L'unité du corps base du rassemblement des saints

 Extrait d'une réponse de J.N. Darby à un traité intitulé: Est-ce que le «seul corps» d'Ephésiens 4: 4, est le terrain établi de Dieu pour le rassemblement des chrétiens?

Darby J.N.

ME 1909 page 92

 

Un peu d'attention accordée au passage cité dans la note, ainsi qu'à quelques autres, suffira pour convaincre quiconque est spirituel que l'on doit répondre affirmativement à la question posée.

Christ, centre du rassemblement et tête du corps, tel est le grand principe qui a été à la base du témoignage de ceux qu'on appelle «les frères», et qui a dirigé dès le commencement ceux d'entre eux qui étaient intelligents dans les voies de Dieu.

Je dis «intelligents», parce qu'une personne peut être convertie depuis peu, scellée du Saint Esprit et membre du corps de Christ, ayant par suite sa place dans le rassemblement, tout en n'ayant pas une connaissance intelligente de sa position.

Je désire montrer brièvement par la Parole ce qu'est la vérité à ce sujet, de sorte que la pensée des chrétiens puisse se fixer sur ce grand principe qu'on attaque aujourd'hui et qui est d'une importance capitale pour le témoignage de Dieu sur la terre.

Il est évident que la perfection du corps de Christ, uni à sa tête, sera dans la gloire. Cependant, cela a été contesté sous prétexte que l'Ecriture n'en parle jamais que comme un corps sur la terre. Mais il me semble que la fin de Ephésiens 1, enseigne clairement que la suprématie de Christ sur toutes choses, comme Tête du corps, fait partie du conseil de Dieu pour l'éternité. Il faut donc repousser cette interprétation. Mais il faut repousser aussi comme étant antiscripturaire, ainsi que nous le montrerons plus loin, celle qui consiste à dire, en contraste avec la précédente, que l'unité du corps n'a pas de réalisation actuelle sur la terre, mais seulement dans le ciel.

Certains chrétiens confondent le royaume des cieux avec l'Eglise et citent la parabole de Matthieu 13, où l'ivraie reste parmi le froment, comme une sorte d'autorisation de laisser le mal dans l'Assemblée. Mais agir ainsi serait la négation de toute discipline puisque, dans cette parabole, le froment et l'ivraie doivent croître ensemble jusqu'à la moisson, et qu'il faudrait attendre le jugement final pour extirper le mal. On peut trouver cela dans le nationalisme ou le papisme, mais tel n'est pas le rassemblement des saints.

On confond aussi quelquefois la maison de 1 Corinthiens 3, avec le corps dont il n'est pas du tout parlé dans ce chapitre. Nous y voyons bien un édifice où Dieu demeure, un temple, avec des ouvriers qui bâtissent, mais aucune idée d'union avec Celui qui y habite. Nous avons là trois catégories d'ouvriers: ceux qui bâtissent avec des matériaux de Dieu; ceux qui, quoique étant eux-mêmes de Dieu, bâtissent avec de mauvais matériaux et perdent leur travail; enfin, ceux qui cherchent à corrompre le temple de Dieu et qui seront détruits; mais il n'y a là aucune idée du corps.

On a dit aussi que le mot «église» ou «assemblée», embrassait dans leur caractère collectif tous ceux qui professaient posséder le salut, et on a cité à l'appui de ce dire l'adresse de l'épître de Paul aux Corinthiens. Cet exemple est malheureux, attendu que l'apôtre explique, dans cette adresse même, ce qu'il entend par l'Eglise, distinguant ceux qui la composent de ceux qui sont des professants, quoique ceux-ci soient supposés être sincères jusqu'à preuve du contraire.

L'adresse de l'épître est, en effet, la suivante: «A l'assemblée de Dieu qui est à Corinthe, aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés (c'est-à-dire saints par appel divin), avec tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ». On voit que les saints y sont distingués de la profession universelle représentée ici par «tous ceux qui… invoquent le nom…» Ces saints formaient l'assemblée à Corinthe, et cela par l'appel de Dieu, et cette distinction est maintenue dans toute l'épître. Quant au corps, c'est seulement au chapitre 10 que l'apôtre en parle.

