Notes
prises dans une série de réunions d'étude
ME 1909 page 132 - ME
1910 page 14
L'épître aux Romains pose les fondements des relations
en grâce de l'homme avec Dieu, sur le pied de la justice.
Elle peut se diviser en quatre grandes sections:
Après l'introduction, contenue dans les versets 1
à 17 du premier chapitre, on trouve jusqu'au chapitre 5, verset 11, l'exposé de
la culpabilité de l'homme quant à ses péchés, et le remède que Dieu y a
apporté dans le sang de Christ, de manière à justifier et rendre heureux celui
qui croit.
Ensuite, du chapitre 5: 12, jusqu'à la fin du
chapitre 8, nous avons l'affranchissement du péché et de la loi, par la
puissance de la résurrection, ainsi que l'introduction, par le Saint Esprit,
dans la pleine jouissance d'un Dieu révélé en amour.
Dans les chapitres 9 à 11, l'apôtre montre comment
les vérités du salut s'accordent avec les promesses faites aux Juifs.
Enfin, du chapitre 12 à la fin de l'épître, nous
avons des exhortations pratiques, pour que la marche du croyant soit en rapport
avec la nouvelle position dans laquelle il est placé par la grâce de Dieu.
Reprenons, en détail, ces diverses parties de
l'épître,
(Verset 1) — Paul se nomme, tout d'abord, esclave
de Jésus Christ, ensuite, apôtre par l'appel de Dieu et, enfin, se
présente comme mis à part pour l'Evangile de Dieu.
Il était devenu esclave du Seigneur sur le
chemin de Damas. Là, renversé par terre, il avait entendu une voix puissante,
l'appelant par son nom, et lui disant: «Pourquoi me persécutes-tu?» A quoi il
avait répondu: «Qui es-tu, Seigneur?» (Actes des Apôtres 9: 5), et: «Que
dois-je faire, Seigneur?» (Actes des Apôtres 22: 9). A partir de ce
moment, Saul était l'esclave du Seigneur.
En même temps, cet appel le constituait apôtre et apôtre
des nations, puisque le Seigneur lui annonçait alors qu'il aurait à porter son
Nom devant les nations (Actes des Apôtres 9: 15, 16; 22: 15-21; 26: 16-18).
Enfin, par ce même appel, il était mis à part
de tout l'ordre de choses établi dans le monde, puisque le Seigneur lui dit:
«En te retirant du milieu du peuple et des nations, vers lesquelles moi je
t'envoie» (Actes des Apôtres 26: 17). De fait, cette mise à part fut réalisée à
Antioche, où Paul fut désigné, du milieu d'autres serviteurs du Seigneur,
lorsque le Saint Esprit dit: «Mettez-moi maintenant à part Barnabas et Saul
pour l'oeuvre à laquelle je les ai appelés» (Actes des Apôtres 13: 2).
Ainsi donc, Paul est bien, en réalité, esclave de
Jésus Christ, apôtre appelé et mis à part pour l'Evangile de Dieu.
(Versets 2-4) — C'est l'Evangile de Dieu.
Dieu en est la source. Cette bonne nouvelle vient de Lui. Cet Evangile de Dieu
avait été auparavant promis par les prophètes dans de saintes Ecritures (voir
Actes des Apôtres 13: 32-39, 47; Esaïe 49: 6) (*). Il est relatif
à son Fils, Jésus Christ, notre Seigneur. Dieu y révèle ce qu'il a trouvé dans
son Fils et dans son oeuvre, et c'est là la bonne nouvelle. Ce Fils de Dieu est
né dans le monde, vrai homme, fils de l'homme, né de la semence de David selon
la chair, mais Fils de Dieu et, comme tel, engendré de Dieu (Psaumes 2: 7), et
né du Saint Esprit (Luc 1: 35). Dans 1 Timothée 3: 16, il est dit qu'il a été
justifié en Esprit, c'est-à-dire que ses paroles, ses actes et son attitude
dans ce monde, ont été la justification de son origine comme né de l'Esprit.
Aussi, sa résurrection a-t-elle été la détermination en puissance de sa qualité
de Fils de Dieu, homme du Saint Esprit.
(*) Déjà, dès la chute, la promesse avait été
faite que la semence de la femme briserait la tête du serpent.
Ce caractère divin, exprimé en résurrection,
demande qu'on s'y arrête un peu. Le Fils de Dieu, venu au milieu des hommes,
avait en lui la puissance sur la mort. Il pouvait dire à Marthe, lorsqu'il
allait ressusciter Lazare: «Moi, je suis la résurrection et la vie» (Jean 11:
25). Il faisait répondre à Jean-Baptiste en prison, en énumérant les preuves
qui témoignaient de sa mission divine: «Et les morts sont ressuscités»
(Matthieu 11: 5). Mais c'est surtout sa propre résurrection qui a été la
démonstration en puissance de la perfection de sa personne. Pierre nous dit
qu'il n'était pas possible qu'il fût retenu par la mort (Actes des
Apôtres 2: 24). Nous avons ici sa résurrection en sa qualité de Fils et, plus
loin (Romains 4: 24, 25; 6: 4), cette même résurrection en sa qualité de
Rédempteur.
Il avait la puissance de se ressusciter lui-même.
Il dit, en Jean 2: 19-22: «Détruisez ce temple, et en trois jours je le
relèverai… Mais lui parlait du temple de son corps». En Jean 10: 17, 18, il dit
de sa vie: «Personne ne me l'ôte, mais je la laisse de moi-même, j'ai le
pouvoir de la laisser et j'ai le pouvoir de la reprendre»; mais il n'a pas
voulu user lui-même de cette puissance, il a voulu dépendre de son Père pour la
résurrection, comme pour toutes choses, avec une confiance parfaite. «Tu ne
permettras pas que ton saint voie la corruption» (Psaumes 16: 10).
Nous voyons ici quelle est cette personne du Fils
de Dieu, qui est le sujet de l'Evangile de Dieu. Plus loin, dans l'épître, nous
trouverons la perfection de son oeuvre à la croix, à laquelle la perfection de
sa personne donne toute sa valeur. C'est donc l'Evangile de Dieu, touchant son
Fils, Jésus Christ, notre Seigneur.
(Versets 5-7) — C'était de Celui-là: le Fils de
Dieu, Jésus Christ, notre Seigneur, que Paul avait reçu «grâce et apostolat,
pour l'obéissance de la foi, parmi toutes les nations, pour son nom». Tous ceux
qui, parmi toutes les nations, entendraient cette bonne nouvelle, seraient
tenus de se soumettre à cette personne, en reconnaissant son nom de
Seigneur.
Les chrétiens qui étaient à Rome se trouvaient
parmi ces nations. Ils étaient des appelés de Jésus Christ, des bien-aimés de
Dieu, saints ou sanctifiés par l'appel divin. Telle était leur qualité. Et
l'apôtre reconnaît que la grâce et la paix leur appartiennent, aussi bien de la
part de Dieu, le Père, que du Seigneur Jésus Christ, ce qui indique deux
sources de bénédiction: l'une, de la part du Père, pour tous les besoins
personnels, et l'autre, de la part du Seigneur, pour tout ce qui concerne son
témoignage dans ce monde.
(Verset 8) — A partir de ce verset et jusqu'au
verset 15, l'apôtre fait valoir son apostolat envers les nations. Il commence,
comme toujours, par des actions de grâces et des prières. C'était pour lui un
sujet d'actions de grâces qu'il y eut des bien-aimés de Dieu dans la capitale
de l'empire. Dans un tel milieu, leur témoignage avait une importance spéciale,
et leur foi pouvait plus aisément se répandre. Paul ne les avait jamais vus. Il
entrait dans les voies de Dieu que l'oeuvre à Rome ne fut pas le fruit direct
du travail des apôtres. La Parole nous laisse ignorer par quel moyen ces frères
de Rome avaient été amenés au Seigneur; mais elle nous apprend que Paul n'y est
arrivé que comme prisonnier, vers la fin de sa carrière (Actes des Apôtres 28:
11-16). Quant à Pierre, la Parole ne nous dit nulle part qu'il ait été à Rome.
Cependant, que n'a-t-on pas dit dans la chrétienté au sujet de ces deux apôtres
comme fondateurs de l'église de Rome?
(Verset 9) — Le commencement de ce verset appelle
toute notre attention, comme révélant le secret de tout vrai service. «Car
Dieu, que je sers dans mon esprit, dans l'évangile de son Fils».
L'activité extérieure, dans tout service, ne doit être que le fruit d'un saint
commerce de l'âme avec Dieu. Au chapitre 6 des Actes, verset 4, les apôtres
disent: «Car, pour nous, nous persévérerons dans la prière et dans le service
de la Parole». Ils placent la prière avant la prédication. Nous avons le même
exemple dans ce qui nous est dit d'Elie, en Jacques 5: 17, 18: «Il pria avec
instance qu'il ne plût pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre pendant trois
ans et six mois; et il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie», de sorte
qu'Elie pouvait dire à Achab: «Il n'y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie,
sinon à ma parole» (1 Rois 17: 1). C'était le résultat de l'entretien secret de
l'âme d'Elie avec Dieu. Cela est significatif pour nous. «Dieu, que je sers
dans mon esprit, dans l'évangile de son Fils». C'était cet Evangile de
Dieu qui était la bonne nouvelle touchant son Fils.
(Versets 10-15) — L'apôtre demandait à Dieu de
pouvoir aller une fois voir ces bien-aimés qui étaient à Rome. Il en avait un
ardent désir, tant pour leur bien que pour jouir d'eux. Peut-être que, comme
apôtre, il leur aurait communiqué quelque don de grâce spirituel, comme il
l'avait fait pour Timothée (2 Timothée 1: 6). Il dit qu'il s'était souvent
proposé d'aller à Rome et qu'il en avait été empêché. Au chapitre 15: 22, 23,
il renouvelle ce grand désir, qui a été exaucé, quoiqu'il n'y soit allé que
comme prisonnier.
Comme apôtre des nations, il était débiteur à
tous, et il était tout prêt, pour autant qu'il dépendait de lui (verset 15), à
leur annoncer l'Evangile. En attendant, il leur écrit pour leur parler de ce
glorieux Evangile et en développer toute la portée.
(Versets 16-17) — Ces deux versets sont le résumé
de toute la doctrine enseignée dans les chapitres 3 à 8. Il est beau de
considérer les motifs que l'apôtre met en avant pour n'avoir pas honte de
l'Evangile.
Tout d'abord, cet Evangile est «la puissance de
Dieu en salut à quiconque croit». Dans cette épître, tout est envisagé
comme procédant de Dieu. Nous y trouvons la puissance de Dieu, la justice de
Dieu, la colère de Dieu, l'amour de Dieu, la grâce de Dieu, la vérité de Dieu,
la fidélité de Dieu. Tous ces caractères, attribués à Dieu, ont une portée
infinie et parfaite.
Quant à la puissance, nous connaissons la
puissance de Dieu en création: il a tout tiré du néant. Il y aura, plus tard,
le solennel exercice de sa puissance en jugement; mais ici, c'est de la
puissance de Dieu en salut qu'il s'agit. Quelle chose admirable que Dieu
emploie maintenant sa puissance pour sauver! Cette même puissance de sa force
qu'il a opérée dans le Christ en le ressuscitant d'entre les morts, est
nécessaire pour produire en nous la foi qui sauve. C'est ainsi que la grâce règne
par la justice, comme il est dit au chapitre 5: 21.
L'apôtre ajoute: «Au Juif premièrement, et au
Grec». Les Juifs ont ici la prééminence, comme ayant été le peuple choisi de
Dieu d'entre toutes les nations. Puis, l'intention de Dieu était aussi que la
grâce fût premièrement proclamée à ceux qui avaient mis à mort le Fils de Dieu.
Le Seigneur avait dit: qu'il fallait «que la repentance et la rémission des
péchés fussent prêchées, en son nom, à toutes les nations, en commençant par
Jérusalem» (Luc 24: 47).
Le second caractère de l'Evangile est que la
justice de Dieu y est révélée. Ce n'est que l'Evangile qui révèle toute la
justice de Dieu, mais c'est une justice qui justifie, comme conséquence de
l'oeuvre de la rédemption. C'était quelque chose du tout nouveau. Au chapitre
3, il est dit: «Maintenant, la justice de Dieu est manifestée». Elle est
pour l'homme qui n'a point, par lui-même, de justice valable devant Dieu. Cette
justice de Dieu sera développée au chapitre 3. Elle est sur le principe de la
foi, en contraste avec le principe des oeuvres de loi. Il s'agit de croire
et non de faire, et cette différence est capitale. Et il est ajouté
«pour la foi», c'est-à-dire pour la foi que l'on possède. Si une âme a cru
aujourd'hui au Seigneur Jésus comme à son Sauveur, toute l'étendue de l'oeuvre
de Christ se trouve être la propriété de cette foi naissante, quoiqu'elle ait à
entrer ensuite, dans le développement de ce qui lui appartient.
Il est remarquable que l'apôtre appuie cela de la
citation d'Habakuk 2: 4, qui est le seul passage de tout l'Ancien Testament où
le mot «foi» se trouve. Le verbe croire et ses dérivés s'y trouvent
abondamment, mais le mot «foi», attribué au juste, ne se trouve que là. Aussi,
l'apôtre Paul cite-t-il trois fois ce passage. En Romains 1: 17, où l'emphase
est sur le mot «juste»: on est juste par la foi en Galates 3: 11, où l'emphase
est sur le mot «foi» on est justifié sur le principe de la foi; et en Hébreux
10: 38, où l'emphase est sur le mot «vivra» le juste vivra de foi, en contraste
avec «si quelqu'un se retire». Nous sommes «de ceux qui croient pour la
conservation de l'âme».
(Verset 18)
— La pensée exprimée dans ce verset répond à celle qui est exposée dans le
verset précédent. Du moment qu'une justice aussi complète était révélée,
la colère de Dieu devait aussi être révélée du ciel. Il y avait bien eu
auparavant sur la terre des manifestations de la colère gouvernementale de
Dieu, comme au déluge, et dans les jugements providentiels qui avaient atteint
Sodome, l'Egypte, Israël, les grands empires, etc., mais la colère de Dieu
n'avait jamais été révélée du ciel avant l'Evangile. La colère est le sentiment
que Dieu éprouve en présence de l'iniquité des hommes. Elle est révélée
maintenant que l'indignation de Dieu contre le péché a été pleinement vue dans
le jugement que Christ a subi à la croix. Seulement, son exécution contre
l'homme impénitent est encore différée. Au jour de la colère, ce sera la
révélation du juste jugement de Dieu (2: 5). L'Evangile ne serait pas complet si,
à côté de la grâce parfaite de Dieu, il passait sous silence ce qui attend le
pécheur impénitent.
Tel est donc le caractère de la colère. Ceux qui
en sont les objets sont un ensemble d'êtres qui ont eu connaissance de la
vérité, de quelque manière et en quelque mesure que cette vérité ait été placée
devant eux, et qui, néanmoins, vivent dans l'iniquité. C'est contre l'impiété
et l'iniquité des hommes qui n'ont pas répondu à la lumière qu'ils avaient
reçue que la colère est révélée.
(Verset 19, 20) — La vérité avait été placée
devant les hommes, de manière à pouvoir être saisie sans la foi, par le moyen
de l'intelligence naturelle. Pour comprendre comment les mondes ont été formés,
il faut la foi (Hébreux 11: 3), mais dès que la création est là, Dieu place
devant les hommes des oeuvres qui manifestent certains caractères de Dieu, tels
que sa puissance éternelle et sa divinité de manière à rendre inexcusables ceux
qui méconnaissent ces caractères. Il va sans dire qu'il ne s'agit pas ici de
salut, mais de la responsabilité de l'homme.
On peut indiquer trois témoignages par lesquels
l'homme pouvait garder la vérité qui lui a été manifestée: le témoignage de la
création, celui de la conscience et celui de la tradition. Pour ce dernier, on
comprend que, dans une période où il n'y avait pas de parole écrite, ce qui
avait été manifesté de Dieu se transmettait d'homme de foi à homme de foi, et
parvenait ainsi de génération en génération. Dans les religions païennes, on
trouve encore des traces de cette tradition, et les récits plus ou moins
dénaturés de la création, du déluge et d'autres faits bibliques.
(Versets 21-23) — On voit ici ce que les hommes
ont fait de cette connaissance initiale de Dieu. Ils sont tombés dans
l'idolâtrie la plus grossière, déifiant non seulement l'homme, mais aussi les
oiseaux, les quadrupèdes et les reptiles. Au lieu d'agir en toute simplicité
pour donner gloire au Dieu tout-puissant, et lui rendre grâces pour tous les
bienfaits qu'ils recevaient de lui (voir Actes des Apôtres 14: 15-17), ils se
mirent à raisonner et leur coeur, destitué d'intelligence, fut rempli de
ténèbres. Alors, dans la peur de la divinité que leur folie avait dénaturée,
ils se firent des idoles qui, dans leur pensée, devaient les mettre à l'abri de
ce qu'ils redoutaient. C'est l'histoire du paganisme.
(Versets 24, 25) — Ces versets présentent, d'une
manière générale, les conséquences de l'abandon de Dieu: «C'est pourquoi Dieu
les a livrés…» Cette expression solennelle revient ici trois fois, aux
versets 24, 26 et 28. Les hommes sont livrés à ce qu'ils ont convoité. Ils
tombent alors dans la plus épouvantable corruption, comme si Dieu leur disait:
«Voici le Dieu que vous avez voulu». N'est-ce pas aussi le sort éternel des
incrédules d'avoir leur part avec Satan?
(Versets 26-28) — Dieu, dans son jugement
gouvernemental, livre donc les hommes ainsi aveuglés, à l'impureté, à des
passions infâmes et à un esprit réprouvé ou dépourvu de sens moral.
(Versets 29-31) — En comparant ces versets avec 2
Timothée 3: 2-5, on trouve qu'il y a aujourd'hui, dans la chrétienté, mêlés,
hélas! à la forme de la piété, les mêmes caractères de mal qui sont énumérés
ici, et même aggravés. La religion de la chair, même lorsqu'elle s'appelle
chrétienne, n'améliore donc pas la nature pécheresse.
(Verset 32) — Les hommes avaient connu la juste
sentence de Dieu, que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort.
Le déluge le leur avait enseigné, ainsi que le gouvernement que Dieu avait
placé entre les mains de Noé après le déluge, et malgré cette connaissance, non
seulement ils pratiquaient ces choses mauvaises, mais loin de les condamner
chez les autres, ce qui est toujours relativement facile, ils prenaient plaisir
en ceux qui les commettaient.
Les versets 1 à 16 de notre chapitre complètent le
sujet traité dans les versets 18 à 32 du chapitre 1.
(Versets 1-5) — Celui qui juge autrui peut être
appelé un moraliste, soit qu'on le prenne parmi les philosophes de l'antiquité
ou parmi les chrétiens de nom d'aujourd'hui. Un tel homme peut bien constater
le mauvais état dans lequel se trouve le monde, mais non s'en affranchir. Or,
les moralistes, faisant partie de l'état de choses qu'ils condamnent, se
condamnent eux-mêmes, en faisant les mêmes choses qu'ils peuvent reprocher aux
autres.
Le juste jugement de Dieu, le jugement définitif,
sévira contre ceux qui commettent de telles choses, de sorte que le moraliste
n'échappera pas lui-même.
La patience et la bonté de Dieu, qui attendent
avant d'exécuter ce jugement, devraient produire la repentance chez l'homme,
mais sa dureté et son coeur sans repentance font qu'il s'amasse pour lui-même
cette colère de Dieu, mentionnée au verset 18 du premier chapitre.
(Versets 6-11) — Le jour de la colère et de la
révélation du juste jugement de Dieu manifestera que Dieu se doit à lui-même de
rétribuer le bien et le mal qui se font dans le monde. Là, comme à la barre
d'un tribunal, la justice de Dieu prononcera sur le bien et sur le mal, le
juste jugement de Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres.
Au verset 7, la classe de ceux qui font le bien
est premièrement envisagée: leur marche prouve qu'ils poursuivent un bonheur
futur. En persévérant dans les bonnes oeuvres, ils cherchent la gloire,
l'honneur — pas dans ce monde — puis l'incorruptibilité, c'est-à-dire à
atteindre la possession d'un corps glorieux. A ceux-là, le juste jugement de
Dieu décerne la vie éternelle. Selon les voies de Dieu, la vie éternelle est la
fin nécessaire d'une marche dans la sainteté. C'est ce que nous trouvons au
verset 22 du chapitre 6 de notre épître: «Vous avez votre fruit dans la
sainteté et pour fin la vie éternelle». C'est dans le même sens qu'il est dit,
en Jean 5: 29, que ceux qui auront part à la résurrection de vie, ce sont ceux
qui auront pratiqué le bien. Dans ces passages, la Parole établit les faits
sans expliquer quel est le principe qui les produit. Mais en Ephésiens 2: 10,
il nous est dit que nous sommes créés en Jésus Christ pour les bonnes
oeuvres, de sorte que ce bien, ces bonnes oeuvres, sont l'expression d'une
nouvelle vie. Il s'en suit que la classe mentionnée dans notre verset 7, est
celle des rachetés,
La classe mentionnée au verset 8, est celle des
iniques, dont il a déjà été parlé au verset 18 du chapitre premier. Ils sont
contentieux, désobéissent à la vérité et obéissent à l'iniquité. A ceux-là, le
juste jugement de Dieu applique la colère et l'indignation.
Dans les versets 9 et 10, les choses se résument à
l'égard du mal et du bien, mais toujours au point de vue futur: «Tribulation et
angoisse sur toute âme d'homme qui fait le mal, et du Juif premièrement», comme
étant plus responsable, à cause de ses privilèges particuliers, «et du Grec» —
«mais gloire, honneur et paix à tout homme qui fait le bien» (ce bien étant le
fruit de la nouvelle nature) «et au Juif premièrement», parce qu'il est le plus
coupable et, ensuite, «au Grec».
(Versets 12-16) — Le verset 12, auquel le 16e
s'ajoute, attendu que les versets 13 à 15 sont une parenthèse, montre que le
juste jugement de Dieu, qui ne fait pas acception de personnes, s'exécutera
suivant la responsabilité sous laquelle les hommes auront été placés. Plus les
privilèges auront été grands, plus le jugement sera sévère. Tous ceux qui
auront péché sans loi, périront sans loi, et tous ceux qui auront péché sous la
loi, seront nécessairement jugés par la loi qu'ils auront enfreinte.
Le verset 16 déclare que ce jugement s'exécutera
par Jésus Christ, l'homme Christ Jésus. C'est ce que l'apôtre disait aux
Athéniens: «Dieu a établi un jour, auquel il doit juger en justice la terre
habitée, par l'homme qu'il a destiné à cela, de quoi il a donné une
preuve certaine à tous, l'ayant ressuscité d'entre les morts» (Actes des
Apôtres 17: 31).
Ce verset 16 déclare aussi que ce sont les secrets
des hommes qui seront jugés. En Apocalypse 20: 12, il est dit que les morts
seront jugés d'après les choses écrites dans les livres, selon leurs oeuvres.
Dans ces deux passages, ce sont bien toujours les actes qui sont jugés, mais
les secrets des hommes, ce sont les motifs secrets du coeur, lesquels aggravent
ou atténuent les actes. De même pour nous, chrétiens, aux yeux de Dieu, c'est
la qualité de nos motifs qui fait la qualité de nos oeuvres,
Puis, l'apôtre termine ce verset 16, en ajoutant:
«Selon mon évangile». L'Evangile confié à Paul révèle le jugement, parce qu'il
révèle la grâce.
La parenthèse des versets 13-15, rappelle que Dieu
veut des réalités. Etre auditeur de la loi, sans accomplir cette loi, n'est
rien devant Dieu, sinon un sujet de condamnation, tandis qu'un gentil, écoutant
sa conscience, qui est loi à lui-même, manifeste que l'oeuvre réclamée au Juif
par la loi se trouve écrite dans son coeur. Il est presque superflu d'ajouter
que lorsqu'il est dit, que «ce sont ceux qui accomplissent la loi qui seront
justifiés», cela sous-entend la possession d'une vie nouvelle et la puissance
de l'Esprit, conformément à Romains 8: 4.
(Versets
17-29) — Depuis le verset 17, l'apôtre prend le Juif comme tel, avec tous ses
privilèges et ses prétentions, pour lui rappeler que Dieu veut des réalités.
C'est d'ailleurs la thèse de tout le chapitre.
Un Juif qui avait la prétention de se reposer sur
la loi et de se glorifier en Dieu, mais qui n'était qu'un simple formaliste,
était-il supérieur à un gentil qui ne connaissait pas Dieu? Non! A quoi lui
servait-il de connaître la volonté, de pouvoir discerner les choses
excellentes, étant instruit par la loi, d'avoir la prétention de conduire et
d'enseigner les autres, ayant la formule de la connaissance et de la vérité
dans la loi, si sa marche ne répondait pas à ses privilèges? Prêcher aux autres
que l'on ne doit pas enfreindre les commandements de la loi, et les
transgresser soi-même, c'est déshonorer Dieu.
Au verset 24, l'apôtre dit aux Juifs qu'ils ont
exposé le nom de Dieu à être blasphémé parmi les nations, et il en appelle au
témoignage de leurs Ecritures, faisant allusion à Esaïe 52: 5, et Ezéchiel 36:
20-23. Et combien cela est applicable aux simples chrétiens professants de nos
jours!
Un Juif simplement formaliste, au lieu d'être supérieur
à un gentil, lui est inférieur, si ce gentil, en suivant sa conscience, garde
les exigences de la loi que le Juif viole.
Le verset 29 montre que l'état intérieur
nécessaire pour obtenir la louange de Dieu, ne peut se trouver dans l'homme
naturel, qu'il soit Juif ou gentil. Pour que Dieu puisse trouver le bien réel
dans l'homme, il faut qu'il lui communique une nouvelle nature. C'est ce que
veut dire être Juif au dedans et avoir le coeur circoncis.
(Versets
1-8) — Les versets 2 à 8, sont la réponse à la question posée au verset 1. En
effet, d'après ce qui a été démontré dans les versets 17 à 29, du chapitre 2,
on pourrait dire «Il n'y a donc aucun avantage pour le Juif». Au contraire, dit
l'apôtre, cet avantage est grand de toute manière et, d'abord, en ce que les
oracles de Dieu leur ont été confiés. Ce n'était, certes, pas peu de chose pour
les Juifs d'être dépositaires des Ecritures, d'autant plus que les oracles de
Dieu ne contenaient pas seulement la loi et ce qui s'y rattache, mais ils
renfermaient toutes les promesses immuables des bénédictions divines.
