substitution, nous lisons «plusieurs», et non «tous»: et la préposition traduite par «pour», diffère de celle qui est employée en 1 Timothée 2. Nous appelons l'attention du lecteur sur la citation suivante qui a trait au sujet. «En Matthieu 20: 28, il est écrit: «De même que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon — pour tous? non — pour plusieurs». Il y a certainement un sens dans lequel notre Seigneur est réellement une rançon pour tous; et l'apôtre en parle en 1 Timothée 2: 6, «témoignage qui devait être rendu en son propre temps». Mais une différence délicate distingue les deux textes. Lorsque, comme en Matthieu, c'est une rançon pour plusieurs, elle est clairement définie. Le «pour» signifie «à la place de» (ƒnt±) plusieurs. C'est la stricte substitution. Quand c'est tous qu'on a en vue, comme en 1 Timothée le mot veut simplement dire «en faveur de» (Ãpšr) tous. «Pour» n'a pas toujours le même sens dans l'Ecriture. Il est très nécessaire de faire cette remarque, parce que beaucoup de gens sont disposés à alléguer que si «pour» signifie une chose dans un endroit, il doit avoir la même force dans un autre». Nous avons eu en 2 Corinthiens 5: 14, 15, la même préposition qu'en 1 Timothée 2: 6: «Si un est mort pour tous, tous donc sont morts»; il n'est pas du tout question de substitution, mais de l'état dans lequel était l'homme, tous sans exception étant morts dans leurs fautes et dans leurs péchés; et cela est prouvé par le fait que Christ est mort pour eux.

En Romains 5, nous avons un exemple de l'emploi des mots «tous» et «plusieurs». La charge et la portée de la «seule faute» d'Adam furent en jugement à ou envers tous; il en est de même de l'acte de justice d'un seul, de notre Seigneur Jésus Christ accompli dans sa mort; il fut à (*) ou envers tous en justification de vie (verset 18). Au verset 19 cependant, où l'apôtre parle, non du but de l'oeuvre, c'est-à-dire de sa tendance envers ou «à» chacun, mais de son effet ou application, il dit, «plusieurs». La transgression d'Adam a constitué pécheurs les «plusieurs» qui sont en rapport avec lui; ainsi l'obéissance de Christ dans la mort a constitué justes les «plusieurs» qui sont unis à Lui. Ainsi également, en Romains 3: 22, la justice de Dieu est «à» ou «envers» tous, mais elle n'a d'effet que «sur» tous ceux qui croient.

(*) Même expression qu'en Romains 3: 22, «envers tous».

On pourrait citer plusieurs exemples de cet aspect universel de la mort de Christ: ainsi, Hébreux 2: 9: «En sorte que, par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tout». Encore 1 Jean 2. «Lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier». C'est la même vérité telle qu'elle est montrée dans le bouc pour l'expiation ou la propitiation: la valeur et l'efficacité du sang de Christ ne sont pas limitées à une nation ou classe de peuple; elles sont présentées dans l'évangile comme se répandant dans le monde entier. D'un autre côté, quand il est question de Christ comme notre Substitut, par exemple au chapitre 53e d'Esaïe, le résultat de son oeuvre est limité à ceux qui croient. La justification est sur le principe de la foi; et ainsi nous lisons qu'«Il a porté les péchés de plusieurs.

Considérons 1 Timothée 4: 10; l'apôtre ici, a affaire avec les circonstances de la vie présente, piété pratique et souffrance pour l'amour de Christ. Ainsi, lorsque nous lisons que Dieu est le «Sauveur de tous les hommes, spécialement des fidèles», nous ne devons pas supposer que l'apôtre fasse allusion au salut de l'âme. Si cela était, il n'y aurait aucune force dans la dernière partie de la phrase. Il parle du fait qu'il travaillait et était dans l'opprobre, parce qu'il espérait «dans le Dieu vivant, qui est le conservateur de tous les hommes, et spécialement des fidèles».

Il est parfaitement vrai que Dieu, dans la plénitude de sa grâce, s'adresse à tous: Il «veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité» (1 Timothée 2: 14). Tel est son désir pour eux: mais hélas! combien peu y répondent! Quand notre Seigneur était sur la terre, il pleura sur Jérusalem et dit: «Que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants», etc. Mais il est obligé d'ajouter: «et vous ne l'avez pas voulu!»

