Lettres de Darby J.N.

 

Lettres de Darby J.N. 1

Lettre de J.N.D. no 339  - ME 1906 page 58. 1

Lettre de J.N.D. no 340  - ME 1906 page 77. 2

Lettre de J.N.D. no 341  - ME 1906 page 159. 4

Lettre de J.N.D. no 342  - ME 1906 page 197. 4

Lettre de J.N.D. no 343  - ME 1906 page 218. 6

Lettre de J.N.D. no 344  - ME 1906 page 318. 7

Lettre de J.N.D. no 345  - ME 1906 page 437. 9

Lettre de J.N.D. no 346  - ME 1906 page 458. 10

Lettre de J.N.D. no 347  - ME 1906 page 476. 11

 

Lettre de J.N.D. no 339  - ME 1906 page 58

à Mr C.

Londres 1869?

Bien cher frère,

… Après deux conférences au nord et au midi de l'Angleterre, Dieu, je n'en doute pas, m'a ramené ici. Nous avons eu à faire en deux cas à un assaut de l'ennemi, non pas en son caractère de lion, mais avec des apparences de sainteté. L'un, du dehors, homme actif et énergique, cherchant à entrer, l'autre, du dedans, se servant de notre position en Christ pour combattre la confession du mal quand il est là. Dans ces deux cas, Dieu a été bon et puissant, et nous sentons que nous sommes délivrés. Mais l'esprit de l'homme est, en ce moment, dans une effervescence dont, pour ma part, je n'ai jamais vu la pareille. Cependant, grâce à Dieu, les frères vont bien. Il y a, je le crois, du progrès pour le sérieux et l'union. Dans quelques endroits où il y avait eu beaucoup de bénédiction, on trouve quelque laisser-aller. Mais les choses anciennes s'écroulent. Il en est de même pour vous en France, mais, pour votre bonheur, vous êtes dans votre localité plus loin de la bagarre. A Paris, on a proposé sérieusement de scinder le nationalisme en deux, et la majorité des orthodoxes ont quitté la Société biblique. Par contre, on a refusé de renouveler les fonctions de Mr Coquerel, fils, et il va faire son église à lui. On est heureux de se trouver en dehors de tout cela. Sous d'autres formes, nous avons ici la même histoire.

Je me réjouis de tout mon coeur de la bénédiction que Dieu vous accorde. Cela fait du bien au coeur de l'apprendre, cela encourage et produit du fruit en actions de grâce à Dieu. Que Dieu garde ces jeunes âmes et continue aussi à vous bénir… Je sympathise avec vous, cher frère, au sujet de votre mère. Sans doute, jusqu'à ce que le ciel et Christ soient tout, ces pertes brisent les liens et nous font sentir que c'est le désert. Mais c'est bon, car c'est la vérité et nos âmes en ont besoin. Il faut que nous soyons sevrés. A quoi appartient le premier Adam? Il appartenait au Paradis terrestre. Tout cela est perdu. Les liens de la vie d'ici-bas restent les mêmes que Dieu a formés, et qu'il honore à leur place, mais la mort est entrée et le Saint Esprit est une puissance qui nous dégage de tout et nous lie à ce qui est invisible, à Christ dans le ciel et à l'amour du Père. Quelquefois cela se fait d'une manière puissante, oui, même violente au commencement, d'autres fois peu à peu; mais Dieu opère ce brisement dans les siens, car il leur a préparé une cité, leur a déjà fait part d'une bourgeoisie céleste; et il est bon, il nous élève pour le ciel et vers le ciel.

Que Dieu vous bénisse et vous encourage, cher frère, et vous garde, ainsi que tous les siens. Sans doute, nous avons nos peines; je le sais bien, mais nous avons un Seigneur toujours fidèle et plein d'amour pour nous bénir. Nous pouvons compter sur Lui. Puis le repos n'en sera que plus béni, plus rempli de la connaissance de ses joies à Lui, car il verra du fruit du travail de son âme et sera satisfait; et si nous avons, par grâce, une toute petite part ici-bas avec Lui dans ses peines, nous l'aurons dans sa joie, en haut, pour toujours. Le présent c'est la croix, et nous en savons très peu; notre avenir, c'est Lui-même et sa joie, et la gloire avec Lui.

Saluez cordialement les frères.

Votre bien affectionné.

Lettre de J.N.D. no 340  - ME 1906 page 77

à Mr C.

