Méditations de Darby J.N.

 

Méditations de Darby J.N. 1

Méditation de J.N.D. no 158 – ME 1907 page 116 : Juges 16: 6-25. 1

Méditation de J.N.D. no 159 – ME 1907 page 175 : Philippiens 3: 1-21. 3

Méditation de J.N.D. no 160 – ME 1907 page 314 : Psaume 25. 5

Méditation de J.N.D. no 161 – ME 1907 page 356 : Psaume 17. 8

Méditation de J.N.D. no 162 – ME 1907 page 377 : 1 Chroniques 29. 10

 

Méditation de J.N.D. no 158 – ME 1907 page 116 : Juges 16: 6-25

S'il n'était question pour nous que de la jouissance de ce que Dieu est, il ne nous serait pas nécessaire de demeurer ici-bas; mais nous avons au fond de nos coeurs quelque chose qui n'est pas sondé, et Dieu veut nous sonder. Il veut aussi éprouver notre foi pour se faire mieux connaître à nous, et faire ainsi tourner l'épreuve à son honneur. Il y a un secret de notre communion avec Dieu; c'est la sainteté, une véritable séparation de nos âmes pour Lui, et cette séparation suppose la mortification de la chair. De plus, si nous désirons rendre témoignage à la puissance de Dieu au milieu du mal, il nous faut nécessairement être en relation immédiate avec ce Dieu auquel nous rendons témoignage. Celui qui est en nous est plus fort que celui qui est dans le monde. Nous avons à manifester, non pas l'innocence de la chair, mais la puissance du Saint Esprit qui domine la chair.

Samson vivait au temps du joug des Philistins, au temps de la puissance de l'ennemi, Samson était Nazaréen, séparé pour Dieu; il ne buvait pas de vin et laissait croître sa chevelure, prouvant ainsi qu'il n'avait pas de communion avec les joies de ce monde. Sa force état continuelle; néanmoins, de temps en temps, l'Esprit agissait particulièrement par son moyen contre les ennemis. Sa vie n'était pas une vie de paix, mais de combat.

Nous aussi, nous avons à revêtir les armes de Dieu pour vaincre au mauvais jour. Il y a des moments où le chrétien marche en paix comme ayant domination sur l'ennemi; il y en a d'autres où le combat est ardent et où, séparé pour Dieu, il est appelé à remporter la victoire.

Aussi longtemps que Samson garde le signe de sa séparation, sa force, la force de Dieu, ne l'abandonne pas. Il avait une force habituelle. Il en est de même pour nous: l'âme vraiment séparée possède une force qui semble lui appartenir en propre et qui ne se manifeste pas toujours de la même manière. Par la puissance du Saint Esprit, Jésus est conduit au désert pour être éprouvé par l'obéissance; plus tard, par cette même puissance, il fait beaucoup d'actes miraculeux.

Le nazaréat constant donnait la force, et quand l'occasion s'en présentait, les choses qui demandent cette force s'accomplissaient sans peine dans la carrière de Samson. Elles ne se faisaient pas par un effort extraordinaire du moment, mais par une force habituelle qui, à l'occasion, se manifestait sans difficulté.

La volonté de Samson n'était pas brisée; on le voit dans toute sa vie. Cela ne lui a pas fait perdre sa force au premier moment; chez lui, le secret de la communion n'était pas complètement perdu, et Dieu pouvait encore lui donner la force et la victoire. Mais il commence par entrer en relation avec une source de péché. Delila a prise sur son coeur; il lui résiste longtemps, et ment pour lui échapper; il évite ainsi les conséquences actuelles du péché, au lieu de se tenir complètement en dehors du mal. Sa force n'était pas encore perdue, mais il était déjà en relation avec le péché, et il perd peu à peu le secret de la communion avec Dieu. Quand Delila a découvert le secret, elle se tourne contre Samson. Si Satan réussit à nous séparer de la communion avec Dieu, toute notre force est perdue.

Samson avait pris l'habitude de constater sa force; il pensait qu'elle serait toujours là et ne soupçonnait pas que Dieu s'était retiré de lui. Quand il était en communion avec Dieu, il n'avait pas cette fausse sécurité; il ne pensait pas à lui-même et agissait selon le besoin. Tout est perdu, si nous perdons la dépendance habituelle de Dieu. C'est parce que Samson avait tout perdu qu'il se faisait l'illusion que sa force lui appartenait en propre. La conséquence en est qu'il tombe dans l'esclavage des Philistins.

