Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 153 – ME 1906 page 95 : Hébreux 9: 27, 28. 1

Méditation de J.N.D. no 154 – ME 1906 page 114 : Romains 8: 27-39. 3

Méditation de J.N.D. no 155 – ME 1906 page 214 : Hébreux 6. 4

Méditation de J.N.D. no 156 – ME 1906 page 296 : Actes des Apôtres 7. 6

Méditation de J.N.D. no 157 – ME 1906 page 453 : Jean 13: 1. 8

 

Méditation de J.N.D. no 153 – ME 1906 page 95 : Hébreux 9: 27, 28

Dieu est la bonté même; il veut nous convaincre de ce qu'il a fait pour le rachat de nos âmes. Cette épître nous montre la parfaite purification de nos péchés par le sang de Christ, nos consciences purifiées des oeuvres mortes pour servir le Dieu vivant. On ne peut se trouver devant Dieu qu'avec une conscience purifiée.

Les versets 27 et 28 nous présentent deux cas: celui de l'homme naturel ayant devant soi la mort et le jugement; celui du chrétien pour lequel Christ est mort une seule fois. L'homme du monde doit mourir; pour le chrétien, Christ est mort. Pour le mondain, le jugement après la mort; pour le chrétien, Christ apparaissant sans péché à salut, à ceux qui l'attendent.

A sa première venue, Christ est apparu pour le péché, pour s'en occuper, pour être fait péché; quand il reviendra, ce sera à part de toute question de péché. Si Jésus, à son retour, n'a plus rien à faire avec le péché, il nous faut nous-mêmes être hors de toute question de péché pour pouvoir être avec Lui. Il ne recevra que ceux qui sont absolument sans péché et ne s'occupera pas du péché à ce moment-là, car il viendra chercher ceux qui sont sans péché. Vous voyez que la question du péché doit être absolument vidée ici-bas.

Le verset 27 est pour le monde d'une brièveté effrayante. Dans la Genèse, on voit les hommes vivre un certain nombre d'années, engendrer des fils et des filles, puis mourir (Genèse 5). C'est l'histoire de tous les hommes; ils passent comme des feuilles d'automne. L'homme le plus riche ne peut pas se racheter de la mort; l'homme le plus sage meurt comme tous les autres. La mort est la preuve, de l'impuissance totale de l'homme à se sortir d'où il est; elle est la conséquence du péché. L'homme peut réussir dans tous ses desseins, mais il lui faut mourir. Tout ce qu'il peut dire ou faire ne peut l'y soustraire. C'est une bonté de Dieu qu'il y ait ici-bas une évidence que, sans distinction, la main de Dieu est sur tous les hommes et que son jugement est à la porte! La mort est l'huissier qui vient d'avance annoncer à la conscience que le tribunal va entrer en séance. Elle est une preuve de la culpabilité de tous les hommes. La racine du péché, est en Adam, le fruit en chacun de nous, la mort, la part de tous, le jugement sur tous. La mort est déjà la preuve de l'iniquité de tous. «N'entre pas en jugement avec ton serviteur», est-il dit au Psaume 143, «car devant toi, nul homme vivant ne sera justifié». S'il entre en jugement, Dieu ne peut faire autre chose que condamner. Il est ordonné aux hommes de mourir une fois, parce que tous ont péché. En dehors de Christ, vous ne pouvez vous soustraire à la condamnation. Si vous pouviez vous soustraire à la mort, vous le pourriez aussi à la condamnation éternelle. Mais la mort s'emparera des hommes, malgré leurs moqueries et leur inimitié contre Dieu. Quelle folie chez les pauvres mondains! Ils s'étourdissent quelques jours, puis ils tombent sous le jugement! A moins que vous ne trouviez en Christ un remède parfait, la condamnation vous attend. Dieu peut-il se démentir? Viendra-t-il vous dire qu'il n'est pas vrai que le jugement suive la mort? que cette conséquence n'aura pas lieu? Dieu ne peut pas même dire que la mort n'atteindra pas ceux qui sont sauvés; ils ont péché comme les autres, et Dieu ne peut faire des exceptions quant aux conséquences du péché. Mais son amour a inventé quelque chose qui, tout en reconnaissant ces conséquences, ôte le péché. «Sans effusion de sang il n'y a point de rémission». Où trouverez-vous du sang pour effacer vos péchés? Sera-ce le sang des taureaux et des boucs? Pour trouver quelqu'un qui veuille bien donner son sang, il faut un homme. Les anges ne pouvaient se présenter comme hommes et comme victimes. Dieu, le Fils, a voulu se faire homme. Celui qui ne nous devait rien, Celui que nous avons privé de tous ses droits, Celui que nous avons abreuvé de moqueries, a voulu s'occuper de nous; il est devenu homme, afin de pouvoir mourir, s'offrir en sacrifice pour nous, faire cette effusion de sang, sans laquelle il n'y a point de rémission.

