Etre «rendu capable» et croître (Colossiens 1)

Darby J.N.

ME 1908 page 257

 

C'est une chose merveilleuse — et plus elle est merveilleuse, plus nous y pensons — que la manière dont nous sommes, comme chrétiens, associés au Fils de Dieu! Nous sommes faits membres de son corps, de sa chair et de ses os, de lui-même qui est le commencement de la création de Dieu. Dans le même passage de l'Ecriture où il dit être un avec le Père, il dit: «Vous en moi, et moi en vous». Plus nous pesons cette vérité, plus nous y pensons, plus elle nous paraît merveilleuse; et tout est grâce. Nous lisons: «Afin qu'il montrât dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus». C'est ainsi que les anges, les principautés et les autorités dans les lieux célestes apprendront le sens de ces mots: «les immenses richesses de sa grâce». Ils verront le pauvre brigand; la femme de la ville, qui était pécheresse; ils nous verront nous-mêmes aussi, dans la même place et la même gloire que le Fils de Dieu!

Maintenant, il nous a introduits dans l'intimité actuelle de ces choses, en nous donnant Christ comme notre vie et le Saint Esprit pour habiter en nous. Il nous a fait entrer dans une intimité et une relation des plus étroites avec lui-même; comme il disait: «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu». Pensez que le Fils éternel de Dieu a dit cela de nous! Comme ce devrait être pour nous le sujet d'une joie paisible et bien établie dans notre âme! Il n'y a que celui qui habite là, qui s'y trouve comme chez soi, qui sentira et saura combien cela est merveilleux. Vous ne pouvez le comprendre si vous ne demeurez pas dans ces choses, mais quand vous y pénétrez, vous commencez à avoir la conscience de ce qu'elles sont.

Dieu nous a montré que tous les fruits de la chair sont complètement ôtés — et cela en ressuscitant le Seigneur Jésus Christ qui est entré dans la mort pour nous, en le faisant asseoir dans la gloire, et en nous donnant le Saint Esprit — ainsi tout ce qui est de l'homme et du péché est ôté. «Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il s'est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux».

C'est une chose précieuse de savoir que, par son oeuvre à la croix, il a enlevé tout ce qui se plaçait entre nous et la justice de Dieu. De sorte qu'il ne saurait surgir dans nos coeurs un seul doute à l'égard de notre place devant lui. Coupables, nous sommes justifiés; souillés, nous sommes purifiés; ayant offensé Dieu, nous sommes pardonnés.

Il veut que nous jouissions de tout cela; et par conséquent il ne nous laisse pas dans la crainte du jugement. Dieu nous a amenés à lui en Christ — nous y a établis — et nous en a donné la conscience par le Saint Esprit descendu du ciel. Nous ne possédons pas encore toutes choses — dans ce sens, nous n'avons que le Saint Esprit envoyé du ciel — mais nous avons toutes choses par la foi. C'est ce qui constitue l'énigme de l'état chrétien — nous avons tout en Christ: gloire, vie éternelle, pardon, justification — et Christ est en nous, l'espérance de la gloire. L'oeuvre qu'il a accomplie est complète, nous sommes vivifiés et y avons part, c'est pourquoi l'apôtre dit: «Nous avons été sauvés en espérance». Mais, quant à la possession, nous n'avons rien encore, sauf le Saint Esprit, et l'amour de Dieu versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint.

Considéré au point de vue de ma place et de mes droits, je suis accepté dans le Bien-aimé: mais quant à moi-même, je traverse ce monde dont je suis tout à fait séparé, et cependant avec le sentiment dans mon coeur de tout ce que je possède. Ainsi le coeur se reposant sur l'amour de Dieu en est pleinement satisfait. Dieu nous a donné son propre Fils. Son amour nous a placés en Christ — la plus excellente place qui se puisse concevoir, et dans ce sens il ne nous laisse rien à désirer. Nous sommes sur la terre pour être exercés, disciplinés et éprouvés, et pour apprendre à connaître sa fidélité et sa grâce.