Dieu est amour

Comment un Dieu d'amour peut-il punir les hommes éternellement? Voilà une question que posent constamment ceux qui nient les peines éternelles. La réponse est aussi simple qu'elle est loin d'être saisie; c'est-à-dire que nous ne devons pas faire ressortir un côté du caractère de Dieu à l'exclusion d'un autre. Il est absolument vrai qu'il est un Dieu dont l'amour est parfait; mais il est aussi un Dieu d'une sainteté et d'une justice infinies.

L'amour parfait de Dieu pour le pécheur, et sa haine absolue du péché ont été démontrés à la croix du Calvaire devant l'univers entier. Il n'y eut, il n'y aura jamais, dans l'histoire de l'éternité, un événement aussi important que celui-là. Il reste absolument unique.

Le Psaume 22 nous donne les sentiments intimes du coeur de Jésus pendant qu'il était pendu au bois. Combien se faisait sentir à son esprit, dans cette heure solennelle, le fardeau du péché, plus que le traitement qu'il subissait des mains de l'homme, de son propre peuple Israël, quelque douloureuse que fût la chose. Mais ce qui l'emportait sur tout ce poids intérieur, est exprimé par ces premières paroles: «Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné?» Le vrai chrétien doit contempler des scènes telles que celle-ci avec un esprit respectueux et dans le jugement de lui-même. Voyez le Sauveur dans le jardin de Gethsémané, sa sueur comme de grosses gouttes de sang coulant sur la terre, lorsqu'il pressent la croix. Pouvons-nous mesurer les profondeurs de ces souffrances, quand il était seul, abandonné de Dieu pendant les trois heures de ténèbres, portant les fautes accumulées des pécheurs? Non certainement pas. Et pourquoi, Lui, qui était sans péché, fut-il abandonné sur la croix? La réponse se trouve au verset 3 de notre Psaume: «Et toi, tu es saint, toi qui habites au milieu des louanges d'Israël». L'étendue et la profondeur de la sainteté et de la justice infinies de Dieu ne peuvent se mesurer que par l'étendue et la profondeur des souffrances endurées par l'Etre saint portant le péché dans cette heure terrible, qui n'a pas eu et qui n'aura jamais de semblable. Qui pouvait vider la coupe de jugement contre le péché, coupe qui doit être mesurée par un Dieu de justice, de majesté et de vérité infinies? Qui pouvait affronter toutes les exigences de la sainte nature de Dieu? Nul autre, assurément, que Celui qui, étant un Etre infini lui-même, à la fois Dieu et homme, pouvait satisfaire tout ce que réclamait la sainteté de Dieu, et répondre aux profonds besoins du pécheur. La croix a été la preuve et la mesure de la nature odieuse du péché au regard de Dieu; tandis qu'en même temps, elle a été la preuve et la mesure de l'amour parfait de Dieu pour le pécheur. Il est vrai que l'homme a des pensées superficielles et légères sur le péché: mais Dieu permettra-t-il que le péché demeure impuni? A-t-il abandonné pour rien son propre Fils? Non assurément,

En pesant tous ces faits solennels, nous dirons, sans crainte d'être réfuté, que l'issue et les résultats de la croix sont éternels des deux côtés — éternels en bénédiction pour les sauvés, et en punition pour les perdus. Ainsi nous lisons: «jugement éternel», «tourments éternels»; aussi bien que «vie éternelle», «gloire éternelle», «rédemption éternelle», etc.

C'est une fausse sensibilité que celle qui raisonne autrement, et invente pour soi-même un Dieu qui considère légèrement le péché. Nul n'a parlé avec une plus grande clarté du châtiment éternel des méchants, que le Seigneur Jésus lui-même, et il était l'expression parfaite de l'amour de Dieu dans ce monde. Il parle de «la géhenne du feu», «du feu inextinguible, là où leur ver ne meurt pas et où le feu ne s'éteint pas», — «du feu éternel qui est préparé pour le diable et ses anges», «des tourments éternels», «du jugement de la géhenne». Il était aussi Celui qui disait aux Juifs de son temps (et la même chose est vraie des incrédules de nos jours): «Si vous ne croyez pas que c'est moi, vous mourrez dans vos péchés», et «là où je vais, vous ne pouvez venir». Celui qui parlait «avec autorité» et disait toujours l'absolue vérité, non seulement enseigna, par les paroles les plus précises et les plus expressives, les tourments éternels des méchants aussi bien que la bénédiction éternelle des sauvés, mais encore cette doctrine est à la base de tout son enseignement, dans l'esprit comme dans la lettre, et nulle part il n'est fait la moindre allusion, ni au salut après la mort, ni à la cessation de l'existence dans l'avenir.