A l'appui de la même idée, on a dit qu'en Actes 20, Paul parle de loups redoutables prenant place dans l'Eglise. Or, il n'y a là rien de semblable. L'Eglise de Dieu, dont il est parlé, y est envisagée comme acquise par le sang de son propre Fils, de sorte que c'est bien la véritable Eglise qui appartient à Christ pour toujours et qu'il se présentera à lui-même. Tout ce que nous avons dans ce passage, c'est l'annonce que les loups n'épargneraient pas le troupeau et que les vrais membres de Christ, quoique ne pouvant pas être perdus, pourraient avoir à en souffrir. Sans nul doute, paître l'Assemblée de Dieu a lieu sur la terre, mais cette Assemblée est celle qui a été acquise par le sang de Christ. — Or, l'Eglise ou l'Assemblée de Dieu, mentionnée ici, bien qu'établie en perfection par Dieu, était, de même que l'homme, ou Israël, ou tout ce que Dieu a établi, placée sous la responsabilité de l'homme quant à son témoignage sur la terre, et l'homme, comme il l'a toujours fait dans toute son histoire, a manqué à sa responsabilité, mais oserait-on dire que ce manquement, cette faute, est le principe sur lequel l'Eglise a été fondée? Autant dire que le péché est le principe sur lequel repose la position de l'homme dans la création, ou encore que la désobéissance et l'idolâtrie étaient la base de la position d'Israël sous la loi du Sinaï. Loin de là, dans chacun de ces cas, c'est tout simplement l'homme corrompant ce que Dieu a établi. Même en Matthieu 13 (que je ne cite pas comme s'appliquant à l'Eglise), l'ivraie était l'oeuvre de l'ennemi, accomplie pendant que les hommes dormaient. Cette doctrine funeste du mélange autorisé du mal avec le bien, est celle que Jérémie flétrit sévèrement, quand il accuse Israël de dire: «Nous sommes délivrés pour faire toutes ces abominations» (chapitre 7: 10). Tandis que ce que le Seigneur fait est clairement indiqué en Actes 2: 47: «Le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés».

Quand Paul dit, en Actes 20: «Après mon départ», il laisse entrevoir une période où l'énergie spirituelle ne serait plus là pour maintenir le caractère de ce que Dieu avait établi. Nous savons tous, tant ceux qui sont dans les églises indépendantes que ceux qui gardent la vérité de l'unité du corps, que le témoignage de l'Eglise sur la terre a été corrompu et que les jours fâcheux sont arrivés, aussi la question n'est-elle pas là. Mais est-ce que cette corruption fait partie du principe divin du rassemblement, ou bien devons-nous nous en humilier comme d'une chose dont nous sommes coupables? Tout est là. Cette corruption était-elle dans les intentions de Dieu, ou est-elle une faute qui, nous soit imputable? L'Ecriture nous montre, dans les épîtres aux sept églises (Apocalypse 2 et 3), que le jugement doit atteindre un tel état de choses, comme nous le voyons pour Thyatire et Laodicée, s'il n'y a pas de repentance.

L'épître de Jude nous enseigne la même vérité. Certains hommes s'étaient glissés parmi les fidèles, mais se glisser ainsi n'était pas le principe sur lequel les saints étaient rassemblés, et cet état de choses n'était pas accepté comme normal. De tels hommes étaient des taches dans les agapes des saints, faisant des festins avec ceux parmi lesquels ils s'étaient glissés. Enoch avait prophétisé à leur sujet. Rien ne peut être plus clair que la pensée qu'ils n'avaient rien à faire — eux qui s'étaient introduits subrepticement — avec le principe du rassemblement. Jude ne leur écrit pas — son épître est adressée aux appelés, bien-aimés en Dieu le Père, et conservés en Jésus Christ. De même, les antichrists dont parle Jean dans sa première épître, quoique sortis du milieu des chrétiens, n'étaient pas du tout dans l'Assemblée, mais, au contraire, manifestés comme n'étant, aucun d'eux, des nôtres.

Une autre objection faite au rassemblement des saints sur le terrain de l'unité du corps, est que cette unité n'était pas connue jusqu'à ce que Paul l'eût enseignée et que, dès lors, on ne pouvait pas se réunir sur une telle base au commencement. Cette objection est plus spécieuse que réelle, et provient de ce qu'on confond l'existence du corps qui date du jour de la Pentecôte, avec l'enseignement de la doctrine qui a été ultérieurement confié à Paul.