Ces oracles devaient être crus, mais si
quelques-uns n'ont pas cru, leur incrédulité annulera-t-elle la fidélité de
Dieu, quant à l'accomplissement de ses promesses? Nullement. Dieu accomplira sa
parole en dépit de l'infidélité de l'homme. C'est ce qui sera développé dans
les chapitres 9 à 11. Car si l'homme est menteur, de sorte qu'on ne puisse se
fier à sa parole, il n'en est pas ainsi de Dieu qui est et reste vrai. Et si
l'homme menteur veut juger Dieu, l'Ecriture déclare que Dieu est justifié dans
ses paroles et qu'il a gain de cause quand il est jugé (Psaumes 51: 4).
Mais alors si, comme il est dit au verset 5, notre
injustice fait ressortir la justice d'un Dieu qui, malgré tout, accomplira sa
parole, dira-t-on que Dieu est injuste, quand il donne cours à la colère?
Qu'ainsi n'advienne, dit l'apôtre, car autrement Dieu ne pourrait juger
personne, mais il jugera certainement les Juifs qui n'ont pas cru, quand il
jugera le monde d'après les principes de sa justice.
Les versets 7 et 8 répondent encore à des
objections, supposées ou effectives, de la part des incrédules. L'objection
supposée est que Dieu ne devrait pas me juger comme pécheur, du moment que mon
mensonge sert à faire abonder sa vérité pour sa gloire, en faisant ressortir sa
grâce. C'est, à l'égard de la vérité, la même objection que celle qui a été
supposée au verset 5, à propos de la justice, et la réponse est la même: Le
jugement de Dieu sera juste à l'égard de ces pécheurs qui seront punis selon ce
qu'ils ont été, bien qu'ils soient un moyen de faire ressortir la force de
l'infaillible fidélité de Dieu.
L'objection effective du verset 8 est une
calomnie, que quelques-uns cherchaient à répandre, en prétendant que ceux qui
se plaçaient sur le terrain de la grâce disaient: Faisons du mal, afin
qu'arrive le bien. Or, le jugement de tels calomniateurs était juste.
(Verset 9) — Mais si les Juifs avaient,
extérieurement, un grand avantage sur les gentils, cela ne voulait pas dire
qu'ils fussent plus excellents que ceux-ci. Nullement, dit l'apôtre, Juifs et
Grecs sont tous sous le péché. Le même état de péché les caractérise tous.
(Verset 10-18) — L'apôtre enchaîne six passages
des Ecritures, dont cinq dans les Psaumes et un en Esaïe, pour montrer quelle
est l'appréciation de Dieu quant à l'homme, et en particulier l'homme sous la
loi. Pour un Juif, qui cherchait la justice par la loi, il devait remarquer que
cette loi déclarait qu'il n'y avait point de juste, pas même un seul, et le
portrait qui était fait de lui, par ses propres Ecritures, devait le convaincre
de sa culpabilité.
Ce portrait de l'homme, nous le trouvons dans
trois passages différents: d'abord, au chapitre 1: 18-32, relativement aux
païens, ensuite, ici pour les Juifs, enfin, en 2 Timothée 3: 1-5, quant aux
chrétiens de nom, et chacun de ces passages montre l'état déplorable de
l'homme, dans chacune des conditions envisagées.
(Verset 19)
— La conclusion, tirée ici, est que la bouche des Juifs est fermée par ce que
la loi dit, et ici la loi, c'est l'ensemble des Ecritures de l'Ancien
Testament. Celle des gentils l'a été par les déclarations du chapitre 1: 18 à
2: 16, de sorte que toute bouche est fermée et tout le monde coupable
devant Dieu.
(Verset 20) — L'apôtre ajoute, en terminant son
argumentation, que nulle chair ne sera justifiée devant Dieu, par des oeuvres
de loi, car par la loi est donnée la connaissance du péché. Ce n'est pas
seulement des actes extérieurs, mais du péché intérieur, comme nous le verrons
au chapitre 7: 7. Il ne reste donc plus qu'à exécuter le jugement sur tous.
(Verset 21) — Ici, apparaissent les ressources du
Dieu Sauveur, par le moyen de la rédemption, envers ces pécheurs coupables et
condamnés. En abordant ce sujet, on s'attendrait à entendre beaucoup parler de
la grâce, tandis que c'est de la justice qu'il va être question. L'apôtre
reprend, à cet effet, pour la développer, la pensée qu'il a émise abstraitement
dans les versets 16 et 17 du chapitre 1.
Maintenant,
pas avant, et en dehors de toute loi, la justice de Dieu est manifestée. Cette
manifestation est quelque chose de complètement nouveau. D'abord, à l'égard de
la justice de Dieu, nous pouvons dire que c'est sa manière d'être juste dans
tout ce qu'il fait, conformément à sa nature. Il est juste en sauvant, à cause
de la rédemption, et il sera juste en jugeant celui qui ne veut pas de cette
rédemption.
Mais ici, c'est la justice justifiante qui est
maintenant manifestée par le moyen de la rédemption. On ne peut pas trouver sur
la terre un exemple d'une telle justice. Un tribunal qui justifierait un
coupable, serait un tribunal injuste, mais Dieu peut, en justice, à cause de la
rédemption, justifier les coupables. Et être justifié, c'est être dans un état
où rien ne peut être mis à la charge de l'ancien coupable. Ainsi, un débiteur
dont la dette a été acquittée par un bienfaiteur, est justifié auprès de son
créancier d'avoir été son débiteur.
C'est donc la justice de Dieu pour l'homme,
qui n'a point de justice à présenter, et elle a le caractère d'une justice
justifiante.
L'apôtre ajoute que la loi et les prophètes
rendent témoignage à cette justice de Dieu. En effet, déjà Moïse, au chapitre
30 du Deutéronome, parle de cette justice, ainsi que nous en trouvons la
citation dans notre épître, au chapitre 10: 6-13. Puis, le chapitre 53 d'Esaïe
contient le témoignage rendu à cette justice. On peut encore mentionner le
Psaume 32, cité au chapitre 4 de notre épître, Esaïe 56: 1; Jérémie 23: 6;
Daniel 9: 24, etc.
(Verset 22) — «La justice, dis-je, de Dieu, par la
foi de Jésus Christ». La foi de Jésus Christ est celle qui vient de Lui et dont
il est l'objet. Cette justice est envers tous. S'il s'agit de l'intention de
Dieu, personne n'est exclu, c'est «envers tous»; mais, s'il s'agit de
l'application, alors, c'est «sur tous ceux qui croient».
(Verset 23) — Il faut donc s'en remettre à Dieu
seul, car du côté des hommes tous, Juifs ou gentils, ont péché et n'atteignent
pas à la gloire de Dieu. Ce n'est pas simplement, comme le comportent les
traductions ordinaires, qu'ils sont privés de la gloire de Dieu, mais
ils ne peuvent l'atteindre. Seul, le croyant l'atteindra, et il se glorifie
déjà dans l'espérance de cette gloire (chapitre 5: 2).
(Verset 24) — Il est à remarquer que, sauf dans
l'adresse, au chapitre 1, c'est la première fois ici que nous trouvons
l'expression «la grâce». Nous avons eu jusqu'à présent la justice. Or, on est
justifié, par grâce, sur le pied de cette justice, et la base de tout, est la
rédemption accomplie à la croix. On peut dire: la justice est de Dieu, la grâce
la donne, la rédemption permet d'y avoir part, la propitiation est la base sur
laquelle Dieu peut l'accepter, et la foi le moyen de se l'approprier.
(Verset 25)
— C'est le seul endroit, dans le Nouveau Testament, où nous ayons l'expression:
«propitiatoire». En Exode 25: 22, l'Eternel dit à Moïse: «Et je me rencontrerai
là avec toi, et je parlerai avec toi de dessus le propitiatoire, d'entre les
deux chérubins qui seront sur l'arche du témoignage, et te dirai tout ce que je
te commanderai pour les fils d'Israël». Le propitiatoire est donc un lieu où
l'on rencontre Dieu, un lieu d'accès auprès de Dieu, comme a dit quelqu'un. Au
chapitre 16 du Lévitique, au grand jour des expiations, une fois l'an, Aaron
entrait dans le lieu très saint, et faisait aspersion avec le sang des victimes
sur le propitiatoire et sur le devant du propitiatoire. Au verset 2 de ce
chapitre 16, l'Eternel dit encore de ce propitiatoire: «Car j'apparais dans la
nuée sur le propitiatoire». Par son sacrifice, le Sauveur a donc établi un lieu
d'accès entre le pécheur et Dieu. Mais il faut remarquer qu'ici, en Romains 3,
c'est depuis que l'oeuvre est accomplie, que Dieu a présenté Christ comme
propitiatoire par la foi en son sang, et non pas avant. C'est l'oeuvre
accomplie qui explique le support des péchés précédents dans la patience de
Dieu.
Les croyants de l'Ancien Testament ne pouvaient
pas voir distinctement l'oeuvre de Christ à l'avance, mais Dieu la voyait et, à
cause de cette oeuvre de la croix, qui devait s'accomplir ultérieurement, Dieu
pouvait prendre patience à l'égard des péchés des croyants de l'Ancien
Testament, et il pouvait même les introduire dans le repos, dans le ciel, avant
que leurs péchés eussent été expiés de fait. On peut dire, en quelque sorte,
que Dieu pouvait donner des acomptes sur l'oeuvre de Christ. Mais le jour où le
Sauveur a pris sur Lui tous les péchés de tous les croyants de tous les temps,
il a pris aussi ceux de tous ces justes de l'Ancien Testament, qui étaient
depuis longtemps dans le repos du ciel. C'est par cette oeuvre que Dieu montre
qu'il avait été juste en les introduisant dans ce repos.
A ce sujet, on est toujours ému en lisant le récit
de la transfiguration, en Luc 9: 28-36. Moïse et Elie apparaissent en gloire
avec le Seigneur, et le sujet de leur entretien avec lui, est sa mort qu'il
allait accomplir à Jérusalem. Au moment où ces deux hommes glorieux se
séparèrent de leur Sauveur pour retourner dans le repos du ciel, où ils étaient
depuis longtemps, lui, leur Sauveur, allait descendre à Jérusalem pour y
souffrir en expiation de leurs péchés!
(Verset 26) — «Afin de montrer, dis-je, sa justice
dans le temps présent». Le temps présent, c'est tout le temps qui a suivi et
qui suivra l'accomplissement de l'oeuvre de Christ. Dieu montre sa justice à
l'égard des anciens croyants, de même qu'à l'égard des croyants actuels, et de
ceux des temps futurs. C'est toujours de la justice justifiante qu'il s'agit,
mais il faut remarquer qu'ici, dans cette partie de notre épître, cette justice
justifiante ne dépasse pas la justification des fautes.
«En sorte qu'il soit juste et justifiant celui qui
est de la foi de Jésus». Dieu accomplit un acte de justice envers Christ en
justifiant le croyant. Le «celui» qui est de la foi de Jésus est un croyant
quelconque, à quelque époque qu'il existe sur la terre, soit sous l'Ancien
Testament, soit après. La foi de Jésus, c'est la foi dont Jésus est l'objet. La
foi en Jésus, c'est ma foi.
(Versets 27-28) — La vanterie caractérisait les
Juifs en rapport avec toutes leurs prérogatives. Elle était maintenant exclue,
puisqu'ils se trouvaient désormais sur le même pied que les nations, soit quant
à la culpabilité devant Dieu, soit quant à la justification par grâce, par la
foi. La loi des oeuvres était donc sans puissance, et était remplacée par la
loi de la foi, mais ici, le mot «loi» doit être entendu dans le sens d'une
puissance qui régit un certain état de choses, comme on dit la loi de la
nature, ou la loi de la pesanteur, et aussi, quand il est parlé au commencement
du chapitre 8, de la loi de l'Esprit de vie et de la loi du péché. On peut dire
que, pour la justification devant Dieu, c'est la foi qui fait loi, et cela
depuis Abel (voyez Hébreux 11: 4). La conclusion est donc, que l'homme est
justifié par la foi, sans oeuvres de loi. Devant les hommes, les oeuvres du
croyant justifient l'existence de sa foi, ces oeuvres sont d'ailleurs des
oeuvres de foi, comme celles d'Abraham et de Rahab, mentionnées dans Jacques 2:
21-25, mais, devant Dieu, le croyant est tenu pour juste par la foi.
(Verset 31)
— Cela étant, la loi est-elle annulée par la foi? Au contraire, rien n'établit
la loi et ne la maintient, dans toute son autorité, comme la mort de Christ,
car, si la loi prononce la malédiction et la mort du transgresseur, cette
sentence a été solennellement accomplie dans la croix de Christ, de sorte que,
pour un croyant, toute loi, parce qu'elle s'applique à l'homme dans la chair, a
perdu son autorité sur lui, parce qu'il est mort avec Christ à la croix. Celui
qui annule l'autorité de la loi, c'est celui qui prétend pouvoir rester sous la
loi, sans être condamné par elle.
Dans ce chapitre, l'apôtre prend deux justes de
l'Ancien Testament, Abraham et David, comme exemples de la justification par la
foi, l'un avant la loi, l'autre après. Abraham, qui était la souche du peuple
juif, a été justifié par la foi, avant d'être circoncis. Pour lui seul, d'ailleurs,
la circoncision a été le sceau de cette justice par la foi qu'il possédait
auparavant. Quant à David, qui était sous la loi et la circoncision, il se
plaît lui-même à exprimer la béatitude de l'homme à qui Dieu compte la justice sans
oeuvres.
(Versets 3, 4) — L'Ecriture déclare qu'Abraham
crut Dieu et que cela lui fut compté à justice (Genèse 15: 6). En croyant Dieu,
Abraham s'est trouvé croire à tout ce que Dieu était et à tout ce que Dieu
pouvait faire. Aussi Dieu a imputé à sa foi d'être aussi la foi à l'oeuvre de
Christ qui s'accomplirait plus tard (voir aussi Jean 8: 56). Il est d'ailleurs
bien encourageant de penser que Dieu attribue à la foi des croyants beaucoup
plus que ce que leur intelligence spirituelle a saisi. Dieu compte la foi selon
la valeur de l'objet qu'elle saisit et non selon sa manière de le saisir.
(Verset 5) — A celui «qui croit en Celui qui
justifie l'impie, sa foi lui est comptée à justice». C'est ce que David
exprime, en disant: «Bienheureux l'homme à qui le Seigneur n'impute point le
péché» (Psaumes 32), c'est-à-dire que Dieu tient pour n'avoir point de péché.
Par la foi, il est tenu pour juste. Non pas que la foi ait, en elle-même, un
mérite de justice, mais le mérite est dans l'objet qu'elle saisit. Ainsi, selon
la valeur de l'oeuvre de Christ aux yeux de Dieu, celui-ci justifie l'impie qui
croit. Disons, en passant, que l'impiété est l'état d'une âme qui n'a pas de
rapports avec Dieu, en contraste avec la piété, qui est un saint commerce de
l'âme avec Dieu.
(Versets 6-8) — Il est beau de voir David, après
son péché avec Bath-Shéba, exprimer la béatitude d'un homme à qui Dieu compte
la justice sans oeuvres, c'est-à-dire que Dieu tient pour n'avoir point de
péché. La foi de David avait pénétré, par anticipation, dans le nouvel horizon
de la grâce. Il avait saisi que Dieu avait, par-devers Lui, des raisons lui
permettant de faire grâce, même à celui qui, selon la loi, devait être mis à
mort, comme adultère.
(Versets 9-12) — Si David, sous la loi et la
circoncision, a pu ainsi exprimer la béatitude d'un homme justifié par la foi,
Abraham, d'un autre côté, est un exemple que cette béatitude est également la
part des croyants incirconcis, car lui, Abraham, a été tenu pour juste par la
foi avant d'être circoncis, de sorte qu'il est devenu le père de tous les
croyants incirconcis, auxquels la justice est aussi comptée par la foi.
Mais il y a plus, Abraham est devenu père de
circoncision, non pas de la circoncision, mais père de ceux qui sont mis à part
pour Dieu. C'est en Abraham le premier, que la vraie séparation à Dieu et pour
Dieu, a été publiquement établie. Son appel est l'emblème de l'appel céleste.
Dieu, après la dispersion de Babel, avait assigné
à chaque nation son territoire (Genèse 10). Puis Abraham est appelé à rompre
avec les liens de la nature. Il reçoit l'ordre de quitter son pays, sa parenté,
et jusqu'à la maison de son père, pour aller au pays désigné par Dieu. C'est
ainsi qu'il est devenu père de circoncision, père des mis à part pour Dieu, par
la foi, tant des incirconcis que des circoncis. Les croyants gentils se
trouvaient ainsi marcher sur les traces de la foi d'Abraham qu'il avait eue
étant dans l'incirconcision. Lorsqu'on a cru, on se met en marche, et l'on suit
les traces du père des croyants.
(Verset 13) — Ici, l'apôtre reprend la question de
la loi, en contraste avec la promesse. La promesse d'être héritier du monde
a été faite à Abraham, ou à sa semence (Christ), par la justice de la foi. On
trouve, en Genèse 15, que lorsque Abraham, fortifié par Melchisédec, eut refusé
les offres du roi de Sodome, l'Eternel lui apparut en vision et lui déclara que
sa postérité serait comme les étoiles du ciel. C'est là qu'Abraham crut Dieu et
que sa foi lui fut comptée à justice. Puis, au verset 7 de ce même chapitre,
l'Eternel lui dit: «Moi, je suis l'Eternel, qui t'ai fait sortir d'Ur des
Chaldéens, afin de te donner ce pays-ci pour le posséder». Ensuite, au chapitre
17: 4, il est établi père d'une multitude de nations (voir aussi Genèse 22:
18). Il est ainsi héritier du monde, et ce sera effectivement réalisé en sa
semence, Christ.
(Versets 14-16) — La loi ne peut amener aucune
bénédiction, à cause de l'état de l'homme en Adam. Elle ne peut pas justifier,
puisqu'elle donne, au contraire, la connaissance du péché qu'elle condamne
(chapitre 3: 20). Elle ne peut pas faire aboutir à l'héritage, puisque, par les
transgressions, elle produit la colère de Celui qui, seul, peut donner
l'héritage.
C'est donc sur le principe de la foi, et selon la
grâce, que la promesse a été faite. De cette manière, elle est assurée à toute
la semence d'Abraham, c'est-à-dire à tous les croyants.
(Verset 17) — L'apôtre rappelle que Dieu a déclaré
à Abraham: «Je t'ai établi père de plusieurs nations». Il est père de nous tous
devant Dieu qu'il a cru — croire Dieu est tout autre chose que croire en
Dieu: c'est le croire dans tout ce qu'il dit, sachant qu'il a toute puissance
d'accomplir sa parole. Ainsi, Abraham a cru le Dieu de la résurrection, qui
fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles
étaient. Sa puissance est absolue.
(Versets 18-22) — Ici, c'est relativement à la
naissance d'Isaac qu'Abraham a cru Dieu. Abraham et Sara étaient comme morts
(verset 19), à cause de leur grand âge, de sorte que la naissance d'Isaac a été
miraculeuse. Il a fallu chez Abraham et Sara une sorte de résurrection pour
qu'Isaac puisse naître d'eux. La foi d'Abraham a été grande: il a donné gloire
à Dieu. Il savait qu'il y avait en Dieu la puissance d'accomplir ce qu'il
promettait, quelles que fussent les impossibilités humaines. Aussi, cette foi,
à tout ce que Dieu est, et à tout ce que Dieu peut, est comptée à justice.
(Versets 23-25) — Ici, l'apôtre applique ces
vérités aux croyants de l'économie présente. Notre foi ressemble à celle
d'Abraham dans ce sens qu'elle est la foi au Dieu de la résurrection. Abraham a
cru au Dieu qui pouvait ressusciter; nous, nous croyons au Dieu qui a
ressuscité. La foi d'Abraham a été grande, parce qu'il a cru à un fait futur;
nous, nous croyons à un fait passé. Au chapitre précédent, la foi est la foi au
Sauveur, la foi en son sang; ici, la foi a, en outre, ce caractère qu'elle est
la foi dans le Dieu qui a ressuscité le Sauveur. Nous croyons en Celui qui a
ressuscité d'entre les morts Jésus, notre Seigneur, lequel a été livré pour nos
fautes et a été ressuscité pour notre justification.
Si Dieu n'avait pas ressuscité celui qui s'est
chargé de nos péchés à la croix, nous ne saurions pas si son sacrifice a été
agréé. La résurrection du Sauveur, par Dieu lui-même, est la preuve de la
pleine acceptation de son sacrifice, et c'est là le fondement de la paix pour
le croyant. Le sacrifice de Christ a été le paiement de notre dette, et sa
résurrection est comme la quittance de la part de Dieu, et une quittance qu'on
ne peut perdre.
Au verset 25, nous avons la résurrection du
Rédempteur, tandis qu'au chapitre 1: 4, c'était sa résurrection comme fils, à
cause de la perfection de sa personne, qui était envisagée. Ici, c'est la
résurrection en vertu de la perfection de son oeuvre, et cette résurrection est
la preuve de notre justification. Au chapitre 6: 4, l'apôtre ajoute que Christ
a été ressuscité d'entre les morts par la gloire du Père, c'est dire aussi que
la gloire du Père était engagée dans la résurrection du Seigneur Jésus.
(Versets 1,
2) — «Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi». Nous avons
ici la conclusion du sujet de la justification exposé dans les chapitres 3 et
4, ainsi que les conséquences immédiates de cette justification qui est
mentionnée ici au passé, à cause des faits accomplis sur lesquels elle repose,
savoir la mort et la résurrection de notre Sauveur. On a souvent dit que ces
deux versets règlent notre passé , notre présent et notre avenir: la paix avec
Dieu quant au passé, la faveur de Dieu pour le présent, et l'espérance de la
gloire de Dieu pour l'avenir.
La paix avec Dieu est non seulement la paix qui a
été faite par l'oeuvre du Sauveur, mais aussi un changement de disposition dans
nos coeurs à l'égard de Dieu. Dans notre état de péché en Adam, nous étions
comme en guerre avec Dieu, ainsi qu'il est dit au chapitre 8: 7, de notre
épître: «La pensée de la chair est inimitié contre Dieu». Le contraste
avec cette disposition est que maintenant nous avons la paix avec Dieu. Le
moyen est rappelé: «par notre Seigneur Jésus Christ». Puis, par lui, nous avons
aussi trouvé accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes. La
faveur de Dieu, tel est notre heureux présent. A quelque moment que nous
pensions à Dieu, nous avons le doux sentiment que nous sommes dans sa faveur:
«Rendus agréables dans le Bien-aimé» (Ephésiens 1: 6). Ensuite, nous nous glorifions
dans l'espérance de la gloire de Dieu. Nous atteindrons le séjour de cette
gloire. En Galates 5: 5, l'apôtre dit: «Car nous, par l'Esprit, sur le principe
de la foi, nous attendons l'espérance de la justice». Or, ce que la justice est
en droit d'espérer, c'est la gloire. Ces bénédictions sont la part du racheté
avant qu'il fasse un seul pas, et ne sont nullement une affaire d'expérience.
(Versets 3-11) — Ces versets contiennent un
merveilleux complément aux bénédictions qui viennent d'être énumérées. Le
verset 3 commence par ces mots: «Et non seulement cela». On se demande ce qu'il
peut y avoir de plus. C'est que, non seulement nous sommes bénéficiaires des
heureux résultats de l'oeuvre de Christ, mais nous nous glorifions aussi dans
les voies de Dieu envers nous, et en Dieu lui-même, tel qu'il est. Nous le
connaissons maintenant, Lui, et nous savons qu'il veut faire concourir à notre
bien, les difficultés par lesquelles nous passons. Nous pouvons donc nous
glorifier dans les tribulations, sachant le résultat que Dieu veut en tirer. Ce
n'est pas que nous nous glorifions d'avoir à y passer, ou bien que nous nous
glorifions d'y avoir passé, après que le résultat a été produit. Non, c'est d'avance
que nous le faisons, sachant tout le profit que l'amour et la sagesse de Dieu
en tireront pour notre bénédiction. Aussi l'apôtre ne dit pas que nous devrions
nous glorifier, mais il dit que nous le faisons, «sachant que la tribulation
produit la patience». La patience est un des grands caractères de Dieu. Il est
le Dieu de la patience. La tribulation brise, mate notre volonté propre, de
sorte qu'en passant par des circonstances qui seraient de nature à provoquer
l'impatience, nous acquérons la patience.
Avec la patience, on est calme, on est tranquille,
et cet état conduit à l'expérience, non de soi-même, mais de toute la bonté de
Dieu au travers des tribulations.
A son tour, cette expérience produit l'espérance
qui ne rend point honteux. On a fait l'expérience de ce que Dieu est, on sait,
pour ainsi dire, chez quel Dieu on se rend, de sorte que cette espérance, de
laquelle on se glorifiait avant d'avoir fait un seul pas, a acquis du prix dans
l'âme, et cela, «parce que l'amour de Dieu est versé dans nos coeurs, par
l'Esprit Saint qui nous a été donné». Il s'agit, évidemment ici, de l'amour que
Dieu a pour nous, et non de notre amour pour lui. «Par l'Esprit Saint» est une
anticipation du chapitre 8.
C'est la première fois dans l'épître, que nous
trouvons l'expression «l'amour de Dieu», et cet amour est «versé dans nos
coeurs». En figure, c'est comme un flacon de parfum qu'on débouche et que l'on
verse.
(Versets
6-8) — Du moment que l'amour de Dieu est mentionné, la Parole nous ramène en
arrière, pour nous montrer ce que cet amour a fait pour nous dans le passé. Lorsque
nous étions sans force et impies, c'était pour Dieu le temps convenable de
livrer son Fils à la mort pour nous. Pour un juste, à peine quelqu'un
mourrait-il. Pour l'homme de bien, peut-être, quelqu'un se résoudrait même à
mourir. Mais Dieu constate son amour à lui, le sien, cet amour puisant ses
motifs en lui-même, il le constate envers nous, en ce que, lorsque nous étions
encore pécheurs, Christ est mort pour nous. Ce n'était pas pour des justes, ni
pour des hommes de bien, mais pour des pécheurs. Or, les pécheurs sont des
êtres abjects aux yeux saints de Dieu.
(Versets 9) — La Parole présente la colère de Dieu
comme suspendue sur la tête des hommes et prête à s'exécuter. C'est à l'égard
des actes des hommes que s'accomplira cette colère, comme nous l'avons vu au
chapitre 1. (voir aussi Matthieu 3: 7; Luc 3: 7; Jean 3: 36; Romains 2: 5;
Ephésiens 5: 6; Colossiens 3: 6; 1 Thessaloniciens 1: 10 et 5: 9). Mais les
rachetés, étant justifiés par le sang de Christ au sujet de leurs péchés, sont
sauvés de cette colère qui vient.
(Verset 10) — Ici, il y a plus: Nous étions
ennemis de Dieu, la mort de son Fils nous a réconciliés, c'est-à-dire
nous a mis en état d'être en relation avec Dieu. Or, si Christ, par sa mort,
laquelle, au point de vue humain, est une expression de faiblesse (1
Corinthiens 1: 25 et 2 Corinthiens 13: 4), a eu la puissance de nous
réconcilier avec Dieu, que ne fera-t-il pas par sa vie, en gloire, après sa
résurrection? Il vit par la puissance de Dieu, et la puissance de cette vie en
gloire nous sauvera de tous les dangers qui pourront se présenter entre le
moment actuel et celui où, par lui et avec lui, nous serons introduits dans la
gloire.
