La venue du Seigneur

Ladrierre A. – ME 1906 page 133

 

La question du retour du Seigneur pour les siens, se lie d'une manière intime avec la vraie doctrine de l'Eglise. On peut dire sans crainte d'exagérer que toutes les fois que la nature de l'Eglise, son caractère et son appel célestes ne sont pas clairement saisis, il doit nécessairement y avoir confusion d'idées et de jugement quant à la venue du Seigneur Jésus pour prendre les siens avec Lui. C'est à cela qu'il faut rapporter tant de théories non scripturaires qui prévalent de nos jours, et il est de toute importance que nous connaissions l'enseignement de l'Ecriture sur ce sujet.

Avant tout, il faut se souvenir que, selon les Ecritures, le retour du Seigneur précède le millénium. L'Ancien et le Nouveau Testament sont remplis de preuves qui établissent cette vérité. Nous y voyons que quand le Seigneur viendra avec ses saints, il détruira l'Antichrist et ses armées, et jugera les nations vivantes, avant d'inaugurer ce glorieux règne où «Il dominera depuis une mer jusqu'à l'autre et depuis le fleuve jusqu'aux bouts de la terre» (Psaumes 72: 8), et où la terre entière sera remplie de sa gloire (verset 19). (Voyez Esaïe 24 à 27; 52; 60; Jérémie 33; Sophonie 3; Zacharie 12 à 14; 2 Thessaloniciens 2; Apocalypse 19: 1-21; 21: 1-8).

Cela posé, examinons si le Seigneur reviendra pour son peuple avant la tribulation sans égale mentionnée dans Matthieu 24 et dans les prophètes (Daniel 12: 1; Jérémie 30: 7); en d'autres termes, si l'Eglise passera par la tribulation, et en fait, si nous devons attendre à chaque instant le retour du Seigneur.

Quelques personnes estiment que certains événements doivent arriver entre le temps présent et le retour du Seigneur, comme le retour des Juifs dans leur pays, la division de l'ancien empire romain en dix royaumes, l'élévation et la puissance de l'Antichrist, etc.

De là suit que le retour du Seigneur ne saurait être l'espérance présente de l'âme. De fait, ceux qui pensent ainsi font coïncider la venue du Seigneur pour les siens, avec sa venue pour prendre sa grande puissance dans le royaume millénaire. Laquelle de ces vues est conforme à la parole de Dieu.

1.  Or, la première chose à remarquer, c'est que l'Eglise ne se trouvant pas dans l'Ancien Testament, ce n'est pas dans ces Ecritures que nous pouvons trouver la vraie et propre espérance de l'Eglise. Il est fréquemment question de la venue du Seigneur pour régner depuis le mont de Sion (Psaumes 2), mais c'est toujours en relation avec son ancien peuple, et cela forme l'espérance distinctive d'Israël. Mais nulle part dans l'Ancien Testament, nous ne trouvons une mention quelconque du changement des saints vivants, de la résurrection de ceux qui se sont endormis et de leur commun enlèvement au-devant du Seigneur en l'air, comme nous l'enseigne 1 Thessaloniciens 4: 13-18. En effet, comment cela serait-il, puisque le mystère de l'Eglise comme corps de Christ n'avait pas été révélé avant le temps de l'apôtre Paul? C'est donc le Nouveau Testament qui peut fournir quelque lumière sur ce sujet.

2.  Commençons par examiner, dans les évangiles, le chapitre 24 de Matthieu, qui nous parle de la venue du Seigneur, et voyons si le Seigneur parle là de son retour pour prendre avec Lui les croyants de cette dispensation. S'il en était ainsi, il est clair que l'Eglise passerait par la tribulation finale et que, par conséquent, nous ne pourrions attendre la venue du Seigneur, sinon après que certains événements auraient eu lieu. Mais si notre Seigneur s'occupe ici d'un autre sujet, nous avons toute liberté de recueillir dans les autres Ecritures quelle est la vérité qui se rattache à la venue du Seigneur pour ses saints.

