Lettres et fragments sur la cène et la table du Seigneur

ME 1909 page 437

 

Lettres et fragments sur la cène et la table du Seigneur. 1

1.     Darby J.N. 1

2. Darby J.N. 3

3. Darby J.N. 3

4. Darby J.N. 4

5. Prod'hom F. 5

 

1.    Darby J.N.

Cher frère,

Dans la Cène du Seigneur, il est nécessaire de considérer deux vérités tout à fait distinctes:

  1. La mort de notre précieux Sauveur et le mémorial que nous en célébrons en Son absence.
  2. L'unité du corps en tant que nous participons à un seul pain.

Il nous faut, à ce sujet, éviter d'une part toute tendance à nous écarter de la vérité scripturaire, d'autre part, toute dureté et toute étroitesse de coeur envers nos frères. Si je n'ai pas présent à la pensée l'amour pour tous les saints, je romps l'unité de l'Esprit, alors que, peut-être, je la maintiens extérieurement d'une manière correcte, selon l'Ecriture. Mais, d'un autre côté, je ne puis renier, dans la pratique, ce que l'Ecriture nous enseigne, et spécialement quand il s'agit de ce qui nous est donné comme un signe extérieur de la vérité scripturaire.

L'expression «la table du Seigneur» est employée pour désigner l'identification avec Christ, qui y est confessée par des chrétiens, comme les sacrificateurs juifs participaient à l'autel, ou comme les païens mangeaient ce qui avait été offert aux idoles. Je ne m'oppose donc nullement à l'usage de cette expression pour signifier ce fait. En principe, la table du Seigneur embrasse donc, nécessairement, tous ceux qui Lui appartiennent, à moins qu'ils ne soient exclus par une juste discipline.

Mais, comme les diverses dénominations admettent tout le monde dans leur sein, ou bien professent se réunir sous le nom particulier qu'elles se sont donné (bien qu'il leur arrive de permettre à un étranger de se joindre à elles), l'unité du corps et la présence de Christ dans l'assemblée, y sont perdues pour la foi, tandis que, pour elles, c'est leur dénomination qui est l'église. Sans doute, des personnes pieuses qui vont prendre la Cène dans l'une de ces dénominations, peuvent, dans la mesure de leur piété, y trouver la jouissance du mémorial de Christ et de son amour dans la mort, mais je suis bien certain que, dans cette position, elles ne peuvent avoir le sentiment de l'unité du corps de Christ, comme chose actuelle sur la terre, car leur foi n'embrasse pas cette unité. Je crois aussi qu'elles perdent le sentiment de la présence de Christ, comme centre de l'assemblée, quoique, dans une mesure, elles puissent réaliser individuellement sa présence, par le Saint Esprit.

Je n'attache pas d'importance à des mots, mais il me serait impossible de reconnaître, avec les lumières que le possède, quant à l'unité du corps, que les ordonnances des diverses dénominations soient la table du Seigneur. Je suis cependant tout disposé à admettre que des âmes qui prennent part à la Cène, puissent avoir personnellement un sentiment de l'amour du Seigneur plus profond que le mien, quoique je jouisse infiniment de cet amour.

Mais je possède plus qu'elles: étant associé de coeur avec Christ, je reconnais l'unité du corps, l'unité de ceux pour lesquels il s'est donné afin de les rassembler en un (Jean 11: 52 (*)). Je reconnais pratiquement cette unité, selon l'enseignement de l'Ecriture, dans ce seul pain par lequel elle est exprimée. Par leur caractère même, les dénominations font exactement le contraire. Mais si je ne puis, en aucun cas, m'écarter du chemin étroit où je trouve la bénédiction, je désire avoir le coeur assez large pour embrasser tous les enfants de Dieu qui marchent en sa présence, et, si je ne le fais pas, je perds en esprit la bénédiction même dont je parle. L'apôtre dit: «L'amour que tu as pour tous les saints» (Philippiens 5), et: «Que vous soyez capables de comprendre, avec tous les saints…» (Ephésiens 3: 18). Nous ne pouvons proprement réaliser l'amour de Christ dans la communion avec Lui, sans y comprendre tous ceux qu'il aime comme siens. La «communion les uns avec les autres» est l'un des trois éléments de l'état chrétien, et sa portée est beaucoup plus étendue que nous ne le pensons d'habitude. Si tant de chrétiens en entravent la manifestation, elle ne devrait avoir que plus de puissance, par grâce, dans nos coeurs, et nous devrions penser à toutes ces âmes avec les sentiments de Christ lui-même pour elles. «Quiconque aime Celui qui a engendré, aime aussi celui qui est engendré de Lui» (1 Jean 5: 1). Mais cet amour se montrera nécessairement dans l'obéissance, si c'est l'amour pour Lui: «Par ceci nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c'est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements» (1 Jean 5: 2). Il m'est impossible de sortir du chemin que Dieu m'a tracé, fût-ce dans le but de pouvoir me trouver avec ceux que j'aime et qui n'y marchent pas. Ce ne serait pas un vrai amour pour eux, ni l'amour pour Dieu, que d'être désobéissant et de mettre mes frères à l'aise dans une mauvaise position, en traitant le mal comme s'il n'avait pas d'importance.