Comme l'acceptation des doctrines qui nient les peines éternelles, mène souvent à des vues erronées sur la vérité, concernant la personne de Christ, les pages suivantes ont été ajoutées sur ce sujet.

La divinité de Christ

La vérité touchant la personne de Christ — Dieu et homme — est le fondement sur lequel repose le christianisme. L'efficacité et la valeur de son oeuvre de propitiation, sa sacrificature, son service présent et futur, tout est lié à son éternelle divinité et à sa vrai humanité.

«La Parole était Dieu»

Il est à craindre que, actuellement, plusieurs ne soient pas du tout au clair au sujet de la vérité que le Seigneur Jésus qui devint homme en amour divin et en grâce divine et naquit dans ce monde, préexistait éternellement comme Dieu avant que le monde fût. Cette grande vérité est exposée au commencement de l'évangile de Jean, en quelques courtes phrases, renfermant de tous côtés la gloire de sa personne, et d'une manière telle que l'Esprit de Dieu, qui a inspiré ces paroles, pouvait seul le faire».

«Au commencement était la Parole». Il ne faut pas confondre cela avec les premiers mots de l'épître de Jean: «Ce qui était dès le commencement», où le mot «commencement», comme le montre parfaitement le contexte, s'applique au moment où Il fut «manifesté», en chair. Le sujet de l'épître, c'est ce qui devait être vu en Lui dès le commencement de sa manifestation dans ce monde. Les mots dans l'évangile de Jean nous reportent à un point antérieur au récit donné en Genèse 1: «Au commencement Dieu créa», etc., où nous avons le commencement de la création. Regardons en arrière aussi loin que nous pouvons avant la création, la «Parole» existait. Il n'est pas dit en Jean 1: 1, qu'Il «devint», mais qu'Il «était». Sa préexistence était éternelle. Le fait qu'il était une personne distincte de la Trinité est présenté ensuite; la Parole était «avec Dieu»: sa nature était divine, car la Parole «était Dieu». L'absolue divinité est donc affirmée du Fils, la Parole. Y avait-il dans l'éternité un point où cela ne fût pas vrai? Non; car notre texte répond: «Il était au commencement auprès de Dieu»: sa personnalité était distincte et éternelle, comme sa nature était divine. Puis la création est introduite, mais en quelques phrases brèves, qui montrent qu'elle est attribuée, de la manière la plus positive, à l'oeuvre de ses mains. Remarquez combien la déclaration est forte et exclusive — non seulement toutes choses reçurent de Lui l'existence, mais sans Lui pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait.

La même vérité est enseignée en Colossiens 1: «Par Lui ont été créées toutes choses, les choses qui sont dans les cieux et les choses qui sont sur la terre… toutes choses ont été créées par Lui et pour Lui; et Lui est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par Lui». Ici donc il est un Créateur — non à l'exclusion du Père et du Saint Esprit qui sont également Dieu — mais l'oeuvre de la création est aussi attribuée au Fils. Créer est une prérogative divine; nous avons, par conséquent, une nouvelle évidence de sa divinité. L'exposé est très complet, parce que tout fut créé non seulement «par» Lui, mais «pour» Lui. Ces deux vérités, «par Lui» et «pour Lui», se confondent d'une manière bénie en un mot qui a deux significations, au chapitre 8 des Proverbes, verset 30, où le texte qui porte «son nourrisson» peut être traduit d'une manière également correcte par «son artisan», comme le prouvent les versets précédents et même tout le chapitre. Ainsi qu'on l'a remarqué pour Colossiens 1: 16, c'était «par» Lui, en premier lieu, comme Celui dont la puissance caractérisait l'acte de création; secondement, il est regardé comme l'instrument actif «par le moyen» duquel elle fut faite, et, finalement, comme l'objet extrême «pour» lequel tout fut créé. L'épître aux Hébreux apporte son témoignage à la même vérité. Dieu qui a parlé autrefois par les prophètes, nous a parlé dans le Fils, «par lequel aussi il a fait les mondes». L'acte de créer implique nécessairement la préexistence et la capacité divine du Créateur: et non seulement il crée, mais il soutient cette création dans son ordre divin: «Il soutient toutes choses par la parole de sa puissance».