(Verset 11) — Nous avons ici un second «non
seulement cela». Nous connaissons Dieu expérimentalement dans son amour, dans
sa bonté, au travers des tribulations, de sorte que notre sujet de gloire dans
ce monde, c'est Dieu. Les dons nous ont appris à connaître le donateur, et nous
nous glorifions dans le donateur. Nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur
Jésus Christ. Nous réalisons la parole de Jérémie 9: 23, 24: «Mais que celui
qui se glorifie, se glorifie en ceci, qu'il a de l'intelligence et qu'il me
connaît, car je suis l'Eternel». Se glorifier en Dieu est la bénédiction la
plus élevée pour l'âme.
(Versets 12-21) — Ici, nous entrons dans le second
sujet de la doctrine de l'épître. Le premier nous a occupés des péchés,
celui-ci va nous entretenir du péché. Le premier s'occupe de ce que nous avons
fait, des fruits de notre mauvaise nature, le second, de ce que nous sommes,
c'est-à-dire de la nature elle-même, de l'arbre qui a porté les mauvais fruits.
Quant à nos péchés, nous en sommes justifiés par
la mort de Christ pour nous, et quant à notre état en Adam, nous en
sommes délivrés par notre mort avec Christ, c'est-à-dire la mise de
côté, par Dieu, de notre vieil homme, à la croix de Christ.
Dans ces versets 12-21 de notre chapitre 5,
l'apôtre établit l'analogie et le contraste entre les deux chefs de race, Adam
et Christ, et on peut facilement reconnaître que l'analogie est mentionnée pour
faire ressortir le contraste.
(Verset 12) — D'abord, la première chose à la
charge du premier homme, c'est que, non seulement, par sa désobéissance,
l'homme est devenu pécheur, mais que, par lui, cette chose odieuse, le péché,
est entré dans le monde et, par le péché, la mort. Nous pouvons d'abord
remarquer, quoique ce ne soit pas enseigné ici que conformément à Jean 1: 29,
le Seigneur Jésus est «l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde». Le premier
homme introduit le péché dans le monde, le second l'ôte. Il y aura un monde de
Dieu, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera (2 Pierre
3: 13), et où le péché ne pourra pas entrer (Apocalypse 21: 4). L'existence de
ce monde-là sera due à l'oeuvre de la croix.
Mais aujourd'hui, le péché, dans le monde, mène à
la mort. «Au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement» (Genèse 2: 17).
«Le salaire du péché, c'est la mort». «La mort a passé à tous les hommes, en ce
que tous ont péché». On meurt, parce qu'on a péché.
Ce verset 12 se lie au verset 18, les versets 13 à
17 étant une parenthèse, mais, comme il arrive souvent dans les écrits de Paul,
l'idée principale est dans la parenthèse.
(Versets 13-17) — Jusqu'à la loi, le péché était
dans le monde, mais le péché n'est pas mis en compte comme transgression d'une
loi, quand il n'existe pas de loi. Cependant, le péché est le péché, et il mène
à la mort. C'est pourquoi, la mort régna sur tous les hommes entre Adam et
Moïse. Le péché est l'acte de la volonté propre et, comme tel, il est une
offense à Dieu de la part d'une créature qui doit être dépendante, mais
lorsqu'il y a, en outre, une loi de la part de Dieu, qui défend le péché,
celui-ci revêt alors le caractère d'une violation de la volonté de Dieu, et
c'est là la transgression.
On est peu habitué à penser qu'Adam était sous une
loi. Cependant, la défense formelle de manger du fruit de l'arbre de la science
du bien et du mal était une loi. Son péché a donc été une transgression, tout
autant que les péchés d'Israël par rapport à la loi de Moïse. C'est ce que
rappelle le passage d'Osée 6: 7: «Mais eux, comme Adam, ont transgressé
l'alliance».
A la fin de notre verset 14, l'apôtre dit qu'Adam,
comme chef de race, était la figure de celui qui devait venir. Comme quelqu'un
l'a dit, Adam était l'homme provisoire, Christ est l'homme définitif, l'homme
des conseils de Dieu. C'est pourquoi, lorsque la Parole parle de Christ, en
rapport avec Adam, elle ne l'appelle pas le second Adam, comme s'il
pouvait y en avoir un troisième, elle dit le dernier Adam, il n'y en a
pas d'autre (1 Corinthiens 15: 45), c'est l'homme définitif.
Au verset 15, il est dit: «Mais n'en est-il pas du
don de grâce comme de la faute?» Ici, il y a analogie entre Adam et Christ,
comme chefs de race, en ce que la conséquence de leurs actes ne se limite pas à
leurs personnes respectives, mais intéresse leur race tout entière. Tous les
hommes sont de la race d'Adam, et tous les rachetés deviennent la race de
Christ. Toute la question est de savoir auquel de ces deux chefs de race, on se
trouve personnellement rattaché. C'est la conclusion du verset 19, comme nous
le verrons.
Mais, s'il y a analogie entre Christ et Adam, d'un
autre côté, il y a un contraste complet, à cause de la supériorité des
conséquences du côté de Christ. Si l'on dit: «n'en est-il pas?» on pense à
l'analogie mais, quand on dit: «il n'en est pas», comme l'indique la note au
bas de la page de la nouvelle version, on pense au contraste qui apparaît ici,
en ce que le bien du côté de Dieu est infiniment plus grand que le mal du côté
de l'homme. Le péché, le mal, disparaîtront absolument, et les effets de la
grâce, le bien, demeureront éternellement. C'est une grande consolation.
Ainsi donc, au verset 15, il y a analogie entre le
don de grâce du côté de Christ et la faute du côté d'Adam, en ce que les
résultats atteignent les deux races: «Par la faute d'un seul», Adam, «plusieurs
sont morts», c'est-à-dire la masse en relation avec lui, tous ses descendants.
Mais du côté de Christ: «Beaucoup plutôt, la grâce de Dieu et le don»
(tout est gratuit) ont abondé envers cette masse des descendants d'Adam, à
l'intention de tous, par la grâce qui est d'un seul homme, Jésus Christ, le second
homme, le dernier Adam.
Au verset 16, il y a gradation dans les faits et
dans leurs conséquences: du côté d'Adam, non seulement tous meurent, mais le
jugement en condamnation qui suit la mort, provient de ce seul homme et de son
seul péché, tandis que du côté de Christ, et provenant de lui seul: «Le don de
grâce, de plusieurs fautes, en justification», et ces plusieurs fautes sont la
multitude des fautes des rachetés, dont Christ s'est chargé à la croix, pour
amener la justification. Quel contraste avec la seule faute d'Adam!
Au verset 17, toujours gradation. Par la faute
d'Adam, la mort a régné, mais du côté de Christ, le contraste n'est pas que la
vie régnera, mais les rachetés, la race de Christ, ceux qui reçoivent
l'abondance de la grâce et du don de la justice, ceux-là régneront en vie par
un seul, Jésus Christ. Ici, les conséquences de la grâce percent jusque dans la
gloire. Ainsi se clôt cette belle parenthèse.
(Versets 18-19) — Dans ces versets, nous avons
encore l'affirmation que les actes respectifs des deux chefs de race, Adam et
Christ, ont leur influence sur toute leur race. Ici, nous sortons de la
parenthèse, et le verset 18 se rattache au verset 12. Ce verset nous présente,
d'une manière remarquable, l'intention de Dieu dans la mort de Christ envers
tous les hommes, sans exception.
En effet, si les conséquences de la seule faute
d'Adam s'étendent à tous les hommes en condamnation, d'un autre côté, les
conséquences de la seule justice possible, celle qui a été établie par la mort
de Christ, comme base permanente sur laquelle Dieu peut agir en grâce,
s'étendent à tous les hommes, quant à l'intention de Dieu. Et ce qui leur est
offert à tous par ce moyen n'est rien moins qu'une justification de vie,
c'est-à-dire une justification qui entraîne avec elle la possession de la vie.
Combien sont responsables les hommes en se soustrayant, par leur faute, à une
semblable intention de Dieu à leur égard!
Le verset 19 est une sorte de conclusion. Par la
désobéissance d'Adam, plusieurs, c'est-à-dire tous ses descendants, ont été
constitués pécheurs, de même, par l'obéissance de Christ, en mourant sur la
croix, tous ses rachetés sont constitués justes, c'est-à-dire sont établis dans
un état nouveau, caractérisé par la justice. Mais il faut bien retenir qu'ici,
c'est la conséquence de l'acte de chacun des deux chefs de race qui est
envisagée, en dehors de la responsabilité individuelle de ceux qui y ont part.
D'autre part, il y a lieu de considérer ce que
nous devons entendre ici par l'obéissance de Christ. Nous savons que son
obéissance a été parfaite, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, mais ce n'est
par cette obéissance-là qui nous est imputée, comme on le croit, par erreur,
dans la chrétienté. Cette obéissance-là lui est personnelle; c'est ainsi qu'il
est dit, en Hébreux 5: 8, qu'il a appris l'obéissance par les choses
qu'il a souffertes, c'est-à-dire qu'il a expérimenté, par les souffrances qu'il
a trouvées sur son chemin, ce que c'est qu'obéir dans un monde où tout est en
opposition avec la volonté de Dieu et, pour lui, sa mort a été le couronnement
de son obéissance. C'est particulièrement de cet acte d'obéissance en mourant,
qu'il est question dans notre verset 19. On trouve deux passages remarquables à
cet égard: l'un est en Philippiens 2: 8: «Etant devenu obéissant jusqu'à la
mort, et à la mort de la croix». Ici, non plus, ce n'est pas seulement qu'il a
obéi depuis sa naissance jusqu'à sa mort, mais qu'il a trouvé dans l'acte de
mourir une occasion spéciale d'obéir. Adam est mort comme conséquence de sa désobéissance,
Christ est mort par obéissance. L'autre passage est en Jean 10: 17, 18 «A cause
de ceci le Père m'aime, c'est que moi, je laisse ma vie, afin que je la
reprenne; j'ai le pouvoir de la laisser, et j'ai le pouvoir, de la reprendre;
j'ai reçu ce commandement de mon Père». Il pouvait laisser et reprendre sa vie
par son propre pouvoir, dans l'obéissance au commandement de son Père. En fait,
nous savons qu'il a laissé sa vie par obéissance, et qu'il s'en est remis à son
Père pour la reprendre, comme nous l'avons vu à propos des verset 2-4 du
chapitre premier.
Le Seigneur fait encore allusion à cette
obéissance à la fin du chapitre 14 de ce même évangile de Jean, quand il dit:
«Mais afin que le monde connaisse que j'aime le Père, et selon que le Père m'a
commandé, ainsi je fais», et il allait à la mort.
Donc, par un seul acte d'obéissance, en mourant
sur la croix, cet acte constitue justes tous ceux auxquels il est appliqué.
(Verset 20) — La loi est intervenue, s'est
glissée, peut-on dire, dans l'intervalle compris entre les deux Adam, et cela
afin que la faute abondât. Non pas le péché, car Dieu ne fait rien pour
faire abonder le péché, mais la loi fait ressortir sa gravité, son caractère
odieux, sous la forme de fautes commises en transgressant la loi de Dieu. Dans
ce sens, la loi a fait abonder la transgression. Tout ce qui est dit de la loi,
dans notre chapitre, c'est que le péché n'est pas mis en compte — comme
transgression — quand il n'y a pas de loi (verset 13), puis, ici, que la loi a
fait abonder la transgression.
A la fin du verset, l'apôtre ne dit pas: «Mais là
où la transgression abondait», non, mais «où le péché abondait», c'est beaucoup
plus général. Il abondait partout chez les enfants d'Adam, sans loi et sous la
loi. C'est là que la grâce a surabondé, qu'elle s'est étendue au-dessus du
péché, qu'elle s'est montrée plus grande que le péché.
(Verset 21)
— La conséquence suit: «Afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi
aussi la grâce régnât par la justice». La mort était la démonstration du
caractère du royaume du péché et, de même, la justice justifiante est la
démonstration du caractère du royaume de la grâce, en vue de la vie éternelle,
par Jésus Christ notre Seigneur. La vie éternelle est devant nous, au lieu de
la condamnation éternelle, et cela est dû au fait que la grâce règne.
Dans ce chapitre, ainsi que dans le suivant,
l'apôtre prévoit les objections que pourrait faire un homme dans la chair, aux
grandes vérités qu'il vient de développer; et les réponses à ces objections
contiennent de nouveaux et précieux enseignements.
(Versets 1, 2) — Ainsi, au verset 1, un tel homme
peut dire que, si l'on est constitué juste par l'obéissance d'un autre, et que
si la grâce a surabondé là où le péché abondait, on peut ne pas regarder de si
près au péché. De là la question: «Demeurerions-nous dans le péché afin que la
grâce abonde?»
L'apôtre, qui a montré qu'on est constitué juste
par l'obéissance d'un Christ mourant sur la croix, en déduit ici que cette mort
nous est comptée, en quelque sorte, comme étant la nôtre, de sorte que non
seulement il est mort pour nous, mais que nous sommes morts avec lui. Or, si
nous sommes morts avec lui, nous sommes morts au péché, de sorte que nous ne
pouvons pas vivre dans une chose à laquelle nous sommes morts.
Il importe de bien saisir que ce n'est pas le
péché qui est mort, mais c'est nous qui sommes spirituellement morts à une
chose qui existe encore dans notre chair. Ainsi, un homme, ayant une maison et
une fortune, meurt; sa maison et sa fortune existent toujours, elles ne sont
pas mortes, mais lui est mort à sa maison et à sa fortune, il ne peut pas y
vivre encore, c'est une impossibilité.
(Versets 3, 4) — Ici, l'apôtre semble demander aux
chrétiens, s'ils ont oublié la signification de leur baptême. L'eau du baptême
est une figure de la mort, de sorte qu'ayant été baptisés pour le Christ Jésus,
pour un Christ mort, nous avons été placés en figure dans sa mort. Ce n'est
donc pas pour vivre dans le péché. Il y a cette différence entre la circoncision
et le baptême, que la circoncision considérait le Juif comme un homme vivant
dans sa vie d'Adam, quoique mis à part d'entre les autres hommes, tandis que le
baptême chrétien est le signe de la mort de Christ, mort qui met totalement de
côté l'homme dans la chair. Par le baptême, on est, en figure, mort et enseveli
avec Christ.
Mais ce Christ mort n'a pas été laissé dans la
mort, dans laquelle il était entré en grâce pour nous. Il a été ressuscité
d'entre les morts par la gloire du Père. Cette gloire était intéressée dans la
résurrection du Seigneur Jésus. Lui, avait donné à son Père un nouveau motif
pour l'aimer en ce qu'il laissait sa vie pour la reprendre (Jean 10: 17, 18).
Aussi, avons-nous vu qu'il a été déterminé Fils de Dieu en puissance par la résurrection
des morts (Romains 1: 4). La gloire du Père devait intervenir pour ressusciter
son Fils. Et ici, la conséquence que l'apôtre tire pour nous de cette
résurrection, c'est qu'elle nous introduit dans une vie nouvelle. Dans notre
épître, nous ne trouvons pas, comme cela est enseigné ailleurs, notre union
avec Christ dans la résurrection, il s'agit ici de la délivrance de notre
condition en Adam, par la mort. Mais cependant, nous sommes impliqués dans la
résurrection de Christ. Nous n'avons pas été laissés dans la mort, puisque
Christ, avec qui nous sommes morts, a été ressuscité, et cette résurrection
nous introduit dans une vie nouvelle.
(Versets 5-7) — Le verset 5 explique ce que nous
venons de dire. Ayant été identifiés avec Christ dans la ressemblance de sa
mort, la conséquence doit suivre nécessairement: nous le serons aussi dans la
ressemblance de sa résurrection. Ressemblance peut sous-entendre que nous
n'étions pas là de fait, quand il est mort, cependant sa mort nous est
comptée comme étant la nôtre, et c'est au moment où il est mort que nous sommes
morts avec Lui. La conséquence suit en résurrection, et même cela implique
notre résurrection corporelle.
Au verset 6, l'apôtre rappelle, comme une chose
connue, que notre vieil homme a été crucifié avec Lui. L'homme en Adam, avec
toutes ses mauvaises qualités, tout cet état dans lequel nous étions
responsables, a été cloué à la croix de Christ: c'est là que son épreuve de la
part de Dieu a été terminée et, désormais, Dieu ne demande plus rien à l'homme
dans la chair. Le vieil homme reçoit à la croix la mort qu'il mérite, «afin que
le corps du péché soit annulé pour que nous ne servions plus le péché». Le
corps du péché, ici, ce n'est pas notre vase mortel, mais c'est, pour ainsi
dire, l'organisme du péché dans la chair, une machine qui fonctionne très bien
dans l'homme en Adam et qui l'oblige à pécher. Le vieil homme ayant été
crucifié, cette machine est désorganisée chez le chrétien, de sorte qu'il n'est
plus esclave du péché. Le péché est aussi représenté ici, comme étant un
maître, un tyran, duquel l'homme dans la chair est esclave, tandis que le
chrétien étant mort avec Christ est affranchi de ce maître-là, parce que le
péché ne peut avoir d'action que sur l'homme dans la chair.
Au verset 7, l'apôtre va encore plus loin dans les
conséquences du fait d'être mort avec Christ. Il dit: «Car celui qui est mort
est justifié du péché», non pas justifié de ses péchés, mais du péché. On ne
peut pas accuser un cadavre d'avoir de mauvaises convoitises, il est justifié
de cette imputation.
(Versets 8, 9) — Nous avons ici la même pensée
qu'au verset 5. Si nous suivons Christ dans sa mort, nous le suivrons
nécessairement dans sa résurrection. Celle-ci a été la fin de la mort pour lui
et pour nous. Il ne peut pas mourir de nouveau. Si, lorsqu'il était dans le
tombeau, la mort semblait dominer sur lui, il n'en est plus ainsi à sa
résurrection. Pierre dit aux Juifs, en Actes 2: 24, que Dieu a délié les
douleurs de la mort, puisqu'il n'était pas possible que Jésus fût retenu par
elle.
(Verset 10) — Ce verset est particulièrement
important. En mourant pour nos péchés, notre Sauveur est mort au péché. Il a
été fait péché pour nous sur la croix, mais, en mourant, le péché a été
condamné dans la chair et il en a fini avec le péché. Il avait revêtu notre
humanité pour avoir la faculté de mourir pour nous. C'est ce qui est dit en
Hébreux 2: 14: «Puis donc que les enfants (ceux dont il venait prendre la
cause) ont eu part au sang et à la chair, lui aussi semblablement y a participé,
afin que par la mort…» En Romains 8: 3, l'apôtre dit que Dieu a envoyé
son propre Fils «en ressemblance de chair de péché et pour le péché». En
mourant, notre adorable Sauveur en a fini avec tout ce qui se rattachait au
péché.
Quelqu'un a dit que, quant à sa vie essentielle,
comme Fils de Dieu, il ne l'a jamais ni prise ni laissée. En ce qu'il est mort,
comme homme fait péché pour nous, il est mort une fois pour toutes au péché,
mais en ce qu'il vit, comme homme ressuscité, il vit à Dieu. Sa vie en
résurrection et en gloire est entièrement, désormais, une vie à Dieu. Sans
doute, par amour pour nous, il demeure homme pour l'éternité, tout en vivant à
Dieu, mais sa vie n'a plus à se donner pour d'autres, c'est une vie entièrement
à Dieu.
(Verset 11) — Ici, l'apôtre en tire la conséquence
pour nous. Il dit que nous, qui sommes morts avec lui, nous devons aussi nous
tenir pour morts au pêché et pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus.
De même que Christ est mort pour nous, de même
nous sommes morts avec lui en tant qu'il s'agit, devant Dieu, de notre ancienne
vie dans la chair. Il faut que nous nous emparions de ce fait, en le recevant
tout simplement comme un article de foi et sans le confondre avec la
réalisation que nous sommes appelés à en faire. Ainsi, si vous dites à un croyant:
«Tu sais que tes péchés sont pardonnés», il vous répondra: «Sans doute, et
grâces à Dieu, j'en jouis», mais si vous ajoutez: «Tu sais aussi que tu es
mort», il pourra vous répondre: «Non, je me suis fâché ce matin». Or, quelque
regrettable que cela soit, cela ne veut pas dire pourtant que, devant Dieu, son
vieil homme n'est pas mort, mais bien qu'il a manqué à sa responsabilité de le
tenir pour tel.
On a aussi fait cette comparaison: On place à la
banque une certaine somme pour quelqu'un. Lorsque le bénéficiaire en est
informé, il a à se tenir pour créancier de cette somme placée pour lui,
alors même qu'il ne l'a pas touchée.
Mais si le fait d'être mort avec Christ est
d'abord un article de foi, il faut qu'il devienne ensuite le point de départ
pour la marche. Si vous vous tenez pour morts, la conséquence suivra. Si le
croyant qui s'est fâché le matin, s'était tenu pour mort à ce moment-là, il ne
se serait pas fâché.
Il est aussi important de remarquer que la même
exhortation de ce verset 11, qui nous dit de nous tenir pour morts, nous dit
aussi de nous tenir pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus. Il s'agit
toujours là de notre position devant Dieu, laquelle, une fois qu'elle est bien
comprise, a sa traduction dans la vie pratique.
(Versets 12, 13) — Maintenant, dans le reste du
chapitre, l'apôtre tire les conséquences pratiques des faits établis dans les
versets 1 à 11. Etant morts avec Christ, nous sommes morts au péché, de sorte
qu'en pratique, nous ne devons pas permettre au péché, dont le principe est
encore dans notre vieille nature, de régner dans notre corps mortel pour que
celui-ci soit l'instrument obéissant de ses convoitises. Nous ne devons pas
livrer les membres de notre corps à ce péché qui n'est plus notre maître, mais
nous devons nous livrer à Dieu — non seulement nos membres, mais tout
notre être moral aussi — comme d'entre les morts étant faits vivants. Pour
pouvoir ainsi nous livrer à Dieu, il faut que nous ayons d'abord été rendus
libres, mais une fois libres, que faire de cette liberté, sinon de la mettre au
service de Celui qui nous a affranchis de la servitude?
On raconte qu'en Amérique, au temps de
l'esclavage, une jeune esclave était mise en vente aux enchères, et se
lamentait, ne sachant dans quelles mains elle allait tomber. Alors un homme
riche, ému de compassion envers elle, hausse l'enchère jusqu'à ce que la jeune
fille lui soit adjugée, en solde aussitôt le prix et dit à la pauvre esclave:
«Maintenant tu es libre», et il s'éloigne. Mais la jeune fille, touchée dans
son coeur, court après lui, en lui disant: «Oh! Monsieur, je veux vous servir!»
Elle ne pouvait faire un meilleur usage de sa liberté que de la mettre au
service de celui qui l'avait affranchie. Il en est de même du racheté: il peut
et il veut se livrer lui-même à Dieu. C'est là la vraie consécration
chrétienne. Dans les systèmes chrétiens, on invite les âmes inconverties à se
donner à Dieu, mais c'est impossible de le faire avant d'avoir été affranchi
par la rédemption. «Livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d'entre les morts
étant faits vivants, et vos membres à Dieu comme instruments de justice».
Nous-mêmes, c'est tout notre être, et nos membres en sont l'instrumentalité, de
sorte que nos facultés intellectuelles et physiques doivent maintenant servir
d'instrument à la justice pratique.
(Verset 14) — Le péché, dont le principe est dans
notre chair, ne dominera pas sur nous, parce que nous ne sommes pas sous la
loi, mais sous la grâce. La loi défend le péché et maudit le pécheur, c'est
tout ce qu'elle peut faire, mais à cause de l'état de l'homme naturel, elle
excite le désir de faire ce qu'elle défend et ne donne aucune capacité pour y
échapper. Le racheté, lui, n'est pas sous une telle loi, aucune défense n'est
devant lui, il est sous la grâce qui l'a délivré et qui le fortifie, pour
prendre son plaisir dans la volonté de Dieu.
(Versets 15, 16) — Mais péchera-t-on, parce qu'on
n'est pas sous un régime de défense? Nullement, car on a changé de maître. Sans
la loi et sous la loi, l'homme est malgré lui esclave du péché, et la fin de
cet esclavage, c'est la mort. Le racheté a changé de maître. Il est vivant à
Dieu et esclave volontaire de l'obéissance pour la justice pratique.
(Verset 17) — Les chrétiens de Rome avaient été
autrefois esclaves du péché, mais ensuite ils avaient obéi de coeur à
l'Evangile, à la forme de doctrine qu'ils connaissaient par la parole de Dieu,
telle qu'elle leur était parvenue. Maintenant qu'ils avaient, en plus, cette
riche épître aux Romains, ils auraient à continuer à obéir de coeur à la forme de
la doctrine de cette épître. C'est notre responsabilité à nous aujourd'hui. Un
point des plus importants pour nous de la forme de cette doctrine, c'est que
nous avons à nous tenir pour morts à des choses qui existent encore, et
notamment au péché qui est encore dans notre vieille nature.
(Versets 18-22) — Ayant été affranchis du péché
comme maître d'esclaves, vous avez été assujettis à la justice pratique qui est
votre nouveau maître.
Au verset 19, l'apôtre semble s'excuser d'employer
la comparaison de maîtres et d'esclaves lorsqu'il s'agit de l'obéissance
chrétienne, mais il fallait trouver une comparaison qui fût à la portée de la
faiblesse humaine.
La fin du verset 19 déclare que, comme autrefois
on avait livré l'instrumentalité de sa personne comme esclave à l'impureté et à
l'iniquité, pour l'iniquité (et c'était particulièrement l'état des païens), on
avait maintenant à livrer cette instrumentalité intellectuelle et physique
comme esclave à la justice pratique, pour réaliser la sainteté pratique.
Les versets 20 et 21 font ressortir qu'il est
impossible d'être la propriété de deux maîtres d'esclaves en même temps. Quand
on était esclave du péché, on ne l'était pas de la justice, mais il n'y avait
aucun fruit dans l'esclavage du péché, c'était pour Dieu une stérilité complète
et pour nous une honte. En outre, la fin d'un tel chemin c'est la mort. C'est
là où mène le péché.
Au verset 22, le contraste est complet. Affranchis
du péché, on se trouve asservis à Dieu comme maître. Nous avons vu, à la
fin du verset 16, que le nouveau maître est l'obéissance pour la justice
pratique. Au verset 18, le nouveau maître, c'est la justice elle-même, et
toujours la justice pratique. A la fin du verset 19, c'est la justice pour la
sainteté. Ici, le nouveau maître, c'est Dieu lui-même. Dans cet heureux
asservissement, il y a immédiatement du fruit produit, et ce fruit, c'est la
sainteté pratique.
Une telle marche aboutit nécessairement à la vie
éternelle comme fin, tandis que la marche dans le péché aboutit à la mort.