(*) Je cite ce passage qui parle de l'unité des chrétiens plutôt que de l'unité du corps, de l'Eglise, parce qu'il y est question d'être tous un.

2. Darby J.N.

Question:

Pourquoi ne pourrait-on pas dire que la table du Seigneur se trouve dans les diverses dénominations? Il me semble que la table du Seigneur est un privilège extérieur, en rapport, comme tel, avec la profession du christianisme.

 

Réponse:

Votre principe est faux. Je ne m'arrête pas à un mot, mais la table du Seigneur n'est pas l'expression de la profession chrétienne, c'est-à-dire de la chose extérieure. «Un seul pain» est l'expression «d'un seul corps», tandis que le baptême est le rite de la profession. La table du Seigneur exprime l'unité, l'association avec Christ, et l'argument de l'apôtre, en 1 Corinthiens 10, est entièrement basé là-dessus. La chrétienté est, de son propre aveu, divisée en dénominations. On trouve des tables baptistes où il n'est pas permis à d'autres chrétiens de venir, d'autres où, même s'ils y sont admis, des chrétiens ne sont pas considérés comme membres de l'église. Pour eux, on est membre de telle ou telle église, mais, en tant qu'on a ce caractère, on abandonne le caractère de membre de Christ. Individuellement, ces chrétiens peuvent se souvenir avec piété de la mort de Christ et, dans ce sens, avoir la Cène du Seigneur, mais, selon leur profession de former des églises particulières, ils se réunissent sur un autre terrain que celui de l'unité du corps de Christ.

Je suis bien certain que, depuis la mort de l'apôtre Paul, les chrétiens n'ont jamais même été sur le vrai terrain du salut, et qu'ils identifiaient le corps de Christ avec la profession extérieure corrompue, bien que, jusqu'à l'année 240 environ, il n'y eût pas encore de division extérieure. A ce moment, quelques-uns se séparèrent, parce qu'on avait reçu de nouveau dans l'Eglise, ceux qui avaient renié le Seigneur lors de la persécution de Decius.

Si les dénominations sont la table du Seigneur, pourquoi n'irais-je pas avec elles.? Agir ainsi serait un pur schisme de ma part.


3. Darby J.N.

Question:

Quand l'apôtre dit «la communion du corps de Christ» (1 Corinthiens 10: 16), parle-t-il du corps du Seigneur, ou entend-il par ce terme l'ensemble des croyants comme corps?

Réponse:

Au verset 16, l'apôtre parle du corps même du Seigneur, comme dans le même verset, il parle de son sang, mais l'unité des croyants est intimement liée avec lui. L'apôtre mentionne ici le fait que les sacrificateurs, en mangeant des sacrifices, étaient identifiés avec l'autel, c'est-à-dire moralement complètement associés avec lui, de même que les païens avec les démons, en mangeant les choses sacrifiées aux idoles. Il en est de même de l'identification des chrétiens avec Christ. Mais alors, si tous étaient associés avec le corps de Christ, ils l'étaient les uns avec les autres, et n'étaient ainsi, eux-mêmes, qu'un seul corps. L'un se trouvait inclus dans l'autre; mais le verset 16 se rapporte expressément au corps de Christ, et le verset 17 montre que notre unité en un seul corps est incluse dans le corps du Seigneur.


4. Darby J.N.

Quelques-uns ont prétendu que «le pain ne devrait pas être rompu avant d'être distribué, et que chacun devrait avoir part à un pain non rompu, comme symbole de l'unité du corps! Cette idée n'est point nouvelle. Je la répudie entièrement. Le nom même de l'ordonnance: «la fraction du pain», suffit pour montrer la fausseté de cette allégation. Quelques personnes pensent que «rompre le pain» signifie que chaque individu en prend une partie; mais, s'il en était ainsi, chaque individu devrait rompre pour lui-même l'unité du corps, ce qui est une absurdité. En outre, cette fausse notion tend à remplacer le mémorial de la mort de Christ par le principe de l'unité, comme si ce dernier était la chose principale.

