Le témoignage de notre Seigneur

2 Timothée 1: 8

Prod'hom F.

ME 1909 page 3

 

«Le témoignage de notre Seigneur» est une chose qui existe sur la terre, même en un temps de ruine comme le nôtre. En 2 Timothée 1: 8, l'apôtre dit à son «cher enfant dans la foi»: «N'aie donc pas honte du témoignage de notre Seigneur». Il ne lui dit pas de ne pas avoir honte d'être un témoin de Christ, ou bien du témoignage que le Seigneur, témoin fidèle, a rendu, bien que cela soit vrai et précieux à sa place; mais l'apôtre veut parler ici du témoignage collectif rendu au Seigneur sur la terre. Si notre témoignage individuel est important et apprécié de Christ, le témoignage collectif a tout autant de valeur et est d'un grand prix à ses yeux. Ce qui donne une importance toute particulière à cette exhortation de l'apôtre, c'est qu'elle se trouve dans la seconde épître à Timothée qui contient les directions nécessaires pour un temps de ruine.

Considérons maintenant l'exhortation contenue dans le chapitre 2, versets 19-22. Nous y trouvons trois choses:

  1.  Se retirer de l'iniquité, de toute injustice faite à Christ.
  2.  Se purifier des vases à déshonneur, introduits dans la maison de Dieu sur la terre, devenue ainsi comme une grande maison, dans laquelle on rencontre toute sorte de mal.
  3.  Poursuivre la justice, la foi, l'amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur.

Remarquons bien ce troisième point. L'apôtre ne dit pas: «Poursuis ces choses individuellement, en marchant dans la piété et en étant personnellement fidèle au Seigneur, car, dans l'état de choses actuel, un témoignage collectif n'est plus possible». Bien loin de là, il nous présente une compagnie de fidèles qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur.

Le coeur ne peut être pur, et c'est le sens de ce mot, que s'il est purifié. Or nous sommes purifiés par l'obéissance à la vérité, c'est-à-dire à la parole de Dieu (1 Pierre 1: 22, 23); en sorte qu'un coeur pur est en tout premier lieu un coeur soumis à la parole de Dieu, à la vérité. L'apôtre dit à Timothée: Marche avec ceux-là!

C'est une ruse de l'ennemi de faire valoir la ruine pour insinuer aux enfants de Dieu qu'un témoignage collectif n'est plus possible. La parole de Dieu est étrangère à une telle pensée. Jamais elle ne présente la piété individuelle, les progrès individuels, comme devant conduire le fidèle à s'isoler de l'ensemble des saints. En 1 Pierre 2: 1-5, nous trouvons qu'il faut rejeter tout mal intérieur et extérieur, afin que le pur lait intellectuel de la Parole puisse opérer une croissance à salut, «si toutefois», dit l'apôtre, «vous avez goûté que le Seigneur est bon». Un tel état d'âme est excellent, mais conduit-il le chrétien à s'individualiser en restant éloigné de l'ensemble des saints? Tout au contraire, il conduit le croyant à s'approcher de Lui, la pierre vivante, avec tous les saints, pierres vivantes, édifiés ensemble comme une maison spirituelle, une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ.

En revenant au titre de ces lignes: «Le témoignage de notre Seigneur», remarquons que le témoignage est une chose, et les témoins qui le rendent, une autre. Le témoignage subsiste, à travers les siècles, jusqu'à la venue du Seigneur; quant aux témoins, ils se succèdent avec les générations des saints. Il en est d'eux comme des sacrificateurs, en Hébreux 7, que la mort empêchait d'être permanents; on rencontre malheureusement aussi des chrétiens qui, après avoir professé être des témoins, se sont retirés du témoignage. Mais ce dernier demeure, et le Seigneur saura susciter des témoins, de nouveaux convertis qui remplacent les anciens.