Vous verrez, dans ce chapitre, comment il est parlé de croître et d'être fortifiés, et comment ces choses sont entièrement séparées d'avec le fait que nous sommes rendus propres pour le ciel. L'Ecriture ne dit jamais que le chrétien aie un besoin quelconque de devenir capable d'y entrer. Il y a — il doit y avoir — la croissance. Dieu nous disciplinera si nous marchons mal — nous découvrirons toutes ces voies de Dieu envers nous; mais elles sont toutes soigneusement distinguées de ce qui nous rend propres pour le ciel; et partout où cela n'est pas compris pratiquement — je ne veux pas dire en paroles — partout où il y a un manque de clarté dans le coeur quant à notre capacité d'y avoir part, cela fera obstacle à la paix, parce qu'on ne voit pas la plénitude de l'amour et notre relation actuelle avec la gloire. En conséquence la règle de notre marche est abaissée. Nous nous occupons de l'état de nos coeurs, au lieu de nous occuper du coeur de Christ. Je n'ai jamais vu que quelqu'un occupé de lui-même pût être occupé d'autre chose que de lui-même, et c'est le plus grand mal au monde.

Nous avons quelquefois à nous occuper de nous-mêmes; nous commettons des fautes et il nous faut les juger; il nous faut non seulement veiller à ce qu'il n'y ait pas de mal dans notre marche, mais à ce qu'il y ait en nous de la croissance. Mais même dans ce cas, si je m'occupe beaucoup de moi, le moi prend la place que Christ doit occuper, et c'est là qu'est le mal. Quelqu'un vient me faire un long récit de ce qu'il trouve dans son coeur, et naturellement il y trouve abondance de mal. Mais lorsque je lui demande ce qu'il y a dans le coeur de Dieu, il ne peut m'en dire un mot! Croyez-vous que ce soit un bon état? Certainement, si nous ne nous jugeons pas nous-mêmes, nous aurons à en pâtir; mais le jugement de soi-même est une chose facile et simple, bien que nécessaire, quand on est près de Dieu et en communion avec lui. Mais si je suis loin de lui, scrutant mon coeur et tout ce qui s'y trouve, est-ce que cela change quelque chose à son état?

Vous verrez quelle règle remarquablement élevée pour la croissance et la pratique, nous trouvons dans ce chapitre: «Pour marcher d'une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards». Mais s'il s'agit de capacité, nous lisons: «Rendant grâces au Père qui nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière». Quand je possède cela, je puis chercher à croître et à marcher d'une manière digne du Seigneur, et cela parce que je suis associé à Celui qui m'en a rendu capable.

Croyez-vous que le pauvre brigand fût capable d'entrer dans le paradis? Qu'est-ce qui l'en rendit capable? La preuve de sa capacité, c'est qu'il y est allé, et sûrement il n'y est pas entré comme indigne, mais parce que Christ était mort et l'en avait rendu capable. C'est sur ce point que nous devons être clairs et précis.

Il dit: «Vous êtes accomplis en lui»; cela montre où il nous a placés: et ici, l'apôtre examine les diverses choses que, comme Juif, il pouvait avoir connues. La circoncision; il pouvait être circoncis ou non, être un philosophe ou non, et ainsi de suite; mais alors il montre que nous avons tout en Christ. La manière dont cela nous est présenté ici est fort belle (chapitre 2). «En lui habite toute la plénitude de la déité corporellement». En lui, comme homme — toute la perfection de la déité! «Et, vous êtes accomplis en lui». Les mots «plénitude» et «accomplis» ont la même racine. Toute la plénitude de la déité nous a été apportée, est venue tout près de nous ici-bas, en Christ, mais quand je regarde en haut et que j'y vois Christ, je vois aussi que je suis accompli — rempli jusqu'à la plénitude en lui devant Dieu. C'est, en vérité, une place merveilleuse que la grâce souveraine nous a donnée. Seule la grâce peut penser à une telle chose.

Si vous désirez connaître Dieu le Père, où vous faut-il aller l'apprendre? «Celui qui m'a vu, a vu le Père». Nos coeurs ont-ils toujours regardé Christ comme leur objet, et avons-nous dit en le contemplant: Je n'ai rien de plus à chercher? Représentez-vous, bien-aimés, ce que c'est que de considérer le Seigneur avec la puissance de l'Esprit de Dieu, et de voir en lui — cet homme pauvre, méprisé — Dieu marchant sur la terre! Et quand quelqu'un s'asseyait à côté de lui et lui racontait l'histoire de ses péchés, même avec confusion et larmes, c'était à Dieu qu'il la racontait!

