Notes d'une méditation - Matthieu 18: 20; Jean 20: 11-23 et 1 Thessaloniciens 4: 17

Prod'hom S.

ME 1907 page 271

 

Ce qui distingue le vrai christianisme des religions du monde, c'est qu'il a Christ pour objet.

Le chrétien est un être qui a été rendu participant de la nature divine pour avoir Christ comme objet de son coeur, en communion avec Dieu. La conséquence pratique de la contemplation de cet objet, c'est le témoignage qui n'est autre chose que la manifestation de la vie de Christ (2 Corinthiens 3: 18).

Arrivés à la conviction de notre état de péché, ayant épuisé, sans résultat, toutes les ressources par lesquelles nous espérions obtenir le salut, l'appréhension du juste jugement de Dieu nous avait plongés dans une angoisse profonde. Avec quel bonheur, nous fûmes alors conduits par la grâce à jeter les yeux sur Christ, subissant à la croix le jugement que nous avions mérité; nous comprîmes que Lui seul pouvait nous tirer de l'abîme où nous étions tombés, et qu'il n'y avait point d'autre nom sous le ciel, par lequel nous pussions être sauvés. Heureux de saisir un tel objet, ne voyant rien au monde que Lui, tandis que rien sur la terre n'avait pu nous donner la paix avec Dieu, nous l'avons, pour l'éternité, comme unique objet des affections du coeur renouvelé. Nous détournerions-nous de Lui pour des choses de néant qui jadis ne pouvaient nous tirer de notre profonde détresse? Non, il est l'objet individuel du coeur renouvelé qui ne peut vivre sans Lui, comme Marie de Magdala, au sépulcre; ou aussi comme l'aveugle-né. Ce dernier est rejeté du monde après Christ, mais trouvé par le Seigneur qui se révèle à son âme, à sa vue nouvelle, comme objet d'adoration éternelle. Chaque jour nous faisons plus ample connaissance avec Sa personne, et nous trouvons en Lui la nourriture de nos âmes, la joie de nos coeurs, les ressources dont nous avons besoin tout le long du chemin; et ce qu'il est pour nos coeurs au milieu du désert, il le sera pour l'éternité.

Marie, au tombeau du Seigneur, nous présente l'exemple d'un coeur qui n'a plus rien sur la terre que Christ. Elle l'avait trouvé comme répondant à ses nombreux besoins, quand nul autre ne pouvait lui venir en aide. Son Seigneur avait été rejeté et mis à mort; mais le coeur de Marie le suit et ne veut que Lui, n'ayant rien d'autre ici-bas. Elle suppose que chacun doit, comme elle-même, être occupé de Lui. Sans le nommer, elle dit à celui qu'elle croit être le jardinier: «Si toi tu l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis». Les disciples, moins attachés au Seigneur, ont encore dans ce monde un «chez eux» où ils retournent, après avoir constaté que Jésus n'est plus dans le sépulcre; mais Marie veut son Seigneur, elle le cherche; quand elle l'a trouvé, son coeur est satisfait. Il lui révèle de grandes choses; il se manifeste à elle, selon ce qu'il avait dit en Jean 14: 21, quand il parlait de celui qui l'aime: «Moi je l'aimerai et je me manifesterai à lui». L'attachement à Christ gouverne la conduite du croyant. Pour marcher dans l'obéissance il s'agit simplement de l'aimer, car c'est ainsi que nous acquerrons l'intelligence nécessaire pour Lui plaire en toutes choses.

Si cette part bénie est individuelle, elle est aussi collective. Le Seigneur est mort pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés, Il est le centre du rassemblement, l'objet dont les croyants peuvent jouir en commun. C'est ce que nous trouvons aussi dans ce 20e chapitre de Jean, 19-20.

Le soir du premier jour de la semaine, les disciples sont réunis, absolument séparés des Juifs qui venaient de mettre à mort le Seigneur. Il se trouve au milieu d'eux, inaugurant, pour ainsi dire, le premier rassemblement selon la Parole. Sur Lui tous les regards se trouvent concentrés. Il leur apporte la paix, leur montre ses mains et son côté percés; ils sont assurés que c'est Lui. Ils se réjouirent lorsqu'ils virent le Seigneur. A Thomas, qui était absent, ils disent: «Nous avons vu le Seigneur». Ces mots répondent au désir constant de leur coeur, aussi Lui-même répondra à ce désir. N'a-t-il pas dit qu'il viendra «nous prendre auprès de Lui, afin que là où il est, nous y soyons aussi»? (Jean 14: 3). Et nous l'attendons, afin que sans voile, sans distraction, nous puissions jouir de sa personne.

