Tychique

G.B.E.

ME 1908 page 75

 

Il y avait dans le coeur des premiers chrétiens la plus tendre sollicitude mutuelle, et cela prouvait combien ils s'aimaient. Nul, parmi les apôtres, ne fut plus zélé, sous ce rapport, que Paul, assiégé qu'il était par sa sollicitude pour toutes les églises (2 Corinthiens 11: 28).

Le soin de paître les brebis et les agneaux sortis du bercail juif, avait été confié à Pierre, le plus âgé des apôtres, mais ce fut à Paul que Christ confia celui de veiller sur l'Eglise et de la protéger contre les premières et les plus subtiles atteintes du mal et de la corruption (Jean 10: 3; 21: 15; 1 Pierre 5: 1-4; Actes des Apôtres 20: 28-32; Colossiens 2: 1, etc.). Paul par la grâce de Dieu, fut fidèle à son mandat jusqu'à la fin.

Mas il fallait des aides dans l'exercice de ces soins envers l'Eglise de Dieu, et nul, peut-être, ne fut plus aimé et estimé que Tychique, l'un des convertis d'Asie (Actes des Apôtres 20: 4). Entre tous ceux qui, en Asie, abandonnèrent Paul, Tychique paraît faire exception, car, dans sa dernière lettre, l'apôtre fait mention de lui, ce qui nous porte à croire que Tychique était demeuré fidèle à Paul, comme Paul lui-même avait été fidèle aux églises (2 Timothée 4: 12). Et, s'il en est ainsi, l'exception est en vérité un fruit de la grâce, donnant à ce bien-aimé frère une place honorable et éminente, suivant le témoignage qu'en rend l'apôtre.

Ce témoignage, quoique exprimé en peu de mots, est comme un parfum précieux de ce que la grâce peut accomplir dans un coeur dévoué à la gloire de Christ au milieu de ce monde, scène de Sa réjection et de Son déshonneur. Tychique semble avoir été le messager de Paul et le porteur de ses lettres aux Ephésiens et aux Colossiens; le Saint Esprit rend, dans ces épîtres, un beau témoignage de lui en l'accréditant et le recommandant à l'amour des saints. «Tychique, le frère bien-aimé et fidèle serviteur dans le Seigneur». Ainsi en parle Paul aux Ephésiens (Ephésiens 6: 21, 22).

En s'adressant aux Colossiens, l'apôtre lui rend le même témoignage: «Tychique, le bien-aimé frère et fidèle serviteur, et compagnon de service dans le Seigneur» (Colossiens 4: 7). Seulement, ici, nous voyons qu'il est recommandé comme compagnon de service de l'apôtre, quoique disposé à être employé de lui comme son messager, et son envoyé auprès des églises.

Cher lecteur, s'il y a quelque vertu ou quelque louange, pensons à ce qui concerne ce bien-aimé frère Tychique (Philippiens 4: 8). Trois choses sont dites de lui que nous devrions ardemment désirer d'imiter, en prenant sa foi pour modèle, selon l'Ecriture (Hébreux 13: 7). Il était:

  1. Un bien-aimé frère dans le Seigneur.
  2. Un fidèle serviteur dans le Seigneur.
  3. Un compagnon de service dans le Seigneur.

Le moins qu'on puisse dire d'un croyant qui comme Tychique, aurait entendu et cru la parole du Seigneur Jésus prêchée par Paul, c'est qu'il est un frère en Christ. Mais l'expression employée ici nous indique quelque chose de plus que d'être simplement en Christ, ou un frère en Christ, quoique cela seul soit déjà une grande bénédiction. Tychique était «un bien-aimé frère en Christ». Et de telles paroles ne nous font-elles pas entendre que sa marche et sa vie dans l'amour de Dieu et de Christ, le rendaient cher, non seulement à Christ et à Paul mais à tous ceux qui le connaissaient? Cette obéissance dans l'amour ne nous le fait-elle pas connaître comme un frère qui gardait le commandement du Seigneur? de là, la justesse de son expression: «dans le Seigneur».

Cette vue du caractère chrétien est des plus attrayante; elle est recommandable et nécessaire à imiter pour que nous réussissions dans notre désir de rendre témoignage à Christ en le servant, pour ainsi dire, dans les circonstances les plus ordinaires de la vie, car tout croyant peut et doit marcher dans cet amour envers le monde, et d'une manière plus spéciale envers les disciples de Christ dans le monde. «L'amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est amour» (1 Jean 4: 7, 8).