Il convient d'ailleurs de remarquer que, bien que Paul ait été spécialement appelé à être l'apôtre des gentils et l'instrument, dans les mains de Dieu, pour développer le mystère de l'union des Juifs et des gentils en un seul corps, cependant Dieu a pris soin que cela ne fut pas une chose nouvelle, séparée dans sa nature et son essence de l'enseignement des autres apôtres. Aussi, bien que Paul fût déjà appelé, il ne lui fut pas donné d'ouvrir le premier la porte aux gentils, et Pierre, en Actes 15, rappelle que c'était lui que Dieu avait choisi pour que les nations ouïssent par sa bouche la parole de l'Evangile, comme cela avait eu lieu, en effet, chez Corneille. Il ne faut donc pas confondre l'introduction effective des nations avec le développement de la doctrine qui a été confié à Paul, et il faut remarquer que le corps, formé le jour de la Pentecôte, existait et se développait, tandis que Paul, à Antioche, ne prêchait pas encore la vérité qu'il avait reçue.

D'ailleurs, il ne faut pas oublier que, quelque importante qu'ait été, en ces jours-là, l'union des Juifs et des gentils, elle ne représentait que le côté extérieur de l'oeuvre de Dieu, et non la manifestation complète de l'unité du corps qui comporte l'union de tous les membres, non seulement entre eux, mais avec Christ, la Tête, par le Saint Esprit. C'est cette union qui fait le corps et qui fait, en même temps, de chaque chrétien, scellé du Saint Esprit, un membre de Christ.

Or, n'y avait-il pas de corps de Christ avant que Paul eût parlé du mystère? Assurément, il y en avait un, puisque le corps a été formé, le jour de la Pentecôte, par le baptême du Saint Esprit. Il ne faut pas confondre l'existence du corps avec la connaissance du mystère. Des milliers sont entrés en communion parmi nous qui ne savaient pas autre chose que crier: «Abba, Père!» étant scellés du Saint Esprit, et qui ont appris le mystère après être entrés. Sans doute, il est à désirer qu'ils puissent être intelligents à cet égard et qu'ils connaissent le caractère de la place qu'ils ont prise, mais je n'ai jamais entendu dire que ce fût là une condition de communion. Dans ce cas, certes, un grand nombre devraient être mis dehors. Toutefois, c'est bien sur ce terrain de l'unité du corps que l'assemblée se réunit, et nous ne pourrions pas reconnaître deux églises de Dieu sur la terre; mais il importe de préciser ce que l'on doit entendre par l'unité du corps.

Un groupe de croyants éclairés et fidèles ne peut pas se réunir comme constituant à lui seul l'Assemblée, puisqu'il existe un grand nombre d'autres chrétiens à côté d'eux, mais il peut et doit se réunir sur le principe de cette unité de tout le corps sur la terre, de sorte que tous les membres puissent y avoir leur place. Tout nouveau croyant, qu'il le sache ou non, est introduit dans cette unité, qui existait indiscutablement au commencement, et que nous devons chercher à réaliser aujourd'hui autant que possible. L'unité avec la Tête, par le Saint Esprit, forme le corps dont nous sommes tous les membres. Etre de l'Assemblée comme ayant le Saint Esprit est une chose, le comprendre et l'exposer est une autre chose, mais dans aucun cas on ne peut nier qu'il y ait un corps de Christ sur la terre depuis le jour de la Pentecôte. De plus, quoique la sainteté ne soit pas le lien qui nous unit et qu'elle ne soit pas le principe de l'unité, cependant l'Assemblée se réunit en tant que composée de ceux qui sont sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés, qui sont tous un seul corps à l'exclusion des simples professants.

Je voudrais maintenant montrer que l'Ecriture nous présente bien réellement le corps de Christ comme étant un corps sur la terre, ayant sa Tête dans le ciel, et formé ici-bas par le Saint Esprit descendu du ciel.