Toronto, 6 juillet 1870

Bien cher frère,

Votre lettre est allée en Amérique et de là retournée en Europe, en sorte que vous ne vous étonnerez pas de ne pas avoir reçu de réponse. Dieu a continué à bénir le travail au Canada. Beaucoup d'âmes ont été ajoutées, entre autres un bon nombre de nouveaux convertis; puis le témoignage a été affermi et consolidé; il est beaucoup plus conscient de lui-même. L'union et la foi ne manquent pas non plus, grâce à Dieu. Un nouvel Indien a été ajouté à la table du Seigneur, et le principal frère indien se dispose à évangéliser ses compatriotes. Des portes nouvelles se sont ouvertes au milieu de la population immigrante ou établie dans le pays depuis plus ou moins longtemps. Dans les Etats-Unis aussi, quelques portes me sont ouvertes. Je me sens un peu vieux pour commencer une oeuvre dans un nouveau monde. Un ministre baptiste, venu au milieu des frères, est retourné dans son pays, le Massachusetts, et par son moyen j'y ai fait la connaissance de plusieurs familles. Nous avons aussi rompu le pain un dimanche que j'étais à Boston, capitale de l'état. Pendant que j'y étais, sa mère, ancienne chrétienne du reste, a reçu la paix ainsi qu'une autre vieille dame. A Philadelphie aussi, j'ai fait de bonnes connaissances; j'y ai trouvé même de mes parents chrétiens. J'ai pu, là aussi, rompre le pain avec quelques émigrés irlandais que j'avais déjà encouragés de New York par lettres. J'ai aussi tenu une réunion en français, mais il faudrait, je le vois bien, beaucoup de patience et de foi. On veut l'activité, l'apparence; être d'une église, n'importe laquelle, est une affaire de convenance mondaine; mais pour la piété et pour l'autorité de la Parole, on les cherche presque en vain. Notre confiance est en Dieu, en ce qu'il donne, non pas en ce que nous trouvons chez les hommes. C'est là notre bonheur, compter sur Dieu. Paul dit aux Galates: «Je crains, quant à vous, que peut-être je n'aie travaillé en vain pour vous», et il dit dans le chapitre suivant: «J'ai confiance à votre égard, par le Seigneur». Quel bonheur de pouvoir le faire quant à l'oeuvre!

Celle-ci s'étend de tous côtés en Angleterre, mais la conséquence en est que les frères sont plutôt l'objet des attaques que du mépris. Le nombre a augmenté si rapidement que les anciens frères craignent quelquefois qu'on entre sans assez d'intelligence. Naturellement, comme chrétiens, on ne peut les repousser. L'Esprit de Dieu agit d'une manière remarquable, et l'Ennemi aussi de son côté. Le désir d'union pénètre partout et l'on a deux systèmes en présence: le premier qui cherche l'union sans aucun égard à la vérité ou à la mondanité, le second qui veut maintenir les fondements éternels de la vérité. Dieu se sert du premier système pour quelques âmes peu avancées, mais c'est le refuge de toutes les personnes infidèles à la vérité qu'elles ont reçue et qui sont fatiguées des systèmes extérieurs. Il est de toute importance de garder la largeur du coeur, qui nous fait aimer tous les saints, mais avec la conscience de l'unité de l'Eglise où l'Esprit et la vérité se trouvent, sans cela nous perdons pour nous-mêmes la force qu'ils nous donnent (l'Esprit et la vérité). Aussi est-il important de maintenir cette évangélisation que l'amour de Christ et des âmes produira toujours. Un troupeau où l'on trouve l'esprit d'évangélisation ira toujours bien, pourvu qu'avec cela il ait conscience de son existence comme troupeau du Seigneur.

En Suisse, il y a eu, je crois, déclin de vie et les maux qui l'accompagnent, mais j'ai confiance en Dieu qui y mettra sa bonne main. Au reste, j'ai trouvé les affections fraternelles vivantes chez ceux que j'ai vus, mais il y a défaut d'ouvriers dévoués et peu d'évangélisation.