Aux versets 5, 23 et 24, nous lisons: «Plusieurs viendront en mon nom, disant: Moi, je suis le Christ, et ils en séduiront plusieurs». «Alors, si quelqu'un vous dit: Voici, le Christ est ici; ou: Il est là; ne le croyez pas. Car il s'élèvera de faux christs et de faux prophètes; et ils montreront de grands signes et des prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus». Or, supposez que quelqu'un vienne à un chrétien et lui dise: Christ est ici ou là; ce chrétien pourrait-il être trompé de cette manière? Tout croyant, même le moins instruit, ne sait-il pas où est le Christ, à la droite du Père dans le ciel? Si, de plus, quelqu'un venait parmi les croyants, faisant de grands signes et des prodiges, comme preuve qu'il est le Christ, réussirait-il à tromper les saints? N'est-il pas vrai que nombre de passages se présenteraient d'eux-mêmes à leur esprit pour réfuter ses prétentions, puisque tous savent qu'ils ne verront leur Seigneur que lorsqu'ils s'en iront vers Lui, ou bien quand il viendra les prendre? D'un autre côté, supposez un instant que la même tentation soit présentée aux Juifs qui ne croient pas que leur Messie soit déjà venu, et qui attendent encore son avènement, et vous verrez tout d'un coup combien ils seront accessibles à cette séduction. Nous ne pouvons donc regarder ce que dit le Seigneur que comme s'appliquant à son ancien peuple et non à l'Eglise.

Examinons maintenant le verset 15: «Quand donc vous verrez l'abomination de la désolation, dont il a été parlé par Daniel le prophète, établie dans le lieu saint (que celui qui lit comprenne), alors que ceux qui sont en Judée, etc». En lisant le passage de Daniel auquel le Seigneur fait allusion, on voit que sa prophétie se rapporte entièrement et exclusivement à sa propre nation — les Juifs; et, les termes mêmes dont notre Seigneur se sert ici: «l'abomination de la désolation», expression bien connue pour désigner une idole, et «le lieu saint», se rapportant au temple, ces termes montrent d'une manière péremptoire qu'il parle du même peuple, décrivant leurs douleurs au temps de la fin, quand il y aura «un temps de détresse, tel qu'il n'y en a point eu depuis qu'il y a eu des nations jusqu'à ce temps-là», avant la délivrance du résidu, «savoir quiconque sera trouvé écrit dans le livre» (Daniel 12: 1), quand «le Rédempteur viendra en Sion» (Esaïe 59: 20; Zacharie 12 à 14, etc.; et surtout lisez Daniel 9: 24-27; 12).

Considérons aussi le verset 20: «Priez que votre fuite n'ait pas lieu en hiver, ni en un jour de sabbat». Comment un croyant pourrait-il offrir maintenant une semblable prière, puisque le sabbat, le septième jour est pour lui comme tout autre jour de la semaine? Mais si cette exhortation s'adresse à des Juifs encore sous la loi, tout devient très clair.

Remarquez encore l'ordre des événements aux versets 29 et 30; après la tribulation, le soleil s'obscurcit, etc., ensuite vient l'apparition du signe du Fils de l'homme dans le ciel, puis toutes les tribus de la terre se lamentent et voient le Fils de l'homme venir sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire, et enfin, après ces choses, il nous est dit qu'«Il enverra ses anges avec un grand son de trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis l'un des bouts du ciel jusqu'à l'autre bout». Or, en Colossiens 3: 4, nous lisons: «Quand le Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire». Or, si ces deux passages se rapportent au même événement, ils sont contradictoires; car le premier dit que les tribus de la terre verront le Fils de l'homme venir, etc., avant que les élus ne soient rassemblés, tandis que le dernier dit que quand Christ apparaîtra, son peuple sera manifesté avec Lui. Les deux passages ne se rapportent donc pas au même événement, et c'est pourquoi celui de Matthieu doit s'appliquer à la venue du Seigneur sur la terre, pour rassembler à Sion son résidu d'entre les Juifs.

