Analyse des premiers chapitres de l'épître aux Ephésiens

Chapitres 1 à 4: 16 - Favez Ch.L.  – ME 1905 page 247

 

On voit, au commencement du premier chapitre, que les Ephésiens étaient bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ — élus pour être saints et irréprochables devant Dieu, en amour — adoptés par Jésus Christ — et rendus agréables dans le Bien-aimé. Puis, héritiers de Dieu, selon le propos de Sa volonté. C'est en résumé: «l'espérance de l'appel de Dieu et les richesses de la gloire de son héritage dans les saints».

Après l'expression de ces grandes bénédictions, nous voyons, au verset 13, comment les Ephésiens y étaient entrés. Ils avaient entendu la parole de la vérité, l'Evangile de leur salut; ils y avaient cru, et avaient été scellés du Saint Esprit de la promesse qui est les arrhes de l'héritage. Le Saint Esprit, était le sceau de l'autorité de Dieu, confirmant qu'ils étaient devenus participants du salut que leur apportait l'Evangile auquel ils avaient cru. Dès ce moment, ils étaient sauvés. Entrer dans la gloire n'était plus qu'une affaire de temps.

Comme cela arrive toujours dans l'oeuvre de la grâce, il y avait eu nécessairement en eux, avant qu'ils, fussent scellés, l'opération de l'Esprit de Dieu, pour donner effet à la Parole dans la conscience, ouvrir leurs yeux à la lumière de l'Evangile, et produire la foi; mais ce n'est que lorsqu'ils eurent cru la parole de la vérité, que le Saint Esprit vint établir sa demeure en eux et qu'ils furent scellés.

Ensuite (versets 15-18), l'apôtre Paul reconnaît leur bon état spirituel (il y avait en eux de la foi et de l'amour pour tous les saints), et il demande qu'ils reçoivent un esprit de sagesse et de révélation dans la connaissance de Dieu… pour savoir quelle est l'espérance de l'appel de Dieu et les richesses de la gloire de son héritage dans les saints. Il convenait que les Ephésiens connussent dans leur richesse, les immenses bénédictions qu'ils possédaient.

«Eclairer les yeux du coeur», est une des opérations de l'Esprit. La lumière de l'Esprit peut se manifester en donnant à l'âme la faculté de percevoir les choses saintes (pour nous, les choses révélées): «Petits enfants… vous avez l'onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses» (1 Jean 2: 20) — ou bien elle peut se manifester par les dons du ministère pour l'enseignement au milieu des saints: «A l'un est donnée, par l'Esprit, la parole de sagesse; et à un autre la parole de connaissance» (1 Corinthiens 12: 8).

Mais (verset 19) Paul demande pour eux une chose nouvelle qui prend sa place parallèlement à ce qui précède. Il demande qu'ils sachent non seulement l'étendue de ce salut, mais quelle est la puissance qui nous y a placés: «l'excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, selon l'opération de la puissance de sa force»; la même puissance «qu'il a opérée en ressuscitant le Christ d'entre les morts». Ceci nous ramène au moment où les Ephésiens crurent l'Evangile. Le salut qu'ils trouvèrent embrassait non seulement l'espérance de leur appel et un héritage à recevoir, mais il reposait sur le fondement de la puissance de Dieu — puissance effective qui, en ce qui regarde les Ephésiens, les avait sortis de la condition qu'ils partageaient avec tous les hommes et les avait, de fait, établis dans une création nouvelle. Cette puissance, que Dieu a déployée dans la résurrection de Christ, Dieu l'avait aussi déployée pour produire la foi dans les Ephésiens. Et ces derniers, par le fait de leur foi, se trouvaient ainsi placés moralement dans la position de ressuscités dans laquelle est Christ lui-même. Ils étaient associés à Lui dans la résurrection et se trouvaient, en Lui, transférés dans une création nouvelle. Cette oeuvre est l'ouvrage de Dieu et du ressort de sa grâce souveraine.