Nous trouvons une autre preuve de la vérité de sa préexistence comme Dieu, en Philippiens 2; et cela de la manière la plus frappante, parce que cette épître ne s'occupe pas de l'exposition des doctrines. «Le Christ Jésus, lequel, étant en forme de Dieu, n'a pas regardé comme un objet à ravir d'être égal à Dieu»: être égal à Dieu, n'était pas pour Lui une chose dont il s'emparât, comme s'il ne l'eût pas déjà possédée — et pourquoi? par la raison bien simple qu'il «était Dieu». Préexistant toujours en «forme de Dieu», il Lui a plu de revêtir, volontairement et dans un divin amour, la «forme d'esclave», mais l'acte même de son humiliation volontaire prouve et implique nécessairement le fait qu'il était Dieu. Aussi, pouvait-il dire aux Juifs: «Avant qu'Abraham fût [ou fût né], je suis». Ici il prend la place et le titre de Jéhovah, l'Etre suprême; et les Juifs comprenaient parfaitement la portée de ses paroles; car dans leur incrédulité, et leur colère, ils levèrent des pierres pour les lui lancer. De plus, dans le prophète Michée, au chapitre 5, qui est en rapport avec la naissance en son temps à Bethléhem de Celui qui devait exécuter le jugement qui tomberait dans la suite sur les Juifs, comme conséquence de leur rejet de Lui, nous trouvons le titre: «Dominateur en Israël, duquel les origines ont été d'ancienneté, dès les jours d'éternité», — déclaration qui ne pouvait être faite que d'un Etre divin.

«La Parole devint chair»

Le langage de Jean 1: 14, présente la vérité avec cette exactitude qui caractérise toute l'Ecriture. Nous avons déjà fait allusion au verset 1: «La Parole était Dieu» maintenant nous arrivons au verset 14: «La Parole fut faite [ou devint] chair». Le Seigneur a revêtu une autre nature qu'il n'avait pas auparavant, savoir, l'humanité: il «a pris la forme d'esclave, étant fait à la ressemblance des hommes». Ni le Père, ni le Saint Esprit n'ont été «manifestés», ainsi: c'est le Fils qui s'est abaissé lui-même et a pris cette place humiliée. Hélas! ces hommes pour lesquels il est venu, profiteraient-ils de son humiliation pour donner libre carrière à de lâches spéculations sur sa Personne? Mais combien sont vains, et combien ont été vains dans tous les âges les efforts mesquins de l'esprit de l'homme pour pénétrer le mystère ou comprendre la nature du Fils éternel révélé sous la forme humaine! Jésus lui-même dit, même au moment où il était rejeté et mis à néant par les hommes: «Personne ne connaît le Fils, si ce n'est le Père». Il était vraiment homme, né de la vierge, «né de femme, né sous la loi», né aussi afin d'accomplir l'oeuvre de la rédemption «afin qu'ïl rachetât ceux qui étaient sous la loi», pour rendre «impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort», délivrant ceux qui étaient en esclavage, et faisant propitiation pour les péchés du peuple comme un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur. Mais fût-il même possible aux hommes les plus sages, les plus grands ou les plus saints, de pénétrer ce mystère, le Père a fermé la porte des recherches par ces mots simples, mais bénis: «Personne ne connaît». Nous pouvons croire plusieurs choses sur Lui, en tant que nous sommes enseignés de Dieu et conduits par le Saint Esprit; mais la Personne de Celui qui «était Dieu» et qui «devint chair» est impénétrable; nul ne pouvait le connaître, sinon le Père.