Il y a ainsi progrès dans le mal; son affection passe à quelque autre objet qu'à Dieu, puis la communion avec Dieu est perdue; la dépendance immédiate de Lui est rompue, et la force manque au moment même où elle est nécessaire. Une longue pratique de la bénédiction devient même une occasion de nous faire perdre cette dépendance, et de nous entretenir dans l'illusion qu'il y a quelque force en nous. Samson avait déjà perdu sa chevelure, qu'il se croyait encore fort. On en arrive à oublier même le besoin de communion et, précisément quand la force manque, on ne sent pas qu'elle nous a quittés.

C'est là un avertissement solennel de nous garder de tout ce qui peut nous éloigner tant soit peu de Dieu. Satan ne manquera pas de se vanter de la déchéance d'un chrétien: «Dagon a livré notre ennemi dans nos mains!» C'était un mensonge, mais cela avait l'apparence d'une vérité. Le fait est que Dieu avait abandonné Samson. Il demeure aveugle.

Gardons le sentiment de notre dépendance. Dieu agit par l'homme; il prépare le vase pour y mettre le don, mais si nous avons la pensée que c'est l'homme et non pas Dieu qui agit, tout est perdu. En théorie, c'est facile à comprendre, mais il faut le sentir à tout moment. S'il y avait parmi nous plus de vraie dépendance de Dieu, Dieu se manifesterait dix fois plus et répondrait plus souvent à la foi.

En un mot, les deux choses qui font notre force sont une séparation entière pour Dieu et la dépendance immédiate de sa puissance et de sa fidélité.

Méditation de J.N.D. no 159 – ME 1907 page 175 : Philippiens 3: 1-21

Ce ne sont pas les oeuvres de la chair qui nous sont présentées ici, mais c'est la confiance en la chair. Personne ne songerait à avoir confiance dans le péché pour plaire à Dieu, ni ne viendrait Lui présenter le péché pour être agréé de Lui; mais on rencontre continuellement chez les hommes, la confiance dans la chair pour s'approcher de Lui, quand même la chair est corrompue et ne peut produire que de mauvais fruits. Il est affreux que l'âme soit aveuglée à ce point, mais la parole de Dieu est là pour mettre ces choses à nu et nous éclairer sur l'état de notre coeur. Je m'adresse aux personnes qui se trouvent ici, à celles qui se confient en la chair pour plaire à Dieu. C'est une triste chose pour elles, après avoir passé dans la chair toute leur vie, de devoir apprendre que ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu.

La chair se sert de la religion même comme d'instrument. Paul parle ici de la religion juive, mais on peut aussi emprunter bien des choses au christianisme pour se présenter devant Dieu selon la chair; il va sans dire qu'on ne lui emprunte pas ce qui nous convainc de péché, mais ce qui peut nous exalter devant Lui. Quant à leur état religieux, les âmes aveuglées trouvent des motifs de confiance devant Dieu dans les pratiques religieuses dont la chair s'est emparée. On se revêt de ces dehors comme d'un surtout, pour cacher sa nudité.

C'est ainsi que la chair a confiance en quelque chose qui nous cache à Dieu, et c'est ce que l'apôtre nous présente dans ces versets. On a une religion établie de Dieu, subsistant depuis longtemps, une religion vraie; et, d'autre part, une conduite irréprochable dans cette religion. La confiance de la chair repose donc ici sur ces deux choses: une religion vraie, et une conduite irréprochable. N'est-ce pas la confiance de la majorité de ceux qui nous entourent?

Il faut sans doute avoir ces deux choses, mais le mondain a la prétention de les avoir, tandis que le chrétien les a. C'est pourquoi il est si difficile de convaincre et d'éclairer ceux qui se trouvent dans cet état. Paul avait été circoncis selon l'ordonnance de Dieu; il était un Hébreu pur sang, Benjamite, pouvant nommer sa tribu dans un temps de confusion, meilleur Juif que d'autres (Galates 1: 14), pharisien, rempli de zèle. C'était la religion de ses pères; il la connaissait très bien, et y était sans reproche — néanmoins, il était perdu!

Tout cela faisait partie de sa confiance charnelle, et sa conscience n'avait jamais été atteinte. Il avait emprunté au judaïsme ce qui pouvait lui donner meilleure opinion de lui-même, tout en demeurant, de fait, étranger à Dieu dans ce monde. Cela exaltait Saul, et n'exaltait pas Dieu. N'est-ce pas le cas de beaucoup de ceux qui ont été baptisés et se disent chrétiens? Saul croyait la vérité révélée autrefois à son peuple, comme aujourd'hui l'on croit que la justification est par la foi, non par les oeuvres. Mais si cela devient un moyen d'être contents de nous-mêmes — doctrine vraie ou conduite irréprochable — ce n'est qu'un morceau de plus ajouté à l'habit de propre justice qui nous cache Dieu. Combien il est à déplorer que de vrais chrétiens voient autour d'eux, dans leurs amis et leurs connaissances, des milliers de personnes semblables, sans être sensibles à cet état!