C'est ce que nous avons vu au chapitre 2: 7. Et la vie éternelle comme fin,
c'est la vie éternelle en gloire. L'apôtre Jean parle de la possession
immédiate de la vie éternelle par la foi et la nouvelle naissance. «Celui qui
croit au Fils a la vie éternelle» (Jean 3: 36), puis, en Jean 5: 11-13:
«Celui qui a le Fils a la vie… Afin que vous sachiez que vous avez
la vie éternelle». L'apôtre Paul parle de la vie éternelle telle que nous
l'aurons dans la gloire. C'est bien la même vie, mais développée en perfection et
en gloire pour l'éternité, à la gloire de Dieu.
(Verset 23) — Ici, nous pouvons constater la
sagesse et la précision de la Parole. S'il est vrai que, selon les voies de
Dieu, une marche dans la sainteté aboutisse à la vie éternelle en gloire,
cependant, cette vie éternelle n'est pas le salaire de la sainteté, pas plus
qu'elle n'est la résultante de nos progrès spirituels, elle est le don de la
grâce de Dieu. Au contraire, pour le péché, ses gages ou son salaire, c'est la
mort.
(Verset 1)
— Nous avons vu, au chapitre 6, ce qu'est l'affranchissement du péché; ici, au
chapitre 7, nous avons l'affranchissement de la loi.
La loi a autorité sur l'homme aussi longtemps
qu'il vit. Les poursuites contre un homme accusé de vol, par exemple, cessent
dès que cet homme meurt. La loi n'a rien à faire avec les morts. Or, le
chrétien est un homme mort avec Christ, et il est, par conséquent, mort à la
loi.
(Versets 2-4) — Pour illustrer cette pensée,
l'apôtre prend le cas de la loi du mariage, dont le lien, à l'état normal, ne
peut être rompu que par la mort. La femme est liée à son mari par la loi du
mariage, mais, si le mari meurt, elle devient libre et peut épouser un autre
mari.
Etant mort avec Christ à la croix, le chrétien est
mort à la loi, envisagée ici comme étant le premier mari de l'homme. Ce n'est
pas la loi qui est morte, mais le chrétien et, dès lors, la loi ne peut plus
avoir d'action sur lui. Le premier mari se trouve veuf. D'autre part, le
chrétien est, dans sa nouvelle existence, lié à un autre mari qui est Christ
ressuscité d'entre les morts et, tandis que le mariage avec la loi ne pouvait
rien produire pour Dieu, à cause de l'état de l'homme par le péché, l'union
avec Christ ressuscité fait porter du fruit pour Dieu.
(Versets 5,
6) — Quand nous étions dans la chair — ceci est dit de l'état des Juifs placés
sous la loi de la part de Dieu lui-même — alors, dans cet état, les passions
des péchés, excitées par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du
fruit pour la mort, aucun fruit pour Dieu. Maintenant, étant déliés de la loi
par la mort et liés à Christ ressuscité d'entre les morts, nous servons Dieu en
nouveauté d'esprit, c'est-à-dire sur un principe tout nouveau, et non pas en
vieillesse de lettre, et la lettre, ici, c'est la loi. C'est comme en 2
Corinthiens 3: 6, où l'apôtre expose que les ministres de la nouvelle alliance
ne sont pas des ministres de la lettre, mais de l'Esprit, car la lettre tue,
mais l'Esprit vivifie. Nous verrons plus loin comment la lettre tue.
(Versets 7-11) — L'apôtre prévoit l'objection qui
pourrait être faite à ce qu'il vient d'avancer, savoir que si les passions des
péchés sont par la loi, celle-ci est donc une mauvaise chose. La réponse est
simple, car puisque la loi donne la connaissance du péché, c'est donc qu'elle
est en contraste avec le péché. Mais, en outre, il faut remarquer qu'ici il
s'agit de donner la connaissance du péché intérieur et non de se prononcer sur
le caractère d'un acte; c'est pourquoi l'apôtre cite le dixième commandement
qui défend le mouvement du coeur vers les actes interdits dans les
commandements précédents. Comme quelqu'un l'a fait remarquer, «l'aiguillon est
dans la queue». Ce dernier commandement: «Tu ne convoiteras pas», faisait faire
à l'âme née de Dieu, la découverte de la racine du péché dans la chair, en
révélant la convoitise.
Si le verset 7 fait découvrir l'existence de la
convoitise, le verset 8 montre ses mouvements immédiats stimulés par la loi:
«Le péché, ayant trouvé une occasion par le commandement, a produit en moi toutes
les convoitises, car, sans la loi, le péché est mort». Rappelons-nous qu'il
s'agit du péché et non des péchés. Sans la loi, le péché est mort, il est
impuissant, car «la puissance du péché, c'est la loi» (1 Corinthiens 15: 56).
Au verset 9, nous avons la preuve que l'apôtre,
dans son argumentation, ne parle pas de lui-même personnellement. Il dit:
«Etant autrefois sans loi». Or, il n'a jamais été lui-même sans loi, puisqu'il
était né sous la loi. Mais il envisage d'une façon générale, un homme dans la
chair. Sans loi, cet homme vivait, il était libre, inconscient du péché en lui.
Sa conscience ne lui révélait pas l'existence de ce péché, elle ne faisait
qu'approuver ou désapprouver des actes. Mais, par le commandement, c'est-à-dire
la loi, le péché a repris vie; dès lors, il n'est plus mort, il est vigoureux,
et c'est l'homme qui meurt, tué par le péché.
De sorte que le commandement, qui était pour la
vie selon cette parole: «Celui qui aura fait ces choses, vivra par elles»
(Romains 10: 5), a produit la mort à cause du péché. «Car le péché, ayant
trouvé une occasion par le commandement, me séduisit, et par lui me tua».
(Versets 12-25) — L'apôtre a donc répondu
victorieusement à la question: «La loi est-elle péché?» et la conclusion est
que la loi est sainte. Comment ne le serait-elle pas, puisqu'elle vient de
Dieu! «Le commandement est saint, et juste, et bon». Il n'y a que le chrétien
qui puisse reconnaître la sainteté de la loi et revendiquer toute son autorité.
Paul, comme chrétien, peut le faire, parce qu'il n'est plus sous la loi. Dans
ces passages nous avons, non pas un juste de l'Ancien Testament en face de la
loi, mais un chrétien.
Mais au verset 13, une nouvelle objection jaillit:
«Ce qui est bon, est-il donc devenu pour moi la mort?» Non, certes, ce n'est
pas la loi qui m'a tué, c'est le péché, c'est lui qui est le meurtrier, et en
me mettant à mort par une chose qui est bonne en elle-même, il a manifesté tout
son hideux caractère, il est devenu «excessivement pécheur», c'est-à-dire
audacieux, vigoureux, producteur de péchés.
Au verset 14, il est dit que la loi est
spirituelle. Elle est cela en contraste avec l'état de l'homme naturel: «Moi,
je suis charnel, vendu au péché». Quel état lamentable! Ce qui suit est
l'expérience d'une âme sous la loi, mais d'une âme renouvelée qui distingue sa
nouvelle volonté d'avec le courant de la vieille nature qui la subjugue: «Ce
que je fais, je ne le reconnais pas, car ce n'est pas ce que je veux que je
fais, mais ce que je hais, je le pratique». Le fait que cette âme renouvelée ne
peut pas pratiquer ce que sa nouvelle volonté aimerait, est la preuve pour elle
qu'elle approuve la loi comme étant bonne (versets 15, 16).
Du verset 17 au verset 23, nous trouvons trois
étapes successives dans l'expérience de l'âme renouvelée et quoiqu'il y ait
accroissement de lumière dans leur succession, elles n'aboutissent pas encore à
la délivrance.
Premièrement, au verset 17, l'homme renouvelé
distingue le vieux moi du nouveau moi. Puis, au verset 18, il sait que dans le
vieux moi, il n'habite point de bien. C'est un progrès, mais ce n'est pas la
délivrance, attendu que ce qu'il voudrait, c'est qu'il n'y eut rien que du bien
en lui, et c'est ce qui ne se réalise pas. Enfin, au verset 21, il découvre que
le péché, qui est dans son vieux moi, et plus fort que lui, il fait loi dans
ses membres, de sorte qu'il est pratiquement esclave de cette puissance du
péché qui existe dans ses membres.
Il manque à un tel homme de connaître la pleine
rédemption accomplie à la croix, ainsi que la puissance du Saint Esprit dans le
racheté. En attendant, c'est un conflit entre la vieille et la nouvelle nature,
et au lieu de voir la nouvelle avoir le dessus, parce qu'elle est la meilleure,
c'est, au contraire, la vieille, parce qu'elle est la plus forte. Mais lorsque
le racheté est envisagé comme possédant le Saint Esprit, alors le conflit n'est
plus entre la vieille et la nouvelle nature, mais entre la chair et l'Esprit,
comme en Galates 5: 17. Là, l'Esprit convoite contre la chair et
réciproquement, et, par le même principe que c'est toujours le plus fort qui a
le dessus, l'Esprit étant le plus fort, le chrétien ne peut pas pratiquer les
choses que sa chair voudrait.
Au verset 24 de notre chapitre, arrive le cri de
détresse: «Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort?»
C'est-à-dire misérable que je suis d'être un homme constitué comme je le suis
avec une nouvelle vie en moi et, à côté, le péché qui est plus fort que moi. Il
en résulte un débat sans issue, dans lequel l'âme, lassée de tous ses efforts
infructueux, finit par chercher un secours en dehors d'elle, quelqu'un qui
puisse la délivrer, puisqu'elle ne peut se délivrer elle-même. Le cri est: «Qui
me délivrera?» et la réponse est: «Je rends grâces à Dieu, par Jésus Christ,
notre Seigneur». Cette réponse ne dit pas qui délivrera, mais elle fait voir
que l'âme a saisi que la délivrance a eu lieu, de sorte qu'elle peut
rendre grâces pour cette délivrance, dont le caractère et la manifestation
seront développés dans le chapitre suivant.
Quelqu'un a illustré cette situation, en
représentant un enfant tombé dans un fossé bourbeux et profond. Son père est en
haut, au bord du fossé. L'enfant lève les yeux vers son père et lui dit: «Papa,
il faut que je me sorte d'ici». Le père répond: «Sans doute, mon fils».
L'enfant fait un effort pour gravir le talus, mais glisse de nouveau dans la
vase. Il regarde alors encore vers son père et lui répète: «Mais papa, il faut
absolument que je me sorte d'ici». Le père répond: «Mais certainement». Un
nouvel effort fait par l'enfant ne fait que l'enfoncer un peu plus profond dans
la vase. Alors l'enfant s'écrie: «Oh! papa, sors-moi d'ici». Et aussitôt son
père lui tend la main en lui disant: «Ah! voilà ce que j'attendais»; et il le
délivre aussitôt. Il convient de remarquer que le cri de détresse n'est pas:
«Qui m'aidera?» mais: «Qui me délivrera?»
La fin du verset 25 mérite toute notre attention.
On trouve quelquefois des chrétiens qui demandent pourquoi cette fin de verset
ne se trouve pas avant l'action de grâces de la délivrance. Mais, c'est une
sorte de conclusion qui ne pouvait être déduite qu'après que la délivrance a
mis l'âme en état d'accepter qu'il y ait deux natures coexistantes, ayant
chacune son caractère propre: la nouvelle nature appelée ici «l'entendement»,
tout entière du côté de la loi de Dieu, puis la chair, la vieille nature, tout
entière du côté de la loi du péché.
«Ainsi donc moi-même, de l'entendement, je
sers la loi de Dieu, mais de la chair, la loi du péché». Cette expression
«moi-même», est très significative. On en trouve comme la définition dans ce
que l'apôtre dit de lui au chapitre 12 de la seconde épître aux Corinthiens,
versets 2 à 10. Là, l'apôtre se glorifie d'un homme en Christ, le nouvel homme,
qui est toujours propre pour le troisième ciel; mais il ajoute: «Je ne me
glorifierai pas de moi-même». Le moi-même, c'était Paul, tel qu'il était
constitué avec le nouvel homme et la chair en lui, de manière qu'en descendant
du troisième ciel, il avait besoin d'une écharde pour que sa chair ne se
glorifiât pas du privilège qui lui avait ainsi été accordé.
On trouve encore la même pensée en Galates 2: 20,
quand l'apôtre dit: «Je ne vis plus, moi», c'est le vieil homme qui n'est plus.
Puis «Christ vit en moi», c'est le nouvel homme. Mais il faut, une troisième
chose pour trouver Paul tel qu'il était ici-bas, c'est pourquoi il ajoute: «Et
ce que je vis encore dans la chair (dans le corps), je le vis dans la foi au
Fils de Dieu». Voilà encore le «moi-même» c'est-à-dire Paul ayant le nouvel
homme et la chair en lui.
Une autre chose à remarquer, c'est que les deux
natures qui sont dans le chrétien ne constituent pas deux êtres. Il y a bien
deux natures, mais il n'y a qu'un seul être ayant le droit de vivre, c'est le
nouvel homme, de même que dans un arbre greffé il y a deux natures, mais un
seul arbre, et les fruits sont ceux de la greffe.
Dans 1 Jean, il n'est question que de ce seul
être. C'est le nouvel homme vu tout seul. C'est pourquoi il est dit: «Quiconque
est né de Dieu, ne pratique pas le péché, car la semence de Dieu demeure en
lui, et il ne peut pas pécher, parce qu'il est né de Dieu». Et encore: «Nous
savons que quiconque est né de Dieu ne pèche pas, mais celui qui est né de Dieu
se conserve lui-même et le méchant ne le touche pas» (1 Jean 3: 9; 5: 18). La
vie de Dieu, en effet, ne peut pas pécher, et le méchant ne peut pas la
toucher.
Quelque précieuses que soient les bénédictions
exposées dans ce chapitre, elles ne dépassent pourtant pas, exception faite du
verset 1, les bénédictions des onze premiers versets du chapitre 5. Il n'y a,
en effet, rien de plus grand que de pouvoir se glorifier même en Dieu, par
notre Seigneur Jésus Christ.
Les chapitres 7 et 8 ne forment pas précisément
une suite, c'est plutôt un contraste entre deux positions, bien qu'en pratique,
il faille passer par les exercices du chapitre 7, pour jouir de
l'affranchissement, exposé au chapitre 8.
Le verset 25 du chapitre 7 sert, pour ainsi dire,
de base à l'enseignement du chapitre 8, car si, dans ce dernier chapitre, nous
avons la marche chrétienne dans la puissance de l'Esprit, le croyant y est
toujours envisagé comme ayant conscience des deux natures qui sont en lui.
Le chapitre 8 est formé de trois parties
distinctes: la première, du verset 1 à 13, traite de l'effet intérieur de la
puissance vivifiante du Saint Esprit; la seconde, du verset 14 à 28, traite de
la présence personnelle du Saint Esprit en nous; la troisième, du verset 28 à
la fin, présente notre sécurité extérieure, résultant du fait que Dieu est pour
nous. On peut résumer ces trois parties en disant: 1. Dieu avec nous; 2. Dieu
en nous; 3. Dieu pour nous.
Au commencement du chapitre, le premier verset est
en rapport avec ce qui a été présenté au chapitre 5, le verset 2 avec
l'enseignement du chapitre 6, et le verset 3 avec celui du chapitre 7.
(Verset 1) — Ce verset, en mentionnant notre
position en Christ, dépasse le cadre de la doctrine de l'épître, qui est
la délivrance par l'oeuvre de Christ. L'absence de condamnation n'est pas
déduite, en effet, de la justification des péchés exposée au chapitre 5, mais
elle est présentée comme résultant de notre position en Christ, devant Dieu.
Christ dans la gloire est la forme et l'expression de notre nouvelle position
devant Dieu, de sorte qu'étant unis à lui, là où il est, nous sommes désormais
à l'abri de toute condamnation autant que lui-même.
«Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour
ceux qui sont dans le Christ Jésus». Cette expression: «maintenant» se trouve
répétée plusieurs fois, à partir du verset 21 du chapitre 3, et elle marque
chaque fois une étape franchie dans l'enseignement de l'apôtre. Ici, cela veut
dire que maintenant que le terrain est déblayé de tout ce qui se rattache à
l'état de l'homme dans la chair, le croyant peut être vu dans un état tout
nouveau en Christ, une position dans laquelle il se trouve aussi bien
maintenant que lorsqu'il sera dans la gloire. Jusqu'au verset 11, nous avons la
condition qui correspond à cette position.
(Verset 2) — Ce verset nous donne le mot de
l'affranchissement, ce qui place le croyant dans le véritable état chrétien,
possédant la vie divine et l'Esprit, comme puissance de cette vie. Dans cet
état, ce n'est plus le péché qui fait loi, comme au chapitre 7; le croyant en
est affranchi par une autre loi, celle de l'Esprit de vie qui est dans le
Christ Jésus.
Dans ce passage, la loi est un principe,
agissant toujours dans le même sens, comme les lois de la nature. Ce principe,
cette manière d'agir de l'Esprit de vie dans le Christ Jésus, puissant et actif
dans le croyant, le délivre de cet autre principe mauvais appelé «loi du péché
et de la mort». Ainsi, malgré la présence en lui de la vieille nature, le
chrétien peut réaliser librement tous les caractères de la vie de Christ.
Dans les derniers versets que nous avons
considérés, ainsi que dans ceux qui sont devant nous, le mot «loi» est employé
dans diverses acceptions. Ainsi, au verset 23 du chapitre 7, nous avions la loi
de l'entendement, qui est la volonté renouvelée, en contraste avec la loi du
péché. Au verset 25, c'est la loi de Dieu, c'est-à-dire ce qui émane de Dieu
lui-même. Ici, dans notre verset 2, c'est la loi de l'Esprit de vie définie
plus haut et, au verset 3, la loi de Moïse.
(Verset 3) — Cette loi de Moïse demandait à
l'homme dans la chair une marche répondant aux exigences divines qu'elle
faisait connaître. Elle était puissante pour prononcer une condamnation
rigoureuse sur tout ce qui ne correspondait pas à ses exigences, mais elle
était faible, dans ses résultats, à cause de la qualité des matériaux dont elle
disposait. Quoique sainte, juste et bonne en elle-même, elle n'a rien pu
obtenir de bon de l'homme dans la chair. Elle était semblable à un habile
sculpteur chargé d'exécuter un beau travail, mais à qui on ne donne à sculpter
que du bois pourri. Il ne peut, malgré son talent, arriver à un bon résultat.
Mais cette chair ne pouvant pas produire le bien,
ni être améliorée, a été condamnée — non pas pardonnée — à la croix de Christ.
«Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour
le péché, a condamné le péché dans la chair». L'expression «en ressemblance»
montre le soin jaloux qu'apporte l'Esprit de Dieu à sauvegarder la pureté
intrinsèque de l'humanité de Christ. Il n'avait pas une chair de péché, mais
extérieurement, il ressemblait aux hommes qui l'avaient. Notre précieux
Sauveur est devenu homme, homme saint, homme parfait, pour être traité sur la
croix comme le péché même. Cela présente à nos coeurs ce qu'il y a de plus
insondable dans l'oeuvre de l'expiation. Non seulement il a porté nos péchés,
mais en les expiant, il a été traité comme la chose même qui les avait
produits. Pendant ces trois heures de ténèbres, son âme pure et sainte est
entrée dans toute la réalité de ce qu'est le péché, de ce que nous étions
nous-mêmes dans ce péché. Cela montre avec quelle profondeur le Seigneur est
entré dans notre condition de péché, et avec quelle justice Dieu a traité le
péché sur lui. Il a «condamné le péché dans la chair». Dieu nous a considérés
en Christ sur la croix, tels que nous étions dans toute l'horreur de notre
nature, et ensuite, en tirant Christ du bourbier fangeux, il nous a introduits
en Lui dans toute la réalité de sa position en gloire (voir 2 Corinthiens 5:
21).
(Verset 4) — La juste exigence de la loi est
accomplie en nous qui ne marchons pas selon la chair, mais selon l'Esprit. La
marche du chrétien est l'expression de sa nouvelle vie, comme coulant de
source, et cette marche coïncide avec l'accomplissement de ce que la loi
exigeait de l'homme. Le chrétien, comme tel, aime Dieu de tout son coeur, et
son prochain plus que lui-même, et cela, non pas parce qu'une loi l'exige, mais
parce que c'est l'expression naturelle de sa nouvelle vie. C'est ce qui a été
vu en perfection en Christ, et nous n'avons pas une autre vie que la sienne.
Un homme affranchi est donc un homme qui est en
Christ, possédant la nouvelle vie et la puissance du Saint Esprit, en sorte
que, tout en ayant encore la chair en lui, il marche selon l'Esprit.
(Versets 5-13) — Dans ces treize premiers versets
de notre chapitre, le Saint Esprit, tout en étant présent et actif dans le
racheté, n'est pas distingué de la vie qu'il a produite et de l'état d'âme qui
en résulte, le tout est envisagé comme un ensemble qui est appelé l'Esprit,
tandis que, du verset 14 au 27, nous verrons que l'Esprit est considéré comme
distinct de la vie et comme témoin dans le racheté.
Dans les versets 5 à 8, nous avons le contraste
entre deux conditions, ou deux classes de personnes: l'une est formée de ceux
qui sont selon la chair, c'est-à-dire en Adam; l'autre de ceux qui sont selon
l'Esprit, c'est-à-dire en Christ, possédant la vie et le Saint Esprit. Chacun
de ces états a le courant de pensées et d'affections qui lui est propre. Ceux
qui sont selon la chair ont leurs pensées aux choses de la chair, aux choses du
monde. C'est dans ce milieu qu'ils trouvent leur plaisir et tout ce qui les
gouverne. Ceux qui sont selon l'Esprit, au contraire, ne trouvent rien dans ce
milieu: ils ont leurs pensées aux choses de l'Esprit; c'est une toute autre
sphère, caractérisée par ce qui est de l'Esprit et où se trouvent les choses
qui répondent aux pensées fournies par l'Esprit.
Il est dit, au verset 6, que «la pensée de la
chair est la mort»; c'est là où aboutit tout ce qui émane de cette nature, non
seulement les péchés grossiers, mais tout ce que produit cette condition. La
pensée de l'Esprit, au contraire, est vie et paix: la vie au lieu de la mort,
et la paix au lieu de l'agitation de la chair. Cette paix est ce qui
caractérise la nouvelle vie. Il ne peut y avoir de paix là où la volonté est
opposée à Dieu, et il nous est dit ici que la pensée de la chair est inimitié
contre Dieu. Elle ne peut se soumettre à la loi de Dieu. Elle veut le péché et
elle hait tout ce qui s'oppose à sa volonté propre, de sorte que ceux qui sont
dans cet état ne peuvent plaire à Dieu.
Dans ces versets 6 à 8, l'état dans la chair revêt
ces trois caractères: la pensée de la chair est la mort (verset 6); elle est
inimitié contre Dieu (verset 7); elle ne peut plaire à Dieu (verset 8).
Au verset 9, l'apôtre déclare que les rachetés ne
son plus dans cette condition, mais qu'ils sont dans l'Esprit et que l'Esprit
de Dieu est en eux. Et l'apôtre ajoute: «Mais si quelqu'un n'a pas l'Esprit de
Christ, celui-là n'est pas de lui». L'Esprit de Dieu était en Christ et peut
ainsi être appelé l'Esprit de Christ, l'Esprit dont on a vu le caractère et les
effets en lui. Il doit se manifester aussi dans le croyant, le formant à la
ressemblance de Christ, c'est-à-dire avec ses pensées, ses sentiments et ses
affections. Paul pouvait dire, en 1 Corinthiens 2: 16: «Nous avons la pensée de
Christ»; et, en 1 Corinthiens 6: 17: «Celui qui est uni au Seigneur est un seul
esprit avec lui». Ainsi, nous sommes de lui. Déjà, le soir de sa résurrection,
le Seigneur avait soufflé dans ses disciples cet esprit de vie, et c'est la
conséquence de ce fait qui est devant nous, ici, dans les onze premiers versets
de notre chapitre.
Au verset 10, il est dit: «Mais si Christ est en
vous, le corps est bien mort, à cause du péché, mais l'Esprit est vie, à
cause de la justice». Jusqu'ici, le contraste était entre la chair et
l'Esprit, maintenant, c'est entre le corps et l'Esprit. Il faut
distinguer entre la chair et le corps: la chair est le principe mauvais qui se
trouve dans le corps et le domine, au moins quant à l'homme naturel, aussi, le
corps a-t-il été frappé d'une sentence de mort à cause du péché, et cette
sentence demeure, même pour le chrétien. Dès lors, dans le contraste entre le
corps et l'Esprit, le corps ne compte plus devant Dieu comme existence, c'est
une simple enveloppe mortelle contenant l'Esprit, l'Esprit seul reste, et il
est pratiquement la vie sur le pied de la justice. Quant au corps qui est
caractérisé par la mort, il sera vivifié à cause de l'Esprit de Dieu qui habite
en lui, et c'est la réponse définitive au cri de détresse du verset 24 du
chapitre précédent: «Qui me délivrera de ce corps de mort?»
Etant à Christ, Christ étant en nous, notre corps
étant le temple du Saint Esprit, nous ressemblons à Christ, selon qu'il est
dit: «Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde» (1 Jean 4:
17). Et la conséquence de la vivification de nos âmes est que nos corps mortels
doivent être vivifiés. Ce n'est pas que nous aurons un autre corps, bien que la
différence entre les deux conditions du corps soit du tout au tout, mais c'est
le corps mortel qui sera vivifié. Il y a une connexion entre le corps mortel du
racheté et son corps glorieux.
Dans le délogement du chrétien, le corps déposé
dans la terre, est, selon 1 Corinthiens 15, la semence du corps qui
ressuscitera en gloire. Il y a un principe de vie dans la semence. Le corps
d'un inconverti n'est pas une semence. La puissante voix du Juge seule, le fera
sortir du sépulcre, selon Jean 5: 28, 29.
Dans la transmutation, ce qui est mortel est
absorbé par la vie, mais là aussi, c'est le corps de notre abaissement qui est
transformé en la conformité du corps de sa gloire (Philippiens 3: 21).
Notre verset 11 se termine par ces mots «A cause
de son Esprit qui habite en vous». Ainsi, parce que nous avons la vie de Christ
et le Saint Esprit, nous participons à la même résurrection que lui-même,
d'abord Christ, les prémices, puis ceux qui sont du Christ à sa venue (1
Corinthiens 15: 23).
(Versets 12-13) — De tout ce qui précède, il
résulte que nous ne sommes pas débiteurs à la chair. Elle ne nous a fait que du
mal, nous ne lui devons rien. Elle a nécessité la mort de notre Sauveur sur la
croix, pour que nous puissions en être délivrés, et là elle a reçu sa sentence
de mort. C'est la seule place qui lui convienne. D'ailleurs, la vie selon la
chair produit le péché et aboutit à la mort: «Si vous vivez selon la chair,
vous mourrez». Cela ne veut pas dire qu'un enfant de Dieu puisse perdre la vie,
mais c'est une sorte d'indication placée à l'origine d'un chemin pour indiquer
où il aboutit. C'est comme en Philippiens 3: 19, quand l'apôtre parle de ceux
«dont la fin est la perdition». On ne pourra pas faire dire à la Parole qu'une
vie de péché aboutit à la vie éternelle.