Les actes de cette puissance de Dieu ont commencé en Christ. Dieu l'a opérée «en le ressuscitant d'entre les morts» (verset 20); nous venons ensuite. Dieu nous y a fait participer en nous «vivifiant ensemble avec le Christ» (2: 5). Dieu est intervenu dans la mort, et nous en a sortis pour nous placer auprès de Lui, dans la bénédiction éternelle. Evidemment Christ était dans la mort, dans des conditions autres que nous. Lui était mort dans sa justice et sa sainteté: il avait donné sa vie pour glorifier Dieu et accomplir les pensées de son amour. Sa résurrection était une affaire de droit et selon la justice. Aussi est-il ressuscité d'entre les morts «par la gloire du Père». Nous, nous étions des enfants de colère, morts dans nos fautes et dans nos péchés. «Mais Dieu qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés» (personnellement aimés) «…nous a vivifiés ensemble avec le Christ». C'est l'acte de son amour et de sa grâce souveraine envers de malheureuses créatures.

Parce que la résurrection de Christ était selon le droit de la justice, la suite nécessaire, dans laquelle encore la gloire du Père s'est déployée, a été que Dieu l'a «assis à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination…» et dans cette gloire, «Dieu l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'Assemblée, qui est son corps…»

Dieu, selon la même grâce, déjà déployée envers nous qui avons été vivifiés avec Christ, nous a fait entrer dans la bénédiction céleste du Christ. «Il nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus». L'avenir montrera la gloire de cette grâce. Pour le présent, nous sommes déjà établis en Christ, en nouvelle création. Dieu, en grâce souveraine, et selon ses conseils éternels, a déjà opéré jusque-là: l'homme, le Christ, est dans la gloire, à la droite de la Majesté, et nous qui héritons avec Lui, nous y sommes en Lui, en attendant les siècles à venir dans lesquels Dieu «montrera les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous» (2: 7).

Dieu, qui «nous a vivifiés ensemble (covivifiés) avec le Christ», nous a aussi «ressuscités ensemble (Juifs et gentils), et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus». Puisque c'est avec Christ que nous sommes vivifiés, il s'en suit que la vie que nous avons reçue, est une vie de résurrection, la vie de Christ ressuscité, car notre Seigneur n'a pas été vivifié autrement que par sa résurrection d'entre les morts. Dieu qui nous a vivifiés nous a, par la même autorité, en souveraine grâce, placés comme ressuscités dans le Christ. Et il a fait plus, il nous a aussi «assis en Lui dans les lieux célestes».

La distinction entre «être vivifié» et «être ressuscité» me paraît être celle-ci, du moins en ce qui regarde ce passage de l'épître aux Ephésiens. «Etre vivifié», c'est recouvrer la vie quand on est mort. Pour le Seigneur Jésus, cela a été sa résurrection glorieuse et n'a pu être autre chose, parce qu'il était la vie lui-même, et qu'il n'a dû la reprendre que parce qu'il l'avait donnée dans sa mort. Pour nous qui étions morts dans nos péchés, il a été nécessaire que nous fussions vivifiés spirituellement. Nous le sommes par un effet de la grâce de Dieu; et cette grâce nous a vivifiés avec Christ. Mais la résurrection du Seigneur a été, une «résurrection d'entre les morts». Cela embrasse plus que le retour à la vie corporelle. Il avait accompli la rédemption. Il sortait du sépulcre, vainqueur de Satan et de la mort. Il laissait derrière Lui cette vieille création qui gît sous le péché, la mort et l'attente du jugement. Il n'avait plus sa place ici-bas. Il est monté auprès de Dieu dans les lieux célestes pour inaugurer une nouvelle création, fondée en justice sur la valeur de sa mort et sa victoire sur les puissances du mal.

Or la grâce de Dieu nous a placés en Lui comme ressuscités et assis en Lui dans les lieux célestes. Nous sommes, par cette faveur, établis en nouvelle création, et spirituellement notre séjour est le ciel. C'est pourquoi, dans les considérations qui accompagnent ces déclarations, il est dit que «nous avons été créés en Jésus Christ».

C'est là le salut que nous possédons, salut dans lequel et pour lequel Dieu nous a scellés en nous donnant le Saint Esprit. Immense grâce! Oui, à la lumière de ce salut, nous disons notre amen, en adorant, quand nous lisons: «Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi, et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu; non pas sur le principe des oeuvres, afin que personne ne se glorifie; car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus Christ, pour les bonnes oeuvres que Dieu a préparées à l'avance, afin que nous marchions en elles». Puissions-nous ne pas négliger les bonnes oeuvres qui appartiennent à cette nouvelle création!