Ne se trouve-t-il pas ici des âmes qui sont tranquilles, parce qu'elles ont la vérité que leurs pères ont crue et qu'elles mènent une conduite irréprochable? C'est une chose solennelle, d'être tranquille quand on est éloigné de Dieu et perdu. La conscience naturelle retient la lumière extérieure du christianisme. Au milieu d'une société civilisée et polie, le coeur humain veut avoir une bonne réputation. Satan se fait moral, et cela éloigne aussi bien de Dieu que les péchés grossiers. Un Hindou, un mahométan, un Juif, empruntent à leur religion ce qui peut leur donner une bonne réputation; un chrétien emprunte au christianisme ce qui la lui donne, et ce qui peut le confirmer dans sa bonne opinion de lui-même. Voilà ce qu'il appelle être chrétien.

Paul avait vu que tout cela lui était nuisible, était une perte, et quand il s'était trouvé dans la lumière de Dieu, il avait entièrement perdu la bonne opinion qu'il avait de lui jusque-là. Sa vie irréprochable n'était plus que de l'orgueil, un voile d'hypocrisie jeté sur le péché. Si le Saint Esprit avait agi dans son coeur, il aurait vu le péché en lui, et aurait dit: «Misérable homme que je suis!» au lieu de se croire irréprochable.

La loi, entrant réellement dans le coeur, donne la connaissance du péché; mais une conscience réveillée est un triste hôte, car elle nous parle toujours de nous, nous présente à nous-mêmes, et nous fait voir ce que nous sommes. Elle rend l'homme mécontent de lui, parce que c'est Dieu qui tient le miroir dans lequel il se voit, et qu'il ne peut, étant convaincu de péché, ni se tenir en la présence de Dieu, ni éviter sa présence. L'homme qui, avec une conscience réveillée, connaît la vérité, en est d'autant plus effrayé. Si Jésus a été méprisé, persécuté par les hommes, quel repos cela peut-il nous donner quand nous comprendrons que nous l'avons méprisé ou contredit toute notre vie? L'homme qui a bonne opinion de lui-même passe de fait sa vie à mépriser Jésus et à s'opposer à Lui.

Quand on rencontre la lumière, on voit distinctement que c'est contre un Dieu de sainteté et de bonté qu'on a péché, et l'on a horreur de soi-même, et l'on est abattu et humilié. Alors tout se passe entre Dieu et l'âme; celle-ci, convaincue de péché, se trouve sous le jugement et déjà jugée, et prend le parti de Dieu contre elle-même. Voilà une âme convertie. Toute justice propre lui est en horreur; elle voit qu'elle ne peut plus gagner la justice par ses efforts; elle a besoin de la justice de Dieu, et non plus de cette justice de l'homme qu'elle avait cru posséder quand elle était contente d'elle-même.

Cette justice de l'homme, c'est le pharisaïsme. Le vrai pharisien ne s'attribue pas toute la gloire, mais il dit: Je te rends grâces, ô Dieu, de ce que je suis; — tandis que le chrétien rend grâces de ce que Dieu est. Une âme sincère, qui cherche à satisfaire la justice de Dieu, aboutira toujours au désespoir.

Il faut à la conscience, dans le sentiment de ce qu'elle est devant Dieu, la seule justice qui le satisfasse, la justice de Dieu lui-même, afin que tout soit par la grâce. Si Dieu fait grâce et que j'y croie, je n'ai rien à y ajouter, et Dieu a voulu que le salut, cette justice, fût par la foi, pour qu'elle fût uniquement par la grâce.

Dire que le Fils de Dieu a été frappé par la colère de Dieu, c'est dire bien plus sur la sainteté et la justice de Dieu que si un homme avait été frappé de cette colère, et l'âme est pleinement satisfaite de savoir que ce qui la sauve répond entièrement à tout ce que Dieu peut exiger.

Jésus est sorti de la mort par la puissance de Dieu en résurrection; le but où nous tendons est d'être en résurrection avec Lui. Christ a tout accompli à Lui seul; la justice de Dieu a été glorifiée; elle est, dans sa personne, assise à la droite de Dieu, et l'âme, saisissant Jésus par la foi, se trouve parfaitement heureuse, parce qu'elle trouve en Lui un nouvel homme, un homme ressuscité. Son but est désormais d'être semblable à Jésus ressuscité. C'est là le grand mobile de la sanctification. Nous Lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu'il est, et celui qui a cette espérance en Lui, se purifie, comme Lui est pur.

La religion de celui qui a été convaincu de péché est certes beaucoup plus heureuse que celle de celui qui est satisfait de lui-même. Pour le premier, Jésus a tout accompli, et Dieu a tout accepté, en faisant asseoir à sa droite Jésus ressuscité.