Le Seigneur, après avoir rendu grâces, «rompit le pain». Les disciples n'ont donc jamais pris part à autre chose qu'à un pain rompu. On voit, en Luc 24: 30 et 35, que le Seigneur se fit connaître aux disciples «dans la fraction du pain». Dans ce cas, ce n'était pas, je l'admets, la Cène complète, mais cet acte portait le sceau de celui qui avait été accompli en Luc 22: 19. La fraction du pain appartient essentiellement à l'institution de cette ordonnance par le Seigneur. C'est «le pain que nous rompons», en 1 Corinthiens 10: 16. «Ils persévéraient dans la fraction du pain», en Actes 2: 42.

Jamais nous ne trouvons dans l'Ecriture que l'on participe à un pain non rompu. L'unité se rapporte à notre participation à un seul pain, non pas au fait que ce pain n'est pas rompu, et certainement il était rompu quand le Seigneur le donna à ses disciples. Jamais les évangiles, ni 1 Corinthiens 11, ni Actes 20, ne varient à ce sujet. Ne pas rompre le pain, c'est abandonner l'institution première dans son caractère essentiel. Nous annonçons la mort du Seigneur dans la fraction du pain, et en outre, ayant tous part à un seul pain (non pas le rompant, ce qui serait absurde), nous sommes tous un seul corps.

Le pain que nous rompons, la coupe que nous bénissons (terme qui est identique à: «pour laquelle nous rendons grâces»), représentent deux actes du Seigneur qui ont précédé la participation des disciples à ces choses.

Ce que l'on a prétendu, l'idée à laquelle nous nous opposons, est donc un abandon complet de l'institution première, ainsi que du caractère essentiel et de la signification de l'ordonnance, destinée à annoncer la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne; quoique, en même temps l'unité du corps soit montrée, parmi nous, par la participation à un seul pain, mais dans l'ordonnance, le corps est le corps de Christ, comme cela est dit expressément en 1 Corinthiens 10: 16.

5. Prod'hom F.

Le chapitre 10 de la première épître aux Corinthiens, versets 16, 17, nous parle de la Table du Seigneur, et le chapitre 11: 20-30, de la Cène du Seigneur, ou Cène dominicale; mais l'une ne doit pas être séparée de l'autre, afin que les rachetés, se souvenant ensemble de la mort de leur Sauveur, expriment par le même acte l'unité du corps de Christ sur la terre, unité dont ils font tous partie. La Cène du Seigneur est donc pour nous le souvenir de Sa mort et entre nous l'expression de l'unité du corps.

On trouve parmi les congrégations multitudinistes des âmes pieuses qui trouvent de la bénédiction à prendre la Cène dans le milieu où elles se trouvent. Elles disent qu'elles se souviennent de la mort de leur Sauveur sans s'inquiéter des personnes qui les entourent. Ces âmes ignorent qu'elles font une grande perte en n'étant pas réunies avec les rachetés, car, en prenant la Cène avec eux, elles exprimeraient, comme membres du corps de Christ, l'unité de ce corps sur la terre.

Y a-t-il rien de plus simple et de plus positif que le passage de 1 Corinthiens 10? «La coupe de bénédiction que nous bénissons n'est-elle pas la communion du sang du Christ? Le pain que nous rompons n'est-il pas la communion du corps du Christ? Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain».

L'apôtre mentionne ici la coupe en premier lieu, parce que le sang de Christ, en ôtant notre culpabilité, nous rend propres à être membres du corps de Christ.

Ces versets 16 et 17 renferment plusieurs unités: Il y a un seul Sauveur; il ne peut y en avoir deux. Il y a un seul corps du Sauveur crucifié pour nous. Correspondant à ce seul corps du Sauveur, il y a un seul pain de la Cène. Puis ce seul pain de la Cène se trouve être l'expression du seul corps de Christ sur la terre, par le fait qu'ayant été rompu, nous y participons tous. Il ne peut y avoir deux pains de la Cène, pas plus que deux Sauveurs, ou deux corps du Sauveur sur la croix, ou deux corps de Christ sur la terre. A l'égard du corps de Christ sur la terre, la chose est si évidente que l'apôtre dit, non seulement que nous sommes un seul corps, mais un seul pain. Comment exprimerait-il mieux que le seul pain de la Cène se trouve être l'expression de l'unité du seul corps de Christ sur la terre?

Le verset 17 peut se traduire ainsi «Car nous — tous les membres du corps — qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous — tous les membres du corps — participons tous à un seul et même pain».

Ceux qui prétendent que la fraction du pain de la Cène en centaines et milliers de morceaux ne peut plus représenter une unité, font un bien pauvre raisonnement qui détruit la simplicité et l'autorité de cette déclaration: «Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain».

Que le Seigneur nous garde dans la simplicité en présence de sa Parole.