Est-ce là la pensée que nous avons du Seigneur Jésus Christ? Il est le même maintenant. Dieu est venu en Christ et nous a demandé, pour ainsi dire: «Ne me connaissez-vous pas?» Dans un certain sens, il était semblable à tout homme, et dans un autre il ne l'était point du tout. Pas un seul mobile qui ait jamais dirigé son coeur n'a dirigé celui de l'homme; et pas un mobile qui dirige le coeur de l'homme n'a dirigé le sien. C'était une chose absolument nouvelle dans le monde. La manifestation bénie d'un sentier divin et un homme y marchant, non seulement par des miracles extérieurs, mais par ses actes et ses paroles. Il faisait brûler au dedans d'eux le coeur de ceux qui se trouvaient avec lui quand il leur parlait et marchait avec eux sur le chemin.

Quand je lève les yeux vers Dieu, je dis: «Je suis accompli en Christ». J'ai commis des péchés et autres choses semblables, mais je dis: «Je ne suis pas dans la chair, mais dans l'Esprit — je suis en Christ; et je le sais, parce qu'il a dit que je le saurais quand il enverrait le Saint Esprit». «En ce jour-là, vous connaîtrez que moi je suis en mon Père, et vous en moi, et moi en vous» (Jean 14: 20). Ainsi, je trouve ma place en Christ devant Dieu, je suis moi-même en lui, et Dieu a été glorifié quant à la manière dont je suis arrivé là. «Maintenant le Fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui». Je puis donc rendre grâces au Père qui m'a rendu capable de participer au lot des saints dans la lumière.

Il est vrai que nous n'avons pas encore l'héritage et que nous devons apprendre à connaître notre faiblesse, nos manquements et tant d'autres choses. Mais cela ne jette point d'ombre sur le coeur quant à ce qu'il est devant Dieu, parce qu'il est en Christ. «Celui qui nous a formés à cela même — c'est-à-dire pour la gloire — c'est Dieu, qui nous a aussi donné les arrhes de l'Esprit». Supposez-vous que quand Dieu «nous a formés», il ait si mal fait son oeuvre? Ne pensez-vous pas que Dieu l'ait bien faite? Certainement! Quelle paix cela donne à l'âme! Mais du moment que je fais dépendre ma capacité de ma croissance, que je considère mon propre coeur et que je demande s'il est rendu capable de se tenir devant Dieu, quand donc en sera-t-il ainsi? Je ne doute pas que le coeur ne désire la sainteté, mais il y a, chez celui qui la désire, erreur quant à la manière d'y arriver, même comme chose actuelle. Il n'y a point d'erreur à dire que «sans la sainteté nul ne verra le Seigneur», car autrement on ne connaît pas Dieu du tout. Mais la question est: comment atteindre à cette sainteté? Dieu nous discipline, afin que nous puissions participer à sa sainteté. Non pas, afin que nous soyons saints, mais que «nous participions à sa sainteté».

Maintenant, ayant vu le fondement sur lequel nous sommes établis, nous sommes accomplis en Christ — rendus propres pour l'héritage — et introduits dans une association de coeur avec toutes ces choses par la foi, ayant le Saint Esprit habitant en nous. L'apôtre s'occupe ensuite de la marche de l'individu. Il dit: Vous devez «marcher d'une manière digne du Seigneur» — discernant quelle est la volonté de Dieu, bonne et agréable et parfaite. Dieu vous a donné une position dans son propre Fils; et à son Fils une place dans vos coeurs: «l'espérance de la gloire». Celui qui est l'héritier de la gloire est là, dans vos coeurs, à vous nations qui n'aviez droit à rien.