Il n'est pas besoin de plusieurs morts pour manifester qu'il y a des pécheurs. Jésus est mort pour porter les conséquences du péché. Cela s'est fait une seule fois; c'est le signe que le jugement de Dieu qui prend connaissance de tout, s'est exécuté. Si la mort de l'homme est le sceau de son péché et sa conséquence, la mort de Christ est la conséquence des péchés qu'il a portés. Le jugement de Dieu a rencontré en Christ le péché de l'homme, et il en a fini avec le péché. Dieu n'a pas traité à demi la question du péché; Jésus a paru une seule fois pour son abolition. Quelle confiance, quelle consolation cela nous donne! Dieu a exécuté le jugement contre le péché et toute la question a été réglée et terminée. Il n'y a pas deux morts de Christ. Vos âmes se reposent-elles sur ce fait que, dans la mort de Jésus, Dieu s'est occupé une seule fois du péché en grâce? Si votre péché n'est pas aboli, il faudra que Dieu s'en occupe, et ce sera votre condamnation. Craignez-vous de voir tous vos péchés sous les yeux de Dieu? Ils y ont été quand, sur la croix, Dieu les a abolis, et maintenant Christ reviendra, non pour nous juger, mais pour nous recevoir auprès de Lui, et nous présenter à lui-même. Il n'y a aucune crainte à attendre Celui qui est allé nous préparer une place et qui viendra nous recevoir.

Jésus savait très bien ce qu'il fallait pour nous introduire dans le ciel. Il sait très bien ce qu'il a fait. Si vous cherchez à vous excuser du péché, la lumière de Dieu, dès qu'elle sera manifestée, fera tomber tous les voiles trompeurs qui vous cachent à vos propres yeux. Dieu n'excuse pas le péché, il l'expie, l'abolit, et donne la paix à l'âme. Croyez-vous que Dieu ait eu raison de donner son Fils? Si Dieu a eu raison, si la mort de Christ a été nécessaire et que vous ne soyez pas réconciliés par Lui avec Dieu, vous êtes dans la plus triste situation possible. Le salut n'est pas une chose que Dieu vous aide à faire; il ne vous aide pas à faire mourir Jésus. C'est une chose que Dieu a faite par lui-même. Nous n'avons qu'une part à la mort de Christ: notre iniquité et notre incrédulité.

La connaissance de l'oeuvre de Christ nous donne une paix parfaite, une conscience purifiée dès ici-bas. Vos consciences sont-elles purifiées? Pouvez-vous dire: Je n'ai pas une tache sur moi devant Dieu, parce que Christ a ôté mon péché? Si le sang de Christ n'a pas fait cela, il n'a rien fait. Cette oeuvre de Christ, suffit-elle pour abolir le péché? Dieu l'affirme. Telle est la part de ceux qui croient en Jésus. Dieu les a tant aimés qu'il n'a pas épargné son Fils et qu'il leur donnera toutes choses avec Lui. Je vous conjure, par la miséricorde de Dieu qui a donné Jésus, de penser à cet amour!