Mais il y a plus. Dieu nous a révélé sa vérité, que nous devons maintenir et enseigner dans la fidélité et l'amour. Car la vérité de Dieu qui est sa Parole est le fondement de tout témoignage chrétien et la source de toute unité et de tout amour chrétien. Notre Seigneur lui-même, qui était la Vérité, entra ici-bas dans un chemin d'obéissance envers son Dieu et Père, «pour la vérité de Dieu», et fut fidèle à Celui qui l'avait établi (Jean 14: 6; Romains 15: 8; Hébreux 3: 2).

Notre bonheur est de proclamer qu'il fut, comme dit un poète, «fidèle au milieu de l'infidélité, rien que lumière au milieu des ténèbres».

Et ainsi, qu'il s'agisse de Christ ou de ses serviteurs, c'est le véritable amour pour Dieu, l'amour pour la vérité et l'amour pour les hommes, qui produit la fidélité à l'égard de Dieu, de la vérité, et aussi à l'égard des hommes.

On peut dire avec joie, de Tychique, qu'il était un bien-aimé frère et fidèle serviteur dans le Seigneur. Il était, nous le pensons, capable d'enseigner aux autres ce qui lui avait été communiqué par Paul (2 Timothée 2: 2), mais nous savons du moins qu'il possédait le don si désirable de prophétie, car, à la grande joie de l'apôtre, il pouvait consoler les coeurs des Colossiens après avoir connu l'état de leurs affaires (1 Corinthiens 14: 1-3; Colossiens 4: 8). L'épître elle-même qu'il porta aux Colossiens contenait l'enseignement nécessaire pour les affermir et les établir.

Mais aussi, le service fidèle de Tychique, comme un «frère bien-aimé» devait être des plus efficace et était sans doute reconnu par Dieu pour accomplir ce que l'apôtre avait tant désiré, savoir que «leurs coeurs fussent consolés et unis ensemble dans l'amour pour toutes les richesses de la pleine certitude d'intelligence, pour la connaissance du mystère de Dieu» (Colossiens 2: 2). Et quel «compagnon d'oeuvre», et quel serviteur dans le Seigneur, Tychique devenait pour l'apôtre!

En se rendant auprès des saints d'Ephèse avec la lettre de Paul, Tychique nous apparaît de nouveau comme consolateur. Mais, cette fois, ce n'est pas tant pour apprendre l'état de leurs affaires comme chez les Colossiens, mais pour qu'eux, les Ephésiens, connussent les affaires de l'apôtre lui-même (Ephésiens 6: 22). Nous voyons donc dans ces deux cas comment Dieu peut consoler, et quelle «consolation d'amour» l'on trouve toujours dans cette affection mutuelle qui a sa racine en Christ. Il est juste de remarquer que les saints d'Ephèse, à ce moment-là, étaient dans un meilleur état que les Colossiens, quant à l'amour. A ces derniers, la consolation avait été apportée par Tychique qui connaissait leur état et s'en était occupé; aux Ephésiens, il s'agissait plutôt d'apporter des nouvelles de l'apôtre, dont l'ardente affection pour les saints comptait sur leur amour et s'assurait qu'ils seraient réconfortés en recevant des nouvelles de celui qu'ils aimaient tant.

Il paraît certain que la tendre affection de Paul et sa sollicitude pour les saints d'Ephèse ne se refroidirent pas, et ne firent jamais place à l'indifférence. Nous en avons la preuve dans les dernières paroles de l'apôtre: «J'ai envoyé Tychique à Ephèse» (2 Timothée 4: 12).

Bien-aimés, si nous savons que Paul et Tychique se reposent maintenant auprès du Seigneur, et attendent, là-haut, avec Lui, nous qui travaillons et l'attendons ici-bas, marchons comme eux dans le même amour pour Christ, en toute ferveur et activité. Puissions-nous éprouver un intérêt toujours nouveau et toujours plus profond pour les saints de Dieu partout, cherchant, comme Tychique, à les aimer et à les servir dans ce même amour, afin que, comme lui, nous soyons approuvés de Christ dans ce jour, l'ayant servi sur la terre, dans le même esprit de dévouement et d'amour, comme «bien-aimés et fidèles dans le Seigneur».

Bientôt, nous entendrons sa voix de grâce qui s'élèvera comme une musique délicieuse du sein des premières vapeurs de l'aube: «Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens! Car voici, l'hiver est passé; la pluie a cessé, elle s'en est allée,… les vignes en fleur exhalent leur parfum. Lève-toi, mon amie, ma belle, et viens!» (Cantique des Cantiques 2: 10). Puissions-nous aussi, lorsque nous serons avec Lui, entendre sa voix fidèle nous dire en justice et en vérité: «Bien, bon et fidèle esclave… entre dans la joie de ton maître» (Matthieu 25: 21).