A moins d'être influencé ou prévenu par un système préconçu, on ne peut conclure autre chose, sinon que Matthieu 24 ne se rapporte en rien à la venue du Seigneur pour les saints, mais aux voies de Dieu envers son ancien peuple avant qu'il n'apparaisse, en leur faveur, quand il viendra pour régner sur Sion, selon le témoignage des prophètes.

c'est avec cela que s'accordent les allusions locales qui se trouvent dans le chapitre, telles que la Judée (verset 16), le lieu saint (verset 45), etc., et aussi la liaison avec le chapitre précédent. A la fin de ce chapitre, le Seigneur prononce cette sentence solennelle: «Voici votre maison vous est laissée déserte, car je vous dis: Vous ne me verrez plus désormais jusqu'à ce que vous disiez: Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur» (versets 38, 39). Ensuite, nous lisons: «Et Jésus sortit et s'en alla du temple, et ses disciples s'approchèrent pour lui montrer les bâtiments du temple», etc., et c'est cet incident qui donne lieu au discours du Seigneur, car Jésus répond: «Ne voyez-vous pas toutes ces choses? En vérité, je vous dis: Il ne sera pas laissé ici pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas».

Après cela, s'étant assis sur la montagne des Oliviers, «les disciples vinrent à Jésus en particulier, disant: Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de ta venue et de la consommation du siècle». Le discours du Seigneur que nous avons passé en revue, est la réponse à cette question, et tout son contenu suit en parfaite harmonie avec les conclusions auxquelles nous sommes arrivés. Le Seigneur avait prononcé sur son peuple sa sentence solennelle, et aussitôt il quitte le temple, sort de la ville, s'assied sur le mont des Oliviers, en face de la ville qu'il découvre dans son ensemble, et dans cette position, il décrit le sort de cette malheureuse cité et trace l'histoire de son ancien peuple jusqu'à la fin du siècle. Introduire l'Eglise en rapport avec ces choses, serait défigurer l'unité du discours et jeter la confusion dans la simplicité de la sagesse divine.

Nous pouvons donc maintenant conclure deux choses de ce que nous avons passé en revue, d'abord que, pour autant qu'on peut le voir ici, l'Eglise ne se trouvera pas dans la tribulation finale; et ensuite qu'il y a une venue de Christ sur la terre, qui est tout à fait distincte de son retour pour l'Eglise.

3.  Laissons pour le moment les épîtres et ouvrons l'Apocalypse, car ce livre a la plus grande importance pour décider si oui ou non l'Eglise passera dans la tribulation. Au chapitre 1: 19, nous trouvons la division du livre: «Ecris donc les choses que tu as vues, et les choses qui sont, et les choses qui doivent arriver après celles-ci». On voit que cette division comprend trois parties: 1° Les choses que Jean a vues: celles qui sont décrites dans le chapitre premier; 2° Les choses qui sont, la dispensation de l'Eglise, contenue dans les chapitres 2 et 3; 3° Les choses qui doivent arriver après celles-ci, présentées en détail dans le reste du livre. D'après cet arrangement, l'époque de l'Eglise se clôt à la fin du chapitre 3, et les sept églises représentent les états successifs et en quelque mesure contemporains de toute l'Eglise jusqu'au temps de la fin.

Ainsi, l'enlèvement des saints, la venue du Seigneur pour prendre à soi les siens, quoique ne se trouvant pas mentionnés, parce que cela n'entrait pas dans le plan de ce livre, doivent avoir lieu entre le 3e et le 4e chapitre. Il s'ensuit que tous les jugements qui tombent sur la terre après le chapitre 3 sont subséquents au retour du Seigneur pour l'Eglise.