Méditation de J.N.D. no 154 – ME 1906 page 114 : Romains 8: 27-39

L'apôtre vient de parler des difficultés et des soupirs du chrétien quant aux circonstances; il a montré que le Saint Esprit n'était pas seulement un Esprit de joie, mais aussi de délivrance qui intercède pour les saints selon Dieu. L'intelligence peu développée des fidèles ne savait pas toujours que demander; au moins savaient-ils (verset 28) que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu.

L'apôtre considère ici l'oeuvre de Dieu en dehors de nous, ce qui est en Dieu, quand même l'intelligence spirituelle nous manque pour nous l'approprier. Il en vient aux pensées et aux actes de Dieu, après avoir parlé de l'homme intérieur. C'est une consolation de pouvoir se reposer sur cet amour de Dieu qui fait que toutes choses concourent à notre bien. Dieu veut nous faire porter l'image de son Fils en gloire (verset 29); il nous a prédestinés à être conformes à cette image. Il n'est donc plus question de l'oeuvre intérieure, mais de l'oeuvre de Dieu seul. C'est la grande vérité de la fin de ce chapitre: «Dieu est pour nous» (verset 31).

Bien des choses peuvent avoir l'apparence que Dieu n'est pas pour nous, c'est pourquoi l'apôtre développe cette pensée. Ce qui pourrait nous faire croire que Dieu n'est pas pour nous, ce sont les difficultés, les persécutions, etc. Il est impossible que l'âme renouvelée saisisse un salut dans lequel la conformité à Jésus ne soit pas comprise. Nous sommes prédestinés à porter son image. La mesure de la sanctification pratique se trouve dans ces mots: Je sais que lorsque Christ paraîtra, je lui serai semblable. «Celui qui a cette espérance en Lui se purifie comme Lui est pur». La mesure de notre sanctification, c'est Jésus dans la gloire. Nous trouvons en chemin l'inimitié des hommes, l'hostilité de Satan, mais si nous voulons savoir dans quelle mesure Dieu est pour nous, c'est qu'il a donné son propre Fils et ne l'a point épargné. C'est une grande aide pour la sanctification.

Ce qui empêche bien des chrétiens d'être fidèles, ce sont mille petites choses au sujet desquelles le coeur appréhende ce qui pourrait nous arriver, ce qui compromettrait notre avenir ou menacerait nos plans. Dieu a donné son Fils; comment ne nous donnera-t-il pas toutes choses avec lui? Il conclut de la grâce à la providence.

La difficulté est encore plus grande quant à la conscience. Dieu justifie: qui condamnera? On peut être estimés comme des brebis de tuerie, mais Christ est mort: qui nous séparera de l'amour du Christ? Quelles que soient les circonstances, Christ est entré dans toutes et son amour y a trouvé son chemin. Rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu, pas même la mort. Christ est mort, et c'est la plus profonde manifestation de son amour. La hauteur non plus, ne peut nous en séparer. Dieu n'est pas trop haut, Christ est en haut, plus haut que les anges, après avoir été fait un peu moindre qu'eux; et là aussi Christ est amour. Mort, vie, souffrances, difficultés, l'amour de Dieu en Jésus a passé par tout cela, et ce n'est pas un amour qui reste dans la divinité, mais un amour qui a été dans l'humanité et qui agit en elle. Toutes les circonstances sont des chemins pour l'amour de Christ; il pénètre partout où nous avons à passer. Nous avons la certitude que Dieu ne garde aucune chose pour Lui, après avoir donné son Fils. Nous sommes plus que vainqueurs! C'est un triomphe, parce que les difficultés manifestent que Dieu est pour nous et avec nous.

Ne craignez jamais les difficultés amenées par les circonstances: Dieu est pour nous, et quand il rassemblera ses précieux joyaux (Malachie 3: 17), nous verrons que nous ne nous trompions pas en suivant sa volonté. Que Dieu nous donne cette confiance entière en Lui. Il mérite toute notre confiance, Lui qui a donné son Fils pour nous.

