Missions des apôtres dans les évangiles et les Actes

Darby J.N.

ME 1905 page 336

 

Les diverses missions et commissions du Seigneur à ses disciples, offrent un réel intérêt.

En Actes 1: 8, le témoignage des apôtres devait commencer à Jérusalem «Vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous; et vous serez mes témoins à Jérusalem, et dans toute la Judée, et dans la Samarie, et jusqu'au bout de la terre». Les Actes sont une continuation de Luc et non des autres évangiles. En Luc 24: 46, le Seigneur dit à ses disciples: «Il est ainsi écrit; et ainsi il fallait que le Christ souffrît, et qu'il ressuscitât d'entre les morts le troisième jour, et que la repentance et la rémission des péchés fussent prêchées en son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem».

Dans l'évangile de Matthieu, après que le Seigneur eût été tout du long avec les Juifs, nous trouvons, au chapitre 28, une rupture complète. Jésus donne rendez-vous à ses disciples en Galilée après sa résurrection. «Allez annoncer à mes frères qu'ils aillent en Galilée, et là ils me verront» (verset 10). Il passe entièrement sur ce qui s'est fait à Jérusalem. C'en est fini de cette ville. Désormais il a d'Israël ce qu'il veut en avoir, c'est-à-dire qu'il prend le résidu et l'envoie vers les nations: «Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, et faites disciples toutes les nations, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur enseignant à garder toutes les choses que je vous ai commandées» (versets 19, 20). Dans les Actes, nous avons une autre mission.

L'évangile de Marc nous présente quelque chose de beaucoup plus général. Nous y trouvons Christ serviteur, ou plutôt encore, prophète. Le cercle s'élargit: «Allez dans tout le monde, et prêchez l'Evangile à toute la création» (Marc 16: 15). Nous ne trouvons pas cela non plus dans les Actes.

L'évangile de Jean nous présente une tout autre chose, c'est-à-dire tout ce qui se passe depuis le départ de Jésus jusqu'à son retour. Au chapitre 20, Marie de Magdala représente le résidu. Le Seigneur lui confie un message; il veut que ses disciples comprennent qu'ils sont dans la même relation que Lui avec le Père (versets 17, 18). Quand ils sont rassemblés, Jésus leur donne d'abord la paix pour eux-mêmes (verset 19), puis la paix qui les rend capables d'aller comme envoyés vers d'autres: «Paix vous soit! Comme mon Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie» (verset 21). Il leur communique l'Esprit Saint comme puissance de vie (verset 22), et les envoie à sa place, et en témoignage à Lui, à sa personne.

Dans l'évangile de Luc, «il les mène dehors jusqu'à Béthanie» (24: 50), domicile de la famille qui avait le secret de sa mort et de sa résurrection, «et, levant ses mains en haut, il les bénit». Il leur donne une commission comme Fils de l'homme. Toutes les nations avaient besoin de la repentance et de la rémission des péchés, en commençant plus particulièrement par Jérusalem. Nous voyons ici que les Actes font suite à l'évangile de Luc.

On trouve une commission spéciale au chapitre 10 de l'évangile de Matthieu. Là il n'est fait aucune mention des gentils: «Ne vous en allez pas sur le chemin des nations, et n'entrez dans aucune ville de Samaritains; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël» (10: 5, 6). Mais il ajoute (verset 23): «Vous n'aurez pas achevé de parcourir les villes d'Israël, que le Fils de l'homme ne soit venu». Il le dit, tandis qu'il était là. L'histoire de cette mission que nous avons dans la Parole, nous montre en effet que tout a été interrompu et coupé court. Puis, comme nous l'avons dit, à la fin de l'évangile il ne s'agit plus de Jérusalem, mais des gentils. Dans l'évangile de Marc (6: 7-13), cette mission est très simple.

Je voudrais encore mettre en saillie le fait que la mission de Matthieu 28 ne parle ni de salut, ni de vie, ni de foi, ni de pardon, qu'elle ne présente, en un mot, rien de ce qui tient à la vie éternelle. Il s'agit seulement de garder ce que le Seigneur leur avait dit durant sa vie. Il y avait un système de doctrine dans lequel ils étaient introduits, savoir «le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit», et cela par le baptême. Ce système consistait à englober les nations dans la position où se trouvait le résidu, comme point de départ et comme centre. En Marc 16: 16, on trouve l'oeuvre individuelle et la position, c'est-à-dire la foi, et la confession de Jésus, par le baptême: «Celui qui aura cru, et qui aura été baptisé, sera sauvé; et celui qui n'aura pas cru, sera condamné».

Dans l'évangile de Matthieu (28), c'est l'oeuvre générale, universelle sur les masses: «Faites disciples toutes les nations». Pour me servir d'un exemple: en Israël tout homme devait se présenter trois fois par an au temple, sans qu'il fût question de conversion ou de non conversion. Quand le Seigneur reviendra, des nations en foule auront à faire avec Lui sans être converties, mais, dès que Satan sera délié, il les entraînera de nouveau. Dans le passage de Marc, cité plus haut, nous trouvons une autre face de l'Evangile du salut: c'est affaire de témoignage. En Matthieu 28, c'est plutôt affaire de gouvernement. Il ne s'agit pas de salut des âmes, comme en Marc; non plus, en Matthieu 10, car sans cela les gentils et les Samaritains auraient dû être visités par les disciples.

Matthieu 28 nous présente une sorte de continuation, par le baptême, du système de circoncision dans lequel le peuple juif avait été placé. Il y a une différence positive entre l'individualisme de Marc 16 et l'instruction de Matthieu 28: «Leur enseignant à garder toutes les choses que je vous ai commandées» (verset 20). Cette occasion est peut-être perdue; je ne dis donc pas que nous puissions accomplir aujourd'hui la mission de l'évangile de Matthieu; seulement on pense trop souvent à l'individualité, tandis qu'ici le Seigneur n'en parle pas. On pense à l'homme, et le Seigneur pense à Sa gloire. On fait du salut, ou de son propre salut, le but de tout. Le millénium sera introduit sans que les hommes soient nécessairement sauvés.

La mission confiée aux apôtres en Actes 1: 8, n'a pas été accomplie, comme la suite de ce livre le montre. Alors Dieu suscite l'apôtre Paul, un nouvel instrument pour répandre la vérité. On voit, au début des Actes, une puissance magnifique de Dieu, mais le vase est fêlé et n'est pas à la hauteur de cette puissance.