En Allemagne, l'oeuvre s'étend beaucoup; en Hollande, où il y avait eu un certain nombre de conversions, elle est actuellement stationnaire. On m'a parlé de la rentrée dans le nationalisme de ceux de V. Cela ne peut guère manquer, quand on fait défaut à ses propres principes et qu'on pense que le relâchement est la charité. Ceux qui aiment garder leur position et ne consultent pas leur conscience, cherchent toujours à produire cela chez les autres. Il est quelquefois difficile d'éviter, dans ces cas, l'apparence d'un esprit sectaire, mais la fidélité à Christ est toujours le vrai chemin. Les divers systèmes n'ont jamais aucun scrupule à l'égard des frères. Que Dieu vous bénisse dans votre oeuvre; je pense bientôt me rendre à Pau pour une nouvelle édition du Nouveau Testament. La première, est épuisée…

Lettre de J.N.D. no 341  - ME 1906 page 159

à Mr C.

Vevey, fin octobre 1871

Bien aimé frère,

Je n'aurais guère pu visiter l'Ardèche avant l'école de Nîmes (*); mais voici que Dieu a trouvé bon de m'arrêter tout à fait pour le moment. Seulement, j'espère être assez remis pour commencer l'école. Quelles petites choses nous arrêtent quand Dieu s'en sert! Je me suis cassé une dent en venant ici; elle m'a blessé la langue; je ne puis parler que fort mal; je souffre passablement et ai de la peine à manger. D'ici à demain, je pense partir pour Cannes, puis me rendre à Marseille et Nîmes.

(*) Instruction donnée à de jeunes frères qui désirent se familiariser avec la parole de Dieu.

Quant à cette évangélisation qui attire la foule, Dieu se sert de tout, spécialement dans ces derniers temps. Au Canada, j'étais plus béni dans une petite chambre au second étage, que je ne l'ai été dans le grand mouvement du Revival. Mais ce frère, lord Cecil, est bien dévoué et a une grande énergie, et Dieu l'a beaucoup béni. Ma part n'est pas la même, mais il faut honorer Dieu dans tous les siens, selon leurs dons. J'aurais été heureux de vous voir et, si cela peut s'arranger plus tard, je vous enverrai un mot…

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 342  - ME 1906 page 197

à Mr C.

Milwaukee (Wisconsin), 11 juillet 1872

Bien cher frère,

En effet, c'est d'Amérique que je vous réponds. Quant à lord A. Cecil, notre pauvre frère est pris de nouveau de la gorge et a dû s'en retourner. Il est en ce moment incapable de rien faire. Peut-être en a-t-il trop fait dans la Lozère. Il y avait ici une partie du champ où, étant tombé malade, je n'avais pu travailler comme je l'aurais voulu et je tenais à la visiter. Cependant je n'y suis resté pour le moment que quelques jours. On m'annonçait une conférence à l'Ouest, où je n'avais jamais été, et je m'y suis rendu pour voir les frères. Le frère qui y a été actif est français de naissance. Son père avait épousé une fille de C., de Valence.

J'ai fait 2100 kilomètres pour les voir; je viens d'en faire 500 pour revenir jusqu'ici.

Nous avons eu une très bonne conférence, et je crois que bien des préjugés ont été dissipés dans le voisinage. Nous avons eu des frères de toutes les petites réunions de ces contrées, au nombre de dix ou douze. P. y était ainsi que deux frères anglais du Canada. Deux âmes ont trouvé la paix par mon moyen. Les frères étaient dans le meilleur esprit, et nous avons été très heureux ensemble. Ils vont bien et semblent bien fondés dans la vérité et dans la marche. L'opposition se trouve là comme de coutume.

Il ne faut pas vous tromper quant à l'Amérique. Beaucoup de religion, oui bien, beaucoup d'églises de toutes sortes, d'erreurs de toute espèce, d'activité et de libéralité, mais la piété, la profondeur, la spiritualité manquent. Dans les villes, beaucoup d'incrédulité. Personne n'a la paix. Toutefois la vérité se répand. Les personnes sérieuses sentent bien ce qui manque, et il ne manque pas de ceux qui cherchent comme remède la perfection dans la chair. On est d'une église; cela suffit. Avec cela, on va au théâtre et à tout le reste. On est respectable. Grande indifférence aussi quant à la saine doctrine. On en trouvait qui propageaient les vues des frères, même d'une manière exagérée, et appuyaient en même temps un relâchement terrible, quant à la vérité. Toutefois le chef de ce système vient de mourir.

