Lettres de Darby J.N.

 

Lettres de Darby J.N. 1

Lettre de J.N.D. no 360 page 58. 1

Lettre de J.N.D. no 361 page 59. 1

Lettre de J.N.D. no 362 page 79. 2

Lettre de J.N.D. no 363 page 116. 3

Lettre de J.N.D. no 364 page 399. 4

 

Lettre de J.N.D. no 360 page 58

à Mr H.R.

Elberfeld, juin 1874

Cher frère,

N., qui a désiré lire ce que j'avais écrit sur M. G., a tenu à en prendre copie. Mais je n'ai pas l'intention d'entrer en controverse, et je ne crois pas que l'analyse rapide de son écrit que j'ai faite dans la dernière partie soit propre à être publiée. Je ne touche que ce qui paraît à la surface; je ne sais aussi si ces doctrines méritent d'être dénoncées, mais si vous trouvez quelqu'un que ces écrits fourvoient vous pourriez vous servir du mien en particulier. Il parait qu'en Hollande on prêche la même doctrine.

Notre conférence est, je l'espère, bénie. Mon allemand que je croyais avoir perdu, va à merveille. J'ai de bonnes nouvelles de Syrie et d'Egypte, d'Amérique aussi…

Votre affectionné en Christ.

Lettre de J.N.D. no 361 page 59

à Mr H.R.

Londres, 6 juillet 1874

Cher frère,

Vous pourrez donner pour titre: Quelques notes rapides suggérées par la lecture des Etudes bibliques de Mr F. G. et adressées à un ami, par J.N.D. Il faut faire remarquer, comme, au reste, je crois l'avoir fait, que je touche seulement ce qui concerne la personne et l'oeuvre du Seigneur, et dire dans la Préface que je ne doute pas que Mr G. n'ait répondu avec clarté et avec intelligence à beaucoup d'objections des incrédules. Je ne désire nullement rabaisser la valeur de ce qu'il a écrit dans ce sens, mais je m'adresse à l'esprit chrétien et, quand il s'agit de la personne et de l'oeuvre de Christ, cela prime toute autre considération. Rien de secondaire ne m'aurait engagé à entrer dans une polémique que j'aborde avec répugnance en acquiesçant à votre désir de publier ces pages.

Je n'ai pas mentionné le passage dont vous parlez, parce qu'il parle de la nature viciée en nous et qu'il la voit restaurée dès son point de départ — il est vrai, comme innocente et non pas sainte, ce que j'ai relevé. Il ajoute que le Seigneur a refusé au péché le moindre pied à terre dans son coeur. L'auteur est inconséquent, mais son système est: Christ, l'homme innocent qui se sanctifie et n'admet pas le péché, comme Adam; alors, vaincre le péché dans sa personne, pourrait signifier ne pas l'admettre. On pourrait, en effet, relever ce qu'il dit, page 156, mais l'expression est vague, car il admet que Christ était toujours Dieu, et je craignais d'entrer trop avant sur un terrain où les explications humaines n'aboutissent à rien, car «personne ne connaît le Fils». Le système est entièrement faux, mais j'ai préféré retenir ce qui était évident. Qu'est-ce que «abandonner la vie divine», quand on est Dieu? J'avoue que je n'y vois goutte. Au fond, pour lui, le Seigneur n'est qu'un homme, et pas même un homme saint, mais il prétend expliquer ce que l'homme ne peut expliquer, et je préfère ne pas le suivre sur ce terrain. Ce que je ne saurais pas dire au juste, c'est jusqu'à quel point il admet la lutte du péché en Christ.

Je viens de recevoir les volumes que vous m'avez envoyés et je vous en remercie. J'ai ouvert les «Conférences» et j'y trouve du non-sens, mais, pardessus tout, l'ignorance de Dieu. Le bien est pour l'auteur «l'ordre déterminant les relations». Donc il n'y avait, avant la création, aucun bien en Dieu. La sainteté de Dieu lui-même, c'est, dit-il, sa volonté inébranlable de maintenir intact l'ordre qui doit régner, etc.; mais alors sa sainteté serait entièrement perdue dans la chute. Au reste, l'auteur est Pélagien. Puis la sainteté renferme, selon lui, la communication de Sa vie divine. Alors Dieu n'était pas saint, avant que la libre volonté de l'homme, sans Lui, ait accepté la communication de la vie. Pour répandre ces inepties, il faut une très grande confiance en soi-même, tout en étant moralement superficiel.

A la hâte: votre affectionné.

Lettre de J.N.D. no 362 page 79

à Mr H.R.