En attendant ce moment bienheureux, notre précieux Seigneur et Sauveur a voulu que nous pussions jouir collectivement de sa présence ici-bas. Il dit à ses disciples: «Là où deux ou trois sont assemblés en (ou à) mon nom, je suis là au milieu d'eux» (Matthieu 18: 20). Quel privilège merveilleux de pouvoir nous rencontrer ici-bas, là où le Seigneur se trouve, en attendant d'être autour de Lui dans la gloire pour l'éternité! Quelle puissance d'attraction dans cet Objet du rassemblement! On voit beaucoup de chrétiens réunis dans des buts divers: pour entendre des prédications, accomplir des devoirs religieux, s'occuper de bonnes choses, etc.; mais quel privilège merveilleux d'être réunis au nom du Seigneur, qui représente sa personne même, parce qu'il a promis qu'il serait là. Qu'aurons-nous de plus dans le ciel, sauf la gloire? Nous y serons parce qu'il y est; sa voix puissante, le «cri de commandement» nous y aura appelés; aucun des siens, vivants ou délogés, ne restera en arrière. Aujourd'hui, sa voix pleine de grâce et d'amour nous invite à nous rassembler autour de Lui; avons-nous besoin d'autre chose pour répondre à son invitation? Ne nous suffit-il pas? Que nous faut-il de plus? Avons-nous besoin d'un don pour nous réunir? Nous ne jouirons de ce que le Seigneur a donné pour l'édification de son Assemblée que dans la mesure où nous nous serons attendus à Lui, ayant été rassemblés par son nom. C'est Lui qui a donné les dons pour l'édification et l'accroissement de son corps; mais il ne les a pas donnés pour le remplacer dans le rassemblement des saints.

Le chapitre 4 des Ephésiens, 7-16, nous enseigne que Christ a donné des dons aux hommes afin de chercher les âmes dans ce monde et de les amener ensuite, comme membres du corps de Christ, en relation pratique avec Lui, la Tête, d'où découle la vie nécessaire pour alimenter tout le corps. Chaque membre étant en rapport pratique avec la Tête (comme il l'est vitalement), reçoit de cette source de vie ce qui est nécessaire pour l'accroissement du corps et l'édification de lui-même en amour. Mais le rassemblement n'a pas proprement pour but de jouir des dons que le Seigneur a donnés pour l'Eglise, il l'a lui-même pour objet. Nous n'avons qu'à nous fier à Lui, le chef de l'Eglise qu'il nourrit et qu'il chérit. Il est là présent; nous n'avons pas à rechercher les moyens par lesquels nous serons édifiés ou à nous en préoccuper; ce n'est pas notre affaire; c'est celle du Seigneur. Il est fidèle; il a donné tout ce qui est nécessaire pour l'édification du corps tout entier; ne donnera-t-il pas ce qu'il faut pour que les deux ou trois réunis en son nom ne se retirent pas sans remporter une précieuse bénédiction?

Quelle joie et quel bonheur pour le coeur, de pouvoir nous rencontrer avec le Seigneur, en dehors de ce pauvre monde, tout en étant obligés d'y vivre, d'y accomplir nos devoirs et d'être plus ou moins en contact avec les éléments desséchants de la vie matérielle dont nous subissons si facilement l'influence. Malgré ce contact, nous pouvons sans doute être gardés dans l'accomplissement de nos devoirs, si nous recherchons la communion avec le Seigneur par la Parole et la prière; mais avec quel bonheur nous saurons tout quitter pour venir autour de Lui jouir de l'atmosphère bénie de sa présence, car nous avons éprouvé l'aridité de ce monde, vide de Celui qu'il a rejeté.

Il y a donc ici-bas un lieu où nous pouvons nous rencontrer ensemble avec Lui, en attendant notre réunion avec Lui dans la gloire. Y être parce qu'Il y est, après avoir été en contact avec le monde où il n'est pas, cela suffit pour le coeur. Quant à Lui, fidèle à sa promesse, il est là, source de bonheur, de puissance, de lumière, de paix et de repos; il donne l'édification par les moyens que sa Parole nous enseigne, par des hymnes et des cantiques; par la prière (1 Corinthiens 14: 17), par «cinq paroles» (verset 19), et aussi par un frère doué, qui, s'il demeure sous la dépendance du Seigneur, pourra exercer le don qu'il a reçu, avec une bénédiction d'autant plus grande que l'assemblée s'attend davantage au Seigneur.

Nous n'aurons jamais de déception, si nous sommes venus chercher le Seigneur, tandis que nous pourrons en avoir beaucoup, si nous nous sommes attendus à d'autres qu'à Lui.

Nous avons ici-bas le Saint Esprit pour jouir de Christ; c'est par Lui que nous entrons dans la connaissance et la réalisation de tout ce que Jésus est pour nous. Dans la gloire, ce sera par cette même puissance de l'Esprit que nous jouirons de la présence du Seigneur et que nous pourrons entrer, sans le secours d'un ministère, dans la connaissance infinie de sa glorieuse personne. Nous avons donc maintenant les mêmes ressources qu'au ciel pour réaliser le bonheur de sa présence, avec cette immense différence que maintenant c'est par la foi, dans l'infirmité de nos pauvres vases, qui voient comme au travers d'un verre obscurément, tandis qu'alors, ce sera par la vue, face à face, avec des corps glorifiés.

L'apôtre, après avoir enseigné les Thessaloniciens sur l'enlèvement des saints, délogés ou vivants, s'arrête en disant: «Et nous serons toujours avec le Seigneur». Il savait que les Thessaloniciens ne désiraient rien autre; pour eux cela était suffisant, du moment qu'ils savaient que personne ne manquerait en ce beau jour.

Puissent nos coeurs chercher le Seigneur individuellement comme Marie, puissent-ils vivre de Lui et avec Lui; le moyen d'être heureux c'est de nous rencontrer là où il se trouve, où deux trois sont assemblés en son nom, en dehors de ce triste monde, jouissant ici-bas d'un avant-goût de la maison du Père, en attendant le glorieux moment où nous serons toujours avec le Seigneur!