Considérez la fin de 1 Corinthiens 12: 12: «Ainsi aussi est le Christ». Il n'est pas possible à un homme de bon sens, de ne pas y voir un corps sur la terre. L'apôtre le compare à notre corps naturel: nous avons un corps et des membres, et tous les membres du corps, quoiqu'ils soient plusieurs, sont un seul corps. On dira peut-être que ceci n'est réalisé que dans le ciel, mais quand il est ajouté que «nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps», c'est bien sur la terre que cela a eu lieu. Le Seigneur avait dit, en Actes 1: 4, 5: «Vous serez baptisés de l'Esprit Saint dans peu de jours», et les disciples devaient rester à Jérusalem pour y attendre la promesse du Père. Effectivement, le jour de la Pentecôte, l'Esprit Saint descendit sur la terre et forma le seul corps. Les versets 25 à 28 de 1 Corinthiens 12, montrent bien qu'il s'agit de la terre: «Afin qu'il n'y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un égal soin les uns des autres. Et si un membre souffre» (on ne souffre pas dans le ciel), «tous les membres souffrent avec lui; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui. Or, vous êtes le corps de Christ, et ses membres, chacun en particulier. Et Dieu a placé les uns dans l'Assemblée: d'abord des apôtres, en second lieu des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite des miracles, puis des dons de grâce de guérisons, des aides, des gouvernements, diverses sortes de langues». Tout cela est évidemment en vue d'un service sur la terre. Tout le passage est aussi clair que possible pour montrer qu'il y a un corps sur la terre, formé par le Saint Esprit descendu du ciel, et reconnu ici-bas par ces paroles: «Ainsi aussi est le Christ».

Ensuite, au chapitre 10: 17: «Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain». Il s'agit bien là aussi de ce qui est réalisé sur la terre autour de la Table du Seigneur.

Le même principe est présenté comme une vérité reconnue, en Romains 12: 4, 5: «Car comme dans un seul corps nous avons plusieurs membres, et que tous les membres n'ont pas la même fonction, ainsi nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps en Christ, et chacun, individuellement, membres l'un de l'autre». Et tout ce qui suit s'applique exclusivement aux saints sur la terre.

De même, en Ephésiens 3: 10, c'est maintenant que la sagesse si diverse de Dieu est donnée à connaître aux principautés et aux autorités dans les lieux célestes par l'Assemblée, en ce que les nations sont d'un même corps.

Il en est encore ainsi au chapitre 4, où nous avons une exhortation pour nous appliquer à garder l'unité de l'Esprit dans le lien de la paix, et ceci doit évidemment se faire ici-bas. Au verset 4, on voit que ce à quoi nous avons été appelés est encore une espérance placée devant nous sur la terre. On dira peut-être que l'espérance de notre appel est la gloire avec Christ en haut? Sans doute, mais à ce moment-là, elle aura cessé d'être une espérance. C'est au moment où nous sommes appelés, ayant devant nous cette espérance (car nous avons été sauvés en espérance), qu'il y a un seul corps et un seul Esprit. Il y a cela, comme il y a une seule foi et un seul baptême. Tout le passage montre clairement qu'il s'agit du temps présent, du temps où l'Esprit est personnellement ici-bas et où le baptême a sa place. C'est pourquoi aussi l'apôtre parle de l'édification du corps de Christ, jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu.

Encore, dans ce même chapitre, aux versets 15 et 16, il est dit: «Mais que, étant vrais dans l'amour, nous croissions en toutes choses jusqu'à lui qui est le chef, le Christ; duquel tout le corps, bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même en amour». Cet accroissement est bien pour le temps présent.

Plus loin, au chapitre 5, un mari est exhorté à aimer sa femme, comme le Seigneur aime et chérit l'Assemblée, car nous sommes membres de son corps. Tout cela est actuel.

Ensuite, nous avons Colossiens 1: 18, et 3: 15. Le premier de ces passages ne spécifie pas si c'est en vue de la terre ou du ciel que Christ est le chef du corps, de l'Assemblée, mais le second s'applique à la terre, puisqu'il s'agit d'une exhortation à la paix du Christ, à laquelle nous avons été appelés en un seul corps.

Tous ces passages montrent clairement, comme je l'ai dit, que, quant à l'unité du corps, l'apôtre ne fait pas de distinction entre la manifestation actuelle de cette unité (ce dont nous sommes responsables), et sa réalisation en gloire. Ephésiens 1: 22, 23, parle de ce dernier aspect, au jour où toutes choses seront assujetties sous les pieds du Seigneur, mais même dans ce passage, l'Eglise est envisagée comme une chose existant sur la terre.

J'ajoute encore quelques mots pour montrer combien ce mauvais système détruit toute l'idée de l'Eglise de Dieu.

Je ferai d'abord remarquer que Christ s'est donné lui-même pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés (Jean 11: 52). J'admets bien que ceci ne vise pas spécialement le corps, car Jean ne parle jamais du corps, mais nous avons ici l'unité et l'unité ici-bas, car, dans le ciel, il n'y aura pas de dispersés à rassembler. C'est sur la terre, là même où ils étaient dispersés, que les enfants de Dieu devaient être rassemblés.