Londres, 11 juillet 1874

Cher frère,

J'ai senti le danger dont vous parlez, et votre crainte serait juste si l'on dépassait la communication à des âmes qu'on aurait rencontrées et qui seraient en danger. Mais si vous insistez là-dessus, je ne m'oppose pas à ce qu'on publie le traité. Il est très imparfait et n'est qu'un relevé de ce qui est essentiel. Les écrits en question contiennent une masse de fausses doctrines, mais qui ne sont que des choses ordinaires; deux justifications, le libre arbitre, et force autres choses. Si vous publiez mes pages, il vous faut dire que, répondant à la hâte à la demande d'un individu, on les a aussi publiées sur la demande d'autrui. Pour faire la chose convenablement, il faudrait lire les autres ouvrages de l'auteur et comprendre ainsi tout son système. Sans cela, les feuilles que vous possédez sont nécessairement imparfaites.

A la hâte; votre affectionné.

Lettre de J.N.D. no 363 page 116

à Mr H.

Ventnor, novembre 1881

Bien cher frère,

J'ai été heureux de recevoir votre bonne lettre et d'apprendre que vous êtes bien arrivés et tout à fait établis à W. C'est un climat plutôt froid, mais pas plus froid pour vous, Canadiens, que le Canada ne l'est pour nous, Anglais; cependant, je m'en accommodais bien. Mais, que nous soyons ici ou là, notre place est où Dieu veut nous avoir, et c'est là que nous pouvons compter sur sa bénédiction et sur le sentiment de sa présence. Il peut et veut nous garder, dans sa patiente et parfaite grâce, où que nous soyons, mais il nous est révélé dans le chemin de sa volonté, afin que nous marchions dans la lumière de sa présence. Il garda Abraham en Egypte, mais ce n'était qu'à Béthel qu'il y avait un autel pour lui. J'ai confiance que, tous deux, vous vous trouvez dans ce chemin-là. Je pense qu'il est plutôt avantageux pour un jeune ménage de passer, dès le début de la vie conjugale, par des circonstances un peu éprouvantes, car elles lient les coeurs ensemble.

Evidemment, il y a un lieu meilleur et plus élevé, mais, dans les circonstances de la vie, l'aide et l'encouragement que l'on peut trouver l'un dans l'autre, resserre les liens; car ici-bas la vie est faite de petites choses. Par exemple, lorsque le mari rentre à la maison fatigué, ayant froid, et qu'il trouve un bon accueil et les soins dont il a besoin, dans la mesure du possible, il y a un sentiment réciproque d'affection, et c'est un grand point; l'on est rejeté l'un sur l'autre. Là où l'affection existe, ce sentiment est cultivé, et je crois que c'est de toute importance. Ce qui en découle est une entière confiance l'un dans l'autre; mais tout cela se réalise, cher frère, lorsque Christ est tout pour chacun des deux époux, car alors le moi est mis de côté et la grâce de Christ, opérant dans le coeur, surmonte toutes les difficultés. Christ étant le motif qui nous dirige, nous serons ainsi amenés à un service réciproque de considération et d'affection; mais il est aussi le tout de chacun individuellement, la lumière pour l'âme et l'expression bénie, ainsi que le canal de l'amour de Dieu. Seulement, cela exige chez nous une réelle diligence.

Tout ce qui nous entoure, même nos devoirs légitimes, nous entraîne constamment loin de Lui et tend à nous affaiblir spirituellement. Lorsque nous restons attachés à Christ, tout va bien pour nos coeurs; dans la conscience de son amour, nous apprenons comment nous confier en Lui, et compter sur Lui; rien ne peut nous séparer de cet amour. Les distractions mondaines perdent de leur puissance, lorsque le coeur est ailleurs; les neuf dixièmes de nos tentations seraient ainsi évités. Une mère, par exemple, recevant la nouvelle que son enfant a été écrasé par le train, ne remarquerait pas, en y courant, les belles choses exposées à la devanture des magasins. Nous devrions servir Christ, même en accomplissant nos devoirs légitimes. Une sainte intimité avec Lui est la force et la lumière de l'âme, et il nous encourage à la cultiver, car il est plein d'amour. Nous voyons, à la fin de Matthieu 17, comment il place Pierre dans son intimité. Les didrachmes étaient le tribut payé pour le temple de l'Eternel. Tandis que, d'un côté, le Seigneur manifeste qu'il connaît toutes choses et peut commander à ses créatures, même à un poisson, d'apporter la somme exactement nécessaire, de l'autre, il dit à Pierre: «Afin que nous ne les scandalisions pas». Toi et moi sommes fils, et, de ce fait, nous n'aurions pas à payer le tribut, mais, ajoute-t-il, «prends-le, et donne-le-leur pour moi et pour toi».

Il parlait aussi intimement et familièrement à ses disciples au sujet de sa mort, qu'avec Moïse et Elie. C'est ce précieux Sauveur, plein de grâce, que nous possédons; il prend son plaisir à nous avoir près de Lui; il veut nous avoir bientôt avec Lui pour toujours, et aussi, semblables à Lui. Qu'il nous donne de lui ressembler chaque jour davantage! Combien l'intimité avec Lui, cultivée, garde la conscience en éveil et le coeur heureux!

