Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 151  -  ME 1905 page 228 (Luc 16: 1-16) 1

Méditation de J.N.D. no 152  -  ME 1905 page 313 (Exode 24) 3

 

Méditation de J.N.D. no 151  -  ME 1905 page 228 (Luc 16: 1-16)

Au chapitre 15 de cet évangile, il s'agit particulièrement de ce qui convient à Dieu, de sa grâce qui va chercher ce qui était perdu. Le chapitre 16 va plus loin: l'homme a prouvé qu'il n'est pas digne de la confiance de Dieu. La parole de Dieu présente l'Evangile sous tous ses aspects divers, pour saisir les âmes, dans quelque état qu'elles se trouvent. Aux chapitres 15 et 16, on voit ces différents états. Dieu ne cherche pas les justes, mais les pécheurs; il cherche ceux qui ne le cherchent pas: c'est le chapitre 15. La brebis, la drachme, le fils prodigue, font la joie de celui qui les retrouve; c'est la joie de Dieu. Il est doux, pour une brebis fatiguée de ses égarements, d'être retrouvée; il est infiniment doux aussi, pour le fils prodigue, de retrouver son Père, mais Dieu est heureux de l'avoir trouvé, malgré ses haillons.

Il n'y a aucune difficulté pour l'âme humiliée de se trouver en présence de la grâce de Dieu, mais c'est une grande difficulté pour ceux qui se justifient devant les hommes; telle était la position des pharisiens. Semblables au fils aîné, les Juifs avaient tous les biens de Dieu à leur disposition, les oracles de Dieu, les promesses, les alliances, le don de la loi, le service divin. Dans un autre sens, tout homme possède les biens de Dieu et est l'économe de Dieu; c'était aussi bien le cas d'Adam que celui des Juifs. La chrétienté est encore plus dans ce cas, parce que Dieu lui a confié extérieurement la Bible, une lumière. En un mot, cela est vrai de tout homme, mais particulièrement de ceux qui jouissent de privilèges extérieurs. Tout homme est donc détenteur des biens de Dieu. Il n'y a personne d'entre vous qui n'ait entendu l'Evangile et joui du privilège de pouvoir lire la Bible. Vos facultés naturelles sont aussi des biens de Dieu. Vous les avez employées infidèlement; vous êtes donc des économes infidèles aux privilèges que Dieu vous a confiés.

Dieu vous ôtera tout cela; il ne veut pas avoir dans sa maison et employer pour sa gloire des personnes infidèles qui le déshonorent. Il vous demande compte et vous ôtera tout; il vous condamne comme économes infidèles. Sauf les anges élus, toute créature a manqué à la confiance que Dieu a mise en elle. Il ne s'agit pas ici de ce qui est dû à Dieu, mais du fait que l'homme, que nous tous, nous avons manqué à ce qu'Il nous a confié. Adam a déshonoré Dieu, a péché contre Celui qui lui avait confié la création et a été chassé d'Eden. Dieu lui a enlevé le gouvernement. Dès lors, il a éprouvé l'homme de toute manière, et quand enfin le Fils lui a été envoyé, l'homme l'a crucifié.

L'homme ne glorifie pas Dieu; il peut être honnête et se glorifier lui-même devant les hommes aux dépens de Dieu; il peut se justifier devant les hommes (verset 15), au milieu de la plus grande dureté de coeur; il peut se donner une bonne apparence, quand au fond il n'y a que méchanceté et malice. Mais pouvez-vous dire: Ce que je fais, je le fais au nom du Seigneur Jésus, pour la gloire de Dieu? Nous avons manqué à la confiance que Dieu a mise en nous et nous avons été infidèles. Qu'un économe soit très prudent et garde pour lui-même ce qui lui est confié, en est-il moins infidèle? L'homme est très prudent pour veiller à ses intérêts et à sa gloire, et à tout moment il dérobe à Dieu la sienne. Un homme qui cherche sa propre gloire est essentiellement infidèle, parce qu'il est placé dans le monde pour la gloire de Dieu; il est donc déjà condamné; il a employé pour lui-même et pour le péché ce que Dieu lui avait confié. Dieu ne peut nous remettre plus longtemps ses biens. Que faire? Nous ne pouvons bêcher la terre, gagner la vie éternelle quand nous l'avons perdue. La prudence qui emploie les richesses iniques pour la gloire et l'amour de Dieu est reconnue de lui; c'est la fin de la parabole.