Prenez le Juif auquel il compare les nations dans ce passage. Il attendait le Messie pour qu'il établît la gloire d'une manière charnelle; il avait les promesses; il les a perdues entièrement quand il a rejeté Christ, et ainsi il dépend uniquement de la miséricorde souveraine. «Christ a été serviteur de la circoncision, pour la vérité de Dieu, pour la confirmation des promesses faites aux pères» (Romains 15: 8). Quoi donc? Les Juifs les ont rejetées; et nous lisons: «Pour que les nations glorifiassent Dieu pour la miséricorde». Il établit ces deux choses distinctement.

On parle d'une promesse faite à Adam. Il n'y en avait absolument aucune. Dans ce qu'il entendait, Adam avait une base sur laquelle il pouvait se reposer, mais il ne lui fut fait aucune promesse. Une promesse à Adam eût été une promesse à un homme dans ses péchés. C'était un jugement contre le serpent, promis au second Adam, à la semence de la femme — Adam n'était pas cette semence. «Elle te brisera la tête, et toi tu lui briseras le talon». En attendant, Abraham et les Juifs ont eu les promesses. Les derniers les ont reçues conditionnellement sous la loi et ils les ont perdues. Dieu les accomplira toutes malgré leur chute. Pour le moment, ils sont mis de côté.

Quant aux nations, que dire d'elles? Qu'ont-elles eu? Rien! Christ était là; c'est parfaitement vrai. Mais remarquez sa manière d'agir, quand les nations venaient chercher la bénédiction auprès de lui, dans le cas de la femme Syrophénicienne. Notre Seigneur sort d'Israël, et cette femme vient lui parler de ses besoins comme au Fils de David. Eh bien! «Il ne lui répondit mot». Elle essaya encore, l'appelant «Seigneur». Il lui dit: «Laisse premièrement rassasier les enfants», c'est-à-dire les Juifs. «Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens» — les nations. Elle répond: «Oui, Seigneur; car même les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres». Je suis une pauvre Cananéenne — une chienne — ayant la malédiction sur moi. Je n'ai droit à rien; je n'ai aucune promesse. Cependant, il y a de la bonté en Dieu, même pour un tel être. Supposez-vous que Christ pût dire qu'il n'y en avait pas? Impossible, car ce n'aurait pas été vrai. «O femme, ta foi est grande; qu'il te soit fait comme tu veux».

L'effet de cette absence de promesses fut de montrer comment Dieu était au-dessus de tout en grâce. Il y avait en Dieu la bénédiction qui devait être manifestée pour les besoins et la misère des pécheurs. Christ fait la propitiation, et la grâce règne par la justice. C'est Dieu se présentant et s'élevant au-dessus de toute dispensation pour se révéler lui-même et amener l'âme en toute confiance à lui pour la rendre capable de dire: «Bien! je connais Dieu comme n'aurait jamais pu le connaître un Juif sous la loi et la promesse, et tout cela parce que je n'y ai aucun droit. Je n'ai de droit à rien, et je possède Dieu!»

Ainsi, nous trouvons ici qu'il parle de «Christ en vous» — ce n'est pas «la couronne de beauté», comme il le sera plus tard pour le résidu d'Israël (Esaïe 28: 5) — mais «l'espérance de la gloire». C'était une chose tout à fait nouvelle que Christ fût au milieu des nations, n'introduisant pas la gloire, mais l'espérance de la gloire à venir, de la gloire céleste.

Par le moyen de cette grâce parfaite envers un simple pécheur, je possède ce que Dieu est lui-même en amour, et ce qu'il est en justice. Ces deux choses concourent ensemble en ma faveur, et ce à quoi m'a donné droit la grâce en justice — l'espérance de la gloire, de sorte que je me «glorifie dans l'espérance de la gloire de Dieu». Le double caractère de l'oeuvre du Saint Esprit dans nos coeurs est ainsi mis en évidence. Il est les arrhes de la gloire, de l'héritage qui est mien; et l'amour de Dieu est versé dans mon coeur par le Saint Esprit, car il y est. La gloire est notre part, nous sommes par conséquent étrangers et forains ici-bas jusqu'à la rédemption de l'héritage.