«Mais si par l'Esprit vous faites mourir les
actions du corps, vous vivrez». Voilà le poteau indicateur d'un autre chemin.
Et ici, le corps est envisagé comme servant la chair. Or, il n'est pas dit: Si
vous laissez l'Esprit qui est en vous faire mourir les actions du corps, mais
bien: Si vous faites mourir. Le maître n'est plus la chair, c'est
l'Esprit, mais nous sommes considérés comme identifiés avec lui, il fait partie
intégrante de notre nouvelle vie et par lui, nous avons la volonté et la
capacité de faire mourir les actions du corps. Mais quand faut-il le faire?
Est-ce quand mon bras est levé pour frapper mon prochain que je dois faire
mourir son action? Non, c'est trop tard. C'est au premier mouvement de haine et
de vengeance dans le coeur qu'il faut appliquer la mort. En Colossiens 3: 5,
nous avons l'exhortation: «Mortifiez donc vos membres qui sont sur la terre»;
et la suite de cette exhortation énumère quels sont ces membres: ce sont tous
des membres moraux. Comme quelqu'un l'a dit, c'est le for intérieur des convoitises.
C'est donc bien intérieurement, dans le coeur, qu'il faut appliquer la mort,
c'est-à-dire au premier mouvement qui pousserait le corps à pécher.
Dans ce verset 13, «vous vivrez» est en contraste
avec «vous mourrez»; mais ce n'est pas seulement le résultat final qui est
envisagé ici, mais aussi le résultat immédiat dans la marche, car alors la
nouvelle vie, par l'Esprit, a le champ libre, et c'est comme au verset 22 du
chapitre 6: «Vous avez votre fruit dans la sainteté, et pour fin la vie
éternelle».
Il est à remarquer que, dans les versets 12 et 13,
il n'est pas dit que, n'étant pas débiteurs à la chair, nous le sommes à
l'Esprit. Non, l'Esprit n'est pas un étranger en nous, nous sommes identifiés
avec lui, et s'il fallait dire à qui nous sommes débiteurs, nous dirions: à
Dieu et à notre Rédempteur à qui nous devons notre délivrance et toutes nos
bénédictions.
(Versets 14-17) — Nous entrons ici dans la
deuxième partie du chapitre relative aux effets de la présence personnelle du
Saint Esprit en nous. Et tout d'abord, le Saint Esprit nous conduit à marcher
comme fils, en nous donnant la conscience de la relation d'enfant. Il convient
de distinguer les deux choses. On peut dire que le fils, conduit par l'Esprit,
est comme un fils adulte se mouvant dans la sphère de sa relation d'enfant,
avec l'intelligence de la volonté de son père, tandis que le jeune enfant, tout
en ayant le même droit à l'héritage du père, ignore encore les choses dans
lesquelles le fils est initié. Etre conduit par l'Esprit de Dieu est donc la
manifestation que l'on est fils de Dieu.
Il y a loin de là à l'esprit de servitude qui,
sous la loi, inspirait la crainte; c'est maintenant l'Esprit d'adoption par
lequel nous crions: Abba, Père! Ce mot hébreu: «Abba» est le terme d'intimité
employé par l'enfant vis-à-vis de son père. Nous le trouvons dans la bouche du
Seigneur Jésus en Gethsémané (Marc 14: 36). La grâce nous a placés dans la même
relation que le Seigneur Jésus avec le Père: «Mon Père et votre Père» (Jean 20:
17).
Ainsi, c'est l'Esprit lui-même qui rend
témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. L'Esprit,
distinct de la vie, est le témoin en nous de cette relation d'enfant. Il faut
remarquer qu'il rend témoignage avec notre esprit et non à notre esprit.
Avant que le Saint Esprit fût donné, il n'y avait pas ce témoignage dans
le croyant. Maintenant, il y en a deux, celui du Saint Esprit et celui de notre
propre esprit éclairé de Dieu, de sorte qu'en présence de ce double témoignage,
il n'est pas possible de douter que l'on soit enfant de Dieu.
Au verset 17, nous voyons combien cette relation
d'enfant est réelle, puisqu'elle nous constitue héritiers de Dieu lui-même. Et,
en outre, ce qui ajoute au bonheur de posséder l'héritage, c'est que celui-ci
est partagé avec Christ: «Cohéritiers de Christ». Mais, en attendant de
participer à l'héritage avec Lui, nous participons à la souffrance qu'il a
rencontrée au milieu de l'état de choses où se trouve ce pauvre monde: «Si, du
moins, nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui».
Ce sont, pour ainsi dire, des souffrances d'héritiers. C'est comme un jeune
homme riche, encore mineur, qui possède de grands biens, mais placés
momentanément dans de mauvaises mains. Il souffre de l'état actuel des choses, désirant
ardemment le moment où il sera personnellement mis en possession de son
héritage.
(Versets 18-23) — L'apôtre, ayant montré que le
chrétien souffre avec Christ, expose maintenant que les souffrances qu'il
endure ainsi et qu'il appelle les souffrances du temps présent, ne sont pas
dignes d'être comparées avec la gloire à venir qui doit nous être révélée. Il y
aura beaucoup plus de gloire à partager l'héritage avec Christ qu'il n'y a de
souffrances actuelles avec Lui en attendant. Il ne faut pas confondre ces
souffrances du temps présent que nous partageons, avec Christ, avec celles que
nous pouvons nous attirer par nos propres fautes. Sans doute, nous pouvons
éprouver, même pour celles-ci, les compassions de Christ mais, ce n'est pas
souffrir avec Lui.
Au verset 19, l'apôtre dit que la vive attente de
la création attend la révélation des fils de Dieu. Les hommes sont loin de se
douter d'une telle situation. Sans doute, ils peuvent soupirer après un temps
meilleur, mais au lieu de penser que ce temps doit coïncider avec la révélation
en gloire des enfants de Dieu, ils penseraient plutôt qu'en se débarrassant des
témoins de Dieu et de Dieu lui-même, ils y arriveraient. Mais nous avons ici le
point de vue de Dieu sur l'ensemble de la création, créatures et choses. La
révélation des fils de Dieu est le jour où ils seront manifestés au monde pour
ce qu'ils sont, avec toute la gloire inhérente à la condition de fils.
Aujourd'hui, comme il est dit en Colossiens 3, notre vie est cachée avec le
Christ en Dieu, mais quand le Christ sera manifesté, alors nous serons
manifestés avec lui en gloire.
Le verset 20 nous montre que c'est Adam qui, par
sa chute, a assujetti la création à la vanité. Il n'y a pas eu un acte de
volonté de la création pour cela, aussi il y a une espérance qu'elle sera
affranchie de la servitude de la corruption. Cela ne veut pas dire qu'elle ait
conscience de cette espérance. Elle peut soupirer et être en travail
inconsciemment, comme nous le verrons plus loin, mais c'est tout. Ici, c'est
Dieu qui nous dit qu'il y a une telle espérance pour elle, comme il nous a dit
que cette espérance se réaliserait au jour de la révélation des fils de Dieu.
Les écrits des prophètes sont remplis de déclarations relatives à cette
délivrance dont le règne millénaire sera la glorieuse manifestation.
Les enfants de Dieu seront glorifiés, et cette
gloire coïncidera avec la libération de la servitude de la création. La
création jouira, non de la gloire des enfants de Dieu, mais de la liberté
qu'apportera cette gloire. Ainsi, le loup et l'agneau habiteront ensemble. Ils
ne seront pas glorifiés, mais le loup ne sera plus féroce, et l'agneau n'en
aura plus peur. Ils participeront à la liberté de notre gloire.
Dans les versets 22 et 23, il est dit que toute la
création ensemble soupire et est en travail. L'homme, par son ambition, a forcé
toutes choses, et, au figuré, tout soupire et travaille. La création est comme
une chaudière à vapeur, surchauffée au delà de sa tension normale. Et nous
aussi, enfants de Dieu, nous soupirons en nous-mêmes, d'abord comme faisant
partie de la création dont nous sommes l'organe intelligent, mais surtout parce
que les prémices de l'Esprit nous ont déjà fait goûter quelque chose de la
délivrance, et nous attendons l'adoption, la délivrance de notre corps. La
réception de notre corps glorieux sera le couronnement de notre adoption. Nos
corps mortels seront vivifiés à cause de son Esprit qui habite en nous. En
attendant, nous gémissons de nous trouver avec une vie ressuscitée dans un
corps qui ne l'est pas.
(Versets 24-27) — Les versets 24 et 25 nous
montrent, comme le font beaucoup d'autres passages de la Parole, que le salut
n'est complet que lorsqu'il s'applique au corps, aussi bien qu'à l'âme. Ainsi
envisagé, il est encore à venir, mais comme nous sommes parfaitement sûrs de
cette plénitude du salut de nos personnes, nous pouvons l'attendre avec
patience.
Dans les versets 26 et 27, nous avons le
complément des opérations du Saint Esprit en nous. Aux versets 12 et 13, nous
avons vu le Saint Esprit nous rendant capables de faire mourir les actions du
corps; au verset 14, il est la puissance de notre marche comme fils; aux
versets 15 et 16, il est le témoin de notre adoption; au verset 23, il est les
prémices de notre corps glorieux; ici, il est le soutien de notre faiblesse.
Notre infirmité actuelle est telle que nous ne
savons pas ce qu'il faut demander comme il convient, et combien cela est vrai
dans notre expérience pratique, que de choses peuvent être demandées mal à
propos, mais l'Esprit en nous nous fait éprouver des besoins que notre grande
faiblesse ne nous permettra peut-être d'exprimer que par des soupirs. Et alors,
comme intercesseur, il s'empare de ces soupirs, et va porter à Dieu nos vrais
besoins, et Dieu, sondant nos coeurs, connaît la pensée de l'Esprit qui
intercède pour nous selon Dieu. Combien c'est consolant et encourageant pour
nous!
(Versets 28-39) — Ici, s'ouvre la troisième partie
du chapitre qu'on pourrait intituler: «Dieu pour nous».
On trouve tout de suite dans l'expression: «nous
savons», un contraste avec le «nous ne savons pas», du verset 26. Le «nous
savons» est le terme technique de la foi; le «nous ne savons pas» est celui de
notre infirmité pratique. Nous savons que toutes choses, sans exception, entre
les mains de Dieu, travaillent ensemble pour le bien de ceux qui l'aiment. Ce
n'est pas affaire de progrès spirituels, c'est une certitude pour la foi, dès
le commencement de la vie chrétienne. On ne peut pas dire d'une chose
quelconque: celle-ci ne peut pas concourir à notre bien, non, il est dit
«toutes choses». Dieu sait se servir de tout, même de nos infidélités, quelque
regrettables qu'elles soient, pour produire le bien.
Et quand Dieu parle des siens, il veut bien les
appeler «ceux qui aiment Dieu». Il y a une telle classe de personnes dans le
monde. Nous, nous sommes heureux de nous appuyer sur le fait que c'est Dieu qui
nous aime, mais lui nous nomme ceux qui aiment Dieu, et ce sont ceux-là qui
sont appelés selon son propos.
Or, ce propos nous ramène en arrière jusqu'avant
la fondation du monde (Ephésiens 1: 4). Et cela est d'autant plus remarquable
que le sujet de l'épître aux Romains ne comporte pas de parler des conseils de
Dieu. Or donc, ceux que Dieu a préconnus, c'est-à-dire qu'il a connus à
l'avance, dans ses conseils éternels, il les a prédestinés à un avenir glorieux
qui n'est rien moins que d'être conformes à l'image de son Fils, afin
qu'il soit premier-né entre plusieurs frères. Quand la Parole présente
l'humanité du Seigneur, elle dit que le Fils a été envoyé en ressemblance
de chair de péché, pour sauvegarder sa pureté et sa sainteté essentielles, et
quand elle parle de notre position en gloire, elle présente la conformité à l'image
du Fils, pour sauvegarder sa divinité, cette image étant en rapport avec la forme
glorieuse de son humanité. Au reste, ici, premier-né est un titre glorieux. En
toutes choses, il a la première place.
Le verset 30 est une admirable chaîne, dont le
premier anneau se rattache aux conseils de Dieu avant les temps, et le dernier
se soude à la gloire. Et tous les chaînons sont l'oeuvre de Dieu, selon la
force de l'expression: «Il les a». Il les a prédestinés, il les a appelés, il
les a justifiés, il les a glorifiés. Il s'agit de l'accomplissement, par Dieu,
de ses propres conseils, de sorte que tout est aussi sûr que lui-même.
Après de telles déclarations, peut-il rester une
crainte quelconque dans nos coeurs quant à nos difficultés présentes? «Que
dirons-nous donc à ces choses? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?»
Celui qui, dans son grand amour, a fait le plus, ne fera-t-il pas le moins?
«Celui même qui n'a pas épargné son propre Fils, mais qui l'a livré pour nous
tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec
Lui?» «Librement» exprime que ce n'est pas à regret que Dieu ajoutera tout ce
qui est nécessaire pour le temps présent. L'éternité est assurée, le présent ne
le serait-il pas? Et «toutes choses» sont données avec Christ. Ce «avec»
est plus que «en même temps» que Christ. Ici, il n'est pas dit, comme, en Luc
12, à propos du royaume que toutes ces choses nous seront données par-dessus,
non, toutes les choses que Dieu ajoute au don de son Fils, Dieu nous les donne avec
lui. Christ se trouve identifié avec tout ce que Dieu nous donne, de sorte qu'en
jouissant de tous ces dons divers, nous le faisons dans la jouissance du don de
Jésus lui-même. Ainsi, même un morceau de pain nous est donné avec Jésus. En
jouissant des bontés de Dieu, nous jouissons de Celui que Dieu nous a donné.
Le verset 33 montre que nous sommes inattaquables
dans la position que Dieu, nous a faite. La question posée ici n'est pas: «Qui
accusera les élus?» mais: «Qui intentera accusation contre des élus de Dieu?»
C'est Dieu qui est en cause. De même, puisque c'est Dieu qui justifie, où
trouvera-t-on une autorité supérieure qui puisse condamner? Il est remarquable
que le passage d'Esaïe 50: 7, 8, auquel il est fait allusion ici et qui là
s'applique directement à Christ, nous est appliqué à nous-mêmes, tant il est
vrai que le croyant a la même part que Christ. Lui avait les hommes et Satan
contre lui, mais Il pouvait dresser sa face comme un caillou, car Dieu le
justifiait en vertu de ses propres perfections. Et nous, nous sommes aussi
justifiés par Dieu, en vertu de l'oeuvre de la rédemption et vus en Christ, au
travers de ses perfections, nous n'avons pas plus à craindre que Lui.
Cette oeuvre de la rédemption est rappelée au
verset 34: «C'est Christ qui est mort», mais il est aussitôt ajouté: «Mais
plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu». Un Christ
qui serait resté dans la mort aurait été un Christ impuissant, mais sa
résurrection et sa séance à la droite de Dieu, parlent de puissance, et c'est
un tel Christ qui intercède pour nous. L'expression: «intercède» indique une
action continuelle de la sacrificature de Christ dans la gloire. Il n'est pas
dit qu'il intercédera quand nous le lui demanderons. Hélas! que de fois nous oublierions
de le faire!
Au verset 35, vient la question: «Qui est-ce qui
nous séparera de l'amour du Christ? Tribulation, ou détresse, ou persécution,
ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée?» Ce sont des choses ordinaires que
nous pouvons rencontrer sur notre chemin, mais il n'y a aucune de ces choses
que Lui n'ait éprouvée, lorsqu'il était sur la terre l'homme de douleurs, et le
rejeté des hommes. Il est entré en grâce pour nous dans toutes ces choses, et
lorsque nous sommes appelés à les traverser à notre tour, il y entre en
sympathie avec nous.
Le verset 35 rappelle une parole du Psaume 44,
pour exprimer l'estimation que le monde fait de nous à cause de Christ. Pour
lui, nous sommes bons pour la boucherie. N'est-ce pas ce qui s'est manifesté à
la croix, et qui s'est aussi répété avec les martyrs lorsqu'ils étaient traités
comme des brebis de tuerie? Mais ils ont résisté jusqu'au sang, et ils ont été
plus que vainqueurs par Celui qui les a aimés et en suivant le même chemin que
lui. Oui, dans toutes ces choses énumérées ici, nous sommes plus que vainqueurs
par Lui. Après la victoire, nous constatons que nous avons gagné quelque chose
dans ces difficultés, de sorte que nous sommes effectivement plus que
vainqueurs.
Dans les deux derniers versets du chapitre,
l'apôtre jette un défi aux choses extraordinaires de pouvoir nous séparer de
l'amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur. Nous avons vu, au
verset 35, que lorsqu'il s'agit des choses ordinaires, c'est l'amour de Christ
qui est envisagé, l'amour de Celui qui a traversé ces choses avant nous et,
ici, en présence des choses extraordinaires, l'amour de Dieu se manifeste comme
supérieur à ces choses, cet amour qui a eu sa parfaite expression dans le
Christ Jésus, notre Seigneur.
Toutes les choses ou les êtres, énumérés dans ces
deux versets, sont postérieurs au temps où Dieu, dans son amour en Christ,
avait tout décidé pour nous amener dans la même gloire que son Fils. Ces choses
arrivent donc trop tard pour s'opposer aux conseils de Dieu, et il ne peut y
avoir aucun cas de force majeure pouvant nous séparer de l'amour de Dieu.
En prenant ces choses une à une, on voit, en
effet, ce qui suit: la mort est impuissante, parce que Christ l'a annulée; la
vie, avec ses dangers et ses difficultés, n'est qu'une occasion de nous rendre
plus que vainqueurs; les anges élus sont nos serviteurs, et les anges de Satan
ne peuvent agir que sous le contrôle de Christ; les principautés malignes,
Christ en a triomphé à la croix; quant aux principautés ou autorités terrestres,
elles sont entre les mains de Dieu; les choses présentes concourent toutes à
notre bien; les choses à venir, c'est pour nous la gloire; les puissances,
Christ en est le Seigneur; la hauteur, il n'y a rien au-dessus de Christ, assis
au-dessus de tous les cieux après une entière victoire; la profondeur, Christ y
a été pour nous, jusque dans la mort; aucune autre créature, quel que soit le
caractère envisagé dans un être quelconque, même Satan, Christ le domine; de
sorte que rien ne peut nous séparer de l'amour de Dieu qui est dans le Christ
Jésus, notre Seigneur.
Ainsi, le chapitre a commencé par la déclaration
de l'impossibilité de nous condamner devant Dieu, et il termine en disant que
rien ne peut nous séparer de son amour. La première de ces choses dépend du
fait que nous sommes en Christ devant Dieu, et la seconde de ce que Dieu est
pour nous, en Christ.
Nous entrons maintenant dans la troisième division
de l'épître.
Les premiers chapitres ont placé tous les hommes;
Juifs et gentils, au même niveau, soit quant à la culpabilité, soit quant au
moyen de justification par grâce. Il s'agit maintenant de montrer comment cette
doctrine de la justification par la foi se concilie avec les promesses
inconditionnelles faites aux Juifs. Il faut, en effet, remarquer que si la
désobéissance des Juifs sous la loi les privait des bénédictions établies selon
les termes de cette loi, cela ne pouvait annuler les promesses faites sans
condition à Abraham, de sorte qu'il restait là un point à éclaircir. C'est le
but des chapitres 9 à 11 de notre épître.
(Versets 1-3) — La manière dont l'apôtre introduit
son sujet est bien remarquable. Il invoque Christ, sa conscience et le Saint
Esprit comme témoins de la grande affection qu'il a pour son peuple. On pouvait
l'accuser de renier sa nation, alors qu'il avait une grande tristesse et une
douleur continuelle dans son coeur à cause d'elle, en voyant son état
d'incrédulité. Il n'était pas resté en arrière de Moïse dans son affection pour
son peuple. Si Moïse avait pu dire, en effet, en Exode 32: «Pardonne-leur,
sinon efface-moi de ton livre», Paul dit ici que lui-même avait «souhaité
d'être, par anathème, séparé du Christ pour ses frères, ses parents selon la
chair». Vouloir se sacrifier ainsi indiquait une affection ardente, mais qui
devait demeurer stérile, attendu que Christ seul avait la capacité et le
pouvoir de se donner pour d'autres.
(Versets 4-5) — Après cela, il énumère tous les
privilèges de sa nation, en dehors de toute question de responsabilité: ils
sont Israélites, c'est-à-dire descendants d'Israël, nom de distinction
donné à Jacob, en Genèse 32. Comme peuple, ils ont l'adoption, puisqu'en
Exode 4, l'Eternel dit à Pharaon: «Israël est mon fils, mon premier-né». Ils
ont la gloire, en tant que la présence de Dieu en gloire avait été au
milieu d'eux. Ils avaient été honorés de plusieurs alliances avec Dieu
qui même en avait promis une nouvelle. Ils avaient eu la loi au Sinaï,
et le service divin avait été réglé pour eux par Dieu lui-même dans les
ordonnances lévitiques. Ils étaient héritiers des promesses. Leurs
ancêtres, les pères, avaient été des hommes distingués entre tous, à
partir d'Abraham, Isaac, Jacob, etc.
Mais le plus glorieux de leurs privilèges avait
été que de leur nation, selon la chair, était issu le Christ qui est sur toutes
choses Dieu béni éternellement. Il était impossible à l'apôtre d'oublier ces
choses.
(Versets 6-13) — Dans ces versets, l'apôtre montre
que les voies de Dieu envers Israël ont à leur base deux grands principes:
l'autorité de sa Parole et la souveraineté de Dieu quant à l'élection.
Les Juifs se réclamaient du titre d'enfants
d'Abraham selon la chair et en déduisaient leur droit aux promesses. Mais, en
fait, il y avait d'autres descendants d'Abraham, tels qu'Ismaël et Esaü, qui
auraient pu revendiquer le même droit pour leur postérité s'il n'y avait pas
eu, en outre, en faveur des Juifs, l'autorité de la parole de Dieu. Il y avait,
en effet, une parole de promesse en Genèse 18: 10, confirmée en Genèse 21: 12,
où nous lisons: «En Isaac, te sera appelée une semence».
Puis, quant au principe de l'élection qui repose
sur la souveraineté de Dieu, l'apôtre rappelle non seulement Isaac, choisi
plutôt qu'Ismaël, mais aussi Jacob, choisi plutôt qu'Esaü.
A l'égard d'Ismaël, on pouvait objecter qu'il
n'était pas de la même mère qu'Isaac, mais il n'en était pas de même pour Jacob
et Esaü, qui étaient même jumeaux. Cependant, le propos de Dieu, sur le
principe de l'élection, déclare avant leur naissance, avant qu'ils eussent rien
fait de bon ou de mauvais, que le plus grand serait asservi au plus petit.
L'apôtre cite en même temps Malachie 1: 2, 3, en disant: «Ainsi qu'il est
écrit: J'ai aimé Jacob et j'ai haï Esaü». Il faut remarquer ici que, si
l'asservissement du plus grand au plus petit a été prononcé avant la naissance
de Jacob et d'Esaü, l'affirmation d'avoir aimé l'un et haï l'autre n'a été
prononcée que douze siècles après leur mort et est en rapport avec ce qu'ils
avaient manifesté dans leur vie. Jamais la Parole ne dirait que Dieu a haï
quelqu'un avant sa naissance, mais quand ce quelqu'un a fait lui-même son
histoire, Dieu juge sa vie. Esaü s'était montré profane en méprisant son droit
d'aînesse, tandis que Jacob, malgré ce qu'il y avait de tortueux dans ses
voies, avait pourtant montré qu'il estimait comme une bénédiction de faire
suite à la lignée des pères.
(Versets 14-16) — Le raisonnement humain dira à ce
sujet qu'il y a de l'injustice en Dieu, en ce qu'il choisit l'un et laisse
l'autre. L'apôtre y répond en donnant une preuve du contraire, tirée de
l'histoire du peuple juif, et montrant que Dieu, au lieu de faire apparaître la
justice, ce qui lui était bien facile, en détruisant le peuple, a préféré faire
apparaître sa miséricorde. Après le veau d'or, en effet, et sur l'intercession
de Moïse, Dieu use de sa souveraineté pour faire miséricorde au peuple, au lieu
de le consumer comme il le méritait: «Je ferai miséricorde à celui à qui je
fais miséricorde, et j'aurai compassion de qui j'ai compassion» (Exode 33: 19).
Or, si tout détruire eut été de la justice, on ne peut pas en déduire que faire
miséricorde soit de l'injustice, même si cette miséricorde est limitée dans ses
effets, car Dieu est toujours maître de faire ce qu'il veut, et s'il veut faire
miséricorde, cela dépend de lui seul. «Ce n'est donc pas de celui qui veut, ni
de celui qui court, mais de Dieu qui fait miséricorde». Le peuple avait voulu
le veau d'or, il avait couru après l'idolâtrie, c'était tout ce qu'il avait pu
faire, de sorte que s'il a subsisté, cela n'était dû qu'à la miséricorde de
Dieu, car, sans cela, Moïse et Josué seuls eussent été épargnés.
(Versets 17, 18) — Ici, l'apôtre présente un autre
côté des voies de Dieu en rappelant ce qui est arrivé à Pharaon. Celui-ci
s'était moqué de Dieu en disant: «Qui est l'Eternel pour que j'obéisse à sa
voix et que je laisse aller Israël? Je ne connais pas l'Eternel, et je ne
laisserai pas non plus aller Israël» (Exode 5: 2). Puis, sous les coups de la
verge divine, qui révélaient la puissance de Celui qu'il disait ne pas connaître,
il endurcit son coeur. A la suite des cinq premières plaies, on retrouve
toujours cette parole: «Et Pharaon endurcit son coeur». Alors, après un temps
de patience prolongé, Dieu exécute sur lui un jugement moral: Il endurcit le
coeur du Pharaon (Exode 9: 12). C'est ainsi que Pharaon se trouva suscité, pour
que Dieu montrât en lui sa puissance, c'est-à-dire qu'il est Dieu et qu'il est
inutile à un ver de terre d'essayer de lui jeter un défi. Et cette
démonstration a été faite sur un grand de la terre, pour que toute la terre
apprenne la puissance de Dieu.
Le verset 18 conclut en disant: «Ainsi donc il
fait miséricorde à qui il veut, et il endurcit qui il veut». La force du
passage est dans l'expression «il veut». Il a voulu faire miséricorde à son peuple
et endurcir le coeur du Pharaon, alors que la simple justice aurait été de les
consumer tous deux.