Quand on dit que le mot «église» s'applique au caractère collectif des professants, on est en contradiction avec l'Ecriture. Effectivement, nous voyons, en Actes 2: 47, qu'au commencement du christianisme, «le Seigneur ajoutait tous les jours à l'Assemblée ceux qui devaient être sauvés». Or, c'était le Seigneur lui-même qui ajoutait, et ajoutait-il de simples professants? Que ceux-ci se soient glissés plus tard parmi les fidèles est une toute autre chose. — Il est dit aussi, en Actes 13: 48: «Tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle crurent». Ceux-ci non plus n'étaient pas de simples professants. D'ailleurs, ce n'est pas l'oeuvre de Dieu de rassembler des professants.

On dit aussi que si Christ, dans son amour et sa sollicitude pour les siens, pourvoit à leur édification par des ministères et des dons variés du Saint Esprit, il le fait en vue de leur bien individuel, comme il le fait par le service des évangélistes ou l'exercice des dons de guérisons, en faveur des hommes individuellement, mais que dit l'Ecriture?

En 1 Corinthiens 12: 27, 28, nous lisons: «Or, vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier. Et Dieu a placé les uns dans l'Assemblée: d'abord des apôtres, en second lieu des prophètes, en troisième lieu des docteurs, ensuite des miracles, puis des dons de grâce de guérisons, des aides, des gouvernements, diverses sortes de langues». Ces dons sont dans l'Assemblée. Les évangélistes n'y sont pas, parce que les dons y sont envisagés comme des manifestations de l'Esprit dans l'Assemblée.

En Ephésiens 4, nous trouvons aussi une énumération de dons d'édification provenant de la sollicitude de Christ pour l'Assemblée qui est son corps: «Et Lui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme pasteurs et docteurs, en vue de la perfection des saints, pour l'oeuvre du service, pour l'édification du corps de Christ». Nous avons ici les évangélistes, car quoique leur travail soit dans le monde, ils n'y laissent pourtant pas les âmes qui sont amenées à Christ par leur moyen;, elles sont introduites dans l'Eglise — non dans une église.

Il en est de même aux versets 15 et 16, que j'ai cités plus haut: chaque partie, dans sa mesure, produit l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même, en amour. Est-ce qu'on peut trouver quelque chose de plus clair et de plus précis?

Mais ceci me conduit à signaler que la distinction que l'on veut faire entre ce qui est sur la terre et ce qui est dans le ciel, est la destruction de tout le caractère du christianisme et de la sainteté qui s'y rattache. Je crois avoir montré que l'Ecriture parle d'un corps sur la terre, que son unité est là, que ses membres sont là les membres de Christ et les membres l'un de l'autre. Mais je vais plus loin, et j'ajoute que bien que, comme il avait été prédit, l'Eglise sur la terre se soit corrompue, l'homme ayant manqué à sa responsabilité de maintenir ce que Dieu avait établi (*), cependant, vouloir séparer pour la foi, l'Eglise telle qu'elle est dans la pensée de Dieu, de l'Eglise telle qu'elle est sur la terre, c'est non seulement détruire l'idée scripturaire de l'Eglise, mais tout principe de sainteté, soit individuel, soit collectif. Il ne faut pas oublier, en effet, que notre appel est céleste, que notre espérance est céleste, et que la règle de notre marche est céleste. L'oubli de ce caractère a été la source de la folie des perfectionnistes qui prenaient la délivrance de Romains 8, pour la perfection. Or, le prix ou le but de la course n'est pas ici-bas. Le chrétien n'a pas d'autre but à atteindre que Christ dans la gloire. S'il est fidèle, il ne fait qu'une chose, courir pour gagner Christ, si, en quelque manière que ce soit, il peut parvenir à la résurrection d'entre les morts. Et cela a pour résultat, dans la mesure où le chrétien le réalise, de produire une marche dirigée comme celle de Christ ici-bas. La conversation du croyant est dans les cieux; il attend que Christ transforme son corps d'abaissement en la conformité du corps de sa gloire. Cependant, quoiqu'il n'y ait pas un autre but à atteindre, nous disons avec Paul: «Non que j'aie déjà reçu le prix ou que je sois déjà parvenu à la perfection». Celui qui connaît le mieux Christ, sait aussi mieux que personne combien il est loin de l'avoir atteint. Mais il n'y a pas d'autre but devant nous. Nous sommes prédestinés à être conformes à l'image de son Fils, pour qu'il soit premier-né entre plusieurs frères. «Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d'un».