Mais il y a encore un autre principe dans cette expression: les richesses iniques. Ce mot «richesses», nous dit tout ce qui est de ce monde; sans le péché, rien de ce qui s'y trouve, n'aurait existé. Impossible qu'Adam, ni ses enfants fussent riches. Tout ce qui représente le système actuel de ce monde est l'effet du péché, même nos habits. Les richesses qui tendent à nous faire trouver du confort loin de Dieu, après qu'il a chassé l'homme d'Eden, sont iniques. Tout a acquis une position nouvelle par le péché. L'homme se figure que Dieu lui a donné seulement certaines règles de conduite, mais Dieu ne donne pas de règles à des personnes qu'il a chassées de sa présence. Dans l'Evangile, il ne fournit pas de règles pour arranger un système qu'il a condamné. Dieu ôte à l'homme l'administration. Il établit un système, un royaume entièrement nouveau, le royaume de Dieu (verset 16). Ceux qui ont la foi quittent le système que Dieu a condamné et entrent dans le nouveau système que Dieu a établi. La loi et les prophètes ont duré jusqu'à Jean Baptiste. Tout était déjà condamné, mais cela n'était pas encore manifesté. La loi suppose que l'homme est encore placé dans le monde comme économe; l'homme est déjà infidèle, mais pas encore absolument rejeté de son administration. Lorsque Jean Baptiste parait, tout change; la loi et les prophètes sont abandonnés; Dieu déclare que le monde est jugé et condamné, et il ôte à l'homme l'administration de ses biens. Celui qui est sauvé doit entrer dans son royaume à Lui. Lorsque Moïse trouva l'idolâtrie en Israël, il dressa un pavillon hors du camp, et quiconque voulait être avec Dieu, sortait du camp et allait vers Moïse. Tout est sous la condamnation, et Dieu ne donne pas de règles pour un système condamné. La loi ne nous profite ainsi de rien; il faut sortir du monde, et non chercher une règle dans le monde; il faut rompre avec lui, être traité comme fou dans sa famille. Il n'était pas besoin d'une chose nouvelle, si la première n'était pas infidèle. Jusqu'à nos amis s'élèvent contre nous, quand ils voient que nous les quittons. Le monde sent que la manière de faire des chrétiens le condamne, lorsque ces derniers, se sentant condamnés eux-mêmes, ne veulent pas rester sous cette condamnation. Outre toutes les difficultés extérieures, il y a à se faire violence à soi-même (verset 16), ce qui est plus difficile encore. Il faut rompre avec le monde et avec soi-même, et c'est ce qui est appelé la violence. Nous avons d'un côté le monde condamné; de l'autre, le royaume établi par Christ, dans lequel il faut entrer de force. C'est la pure grâce qui fait cela, qui fait entrer dans le royaume, mais on ne peut trouver son salut en marchant à la fois avec le monde et dans le royaume de Christ. Pour être sauvé, il faut rencontrer toute sorte de difficultés de la part du monde, des amis, de la famille et de soi-même. Même cela ne doit pas nous décourager. Cela brise le coeur, il est vrai, car le premier anneau de la chaîne du monde est attaché au coeur. Ne nous laissons pas abattre; nous aurons le monde contre nous; nous rencontrerons même la persécution, mais toutes ces choses ne sont que des preuves de la vérité de Dieu et par là même un encouragement; il importe d'y faire attention.

Si vous avez quelque espérance d'être sauvés en suivant certaines règles de conduite, vous n'entendez rien au salut. Honnêtes gens, Dieu ne veut pas de vous. C'est le péché qui a organisé le monde tel qu'il est; c'est lui qui règle les rapports entre vous et Dieu. Dieu ne veut pas vous donner des règles pour vos péchés; il veut que vous entriez, dépouillés de tout, dans le royaume qu'il a établi en Christ. Quand vous commencez à vous justifier, vous démontrez votre grande inimitié contre Dieu. Ceux qui veulent se justifier devant les hommes n'ont pas fait le premier pas dans la voie du salut. Dieu condamne le tout; le coeur de l'homme est mauvais, et Dieu lui a déjà demandé compte de l'administration de ses biens. Tout est pure grâce pour un pécheur condamné, et la grâce lui fait comprendre qu'il vaut mieux être sauvé en perdant tout dans ce monde.

Dieu nous transporte par sa grâce dans le royaume de son Fils bien-aimé. Tout ce qui est grand dans le monde est en abomination devant Dieu, et n'est pas autre chose que des péchés splendides.

Que Dieu nous fasse la grâce de comprendre en simplicité que lorsque nous avions manqué à tous égards, et que la condamnation était prononcée, Dieu a pourvu à un moyen de grâce et de salut en Christ, et qu'il ne s'agit plus de se sauver dans le monde, mais de se sauver du monde, pour entrer là où Christ se trouve, où sa gloire est établie.

Méditation de J.N.D. no 152  -  ME 1905 page 313 (Exode 24)

Aux chapitres 19 et 24 de l'Exode, on trouve une différence dans les relations entre Dieu et Israël au pied de la montagne de Sinaï.

Depuis la sortie d'Egypte jusqu'au Sinaï, Dieu agit en grâce envers son peuple. Cette grâce couvre le mal, donne l'eau, la manne, les cailles, sans un reproche de la part de Dieu, donne enfin la victoire sur Amalek. Israël arrive ainsi, porté sur des ailes d'aigle, à la montagne de Sinaï. Là, il se place, pour recevoir les promesses, sous la condition d'obéissance, condition violée aussitôt que reçue.