Que Dieu nous fasse la grâce de sentir l'amour profond de Christ qui, malgré tout ce qu'il a vu en nous, nous a aimés, et a accompli pour nous la justice de Dieu.

Méditation de J.N.D. no 160 – ME 1907 page 314 : Psaume 25

Il y a quelque chose de touchant à voir une âme qui s'épanche devant Dieu, sans jouir encore de la délivrance; elle sait que celui qui s'attend à lui ne sera point confus, mais elle n'a pas encore la paix, quoiqu'elle la voie de loin.

Il faut remarquer la manière dont Dieu reçoit cet épanchement du coeur. Il prend connaissance de tout ce qui se passe dans l'âme, péchés, craintes, espérances; il veut que nous comprenions qu'Il s'en occupe. Les Psaumes, à cause de leur sens prophétique, sont l'expression de l'opération du Saint Esprit dans l'âme, avant qu'elle ait trouvé la paix, et ne donnent pas la réponse définitive de l'amour de Dieu.

Il y a dans notre coeur un fonds de dureté, d'insensibilité, de légèreté tel, qu'il faut que Dieu le travaille afin de le fixer et de le rendre attentif, et de le réduire au sentiment de son incapacité. Nous sommes si misérables, que le seul moyen de nous donner l'idée de l'amour de Dieu, c'est de fixer notre coeur par ses besoins sur ce que Dieu est.

(Verset 11). «A cause de ton nom, tu me pardonneras mon iniquité, car elle est grande». Il y a là un principe profond: c'est seulement quand nous sommes profondément convaincus que notre iniquité est grande que nous sentons notre besoin de Dieu et de son pardon. On pourrait penser d'une petite iniquité qu'on peut y remédier soi-même, ou que Dieu la passera sous silence. Vos âmes ont-elles été en relation avec Dieu, pour juger vous-mêmes que votre iniquité est grande et que votre besoin de la gratuité est grand?

Le coeur de l'homme renversé tout. Il met la droiture et la vérité de Dieu avant sa bonté, et pense que si l'homme marche comme il le doit, Dieu sera bon envers lui. C'est le contraire qui est dit ici: «Il est bon et droit, c'est pourquoi il enseignera le chemin aux pécheurs». Dieu qui est droit aime la droiture, mais Dieu est bon. L'âme mal éclairée, connaissant ses fautes jusqu'à un certain point, désire atteindre par la droiture la bonté de Dieu. C'est la démonstration de l'état d'un coeur qui ne connaît pas Dieu et qui s'endurcit au sujet de toute l'histoire que Dieu a donnée et de l'homme, et de lui-même. Rien ne met plus obstacle à la grâce que la pensée que si l'homme est droit, Dieu sera bon. Un tel coeur n'est ni humble, ni amolli, et son orgueil n'est pas encore détruit. La dureté du coeur de l'homme s'élève contre la grâce de Dieu; l'homme ne veut pas qu'on lui parle de ses péchés, parce que, s'il est obligé de les confesser, il lui faut reconnaître son mauvais état. La confiance ne peut pas entrer dans un coeur qui n'a pas goûté l'amour. Quand nous avons saisi que c'est par la bonté que Dieu commence, notre coeur peut s'épancher devant Lui qui est bon et il y a confiance, attendrissement et humilité. Quand nous pensons à ce que nous sommes, quelle dureté de coeur d'avoir la prétention de nous présenter devant le Dieu saint! L'homme ne peut souffrir qu'on lui parle de ses péchés; l'action du Saint Esprit, au contraire, les lui fait reconnaître et confesser en détail. On parlera du péché en général ou des péchés dont on n'est pas coupable soi-même, mais on ne parlera pas de ses propres péchés. Pierre dit: «Vous avez renié le Saint et le Juste». Lui-même l'avait fait, et d'une manière beaucoup plus honteuse, mais il parle sans aucune crainte de ce péché-là. Paul parle librement au Seigneur Jésus du détail de ses péchés (Actes 22: 19, 20). L'Esprit seul peut le faire. Les pécheurs peuvent parler d'autres péchés que les leurs; un ivrogne blâmera le vol, mais il ne parlera pas de ses propres péchés, sa conscience lui faisant éviter d'être droit devant Dieu. On cherche à cacher son péché et à montrer ses bonnes qualités; on veut être honnête en se passant de Dieu. On pensera rencontrer sa bonté par la droiture, mais il n'y a là aucune vraie confiance en Lui. L'idée, si fréquente dans le monde, de rendre culte à Dieu dans cet état de choses, est une fraude. Dieu commence par ce que nous sommes, et c'est ce que l'homme ne veut pas.