(*) C'est ce qui a toujours eu lieu depuis Adam, la première chose que l'homme a faite a toujours été de manquer à sa responsabilité, tandis que la patiente bonté de Dieu continuait jusqu'à la venue du jugement.

Maintenant, c'est la connaissance, par le Saint Esprit, de ce Christ glorifié qui produit la sainteté pratique. C'est ce que l'Ecriture nous enseigne. En Hébreux 12: 10, Dieu nous discipline pour que nous participions à sa sainteté. Puis, en 1 Thessaloniciens 3: 12, 13, nous avons un autre passage remarquable: «Que le Seigneur vous fasse abonder et surabonder en amour les uns envers les autres et envers tous, comme nous aussi envers vous, pour affermir vos coeurs sans reproche en sainteté devant notre Dieu et Père, en la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints». Où est la différence pour la foi entre notre état de responsabilité ici-bas et notre présentation devant notre Dieu et Père à ce moment-là? La mesure de notre réalisation de la sainteté est une autre et importante question, mais le caractère de la sainteté actuelle et le but à atteindre sont les mêmes, ou plutôt, béni soit son nom, ne sont qu'un. Et ceci est produit par la révélation de Christ à nos âmes par le Saint Esprit, c'est-à-dire d'un Christ tel qu'il est dans la gloire. C'est pourquoi il dit: «Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux» (je me mets moi-même à part, comme homme glorifié dans le ciel), «afin qu'eux aussi soient sanctifiés par la vérité» (Jean 17: 19). Et ceci est enseigné encore en 1 Jean 3: «Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est. Et quiconque a cette espérance en Lui, se purifie, comme lui est pur». Et encore: «Or nous tous, contemplant, à face découverte, la gloire du Seigneur» (c'est-à-dire sans voile, comme Moïse), «nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, en Esprit» (2 Corinthiens 3: 18). Tout ceci ne présente aucun doute. Il n'y a pas deux saintetés; aucun de nous ne peut dire qu'il a atteint la sainteté proposée à notre foi, mais cependant notre bourgeoisie est dans les cieux, et comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste. Il n'y a pas d'autre but vers lequel nous ayons à courir. Notre objectif est de croître en toutes choses jusqu'à lui qui est le chef, le Christ, ayant devant nous l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ. Et remarquez bien qu'il ne s'agit pas ici de la mesure de notre acceptation en Christ, car là il n'y a pas à croître. A ce point de vue, nous disons: «Comme il est, Lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4: 17).

On dira: «Mais ceci est individuel». Je l'admets. Je le cite pour montrer le principe d'après lequel Dieu agit envers nous en ce qui concerne notre état de responsabilité dans ce monde. Etant rendus participants de la nature divine, ayant le Christ ressuscité et glorifié comme notre vie, et la révélation, par le Saint Esprit, de ce Christ glorifié, nous ne pouvons pas admettre qu'il y ait aucun autre but proposé que ce Christ glorifié; et comme le Seigneur pouvait dire, en tant que personne divine: «le Fils de l'homme qui est dans le ciel» — et c'était là le caractère parfait de sa vie ici-bas — ainsi aussi nous qui sommes unis à lui dans la gloire, assis dans les lieux célestes en lui, et le Saint Esprit nous révélant ce que l'oeil n'a pas vu et que l'oreille n'a pas ouï, et qu'il n'a pas été donné au coeur de l'homme de concevoir — nous revêtons les affections, l'esprit, le renoncement, en un mot, la réalisation pratique de ce qui répond à lui-même dans la gloire, comme étant le motif et la mesure d'une marche sainte ici-bas; et ainsi, celui qui dit demeurer en Lui doit aussi lui-même marcher comme il a marché. C'est pourquoi il est dit: «Soyez donc imitateurs de Dieu comme de bien-aimés enfants, et marchez dans l'amour, comme aussi le Christ nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (Ephésiens 5: 1, 2), et: «Par ceci nous avons connu l'amour, c'est que lui a laissé sa vie pour nous; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères» (1 Jean 3: 16). Et dans ce chapitre des Ephésiens, déjà cité, alors que le nom de Dieu, envisagé dans son essence, est Lumière, nous sommes, nous aussi, considérés comme étant lumière dans le Seigneur; dès lors, nous devons marcher comme des enfants de lumière, et si nos pauvres yeux ont été appesantis par le sommeil, et que nous nous trouvions parmi les morts, nous sommes appelés à nous réveiller du sommeil, et Christ luira sur nous. Notre vie est cachée avec Christ en Dieu; nous n'avons pas une autre mesure que lui-même, c'est-à-dire ce qu'il est.