Mais il y a plus; nous dépendons de Lui pour connaître le Père. Le Seigneur ajoute: «Ni personne ne connaît le Père, si ce n'est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler». C'est selon son bon plaisir qu'il révèle le Père. De telles choses pourraient-elles se dire d'un autre que Dieu? Sa divinité n'est pas moins assurée pour la foi maintenant qu'il est devenu homme. Bien plus, la puissance et la joie de la foi, aussi bien que la communion à laquelle nous sommes appelés, dépendent de l'inscrutabilité de sa Personne bénie et en découlent.

L'écrivain inspiré, en Hébreux 10, citant le Psaume 40, nous reporte à ces âges passés, avant que le monde fût, et révèle ce qui formait alors le sujet des conseils de la divinité. Merveilleux, en vérité, est notre privilège d'être admis à entendre une telle conversation ayant trait à la bénédiction des hommes. Ici donc, le Fils, la seconde personne de la sainte Trinité, a entrepris de faire la volonté de Dieu, dans un corps formé pour Lui; prenant ainsi la place d'un être obéissant. «Tu m'as creusé des oreilles»; ou, comme nous lisons en Esaïe 50: «Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j'écoute comme ceux qu'on enseigne. Le Seigneur m'a ouvert l'oreille, et moi je n'ai pas été rebelle», etc. La volonté de Dieu, laquelle était que nous fussions sanctifiés et sauvés, ne pouvait trouver son expression envers nous, que par l'accomplissement d'une oeuvre suffisante pour satisfaire ses saintes et justes exigences. Qui est-ce qui pouvait accomplir une telle oeuvre, ou faire cette volonté d'une manière absolue? Pas une seule créature n'en était capable. Cela n'appartenait qu'au saint Fils de Dieu qui, prenant une place d'obéissance parfaite, revêtit un corps formé pour Lui. Quel autre pouvait offrir un sacrifice qui suffit à ôter, non seulement les péchés d'une personne, mais les fautes accumulées d'un monde perdu; un sacrifice dont l'efficace s'étendait jusqu'à Adam, et se continuera jusqu'à ce que toute trace de péché soit enlevée de l'univers entier? Nous pouvons vraiment dire que la grande vérité de sa Personne — sa divinité éternelle et son humanité sans tache — est la base sur laquelle repose l'oeuvre de la rédemption; et que sans elle il ne pourrait y avoir de rédemption, ni de véritable sacrifice pour le péché.

A sa naissance, selon l'évangile de Matthieu, son nom devait être Jésus, «car c'est Lui qui sauvera son peuple de leurs péchés». Ici, dans son rapport avec ce nom, le peuple d'Israël est appelé «son» peuple, car il est vraiment Jéhovah le Sauveur. Dans l'accomplissement du chapitre 7 d'Esaïe, il est appelé «Emmanuel», nom qui Lui est donné par ceux qui apprennent que Dieu est avec son peuple.

L'évangile de Marc, qui le présente spécialement comme le Serviteur, s'ouvre avec le titre de «Jésus Christ, le Fils de Dieu», et, avant la fin du chapitre 1, nous le voyons touchant le lépreux et disant: «Je veux, sois net», Au lieu de Lui communiquer la souillure, cet attouchement produit une purification immédiate, autre preuve que c'était Jéhovah qui se trouvait là. Luc nous donne au chapitre 1, les titres suivants «Jésus», «Fils du Très-haut», «Fils de Dieu» et au chapitre 2, «un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur» (ou Jéhovah). La confession que Pierre fait de Lui (Matthieu 16), résultat de la révélation qu'il avait reçue du Père, est parfaite et complète. Le Seigneur avait parlé de lui-même sous le titre de «Fils de l'homme», quand il posa la question: «Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l'homme?» Alors, s'adressant à ses disciples d'une manière pressante, il tire d'eux cette réponse: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». Pour être Fils de l'homme, il faut qu'il soit vraiment homme; mais il est aussi le Christ, le Messie oint, et le Fils du Dieu vivant: sa divinité est aussi fortement affirmée que son humanité, même dans les évangiles synoptiques, comme on les appelle.