Dieu nous présente dans la Bible les choses les plus extraordinaires. Il dépense tous ses conseils et fait usage de toutes ses ressources en vue de l'état où l'homme se trouve; il révèle tous ses efforts et les soins qu'il a pris pour se mettre en relation avec le coeur de l'homme. On voit dans la Parole des coeurs en rapport avec Dieu sous l'action du Saint Esprit, et l'on reste tel que l'on est! Y a-t-il une plus grande dureté de coeur que de voir, sans en être touché, tout ce que Dieu a fait, et l'action de son Esprit dans ceux qui sont sauvés? On voit tout cela, et l'on suit son chemin! Preuve qu'il n'y a pas encore dans le coeur la moindre semence de vie.

Mais on peut aussi être convaincu de péché et chercher à retrouver auprès de Dieu la place qu'on a perdue. Dans ce cas, l'âme croit qu'il y a une autre ressource que le pur pardon; elle n'a pas encore de vraie relation avec Dieu. Il se peut qu'elle ne recherche pas le monde, qu'elle observe le dimanche, suive des réunions. Elle s'appuie sur ces choses. Ce n'est pas une âme convaincue que Dieu est amour; elle n'est pas en Sa présence avec la vraie connaissance d'elle-même; elle n'est pas humiliée et choisit un chemin de sa façon pour arriver à Dieu. Elle ne peut pas dire: «En Toi j'ai mis ma confiance»; elle s'assure en son propre chemin; elle veut améliorer sa conduite pour s'approcher de Dieu. C'est quand nous sommes convaincus qu'il ne s'agit pas de s'approcher de Lui, mais que nous sommes en sa présence et perdus, que nous disons: «Tu me pardonneras mon iniquité, car elle est grande». On n'a plus de chemin à faire; on ne désire plus éviter Dieu; on se trouve devant Lui, tel que l'on est. Dieu se révèle; nous avons à comprendre ce qu'il est, et alors vient la connaissance de sa grâce. Il s'agit de savoir ce qu'il est à l'égard d'un pécheur mis à nu en sa présence. Dieu est toujours bon et ne veut pas sanctionner la méchanceté de l'homme en le laissant tranquille dans son endurcissement. Au lieu de reprocher le péché, Dieu veut nous en donner la conviction en montrant qu'il l'a vu, qu'il y a pensé, et qu'il a trouvé le moyen de nous pardonner et d'enseigner aux pécheurs le chemin qu'ils doivent suivre.

«A cause de ton nom, ô Eternel, tu me pardonneras mon iniquité». Voilà sur quoi l'âme base sa confiance; impossible que Dieu manque à son nom: Il est bon et droit. Que fait la bonté de Dieu envers un pécheur tremblant et misérable? Elle ne lui fait pas de reproche, mais prend connaissance de sa misère pour lui inspirer pleine confiance et lui donner courage. Dieu se renierait s'il manquait à sa bonté dans ce cas. Il ne peut faire autrement, car il y va de son nom, de sa gloire, de sa vérité, de ce qu'il est. Il nous fait comprendre qu'il s'est occupé de nos péchés, longtemps avant que nous en fussions nous-mêmes occupés et, si sa bonté s'en occupe, il faut qu'elle le fasse pour les ôter. Il a donné Jésus pour cela; c'était ce qu'il fallait que sa bonté fit effacer complètement le péché.

Chercher à arriver au pardon par le progrès dans la sanctification, c'est choisir soi-même son chemin. Dieu met le pécheur à l'aise en sa présence en lui montrant ses péchés placés sur la tête de Jésus. Sa gloire ne serait pas complète, si les pécheurs n'étaient pas complètement pardonnés, c'est un salut accompli pour toujours; l'âme est en paix; tout cela, à cause de son nom. Si l'âme est convaincue de la bonté de Dieu, aimerait-elle à garder quelque péché par devers elle? Non; la conscience dégagée de la couche épaisse des anciens péchés, devient plus délicate. Quand nos coeurs sont vivifiés, ce que nous trouvons en nous-mêmes étant convertis est beaucoup plus pénible que nos péchés avant notre conversion. Mais Jésus est mort, sachant ce que nous sommes et pour ce que nous sommes. Tel que je suis, Dieu m'aime; son nom est en question et son nom est bonté. Il a condamné le péché dans la chair, en ce que Christ a été le sacrifice pour le péché. Le nom du Dieu Amour nous est ainsi révélé par tout ce que Dieu a fait pour nous en Jésus.

«Dieu est droit; il enseigne le chemin aux pécheurs» et les conduit. Cela vient après le pardon. Dieu est premièrement bonté, puis vérité, quoique le coeur de l'homme pense l'inverse.