Quand l'apôtre parle de nos faiblesses, il montre que nous trouvons en Dieu une provision de bonté, un fleuve de consolation, un amour qui nous prévient constamment. Cela nous remplit de certitude quant à la source de notre bonheur. On ne peut pas ébranler l'âme en cela. Rien ne peut nous séparer de son amour, et nous nous glorifions en Dieu par Jésus Christ notre Seigneur.

Méditation de J.N.D. no 155 – ME 1906 page 214 : Hébreux 6

L'apôtre se plaignait de ce que les Hébreux n'étaient plus capables de supporter la nourriture solide (5: 12); cependant il ne veut pas qu'ils reviennent sur les premiers éléments, sur «la parole du commencement du Christ», mais il désire qu'ils avancent vers «l'état d'hommes faits». Cette expression est relative à la doctrine de Christ et n'a aucun rapport avec la conduite et la sanctification. L'âme a besoin d'être nourrie pour traverser cette vie d'épreuves. Les éléments ont leur vérité, mais il faut plus.

Je dirai quelques mots d'un passage qui a souvent angoissé les âmes. Aux versets 4 à 6, il parle de ceux qui ont été sous l'influence de tout ce que Dieu peut leur donner, sans être convertis. C'est une terre qui a tout reçu, mais dont le fond n'est pas changé et qui ne produit que des ronces et des épines. La Parole a été goûtée; ils ont été rendus participants du Saint Esprit comme Esprit de puissance, sans toutefois avoir la vie dans l'âme. Tout a été vain, et il est impossible de les amener à la repentance. Les Juifs avaient crucifié le Seigneur, mais c'était dans l'ignorance. La repentance leur est prêchée, mais après avoir reconnu que Christ est le Sauveur et avoir connu sa gloire, s'ils le rejettent de nouveau, Dieu n'a pas un autre Christ à leur offrir.

On peut être étonné que Dieu donne de pareils avertissements à ceux qui sont gardés à toujours, et ce n'est pourtant qu'à eux seuls qu'ils profitent. Celui-là seul qui a la vie de Christ peut profiter des exhortations relatives à la ruine, suite d'une conduite charnelle, parce que seul il peut tenir la chair pour crucifiée. Dieu nous donne des avertissement pressants quant à notre faiblesse et nos dangers, et néanmoins il nous établit sur un fondement immuable et jure par lui-même de nous garder. Il est touchant de voir ces soins de détail que Dieu prend de nous dans un désert où il y a des serpents brûlants et toute sorte de dangers que Lui connaît. D'autre part, Dieu est avec nous et nous garde selon sa fidélité.

Le désir de l'apôtre, en voyant l'Esprit de Christ agir dans les chrétiens, c'est que chacun de nous montre jusqu'au bout la même diligence. Quand la chair agit, il n'y a pas la même sollicitude que chaque âme soit bénie. L'effet de cette diligence, c'est une pleine assurance d'espérance (verset 11). C'est plus que l'assurance du salut, c'est l'assurance de l'espérance des choses promises. Nous trouvons l'assurance de la foi (10: 22), et celle de l'intelligence (Colossiens 2: 2). L'assurance de la foi s'appuie sur la Parole et la révélation de Dieu; l'assurance de l'espérance saisit les choses que nous espérons. Il y a un lien entre les choses que Dieu a promises et nous. Dieu avait promis Canaan, pays découlant de lait et de miel, mais quand on avait dans ses mains la grappe d'Eshcol, c'était une assurance d'espérance, car on jouissait des arrhes du pays de la promesse. Il y a plus d'assurance à jouir des fruits d'une terre qu'à n'avoir entre les mains que les titres de possession. On jouit des fruits de la Canaan céleste en goûtant les arrhes du Saint Esprit. Il y a une assurance pratique beaucoup plus grande que la seule assurance de foi. C'est ainsi que, selon la parole de Pierre (2 Pierre 1: 10), nous avons à affermir notre vocation et notre élection, car il n'est pas possible de rendre la parole de Dieu plus ferme; on ne peut ajouter à la promesse de l'héritage que la jouissance de ses arrhes. Si nous ne jouissons pas du salut, c'est manque de soins, de vigilance. Si nous contristons le Saint Esprit, l'assurance nous manquera.