L'évangile de Jean a pour principal objet de montrer comment le Père a été révélé dans le Fils, qui a été repoussé et rejeté par son propre peuple. Ici donc, tandis que Jésus prend et ne quitte jamais la place de dépendance et d'obéissance — place qui vraiment et proprement appartient en perfection à l'homme selon les pensées de Dieu — sa divinité et son absolue égalité avec le Père brillent de toutes parts. Il dit, au chapitre 5: «Mon Père travaille jusqu'à maintenant, et moi je travaille». Les Juifs comprenaient très bien l'importance de ses paroles, car, dans leur aveugle incrédulité, ils pensaient à le tuer, parce qu'il «disait que Dieu était son Père, se faisant égal à Dieu».

On a faussement affirmé que l'expression «Fils de Dieu», doit être comprise dans un sens subordonné, comme indiquant que Jésus, par ses paroles et par ses actes, cherchait à inculquer les qualités morales de Dieu — amour, justice, sainteté, etc.: mais une âme «enseignée de Dieu» (Jean 6: 45), et soumise à ce qui est écrit, doit admettre que le grand fait énoncé avec une simplicité et une certitude incontestables, c'est l'identité de nature et d'Etre avec le Père, avec Dieu. Comme il n'agissait jamais indépendamment du Père, il pouvait dire: «Quelque chose qu'il (le Père) fasse, cela, le Fils aussi de même le fait». Quelqu'un, excepté Celui qui était l'égal de Dieu, pouvait-il dire qu'il faisait tout ce que le Père faisait, et de la même manière? Certainement non, quoique l'incrédulité des Juifs d'alors, ou de la chrétienté maintenant, puisse dire le contraire. En outre, comment pourrait-on admettre la coopération du Père avec Lui, à moins qu'il ne fût vraiment et éternellement le Fils qui est dans le sein du Père. «Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne le tire», dit-il (Jean 6: 44, 65). Le sentiment de ce que Dieu lui-même est comme Etre divin doit disparaître de l'âme qui met en doute ou qui atténue la déclaration du Seigneur. Elle était vraie, ou elle ne l'était pas. Si elle n'est pas vraie, il n'y a point d'Evangile, point de salut pour personne. Si elle est vraie, chaque témoignage de Dieu, rendu à la gloire de la personne du Fils, demeure dans sa force parfaite et bénie pour l'âme qui croit; et la connaissance de Dieu est une réalité éternelle qui est, dans le croyant, une source intarissable de joie. Le vrai chrétien peut dire dans la simplicité de la foi: «Nous savons que le Fils de Dieu est venu; et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable; et nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ: lui est le Dieu véritable et la vie éternelle». L'Ecriture déclare très solennellement que celui qui n'accepte pas le Fils comme tel, de la manière la plus complète et la plus absolue, que celui qui nous «mène en avant» au delà de la vraie doctrine de l'Ecriture, «et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n'a pas Dieu» (2 Jean 9); que celui qui «nie le Fils n'a pas non plus le Père» (1 Jean 2: 23).

De plus, au chapitre 5 de l'évangile de Jean, le Fils est associé au Père quand il vivifie; mais Jésus dit aussi: «Le Fils vivifie ceux qu'il veut». Il le fait dans son droit souverain comme Fils de Dieu, mais il communique la vie éternelle à ceux que le Père Lui a donnés (Jean 17: 2). Ici, c'est encore la même coopération divine en vie et en puissance vivifiante. Cependant, quand il juge, il est seul, car le Père a donné tout le jugement au Fils, et tous doivent honorer le Fils comme ils honorent le Père.

Au chapitre 10, nous lisons: «Moi et le Père, nous sommes un». Quel autre pourrait parler ainsi, sinon le Fils unique qui est dans le sein du Père, celui qui connaissait les secrets de son coeur pour ses brebis, aussi bien que toute autre chose? A la fin de son ministère public, tel que nous l'avons au chapitre 12, l'écrivain inspiré cite le prophète Esaïe, qui parle de la gloire de Jéhovah, et l'applique directement à Jésus: «Esaïe dit ces choses, parce qu'il vit sa gloire et qu'il parla de Lui»: c'est là une preuve incontestable que Jésus était Jéhovah.