En attendant, l'oeuvre fait des progrès et je crois que Dieu, dans sa grâce, commence à travailler dans beaucoup d'âmes. Au Canada, il y a eu de très nombreuses conversions et le nombre des frères a beaucoup augmenté. Dans les Etats-Unis, ce n'est pas la même chose. Cependant l'état de l'oeuvre est certainement encourageant et les réunions prospèrent. J'ai été réjoui de constater le progrès en arrivant à Boston, à New York et à Brooklyn. Les frères y sont heureux. A l'Est, les âmes sont ajoutées individuellement; à l'Ouest, elles ont reçu le Seigneur ou la paix plutôt par des prédicateurs. Quelques ministres ont des velléités de sortir. En auront-ils la foi? Je ne sais. La manière dont les vérités des frères ont été répandues par l'homme dont j'ai parlé, a fait un certain mal. On les recevait et l'on restait sans mouvement de conscience. Il y a une trentaine de réunions, en général petites, à l'Ouest, composées en majorité d'émigrés, mais pas en totalité. Dans le Canada, moins de réunions peut-être, mais plusieurs comptent plus de 200 communiants, de sorte que les frères sont peut-être deux fois plus nombreux qu'aux Etats-Unis. Dieu a aussi béni l'oeuvre dans la Nouvelle-Ecosse et l'île du Prince Edouard, où il y a de bonnes réunions. Les portes s'ouvrent, mais la faim et la soif du mouvement et le désir d'accaparer un grand nombre d'âmes rendent l'oeuvre plus difficile. Cependant l'on est encouragé.

Tel est un peu, cher frère, le tableau de l'oeuvre sur le continent américain.

Saluez le cher frère L., et dites-lui que je sympathise de coeur avec lui, mais Dieu ne se trompe jamais dans ses voies d'amour. Je suis heureux que quelques frères se rendent dans le midi. Le Gard en a besoin. On les avait bien délaissés, puis le commerce les avait envahis et la vie spirituelle avait bien baissé en bien des endroits, à part un ou deux. Ils ont l'air, grâce à Dieu, de vouloir se retremper un peu. Je ne sais si L. est l'instrument voulu de Dieu, mais j'espère que Dieu l'a conduit là. Non que j'en doute, mais quoique je l'aie vu, je ne le connais pas assez; mais je me réjouis fort de voir de nouveaux ouvriers se mettre à l'oeuvre pour le Seigneur. Que Dieu vous donne à tous de vous consacrer toujours davantage au Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne nous prendre à Lui. Alors le travail sera fini. Quel beau jour; quel bonheur de voir le Sauveur qui a tant souffert pour nous, de le voir face à face! Paix vous soit, bien aimé frère! Je me fais vieux, mais si Dieu me donne la force pour me rendre en Italie, il se pourrait bien que je vous voie encore…

Votre toujours affectionné.

Lettre de J.N.D. no 343  - ME 1906 page 218

à Mr C.

Etats-Unis (Achevée à Londres)

(Fin d'avril 1873)

Bien aimé frère,

… Je pars, Dieu voulant, d'aujourd'hui en huit pour l'Europe. Jamais je ne me suis senti aussi clairement conduit par la main du Seigneur que cette fois-ci. J'ai visité l'Ouest en particulier, mais jamais encore je n'ai eu d'aussi heureux jours aux Etats-Unis. Dieu y agit évidemment, quoique ce ne soit qu'un petit commencement, mais le vent souffle sur les âmes et il y a des besoins. La vérité s'est répandue plus ou moins clairement par ceux qui ne voulaient pas marcher fidèlement eux-mêmes et se posaient en adversaires. Les deux principaux d'entre eux sont morts cette année et leurs journaux ont cessé de paraître. Toutefois, malgré eux, ils avaient préparé bien des âmes à aller plus loin. En apparence, tout cela était un grand obstacle, parce qu'on recevait la vérité enseignée par les frères, sans se donner la peine de rompre avec le monde. En même temps, les écrits de notre frère Macintosh fournissaient des sermons aux ministres et de l'enseignement pour les écoles du dimanche. En attendant je travaillais, demandant à Dieu de réveiller les consciences. Un autre élément se mêlait à tout cela: l'état des églises ainsi nommées. C'est un état de dévergondage dont on ne se fait pas une idée en Europe, soit quant à la doctrine, soit quant à la moralité. Cela fatiguait les âmes pieuses. De plus, le moment voulu de Dieu était venu.