C'est une joie immense que d'avoir l'onction du Saint Esprit dans le coeur; la communion et la sainteté viennent de là.

On trouve encore, au verset 12, la patience qui hérite de ce qui a été promis. Il faut un renouvellement continuel du Saint Esprit pour que la patience ne manque pas. L'impatience est la marque d'un mauvais état d'âme. La patience est la première chose qui nous fait défaut. Si nous sommes remplis de l'assurance de l'espérance, la patience nous est facile. Avec la jouissance des choses célestes dans mon âme et la communion du Seigneur, les circonstances qui m'éprouvent ne sont qu'une occasion de patience. Il n'y a jamais plus de joie que dans la patience; Dieu est patient, parce qu'il est sûr de son but. «Abraham ayant eu patience obtint ce qui avait été promis» (verset 15). Quand Dieu parle de son peuple, il ne dit pas un mot de leurs fautes (Nombres 23: 21); il ne parle que de ce que sa grâce produit en eux. Abraham avait eu Ismaël quatorze ans avant que Dieu lui donnât Isaac, mais il n'en est pas fait mention ici. De même Jésus dit à ses disciples: «Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations» (Luc 22: 28), quoique ses disciples eussent souvent manqué de sympathie et qu'ils fussent misérables et très faibles. C'est ce qui arrive aussi aux chrétiens. Quand on vit près du Seigneur, l'œil est clairvoyant pour voir les manifestations de la grâce dans les enfants de Dieu. Au contraire, loin de Lui, on est prompt à trouver les fautes des chrétiens, les manifestations de la chair dans les autres.

Notre espérance est fondée sur la Parole et le serment de Dieu. Dieu nous parle selon notre coeur, comme à Abraham; il jure qu'il accomplira sa promesse, afin que nous ayons deux choses immuables qui nous donnent toute assurance devant Dieu.

Méditation de J.N.D. no 156 – ME 1906 page 296 : Actes des Apôtres 7

Ce chapitre a pour but principal de présenter aux coeurs et aux consciences des Juifs devant le sanhédrin cette terrible vérité, qu'ils résistaient toujours au Saint Esprit. Dieu ne nous juge et ne nous condamne pas à cause de tel ou tel péché, mais à cause de la résistance de nos coeurs au témoignage rendu par le Saint Esprit à des pécheurs déjà condamnés. Dieu a envoyé dans le monde un témoignage répondant à nos besoins et à nos circonstances. Il ne se borne pas à un message; il prend la peine de nous expliquer ce qu'il fait et exhorte et supplie les hommes d'être réconciliés avec Lui; mais les hommes résistent au Saint Esprit. Leurs coeurs ne veulent point de ce témoignage, et il n'est pas étonnant que cela les condamne. Rien de plus affreux que l'histoire de nos coeurs, quand Dieu en trace le tableau. Il suffit qu'il dise ce que l'homme a fait; il suffit qu'Etienne raconte aux Juifs leur histoire, pour qu'il y ait condamnation. Le cas de Joseph et celui de Moïse ressemblaient à celui de Jésus; comme Lui, ils ont été rejetés. Tel est le but du discours d'Etienne.

Dieu fait attendre l'homme longtemps et exerce sa foi avant d'accorder la délivrance, afin que Lui seul soit glorifié en délivrant, quand toute ressource charnelle est perdue. Il faut que la chair soit anéantie, pour que le fleuve de la bénédiction puisse couler librement. Il faut que l'homme soit annulé et que Dieu soit exalté. Tant que l'homme est quelque chose, il n'y a pas de bénédiction. Abraham, héritier de la promesse, ne possède qu'un sépulcre, tout en marchant au milieu de toutes les choses que Dieu lui a promises.

Au temps de Jacob, la famine survient en Canaan et les pères du peuple se rendent en Egypte; Dieu attendait encore que l'iniquité des Amorrhéens fût arrivée à son comble. Il retarde la promesse jusqu'à la manifestation éclatante de l'iniquité de l'homme; il ne manifeste pas son jugement contre l'iniquité, avant que celle-ci ne soit complète. En attendant, le peuple de Dieu est dans la souffrance et sous l'esclavage en Egypte, mais la foi compte sur les promesses. Jacob et Joseph ont leur tombeau en Canaan, parce que leur foi comptait posséder le pays promis.