Le livre lui-même fournit les preuves que cette division est bien selon la pensée de Dieu. En effet, au commencement du chapitre 4, nous lisons: «Après ces choses (comparez avec 1: 19), je vis: et voici, une porte ouverte dans le ciel, et la première voix que j'avais ouïe, comme d'une trompette parlant avec moi, disant: Monte ici et je te montrerai les choses qui doivent arriver après celles-ci». L'original a les mêmes paroles qu'au chapitre 1: 19. Ainsi Jean ayant décrit «les choses qui sont», est en esprit pris dans le ciel pour contempler «les choses qui doivent arriver après celles-ci»; les voies gouvernementales de Dieu envers la terre, et particulièrement envers son ancien peuple, comme centre de ses conseils relativement à la terre, après que la dispensation de l'Eglise a pris fin. Et nous n'avons qu'à faire attention à ce qui est présenté immédiatement à sa vue, pour voir combien ce que je viens d'avancer est merveilleusement confirmé. En tout premier lieu, il contemple «un trône placé dans le ciel, et sur le trône quelqu'un était assis; et celui qui était assis était, à le voir, semblable à une pierre de jaspe et de sardius, et autour du trône, un arc-en-ciel, à le voir, semblable à une émeraude; et autour du trône vingt-quatre trônes; et sur les trônes vingt-quatre anciens assis, vêtus de vêtements blancs, et sur leurs têtes, des couronnes d'or» (versets 2-4).

Qui donc sont ces anciens? Ils sont au nombre de vingt-quatre, correspondant aux vingt-quatre classes de sacrificateurs instituées par David (1 Chroniques 24), et représentant ainsi un corps complet. Mais que représentent-ils? Remarquez qu'ils sont «vêtus de vêtements blancs», et qu'ils ont «sur leurs têtes des couronnes d'or». Le vêtement blanc rend manifeste leur caractère sacerdotal; en outre, c'est le symbole bien connu dans ce livre pour figurer «les justices des saints» (chapitre 19: 8); ensuite, les couronnes d'or désignent leur dignité royale. Où chercherons-nous ceux qui portent ce double caractère? Le même livre nous les montre: «A celui qui nous aime et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang; — et il nous a faits un royaume, des sacrificateurs pour son Dieu et Père» (Apocalypse 1: 5, 6). Dans la 1re épître de Pierre, nous lisons aussi: «Vous êtes une race élue, une sacrificature royale» (2: 9). Il est donc clair que les anciens représentent les saints glorifiés, et comme leur nombre représente le corps complet, comme nous l'avons vu, ce sont les saints dans leur totalité, glorifiés ensemble avec Christ. Ainsi, nous voyons que l'Eglise est en haut, ayant été ravie au-devant du Seigneur en l'air, et glorifiée avec Lui avant le commencement des jugements dont ce livre parle ensuite.

On objectera peut-être que les anciens ne sont qu'un symbole. C'est vrai, mais la conclusion sera la même, si nous saisissons la vraie nature du symbole. Si les anciens sont le symbole de l'Eglise, nous ne pouvons nous tromper si nous traitons l'Eglise comme étant la chose signifiée, et il serait tout à fait inconcevable que les anciens dans le ciel puissent se rapporter à l'Eglise sur la terre, car il doit y avoir nécessairement accord entre le symbole et la place de la chose signifiée.

Mais d'autres parties du livre appuient notre interprétation. Au chapitre 19, après les louanges qui retentissent dans le ciel, en suite du jugement de la grande prostituée, nous avons la célébration anticipée du règne du Seigneur Dieu Tout-puissant. Ensuite viennent les noces de l'Agneau (versets 7-9), puis nous lisons: «Et je vis le ciel ouvert… et les armées qui sont dans le ciel le suivaient sur des chevaux blancs, vêtues de fin lin, blanc et pur» (versets 11-14). La suite nous fait voir qu'il s'agit du Seigneur Jésus venant vers la terre pour exercer le jugement sur «la bête et le faux prophète» et leurs alliés, jugement qui précède le règne millénaire de Christ. Où donc trouvons-nous l'Eglise dans ces conjonctures? Le verset 14 nous le dit: «Les armées qui sont dans le ciel le suivaient, etc.». Le fin lin blanc et pur se sont «les justices des saints», comme il est dit au verset 8. Ces armées représentent donc les saints glorifiés, et nous pouvons conclure de là qu'ils étaient dans le ciel avec Christ durant la tribulation finale, et qu'ils viennent avec leur Seigneur quand il revient prendre son royaume millénaire.