(Versets
19-21) — A cela, le raisonnement humain objectera encore que, puisque Dieu est
souverain et que c'est sa volonté qui s'exécute quand même, il n'a pas à se
plaindre. Ceci dépasse les bornes de ce qui est permis à une créature. C'est
faire comme Job qui, pour se justifier, accusait Dieu. Il faut dès lors faire
taire la créature par un argument sans réplique. A Job, Dieu dit: «D'aucune de
ses actions, il ne rend compte» (Job 33: 13). Ici, il dit: «Qui es-tu, toi, ô
homme, qui contestes contre Dieu?» Un peu d'argile, inerte entre les mains du
potier, c'est-à-dire ayant perdu tous ses droits par son péché et entièrement à
la merci de Dieu. Le potier est libre, l'argile ne peut raisonner.
(Versets 22-29) — La pensée du verset 22 se
rapporte au cas de Pharaon. On peut être étonné de l'expression: «Dieu voulant
montrer sa colère», mais nous devons nous souvenir que la colère de Dieu contre
le mal fait partie de sa gloire, surtout si l'on se rappelle qu'elle s'exécute
après l'exercice de la patience. Nous avons déjà vu, au chapitre 1, que la
colère de Dieu était révélée du ciel, et, au chapitre 2, que l'homme, par son
impénitence, s'amassait pour lui-même «la colère, dans le jour de la colère et
de la révélation du juste jugement de Dieu». Beaucoup d'autres passages de la
Parole nous avertissent de cette colère, tels que Jean 3: 36; Colossiens 3: 6;
1 Thessaloniciens 1: 10, etc.
Dieu a donc supporté avec une grande patience des
vases de colère, tels que le Pharaon et d'autres, tout préparés pour la
destruction. Ce n'est pas Dieu qui les a ainsi préparés; ils se sont préparés
eux-mêmes, par leur dureté et leur coeur sans repentance (Romains 2: 5), à
servir de manifestation de la colère et de la puissance de Dieu, pour sa
gloire.
Mais le verset 23 nous présente un autre côté de
la gloire de Dieu, appelé «les richesses de sa gloire» et, ici, c'est Dieu
lui-même qui a préparé d'avance des vases de miséricorde et qui, ensuite, les a
appelés. Dieu voulait avoir pour lui de tels vases, et il les a préparés à
l'avance. Quelqu'un a dit: «Il fallait bien qu'il en préparât, s'il voulait en
avoir». Oui, sans l'élection personne ne serait sauvé. Laissé à lui-même,
l'homme ne se serait pas tourné vers Dieu, il aurait eu fatalement sa part avec
Satan pour l'éternité. Aussi, en remplissant son ciel de bienheureux, Dieu en
retirera une gloire toute particulière, comme il est dit en Ephésiens 1: 6 «A
la louange de la gloire de sa grâce», et, au verset 18: «Et quelles sont les
richesses de la gloire de son héritage dans les saints».
Le verset 24 montre que, lorsqu'il s'agit des
vases de miséricorde, toute l'oeuvre est de Dieu. C'est Dieu qui les avait
préparés d'avance pour la gloire, c'est Lui aussi qui les a appelés. Cet appel
est direct pour chacun de ces «nous» de notre verset. Il l'avait été pour Paul,
selon qu'il le rappelle en Galates 1: 15: «Dieu, qui m'a mis à part dès le
ventre de ma mère et qui m'a appelé par sa grâce». Il était mis à part, dans la
pensée de Dieu, dès sa naissance, et quand le moment voulu a été là, Dieu l'a
«appelé» directement et personnellement sur le chemin de Damas.
Le «nous» de notre verset est un des rares
exemples où l'expression renferme tous les élus. Dans d'autres épîtres, telles
que les Galates et les Ephésiens, par exemple, le «nous» s'applique aux Juifs
devenus chrétiens, et le «vous» aux gentils. Mais ici, c'est l'ensemble de tous
ceux que Dieu a préparés d'avance pour la gloire et qu'il a appelés, soit
d'entre les Juifs, soit d'entre les gentils.
Au reste, cet appel général, ainsi que le montrent
les versets 25 et suivants, était confirmé par les Ecritures, que les Juifs
possédaient et qui avaient pour eux une autorité irréfutable. L'apôtre cite
premièrement Osée 2: 23, mais il le cite d'après la version des «Septante»:
«J'appellerai mon peuple celui qui n'était pas mon peuple, et bien-aimée celle
qui n'était pas bien-aimée». Dans notre version, nous avons: «Je ferai
miséricorde à Lo-Rukhama, et je dirai à Lo-Ammi: Tu es mon peuple, et il me
dira: Mon Dieu».
Au verset 26, l'apôtre cite aussi Osée 1: 10 «Et
il arrivera que dans le lieu où il leur a été dit: Vous n'êtes pas mon peuple,
là ils seront appelés (non pas mon peuple) fils du Dieu vivant».
Pour nous, à première vue, nous appliquerions ces
deux citations à Israël restauré, mais l'apôtre y trouve que la pensée de Dieu
s'y étend aussi aux nations. L'apôtre Pierre se sert aussi de ces passages
d'Osée pour les appliquer à des chrétiens sortis d'entre les Juifs.
La souveraineté de Dieu avait donc préparé pour la
gloire des vases de miséricorde pris d'entre les Juifs et d'entre les gentils,
et le témoignage des Ecritures confirmait que la pensée de Dieu englobait aussi
les gentils. Les Juifs n'avaient donc qu'à accepter cette souveraineté de Dieu.
Quant à eux, comme peuple, ils devaient aussi
savoir par leurs propres Ecritures, que ce n'était pas la masse qui serait
bénie à la fin. L'apôtre cite, à cet effet, Esaïe 10: 22, 23, pour montrer que
c'est un résidu seul qui sera sauvé au jour où le Seigneur fera une affaire
abrégée sur la terre, c'est-à-dire au jour du jugement rapidement exécuté,
comme une chose en laquelle Dieu ne prend pas plaisir. Puis, l'apôtre cite
encore, dans le même but, Esaïe 1: 9.
Ainsi donc, ni pour les Juifs, ni pour les
gentils, le salut ne s'applique à la masse, mais aux individus.
(Versets 30-33). — Ici, l'apôtre nous donne la
cause de la différence qui existe entre les Juifs et les gentils, relativement
à la justice. Les nations ne poursuivaient en aucune manière la justice, et
elles ont trouvé, c'est-à-dire il a été mis à leur disposition, la justice de
Dieu, ce grand sujet de notre épître, et cela, sur le principe de la foi.
Israël, au contraire, poursuivant une loi de justice, n'est pas parvenu à
accomplir cette loi, parce que ce n'a point été sur le principe de la foi, mais
comme sur le principe des oeuvres, et, sur ce terrain-là, ils ont heurté contre
la pierre d'achoppement, qui était Christ en grâce. L'apôtre cite Esaïe 8: 14
et 28: 16. Le premier de ces passages contient la déclaration que l'Eternel met
en Sion une pierre d'achoppement et un rocher de chute, dans la personne d'un
Sauveur venu, non pas pour les justes, mais pour les pécheurs, et le second
passage déclare que celui qui croit en lui ne sera pas confus.
L'apôtre Pierre cite ces mêmes passages aux
croyants auxquels il écrit, et qui étaient sortis d'entre les Juifs. Il leur
rappelle cette pierre vivante, élue, précieuse, et que celui qui croit en elle
ne sera point confus. Et il ajoute: «C'est pour vous qui croyez qu'elle a ce
prix». Pour les autres, hélas! c'est une pierre d'achoppement et un rocher de
chute.
(Versets
1-4) — Nous avons vu, au chapitre précédent, qu'un résidu seul devait être
sauvé en Israël. Ici, le souhait du coeur de l'apôtre et sa prière à Dieu est
que ce résidu soit aussi grand que possible. Au chapitre 11: 26, nous verrons
que tout Israël sera sauvé, c'est-à-dire l'Israël de Dieu, et non pas
l'ensemble de tous les Israélites selon la chair. Tant que le résidu est
entouré de méchants en Israël, il demeure résidu au milieu d'eux, mais lorsque
le jugement aura fait disparaître ces méchants, alors le résidu deviendra
Israël.
L'apôtre dit, au verset 2, que les Juifs avaient
du zèle pour Dieu, mais non selon la connaissance. Il en était lui-même un
exemple avant sa conversion. Ce zèle avait même été jusqu'à persécuter
l'Assemblée, comme il le rappelle en Philippiens 3: 6.
Les Juifs ignoraient la justice de Dieu, telle que
nous l'avons dans notre épître, et ils cherchaient à établir leur propre
justice, sur le pied de l'obéissance à la loi. Ainsi, ils ne se sont pas soumis
à la justice de Dieu. Ils ne voulaient pas accepter le jugement que Dieu a
porté sur l'état de tout homme dans la chair, et surtout de ceux qui, comme
Israël, étaient sous la loi. Il en résultait qu'ils n'acceptaient pas non plus
le moyen de grâce que Dieu a procuré pour sortir de cet état, c'est-à-dire la
rédemption qui est dans le Christ Jésus.
«Car Christ est la fin de la loi en justice à tout
croyant». Ce que la loi indiquait en figure dans toutes les ordonnances
lévitiques, Christ l'a pleinement accompli, l'ombre des biens à venir a été
remplacée par la réalité en Christ, de sorte qu'une fois arrivé à Christ, c'en
est fini de la loi, comme l'apôtre le dit en Galates 3: 24: «La loi a été notre
conducteur jusqu'à Christ».
(Versets 5-13) — Nous avons ici les deux justices,
celle de la loi et celle de la foi. Il est bien remarquable que l'apôtre trouve
dans les écrits de Moïse, l'expression de la justice qui est sur le principe de
la foi, aussi bien que celle qui est de la loi. Pour cette dernière, c'est tout
simple: «Celui qui aura pratiqué ces choses vivra par elles», c'est-à-dire
qu'il aura la vie sauve. C'est, en quelque sorte, une simple justice humaine.
Il n'en est pas de même de la justice qui est sur le principe de la foi. En
Deutéronome 30, que cite l'apôtre, tout est perdu pour Israël sur le pied de la
responsabilité et de l'obéissance à la loi, mais il y a des promesses pour un
résidu repentant, dont Dieu circoncira le coeur aux derniers jours.
Dans notre chapitre, l'apôtre montre que Dieu a
devancé la bénédiction pour le croyant, en accomplissant par Christ la
rédemption. Dès lors: «Qui montera au ciel?» est un fait accompli en Christ, de
même que: «Qui descendra dans l'abîme?» Christ est descendu jusque dans le
sépulcre et, ressuscité d'entre les morts, est monté au-dessus de tous les
cieux. C'est ce que nous trouvons aussi en Ephésiens 4: 9, 10: «Or, qu'il soit
monté, qu'est-ce, sinon qu'il est aussi descendu dans les parties inférieures
de la terre? Celui qui est descendu est le même que celui qui est aussi monté
au-dessus de tous les cieux, afin qu'il remplit toutes choses». Il s'en suit
que maintenant, pour le croyant, «la parole qui est près de toi, dans ta bouche
et dans ton coeur», c'est l'Evangile. C'est là, la parole de la foi qui est
prêchée.
Là où cette parole est reçue, elle amène à
confesser de bouche Jésus comme Seigneur, et à croire de coeur que Dieu l'a
ressuscité d'entre les morts, et alors on est sauvé. La foi, dans le coeur,
c'est ce que Dieu voit, et la confession de bouche, c'est ce que les hommes
entendent. Et l'Ecriture dit: «Quiconque croit en Lui ne sera point confus».
Mais cette dernière déclaration s'appliquant à
«quiconque», amène un nouveau développement en rapport avec le sujet général du
chapitre. Nous avons déjà vu que cette justice, sur le principe de la foi,
n'admet pas de différence entre Juif et Grec; ici, se classe un fait nouveau,
Jésus est le Seigneur de tous, Juifs ou Grecs, et, dans cette
seigneurie, il lui convient d'être riche envers tous ceux qui
l'invoquent, ainsi que Joël l'avait déjà annoncé: «Car quiconque
invoquera le nom du Seigneur sera sauvé». Quel bonheur pour nous!
(Versets 14-21) — Ce qui précède nous a montré le
caractère universel de l'Evangile. Nous avons vu aussi que cet Evangile met
l'âme en rapport avec une personne dont l'autorité est reconnue, c'est le
Seigneur, et qu'il s'agit d'invoquer son nom. Mais comment les Juifs
invoqueront-ils celui en qui ils n'ont pas cru? Et comment croiront-ils
en celui dont ils n'ont point entendu parler? Et comment entendront-ils
sans quelqu'un qui prêche? Prêcher l'Evangile, c'est prêcher Christ, et pour
que quelqu'un le prêche, avec l'approbation de Dieu, il faut qu'il soit envoyé,
et on sent très bien ici qu'il s'agit d'être envoyé de Dieu. Aucun homme, ou
aucun groupe d'hommes n'est compétent pour envoyer. C'est le maître de la
moisson qui pousse des serviteurs dans sa moisson. Les écritures des Juifs
avaient déjà dit: «Combien sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, qui
annoncent de bonnes choses». Il est remarquable de constater que la manière de
citer ce passage d'Esaïe 52: 7, montre l'extension que la prédication a prise
en faveur des gentils. Il a été, en effet, supprimé dans cette citation
l'expression «sur les montagnes», qui aurait appelé l'attention sur les
montagnes d'Israël, et la fin du verset, «qui dit à Sion: Ton Dieu règne», qui
lui aurait donné un sens restrictif.
«Mais tous n'ont pas obéi à l'Evangile, car Esaïe
dit: Seigneur, qui est-ce qui a cru à ce qu'il a entendu de nous?» Ainsi donc,
du temps d'Esaïe, et même bien avant, comme nous l'avons vu pour Deutéronome
30, de bonnes nouvelles, des nouvelles de bonheur, étaient annoncées à Israël.
Ce n'était pas le salut accompli, qui a commencé par être annoncé par le
Seigneur, et confirmé ensuite par ceux qui l'avaient entendu, mais c'était le
salut à venir sur le pied de la grâce et de la nouvelle naissance, et c'est en
face de cette prédication que les Juifs se sont montrés incrédules. «Qui est-ce
qui a cru?» La foi seule pouvait les rendre participants des bénédictions
annoncées.
Mais «la foi est de ce qu'on entend, et ce qu'on
entend par la parole de Dieu» (verset 17). La puissance productrice de la foi,
c'est la parole de Dieu, cette parole qui est dite vivante et opérante, en
Hébreux 4: 12, et qui communique une semence incorruptible, une vie qui ne peut
pécher (1 Pierre 1: 23). Ce n'est donc pas en l'homme que se trouve la capacité
de croire. La foi est un don de Dieu, et quiconque entend la Parole est responsable
de croire, car la puissance est là, et ce n'est qu'en présence de l'incrédulité
du coeur qu'elle n'opère pas.
Nous avons vu, dans les versets 15 et 16, que les
Juifs avaient été mis à l'épreuve par un témoignage de Dieu qui sollicitait
leur foi; le verset 18 nous montre que tous les hommes avaient eu un témoignage
de Dieu par la création. C'était le commencement de la vérité de Dieu qui, si
elle avait été reçue, aurait été complétée par une plus grande lumière — «leur
voix est allée par toute la terre». — Il y a, en même temps, dans ce passage,
une figure de la grâce, car comme le soleil se lève et parcourt l'étendue,
inondant tout de lumière et de chaleur, ainsi aussi, lorsque Dieu manifeste sa
gloire en faisant grâce, il fait proclamer cette grâce dans tout l'univers.
Tous les hommes auraient dû connaître Dieu, proclamé dans ses oeuvres, comme
nous l'avons vu au chapitre 1: 20, mais il a été méconnu. Ensuite, la loi est
intervenue et a été enfreinte, ne produisant que la mort, de sorte que maintenant
Dieu, se manifestant en grâce, se fait connaître aux gentils comme aux Juifs.
Les versets 19 à 21 rappellent qu'Israël aurait dû
connaître ces choses. Moïse était le premier qui l'avait annoncé en Deutéronome
32: 21, où l'Eternel, après avoir prévu que le peuple le rejetterait, dit: «Je
vous exciterai à la jalousie par ce qui n'est pas une nation, et je vous
provoquerai à la colère par une nation sans intelligence». Puis Esaïe
s'enhardit tout à fait et dit, en parlant des nations: «J'ai été trouvé…» et en
parlant d'Israël, il l'appelle «un peuple rebelle et contredisant» (Esaïe 65:
1, 2). L'apôtre tire toutes ces citations, tant du Deutéronome que d'Esaïe,
passages qui présentent le peuple en état de rébellion contre Dieu, ayant
rejeté Christ, et ayant ainsi perdu tout droit à la bénédiction, car la grâce
accordée aux nations implique toujours qu'Israël a rejeté le conseil de Dieu.
(Versets
1-10) — Après tout ce qui précède, on est amené à se demander, en présence du
rejet d'Israël incrédule, si cette réjection est définitive, et l'apôtre donne
des preuves qu'il ne peut en être ainsi. D'abord lui-même, personnellement, en
est un témoin, puis Israël comme peuple, considéré dans le résidu, a été
préconnu, et Dieu ne l'a pas rejeté, car, comme il est dit plus loin: «Les dons
de grâce et l'appel de Dieu sont sans repentir» (verset 29).
Dans les versets 2 à 5, l'apôtre rappelle le cas
d'Elie qui se croyait seul fidèle au temps d'Achab et de Jézabel, et qui fait
requête à Dieu contre Israël, en contraste avec Moïse (Exode 32). Elie,
découragé, se croyait seul, et pourtant, il savait qu'Abdias avait préservé
cent prophètes de l'Eternel pour les faire échapper à la méchanceté de Jézabel
(1 Rois 18). Alors l'Eternel lui révèle qu'il s'est réservé sept mille hommes —
un nombre complet — qui n'avaient pas fléchi le genou devant Baal. Ce résidu
n'avait pas la force de se montrer publiquement pour l'Eternel, mais il lui
était tenu compte de s'être abstenu de participer à l'idolâtrie. Dieu ne se
laisse jamais sans témoignage, et il connaît ses témoins avant que ceux-ci
soient publiquement manifestés. C'est, ce que dit notre verset 5: «Ainsi donc,
au temps actuel aussi, il y a un résidu selon l'élection de la grâce».
Effectivement, il y avait, du temps de l'apôtre, des milliers de Juifs qui,
individuellement, avaient cru, et formaient ce résidu.
Le verset 6 rappelle que c'est par grâce que Dieu
se suscite des témoins fidèles, de sorte que le principe des oeuvres est
totalement exclu, autrement ce ne serait pas la grâce; c'est pourquoi, au
verset 7, Israël, ayant voulu se placer sur ce principe des oeuvres, n'a rien
obtenu. Mais le groupe, préconnu de Dieu parmi les Juifs, l'élection qui est
sur le principe de la grâce, l'a obtenu, et les autres ont été endurcis. Au
reste, cet endurcissement avait aussi été prévu par l'Ecriture, comme le
rappellent les versets 8 à 10. Moïse, d'une part, en Deutéronome 29: 4, Esaïe,
d'autre part, en 29: 10, ainsi que le Psaume 69: 22, avaient prédit cet
endurcissement.
(Versets 11-15) — L'apôtre révèle ici que les
Juifs n'ont pas bronché, afin qu'ils tombassent sans retour, mais il fallait
que les voies de Dieu relativement aux nations s'accomplissent. Nous avons déjà
vu que c'est lorsque Israël est mis de côté que la bénédiction s'étend aux
nations. Par la chute des Juifs, le salut parvient aux nations, pour exciter
les Juifs à la jalousie (verset 11).
Dans les versets suivants, l'apôtre signale les
richesses des voies de Dieu. Si la chute des Juifs est une occasion d'enrichir
le monde, quelle ne sera pas leur plénitude, c'est-à-dire le moment où
l'ensemble des bénédictions qui leur ont été promises sur le pied de la grâce,
leur seront accordées? Ce sera comme un surcroît de richesses pour les nations.
«Car si leur réjection est la réconciliation du monde, quelle sera leur
réception, sinon la vie d'entre les morts?» A ce moment, en effet, tout sera
moralement renouvelé en puissance de résurrection: Israël, restauré, vivifié,
selon Ezéchiel 37; les nations bénies sur la terre, la création délivrée de la
servitude de la corruption, l'Eglise glorifiée et manifestée avec Celui qui l'a
unie à Lui dans son triomphe sur la mort. Ce sera bien vraiment alors, à tous
les points de vue, la vie d'entre les morts.
En attendant, Paul, tout en faisant valoir son
ministère comme apôtre des nations, nous montre l'intérêt constant qu'il porte
à son peuple, qu'il appelle ici sa chair, qu'il voudrait exciter à la jalousie,
de sorte que plusieurs d'entre ce peuple, fussent sauvés.
(Versets 16-22) — Nous entrons ici dans un nouveau
sujet quant à la position dispensationnelle d'abord des Juifs et ensuite des
gentils, en témoignage sur la terre.
Nous avons vu, dans ce qui précède, que Dieu a
fait à Abraham des promesses de bénédiction à la suite de sa foi et qu'il n'a
attaché aucune condition à leur accomplissement. C'est l'histoire de cet
accomplissement des promesses qui nous est donnée ici sous la figure d'un
arbre, un olivier, dont Abraham était la racine. Cette racine prenant sa
nourriture en Dieu même, dans sa parole immuable, ne peut manquer de se
développer: la racine est sainte. Abraham, le premier, saisissant la promesse
par la foi, a goûté les prémices des bénédictions à venir. Ces prémices sont
saintes, la masse ou les branches le sont aussi. Au point de vue de la mise à
part par Dieu et pour Dieu, cet arbre des promesses était saint, racine, tronc
et branches. Voilà l'aspect général de cet arbre. Et, en passant, nous pouvons
remarquer que cet arbre, étant un olivier, est celui qui produit la graisse par
laquelle Dieu et les hommes sont honorés (Juges 9: 9).
Le tronc et les branches de cet arbre ont été
Israël, les descendants directs d'Abraham, car il s'agit ici de ce qui se
manifeste sur la terre, extérieurement, et non de la descendance spirituelle
d'Abraham comme père des croyants. Or, il est arrivé que quelques-unes
des branches ont été arrachées, non pas toutes, puisqu'il restait un résidu
selon l'élection de la grâce, dont Paul faisait partie, et un olivier sauvage
(les gentils) a été enté au lieu de ces branches, toujours au point de vue du
témoignage sur la terre. Cet olivier sauvage est devenu coparticipant de la
racine et de la graisse de l'olivier, de ce qu'il y avait de saint et de divin
dans l'arbre, mais sur un principe de grâce qui exclut toujours la vanterie. Ce
n'est donc pas que les nations soient quelque chose de plus ou de meilleur que
les Juifs; non, elles sont simplement devenues objets de grâce et rattachées,
comme telles, à la racine qui est toute de grâce. Il importe que les rôles ne
soient pas renversés. C'est la racine qui porte l'olivier sauvage, et non
l'olivier sauvage qui porte la racine. Remarquons aussi que ce n'est pas la
greffe qui est bonne, c'est la racine.
Si des branches de l'olivier franc ont été
arrachées, c'est à cause de leur incrédulité, et les gentils ont été amenés à
jouir des richesses naturelles à l'arbre des promesses, mais ils ne sont debout
que sur le principe de la foi, de sorte qu'ils n'ont pas à s'enorgueillir.
Le verset 21 montre que si les gentils abandonnent
ce principe, ils perdront leur place dans l'arbre des promesses, comme les
Juifs incrédules ont perdu la leur. Ils sont donc invités à considérer la bonté
de Dieu pour y persévérer sur le pied de la foi, sans quoi les branches de
l'olivier sauvage seront coupées à leur tour.
(Versets
23-29) — Quant aux branches juives retranchées à cause de leur incrédulité, il
y a encore de l'espoir pour elles, parce que Dieu est puissant pour les enter
sur leur propre olivier, toujours sur le principe de la foi, c'est-à-dire pour
les rétablir de nouveau dans la position qu'elles occupaient normalement dans
l'arbre des promesses.
D'ailleurs, le verset 25 révèle à cet égard un
mystère qui correspond à l'accomplissement d'un conseil positif de Dieu, de
sorte que les gentils n'avaient pas à s'en prévaloir, c'est que «un
endurcissement «partiel (toujours la pensée que quelques-uns n'ont pas
été endurcis) est arrivé à Israël jusqu'à ce que la plénitude des
nations soit entrée». Le mot «plénitude» ne veut pas dire toutes les nations,
mais la totalité de ceux qui sont introduits sur le pied de la foi.
Après cela, comme le déclarent les versets 26 et
27, tout Israël sera sauvé, c'est-à-dire sera sauvé comme un tout. Le résidu,
formé de ceux qui croiront, sera amené comme étant le peuple de Dieu, reconnu
de Lui, en relation avec Lui. Christ sortira de Sion comme du siège de sa
puissance et détournera l'impiété de Jacob, l'établissant en grâce dans le
bénéfice de la nouvelle alliance: «J'ôterai leurs péchés».
Les versets 28 et 29 montrent qu'Israël n'est pas
rejeté, car tout en étant ennemis en ce qui concerne l'Evangile pour le temps
présent, celui de l'appel des nations, les Israélites sont pourtant bien-aimés
à cause des pères. Dieu ne se repent pas de ses conseils de grâce, ni de
l'appel qui doit en assurer l'exécution.
(Versets
30-36) — Puis, dans les versets 30 à 32, nous voyons que, si le conseil de Dieu
demeure immuable, la manière dont ce conseil s'accomplit fait ressortir la sagesse
merveilleuse de Dieu et provoque le cri d'admiration et de louange des versets
33 à 36.
Les gentils sont restés longtemps dans la
désobéissance de l'incrédulité, mais Dieu intervient en grâce. Alors les Juifs
s'opposent à cette grâce et perdent tout droit aux promesses par leur
incrédulité. Sans doute, les promesses demeurent et doivent s'accomplir,
puisqu'elles sont inconditionnelles, mais un Juif, de même qu'un pauvre gentil,
doit recevoir l'effet de la promesse sur le pied de la pure miséricorde et de
la souveraine grâce de Dieu. Ce n'est pas que la pensée de Dieu ait changé à
l'égard de l'accomplissement de ses promesses, car lorsqu'il les a faites sans
condition, il était déjà dans sa pensée de les réaliser par pure miséricorde,
tant à l'égard des Juifs qu'à l'égard des gentils. Dès lors, dans ses voies, tous
ont été renfermés sous la désobéissance, afin de faire miséricorde à tous.
C'était le seul moyen d'assurer l'effet des promesses. On voit là combien Dieu
est riche et sage, et comme il connaît bien le coeur de l'homme, incapable de
rien produire et même de rien recevoir, si ce n'est sur le pied de la grâce.
C'est pourquoi l'apôtre rappelle qu'une telle pensée, ainsi que les voies qui
en ont assuré la réalisation, est de Dieu seul. C'est aussi par
Lui seul qu'elle a pu s'accomplir, en donnant son Fils, et c'est pour sa
gloire que tout sera manifesté, ainsi que pour la satisfaction de son
propre coeur. Aussi: «A lui soit la gloire éternellement. Amen».