Si nous sommes en relation avec un Dieu de bonté, où cela s'arrêtera-t-il? Jusqu'à quel point se manifestera-t-il? Jusqu'à «montrer dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus» (Ephésiens 2: 7). Dieu a devant lui le plus misérable des pécheurs. Que fera-t-il pour montrer aux anges les richesses de sa bonté? Il nous prend, nous misérables, et nous place dans la même gloire que Christ, pour montrer aux anges les richesses infinies de sa grâce. C'est en nous que Dieu se montre ce qu'il est. C'est toi, qui te dis le plus faible, le plus coupable, que Dieu doit choisir, s'il veut montrer les immenses richesses de sa grâce. Il ne doit pas s'arrêter dans cette bonté, et ce n'est point de l'humilité que de mettre des bornes à sa grâce à notre égard, sous prétexte que nous sommes trop mauvais pour cela. Ce qu'il fait, c'est pour l'amour de son nom. C'est aussi pour l'amour de son nom, qu'au Psaume 23, il restaure notre âme et nous conduit dans des sentiers de justice. Il commence son oeuvre, la continue et l'achève jusque dans le ciel pour l'amour de son nom.

C'est là uniquement ce qui rend l'âme droite, sincère, ouverte devant Dieu, parce qu'il n'existe aucun sujet de crainte à l'égard du péché, et il n'y a jamais de droiture dans nos coeurs, avant que nous soyons, dans nos consciences, tels que nous sommes devant Dieu. Du moment que l'âme dit: «A cause de ton nom, tu pardonneras mon iniquité, car elle est grande», il faut que Dieu se manifeste. On s'assure en Lui, et l'on trouve cette heureuse vérité que Dieu est bon et droit.

Méditation de J.N.D. no 161 – ME 1907 page 356 : Psaume 17

Ce Psaume est essentiellement l'expression de la pensée de Christ lui-même. Il n'y a qu'un seul mot (au verset 11), qui mentionne les fidèles: «Ils nous environnent». Dans tout le reste du Psaume, il est question de Lui seul.

Jésus a été un homme, un Juif fidèle sur la terre, et les Psaumes sont l'expression de ce qu'il a senti avant d'être exaucé par la résurrection d'entre les morts. Le vrai progrès de nos âmes s'obtient par l'étude de ce que Christ était, et c'est aussi ce qui nous sanctifie. Si notre coeur a un vrai désir de connaître le Seigneur, Dieu répondra à notre désir en nous donnant cette connaissance.

Ce que nous apprenons en lisant la Parole, est aussi bien une révélation pour nous que pour ceux qui nous l'ont communiquée (1 Pierre 1: 10-12). Les prophètes étudiaient leurs propres prophéties et y découvraient ce que nous y découvrons nous-mêmes en les lisant. La Parole ne contient au fond que deux choses, la connaissance du vieil homme, et celle de l'homme nouveau. L'âme qui s'occupe du Seigneur Jésus, recevra des révélations à son sujet. Ce n'est pas par des efforts que se produisent ses sentiments pour Lui, c'est en étant occupé de lui. Les Psaumes nous présentent Christ comme homme fidèle sur la terre et les sentiments produits par son Esprit dans le résidu fidèle, avant la pleine manifestation de la délivrance que Dieu opérera en leur faveur.

Aucun autre que Christ ne peut parler comme aux versets 1 à 3. Lui seul, sondé de Dieu et passé au creuset, a été trouvé irrépréhensible. Au verset 4, nous voyons qu'il se réglait sur la parole des lèvres de Dieu. Il s'est placé dans nos circonstances et s'est conduit selon la même Parole qui doit nous conduire.

(Verset 5). En tout cela, le Seigneur est notre modèle; il marche dans le même chemin que nous suivons dans ce monde, seulement ce Psaume exprime (versets 13, 14) une chose que nous ne pouvons exprimer, car les Psaumes ne sont pas l'Evangile de la grâce, c'est pourquoi le Seigneur et les saints peuvent y demander que Dieu leur fasse justice de leurs ennemis.

Il ne s'agit pas seulement pour nous d'éviter le mal, mais d'agir selon les motifs qui dirigeaient Jésus, le Nazaréen, obéissant en toutes choses. Quel privilège pour nous de n'appartenir qu'à Dieu, et de n'avoir pas autre chose à faire qu'à le servir. Christ s'est livré pour nos péchés, afin qu'il nous retirât du présent siècle mauvais; il ne s'agit pas pour nous d'unir le christianisme à un certain train de vie dans ce monde, comme si nous lui appartenions, mais de vivre ici-bas la même vie que Christ. Notre chemin en Christ traverse les diverses circonstances de la vie, et cela met notre coeur à l'épreuve, parce que nous sommes appelés à nous y conduire et à y juger toutes choses selon les pensées de Christ. Le monde ne peut rien nous donner, parce que ce qu'il donne appartient à cette vie, tandis que nous avons maintenant la vie de Christ, une vie de résurrection, dont le domaine est en dehors du monde.