Au chapitre 3, parlant à Philadelphie, le Seigneur dit: «Parce que tu as gardé la parole de ma patience, moi aussi je te garderai de l'heure de l'épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre» (verset 10). Nous avons déjà fait allusion au caractère représentatif des sept églises; et c'est pourquoi ces promesses ne peuvent pas être limitées à l'assemblée locale de Philadelphie; autrement, nous perdrions toutes les promesses précieuses en rapport avec ces épîtres. Mais sinon, nous avons ici une promesse distincte que ceux qui gardent la parole de sa patience (et ceci caractérise l'Eglise) ne seront pas dans la tribulation finale, l'heure de l'épreuve qui va venir sur la terre habitée tout entière», etc.

Considérez maintenant une preuve d'un autre genre. Il est certain qu'il y a des saints sur la terre durant les jugements décrits après le chapitre 5 (11: 10; 12: 10, 11; 18: 4, 5, etc.). Si donc l'Eglise est dans le ciel pendant cette période, qui sont ces saints? La réponse à cette question est tout à fait claire. Au chapitre 15, il est dit: «Et je vis comme une mer de verre, mêlée de feu, et ceux qui avaient remporté la victoire sur la bête, et sur son image, et sur le nombre de son nom» (tout cela caractérise clairement les saints qui sont sur la terre durant la tribulation), «se tenant debout sur la mer de verre, ayant des harpes de Dieu, etc» (versets 2-4). Qui sont ceux-là? Des saints gentils, qui ont traversé le temps de la bête, n'ont pas voulu lui rendre hommage, ont subi le martyre, et sont vus maintenant devant Dieu, ayant part à la première résurrection.

Ajoutez à cela que, depuis le 3e chapitre, il n'y a pas la moindre trace de l'Eglise jusqu'à ce que nous arrivions, au chapitre 19; que les «sept Esprits de Dieu» (l'Esprit dans la plénitude de sa puissance) sont vus comme «sept lampes de feu, brûlant devant le trône» (4: 5), non sur la terre comme au jour de la Pentecôte, et depuis ce moment, toutes ces considérations prouvent d'une manière incontestable que, d'après l'Apocalypse, l'Eglise ne sera pas dans la tribulation; mais que les croyants de cette dispensation seront enlevés pour aller à la rencontre du Seigneur en l'air avant que ce temps de détresse finale vienne sur la terre. Cette conclusion est la même que celle où nous a conduit l'étude de Matthieu 24, et, nous voyons aussi ici, comme là, que la venue du Seigneur sur la terre pour prendre son royaume millénaire est une chose tout à fait distincte de son retour pour son peuple.

4.  Nous allons maintenant examiner quelques passages pour montrer que, si l'Eglise ne doit pas être dans la tribulation, il n'y a rien, pour autant que ce soit révélé, entre le moment actuel et le retour du Seigneur; en d'autres termes, que notre privilège est de regarder chaque jour à la venue de Christ pour nous prendre avec Lui, afin que là où il est nous y soyons aussi; c'est-à-dire que l'Ecriture ne nous fait connaître aucun événement intermédiaire que nous devions attendre, qui précède ou annonce la venue de Christ pour l'Eglise.

Prenons d'abord le passage bien connu de 1 Thessaloniciens. L'apôtre dit, en décrivant la venue de Christ: «Le Seigneur lui-même… alors nous, les vivants qui restons… toujours avec le Seigneur» (4: 16, 17). Or ce passage nous enseigne qu'il y aura quelques croyants qui seront vivants à la venue du Seigneur; et Paul, parlant par l'Esprit, dit: «Nous, les vivants», montrant que dans la mesure de ce qui lui avait été révélé, rien n'empêchait qu'il ne fût lui-même un de ceux qui resteraient jusqu'à ce moment, et par conséquent que le Seigneur pouvait venir aux jours de l'apôtre. Je sais que l'on cherche à atténuer la force de ce passage, en affirmant que l'apôtre, en se servant du mot «nous», parle de l'Eglise comme corps, — que de fait il veut dire simplement ceux qui peuvent être laissés sur la terre dans un avenir éloigné, mais que puisqu'ils font partie de l'Eglise, il s'unit lui-même à eux par le mot «nous». Je ne nie pas que l'on ne trouve dans les Ecritures des exemples de cette manière de parler, mais je doute très fort que cela puisse s'appliquer au passage dont nous nous occupons. Le contexte, ainsi que l'objet de l'apôtre dans ce passage, ne le permet pas. En outre, si nous prenons la 1re épître aux Corinthiens, nous verrons qu'il parle exactement de la même manière. Il dit aussi là: «Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés» (15: 51), et ces paroles montrent, sans l'ombre d'un doute, que l'apôtre nourrissait l'espérance personnelle que le Seigneur pouvait venir à un moment quelconque, de sorte que lui-même, Paul, pouvait se trouver au nombre des saints vivants dans ce jour.