En Matthieu 10, nous trouvons un exemple de la différence entre un témoignage traversant les siècles, et les témoins qui se succèdent pour le rendre, Le Seigneur envoie les douze, avec autorité, pour accomplir une mission au milieu du peuple juif et pour dire aux brebis perdues de la maison d'Israël, que le royaume des cieux s'était approché. Ensuite, il parle des persécutions que subiront les témoins après son départ; enfin, versets 21-23, il leur dit ce qui arrivera aux derniers temps, avant sa venue comme Fils de l'homme. Ici, le Seigneur passe par-dessus le long intervalle où Israël est dispersé parmi les nations, et porte sa pensée sur le témoignage déjà commencé alors, mais qui ne se terminera qu'avant sa venue en gloire. Il dit aux douze qui étaient devant lui: «Vous n'aurez pas achevé de parcourir les villes d'Israël, que le Fils de l'homme ne soit venu» (verset 23). Le Seigneur savait fort bien que les douze n'achèveraient pas cette mission et avait devant ses yeux tous les témoins qui se succéderaient pour l'accomplir; mais les témoins de la fin étaient représentés dans sa pensée par les disciples qu'il envoyait à ce moment-là. Nous avons donc ici un exemple remarquable d'un témoignage qui traverse tout et de témoins qui disparaissent pour faire place à d'autres.

La pensée erronée qu'un témoignage collectif n'est plus possible à cause de la ruine, devrait amener les chrétiens, s'ils étaient conséquents, à discontinuer de célébrer collectivement la cène, car elle ne peut être, selon la Parole, célébrée qu'ainsi, c'est-à-dire dans l'assemblée où la table du Seigneur est dressée. Or, l'Ecriture ne prévoit nulle part un temps où la cène ne pourra plus être célébrée dans l'Assemblée de Dieu. En 1 Corinthiens 12: 26, l'apôtre, ayant montré comment le Seigneur a institué ce repas, ajoute: «Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne». Il ne dit pas: Aussi longtemps que ce sera possible, mais «jusqu'à ce qu'il vienne». Oui, ce témoignage collectif rendu au Seigneur, se rejoint à sa venue et ne se termine que là; et jusqu'à ce moment le Seigneur aura, malgré la ruine, des témoins assis à sa table, selon sa pensée, pour annoncer sa mort.

Il est de toute importance de remarquer ici le prix que le Seigneur attache à l'Assemblée de Dieu sur la terre. Le besoin de ce rassemblement date du jour de la résurrection de Christ (Jean 20: 19). Le Seigneur le sanctionne par sa présence personnelle au milieu d'eux. Huit jours après, le même fait se répète. Au livre des Actes (1: 13-25), les disciples sont réunis ensemble, aussitôt après l'ascension du Seigneur. Au chapitre 2, comme ils étaient tous ensemble réunis en un même lieu, le Saint Esprit descendit sur eux. A la fin de ce même chapitre, trois mille personnes sont ajoutées, après la prédication de Pierre (verset 41). Au verset 42, ces milliers rassemblés, persévèrent dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières. Le verset 47 nous dit que le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés. Le résidu d'alors était ajouté à cette chose nouvelle, établie sur la terre, l'Assemblée chrétienne, et échappait ainsi au jugement prêt à tomber sur la nation juive. Cette assemblée devint bientôt une multitude (chapitre 6). Après, la persécution qui suivit le martyre d'Etienne, l'oeuvre s'étendit à toute la Palestine, aussi nous est-il dit (chapitre 9: 31): «Les assemblées, par toute la Judée, la Galilée et la Samarie, étaient en paix, étant édifiées et marchant dans la crainte du Seigneur; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit».