Au verset 14, on voit que la Providence dont les hommes aiment tant à parler, favorise les méchants. De même le riche, en Luc 16, avait reçu ses biens en ce monde pendant sa vie. Il y a dans ce monde mille choses dont le coeur humain ne saura pas se passer, à moins qu'il ne soit fortement attaché à Jésus.

(Versets 8-10). Nous sommes toujours entourés de méchants. L'homme du monde que le fidèle rencontre, c'est l'homme rempli de hauteur qui ne veut pas qu'on parle des droits de Christ, et qui s'oppose à la manifestation de la vie de Dieu, dans ce monde de péché.

Le principe des voies de Dieu parmi les Juifs était le jugement, c'est-à-dire le gouvernement de Dieu s'exerçant au milieu du peuple. Nous sommes dans le même cas, car nous nous trouvons ici-bas dans un milieu où Dieu se trouve et où il gouverne. Ce n'est pas Israël, mais l'Assemblée, maison de Dieu, que Dieu gouverne par son Esprit. Dès le commencement de l'histoire de son Assemblée ici-bas, son jugement s'exerça sur Ananias et Sapphira. Ce gouvernement a ses conséquences pour les enfants de Dieu, mais elles sont indépendantes de la vie éternelle. Il n'y a pas une infidélité dans la marche du chrétien qui n'ait pour conséquence quelque jugement de Dieu. Introduits par la grâce auprès de Dieu, ayant le Saint Esprit qui habite au milieu des siens, le mal ne peut se montrer sans tomber sous le jugement de Dieu. Tous les péchés sont contre le Saint Esprit, et c'est même le caractère spécial du péché de nos jours, où le gouvernement du Saint Esprit n'est pas reconnu. Tout péché a donc son jugement et ses conséquences, parce que le Saint Esprit gouverne et que Dieu ne peut tolérer le mal chez ceux qui lui appartiennent. On se rendrait mieux, compte des voies de Dieu et leur manifestation serait plus sensible, si l'on saisissait mieux le fait du gouvernement du Saint Esprit dans l'Eglise. Au lieu d'aller en aveugles dans la vie chrétienne, on comprendrait ce que Dieu nous veut et pourquoi il nous en veut.

La justice parfaite de Christ ne changeait rien à ce qui était la joie de son coeur. Son oeil était invariablement fixé sur Dieu. Il voyait le monde s'en aller, les méchants prospérer, et que Dieu seul demeure. Son oeil était simple. S'il ne l'est pas, il nous est difficile de discerner un chrétien d'un mondain. Quand le témoignage est affaibli, le dévouement manque. Ce qui le donne, c'est la conviction que toute notre part est en résurrection; ce qui le donne, c'est notre désir de vivre ici-bas selon la puissance de Sa résurrection. Ne pensons ni au blâme du monde, ni au blâme des chrétiens, mais regardons au Seigneur Jésus, et ayons notre part avec lui, entièrement en dehors du monde. Jésus ne marchait que selon les paroles, des lèvres de Dieu; cela lui faisait rencontrer la haine des méchants, mais ses yeux étaient fixés sur la résurrection: «Quand je serai réveillé, je serai rassasié de ton image» (verset 15).

Le chrétien fidèle ne se demande pas si les choses qu'il traverse sont permises ou non, mais si ces choses conviennent au Seigneur, répondent à son caractère, et par conséquent conviennent au fidèle qui désire être le plus près possible de lui.

Christ ressuscité, Christ en gloire, tel doit être l'objet de nos âmes. Dès ici-bas, nous avons le privilège d'être des nazaréens, séparés pour Dieu et suivant le Seigneur. Nous avons le sentiment que nous sommes formés par Dieu pour un certain but et que nous lui appartenons en propre. C'est là aussi ce qui donne de l'intelligence spirituelle dans les choses de Dieu.

Méditation de J.N.D. no 162 – ME 1907 page 377 : 1 Chroniques 29

Il y a ceci de particulier dans les livres des Chroniques, que Dieu nous y présente ses pensées de bonté et de grâce à travers les circonstances dans lesquelles les hommes se trouvent. On peut parler d'un chrétien et raconter son histoire avec tous ses manquements sans en rien omettre, mais on peut aussi faire voir toutes les pensées de Dieu à son égard, sans entrer dans le détail de ses manquements; sans cela, les voies de l'homme auxquelles la gloire et la bonté de Dieu s'appliquent, seraient cachées. Telle est la différence entre les livres de Samuel et des Rois d'une part, et ceux des Chroniques de l'autre. Samuel et les Rois présentent l'histoire des misères de l'homme responsable vis-à-vis de ce que Dieu lui a confié; les Chroniques présentent les voies de Dieu, et non celles de l'homme. On n'y trouve pas un mot de la chute de David ou de Salomon. Il est bon que nos âmes considèrent ce qui, en Dieu, s'élève au-dessus de nos misères. Nous prenons ainsi l'empreinte des voies de Dieu et les transportons dans nos voies. En Hébreux 11, le Saint Esprit passe par-dessus les manquements des fidèles et montre les voies de Dieu à leur égard et la bonne volonté de leurs coeurs envers lui.