Cette conclusion paraîtra plus forte, si vous faites attention à la distinction très nette que trace l'apôtre entre le retour du Seigneur pour ses saints et le jour du Seigneur — c'est-à-dire le jour qui sera introduit quand il viendra d'une manière éclatante sur la terre, pour prendre sa grande puissance et entrer dans son règne (Apocalypse 11), comme on le voit, par exemple, en Matthieu 24.

Pour en revenir à 1 Thessaloniciens, après avoir décrit le caractère de la venue du Seigneur pour ses saints (4: 15-18), l'apôtre continue: «Pour ce qui est des temps et des saisons, frères, vous n'avez pas besoin qu'on vous en écrive; car vous savez vous-mêmes parfaitement que le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit» (1 Thessaloniciens 5: 1, 2). Ainsi les saints de Thessalonique avaient été instruits touchant le jour du Seigneur — sa venue en gloire — comme elle est mentionnée en Matthieu 24 et ailleurs. Ils savaient parfaitement ce qui concerne ce jour, et c'est pourquoi c'est une chose qui diffère totalement de la venue du Seigneur pour les saints, touchant laquelle l'apôtre venait de les instruire par une communication spéciale du Seigneur. En conséquence, il poursuit: «Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour vous surprenne comme un voleur; car vous êtes tous des fils de la lumière et des fils du jour» (versets 4, 5). Il leur rappelle ainsi qu'ils appartiennent au jour — ce jour qui apporterait une si grande terreur aux méchants — et que, par conséquent, ils ne seraient pas sur la terre dans les ténèbres quand ce jour paraîtrait.

Il en est de même dans la seconde épître: «Or nous vous prions, frères, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui, de ne pas vous laisser promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler, comme si le jour du Seigneur était là» (2 Thessaloniciens 2: 1, 2). C'est-à-dire qu'il leur rappelle l'instruction qu'il leur a donnée dans la précédente épître concernant la venue du Seigneur et leur rassemblement avec Lui, et en fait le fondement de son exhortation à ne point se troubler par le faux enseignement qui avait alors cours et qui prétendait que le jour du Seigneur était déjà venu. «Comment en réalité, dit-il, cela peut-il être, puisque avant que le jour du Seigneur ne soit là, vous aurez été ravis pour le rencontrer en l'air?» Ayant donc désabusé leurs esprits de cette erreur, il leur donne quelques détails sur ce qui doit précéder ce jour, leur révélant que l'apostasie doit d'abord arriver et l'homme de péché être révélé, etc.; événements qui suivront par conséquent l'enlèvement des saints, et précéderont le jour du Seigneur (2 Thessaloniciens 2).

L'attente constante de Christ dont il est parlé partout dans les épîtres, vient confirmer ce que nous venons de dire: «Vous attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ» (1 Corinthiens 1: 7). «Car notre bourgeoisie est dans les cieux, d'où aussi nous attendons notre Seigneur Jésus Christ comme Sauveur» (Philippiens 3: 20). «Et comment vous vous êtes tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils» (1 Thessaloniciens 1: 9, 10). «Attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ» (Tite 2: 13). Nous pouvons ajouter à ceci les injonctions à veiller que le Seigneur adresse si fréquemment à ses disciples: «Que vos reins soient ceints, et vos lampes allumées; et soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître» (Luc 12: 35, 36). «Veillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur vient» (Matthieu 24: 42).