Vous êtes comparativement un jeune chrétien, moi un vieux, mais Lui est tout ce dont nous avons besoin l'un et l'autre, ce qui nous convient parfaitement. Vous qui commencez le voyage, l'ayant devant vous, vous pourrez l'avoir pour vous; moi, je puis regarder en arrière et voir une patience, une fidélité, une bonté, au delà de toutes mes pensées et de toute ma louange. La pensée que chaque jour je m'approche du moment où je serai pour toujours avec Lui, est douce pour moi. Si Dieu vous conserve, vous aurez à supporter les fatigues du chemin, pour moi, cela est presque passé. Vous aurez une aide, et moi je l'ai parcouru seul, mais tout est fondu, pour ainsi dire, dans sa grâce et sa fidélité.

Mes affectueux souvenirs à Madame H., que je dois apprendre à appeler par son nouveau nom; c'est mon premier essai. Je la remercie de son aimable billet. Je suis très heureux qu'elle porte déjà votre nom, car lorsqu'on est fiancé, je ne crois pas que ce soit une bonne chose d'apporter du retard au mariage, quoique ce soit parfois inévitable. Je ne regrette pas non plus de vous savoir à W., quoique, au début, vous puissiez peut-être sentir de l'isolement.

Que le Seigneur vous bénisse abondamment tous deux. Tout ce qui se lie à la famille de Madame H. a une place dans mon coeur, et je serai très heureux, malgré l'éloignement, de faire plus ample connaissance avec vous, cher frère; mais la chose importante est que votre coeur soit avec Christ.

Votre affectionné frère en Lui.

Lettre de J.N.D. no 364 page 399

Ces lignes sont traduites d'une lettre écrite en latin.

Cher frère,

Il n'est pas nécessaire que je réponde longuement à vos arguments et à vos allégations.

Vous voulez que l'image du Fils soit la même que celle du Père. Mais cette idée: «l'image du Fils» est entièrement étrangère à la parole de Dieu qui n'en parle jamais. «Celui qui a vu le Fils a vu le Père», mais où donc est la Personne dans laquelle on ait vu le Fils? Le mot image désigne une chose matérielle qui en représente une autre, une chose présente qui fait voir ce qui est absent, c'est-à-dire invisible.

En outre, la parole de Dieu ne dit nulle part que le Fils soit l'image du Père. Christ, Fils de Dieu, la Parole faite chair, est l'image du Dieu invisible, non du Père. Il est Dieu, manifesté sur la terre, Dieu vu dans l'homme, dans ce monde. C'est une chose absolument différente. Le Père est un nom de relation, Dieu est celui de l'Etre suprême qui habite une lumière inaccessible. Christ, image du Dieu invisible, le révèle sur la terre.

De plus, quand il s'agit de l'oeuvre de la rédemption, le principe même est faux. Le Père envoie le Fils, le Fils n'envoie pas le Père. Le Fils a appris l'obéissance par les choses même qu'il a souffertes; le Père ne souffre pas. Dans l'économie de la grâce, le Père et le Fils, ou plutôt, Dieu et le Christ, jouent des rôles différents. La souffrance est la part du Fils, parce qu'il est venu en chair, ayant été «fait un peu moindre que les anges». Mais, dans cette chose même, surgit la question, si, dans la passion, Christ a eu un rôle, tandis que le Père en avait un autre, ou si c'est Dieu qui a eu ce rôle. Il plut à Dieu, à l'Eternel ou Jéhovah, non au Père, de le meurtrir (Esaïe 53: 10). Vous ne le niez pas, mais comment pouvez-vous affirmer que sur la croix, quand il souffre, Christ n'est pas un avec le Père? Il est vrai que l'amour de Dieu a été manifesté sur la croix, et que cet amour est le même, dans sa nature, que celui du Fils, fait homme, mais dans les conseils éternels, le rôle du Fils est différent de celui du Père. Nous ne sommes pas des Patripassiens (*). La théologie confond le Père et Dieu. Ce que Dieu est, c'est évident, et Dieu est le Père de Christ comme homme, mais l'Ecriture fait une distinction entre le Père, nom spécial de relation, et Dieu, le nom de l'Etre. Vous confondez ces choses, comme le fait la théologie. Christ, le Fils, est l'image du Dieu invisible, un avec le Père; le Père a été vu en Lui. Mais, dans l'oeuvre de la rédemption, c'est Christ qui a souffert. C'est Dieu (non le Père, comme il a été dit souvent) qui l'a frappé lorsqu'il s'est livré pour nous, et il ne peut pas y avoir échange de rôles.

(*) Nom donné à divers hérétiques qui enseignaient qu'il n'y a qu'une seule personne divine, savoir le Père, que le Père est descendu dans Marie, qu'il a souffert et qu'il est Jésus Christ lui-même.

Christ est devenu homme, un homme que Dieu a fait péché pour nous (2 Corinthiens 5: 21). Dieu, le Dieu saint, le fit être péché à ses yeux. Nous ne pouvons dire, cela n'est pas admissible, que sur la croix, l'un soit l'image de l'autre…