La position du peuple vis-à-vis de Dieu est réglée par cette condition au chapitre 19. Quand Dieu prononce à leurs oreilles les dix paroles de la loi (19: 12-24), ils ne pouvaient monter sur la montagne, Dieu ne voulant pas avoir l'homme si près de Lui, de sa Majesté et de sa justice, car il est un feu consumant. L'Eternel met une barrière autour de lui et ni homme, ni bête, ne peuvent la franchir sans périr, et sans que l'Eternel se jette sur eux (verset 24). Moïse qui représente Christ peut y monter, mais aucune âme ne peut s'approcher de Dieu, quand Il se présente en justice.

Au chapitre 24, la scène change. Dieu choisit, avec Moïse et Aaron, Nadab et Abihu, soixante-dix anciens d'Israël, non plus sur le principe de la loi, mais en vertu d'une alliance établie sur le sang, par lequel Israël est présenté à Dieu et mis en relation avec Lui (versets 4-10). Le sang est sur le peuple, et Dieu invite ceux qui avaient été choisis à monter vers Lui. Ils peuvent, au lieu d'un feu consumant, voir le Dieu d'Israël, Dieu en relation avec le peuple. Ils mangent et boivent, ils vivent de leur vie naturelle, quoiqu'ils soient en présence de Dieu. C'est que l'alliance par le sang avait mis le peuple en relation avec Dieu; telle est toujours la base de toute relation avec Lui. Il en est de même pour nous. Sans que cette alliance soit établie avec nous, car elle ne l'est qu'avec Israël, nous pouvons, en vertu du sang de l'alliance, voir Dieu, dans toute la manifestation de sa justice, sans périr. Le sang est le fondement qui rend possible une relation entre Dieu et des pécheurs. Dieu s'obligeait lui-même, par le sang de l'alliance, à recevoir son peuple. Sans doute, la stabilité de l'alliance, dépendait de l'obéissance du peuple autant que de la fidélité de Dieu, et alors tout a manqué. Mais nous pouvons avoir part au bénéfice d'une nouvelle alliance, parce qu'elle est fondée sur l'obéissance de Christ, maintenant accomplie. L'alliance avec Israël, quoique basée sur le sang, ne pouvait être fondée sur une obéissance future de l'homme. En Christ, l'obéissance a eu lieu, elle a été jusqu'à la mort; elle ne peut manquer; c'est une alliance éternelle.

Quant à notre conscience, l'effet d'une telle alliance est que nous pouvons voir Dieu, manger et boire, sans être écrasés par sa justice.

Quant à la pratique, il y a quelque chose qui va, pour nous, plus loin que cela. Lorsque l'alliance a été violée par Israël, Moïse dresse une tente hors du camp (33: 7). Il agit seul; c'est la fidélité individuelle. Dieu le rencontre hors du camp. Ses relations individuelles sont dès lors bien plus intimes que sur la montagne où Dieu était toujours dans la nuée. Ici, il parle avec Moïse face à face, comme avec un intime ami. La fidélité individuelle conduit ainsi Moïse près de Dieu. Plus l'infidélité générale augmente, plus Dieu se rapproche du fidèle et se communique à lui d'une manière intime. Combien cela nous encourage à être fidèles, même si nous devions demeurer seuls.

Sur la montagne, dans Sa majesté, Dieu ne pouvait avoir de contact avec le peuple. Celui qui touchait la montagne était puni de mort. Au lieu de les inviter à monter, Dieu dit: «Avertis solennellement le peuple, de peur qu'ils ne rompent les barrières pour monter vers l'Eternel pour voir, et qu'un grand nombre d'entre eux ne tombe» (19: 21). Mais, du moment que le sang est répandu (24), le Dieu d'Israël, entrant en relation avec son peuple, dit: «Monte vers moi». L'homme peut s'approcher.

A la suite de la désobéissance générale, nous trouverons des difficultés sans nombre, une vie pénible à bien des égards, mais s'il y a de la fidélité, le seul résultat sera que Dieu se montrera face à face et nous parlera comme un ami à des intimes amis.

Christ, chassé par nos péchés hors du camp, est monté dans le ciel. En vertu de son sang, nous sommes unis à Lui, et Dieu nous unit à Lui par son Esprit. Christ n'est donc pas seul dans cette intimité; par Lui et en Lui, nous sommes, de la même manière que Lui, près de Dieu. Chassé du monde, il est entré en Sa présence. En Lui, l'Eglise est aussi près de Dieu que lui-même.

Pour jouir de cette présence, il faut suivre Christ hors du camp, même si nous devions être seuls. Suivre Christ, c'est toujours le suivre auprès du Père. Dans cette séparation, nous trouvons lumière, douceur, joie, discernement spirituel. La fidélité nous donne toujours ce discernement et la connaissance de nos privilèges comme chrétiens ici-bas. Paul monte au troisième ciel; cette communication avec Dieu le fortifie pour son ministère au milieu de circonstances adverses. Etre «un homme en Christ» est une jouissance positive. Dieu communique à un tel homme ce qui est nécessaire pour être fidèle, sans commandement qui le réprime.