Il y a une différence entre l'épître aux Ephésiens et celle aux Colossiens. Dans la première, nous sommes considérés comme étant déjà assis dans les lieux célestes — non avec, mais — «en Christ». Dans la seconde, nous sommes morts et ressuscités avec Christ, mais encore ici-bas, notre espérance étant gardée dans les cieux. Par conséquent, cette épître, qui nous place sur la terre, nous montre ce qu'est notre sentier dans ce monde. Il est dit: «Pour marcher d'une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards», la mesure, c'est «d'une manière digne du Seigneur», comme nous lisons encore: «Celui qui dit demeurer en lui, doit lui-même aussi marcher comme lui a marché». Et encore: «Vous êtes la lettre de Christ» (non pas vous devez l'être, ce qui est vrai aussi), mais «vous êtes la lettre de Christ». Vous ne pouvez pas dire sincèrement que vous l'êtes, si vous marchez mal et si vous vous égarez. Mais la place que vous devez occuper, c'est de «lui plaire à tous égards» — de sorte qu'il n'y ait jamais en vous quelque chose qui ne plaise pas à Christ. Dieu vous a mis par grâce dans cette position, maintenant, y marchez-vous? Si un enfant commet des choses honteuses, elles rejailliront sur son père, et son père le sentira.

«Portant du fruit en toute bonne oeuvre, et croissant par la connaissance de Dieu». Vous connaissez Dieu! apportez cela en toutes choses. Faites tout en rapport avec lui. «Etant fortifiés en toute force selon la puissance de sa gloire». Voici maintenant la force. Quelle en est la mesure? «La puissance de sa gloire». Bien-aimés, croyez-vous réellement ces choses? Croyez-vous que ce soit une vérité qui nous concerne?

Prenons un autre verset dont je dirai peu de chose, le neuvième. «C'est pourquoi nous aussi, depuis le jour où nous en avons ouï parler, nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle». Combien souvent nous répétons ces mots, et cependant qu'avez-vous cherché dans le désert? N'est-ce pas votre bien-être, votre propre volonté? Il n'y a rien d'étonnant alors que vous ne sachiez pas ce qu'est la volonté de Dieu. Où y a-t-il dans ce monde un vrai chemin loin de sa volonté? Je n'en connais aucun: et il ne peut y en avoir, j'ose le dire.

Supposons qu'un enfant ait abandonné la maison de son père, il ne pourra jamais être restauré s'il n'y revient d'abord. Il n'est pas un voleur peut-être. Il peut avoir une très bonne réputation dans un pays éloigné — mais il doit avoir une mauvaise conscience et n'en aura jamais une bonne, s'il ne retourne à son père. Il n'y a pas de chemin pour moi dans ce monde comme tel, mais dès que je possède Christ, j'en trouve un. Allez et marchez après lui. Nous pourrons le faire pauvrement, sans doute, mais «Il nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces». «Bienheureux l'homme dont la force est en toi, et ceux dans le coeur desquels sont les chemins frayés!» Si seulement mon coeur suit le chemin de Christ, je serai rempli de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle.

Remarquez la sagesse du Seigneur en cela. Supposez que j'aie un conducteur — il me dirige bien, je n'en retire aucune gloire; il n'y a ainsi point en moi de sagesse ou d'intelligence spirituelle. Mais Dieu a pris soin d'y pourvoir pour moi à sa manière. Mais, dira-t-on, le ne vois pas nettement la pensée du Seigneur. Je demande alors: Votre corps n'est-il pas plein de lumière? Dans ce cas, votre oeil n'est pas simple — c'est évident. Toutes les fois que je ne vois pas clairement ce que j'ai à faire, il y a en moi quelque chose qui fait que mon oeil n'est pas simple.

Tout cela n'a aucune relation avec le fait d'être rendus capables de nous trouver dans le ciel, mais une grande avec l'état de l'âme. Nous venons de voir cette «sagesse» et cette «force». Supposez-vous que maintenant vous avanciez avec de brillants résultats et des manifestations de puissance? Est-ce tout que d'avancer brillamment? Non, en vérité, car vous êtes fortifiés pour «toute patience et constance, avec joie». Comme cela nous rapetisse! Ce n'est pas chose aisée que d'être patient. N'avoir jamais une minute sa volonté à soi, cela n'est-il pas terrible? Voyons! Ne devez-vous pas faire la volonté de Dieu? Christ a-t-il jamais fait sa propre volonté? Il est venu faire la volonté de son Père et n'a jamais pensé à faire autre chose. Pourquoi pensez-vous à faire autre chose! Parce que vous préférez votre propre volonté. Si nous considérons nos pauvres coeurs insensés, nous y voyons la volonté à l'oeuvre; mais nous devrions faire Sa volonté — c'est la liberté. Supposons que j'envoie mon enfant porter un message, quand précisément il désire faire une promenade; eh bien! c'est «la loi de la liberté pour lui».