Jusqu'à présent nous avons bien eu des réunions où l'on rompait le pain, mais presque entièrement composées d'Européens établis dans le pays avec un petit nombre d'Américains de naissance. Cette fois-ci l'oeuvre a eu lieu au milieu des Américains proprement dits. Comme résultat, on cherche quelque chose de mieux, du moins les âmes sérieuses; on reconnaît qu'il y a des vérités dans la Parole dont on ne s'était pas enquis du tout, une marche chrétienne tout autre que celle qu'on suivait, et qui du reste n'en était pas une, car il y a relâchement général, et de tous côtés l'on cesse de se contenter de l'état de choses existant. Il y a de l'opposition — et il faut s'y attendre — mais Dieu agit. Quelques nouvelles réunions se sont formées et l'on voit qu'on peut marcher avec Dieu et qu'il y a des personnes qui entendent suivre la vérité qu'elles prêchent. Trois ministres dont deux sortis du presbytérianisme et l'un des baptistes, travaillent à l'oeuvre. Un quatrième a quitté le système épiscopal et a trouvé la paix. Je ne sais ce qu'il fera. L'un des presbytériens avait été missionnaire en Egypte et pense y retourner. Il connaît bien la langue arabe. Un autre encore, avec lequel nous avons été en rapport dans l'Iowa, voit très clairement qu'il n'y a pas d'autre chemin selon la Parole que le nôtre. Il est embarrassé par sa position.

Les portes sont aussi ouvertes dans le Liban. Je demande à Dieu d'accorder dans sa grâce sa bénédiction à ce petit commencement dans ces pays de ténèbres. On imprime déjà des traités en Syrie, et il y a des âmes soit dans ce pays, soit en Egypte, qui cherchent quelque chose de mieux que ce que l'on trouve dans les diverses sectes. Mais c'est une oeuvre délicate, car il ne faut pas nuire à celle qui s'y fait par le moyen des missionnaires qui se trouvent là.

Combien peu les voies de Dieu sont les nôtres! Si ma visite à l'Ouest des Etats-Unis ouvrait en grande partie le champ de la Syrie et de l'Egypte? mais Lui peut tout faire et la visite d'un Monsieur syrien en Amérique, coïncidant avec le désir de ce frère de s'occuper de nouveau de cette oeuvre, ne fait que rendre la chose plus remarquable.

Notre frère P., du midi de la France, a été béni en Amérique. Il y a eu, par son moyen, des conversions et deux nouvelles réunions formées et, par la grâce de Dieu, celles qui existent déjà, bien encouragées. Il est revenu avec nous dans la pensée de visiter la France, mais il reste encore en Angleterre pour un peu de temps, désirant se perfectionner dans la langue anglaise dont il a très souvent besoin là-bas… Cette phrase vous dit que j'achève à Londres ma lettre commencée en Amérique.

Sur le vaisseau qui nous a ramenés, j'ai pu avoir des réunions pour les matelots tous les soirs sauf un, et prêcher dimanche soir dans le salon, sur la demande de plusieurs passagers. Nous étions onze pour rompre le pain, des frères et soeurs qui se rendaient en Europe. Je pensais me rendre en Nouvelle-Zélande depuis les Etats-Unis, mais on a supprimé le service. Il est possible que j'y aille encore, mais à 73 ans, une année est une bonne partie de la vie qui reste. Enfin, c'est ce que Dieu veut que je désire faire…

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 344  - ME 1906 page 318

à Mr C.

Hereford, 29 septembre 1873

Bien aimé frère,

Je réponds volontiers à votre désir d'avoir quelques nouvelles de l'oeuvre, et en effet cela encourage les coeurs et lie ensemble les diverses parties de cette oeuvre. Si même les nouvelles sont mauvaises, cela donne lieu à la prière, et le coeur se trouve intéressé à l'oeuvre et à la gloire de Dieu sur la terre. Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui.