Toute la gloire de ce salut revient à Dieu; c'est l'oeuvre de sa grâce en tout. Il a donné la bénédiction, comme il nous a donné la foi pour entrer dans la bénédiction, car la foi, c'est le don de Dieu, le don de croire. Si, dans la première création, l'ouvrage qui sortit de ses mains était bon et répondait à sa pensée, dans la seconde aussi, il trouvera sa satisfaction et sa gloire; et son ouvrage, c'est nous qui le sommes, étant créés en Jésus Christ. En attendant la gloire, il veut, dans les prémices de ses créatures, déployer déjà maintenant, par des bonnes oeuvres, les richesses de la nouvelle création qui resplendira bientôt.

En général, l'oeuvre de vivifier est attribuée à l'Esprit. Nous lisons: «C'est l'Esprit qui vivifie» (Jean 6: 63). «La lettre tue, mais l'Esprit vivifie» (2 Corinthiens 3: 6). «Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit» (Galates 5: 25). La puissance de vivifier emporte de soi la puissance de la résurrection, car il est dit de la résurrection de Christ, qu'il a été «vivifié par l'Esprit» (1 Pierre 3: 18). De même, il est dit des deux témoins que «l'Esprit de vie entra en eux, et ils se tinrent sur leurs pieds» (Apocalypse 11: 11). Cependant l'oeuvre de vivifier est en général une oeuvre morale. Cela n'a pas pu être pour le Seigneur, mais c'est la chose pour nous. De plus, si «vivifier» est l'oeuvre de l'Esprit, cependant, dans l'administration de cette grâce, on est vivifié par la Parole du Fils de Dieu. En recevant sa Parole, on a la vie éternelle, et l'on est «passé de la mort à la vie» (Jean 5: 24).

Mais la résurrection est ressortissante à l'autorité de Dieu (Romains 4: 25); — à l'autorité du Père, et à l'autorité du Fils et de sa Parole (Jean 5: 21-29). Dieu est Celui qui pardonne, qui justifie, qui sauve. Il est aussi Celui qui ressuscite. Si l'on disait: C'est l'Esprit qui justifie, qui donne la vie éternelle, notre relation avec Dieu en serait troublée. Nous y perdrions la grâce souveraine, et même nous ferions tort à Dieu en méconnaissant son oeuvre et son autorité. Il ne s'agirait plus que d'une oeuvre en nous. Aussi, dans le passage si remarquable d'Ephésiens 1 et 2, sur l'opération de Dieu en résurrection envers Christ et envers nous, nous voyons que rien n'est dit de l'opération de l'Esprit. C'est Dieu qui a «ressuscité le Christ d'entre les morts», qui «nous a vivifiés ensemble avec Lui», qui «nous a ressuscités et fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus». Pour nous, il y a non seulement l'oeuvre de son autorité et de sa puissance, mais Dieu a déployé envers nous les richesses de sa miséricorde, de son grand amour et de sa grâce. Selon les conseils éternels de son amour, il s'est abaissé jusqu'à nous, jusqu'à notre mort; sa puissance a fait pénétrer dans notre pauvre coeur la foi pour écouter la Parole et prendre vie; et il nous a vivifiés avec le Christ, ressuscités et assis en Lui dans les lieux célestes.

C'est après cela que nous avons reçu le sceau de l'Esprit, car l'Esprit de Dieu n'établit pas sa demeure dans un homme qu'il n'a pas vivifié. Ainsi, quand ils crurent la Parole de vérité, les Ephésiens furent vivifiés, et après qu'ils eurent cru, ils reçurent le Saint Esprit qui fit sa demeure en eux: ils furent scellés. Le Saint Esprit demeurant dans les saints, est la puissance de la vie céleste en eux et une source d'affections divines. Il produit, contient et alimente toutes les relations, en vie nouvelle, de ceux qui sont dans les lieux célestes en Christ. «Fortifiés en puissance par son Esprit, quant à l'homme intérieur; de sorte que le Christ habite par la foi dans vos coeurs» (3: 16, 17).