Au temps où la promesse va s'accomplir, le peuple est beaucoup plus maltraité en Egypte qu'auparavant; le Pharaon d'alors ne connaissait pas Joseph; cette oppression est comme le signal et l'avant-coureur de la délivrance, car à mesure qu'elle approche, Satan rend plus lourdes les chaînes de la servitude. Le peuple est en apparence abandonné à son sort, anéanti, Dieu voulant des coeurs complètement brisés, qui aient perdu toute confiance en leurs propres forces. Dès qu'il en est autrement, ces coeurs méchants veulent tout autre chose que Dieu et retournent en Egypte, comme cela arriva pendant le voyage du désert.

Donc, Dieu fait attendre son peuple, avant de lui donner la bénédiction; il brise en lui toute confiance charnelle et le dispose ainsi à être satisfait de voir Dieu intervenir.

Moïse à la cour du Pharaon pouvait paraître, aux yeux des hommes, un excellent instrument de délivrance, car il était puissant en parole et en action et instruit dans toute la science des Egyptiens. Mais l'instrument suscité pour la délivrance d'Israël doit être anéanti lui-même. Moïse veut agir; il s'identifie avec l'Israélite affligé et tue l'Egyptien. C'était une manifestation de puissance selon sa pensée à lui; aussi il échoue. Il s'enfuit; toute son espérance, toute influence à la cour du Pharaon sont détruites; la condition d'Israël en est encore aggravée; il passe, quarante ans au désert, et ce grand libérateur du peuple garde les brebis.

Lorsque l'affliction du peuple est à son comble, et que Moïse est plongé dans l'oubli, Dieu intervient. Il a très bien vu l'affliction de son peuple, et lui envoie qui? Moïse. Ce dernier, anéanti et n'ayant autre chose pour se diriger que la volonté de Dieu, dit: «Je ne sais pas parler». Il était courageux quand il s'appuyait sur lui-même, mais le courage lui fait entièrement défaut quand Dieu l'envoie. Que de peine nous donnons à Dieu, quand il s'agit de réduire à néant notre fausse confiance en notre force naturelle!

Dieu ôte toute espérance à Israël; alors il dit: Je suis descendu pour les délivrer». Individuellement nous faisons la même expérience et nous avons de la peine à croire que, «quand nous sommes faibles, alors nous sommes forts». La confiance en nous-mêmes reste toujours la mauvaise tendance de nos coeurs; elle repousse à chaque instant comme une mauvaise herbe. Dieu ne peut pas nous bénir tant que nous avons confiance en nous-mêmes ou dans un autre homme; comment bénirait-il l'orgueil du coeur? Il faut que nous soyons dépouillés de nous-mêmes. Moïse n'a pu que se faire chasser d'Egypte, quand il était puissant en parole ou en action. Pierre confiant en son affection pour le Seigneur et en ses bons désirs, a renié Jésus. Tout ce qui rapproche nos âmes de Dieu est une bénédiction; même la connaissance n'est pas nécessairement une bénédiction, à moins que Dieu ne vienne prendre dans le coeur la place de toute confiance charnelle. Une connaissance qui ajoute aux acquisitions de l'homme ne peut que nous éloigner davantage de Dieu. Quand elle est du domaine de la foi et substitue Dieu à nous-mêmes, c'est une chose excellente.

Le plus insignifiant des hommes désire être quelque chose; on n'a pas l'idée du fonds d'orgueil qui se trouve en lui. Le monde peut l'oublier, mais lui ne s'oublie pas, jusqu'à ce que Dieu vienne remplacer son moi dans son coeur, et c'est la mesure du véritable progrès chrétien. Notre bonheur croit en proportion de la place que nous donnons à Dieu; mais il faut souvent beaucoup d'épreuves pour que nous apprenions cette chose si difficile: «nous oublier nous-mêmes».