Grâce à Dieu, mes nouvelles ne seront pas mauvaises. Depuis que je vous ai écrit, un maître de pension a reçu la vérité, a donné sa démission et rompt le pain avec quelques autres. C'est, me dit-on, un homme de capacité et dévoué. Je ne le connais pas moi-même. Ensuite, un ministre presbytérien, qui a quitté ce corps quand j'étais aux Etats-Unis, est venu au milieu des frères et a commencé une petite réunion dans l'endroit où il demeure. Elle chemine bien. Ce frère se rend actuellement en Egypte, où il a déjà travaillé, connaissant la langue, et très attaché aux Coptes (comme on les appelle) ainsi qu'eux à lui. L'agent de la grande Compagnie des bateaux à vapeur à Alexandrie le connaît. Il y a déjà quelques Coptes disposés à marcher avec lui, en sorte que l'on peut espérer que, par la grâce et la bonne main de Dieu, il y aura une réunion égyptienne et un témoignage là-bas. Cette faveur de Dieu m'a été très sensible. Jusqu'à présent, il n'avait pas permis que nous eussions une mission dans les pays étrangers, car je ne compte guère comme telle l'oeuvre aux Antilles. Notre oeuvre a été essentiellement au sein de cette Babylone de la chrétienté.

Un frère, jeune homme très dévoué, est allé avec deux soeurs en Syrie, au moment où il avait appris la langue et où l'oeuvre s'ouvrait devant lui. Il a pris la fièvre du pays et en est mort; mais là aussi, à ce qu'il paraît, les portes s'ouvrent. Une soeur, femme d'un ministre national, avait été conduite là par son mari, qui voulait la tenir tout à fait éloignée des frères et à l'abri de leur influence, mais elle marche de coeur avec nous et a trouvé bien des âmes qui soupirent après quelque chose de mieux que les sectes. Un propriétaire du pays s'est aussi mis en relation avec les frères à Londres. On craint un peu chez lui la mondanité; la suite le montrera, mais notre frère Pinkerton pense aussi les visiter. Ce sont des Druses. Un autre ministre presbytérien qui s'était rendu en Egypte pour être missionnaire, déjà imbu des principes des frères, mais pas encore décidé, a donné sa démission et est retourné aux Etats-Unis. C'est un charmant frère, mais cela fait grande rumeur. On s'en émeut là-bas; il faut donc s'attendre à plus d'opposition, ou du moins à une opposition plus déclarée, car on ne voulait rien de nous.

Mais il y a des besoins aux Etats-Unis. Les deux rédacteurs de journaux qui avaient reçu beaucoup de lumière par les frères (je crois vous l'avoir dit), sont morts, et leurs journaux ont cessé de paraître. Que Dieu nous donne la grâce de combler le vide et de faire face aux besoins, car c'est un vaste pays. En tout cas, les portes y sont ouvertes. Si Dieu me conserve les forces, j'espère y retourner. A 73 ans, l'on ne peut guère en répondre, même humainement parlant.

Notre frère Pinkerton part, Dieu voulant, cette semaine pour l'Egypte. Je recommande particulièrement cette oeuvre à vos prières. Elle exige beaucoup de sagesse et de fermeté pour ne pas se trouver en lutte avec les missionnaires qui s'y trouvent, ce qui serait très fâcheux. Ils craignent beaucoup l'arrivée de ce frère, car les Coptes ont une grande affection pour lui. Quand il y était précédemment, il était plus dévoué et s'était jeté davantage au milieu du peuple avec abandon de coeur. Il s'y rend dans les meilleures dispositions, ferme dans ses principes et désireux de marcher en charité et de ne pas entraver l'oeuvre des autres; mais eux se mettent presque toujours en travers.

En Angleterre, l'incrédulité et le papisme envahissent le pays, mais l'Esprit de Dieu agit, et plus que jamais les portes sont ouvertes. Je demande de coeur à Dieu, cher frère, de vous bénir ainsi que les vôtres et l'oeuvre autour de vous…

Lettre de J.N.D. no 345  - ME 1906 page 437

à Mr C.