Il y a plus qu'une délivrance dans la résurrection d'entre les morts. Béni soit Dieu! une relation avec Dieu a été créée pour nous dans la résurrection, et par la faveur du Dieu d'amour. Ceux qui auront part à la résurrection d'entre les morts «seront fils de Dieu, étant fils de la résurrection» (Luc 20: 35, 36). Conformément à cela, le Seigneur, au matin de la résurrection, a envoyé Marie aux disciples avec ce message: «Va vers mes frères et leur dis: Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu». Nous sommes donc les enfants de Dieu. Dieu a créé cette relation pour nous dans la résurrection de son Fils bien-aimé. Et quand par la foi nous venons sur la scène, que nous connaissons le Fils de Dieu ressuscité, nous entrons en Lui dans la résurrection, et cette relation bénie est révélée à nos âmes.

Et encore la résurrection donne le type de ce que nous serons dans la gloire, car nous serons «conformes à l'image de son Fils», et elle forme présentement notre état de vie, avec les caractères qui lui sont propres: dans le nouvel homme «Christ est tout et en tous».

Si donc, au lieu d'être l'exercice de l'autorité de Dieu, la résurrection était seulement l'oeuvre de l'Esprit, la main souveraine de Dieu en serait exclue; nous aurions une résurrection sans type, puisqu'il s'agirait uniquement d'une oeuvre en nous; et nous ne connaîtrions aucune des relations de vie, ni des saintes affections que Dieu a créées en vie nouvelle, puisqu'elle se concentrerait dans notre état personnel.

En négligeant pour un moment la portée de deux versets, du moins leur étendue, nous avons été conduits, dans cette étude, à voir la bénédiction individuelle de l'enfant de Dieu. Mais il y a beaucoup d'enfants de Dieu; un même accès auprès du Père appartient à tous; Dieu, dans ses conseils, a fait plus que de leur donner l'accès jusqu'à Lui. Il a voulu les réunir pour en faire son Assemblée, et cette Assemblée est le corps de Christ, son Epouse.

Le premier acte de Dieu, dans l'accomplissement de son conseil, touche nécessairement à Christ qui, en vertu de ce conseil, est placé comme Chef, en tête de tout ce que Dieu s'est proposé. Dieu l'a ressuscité d'entre les morts. Il l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de tout nom qui se nomme. Il a assujetti toutes choses sous ses pieds. Et, après avoir placé Christ dans cette gloire, Dieu l'a donné pour «être chef sur toutes choses à l'Eglise qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous» (1: 20-23). On peut remarquer que l'union avec Christ n'existe que depuis qu'il est ressuscité, pas avant: il ne s'est pas uni à l'humanité (Jean 12: 23, 24).

L'Assemblée se compose de ceux qui ont cru la Parole de la vérité, et nous avons la formation du corps de Christ en ce que Dieu les a ressuscités, et assis en Lui dans les lieux célestes. Là est la place des rachetés, conformément à cette parole du Seigneur à Saul de Tarse: «Je suis Jésus que tu persécutes». C'est le grand mystère qui n'avait pas été connu en d'autres âges.

Le Saint Esprit a une grande part dans la formation du corps: Il est le lien qui unit les membres en un seul corps à Christ. C'est pourquoi, au chapitre 4, nous trouvons des expressions comme celles-ci: «Garder l'unité de l'Esprit». «Il y a un seul corps et un seul Esprit» (versets 3, 4).

Mais, ce qui est premièrement développé, c'est ce qui regarde l'Assemblée de Dieu. De cette Assemblée, Dieu fait son habitation. Elle a sur la terre un aspect qui lui est propre. L'édifice repose sur ces faits fondamentaux:

a)  Les gentils qui étaient loin et sans titres, sont maintenant approchés dans le Christ, pour partager des privilèges communs avec les Juifs, héritiers de la promesse (versets 11, 13).

b)  Le sang de Christ donne l'accès à ce qui tient lieu des promesses, soit aux gentils, soit aux Juifs. La croix a détruit le mur mitoyen de clôture et fait de la place pour la formation d'un homme nouveau (versets 13-16).

c)  Cet homme nouveau est formé par la bonne nouvelle de la paix adressée aux uns et aux autres. Il y a réponse en eux, comme ayant tous accès auprès du Père par un seul Esprit (versets 17, 18).