Le but du Saint Esprit est toujours de glorifier Christ; et en même temps de le présenter comme Celui qui satisfait les besoins particuliers du chrétien dans quelque position qu'il puisse se trouver. Nous en avons un exemple dans l'épître aux Colossiens. A Colosses, le principal danger dans lequel les saints pouvaient vraisemblablement tomber, était, dans les expériences de l'âme, de ne pas tenir ferme Christ, le Chef, et de s'occuper de la philosophie d'une part, ou de la tradition de l'autre. A cause de cela, l'Esprit de Dieu insiste spécialement sur les gloires personnelles de Christ: «Car en Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement». Ici, le mot «déité» signifie non seulement ce qui est divin de caractère (comparez Actes des Apôtres 17: 29, et Romains 1: 20) mais la divinité dans le sens le plus complet et le plus absolu.

D'autre part, les chrétiens hébreux étaient en danger de perdre de vue la gloire personnelle de Jésus, leur Messie, parce qu'ils étaient préoccupés de désirs et d'espérances terrestres, et ainsi de retourner au judaïsme. L'épître aux hébreux s'ouvre donc en présentant de la manière la plus complète la gloire du Fils, le Créateur, supérieur aux anges, et objet de leur adoration. Dieu «fait» ses anges des esprits, mais quant au Fils, il dit: «Ton trône, ô Dieu, demeure aux siècles des siècles», etc. Dans ce Psaume 45, même pendant les jours de sa chair en ce monde, où il avait aimé la justice et haï l'iniquité, il est reconnu par Dieu comme Dieu. La citation suivante est encore plus remarquable. Le titre «Dieu» a été quelquefois appliqué à des puissances angéliques, aux magistrats et aux gouverneurs comme représentants de l'autorité de Dieu, «J'ai dit, vous êtes des dieux» mais le titre de «Jéhovah» n'a jamais été appliqué à personne, excepté au seul Dieu vivant et vrai (Deutéronome 6: 4; Jérémie 10: 10; et comparez 1 Thessaloniciens 1: 9. Or, non seulement ce titre est appliqué distinctement à Jésus par le Saint Esprit, dans la citation du Psaume 102, mais nous trouvons dans cette même citation un autre titre divin, employé ailleurs à la première personne en parlant de Dieu, adressé ici directement à Christ à la seconde personne: «Tu es le même (*)». Dans ce remarquable Psaume, l'affligé répand sa plainte devant Jéhovah. On le voit complètement abattu et abaissé, à cause de l'indignation et de la colère de Jéhovah: et il met en contraste sa propre position avec l'immutabilité de Jéhovah (verset 12). Il parle de la bénédiction future d'Israël, alors que les affections du résidu pieux pour la poussière de Sion seront renouvelées; et que Sion sera rétablie sous le Messie, quand il «apparaîtra dans sa gloire». Mais comment pouvait-il introduire la bénédiction future de Sion, si ses jours étaient abrégés et si Lui-même était retranché? La réponse de Jéhovah du ciel à l'humble être qui souffre sur la terre, fait ressortir d'une manière bénie la gloire de sa Personne: «Et Toi, dans les commencements, Seigneur, tu as fondé la terre, et les cieux sont les oeuvres de tes mains: eux, ils périront, mais toi, tu demeures, et ils vieilliront tous comme un habit, et tu les plieras comme un vêtement, et ils seront changés; mais tu es le Même, et tes ans ne cesseront point». Dans ce Psaume, les termes qu'il applique à Jéhovah-Dieu, au verset 12, quand il parle de sa position comme Celui qui est abaissé, Lui sont appliqués à son tour par Jéhovah, aux versets 24-27. Quelle qu'ait pu être la profondeur de son humiliation, il n'en était pas moins le «Seigneur», ou «Jéhovah», et quand toute la création aura disparu, Lui, l'Eternel, le Créateur, demeurera à toujours. Nous avons la même vérité en Zacharie 13, où nous trouvons que Celui qui est frappé par l'épée de Jéhovah n'en est pas moins le «compagnon de l'Eternel», — son égal.

(*) Voyez Deutéronome 32: 39; Esaïe 41: 4; 43: 10; 46: 4; 48: 12, — souvent rendu par: «JE SUIS LUI».