Chicago, 28 juin 1876

Bien cher frère,

Je ne saurais me rappeler si j'ai reçu de vous une lettre à laquelle je n'aurais pas répondu. Il faut deux ou trois mois pour arriver de Nouvelle-Zélande, de sorte qu'on ne se hâte pas toujours de répondre et qu'ensuite la chose échappe. Par la bonté de Dieu, je suis arrivé ici sain et sauf, après un trajet de mer de 31 jours depuis l'Australie, et ensuite cinq jours et cinq nuits de chemin de fer, sans quitter le wagon, sauf de temps en temps pour manger. Le trajet est de 4000 kilomètres par terre, la moitié à travers un désert. On couche dans les wagons. Je me sens rapproché de l'Europe, bien qu'il y ait encore 6400 kilomètres ou davantage qui m'en séparent, soit par terre, soit par mer. Mais les frères en France me préoccupent, et en particulier les affaires de V. Je me rappelle vous avoir dit dans le temps que je craignais, où que ce fût, l'intervention des frères qui ne sont pas de la localité pour arranger les difficultés. Je reconnais l'unité du corps, je reconnais que les frères sont libres de chercher des conseils là où ils pensent pouvoir en trouver, mais, il n'en est pas moins vrai qu'une tentative d'arrangement empêche souvent les frères eux-mêmes de se placer directement en présence de Dieu et de chercher le remède dans sa grâce. Je crains qu'il n'en ait été ainsi à V., et que, par l'intervention de deux ou trois, deux partis ne se soient formés, à la place d'une humiliation générale de l'assemblée. Tout cela est bien triste. L'état des âmes est en réalité la chose en question, et jusqu'à ce que tous soient humiliés, la paix ne se fera pas.

Maintenant, en arrivant sur ce continent, j'apprends que la même scission se produit à O. Cela fait saigner le coeur. Ne serait-il pas possible que tous s'humiliassent? Ce qui est arrivé à O., n'amènera-t-il pas les âmes à se recueillir, leur faisant sentir le mal actuel et le danger qui est patent, savoir que le mal s'étende et mette partout le feu et l'esprit de parti? Assurément, ce qui est déjà arrivé est suffisant, et que deviendra le témoignage si l'esprit de parti se propage et si l'Esprit de Dieu est ainsi contristé? X., a son opinion, G., la sienne; l'une ou l'autre peut être juste; je ne prétends pas en juger dans ce moment; mais, quoiqu'il en soit, ce n'est pas l'état des âmes, seule chose importante. L'humiliation au sujet de l'état des choses, voilà ce qui montrerait la grâce. On n'est pas devant Dieu, quand même on aurait une opinion juste, et tant qu'on n'y est pas, il n'y a pas de paix. Pour ma part, je ne puis que prier pour tous. Il y a une main qui se met en mouvement quand on s'adresse à Lui, et c'est la seule chose qui me console.

Bien que j'aie le sentiment de ne pas avoir achevé l'oeuvre que j'avais devant moi, le Seigneur a été avec moi. Il y a du bien en Nouvelle-Zélande et l'oeuvre se consolide. Ils étaient presque partout ce qu'on appelle des neutres, mais les yeux du frère qui les avait conduits là ont été ouverts; la vraie position du témoignage a été reconnue, sauf en un ou deux endroits dont je n'ai pas eu le temps de m'occuper. En attendant, plusieurs nouvelles réunions se sont formées et marchent heureusement. Il y a des conversions, mais, en général, c'est un état de transition. Je ne suis resté que peu de temps en Australie. A Sydney, tous les frères «neutres» sont rentrés, sauf celui qui les avait fourvoyés. En général, ils marchent bien, et en somme il y a bien des sujets de joie et d'actions de grâces. J'espère, du fond du coeur, qu'il y en aura aussi en France. Ici, à Chicago, les frères sont heureux et marchent bien; ils pourraient montrer plus d'activité envers ceux du dehors. Je pense passer quelques jours au Canada, puis, si Dieu le permet, visiter Boston et New York. Là, Dieu a beaucoup béni sa Parole. Les réunions ont augmenté et s'augmentent; de nouvelles se forment dans les contrées environnantes. Il y a aux Etats-Unis beaucoup plus de recherche de la Parole que précédemment, et les frères, tout en étant mis à l'index comme ailleurs, ont la réputation d'être plus instruits dans la Parole que les autres chrétiens. J'ai chaque soir des réunions nombreuses. Les combats, les difficultés, les chagrins et les joies de l'oeuvre se trouvent ici comme ailleurs. Il faut combattre le bon combat de la foi, il faut que la patience ait son oeuvre parfaite.

Saluez affectueusement les frères. Que Dieu leur rende la paix et unisse les coeurs.

Votre affectionné frère en Christ.

Lettre de J.N.D. no 346  - ME 1906 page 458

à Mr C.