La Maison de Dieu est édifiée sur le fondement des apôtres et prophètes; Jésus Christ est la maîtresse pierre du coin. L'édifice croît pour être un temple saint dans le Seigneur. Il n'est pas achevé. C'est l'Assemblée que Christ bâtit (Matthieu 16); les pierres vivantes qui sont édifiées pour être une maison spirituelle (1 Pierre 2). En attendant ce résultat, l'Assemblée est présentement une habitation de Dieu. Les gens de la maison de Dieu sont déjà réunis; ils sont édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit (verset 22). C'est, je pense, la maison de 1 Corinthiens 3.

La suite entre dans les développements qui regardent la formation du corps de Christ (chapitre 4). Ces développements commencent avec des exhortations, preuve que nous avons ici des choses réelles et non des théories. Avant de les rencontrer, nous avons une parenthèse qui embrasse tout le chapitre 3, et dans laquelle nous voyons:

a)  Quelle est l'administration du mystère, et, comme en passant, un aperçu des richesses de ce mystère (versets 1-13).

b)  La chose est trop grande; elle dépasse ce que l'enseignement peut donner; elle ne peut pas se comprendre du dehors. C'est le pain, en communion spirituelle, de ceux qui sont dedans. Paul s'adresse au Père de notre Seigneur Jésus Christ, et demande pour les saints qu'ils soient «fortifiés en puissance par son Esprit quant à l'homme intérieur, de sorte que le Christ habite par la foi dans leurs coeurs et qu'ils soient enracinés et fondés dans l'amour»; — et l'immensité — et l'amour infini de Christ — et la plénitude de Dieu, les inonderont de bonheur et de lumière (versets 14-19). La chose est si grande encore, qu'elle dépasse ce qu'une prière saurait demander. Dieu qui a l'initiative de ce mystère, agira dans les saints selon les richesses qu'il embrasse et selon l'étendue de son amour. A lui est la gloire dans l'Assemblée, dans le Christ Jésus, pour tous les âges du siècle des siècles. Amen!

* * *

Chapitre 4: 1-3. Exhortations. Il y a pour les saints une responsabilité qui appartient à la relation dans laquelle Dieu les a placés avec Lui. La mesure de la responsabilité, c'est cette relation même et la dignité de la personne avec qui on la soutient: «Marchez d'une manière digne de Dieu qui vous a appelés à son propre royaume et à sa propre gloire» (1 Thessaloniciens 2: 12). Ici, la relation dans laquelle nous sommes vus est celle «d'appelés» de Dieu. Il faut être dignes de l'appel de Dieu dans la marche. Parce qu'en outre de privilèges individuels, les saints ont été «appelés en un seul corps» (Colossiens 3: 15), que leur responsabilité est de «garder l'unité de l'Esprit» et que «le lien de la paix» est nécessaire pour cela, ils doivent mettre leurs soins à se conduire avec toute humilité et douceur, avec longanimité et support mutuel.

(Versets 4-6). Tableau de l'unité. Elle est triple.

«Il y a un seul corps et un seul Esprit». Unité indivise, formée dans l'unité de l'Esprit qui en est l'élément premier et formatif. Elle embrasse tous les appelés et eux seulement. Elle se lie à l'espérance une et commune qu'ils possèdent en vertu de leur appel.

«Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême». Unité administrative et dispensationnelle. Un ordre de choses s'est établi sur la terre qui dépend de l'autorité et des entreprises ici-bas du seul Seigneur qui est en haut. Son droit est universel, mais de fait l'ordre de choses qui revendique son nom, a ses limites: toute la terre n'est pas baptisée.

«Il y a un seul Dieu et Père de tous». Unité universelle se rapportant au Père comme Créateur (Malachie 2: 10), mais qui, en vie éternelle, se concentre dans la personne de ceux qui sont nés de Dieu, ses enfants (Jean 1: 12, 13). Le Dieu et Père relie tout en Lui, comme un seul réseau: «Il est au-dessus de tout». Il ne se tient pas en dehors de ses oeuvres, il pénètre tout: «Il est partout». Mais il est dans ses enfants: «en nous tous». C'est une grâce commune à tous les enfants de Dieu.

Le verset 7 nous ramène au seul Seigneur, pour nous faire connaître l'administration de sa grâce, surtout en ce qui regarde son oeuvre dans les saints, et celle de la formation de son corps, l'Assemblée. En vue de cette oeuvre, une grâce spéciale pour le service «est donnée à chacun, selon la mesure du don de Christ». Elle constitue le ministère.