Parce qu'il était né de la semence de David, selon la chair (Romains 1: 3), il est déterminé «Fils de Dieu en puissance». Celui qui était issu d'Israël quant à la chair, est «sur toutes choses Dieu béni éternellement. Amen!» (Romains 9: 5). Il est bon de remarquer que ces affirmations simples et toutefois puissantes de sa divinité, se rencontrent dans des passages qui parlent de ses relations humaines avec Israël. Comparez cela avec Michée 5: 2, dont il a déjà été fait mention. Dans l'Ecriture, il n'y a pas à faire d'effort pour prouver la divinité de Christ. Du commencement à la fin, elle apporte à l'âme enseignée de Dieu, la conviction qu'il était Dieu. La vérité bénie révélée et sur laquelle l'Esprit insiste, c'est qu'il «devint chair», afin d'être le Sauveur.

Jean, dans son épître, identifie Dieu et Christ d'une manière telle que, dans la même phrase, il passe continuellement de l'un à l'autre, pour ainsi dire imperceptiblement; l'antécédent naturel de «Lui» étant tantôt Dieu, tantôt Christ. Par exemple, au chapitre 2: 28, etc.: «Et maintenant, enfants, demeurez en Lui (Christ)… Si vous savez qu'il (Christ) est juste, sachez que quiconque pratique la justice est né de Lui (Dieu). Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu; c'est pourquoi le monde ne nous connaît pas, parce qu'il ne l'a pas connu (Christ). Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu. … Nous savons que quand il (Christ) sera manifesté, nous Lui serons semblables», etc. Connaître «Celui qui est dès le commencement», c'est connaître Dieu révélé dans le Fils. L'apôtre pouvait-il parler ainsi, à moins que le Fils ne fût Dieu à l'égal du Père et du Saint Esprit? Bien que ce fût en grâce, il a pris, en rapport avec son humanité, une place inférieure au Père, en sorte qu'il put dire: «Mon Père est plus grand que moi»; cependant, il a pris aussi la place de l'égalité absolue, car il dit: «Tout ce qu'a le Père est à moi». L'épître de Jean se termine par cette déclaration: «Lui, c'est-à-dire, son Fils Jésus Christ, est le Dieu véritable et la vie éternelle»; dans l'évangile, le Seigneur se sert des mêmes mots: «le vrai Dieu», et les applique au Père, en s'adressant à Lui.

Arrivant enfin au livre de l'Apocalypse, nous trouvons, au chapitre 1er, l'expression «qui est, et qui était, et qui vient», appliquée au Dieu suprême, au verset 4, lorsqu'au verset 8, elle est appliquée à Christ que tout oeil verra. Et le titre «Tout-puissant», au chapitre 1: 8, est donné à Christ, qui, au chapitre 22: 13, dit: «Je suis l'alpha et l'oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin». Cette dernière citation, nous pouvons la rattacher à Esaïe 41: 4: «Moi, l'Eternel (Jéhovah), le premier; et, avec les derniers, je suis le Même»; ce rapprochement fournit une nouvelle preuve qu'il est vraiment Jéhovah lui-même. Le même échange est vrai du titre: «Ancien des jours», qui, en Daniel 7, est appliqué à Dieu, au verset 9, et à Christ, au verset 22, où il est dit qu'il «vint» (voyez verset 13).

On pourrait écrire plusieurs volumes sur ce sujet très important, mais nous n'avons pas l'intention de poursuivre davantage ces grandes vérités fondamentales de la foi chrétienne. La vérité touchant la personne de Christ est entremêlée avec tout le tissu de l'Ancien et du Nouveau Testament. Nous pouvons suivre le sentier de Jésus traversant ce monde dans toute la grâce pleine d'humilité qui le rendait toujours accessible à tous ceux qui étaient dans le besoin ou l'affliction. Il est venu à nous dans un amour divin et parfait, manifestant Dieu dans sa bonté, prenant la forme d'un esclave; et cependant, pour la foi, la gloire de sa Personne comme Fils unique, l'égal du Père — fait dont il avait toujours la parfaite conscience — brille à travers le voile de son humiliation et nous fait voir Qui était celui qui se trouvait là. Ce n'était pas moins que Dieu manifesté en chair, l'Eternel, Jéhovah, devant qui les séraphins voilent leur face en disant: «Saint, saint, saint, est l'Eternel des armées; toute la terre est pleine de sa gloire».