Ottawa, 4 juin 1877

Bien cher frère,

Je viens de recevoir votre lettre. Dans les Etats-Unis, ce système (les Adventistes) est bien connu. A la petite conférence locale qui s'est tenue ici, un frère connaissait individuellement l'homme dont vous parlez. Les Adventistes sont nombreux, mais déchus. Ils avaient annoncé à jour fixe la venue du Seigneur pour 1844 et ont été confus. La plupart sont tout à fait éloignés de toutes les vérités chrétiennes. Une partie, plus orthodoxe, s'est séparée d'eux dans les grandes villes mais ils vont ensemble dans les petites localités. Tous ont les plus funestes erreurs. D'après eux, on ne va pas du tout au ciel; on sommeille jusqu'à ce que Christ vienne, puis il établit son règne en résurrection sur la terre, et alors seulement on a la vie éternelle, qu'on ne possède pas du tout maintenant et dont on n'a que la promesse. Telle est la doctrine de ceux qui se sont le moins écartés de la vérité. Les autres nient l'immortalité de l'âme, et un bon nombre presque toutes les vérités chrétiennes. Une petite section insiste maintenant sur l'observation du sabbat le septième jour de la semaine, mais je ne crois pas qu'ils soient nombreux. Il paraît que M. B., qui est en France, est du nombre; il nie aussi l'immortalité de l'âme. La section à laquelle il appartient a ajouté à ses hérésies et erreurs le baptême et le septième jour comme obligatoires. La masse des Adventistes appartient aux pires hérétiques du pays. Ils nient au fond tout ce qui est important dans le christianisme et sont réellement incrédules. Je les ai rencontrés plus d'une fois. Je ne sais jusqu'à quel point M. B. est allé, mais en tout cas il nie l'immortalité de l'âme, le ciel pour nous et que nous ayons la vie éternelle. J'espère que les frères les éviteront.

Les voies de Dieu sont remarquables dans ces circonstances. Peut-être a-t-il réveillé les frères par tout ce qui est arrivé, pour qu'ils soient à même de faire face à cette nouvelle attaque de l'ennemi. Il faut que je m'arrête.

Votre affectionné en Jésus.

Lettre de J.N.D. no 347  - ME 1906 page 476

à Mr C.

Ventnor, décembre 1880

Bien-aimé frère,

Je sais, par la bonté de Dieu, beaucoup mieux; en effet je ne savais pas si je n'étais pas sur le point de mourir, et je ne dois pas oublier que je suis dans ma 81e année. Je vais, quoique moins fréquemment, aux réunions, et j'y prends part; je poursuis mes travaux de cabinet comme de coutume. Il s'est fait un changement en moi à la suite de cette proximité de la mort, non pas en doctrine, ni dans mes vues. De tout cela, rien n'est changé; tout est confirmé. C'est une douce pensée que tout ce que j'ai enseigné a été de Dieu, mais j'ai bien plus intimement la conscience d'appartenir à l'autre monde. Je l'avais sans doute déjà par la foi, mais j'ai plus le sentiment d'en être. Je ne sais quand Il me prendra et jusqu'à ce moment je fais, comme toujours, ce que mes forces me permettent. Veiller et prier est nécessaire, comme par le passé, mais c'est davantage ce que le bien-aimé Sauveur a dit: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde», et d'où était-il? A cet égard, le changement est sensible et j'attends.

Quant aux frères, en somme, ils vont bien. Les troubles qui ont eu lieu à Londres ont beaucoup réveillé les consciences, et tous les frères qui les visitent trouvent un progrès sensible.

Ce dont vous parlez est déjà d'ancienne date. Il y avait dans le cas du Dr C. un effort de l'ennemi pour renverser les frères, et les débats, à cette occasion, ont été orageux… Il y a plus de deux ans de cette affaire. J'étais à Pau. Il y eut un parti alors dont il reste des débris qui cherchent à troubler… Mais jamais, et il y a bien des années que je crois à sa bonté, je n'ai vu autant la fidélité de Dieu et la manière dont il répond au cri de la foi. J'ai senti que je devais tout Lui laisser, et dans plus d'un cas, quand on croyait que tout allait mal, tout est allé pour le mieux. Les moins réfléchis en ont été frappés. On n'est pas encore entièrement hors des difficultés, mais à côté de cela, l'oeuvre continue, et ceux qui cherchent à marcher de droit pied sont plus unis que jamais. On imprime la traduction française de l'Ancien Testament. Je ne sais combien de temps cela durera. Il faut être exact en corrigeant les épreuves, mais on a tellement examiné et revu le texte que cela ne tardera plus très longtemps.

Tenez-vous en toute chose près du Seigneur, et qu'il se tienne près de nous.

Votre affectionné en Christ.