Il n'y a pas une sainteté pour le ciel et une autre pour ce monde. Sans doute, nous avons notre trésor dans un vase de terre, nous connaissons en partie, nous voyons au travers d'un verre, obscurément, mais le trésor, ce que nous connaissons et ce que nous voyons, est une seule et même chose. La vie éternelle est le but, mais c'est la vie éternelle que nous avons présentement, et cette vie est Christ, le Christ actuel: «Celui qui a le Fils a la vie»; plus tard, nous le verrons tel qu'il est, mais ce ne sera pas une autre personne. Je répète que celui qui est le plus près de lui par la foi, dans le coeur duquel Christ habite, connaît mieux combien il lui est cher, mais il sait aussi à quelle distance il est de lui, en tant que but à atteindre. Et cependant, il n'a pas deux Christs, mais un seul.

C'est le principe de l'Ecriture. Nous sommes en Christ quant à notre acceptation, et Christ est en nous, notre vie actuelle et l'espérance de la gloire qui est devant nous; mais, tandis que nous sommes encore ici-bas, nous avons à porter toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps.

Ce principe conduit à déduire que l'Eglise, en haut ou dans ce monde, est la même Eglise, quoique manifestée ici-bas en faiblesse, à cause de la condition de responsabilité dans laquelle sont les individus. La parole de Dieu est formelle et positive à cet égard. «Christ a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d'eau par la parole; afin que lui se présentât l'assemblée à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irréprochable» (Ephésiens 5: 25-27). On pourra dire qu'il s'agit ici des membres. Naturellement, tout ceci a lieu dans les membres, quoique collectivement aussi; mais l'Assemblée qui a été aimée et que Christ se présentera irréprochable, l'Assemblée qui a été aimée et pour laquelle il s'est livré, l'Assemblée que Christ se présentera à lui-même, sans ride, c'est la même Assemblée qu'il a sanctifiée ici-bas, dans le cours des temps, par la Parole. La même chose est expressément enseignée dans le chapitre 4 déjà cité, sauf que l'Assemblée est aussi appelée son corps, Christ étant la Tête, jusqu'à laquelle nous devons croître. Le verset 16 présente le travail actuel en grâce et l'accroissement du corps, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, de sorte qu'il est impossible de séparer ce corps, duquel Christ est la Tête, de celui qui croît et s'édifie ici-bas. Le corps, envisagé en formation ou entièrement formé, est le même corps. Il n'y en a qu'un. Rien ne peut être plus explicite.

Même en ce qui concerne une assemblée locale, reconnue de Dieu, les choses se présentent sous le même caractère. Ceux qui la composent ne sont pas envisagés dans la Parole comme de simples professants, mais comme devant être présentés irréprochables devant Christ. Aux Corinthiens, chez qui il y avait tant de choses blâmables, Paul dit: «Vous ne manquez d'aucun don de grâce pendant que vous attendez la révélation de notre Seigneur Jésus Christ, qui aussi vous affermira jusqu'à la fin pour être irréprochables dans la journée de notre Seigneur Jésus Christ. Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus Christ, est fidèle» (1 Corinthiens 1: 7-9). C'était à cette communion (la participation à ce qu'il est) qu'ils avaient été appelés pour le temps présent, et ils devaient être irréprochables à la fin, c'est-à-dire dans leur condition finale, en haut.

Le commencement de l'épître aux Ephésiens confirme largement ce principe. Dans le chapitre 1, versets 3 à 8, quelle est l'époque envisagée? Quand sommes-nous saints et irréprochables devant lui, en amour? Evidemment, c'est ce que Dieu réalisera en perfection dans le ciel, mais avons-nous autre chose à réaliser maintenant? Est-ce que les bénédictions spirituelles dont Dieu nous a bénis, sont seulement pour des lieux célestes à venir, alors que notre appel actuel aurait un autre caractère? J'admets, certainement, qu'il y a une différence entre la réalisation ici-bas de notre condition en Christ, par la puissance du Saint Esprit, et sa manifestation parfaite, par la puissance divine, au jour où Christ viendra et transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire, mais ce sont deux aspects de la même position. Au temps actuel, l'accomplissement des pensées de Dieu est «à la gloire de sa grâce», et quand tout aura été rendu parfait, ce sera «à la louange de sa gloire».