Voyez l'inexprimable patience qui se trouve en Christ. Considérez Paul — «certainement les signes d'un apôtre ont été opérés au milieu de vous avec toute patience». Mais remarquez ce qui était au fond de tout cela — «la joie». Christ était l'homme de douleurs, et sachant ce que c'est que la langueur; cependant, il désirait que sa joie fût accomplie dans ses disciples. Paul demande: «Qui est scandalisé que», non pas que je le soulage, mais que «moi aussi je ne brûle?» Nous trouvons que ce monde n'est pas un lieu de repos, mais d'épreuve.

Cela ne nous fait-il pas nous écrier: Eh bien! je vais voir Christ tel qu'il est! A cette pensée, l'espérance brille dans le coeur et, chemin faisant, nous rend capables de nous glorifier dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience, et la patience l'expérience, et l'expérience l'espérance; parce que l'amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné!

Ce n'est pas montrer extérieurement de la joie avec un ver rongeur au coeur; il y a, sans doute, des douleurs dans tout ce que nous traversons, mais au fond il y a de la joie, et en fin de tout, Christ lui-même. Nous l'avons maintenant comme la source de toute joie dans nos coeurs, et nous l'aurons lui-même, quand nous serons en sa présence.

Il y a un mot au verset 13: «Qui nous a délivrés du pouvoir des ténèbres, et nous a transportés dans le royaume du Fils de son amour». Cela signifie que nous sommes enlevés entièrement de la place où nous étions. Ce n'est pas simplement: vous êtes nés de Dieu; ce n'est pas seulement la communication de la vie, ni (ce qui est le fondement de tout) le fait que le sang précieux de Christ nous purifie de tout péché. Le sang a ôté mes péchés; et je suis né de Dieu, c'est vrai; mais il y a plus, j'ai été transporté hors du royaume de Satan qui gouverne les ténèbres de ce monde, dans le royaume du Fils de son amour. C'est le seul endroit où le royaume soit appelé ainsi, en contraste avec celui de Satan. J'étais esclave de Satan, et j'ai été complètement arraché à son domaine. C'est ce que l'âme demande avec instance en Romains 7: «Qui me délivrera?» Ce n'est pas: «Qui me purifiera?» Ce n'est pas seulement que le sang est là et que le juge ne peut pas me toucher; mais le salut du Seigneur m'a délivré, sorti de tout ce qui me retenait, et transporté dans le royaume du Fils de Son amour.

L'apôtre continue à montrer comment Christ a créé toutes choses, et par conséquent doit tout posséder: «Toutes choses ont été créées par lui et pour lui». «Lui est avant toutes choses, et toutes choses subsistent pour lui». Celui qui les a créées les soutient toutes. De plus: «Il est le chef du corps, de l'assemblée, lui qui est le commencement, le premier-né d'entre les morts». La mort est au-dessous de la création la plus basse, et Christ est descendu au-dessous de tout, la création ayant été placée sous la puissance de la mort par le péché. Il a été là en grâce; il a goûté la mort comme aucun autre ne l'a jamais fait. Plus il savait ce qu'était la vie, plus il a senti la puissance de la mort. Plus il savait ce qu'était la sainteté, plus il a senti ce que c'était que d'être fait péché. Il a su ce que c'était que de porter la colère. Mais il est sorti de la mort et, comme ressuscité, il est devenu le Chef du corps; il nous place ainsi dans la plus intime association avec lui. Il est descendu dans la mort pour nous, et maintenant il nous a introduits là où il est. Dieu nous a ressuscités avec lui.