Celle de David nous est présentée ici. Dieu lui avait promis que Salomon serait son successeur à toujours. Le Saint Esprit lui avait donné le modèle du temple, comme à Moïse celui du tabernacle. Il était un type de Christ, comme le Bien-aimé, souffrant, combattant et victorieux.

Pour nous, comme au temps de David, la maison de Dieu n'est pas encore bâtie, mais nous avons le modèle des intentions de Dieu. Le Saint Esprit a pris ces choses et nous les a communiquées, avec la certitude que Christ régnera en gloire. Nous sommes dans la position de David; le temple n'est pas encore bâti; le règne de paix de Salomon, pas encore établi, et nous, encore étrangers devant Dieu et ses hôtes (verset 15), mais pleins de joie, et ayant le privilège de nous dévouer à Dieu avec tout ce que nous possédons.

Dieu était le tout de David. Sans Dieu, David n'était rien, rien qu'un pauvre berger. Toute sa gloire dépendait de cette maison que Salomon allait bâtir à Dieu. C'est la position du chrétien. Qu'est-il, sans l'Eglise, sans la maison de Dieu? Toute la sphère de ses pensées est là, et certes ce n'est pas une chose trop petite, car c'est toute la sphère des pensées de Dieu quand il a voulu glorifier son Fils.

Il y a de l'énergie chez David; ce qui la lui donne, c'est de «faire une seule chose». L'homme double de coeur est inconstant dans toutes ses voies. Ce que Dieu a jugé suffisant pour manifester ses voies et ses conseils suffit à David; tout devient grand pour lui. Il n'a qu'un seul objet, en vue duquel toute l'énergie de son coeur se déploie et qui remplit ses pensées et ses affections.

Dieu nous a présenté ces choses comme à David et nous pensons, avec Dieu, à cette Assemblée, dans laquelle il veut manifester la gloire de Christ.

Il y a de plus, chez David, le dévouement; il avait préparé, selon que l'Esprit l'avait enseigné, ce qu'il fallait pour la maison de Dieu. Dieu a préparé toutes choses pour la maison de sa gloire. Dans la gloire, tout sera mis en ordre. Nous avons maintenant le privilège de la bonne volonté qui s'occupe des choses de Dieu, et c'est à quoi David engage les principaux de son peuple. Son coeur avait identifié la gloire de la maison de Dieu avec sa propre gloire. Que ce soit notre temps, nos talents, notre argent, quand nous sommes attachés à la maison de Dieu, tout ce que nous avons est identifié avec elle.

Ils offraient avec joie, volontairement. La consécration de tout ce que l'on a et de tout ce que l'on est, est une joie, l'oeil simple n'ayant qu'un objet. David en eut une fort grande joie et bénit l'Eternel. L'Esprit qui produit le dévouement fait aussi naître l'action de grâces.

Mais une chose le frappe: «Qui suis-je, et qu'est mon peuple, que nous ayons le pouvoir d'offrir ainsi volontairement?» Le résultat de cette bonne volonté est l'humilité. L'Esprit de Dieu, agissant en David, lui fait sentir ce qu'il est: «Toutes choses viennent de toi, et les ayant reçues de ta main, nous te les présentons». Dieu nous les donne, afin que nous ayons, par le Saint Esprit, la joie de les donner à Dieu. David n'était qu'étranger et un hôte chez Dieu; le pays était à Dieu, et l'on ne pouvait l'aliéner pour plus de 50 ans. Le fait d'avoir donné, au lieu de lui inspirer la satisfaction de lui-même, lui rappelle ce qu'il est, que tout vient de Dieu, et qu'il est étranger et comme forain chez Lui.

(Versets 17-19). C'est ce que nous avons à demander, et de tout notre coeur, que les coeurs des enfants de Dieu soient étrangers dans ce monde, comme des hôtes chez Dieu et identifiés avec ses pensées et ses intentions. S'il en est ainsi, on trouvera chez eux cette bonne volonté qui consacre tout à Dieu; et le coeur sera simple et joyeux!

Que Dieu nous attache à sa maison et nous donne de lui offrir de bonne volonté ce qu'il nous a donné! Nous n'avons rien, et ce que nous avons, notre joie est de l'offrir à Dieu!