Trois grands maux

 ME 1909 page 97

 

Il y a trois choses dont bien des enfants de Dieu ont beaucoup à souffrir, et que l'on peut nommer, en vérité, «de grands maux». Ce sont: un esprit légal, une conscience maladive et un coeur occupé de lui-même. Nous voudrions dire quelques mots sur ces maux et indiquer les moyens par lesquels ils peuvent être guéris.

Occupons-nous d'abord de l'esprit légal. Ce mal se présente fréquemment, et il est difficile de s'en débarrasser. Dans beaucoup de cas, il est si opiniâtre qu'il s'attache au croyant jusqu'à la fin et lui ravit des libertés qui sont la part de tous les enfants de Dieu. Cet esprit se manifeste de différentes manières. Il trouble dans l'âme la jouissance de la grâce illimitée de Dieu, même celle du salut, que cette grâce a opéré, et rabaisse le niveau de la vie et du caractère. Il donne, en outre, une fausse idée du caractère de Dieu: il le représente comme un maître sévère et inflexible, qui réclame l'exécution d'un certain nombre de devoirs, et ne le montre pas comme un donateur charitable, qui trouve sa joie dans l'adoration reconnaissante et le bonheur de ses enfants. En un mot, un esprit légal élève un nuage pesant et sombre entre l'âme et Dieu, et introduit la confusion dans toute la vérité chrétienne. Sans doute, il est agréable à Dieu que nous accordions l'attention la plus scrupuleuse à la lettre des Ecritures et que nous ayons le plus sérieux désir de marcher comme cette lettre nous l'enjoint. Mais un esprit légal rend le christianisme froid, formaliste, désagréable. Le service est considéré par lui comme un devoir pénible, non comme une source de jouissance et de joie. Ainsi l'esprit légal refroidit les sentiments et les empêche de s'exprimer devant Dieu.

Quel est donc le remède à ce mal? C'est, en un mot, la grâce. Donnons entrée dans notre âme à la libre grâce de Dieu avec son caractère aimable et son énergie céleste. Efforçons-nous de connaître Dieu et d'apprendre à jouir de lui dans son caractère de donateur, et comme demeurant au milieu des chants de louange de son peuple racheté. Réalisons par la foi, le fait que nous sommes sous la grâce, et non sous la loi, que tout joug est brisé, que Dieu nous voit en Christ, que nous sommes lavés, approchés de Dieu par son sang et aimés comme lui. Saisissons ces glorieuses réalités avec l'énergie d'une foi simple et enfantine, et les ténèbres d'un esprit légal s'enfuiront. Un coeur fondé sur la grâce de Dieu n'est pas seulement heureux, il est aussi zélé pour le service du Seigneur.

Considérons maintenant le second mal, une conscience maladive. Elle se présente sous diverses formes, et prépare à l'âme bien des heures douloureuses. Sans cesse, elle soulève des difficultés et fait naître des doutes et des craintes. Au lieu de se laisser guider par les commandements clairs de la parole de Dieu, elle reste sous l'empire de ses folles imaginations et de ses craintes. Celui qui n'a pas été aux prises lui-même avec ce mal, ne peut se faire aucune idée des souffrances sans nombre dont il accable celui qui en souffre. Quand une conscience maladive se joint, comme c'est souvent le cas, à un esprit légal, la pauvre âme tourmentée demeure complètement étrangère à la paix et à la joie que donne la foi.

Le remède à ce grand mal, c'est la vérité. La simple, pure vérité de Dieu, l'autorité des Saintes Ecritures, la conscience mise en contact immédiat avec la Parole, la soumission à cette Parole seule. Dans cette voie, l'âme est dominée exclusivement par les droits de la vérité divine et délivrée de ses propres pensées et de ses anxiétés.

Les conséquences du dernier mal, un coeur occupé de lui-même, sont impossibles à définir, tellement elles sont variées et diverses. On ne trouve peut-être aucun homme, auquel ce mal soit totalement inconnu. Un coeur occupé de lui-même pousse l'homme à ne considérer et à n'apprécier les choses et les personnes que dans leur rapport avec lui. Il estimera la valeur des autres, d'après la manière dont ils lui sont agréables. Il s'attachera à des personnes qui lui conviennent par leurs goûts, leurs sentiments et leurs opinions, tandis qu'il se tiendra à l'écart d'autres. Il aimera ceux qui sont d'accord avec ses propres vues. En un mot, il juge hommes et choses non pas dans leurs rapports avec Christ et ses intérêts, mais dans leur rapport avec son misérable moi et le cercle étroit de ses intérêts.

Cela encore est un grand mal; il porte le coup de mort à toute communion, qu'il s'agisse de communion avec Dieu ou de communion avec les saints. Le remède divin à ce mal, c'est: la personne de Christ. Il n'y en a pas d'autre, mais ce remède est infaillible.

Si la grâce est le remède d'un esprit légal; la vérité, celui d'une conscience maladive; la réunion de la grâce et de la vérité, savoir Christ lui-même, est le remède d'un coeur occupé de lui-même. Le Seigneur veuille nous faire éprouver la puissance infaillible de ces trois remèdes.