(Versets 8-10). Ces dons procèdent de Celui qui est monté en vainqueur dans les cieux après avoir ici-bas, et dans le séjour de la mort, mis en pièces le pouvoir de Satan. Il était descendu dans les parties les plus basses de la terre, il est monté au-dessus des cieux. Il a ainsi la haute main partout; rien ne saurait échapper au droit de sa gloire. Le ministère émane de cette gloire. Il est sur la terre l'exercice en grâce des droits de Christ pour chercher ceux qui héritent du salut, et les assembler pour lui. Le Seigneur cherche le trésor dans le champ qu'il s'est acquis.

 (Verset 11). Ces ministères relèvent tous du Christ comme d'une autorité unique; mais ils sont divers: apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs.

Sous le régime de la loi, Dieu demeurait dans son sanctuaire; le peuple n'approchait pas jusqu'à Lui. Il y avait la sacrificature qui exerçait un service médiatorial, pour le maintien des relations de Dieu avec son peuple sur la terre. Sous l'Evangile, il existe un ordre de choses supérieur et bien différent. Il y a des saints qui ont leur place en Christ, dans la réalité de la présence de Dieu, et qui jouissent déjà de cette bénédiction, étant dans les lieux célestes en Christ, dans la création nouvelle, formés en un corps, par la puissance de la résurrection et le don du Saint Esprit. Et c'est à produire cela par le témoignage du Christ qui sauve des perdus et forme ensuite leur état moral, que travaille le ministère.

(Versets 12-16). L'oeuvre a une double sphère, indépendamment des variétés de service qu'elle comporte: le ministère est donné «en vue de la perfection des saints» et «pour l'édification du corps de Christ».

«La perfection des saints!» C'est l'oeuvre qui amène à «l'état d'homme fait», indiqué au verset suivant. Il est formé, cet état, par la vérité saisie par la foi, — par la connaissance du Fils de Dieu, le Bien-aimé, en qui nous sommes agréables à Dieu; qui vint à nous pour le révéler; Lui, le resplendissement de sa gloire; sur qui, lorsqu'il était dans le monde, le ciel demeurait ouvert; la Parole éternelle faite chair, qui ôte le péché du monde, en qui nous avons la rédemption par son sang; le Christ, que Dieu a ressuscité d'entre les morts, qu'il a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, qu'il a élevé à la place suprême, au-dessus de tout nom qui se nomme, ayant assujetti toutes choses sous ses pieds, et que Dieu a donné pour être Chef sur toutes choses à son corps qui est l'Assemblée.

La foi de l'homme fait, si elle embrasse la connaissance de Celui qui était dans le sein du Père, embrasse aussi, et tout particulièrement, la gloire du Rédempteur: «la mesure de la stature de la plénitude du Christ». Le ministère travaille à porter dans le coeur des saints, la connaissance de cette personne. Ce qui est vrai en Christ, et qui nous est connu par la révélation de sa personne, s'établit dans nos coeurs et devient vrai en nous. Cela constitue «l'homme fait». autrement appelé «l'homme en Christ». Comme c'est un état auquel on parvient, on peut distinguer «l'homme fait» parmi les croyants, ainsi qu'il est dit: «Nous tous qui sommes parfaits», mais cela ne doit jamais faire de division. Au reste, les «hommes faits» ne s'y prêteraient pas.

Une chose est à remarquer, c'est que l'apôtre du Seigneur n'a de confiance dans la stabilité de foi d'un chrétien, que lorsqu'il a atteint l'état d'homme fait: alors le chrétien n'est plus comme «un petit enfant ballotté et emporté çà et là par tout vent de doctrine». On voit la même chose dans l'épître aux Colossiens: «Je dis ceci, afin que personne ne vous séduise» (2: 4). Et même il semblerait que Paul, non seulement travaillait, mais «combattait pour pouvoir présenter tout homme parfait en Christ» (Colossiens 1: 28, 29), tant il est vrai, que la vérité ne fait son chemin que lentement dans le coeur de l'homme.