De même quant à l'Assemblée, elle est présentée à la fin d'Ephésiens 1, comme étant dans le conseil éternel de Dieu, avec un fait déjà accompli, savoir que Christ est assis à sa droite dans les lieux célestes et a été donné pour Chef à l'Assemblée, sans attendre que toutes choses lui soient effectivement assujetties. Dans le chapitre suivant, l'apôtre montre que Dieu nous a vivifiés avec le Christ, nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Ceci est actuel. Nous ne sommes pas encore assis avec Christ, mais dès aujourd'hui, nous sommes assis en Lui, et il montrera, dans les siècles à venir, les immenses richesses de sa grâce dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus. Ce qu'il montrera, à ce moment-là, n'est pas une chose différente de celle qu'il a opérée maintenant. Or, ceci est lié avec le fait qu'il est Chef de l'Assemblée qui est son corps. J'admets pleinement que cela ne sera parfaitement accompli que dans la gloire, mais nous avons maintenant l'Esprit d'adoption, tout en attendant l'adoption, la délivrance de notre corps. Mais je dois conclure.

La parole de Dieu montre clairement qu'il y a identité entre ce qui est révélé et discerné par le Saint Esprit, aujourd'hui, et ce qui sera révélé en nous dans la gloire. C'est d'ailleurs, l'essence même du christianisme. C'est la véritable portée des passages: «Nous avons été sauvés en espérance»; et: «Quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d'une joie ineffable et glorieuse, recevant la fin de votre foi, le salut des âmes» (Romains 8: 24; 1 Pierre 1: 8-9). Une église de professants est la négation de l'Eglise de Dieu, et Dieu ne forme pas une telle église. Penser cela touche au blasphème. La coexistence voulue du mal et du bien dans l'Assemblée, est la destruction de toute responsabilité chrétienne et la négation que l'église professante sera jugée pour son infidélité. Cela fausse le caractère de la sainteté et celui de la relation actuelle de Christ avec l'Eglise. Il n'y a plus d'Epouse pour dire: «Viens!» plus de pureté actuelle découlant de ce qui sera manifesté alors, comme en 1 Thessaloniciens 3: 13, ou de ce que Christ est maintenant, comme en 1 Jean 3: 3. D'ailleurs, si Dieu avait voulu avoir une église de professants, où se limiterait le nombre des hypocrites? Que de tels puissent se glisser, parmi les fidèles, personne ne le nie, mais comment peut-on dire que cela répond à la pensée de Dieu quant à son Eglise sur la terre, et que nous n'avons pas à nous purifier des vases à déshonneur, ni à sortir hors du camp?

Dans toutes ces idées qu'on cherche à mettre en avant, il y a un effort de l'ennemi pour renverser le témoignage qui nous a été confié, en cherchant à détruire les vérités de l'unité du corps et de notre appel céleste, ainsi que tout le témoignage spécial de Dieu, envisagé comme distinct des vérités évangéliques quant au pardon.

Leur réfutation aura servi, j'espère, à montrer par l'Ecriture le véritable caractère de l'Assemblée ici-bas et son identité, pour la foi, avec l'Assemblée et l'Epouse là-haut, faisant ressortir également que la sainteté individuelle actuelle ne peut être séparée, dans sa mesure, de ce qu'elle sera en gloire. Tout ce qui est là, en gloire, nous est manifesté ici-bas comme la sphère où nous sommes introduits dans la nouvelle création, par le Saint Esprit, et où nous devons vivre, cherchant en même temps l'unité de l'Esprit.

Humilié devant le Seigneur, j'ai confiance qu'il nous sera accordé de maintenir, mieux que jamais, le saint témoignage de Dieu. La puissance actuelle qui rassemble dans ce monde, c'est le Saint Esprit; et le seul centre de rassemblement, c'est Christ; mais il résulte de cela que tous les saints ne sont qu'un, et c'est sur ce principe que nous nous réunissons.