Nous étions étrangers et ennemis quant à notre entendement, dans les mauvaises oeuvres; cependant il nous a réconciliés. Toutes choses seront réconciliées soit sur la terre, soit dans les cieux, c'est-à-dire les choses créées; mais les saints sont réconciliés. Nous sommes un peuple réconcilié au milieu d'une création qui ne l'est pas. Dieu ne vous a pas laissés en arrière, comme une partie de cette création non réconciliée. Elle soupire encore, et nous soupirons aussi; mais nous sommes réconciliés avec Dieu. Aussi, je comprends maintenant pourquoi j'ai la patience, et la constance, et aussi la joie. Ces deux choses sont très mal assorties en elles-mêmes — mais elles sont très assorties pour glorifier Dieu. «Réconciliées», terme très expressif, signifie que toutes choses seront amenées en la présence de Dieu, comme Dieu les veut; et nous sommes réconciliés.

J'ajoute encore un mot. «Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes, et ne vous laissant pas détourner de l'espérance de l'évangile que vous avez ouï». J'ai ici ce que je trouve toujours dans l'Ecriture. Quand on considère un saint en Christ, on trouve que tout est définitivement établi pour lui. Mais quand on le considère dans ce passage des Colossiens, comme traversant ce monde, on rencontre des «si» et des exhortations, et qu'il ne nous arrive pas d'affaiblir un mot de l'Ecriture. Ces si nous disent tous: «Eh bien! maintenant tu dois parvenir au ciel — tu dois tenir ferme — juger les choses qui sont en toi — saisir celles qui sont devant toi, etc.». Mais du moment que je suis considéré comme étant dans le ciel, je suis «accompli en lui».

La fidélité de Dieu qui nous aide pendant le voyage, n'est aucunement mise ici en question. Sachant que je suis en Christ, mon âme peut dire: «Abba»; car je suis rendu capable par le Père de participer au lot des saints dans la lumière. Il l'a fait. Qu'est-ce donc que j'apprends en traversant le désert? Si la manne me manque un jour, je mourrai de faim. De quoi me nourrirai-je, ou de quoi me vêtirai-je? Dieu a pris soin de la trame de leurs vêtements, et la manne n'a jamais manqué. Il faut que Dieu nous crible et qu'il exerce nos coeurs, et nous mette en pièces ici-bas, mais nul ne peut nous arracher de sa main. Il ne serait pas nécessaire de me le dire, si je n'étais en danger d'en être arraché. J'apprends donc à connaître la fidélité patiente de Dieu dans mes circonstances.

Je ne voudrais en rien affaiblir ces mots. Christ est toujours vivant pour intercéder pour moi, et sa grâce est à chaque instant à ma disposition; mais il n'est pas question ici d'être rendu capable. «Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste». Le fondement n'est pas atteint; mais quand nous manquons, nous avons besoin d'être restaurés, en sorte que nous sommes gardés à la place où nous devrions être; c'est-à-dire dans la dépendance de Dieu.

Il nous faut être établis en Christ, afin que nos coeurs soient heureux et joyeux; et il faut aussi que nous soyons dépendants; et, en traversant le désert, nous apprenons que, s'il nous laissait un moment seulement (il ne le fera pas), nous serions absolument sans ressource.

Nous trouvons ces choses réunies dans cette épître. Le croyant est réconcilié avec Dieu, mais il est encore en route avec l'espérance de la gloire qui est devant lui, sachant qu'il est rendu capable d'y avoir part, mais qu'il a maintenant à marcher d'une manière digne du Seigneur, se confiant en la fidélité absolue de Celui qui nous affermira jusqu'à la fin, pour que nous soyons irréprochables dans la journée de notre Seigneur Jésus Christ, croissant par la connaissance de Dieu. Vous voyez maintenant comment ces choses se lient: 1° «Pour vous présenter saints et irréprochables devant lui». 2° «Si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes», etc., mais, considéré quant à mon acceptation, je suis rendu capable de participer au lot des saints dans la lumière, et je rends grâces au Père qui l'a fait.

Qu'il nous soit donné de marcher d'une manière digne du Seigneur qui nous a montré une grâce si précieuse, pour l'amour de son nom. Amen.