Ajoutons qu'une fois l'âme établie dans la vérité, et parvenue à cet état où l'on n'est plus un petit enfant, ballotté et exposé à subir la tromperie des hommes, il y a «un accroissement en toutes choses jusqu'à Lui qui est le Chef, le Christ». Cela est subjectif et appartient à la vie chrétienne. Au verset 13 nous lisons: «Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi». Ici (verset 15), nous avons: «Croître en toutes choses jusqu'à Lui…» «En toutes choses»: Christ est tout dans la vie chrétienne. Marchant dans cet accroissement, le chrétien peut dire: Il est mort, je suis mort; il est ressuscité, je suis ressuscité; il est assis dans le ciel, j'ai reçu le Saint Esprit pour avoir ma conversation dans le ciel.

Les versets 13-16 décrivent l'état d'âme qui est formé dans les saints en rapport avec leur appel et la bénédiction dans laquelle la puissance de Dieu les a placés selon cet appel. Mais ce qui est remarquable, c'est de voir que cet état spirituel est formé par la révélation de Christ à l'âme, par le pouvoir de la vérité et de la foi, et qu'il n'est fait, dans cette exposition, aucune mention de l'opération de l'Esprit, bien que nous sachions que le concours de l'Esprit n'en est pas exclu. Mais cela a son importance. L'oeuvre intérieure ne se fait que d'après un modèle. Il n'y a de vrai dans le chrétien que ce qui dérive de Christ. Comment Celui qui est le fond de tout dans l'âme y serait-il étranger et céderait-il sa place? Cela n'est peut-être pas discerné; mais faire appel à l'oeuvre de l'Esprit en ce cas, ce serait se mouvoir sans boussole, sans direction, et l'on risquerait fort, dans le progrès poursuivi, de devenir soi-même le but.

L'autre sphère de l'activité du ministère embrasse l'ensemble et s'occupe de «l'édification du corps de Christ» (verset 12). L'apôtre et l'évangéliste qui prêchent la réconciliation dans le monde, ont la joie d'amener des hommes au salut, mais en cela aussi ils amènent des matériaux pour l'édification du corps de Christ, conformément à l'intention du Seigneur. Il y a plus. S'il y a un agent qui travaille de la part du Seigneur à former le corps de Christ, ce corps a aussi sa vitalité intérieure et propre. D'abord la foi de «l'homme fait», comme on l'a vu, embrasse aussi la connaissance du Christ comme chef du corps ensuite, le corps, ajusté et lié ensemble par des jointures de fournissement, produit, par l'opération de chaque partie dans sa mesure (ses divers organes, sa force intérieure), l'accroissement de lui-même en amour.

 «En amour», lisons-nous. L'Assemblée est la sphère dans laquelle Dieu déploie les immenses richesses de son amour. Le Fils qui vint en serviteur nous révéler l'amour de Dieu, son Père, était lui-même cet amour, en nature, étendue, et puissance. Et c'est en cela qu'il pouvait accomplir un service qui répondait à toutes les intentions de l'amour de Dieu. L'Assemblée (loin de moi la pensée d'établir la moindre parité entre elle et le Seigneur; cela est du reste impossible, puisqu'elle a tout reçu et qu'elle n'est autre chose que la création de Dieu) ne peut pas être le vase qui reçoit cet amour sans le refléter. Mais elle est une création de Dieu, son ouvrage, un vaisseau approprié à la concentration de cet amour. Bientôt il sera connu que l'amour de Dieu est à demeure en elle. Cela déjà est commencé. Les saints devraient en avoir la conscience.