Il faut beaucoup de temps pour anéantir l'homme. Notre famille s'oppose à nous, nous critique, fait ressortir notre manque de fidélité, dont elle est un excellent juge. Cela nous est bon; nous apprenons ainsi ce qui est au dedans de nous, et quand nous avons fait, de cette manière, l'expérience de la folie de notre confiance en nous-mêmes, nous sommes rendus capables, comme Pierre, de «fortifier nos frères».

Ne vous découragez pas, quand Dieu vous dépouille et qu'il semble vous abandonner; la véritable bénédiction pour vous, c'est que Dieu soit tout et que vous ne soyez rien. Dieu est fidèle pour détruire votre orgueil. Accueillez avec actions de grâces ce qu'il fait pour vous anéantir car il le fait, selon sa puissance, pour vous bénir.

Méditation de J.N.D. no 157 – ME 1906 page 453 : Jean 13: 1

Il est évident que Jésus s'adresse ici particulièrement à ses disciples, mais ce que ce verset nous présente attirera à Lui toute âme dans laquelle le Saint Esprit agit. La seule chose qui attire le pécheur et lui inspire confiance, c'est ce qui est en Jésus, comme nous le trouvons dans ce verset.

Je désirerais vous parler de la constance et de la fidélité de son amour. Rien ne l'a ralenti, ni affaibli. Si nous pensons à ce qu'étaient les trois classes de personnes qui entouraient le Sauveur: ses disciples, ses adversaires et les indifférents, nous trouvons en eux tout ce qui pouvait l'arrêter dans ses desseins d'amour.

Les adversaires sont plus particulièrement les enfants du diable. Ayant vu que le Seigneur Jésus venait revendiquer le royaume afin de régner sur toutes choses, ils disent: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous». On trouve en effet des personnes qui, au fond du coeur, ont la certitude que Jésus est le Christ, et qui ne veulent pas de Lui. Les adversaires peuvent s'emparer des indifférents et les entraîner.

Tout ce qu'il trouvait dans le monde était propre à détourner Jésus de son oeuvre, mais rien ne blesse plus l'amour que l'indifférence. Par nature, nous aimons le péché et nous nous servons de tout ce que Dieu nous a donné, pour satisfaire nos convoitises. Devant cet état dégoûtant du monde, Jésus dit: «Jusques à quand vous supporterai-je?» Nous pensons comme Lui, quand nous sommes dans la lumière de Dieu. Mais Jésus a vu toute cette corruption de l'homme, et c'est ce qui l'a poussé à venir en grâce ici-bas. Dieu a vu tout cela; sa compassion en a pris connaissance. Que rencontre-t-elle? L'indifférence du coeur. Le coeur de l'homme voit en Jésus quelque chose de méprisable; il ne veut ni reconnaître son propre état, ni être redevable à Dieu d'en sortir. Rien ne rebute plus l'amour que l'indifférence.

Jésus a rencontré aussi la haine. Tous ceux qui tenaient à ce que Dieu fût absent, pour pouvoir satisfaire leur propre volonté, haïssaient Jésus. Orgueil, conscience, volonté, tout repoussait Dieu. «Ils m'ont vu, et ont haï et moi et mon Père». Il n'y avait rien dans la souillure, dans l'indifférence et dans la haine, qui pût attirer l'amour de Jésus. Il y avait de quoi pousser l'amour au désespoir, de se voir trahi par Judas. Si un seul homme devait nous trahir, nous serions trop occupés de nous-mêmes pour penser à ceux qui ne nous trahiraient pas. Au commencement de sa carrière, Jésus prononce des béatitudes, à la fin, il dit: «Malheur à vous». L'iniquité a abondé, mais alors Jésus fait voir tout son amour et ses disciples même l'abandonnent. N'y a-t-il pas de quoi réduire l'amour au désespoir? Même ceux qui l'aimaient étaient si égoïstes et si liés par la crainte de l'homme, qu'il était impossible de s'appuyer sur leurs coeurs. Pierre, qui l'aimait, devait le renier. Cela prouve que le coeur de l'homme est tel que, lors même qu'il aime Jésus, ce coeur ne vaut rien. Jésus a dû aimer en présence d'une haine qui ne se ralentissait jamais; il a dû nous aimer, couverts de souillures, indifférents, ayant en haine la lumière, nous qui, mille fois, l'avons renié. Celui qui se connaît le mieux, peut le mieux savoir que c'est là son portrait. Si vous traitiez un ami comme vous traitez Jésus, l'amitié ne durerait pas une semaine.