Ainsi se termine cette merveilleuse partie de
notre épître qui déroule devant nous, les conseils et les voies de Dieu en
grâce pour l'humanité tout entière, avec une ampleur de vues incomparable.
Ainsi aussi est conciliée la grâce souveraine et universelle de Dieu avec les
privilèges particuliers d'Israël, basés sur la fidélité de Dieu.
(Versets
1-5) — Nous arrivons à la quatrième division de l'épître, renfermant des
exhortations pratiques en rapport avec ce qui a été enseigné dans les trois
premières parties.
Ces exhortations sont toutes fondées sur les
compassions de Dieu qui ont été devant nous dans les chapitres précédents. On
pourrait dire que cette expression: «les compassions de Dieu», résume toute
l'épître, Dieu ayant «renfermé tous (Juifs et nations) dans la désobéissance,
afin de faire miséricorde à tous». Ces compassions sont le point de départ et
le mobile puissant du service que Dieu attend de chacun de ses rachetés.
Les compassions de Dieu embrassent un champ plus
vaste que sa miséricorde: celle-ci s'applique à notre condition présente
d'infirmité ou de misère, tandis que les compassions sont ce qui se trouve
originairement dans le coeur de Dieu pour le pécheur. C'est en vertu de ces
compassions que, non seulement nous avons été justifiés, mais affranchis et mis
en pleine liberté pour le service. Aussi, n'étant plus esclaves, nous pouvons
offrir nos corps, comme nous l'avons vu au chapitre 6: 13. Ce verset nous
exhorte à nous livrer nous-mêmes à Dieu (esprit, âme et corps), c'est le
principe; puis, à lui livrer nos membres, c'est l'application. Ici, il
s'agit aussi de l'application, d'une consécration pratique de nos corps qui
dépasse de beaucoup la consécration d'Aaron et de ses fils, en Lévitique 8.
Ceux-ci étaient consacrés pour offrir des sacrifices d'animaux morts,
tandis que nous sommes exhortés à présenter nos corps en sacrifice vivant,
saint, agréable à Dieu, ce qui est notre service intelligent. D'autre part, ce
sacrifice, étant une mise à part selon la puissance de l'Esprit, est saint. Il
est aussi agréable à Dieu, en contraste avec les sacrifices offerts sous la loi
(voir Psaumes 40: 6 et Psaumes 51: 16), et c'est notre service intelligent,
c'est-à-dire que nous l'accomplissons avec la connaissance de la pensée de
Dieu, alors que Aaron et ses fils entraient bien peu dans cette pensée, au
point qu'Aaron lui-même, cédant aux sollicitations du peuple, a pu faire le
veau d'or.
Rien n'exprime mieux l'affranchissement du
chrétien que l'offrande qu'il peut faire de lui-même. Etant affranchi de sa
volonté propre qui était opposée à celle de Dieu, il peut s'offrir librement.
Christ n'avait pas d'autre volonté que celle de Dieu: il dit, en entrant dans
le monde: «Je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté». Par grâce, le chrétien
peut entrer dans son service de la même manière.
Le renouvellement de l'entendement, dont il est
parlé au verset 2, est une nouvelle manière de penser, donnée une fois pour
toutes, en principe, par la nouvelle naissance et la possession du Saint
Esprit. Cela nous rend capables d'échapper à la conformité au monde, d'être
transformés pratiquement à la ressemblance de Christ, et de discerner quelle
est la volonté de Dieu. Au lieu de cela, si nous nous conformons à ce siècle,
ce que notre vieille nature désire toujours, nous ne pourrons jamais discerner
quelle est la volonté de Dieu, ni éprouver que cette volonté est bonne,
agréable et parfaite, car c'est le coeur renouvelé seul qui la trouve ainsi, en
communion avec Dieu. Sans ce discernement, il n'y a pas de service intelligent
et pas de communion.
En Matthieu 11: 26, nous voyons comment le
Seigneur apprécie la volonté de Dieu: «Oui, Père, c'est ce que tu as trouvé bon
devant toi».
Les versets 3 à 5 nous montrent que la soumission
à la volonté de Dieu garde dans l'humilité, et empêche de mettre le moi en
avant. Chacun a reçu une grâce particulière pour l'avantage du corps tout
entier, de même que, dans un corps, chaque membre a sa fonction propre pour le
bien du corps. Les «saines pensées» sont celles qui nous amènent à comprendre
quelle est la fonction qui nous est dévolue dans le corps, de manière à la
remplir sans nous tenir en deçà, ni aller au delà, Dieu ayant donné à chacun la
mesure de foi nécessaire pour l'acceptation et l'accomplissement du service qui
lui est confié.
C'était en vertu de la grâce spéciale que Dieu
avait donnée à Paul dans son apostolat, qu'il exhortait ainsi chacun à remplir
humblement la fonction qui lui était attribuée dans le corps.
(Versets 6-8) — Si la grande vérité du corps a été
introduite ici, ce n'est pas qu'elle fasse, à proprement parler, partie du
sujet de l'épître, mais il était nécessaire de la mentionner à un point de vue
spécial, pour bien marquer la part de service qui incombe à chaque membre, en
vue du bien de l'ensemble du corps. Aussi, tous les membres sont envisagés comme
ayant un don de grâce à faire valoir. C'est la capacité spéciale de chacun pour
le service. Et ici, ces dons viennent de Dieu. En 1 Corinthiens 12, ce sont les
dons de l'Esprit qui sont envisagés en vue de l'utilité dans l'assemblée, et en
témoignage au monde. En Ephésiens 4, ils sont donnés par le Seigneur, en vue de
l'édification du corps. Dans ces deux derniers passages, les dons sont limités
à quelques croyants, et sont comme des jointures entre les divers membres du
corps, tandis que, dans notre chapitre, chaque membre est envisagé comme ayant
un don de grâce, ou une capacité pour le service. Examinons-les en détail:
La prophétie
est le premier mentionné, et c'est le plus important, d'après 1 Corinthiens 14:
5. C'est le seul don de cette liste qui se retrouve en 1 Corinthiens 12 et
Ephésiens 4, cités plus haut. Ce don existe encore aujourd'hui, non pour
prédire des choses qui ne seraient pas révélées, puisque la révélation est
complète, mais pour faire ressortir au moment convenable les vérités de la Parole
qui répondent aux besoins de l'âme pour l'édification, l'exhortation et la
consolation, Le prophète doit présenter la Parole de manière à ce que ceux qui
l'entendent puissent dire: «Dieu m'a parlé». C'est ce que Pierre appelle
«parler comme oracle de Dieu» (1 Pierre 4: 11). C'est donc très sérieux de
prendre la parole de la part de Dieu, comme étant la bouche de Dieu. Il faut
bien, pour cela, demeurer selon la proportion de la foi qui a été donnée. La
foi est inséparable du don, c'est ce qu'on a reçu de Dieu qu'on peut donner (1
Corinthiens 15: 3), et pas autre chose.
Après la prophétie vient le service. Tout
fonctionnement des divers membres est un service, mais, ici, le service est
envisagé comme le travail de l'amour, répondant aux divers besoins des saints.
C'est souvent un travail obscur, mais Dieu le voit. Il n'oubliait pas le
service des Hébreux (6: 10). C'est ainsi aussi qu'il est dit que la maison de
Stéphanas s'était vouée au service des saints (1 Corinthiens 16: 15), et c'est
ce que pouvaient avoir fait des veuves, comme en 1 Timothée 5: 10.
Vient ensuite «celui qui enseigne»; c'est celui
qui fait ressortir, des Ecritures, les vérités qu'elles contiennent. Il doit
rester dans sa sphère, s'appliquant à l'enseignement.
Celui qui exhorte, doit également
s'appliquer à l'exercice spécial de son don, présentant la Parole pour
encourager les croyants à la mettre en pratique, pour avertir et aussi pour
consoler (voir 1 Thessaloniciens 2: 11, et 2 Corinthiens 1: 4). Il faut
beaucoup de grâce pour éviter en cela un esprit légal qui ne produirait pas le
bien, et il faut surtout mettre soi-même en pratique les vérités que l'on
présente.
Celui qui distribue, soit ses propres
biens, soit ceux qui lui sont confiés, doit le faire avec simplicité ou
libéralité, selon les besoins qu'il connaît et les ressources dont il dispose.
Celui qui est à la tête, qui marche en
avant comme conducteur d'un troupeau, doit conduire soigneusement,
discernant nettement le bon chemin pour lui-même d'abord, car la marche du
troupeau en dépend. En 1 Timothée 3: 4, 5 et 12, c'est le même mot appliqué à
la conduite de sa propre maison. Le surveillant et le serviteur devaient savoir
bien conduire ou diriger leur propre maison (voir aussi 1 Thessaloniciens 5:
12).
Celui qui exerce la miséricorde doit le
faire joyeusement. La miséricorde est l'exercice de la compassion et de la
bonté, en faveur de ceux dont l'état réclame la pitié, la grâce, l'indulgence,
dans le but d'encourager, de restaurer, de relever; il faut accomplir ce
service joyeusement, car cela répugne quelquefois au coeur naturel d'entrer en
contact avec les misères des autres. Il faut être bien pénétré du besoin que
l'on a soi-même de la miséricorde, pour pouvoir l'exercer envers d'autres.
Enfin, comme observation générale, il faut se
souvenir que l'application des dons mentionnés ici intéresse le corps tout
entier, et pas seulement une assemblée locale, comme c'est le cas pour les
charges locales.
(Versets
9-21) — Dans notre chapitre, comme dans les deux suivants, et, en général, dans
toute l'Ecriture, c'est l'amour qu'on trouve à la base de toutes les
exhortations, soit qu'il s'agisse du service, de la marche chrétienne, ou des
relations avec ceux du dehors et avec ceux du dedans. Mais il peut y avoir une
feinte d'amour. Avec un coeur rempli de haine, on peut se parer des dehors de
l'amour. C'est alors de l'hypocrisie, et l'apôtre exhorte à ce que l'amour soit
sans hypocrisie. L'amour se plaît avec la vérité, comme Jean le fait ressortir
dans ses deux dernières épîtres, et Pierre exhorte ceux qui ont purifié leurs
âmes par l'obéissance à la vérité, à avoir une affection fraternelle sans
hypocrisie, en s'aimant l'un l'autre ardemment, d'un coeur pur (1 Pierre 1:
22). Le coeur pratiquement pur a en horreur le mal, sous quelque forme qu'il
apparaisse, et il tient ferme au bien, ne se contentant pas d'être indigné
quant au mal. Il réalise en même temps l'affection fraternelle qui est une des
manifestations variées de l'amour, et n'a pas de peine à rendre l'honneur aux
autres, au lieu de l'exiger pour lui-même. Nous devons être les premiers
à le rendre aux autres, nous considérant toujours comme débiteurs et jamais
comme créanciers.
Au verset 11, trois choses sont liées: «pas
paresseux, fervents en esprit, servant le Seigneur». Il faut persévérer dans
l'activité, lutter contre le relâchement qui se lie facilement au repos après
une période d'activité. Il faut aussi être fervents en esprit ou par l'Esprit,
c'est-à-dire dans un état caractérisé par la présence et l'action du Saint
Esprit, c'est ce qui rend fervents ou brûlants pour le service. C'est
l'interprétation du mot séraphin, employé en Esaïe 6, pour nommer ces anges qui
brûlent d'ardeur afin de célébrer d'une manière incessante ce qu'est l'Eternel
et le servir. Avec cette activité et cette ferveur d'esprit, on sert le
Seigneur. Marthe n'était pas paresseuse, mais elle manquait de ferveur, tandis
que Marie, était fervente en esprit, son coeur brûlait pour Christ, et elle
pouvait servir le Seigneur avec intelligence. C'est toujours Lui l'objet du
service.
Au verset 12, nous avens encore trois choses: se
réjouir dans l'espérance, être patient dans les tribulations, et persévérer
dans la prière. L'espérance de la venue du Seigneur réjouit le coeur et donne
la patience dans les tribulations. Les Thessaloniciens réalisaient la patience
d'espérance. Ce qui est devant nous, c'est toujours le Seigneur et la
délivrance par lui. C'est pourquoi, dans les Psaumes, les saints ont la
certitude que le Seigneur leur donnera la délivrance, et ils disent: «Jusques à
quand?» En attendant, il faut persévérer dans la prière.
Au verset 13, c'est l'amour envers les saints qui
se montre, en subvenant à leurs nécessités et en pratiquant l'hospitalité. S'il
n'y a pas d'amour, les bourses et les portes sont à peine entr'ouvertes.
Au verset 14, c'est l'amour envers le monde
hostile qui rend capable de bénir au lieu de maudire. Bénir ceux qui nous
persécutent n'est pas naturel, mais possible, comme nous le voyons aussi
recommandé par le Seigneur, en Matthieu 5: 44, «afin que vous soyez les fils de
votre Père qui est dans les cieux». C'est son caractère de grâce qui doit être
reproduit en nous, ses enfants.
Au verset 15, nous avons l'amour en sympathie
envers tous ceux qui se réjouissent ou qui pleurent. L'amour dispose le coeur à
entrer dans les circonstances de chacun, comme on l'a vu d'une manière si
touchante dans la vie du Seigneur.
Au verset 16, il s'agit d'avoir les uns envers les
autres un même sentiment, fruit de l'amour, qui se lie avec l'humilité quant à
soi-même, comme nous le voyons en Philippiens 2, alors on ne pense pas aux
choses élevées, et on fait plus que de penser aux humbles, on s'y associe. Si
notre état moral est bon, nous trouverons notre bonheur dans ce qui est humble.
C'est encore un caractère de Celui qui était humble de coeur. Quant à
l'exhortation de ne pas être sage à nos propres yeux, nous la trouvons
littéralement en Proverbes 3: 7, et au chapitre 26: 12, il est dit: «As-tu vu
un homme sage à ses propres yeux? Il y a plus d'espoir pour un sot que pour
lui».
Du verset 17 à la fin du chapitre, nous avons ce
qui doit être l'attitude du chrétien devant tous les hommes, même si l'on
trouve chez eux l'hostilité. Les exhortations à cet égard sont résumées dans le
verset 21: «Ne sois pas surmonté par le mal, mais surmonte le mal par le bien».
Cela a lieu en traversant le monde dans un esprit de grâce. Là encore, comme le
dit Pierre, Christ nous a laissé un modèle, afin que nous suivions ses traces
(1 Pierre 2: 21-23).
(Versets
1-7) — L'apôtre présente ici l'attitude que le croyant doit avoir vis-à-vis de
l'autorité humaine: c'est la soumission. Cette autorité est de Dieu, sous
quelque forme qu'elle soit établie. Dès lors, le chrétien n'a pas à se
préoccuper du caractère, ni de la manière d'agir de ceux qui détiennent
l'autorité. Ils sont responsables envers Dieu, qu'ils le veuillent ou non, et
le chrétien est responsable de leur être soumis, sachant que Dieu est au-dessus
de tout. Il est dit dans notre verset 1: «Que toute âme se soumette aux
autorités qui sont au-dessus d'elle». C'est l'ordre établi de Dieu pour tous
les hommes, par conséquent, le croyant doit être le premier à s'y
soumettre. L'autorité a été donnée à l'homme après le déluge, lorsque Dieu mit
dans sa main l'épée qui devait réprimer la violence. Il dit alors à Noé: «Qui
aura versé le sang de l'homme, par l'homme son sang sera versé» (Genèse 9: 6),
et lorsque Israël cessa d'être le centre du gouvernement de Dieu dans ce monde,
l'autorité fut placée entre les mains des gentils. Au moment où l'apôtre
écrivait, les croyants étaient sous l'autorité de Néron, empereur de triste
mémoire, et il fallait néanmoins voir en lui et dans ses représentants l'autorité
ordonnée de Dieu, et y être soumis. Dans la soumission, il y a l'idée de
l'acceptation des actes de l'autorité sans plainte et sans critique — et c'est
cette soumission qui doit caractériser le chrétien. Sans doute, il peut y avoir
des cas où deux autorités étant en opposition formelle, celle de l'homme et
celle de Dieu, le chrétien peut dire: «Jugez s'il est juste devant Dieu de vous
écouter plutôt que Dieu» (Actes des Apôtres 4: 19), mais, même dans ce cas,
c'est la soumission qui caractérise le croyant, puisqu'il agit par obéissance à
une autorité supérieure.
Mais si l'on résiste à l'autorité, c'est résister
à l'ordonnance de Dieu et s'attirer le jugement de Dieu, soit par cette
autorité même, soit directement. Au reste, en faisant le bien, il n'y a pas à
craindre le magistrat qui est serviteur de Dieu pour louer le bien et punir le
mal, c'est-à-dire maintenir un ordre relatif au milieu des hommes, et c'est une
grâce de Dieu qu'il en soit ainsi, surtout dans les temps fâcheux que nous
traversons. Nous devons donc prier pour l'autorité, selon 1 Timothée 2: 2, et
repousser tout ce qui pourrait tendre à l'affaiblir, car le rejet de l'autorité
conduit à l'anarchie et à la prédominance du mal.
Le verset 5 nous montre que le principe de la
soumission ne doit pas reposer seulement sur la crainte du châtiment, comme
cela a lieu parmi les hommes, mais sur la conscience placée en la présence de
Dieu qui l'éclaire et la dirige. La pensée de Dieu dirige la conscience dans
une foule de choses qui échappent à l'autorité. La première chose qui doit
marquer la soumission à l'autorité, c'est le payement intégral des tributs. Ce
que le gouvernement d'un pays exige sous cette forme fait partie du service que
le magistrat accomplit de la part de Dieu.
Au reste, comme nous le dit le verset 7, il faut
rendre à tous ce qui leur est dû, tribut, péage, crainte et honneur, à
l'exemple du Seigneur qui a payé l'impôt du temple, et qui a dit: «Rendez à
César ce qui est à César», et qui, devant Pilate, a reconnu que le pouvoir que celui-ci
détenait, lui avait été donné d'en haut (Jean 19: 11).
(Versets 8-10) — Le principe posé au verset 8, de
ne rien devoir à personne doit être retenu scrupuleusement, quelque objection
que l'on puisse opposer à sa réalisation. Toutefois, il est une dette que nous
ne pourrons jamais éteindre, tout en nous en acquittant chaque jour, c'est
celle de nous aimer les uns les autres. L'amour, nous l'avons vu, est le grand
principe qui est à la base de tout dans ces chapitres 12 à 16. L'amour est la
somme de la loi, comme le Seigneur lui-même l'a montré, en Marc 12: 29-31. Tout
ce que la loi exigeait est accompli par l'amour. Le croyant étant rendu
participant de la nature divine qui est amour, peut ainsi aimer, et accomplir
la loi avant que celle-ci fasse valoir ses droits. Et, de fait, pour accomplir
ce que la loi demande, il ne faut plus être sous la loi.
(Versets 11-14) — Après l'amour, un autre motif
est donné au verset 11, pour faire le bien: c'est la proximité de la venue du
Seigneur. La nuit morale dans laquelle le Seigneur a laissé ce monde est fort
avancée, le jour s'est approché; le salut, la pleine délivrance, est plus près
de nous que lorsque nous avons cru. La tendance a toujours été de s'endormir,
ce qui est naturel dans la nuit, si l'on ne déploie pas une certaine énergie.
C'est ce qui arrive dans la parabole des vierges de Matthieu 25. Aussi, la
Parole exhorte-t-elle souvent à veiller (1 Corinthiens 15: 34; Ephésiens 5: 14;
2 Pierre 1: 13).
Si le jour est près de luire par l'apparition de
Christ, tout, dans notre marche, doit être réglé en vue de cette pleine lumière
qui manifeste tout, même les choses cachées et les conseils des coeurs (1
Corinthiens 4: 5). Personne ne voudrait être trouvé faisant le mal quand le
Seigneur viendra; pour cela, il ne faut pas le faire maintenant, car Il peut
venir à l'instant même. Il faut donc rejeter les oeuvres des ténèbres et
revêtir les armes de la lumière. Si nous marchons dans la lumière, nous sommes
pourvus d'une armure qui fait fuir tout ce qui est des ténèbres, comme le
soleil fait fuir la nuit.
Aussi, le verset 13 nous dit-il qu'il faut se
conduire honnêtement comme de jour. Ne sommes-nous pas des fils de la
lumière et des fils du jour, comme le dit 1 Thessaloniciens 5: 5? Aussi ne
devons-nous avoir rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres
(Ephésiens 5: 11), dont la liste est donnée dans notre verset.
Mais cela ne suffit pas de se conduire
honnêtement, car, dans une certaine mesure, un homme du monde peut le faire,
s'il s'agit de s'abstenir de ces péchés grossiers mentionnés ici. Il faut en
outre revêtir le Seigneur Jésus Christ, et ne pas prendre soin de la chair pour
satisfaire à ses convoitises. Ceci, un chrétien seul peut le faire par la
puissance de l'Esprit de Dieu. Revêtir le Seigneur Jésus, c'est montrer au
monde les caractères que Christ y a manifestés, en ayant soin de ne pas laisser
agir la chair à laquelle nous ne devons rien que la mort, et qui compromettrait
tout notre témoignage. Il s'agit ici, d'avoir revêtu pratiquement le nouvel
homme, comme en Ephésiens 4: 24, et non pas seulement d'avoir endossé la livrée
chrétienne, comme en Galates 3: 27.
Ce chapitre traite des devoirs réciproques des
frères entre eux, et notamment entre les frères sortis du judaïsme et ceux sortis
du paganisme. Les frères d'origine juive avaient la tendance de juger leurs
frères d'entre les gentils, parce que ceux-ci n'observaient aucune des
prescriptions de la loi, et ces derniers, de leur côté, avaient la tendance de
mépriser ceux qui se laissaient asservir par les ordonnances lévitiques, alors
que la doctrine du Christ affranchissait de toute obligation charnelle. De là,
deux grandes divisions dans les exhortations de notre chapitre: l'une, du
verset 3 au verset 13, s'adressant spécialement à ceux qui jugent, et l'autre,
du verset 15 au verset 23, s'adressant à ceux qui méprisent, le verset 14 étant
une sorte de trait d'union entre les deux, et les versets 1 et 2 une
introduction.
(Versets 1, 2) — Au verset 1, il s'agit de
recevoir dans l'assemblée celui qui est faible en foi, c'est-à-dire dont la foi
n'a pas encore saisi toute la portée de la délivrance dont il est l'objet en
Christ, surtout au point de vue des ordonnances charnelles. Cet état le rend
incapable de discerner nettement la pensée de Dieu, dans de certains cas
appelés ici des questions douteuses, pour lesquelles il fallait du discernement
spirituel. L'examen de telles questions n'aurait été profitable ni pour lui, ni
pour les autres, et il convenait qu'il s'en abstint.
Puis, au verset 2, se présentent les deux grandes
classes dont nous avons déjà parlé: celui qui mange de toutes choses, c'est le
gentil converti, et celui qui est faible et qui mange des herbes, c'est le Juif
converti.
(Versets 3-13) — Or, il ne fallait pas que celui
qui mangeait (le frère gentil) méprisât le frère juif mal éclairé qui ne
mangeait pas, et il ne fallait pas non plus que ce dernier jugeât son frère
gentil qui n'était plus un homme du dehors, mais quelqu'un que Dieu avait reçu.
En fait, les uns et les autres étaient reçus sur le même terrain de la grâce et
de la foi, et ils devaient se considérer ainsi.
Dans ces versets, l'apôtre donne plusieurs raisons
pour s'abstenir de juger son frère; au verset 3, «Dieu l'a reçu»; au verset 8,
le croyant vit ou meurt, ayant égard au Seigneur; au verset 10, il nous faut
tous comparaître devant le tribunal de Dieu; et au verset 13, l'amour fraternel
craint de faire broncher son frère.
Au verset 4, le croyant doit être considéré par
son frère comme étant le domestique d'autrui, c'est-à-dire de Dieu. C'est donc
pour Dieu qu'il agit et vis-à-vis de lui seul qu'il est responsable de se tenir
debout ou de tomber. Il est donc déplacé de le juger. Au reste, il sera tenu
debout, car cela dépend du Seigneur qui est puissant pour tenir debout son
propre domestique; c'est son affaire, et tout ira bien avec un tel maître. En
cela, le croyant est considéré dans son état normal.
Au verset 5, il s'agit de la manière d'apprécier
la valeur des jours de l'année. Il fallait que chacun fût pleinement persuadé,
dans son propre esprit, qu'il ait affaire avec Dieu pour cela et qu'il n'agisse
pas par entraînement. Evidemment, la question du jour du Seigneur ou du
dimanche n'est pas envisagée ici. Il s'agit de ces jours que la loi avait mis à
part et, en quelque sorte, sanctifiés en rapport avec diverses circonstances
terrestres.
Néanmoins, un chrétien non affranchi pouvait avoir
égard à de tels jours (voir aussi Galates 4: 10) à cause du Seigneur, pensant
qu'il ne devait pas abandonner ce que Dieu avait autrefois établi. De même,
celui qui mangeait de toutes choses et celui qui n'en mangeait pas, pouvaient
agir en vue du Seigneur et rendre grâces à Dieu. Ici, ce sont les motifs de
l'acte qui sont envisagés et appellent le support.
Dans les versets 7 à 9, le croyant racheté ne
s'appartient plus: il ne vit ni ne meurt, ayant égard a lui-même: sa vie tout
entière, comme sa mort, se réalise eu égard au Seigneur, c'est-à-dire a lieu,
en quelque sorte, pour le compte du Seigneur. C'est comme en Actes 13: 36, où
l'apôtre, en parlant du roi David, dit qu'après avoir, en sa propre génération,
servi au conseil de Dieu, s'est endormi. Sa vie a servi à Dieu et, quand elle a
été terminée, David fut retiré à Dieu. De même avec Siméon, en Luc 2: 29:
«Maintenant, Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix». Et Paul dit de
lui-même: «Je ne fais aucun cas de ma vie, ni ne la tiens pour précieuse à
moi-même, pourvu que j'achève ma course et le service que j'ai reçu du
Seigneur» (Actes des Apôtres 20: 24). Cela est vrai de chaque croyant, car il
est un esclave du Seigneur, non seulement dans ce monde, mais aussi après. Il
lui appartient pour toujours, et «c'est pour cela que Christ est mort et qu'il
a revécu, afin qu'il dominât et sur les morts et sur les vivants». C'est pour
nous une grande consolation en pensant à ceux qui sont délogés, mais ici cela
est présenté pour montrer qu'il n'y a pas de distinction à faire entre un frère
faible ou un autre, chacun appartenant en propre au Seigneur.
D'autre part, pourquoi juger ou mépriser son
frère? Les versets 10 à 12 nous montrent que c'est à Dieu et non à nos frères
que nous aurons à rendre compte quand nous comparaîtrons devant le tribunal de
Dieu. Pour le croyant, cette comparution n'est plus en jugement quant au sort éternel,
mais en classement, selon les principes de justice qui sont toujours en Dieu
qui rendra à chacun sa louange, selon 1 Corinthiens 4: 5 et 2 Corinthiens 5:
10. C'est là que tout se jugera justement. Et là, Dieu ne nous demandera pas
comment nous avons jugé nos frères, mais comment nous avons marché devant Lui.