Je suis persuadé que si nos âmes étaient simples devant le Seigneur, nous ne pourrions comprendre ni les expressions des épîtres, ni les injonctions de notre Seigneur, autrement que comme enseignant qu'il peut à chaque instant revenir pour les siens et qu'en fait, il voulait, par l'immédiate perspective de son retour, agir sur nos âmes jour après jour, afin que nous fussions détachés des choses qui nous entourent, séparés entièrement pour lui-même, et que nous nous purifiions comme Lui aussi est pur (1 Jean 3: 2, 3).

Encore un mot en terminant. Quelques-uns sont fort arrêtés par le fait que la venue de Christ pour les siens semble quelquefois identifiée avec sa révélation, c'est-à-dire son apparition au monde. Ainsi, en 1 Corinthiens 1: 7, passage que nous avons déjà cité, l'apôtre dit: «Vous attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ». «Vous voyez bien, d'après ces paroles», nous dit-on, «que la venue de Christ pour son peuple et sa manifestation au monde quand tout œil le verra, sont une seule et même chose». Non, répondrons-nous, cela ne peut être, parce que l'apôtre dit que: «Quand Christ, qui est votre vie, sera manifesté, alors, vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Colossiens 3: 4); nous voyons donc par là que les saints sont avec le Seigneur avant son apparition. Le fait est que, quand il s'agit de la responsabilité des saints sur la terre, le but est l'apparition de Christ, parce que c'est le moment du déploiement de la récompense des saints, le temps où le Seigneur vient pour «être glorifié dans ses saints, et admiré dans tous ceux qui auront cru» (2 Thessaloniciens 1: 10). Ainsi, dans ce chapitre, par exemple, la récompense des saints et la destruction de «ceux qui ne connaissent pas Dieu», et de «ceux qui n'obéissent pas à l'Evangile de notre Seigneur Jésus Christ», se trouvent côte à côte. La terre avait été la scène des souffrances des saints et de la désobéissance des incrédules, et par conséquent la terre contemplera la récompense des uns et la destruction des autres. Voilà pourquoi le temps de l'apparition est introduit ici et en 1 Corinthiens 1: 7, et de fait, toutes les fois que la responsabilité des saints sur la terre est mise en relief. Sans cela, le but de l'attente, c'est le retour du Seigneur, et c'est en réalité l'espérance de l'Eglise; car le Seigneur est l'étoile brillante du matin aussi bien que le soleil de justice (Apocalypse 22: 16; Malachie 4: 2; comparez avec 2 Pierre 1: 19), et c'est pourquoi notre privilège béni, c'est d'attendre constamment son retour.

Nous avons donc vu trois choses: en premier lieu, que l'Eglise ne passera pas par la tribulation finale; secondement, qu'il n'y a pas nécessairement d'événements intermédiaires, pour autant que l'Ecriture nous les fait connaître, entre le moment présent et le retour du Seigneur, et en dernier lieu, comme conséquence, que l'attitude propre du croyant est l'attente du Sauveur, du Seigneur Jésus Christ, selon la promesse qu'il nous a laissée: «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14: 3).

Il y aurait beaucoup à ajouter relativement aux côtés pratiques de cette doctrine et à l'influence bénie que l'attente constante du Seigneur est destinée à exercer sur l'âme. Je laisse a mon lecteur le soin de le chercher dans l'étude des Ecritures. Je suis sûr que si une fois vous avez compris que la venue du Seigneur est l'espérance propre et constante de l'Eglise, vous découvrirez bientôt sa puissance sanctifiante sur le coeur et sur la vie. Aussi je prie le Seigneur qu'il vous donne de saisir cette vérité, dans la puissance du Saint Esprit, et qu'ainsi vous repoussiez fidèlement comme n'étant pas de Dieu, tout enseignement qui l'omet ou la contredit. Car personne ne peut exposer justement la vérité, s'il ignore cette espérance bénie et pleine de force et de consolation.