L'oeuvre s'étendit ensuite aux nations; l'assemblée d'Antioche fut formée (chapitre 11), et devint un centre parmi les gentils. Au chapitre 13, Paul et Barnabas sont envoyés d'Antioche par le Saint Esprit, pour évangéliser les nations, et, chose importante à remarquer, quoique passant de ville en ville et obligés souvent de changer de place à cause de la persécution, il y eut non seulement beaucoup d'âmes qui furent converties, mais partout les assemblées se formèrent. Au retour, les apôtres repassent dans chaque ville, fortifiant les disciples et choisissant des anciens dans chaque assemblée. Ils ne pensent pas qu'il y ait lieu d'examiner comment ces nouveaux convertis marcheront avant d'être constitués en assemblées; car ils sont rassemblés aussitôt convertis; et il en fut de même dans la suite.

Au chapitre 20: 7, lors du dernier voyage qui précéda la captivité de l'apôtre, étant avec ses compagnons dans la Troade, il est dit: «Le premier jour de la semaine, lorsque nous étions assemblés pour rompre le pain». Les disciples se rassemblaient donc, le jour du Seigneur, jour de sa résurrection, dans le but exprès de rompre le pain en souvenir de Lui.

En ce temps-là, les rachetés étaient rassemblés dans toutes les localités mentionnées dans la Parole et en tout lieu. Partout où était une assemblée, on ne trouvait pas une seule âme convertie qui n'en fût pas. Etre converti et faire partie de l'assemblée était une seule et même chose. Quand, par exemple, l'apôtre écrit aux Corinthiens, il n'adresse pas sa lettre aux enfants de Dieu qui sont à Corinthe, mais à l'assemblée de Dieu qui est à Corinthe. Tous les saints de cette ville s'y trouvaient, abstraction faite, naturellement, des cas de discipline, et c'était la réalisation de la pensée du Seigneur quant au rassemblement des saints sur la terre. Cette pensée a-t-elle changé pour nous aujourd'hui? Nullement; elle reste la même pour tous les temps, jusqu'à la venue du Seigneur. La Parole qui renferme cette pensée est vivante et permanente, et demeure éternellement (1 Pierre 1: 23, 25).

Nous avons dit qu'au temps apostolique, on n'aurait pas trouvé une âme convertie qui ne fût pas dans l'assemblée de sa localité. Si, par suite de la ruine, on trouve tout autre chose aujourd'hui, la pensée du Seigneur n'a pas changé. Tous les enfants de Dieu d'une localité devraient être réunis ensemble et y former l'assemblée de Dieu. Il n'en est malheureusement pas ainsi; cependant, si quelques-uns, dans cette localité, se réunissent sur le principe de l'unité du corps, au nom du Seigneur Jésus, ils représentent l'assemblée de Dieu, avec les privilèges et la responsabilité qui s'y rattachent et sont alors une assemblée de Dieu. Jusqu'à sa venue, le Seigneur maintiendra ces petits rassemblements, en témoignage pour Lui; jusqu'à sa venue, sa déclaration demeure infaillible: «Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux» (Matthieu 18: 20).

Notre sauvegarde, en ces temps de ruine, est de nous tenir fermement attachés à la Parole, à toute la Parole. C'est une ruse subtile de l'ennemi, d'insinuer que certains écrits n'ont pas aujourd'hui là même actualité qu'autrefois. Il n'en est rien; tous les écrits des apôtres ont pour nous la même autorité permanente.

Comme nous l'avons vu en Actes 2, les milliers rassemblés persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et dans les prières. Les apôtres, étant les dépositaires de la vérité, il s'agissait de les écouter; leur enseignement était oral, mais depuis qu'ils ont disparu, ils nous demeurent par leurs écrits, et nous pouvons encore les entendre et persévérer dans leur doctrine. Prétendre, comme on le fait aujourd'hui, se rassembler pour la fraction du pain et les prières, en mettant de côté ce qui en est la base, les écrits des apôtres sur le rassemblement, n'est qu'une contrefaçon de la vérité. Il est très important pour nous de maintenir, dans le jour actuel, toute la vérité de ces écrits, sans donner la préférence à l'un sur l'autre, car la Parole est un tout qui demeurera tel quel jusqu'au bout.