Jésus trouvait dans le ciel l'amour du Père, la pureté parfaite; son amour parfait ne pouvait, par conséquent, s'y manifester. En regard de ce qu'il a quitté, il aime les siens qui sont dans le monde, tels qu'ils sont dans leurs souillures. Il n'en est pas rebuté; elles sont l'objet de ses compassions; elles attirent la grâce, car l'objet de la grâce, c'est l'iniquité et le mal.

L'indifférence des siens démontrait pour Jésus l'étendue de leur misère et le besoin qu'ils avaient de Lui. La haine même de l'homme prouvait qu'il était perdu. Dieu est venu chercher l'homme qui était hors d'état même de le chercher. Que de choses il a supportées, que d'indifférence, de trahisons, de reniements! Néanmoins, rien ne l'arrête, et il «aime les siens jusqu'à la fin». Il agissait selon ce qu'il y avait dans Son coeur, et tout ce qu'il voyait dans l'homme n'était que l'occasion de manifester ce qu'il était.

Jésus fait tout ce qui est nécessaire pour rétablir l'âme dans ses relations avec Dieu. Tout pécheur que vous êtes, la grâce vient vous chercher. La justice et la loi exigent que le mal et le méchant soient ôtés. Jean-Baptiste prêche la repentance, et c'est un commencement de grâce, mais, de fait, la grâce, loin de dire à l'homme de quitter son état pour venir à Dieu, vient à l'homme dans son péché. Elle pose sa main sur le lépreux pour le mettre en relation avec elle, et afin que Dieu soit beaucoup plus pleinement manifesté que si le péché n'avait pas existé.

La grâce applique l'amour de Dieu aux besoins de notre ruine. Si Jésus a connu la joie du Père et tout ce qui est dans le Père, c'est pour l'adapter aux besoins de l'homme.

Quelle consolation de savoir que Jésus est tout ce qu'il faut pour tout ce que nous sommes! Cela nous place dans le vrai et nous amène à confesser le mal en nous, au lieu de le cacher: la grâce seule produit la sincérité (Psaumes 32: 1) et la vérité; elle nous fait reconnaître que nous sommes faibles, infirmes, que nous ferions exactement ce que Pierre a fait, si nous n'étions pas gardés.

«Jésus aime les siens qui sont dans le monde», à travers leur pèlerinage, leurs circonstances, leur misère, leur égoïsme, leur faiblesse. Tout ce que Satan pouvait faire, tout ce qui était dans l'homme, était propre à empêcher Jésus de l'aimer, d'aimer les siens, et pourtant il les aime jusqu'à la fin.

Pouvez-vous dire que vous avez part à cet amour, que, malgré votre faiblesse, vous avez compris la grâce, la manifestation en Jésus de l'amour du Dieu invisible pour des pécheurs? Avez-vous reconnu qu'il était nécessaire que Jésus vînt au monde, pour que vous ne soyez pas jetés là où il y a des pleurs et des grincements de dents? Avons-nous pris notre parti de nous reconnaître tels que nous sommes? Cela est désagréable et pénible. C'était là l'écharde de Paul, quelque chose qui lui disait sans cesse: Tu es faible. C'est précisément dans ce but que Dieu la lui avait envoyée. Notre chair est-elle assez jugée pour que nous soyons contents que Jésus soit tout et que nous ne soyons rien, et pour que nous nous réjouissions que la manifestation de notre faiblesse soit celle de la force de Dieu pour nous? Jésus n'a oublié aucun de nos besoins: «Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu'à la fin.”