Une autre chose, en quoi la gloire de Dieu me parait briller dans l'Eglise, c'est l'unité. Nous lisons dans notre verset: «Tout le corps, bien ajusté et lié ensemble» (verset 16); et plus haut: «Jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi»; et déjà, au commencement du chapitre, nous avons l'expression essentielle de l'unité: «L'unité de l'Esprit». «Un seul corps et un seul Esprit». C'est pendant que l'Assemblée est en formation, qu'il est dit, soit de ses membres, soit d'elle: «Parvenir tous à l'unité de la foi», «l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même»; mais «l'unité de l'Esprit» appartient à l'Assemblée dès sa formation et pour toujours. Dans la gloire, elle sera toujours le corps de Christ: «chair de sa chair, et os de ses os», son Epouse. Le Christ se la présentera glorieuse, sainte et irréprochable. L'unité en elle, fera partie de sa beauté éternelle. Or, dans l'Ecriture, nous voyons avec quel soin Dieu révèle qu'il est un (Deutéronome 6: 4). Dans le Nouveau Testament, en particulier, la révélation du seul Dieu embrasse le Père, le Fils et le Saint Esprit. Il y a aussi un témoignage plus spécial à l'unité du Père et du Fils. Mais la part d'action qui appartient au Père, celle qui revient au Fils, les opérations du Saint Esprit, c'est l'accomplissement d'une seule pensée dans la déité, en amour et en grâce, comme dans ses autres oeuvres. En cela (mais nous nous sentons bien faible pour en parler), en cela paraît l'une des gloires de la déité. Toute l'oeuvre de Dieu dans la création, dans le soutien de toutes choses, dans le gouvernement du monde, dans l'oeuvre de la grâce et l'accomplissement de ses conseils éternels, toutes ces oeuvres si grandes et si diverses, dans lesquelles paraissent sa sagesse, sa puissance et son amour, c'est l'accomplissement d'une seule pensée au sein de la déité, mais cette gloire aura son reflet dans l'Assemblée, qui, dans sa condition native, subsiste dans l'unité.

L'Assemblée qui réunit tant de saints, verra toutes ces individualités se fondre dans un seul amour. La perfection qui est dans le Chef, se répandra dans les membres. On verra dans l'Assemblée ce que Dieu a pu faire, quel a été son ouvrage.

Un troisième reflet de la gloire de Dieu qui brille dans l'Assemblée, c'est la sainteté. Hélas! en nommant les beautés de l'Eglise, je ne puis éviter de penser avec tristesse combien elles ont été vite ternies dans les jours de la responsabilité. Si l'on ne savait que dans la perfection, quand elle sera venue, rien ne manquera à la beauté de l'Assemblée de Dieu, on n'oserait pas parler de son témoignage dans le monde, comme répondant à l'amour et à la sainteté de Dieu, et pas davantage de son unité. Mais il est permis à la foi de voir l'Eglise selon les pensées de Dieu: ce que Dieu a donné, est et sera. Comme fit Elie sur le Carmel, la foi sait voir le peuple de Dieu dans son intégrité, dans les jours même où tout est en déroute.

Quant à la sainteté, et pour revenir à l'épître aux Ephésiens, notons la condition individuelle des saints, telle qu'elle sera dans la gloire. Dieu les a élus en Christ, pour qu'ils soient «saints et irréprochables devant Lui en amour», et c'est de tels que l'Eglise est composée. Elle est «un édifice qui croît pour être un temple saint dans le Seigneur». Quand le moment sera venu, elle paraîtra dans la gloire du Seigneur comme son Epouse. Christ se la présentera glorieuse. Elle n'aura ni tache, ni ride, mais sera sainte et irréprochable. La gloire du Dieu incorruptible, sa grâce inaccessible au mal, sa sainteté immuable qui est la sûreté du bien, comme sa justice est la délivrance du mal, brilleront dans l'Eglise. Ah! c'est ici une terre sainte; Dieu est là: on ne peut s'approcher qu'en déchaussant sa sandale. Quel honneur pour l'Eglise! «Le temple de Dieu est saint, et vous êtes ce temple» (1 Corinthiens 3: 17). «La sainteté sied à ta maison» (Psaumes 93: 5). C'est bien en présence de cette gloire qu'on voit — et même le sens moral le découvre spontanément — que, pour occuper une telle place, il faut que l'Eglise appartienne à une création nouvelle, qui est en tout l'ouvrage de Dieu. Or l'ouvrage répondra à l'intention de Celui qui l'a entrepris.

Ayant devant soi de si grandes vérités, le sens de la conduite qui y répond, se réveille dans l'esprit; on se rappelle qu'il y a une responsabilité — que l'édifice est en ouvrage; qu'en attendant d'être un temple saint, les fidèles, déjà réunis, sont maintenant une habitation de Dieu par l'Esprit, où sa gloire attend le témoignage qui lui revient, dans l'amour, l'unité, la sainteté, et tout ce qui appartient à sa glorieuse communion. La main de l'homme y est entrée, c'est vrai; mais la vérité demeure. Puissions-nous y être rendus attentifs! La sainteté nous appartient maintenant en vertu de la vérité, de la foi, de la vie nouvelle et de l'habitation en nous du Saint Esprit.