Un passage, en 1 Jean 4, est digne de toute notre attention. Jean, le dernier apôtre survivant, est resté pour veiller sur l'Eglise en un temps de ruine, et, quant à l'objet de son ministère révélé dans ses écrits, il demeure jusqu'à la venue du Seigneur, comme il est dit en Jean 21: 22. Au chapitre 4 de sa 1re épître, cet apôtre commence donc par indiquer la pierre de touche pour éprouver les esprits, dans le sens de principes et de doctrines, afin de savoir s'ils sont de Dieu. Au verset 6, il ajoute: «Nous, nous sommes de Dieu; celui qui connaît Dieu nous écoute; celui qui n'est pas de Dieu ne nous écoute pas: à cela nous connaissons l'esprit de vérité et l'esprit d'erreur». Tous les chrétiens intelligents sont d'accord pour comprendre que le mot «nous», ne signifie pas ici l'ensemble des chrétiens, mais les apôtres. Il en est de même du «nous», au chapitre 2: 28, de cette épître. Il en résulte que celui qui connaît Dieu écoute les apôtres et que c'est là l'esprit de vérité, tandis que celui qui n'est pas de Dieu ne les écoute pas et que c'est là l'esprit d'erreur. Nous avons rappelé qu'aujourd'hui nous pouvons écouter les apôtres en retenant leurs écrits et c'est là l'esprit de vérité; ne pas obéir à leurs écrits est l'esprit d'erreur.

Une autre chose nous frappe encore dans le passage de 1 Jean 4: 6. Il est probable que, lorsque Jean écrivait cette épître, les autres apôtres n'étaient plus sur la terre. Cependant Jean ne dit pas: «Moi, apôtre, je suis de Dieu etc.», mais il associe par le mot «nous» les autres apôtres avec lui, reconnaissant, comme chose actuelle, leurs enseignements et leur autorité. Souvenons-nous donc que nous possédons aujourd'hui les apôtres par leurs écrits inspirés et que, les écoutant et persévérant dans leur doctrine, nous pouvons être estimés comme connaissant Dieu et dirigés par un esprit de vérité.

Ecoutons ce que l'apôtre dit à son enfant Timothée: «Aie un modèle des saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l'amour qui est dans le Christ Jésus» (2 Timothée 1: 13). Et plus loin: «Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu, sachant de qui tu les as apprises et que, dès l'enfance, tu connais les saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut, par la foi qui est dans le Christ Jésus. Toute écriture est divinement inspirée de Dieu, etc.» (2 Timothée 3: 14-17). Timothée savait ainsi que la doctrine de l'apôtre, ajoutée à ces «saintes lettres», qu'il avait connues dès son enfance, faisait partie de «toute écriture divinement inspirée de Dieu».

L'apôtre Pierre, après avoir dit que nous sommes régénérés par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu qui, selon Esaïe 40, demeure éternellement, ajoute: «Or c'est cette Parole qui vous a été annoncée» (1 Pierre 1: 23-25). Ce que Pierre, et d'autres avec lui, leur avait annoncé, faisait partie de la Parole qui demeure éternellement.

Pierre, après avoir mis les lettres de Paul au nombre des Ecritures, termine sa seconde épître par ces mots: «Vous donc, bien-aimés, sachant ces choses à l'avance, prenez garde, de peur qu'étant entraînés par l'erreur des méchants, vous ne veniez à déchoir de votre propre fermeté; mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ» (2 Pierre 3: 17, 18).

Jean termine sa première épître par ces mots: «Or nous savons que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable; et nous sommes dans le Véritable, savoir dans son Fils Jésus Christ: lui est le Dieu véritable et la vie éternelle» (1 Jean 5: 20).

Jude termine son importante petite épître par cette exclamation: «Or, à Celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie, — au seul Dieu, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, soient gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles. Amen!» (Jude 24, 25).

Répétons encore que notre sauvegarde est de retenir ferme la Parole, rien que la Parole, toute la Parole.