Or, nous avons dès maintenant le privilège de pouvoir marcher à la lumière qui
brillera en ce jour-là. Le tribunal est ici celui de Dieu, alors qu'en 2
Corinthiens 5: 10, il est appelé le tribunal du Christ, parce que, dans
l'épître aux Romains, nous avons vu que tout est de Dieu: l'Evangile de Dieu,
la justice de Dieu, le tribunal de Dieu, envisagé d'ailleurs en contraste avec
le jugement de l'homme.
Le verset 13 nous rappelle donc qu'au lieu de juger
les autres, il faut chercher leur bien et se conduire de manière à ne pas être
une occasion de chute pour un frère faible. Le Seigneur montre, en Marc 9: 42,
combien il est grave d'être une occasion de chute pour un petit. Nous devons
apprécier toutes choses avec la pensée de Dieu. La véritable supériorité se
montre par le support envers les faibles et une marche dans l'amour.
Le verset 14, qui est le lien entre les deux
parties du chapitre que nous avons signalées plus haut, rappelle que, selon la
vraie liberté chrétienne, rien n'est souillé par soi-même, mais qu'à celui qui
croit qu'une chose est souillée, elle lui est souillée, attendu qu'il ne
pourrait pas la faire en bonne conscience, alors même qu'il imiterait quelqu'un
qui peut le faire ainsi. Je ne dois donc pas engager mon frère à faire violence
à sa conscience pour qu'il agisse comme moi, mais plutôt chercher à l'éclairer
dans l'amour.
(Versets 15-23) — Nous entrons ici dans les
exhortations adressées aux frères d'entre les gentils, c'est-à-dire à ceux qui
pouvaient être tentés de mépriser leurs frères juifs non encore affranchis de
certaines ordonnances charnelles, imposées jusqu'au temps du redressement
(Hébreux 9: 10).
Il faut être conduit, en toutes choses, par
l'amour qui cherche le bien d'autrui. Pour une viande, c'est-à-dire pour la
liberté de manger de tout, il ne faut pas détruire son frère pour lequel Christ
est mort. Cette mort a eu lieu pour que mon frère ait la vie, comment
pourrais-je faire une chose dont la portée serait de le détruire, en troublant
sa conscience et l'éloignant de la vérité?
Sans doute, comme le dit le verset 16, c'est bien
de ne pas être assujetti aux ordonnances; mais il ne faut pas agir de telle
manière que ce bien devienne blâmable, en en usant d'une façon égoïste, sans
tenir compte de la faiblesse des autres.
L'importance exagérée que l'on pouvait attacher à
ces questions de manger et de boire amène l'apôtre à dire, au verset 17, que
«le royaume de Dieu n'est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie
dans l'Esprit Saint». C'est ce qui caractérise le royaume de Dieu au point de
vue moral et non dispensationnel. Que l'on considère, en effet, le royaume dans
la personne de Christ, lorsqu'il était ici-bas et qu'il disait aux pharisiens:
«Le royaume de Dieu est au milieu de vous» (Luc 17: 21); ou bien, actuellement,
par la présence spirituelle de Christ et l'action du Saint Esprit, pendant que
le roi est rejeté; ou encore, que l'on envisage le royaume établi en gloire sur
la terre, ce qui apparaît de son caractère moral, c'est la justice, la paix et
la joie dans l'Esprit Saint. La justice étant pratiquée amène la paix, et la
joie en découle, et c'est par la puissance du Saint Esprit que ces fruits se
produisent. De sorte que, comme l'exprime le verset 18, c'est en cela que nous
avons à servir Christ. En le faisant, nous sommes agréables à Dieu et approuvés
des hommes, dont la conscience est obligée de reconnaître le bien qui est
pratiquement manifesté.
C'est ainsi que nous devons, comme le dit le
verset 19, poursuivre les choses qui tendent à la paix, vis-à-vis de tous, et
celles qui tendent à l'édification mutuelle entre croyants. Il importe, en
effet, de ne pas faire étalage de vérités ou de libertés que l'on possède, sans
s'inquiéter si cela amène du trouble ou nuit à l'édification. Il faut, au
contraire, agir en vue du bien de tous et ne pas se complaire à soi-même.
A cause d'une viande, c'est-à-dire d'une question
de manger, il ne faut pas détruire l'oeuvre de Dieu. Un chrétien d'entre les
gentils ne devait donc pas insister sur ce point vis-à-vis d'un chrétien juif
dont la conscience n'était pas éclairée, car bien que toutes choses soient
pures (voir Actes des Apôtres 11: 9), il y a du mal pour celui qui mange
lorsque sa conscience le condamne.
Il s'en suit que, comme le dit le verset 21, celui
qui est libre pour lui-même doit, en vue du bien de son frère, ne pas manger de
chair, ne pas boire de vin, et ne faire aucune chose en laquelle son frère
bronche, ou est scandalisé, ou est faible. Il bronche, si je l'amène à faire
une chose dont il n'est pas pleinement persuadé dans son esprit; il est
scandalisé, s'il me voit faire une chose qu'il n'est pas libre de faire lui-même;
et il est faible, s'il n'a pas compris la vérité qui l'affranchit des
ordonnances charnelles: or, je dois respecter cette faiblesse.
Si quelqu'un a la foi qui le place dans la
vérité en l'affranchissant de toutes ces questions légales, il faut, avant tout,
qu'il l'ait entre lui et Dieu, et qu'il soit dirigé par l'amour pour agir en
vue de l'édification, au lieu de s'exposer à scandaliser son frère. Il y a pour
un frère éclairé le danger de ne pas réaliser une marche conforme à la lumière
qu'il a reçue, et il est bienheureux s'il échappe à ce danger, tandis que, pour
un frère faible, s'il hésite en mangeant, c'est-à-dire en faisant une chose qui
dépasse la mesure de sa foi, que ce soit, par esprit d'imitation ou par
entraînement, il est condamné par sa propre conscience, car tout ce qui n'est
pas sur le principe de la foi est péché. Toute oeuvre du croyant doit être le
résultat de la foi qui saisit la pensée de Dieu.
(Versets
1-7) — Les premiers versets de ce chapitre sont une sorte de conclusion des
exhortations du chapitre précédent.
Les forts étaient ceux qui étaient affranchis des
ordonnances légales par la connaissance de la vérité quant à la position
chrétienne. Ils devaient porter les infirmités des faibles, de ceux qui
n'étaient pas affranchis au même degré. Porter est ici plus que supporter, cela
implique qu'on s'en charge en sympathie et qu'on les place devant le Seigneur,
afin que les faibles soient amenés à une vue plus claire de leur position. En
cherchant à se plaire à soi-même, on ne s'embarrasse pas des infirmités des
faibles, on les méprise plutôt, tandis que chacun doit chercher à plaire à son
prochain, en vue du bien, pour l'édification.
Le verset 3 nous rappelle que nous avons un
parfait modèle en Christ qui n'a point cherché à plaire à lui-même, selon qu'il
est écrit: «Les outrages de ceux qui t'outragent sont tombés sur moi» (Psaumes
69: 9). Les outrages faits à Dieu, il les sentait comme faits à lui-même; mais,
en outre, il avait toujours cherché ce qui était agréable à Dieu, dans un
renoncement complet de lui-même. Sa marche était si fidèle, elle était
tellement l'expression de Dieu au milieu des hommes, qu'elle a attiré sur lui
les outrages que la haine des hommes adressait à Dieu, ce qui a fait de sa vie
une vie de souffrance.
Par la citation de ce passage du Psaume 69,
l'apôtre fait ressortir dans quel but Dieu a donné les Ecritures. «Toutes les
choses qui ont été écrites auparavant», dit-il, «ont été écrites pour notre
instruction, afin que, par la patience et par la consolation des Ecritures,
nous ayons espérance».
Les Ecritures nous présentent les desseins de Dieu
dont l'accomplissement est certain dans l'avenir. Elles nous présentent aussi
l'expérience de ceux qui ont marché avant nous dans le chemin de la foi, dans
l'Esprit de Christ, et Christ lui-même. Ils ont souffert avec patience dans
l'espérance d'une gloire future, comme nous le voyons en Hébreux 11. En plaçant
cela devant nous, les Ecritures produisent la patience et donnent la
consolation pendant le chemin, tout en fortifiant l'espérance.
Les versets 5 et 6, nous rappellent aussi que le
Dieu qui prend le nom de Dieu de patience et de consolation, qui a été cela
pour ceux qui nous ont précédés, l'est aussi pour nous aujourd'hui. Il use
d'une grande patience envers nous, et nous console en s'intéressant à toutes
nos circonstances. Et l'apôtre souhaite qu'un tel Dieu donne aux saints d'avoir
entre eux un même sentiment selon le Christ Jésus (voir Philippiens 2: 2), afin
que, d'un commun accord, d'une même bouche, sans être divisés par des questions
qui ne demandent que du support, ils glorifient le Dieu et Père de notre
Seigneur Jésus Christ qui, par sa grâce, est aussi notre Dieu et Père. Donner
ainsi gloire à Dieu d'un commun accord et d'une même bouche, est une belle
image du culte.
De même, dans le verset 7, nous avons le principe
de la réception d'un croyant dans l'assemblée. Il faut se recevoir les uns les
autres, comme aussi le Christ nous a reçus, à la gloire de Dieu. Le Seigneur
n'attend pas que nous soyons instruits dans toute la vérité et que nous soyons
forts pour nous recevoir. Non, il nous a reçus alors que nous étions
essentiellement faibles, et il s'est chargé de nous, comme le bon berger se
charge de la brebis qu'il vient de retrouver et la met sur ses propres épaules,
bien joyeux. C'est cette grâce qui glorifie Dieu. C'est ainsi que nous devons
nous recevoir les uns les autres, à la gloire de Dieu.
(Versets 8-13) — Les difficultés entre chrétiens
juifs ou gentils amènent l'apôtre à revenir sur le sujet qu'il a déjà traité
dans les chapitres 9 à 11, sur l'introduction des nations dans l'effet des
promesses; et, ici, Christ est présenté comme serviteur de circoncision pour la
confirmation des promesses faites aux pères, et pour que les nations glorifiassent
Dieu pour la miséricorde. Ainsi le Seigneur lui-même se fait serviteur pour
faire participer Juifs et gentils à la bénédiction. En ce qui concerne la
miséricorde faite aux nations, l'apôtre cite quatre passages pris dans chacune
des trois grandes divisions de l'Ancien Testament, Moïse, les Psaumes et les
Prophètes, pour montrer que cette miséricorde était bien dans le dessein de
Dieu et afin d'en être glorifié.
Le premier de ces passages, Psaume 18: 49, a une
portée générale. Nous y voyons Christ ressuscité, célébrant l'Eternel au milieu
des nations. Le second, Deutéronome 32: 43, montre les nations unies à Israël
dans la joie d'une même bénédiction. Le troisième, Psaume 117: 1, présente
l'universalité des nations célébrant le Seigneur. Le quatrième, Esaïe 11: 10,
présente l'espérance des nations fondée sur le Messie d'Israël.
Jusqu'à l'accomplissement littéral de ces
prophéties, ceux des gentils qui sont amenés à Christ, comme aussi d'ailleurs
ceux qui sont pris d'entre les Juifs réalisent spirituellement ces bénédictions
par la foi, en attendant l'établissement du glorieux règne de Christ, dans
lequel leur part sera céleste et éternelle.
En conséquence, au verset 13, Dieu est appelé le
Dieu d'espérance, et l'apôtre souhaite que les croyants soient remplis par lui
de toute joie et paix, non pas encore en régnant, mais en croyant, pour qu'ils
abondent en espérance par la puissance du Saint Esprit. C'est là la condition
normale du chrétien.
(Versets 14-24) — L'apôtre reconnaît que les
croyants de Rome étaient capables de s'exhorter l'un l'autre, étant pleins de
bonté et remplis de toute connaissance. Il place la bonté avant la
connaissance. La bonté est la disposition du coeur dans laquelle le croyant
doit se trouver pour que la connaissance puisse être profitable. C'est le grand
principe établi en 1 Corinthiens 13, et aussi en 1 Corinthiens 8: 1-3.
Mais, bien que les chrétiens de Rome fussent
capables de s'exhorter entre eux, toutefois l'apôtre, en tant qu'apôtre des
nations, leur devait son ministère. Au reste, ils le savaient eux-mêmes, et
cela donnait d'autant plus de hardiesse à l'apôtre pour leur écrire.
Comme il le dit au verset 16, il était ministre du
Christ Jésus envers les nations, et en faisant allusion à Nombres 8, où Aaron
présente les Lévites en offrande à l'Eternel pour le service du tabernacle à la
place des premiers-nés d'Israël; l'apôtre prend ici le caractère de
sacrificateur dans l'Evangile de Dieu, pour présenter les nations comme
offrande agréable, sanctifiée par l'Esprit Saint, en contraste avec la
sanctification légale. Les saints de Rome faisaient partie de cette offrande.
Les termes du verset 17: «J'ai donc de quoi me
glorifier dans le Christ Jésus, dans les choses qui concernent Dieu»,
rappellent aussi la sacrificature, car, comme nous le voyons en Hébreux 2: 17,
et 5: 1, «les choses qui concernent Dieu» sont en rapport avec la
sacrificature.
Au verset 18, l'apôtre rappelle que, s'il a été
l'instrument, toutefois c'est Christ seul qui a fait l'oeuvre, mais il
n'oserait rien dire que Christ n'ait accompli par lui pour l'obéissance des
nations, par parole et par oeuvre, par la puissance de miracles et de prodiges,
par la puissance de l'Esprit de Dieu. Le Seigneur avait ainsi rendu témoignage
à la réalité de sa mission apostolique, les signes d'un apôtre, comme il est
dit en 2 Corinthiens 12: 12, ayant été opérés par lui. L'apôtre avait
pleinement annoncé l'Evangile du Christ, depuis Jérusalem jusqu'aux rives de
l'Adriatique, recherchant les lieux où Christ n'avait pas été prêché, accomplissant
ainsi la parole: «Ceux à qui il n'a pas été annoncé, verront, et ceux qui n'ont
pas entendu comprendront…» (Esaïe 52: 15). Dans ces versets, nous avons
l'expression «évangile du Christ», au lieu de «évangile de Dieu», que nous
avons eue au commencement, mais c'est bien toujours l'Evangile de Dieu comme
source, et touchant son Fils, le Christ, comme objet. C'est, en effet, dans la
prédication, la personne du Christ qui résume tout l'Evangile. L'évangéliste
prêche Christ. C'est Christ qui est présenté aux âmes, c'est pourquoi c'est
l'Evangile du Christ.
Les versets 22 à 24, font voir que l'apôtre avait
le sentiment que son oeuvre était terminée dans les pays qu'il avait
évangélisés, et son désir se porte vers l'Espagne, où il y avait aussi une
oeuvre de défrichement à opérer. Quant à Rome, l'Evangile y était parvenu sans
lui, et c'est pour cela, nous dit-il au verset 22, qu'il avait été souvent
empêché d'y aller. Toutefois, comme apôtre des nations, il avait un grand désir
de s'y rendre pour jouir de ses frères de Rome, comme il l'avait déjà dit au
chapitre 1, versets 10, 11 et 15, et afin que ceux-ci lui fissent la conduite
vers l'Espagne qui était dans le cadre normal de sa mission, tandis que Rome ne
devait être visitée qu'en passant.
(Versets
25-33) — Mais une circonstance spéciale allait changer ses plans, et même
transformer le caractère de sa mission. Au lieu d'évangéliser, il allait être
occupé au service des saints, pour porter aux pauvres d'entre les saints qui
étaient à Jérusalem, le produit de la collecte des assemblées de la Macédoine
et de l'Achaïe. Il voulait montrer à ses frères juifs qu'il ne les oubliait
pas, étant heureux de leur présenter ce fruit de l'amour de leurs frères
gentils qui, de fait, étaient leurs débiteurs.
Laissant de côté la question de savoir si l'apôtre
avait tort ou raison de se charger d'un tel service, nous pouvons admirer son
coeur et son dévouement, en acceptant de remplir les fonctions qui étaient
normalement dévolues à un simple diacre ou serviteur, tout en sachant que, dans
ce chemin, des liens et de la tribulation l'attendaient.
Il peut dire en passant à Césarée: «Que
faites-vous en pleurant et en brisant mon coeur? Car pour moi, je suis prêt,
non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du
Seigneur Jésus» (Actes des Apôtres 21: 13). Il suivait de près son divin
Maître. S'il a manqué en allant à Jérusalem, ce n'est pas pour se ménager,
comme nous le faisons si souvent. Il ne faisait aucun cas de sa vie, ni ne la
tenait pour précieuse à lui-même (Actes des Apôtres 20: 24).
L'apôtre, pressentant ce qui l'attendait, exhorte
les frères à combattre avec lui dans la prière, afin qu'il soit délivré des
incrédules qui étaient en Judée et que son service soit agréable aux saints,
pour aller ensuite à Rome par la volonté de Dieu. Mais il n'était pas dans les
voies de Dieu qu'il en fût ainsi. Dieu avait en vue quelque chose de plus grand
pour son serviteur. Sa présence à Jérusalem allait servir à marquer toute
l'inimitié des Juifs contre Christ et contre son Evangile de grâce, et son
procès ultérieur à Rome, cette grande capitale du monde, allait servir à
proclamer à toutes les nations qui avaient là leurs représentants, ce
même glorieux Evangile, dont la prédication devait être ainsi pleinement
accomplie, comme il est dit en 2 Timothée 4: 17. N'était-ce pas, après tout, y
aller avec la plénitude de la bénédiction de Christ?
Et le dernier verset de notre chapitre se termine
par ce souhait: «Que le Dieu de paix soit avec vous tous. Amen!»
On peut diviser ce chapitre en trois parties
versets 1-16; 17-20 et 21-27, en donnant pour titre à la première: Union; à la
seconde: Division, et à la troisième: Unité.
(Versets 1-16) — Quoique l'apôtre n'eût pas été à
Rome, il connaissait un certain nombre de saints de cette localité, soit qu'il
les eût vus dans ses voyages, ou en Judée. Il avait travaillé à l'oeuvre du
Seigneur avec plusieurs qui avaient aidé à la propagation de la vérité. Il les
fait saluer nom par nom, montrant ainsi toute la réalité de son affection
fraternelle. En même temps, l'Esprit de Dieu se servait de ce moyen pour
enregistrer, d'une façon indélébile, ce qui avait été fait par chacun pour le
Seigneur. En servant un tel Maître, rien n'est perdu, ni oublié, et il est
touchant de voir quel est son intérêt pour le travail de ses faibles
serviteurs.
Le verset 1, peut être considéré comme le type
d'une lettre de recommandation. Phoebé, qui était servante de l'assemblée
(précieux titre) qui était à Cenchrée, se rendait à Rome, et y portait
vraisemblablement la lettre de l'apôtre. On voit que cette recommandation ne se
borne pas à établir que la personne est en communion, et doit être reçue dans
le Seigneur, mais elle fait aussi ressortir la valeur de son service envers
les saints et envers Paul lui-même. Cela devait disposer les frères de Rome à
l'accueillir avec joie.
Quant à ceux-ci, Prisca et Aquilas sont mentionnés
les premiers. Actes 18 nous donne leur histoire. Aquilas avait autrefois habité
Rome, d'où il avait été chassé, comme Juif, par un édit de Claude, et il y
était revenu plus tard comme chrétien. Avec Priscilla, sa femme, il avait
d'abord reçu Paul, qui avait travaillé avec eux à faire des tentes, puis, à
Ephèse, ils avaient reçu Apollos, et lui avaient expliqué plus exactement la
voie de Dieu. Aussi l'apôtre les signale-t-il, ici, comme ses compagnons
d'oeuvre, et ceux auxquels lui et les assemblées des nations étaient
redevables. Par leur dévouement, la vie de Paul avait été épargnée,
probablement dans les troubles d'Ephèse, mentionnés en Actes 19, et,
maintenant, l'assemblée se réunissait dans leur maison, à Rome. Ils étaient
donc des serviteurs particulièrement dévoués et fidèles. Tous les saints l'ont
appris dans la suite des siècles, jusqu'à nos jours, en attendant la récompense
du Seigneur lui-même.
Ensuite, Epaïnète est appelé le bien-aimé de
l'apôtre, prémices de l'Asie pour Christ, c'est-à-dire, sans doute, un des
premiers fruits du ministère de Paul en Asie. Plus loin, une Marie avait
beaucoup travaillé pour les frères de Rome. Ensuite, Andronique et Junias sont
cités comme parents de Paul et ses compagnons de captivité. Convertis au
Seigneur avant lui, ils avaient pris rang parmi les apôtres, et étaient même
distingués au milieu d'eux.
Pour tous ceux dont les noms suivent, du verset 8
au 15, l'apôtre relève un trait particulier d'affection personnelle et de
communion dans l'oeuvre du Seigneur, marquant ainsi son union de coeur avec eux
tous. Le lien qui les unit tous est indiqué par l'expression «dans le
Seigneur», chacun, frère ou soeur, ayant le Seigneur devant soi et travaillant
avec Lui. Tout ce qui est fait dans le Seigneur a du prix, et recevra sa
récompense au jour où le travail de chacun sera manifesté. Le Seigneur honorera
ceux qui l'auront servi (Jean 12: 26), comme David l'a fait pour ces hommes
vaillants qui lui avaient été dévoués durant le temps de son rejet (2 Samuel
23). Les services peuvent différer, et être même parfois obscurs, mais le
Seigneur discerne ce qui est fait vraiment pour lui, ne serait-ce qu'un verre
d'eau froide donné en son nom (Marc 9: 41).
(Versets 17-20) — Ici, ce n'est plus l'union, mais
la division qui est envisagée, provenant de choses qui n'étaient pas selon la
saine doctrine. Ceux qui les présentaient causaient ainsi des divisions et des
occasions de chute parmi les saints. Leur caractère distinctif était qu'ils
agissaient non pour le Seigneur, en cherchant ses intérêts et sa gloire, mais
pour eux-mêmes: ils servaient leur propre ventre. Les douces paroles et le beau
langage annoncent des séducteurs, cherchant à flatter les auditeurs pour les
entraîner. L'apôtre recommande deux choses à leur égard: 1° avoir l'oeil sur
eux, c'est-à-dire sur leur action, afin de discerner la portée de leur
enseignement; 2° après l'avoir discerné, s'éloigner d'eux. Le fidèle connaît la
voix du bon Berger, toute voix étrangère doit le conduire à s'enfuir loin de
celui qui la fait entendre. Ici, il n'est pas dit positivement, comme en Actes
20: 30, que «le tels hommes se trouvaient au milieu des saints, mais même alors
le principe demeure applicable: on s'éloigne d'eux. Tout fidèle doit se tenir
en garde contre de tels hommes (voir Apocalypse 2: 2).
L'obéissance des Romains était venue à la
connaissance de tous, comme c'était aussi le cas pour les Thessaloniciens. La
connaissance de la vérité doit produire l'obéissance. Obéir, mettre en pratique
la Parole, est la vraie manière d'apprendre à d'autres ce que c'est que la
vérité. Cette obéissance réjouissait l'apôtre. Il y comptait pour que ses
exhortations fussent observées à l'égard de ceux qui causaient des divisions,
et il recommandait d'être sages quant au bien et simples quant au mal. Sages,
en se laissant gouverner par la Parole, et simples, en se retirant du mal sans
raisonnements. Pour un chrétien, connaître le bien lui suffit pour se retirer
du mal, tandis que, dans le monde, il faut bien connaître le mal pour ne pas en
être la dupe, mais quelle délivrance de ne pas avoir les principes du monde, et
de pouvoir être simples quant au mal.
Au reste, il y aura bientôt une délivrance
complète du mal, car le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous nos pieds, lui,
l'auteur de toute division. En attendant, on est fortifié par la grâce, qui est
dans le Christ Jésus.
(Versets 21-24) — Dans ces versets, l'apôtre
transmet les salutations de ceux qui étaient avec lui, dont plusieurs nous sont
déjà connus. Tels sont Timothée, le fidèle compagnon de Paul; Jason, parent de
Paul, qui l'avait reçu chez lui à Thessalonique (Actes des Apôtres 17); Gaïus,
chez qui Paul habitait et qui avait l'assemblée dans sa maison, mentionné en
Actes 19: 29 et 20: 4. C'est aussi probablement à lui que la troisième épître
de Jean a été adressée. Un Eraste est aussi nommé en Actes 19: 22 et 2 Timothée
4: 20. Ceux-ci et d'autres se joignent à Paul dans l'expression de son amour
pour les frères de Rome. Puis, comme la lettre a été écrite par Tertius,
l'apôtre ajoute, probablement de sa main, et pour en garantir l'authenticité:
«Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous. Amen!» (voir
2 Thessaloniciens 3: 17).
(Versets 25-27) — L'apôtre termine son épître en
donnant gloire à Celui qui est puissant pour affermir les saints, en rapport
avec la pleine révélation des conseils de Dieu, faite par l'Evangile, mais
comme c'est à Paul qu'il a été donné de compléter la parole de Dieu (Colossiens
1: 25), par la révélation du mystère, nous avons ici l'expression: «mon
Evangile». L'Evangile de Paul différait de celui que les douze prêchaient, en
ce qu'il avait pour point de départ Christ dans la gloire, et donnait
connaissance de l'union du croyant avec un Christ ainsi glorifié, ce qui était
impliqué, ainsi d'ailleurs, que le mystère de l'Assemblée, dans la réponse du
Seigneur à Saul, sur le chemin de Damas: «Je suis Jésus que tu persécutes».
L'apôtre souhaite que l'affermissement des saints
ait lieu, non seulement en rapport avec les vérités qui font le sujet propre de
l'épître, mais aussi avec toute la révélation du mystère relatif à l'Assemblée.
Ce mystère, à l'égard duquel le silence a été gardé dès les temps éternels,
mais qui a été manifesté maintenant, ou révélé à ses saints apôtres et
prophètes par l'Esprit, comme il est dit en Colossiens 1: 26, a également été
donné à connaître, par les écrits prophétiques du Nouveau Testament — et
notamment ceux de Paul — à toutes les nations, selon le commandement du Dieu
éternel, pour l'obéissance de la foi.
Voilà donc un plein Evangile, porté par le
ministère de Paul à toutes les nations, sur l'ordre du Dieu éternel, qui a
voulu de tout temps la pleine bénédiction de sa créature, en la faisant
participer et servir à la gloire de Christ, et il s'agit d'obéir en croyant ce
Dieu dont le commandement est la vie éternelle.
A ce Dieu qui seul est sage, qui donne à connaître
sa sagesse, non seulement à nous-mêmes, mais jusqu'aux principautés et aux
autorités dans les lieux célestes par l'Assemblée (Ephésiens 3: 10), à Lui, par
Jésus Christ, soit la gloire éternellement. Amen!